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introduction
INTRODUCTION
Marqué dès l’enfance, à 5 ans, sous mon chapeau, couvert de crème solaire et assis à l’ombre des arbres, je subissais comme nous tous en Europe, la 8ième catastrophe la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. La canicule de 2003 a tué plus de 70 000 personnes. A cet âge, je n’en avais pas vraiment conscience. Des années après, les photos de cette époque resurgirent dans ma tête et me plongèrent dans une stupéfaction. L’herbe était entièrement brulée, morte. Ces dérèglements climatiques m’ont par la suite beaucoup interpellé et la «sur-construction» en était généralement le « suspect » numéro un. Le secteur tertiaire est un acteur primaire des crises environnementales que nous connaissons. Ces crises dues à l’épuisement des ressources et une pollution en augmentation constante, mènent inévitablement à un dérèglement climatique causant la lente disparition du vivant. C’est dans ce combat que l’architecture se doit d’établir « une symbiose » entre l’Homme et la Nature. Depuis toujours, l’environnement balayé par mes yeux observateurs, attise ma curiosité. Ce caractère curieux m’a amené à découvrir le monde sous un regard qui semblait, et semble toujours légèrement « décalé » selon mon entourage. Je dirai plutôt « analytique ». Cette curiosité m’a inévitablement poussé à observer et vouloir changer les choses qui me déplaisaient. L’architecture s’est ainsi dévoilée, construite et a évolué devant mes yeux remplis d’espoirs. Cet espoir, en tant que jeune homme naïf, s’est construit autour d’un imaginaire représentant une envie personnelle : concevoir mon espace tel que je le souhaitais. Enfant de la campagne, j’ai vécu proche des éléments naturels, de la forêt, sa faune et sa flore. Mon père, passionné de construction, toujours investi auprès de moi, a su prendre du temps durant mon enfance pour me permettre de me découvrir. C’est dans la forêt de notre village que ce temps a été le plus bénéfique, par l’édification de ce qui était pour moi, mon espace imaginaire, conçu comme bon m’en semble : une cabane. Elle était notre expression, à mon père et moi. Par cette cabane, mes envies se caractérisaient. Je sentais le besoin ou le plaisir de concevoir quelque chose. Par ces expériences, mes choix se sont dévoilés, l’architecture devait pour moi se construire dans la nature et grâce à elle. Dans ce contexte familial et sa situation géographique, la nature m’a préservé, par son excessive présence, des enjeux sociétaux en matière d’architecture et d’environnement qui régnaient en dehors de mon petit village campagnard. La réalité du monde « extérieur » a été bien différente. Le passage en études supérieures m’a mené à découvrir de nouveaux lieux, personnes, espaces, dans un contexte hautement différent : celui de la ville. Mon choix pour l’architecture, tout comme ma vision qui en émerge aujourd’hui, a été acquise de façon lente et saccadée. Le contexte dans lequel j’ai évolué au fil du temps a influencé mes choix, ma personne, la place que je possédais et celle que je voulais prendre dans cette société. Cette évolution m’a mené à développer un regard critique sur ce que je pouvais voir, entendre et entreprendre. Acquise par des changements de contextes de vie et des expériences vécues, l’architecture s’est dévoilée comme étant ma future voie. L’école d’architecture m’a permis de me découvrir comme si mes spécificités personnelles et mes goûts que je développais depuis mon enfance s’affirmaient de façon exponentielle. Dès la première année de licence, M.Zaninetti, professeur à l’ENSAG a apporté la première « vraie » pierre à l’édifice de ma pensée architecturale actuelle. Je dis « vraie » parce que c’est par son travail que j’ai pris conscience du domaine qui me portait à cœur. L’empreinte écologique était le mot d’ordre de son cours, dans un contexte proche de celui où j’ai eu la chance de grandir : la montagne.
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Il dénonçait, par images et vidéos, les problèmes liés aux sports d’hivers sur le plan environnemental. Les stations de sport d’hivers, construites dans un but exclusivement financier, finissent pour une grande majorité à l’abandon et dégradent les paysages naturels peu touchés par l’Homme. Face à ce constat, j’étais comme stupéfait. Notre culture ne se sent que peu concernée par les enjeux environnementaux qui pèsent sur nos épaules, et en particulier sur celles des générations à venir. La conception erronée que l’Homme se fait de la nature, est ancrée dans nos cultures. Michel Sauquet l’explique comme une pensée « dans laquelle l’Homme se voit attribuer une position de domination des éléments minéraux, végétaux et animaux de la création ». Joseph KiZerb, historien et homme politique burkinabé, critique cette conception de façon ironique : « Multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. » (KiZerb, 1992). Une critique en lien avec ce que la culture occidentale nous a transmis : « une conception dominatrice » (Sauquet, 2014, p. 62). Nous ne lui laissons de moins en moins de liberté, de développement alors que celle-ci « nous invite à vivre en elle » (Ingenhoven, 2019). C’est un constat effroyable auquel nous devons tous s’impliquer pour changer les mœurs. Je pense que c’est par une multitude d’actions que chacun opère à son échelle, qu’un changement global peut être fondé afin de « libérer » la nature. Les hommes doivent vivre en harmonie avec ce qui les entourent ; pour cela, il est nécessaire de changer nos habitudes et penser différemment. « Il ne tient qu’à l’Homme de faire une place à la nature ». Je suis là pour emprunter cette voie, celle du changement qui permettra à l’architecture et ainsi à l’Homme de coexister avec la nature. Je pense l’architecture comme l’union de deux entités inséparables : l’Homme et la nature. Cette symbiose, partie prenante du processus de conception, guide le projet. Ce processus doit répondre de façon réfléchie aux crises environnementales et sociétales sans pour autant affecter les besoins de l’Homme et la nature en préservant sa notion de durabilité. Ils sont en symbiose afin d’offrir le meilleur de chacun d’eux, tout en se préservant mutuellement. Une approche responsable, raisonnée, ingénieuse et au plus proche de la nature. Afin d’y répondre, je parlerai dans un premier temps, de l’environnement, gage de conception et de la qualité architecturale. La place de la nature prise aujourd’hui dans notre société et celle qu’elle peut prendre dans les années à venir, sera la fondation de mon propos de la seconde partie. Celleci traitera notamment du concept d’écologie sur le plan architectural. Une utilisation raisonnée des matériaux mais aussi des énergies peut mener à une coexistence soutenable. Finalement, c’est en unifiant les propos vus précédemment, que l’Homme doit prendre place. Je m’intéresserai, dans une troisième et dernière partie, aux modes de vie qui découlent de l’union entre Nature et Architecture. C’est selon moi, par ces trois grandes notions, que nous pourrions vivre en « symbiose » avec la nature.