Réinventer les stations littorales - Tome 1 - Vieux Boucau, Hossegor, Capbreton - Trois projets

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RÊinventer les stations littorales Pour une approche durable du territoire maritime Tome 1 - Vieux Boucau, Hossegor, Capbreton : Trois projets Pierre Roca d’Huyteza



Du même auteur

Parus Réinventer les stations littorales pour une approche durable du territoire maritime. Vol. 2 Quelques principes d’actions. 2 vol. Toulouse, 2020.

Petit traité d’urbanisme appliqué. Vol. 1 Retrouver de l’intelligence collective. 2 vol. Toulouse, 2020. Petit traité d’urbanisme appliqué. Vol. 2 Penser la ville dans sa diversité. 2 vol. Toulouse, 2020.

En cours Espaces publics : programmer et concevoir. Vol. 1 Construire une stratégie. 2 vol. Toulouse, 2020. Espaces publics : programmer et concevoir. Vol. 2 Mettre en oeuvre. 2 vol. Toulouse, 2020.

Carnets de voyage, Tribulations d’un urbaniste. Toulouse, 2020.

Les espaces publics sont ils publics ? Pour une ville accessible, en collaboration avec Céline Loudier-Malgouyres. Toulouse, 2020. Faut-il aménager l’espace public ? D’une politique des espaces publics à une politique de l’espace public, en collaboration avec Céline Loudier-Malgouyres. Toulouse, 2020.


Tome I Trois projets VIEUX BOUCAU, HOSSEGOR ET CAPBRETON


Tome I. Trois projets Vieux Boucau, Hossegor et Capbreton

Vieux Boucau une station réunifiée.............................................................................................. 15

Hossegor la dune retrouvée.................................................................................................. 33

Capbreton un parcours de la mer à la terre............................................................................. 51

Tome II. Quelques principes d’actions Une approche par thèmes



Avant-propos

Depuis quelques années, le grand public a commencé à prendre conscience de la menace qui pèse sur littoral français dans le prolongement des analyses des climatologues. Les situations sont très variables : certaines stations connaîtront peu d’évolutions, tandis que d’autres se préparent à de profonds bouleversements. Ce qui est sûr, c’est que nous entrons dans une ère de grande incertitude et que cela nous oblige à repenser la manière même d’envisager l’occupation du littoral et de son arrière-pays. Cela implique de revoir à la fois les méthodes et l’esprit dans lequel les aménagements étaient jusqu’ici appréhendés. La route est longue tant il est difficile de changer les habitudes. Mais la menace qui pèse sur ce front maritime place ces communes aux avant-postes d’une redéfinition indispensable des politiques d’aménagements. L’agence « d’une ville à l’autre... » œuvre depuis plus de quinze ans sur ces thématiques. Elle a aujourd’hui à son actif plusieurs opérations et études importantes à Bayonne, Magescq, Saint Martin de Seignanx, Bidart, Saint

Jean de Luz… Nous aimerions, ici, revenir sur trois aménagements qui nous semblent particulièrement emblématiques : la restructuration de la station de Vieux Boucau, le réaménagement du boulevard de la Dune à Hossegor et la recomposition du centre de Capbreton autour du Boudigau « renaturé ». Ce petit fascicule vise, à travers ces exemples, à illustrer des voies que l’on pourrait prendre pour réorienter l’urbanisme des communes maritimes dans une vision plus durable. Notre objectif est, dans un premier temps de prendre un peu de recul sur ces projets avant de tirer, dans une deuxième partie, quelques enseignements et premières pistes de travail. Ce fascicule est organisé en deux tomes physiquement séparés : Tome 1. Trois projets : nous présentons de manière synthétique les projets réalisés à Hossegor, Capbreton et Vieux Boucau. Tome 2. Quelques principes d’actions : Nous tentons de dégager 8 axes de travail pour améliorer l’urbanisme dans les communes littorales.



Portrait

15 ans de recherches-actions sur les enjeux d’un urbanisme durable du littoral aquitain Pierre Roca D’Huyteza commence à travailler sur le littoral aquitain en 1997 lorsqu’il occupe son premier poste à Bayonne, poste de responsable de l’aménagement urbain. Il rejoint ensuite la communauté d’agglomération du BAB. Une fois installé en libéral en Midi-Pyrénées, il revient en 2006 pour le concours que la Ville de Vieux Boucau – assistée de la Satel – organise sur le parking des Arènes, au bord de la rivière du Moïsan. La proposition de l’atelier « d’une ville à l’autre… » surprend par une réponse qui s’étend bien au-delà du périmètre proposé afin de l’inscrire dans une stratégie d’action à l’échelle des communes traversées par le cours d’eau ! Grâce à la fidélité de Pierre Froustey, le Maire, l’agence est toujours là ! En avançant, pas à pas, sur ce projet qui reste un des exemples les plus complets d’une restructuration en profondeur d’une station littorale. Le plan de référence établi à cette époque reste aujourd’hui le cadre de l’action municipale. Durant toute cette période, l’atelier « d’une ville à l’autre… » met en œuvre directement plusieurs de

ces actions (réaménagement du vieux village, piétonnisation du centre-ville, apaisement de la route départementale, restructuration du parking des Arènes, reconquête du Moïsan…). D’autres sont réalisées par d’autres agences de qualité ou sont en cours, comme le Plan Plage. Cette expérience donne aujourd’hui à l’agence un recul certain sur les enjeux d’un urbanisme durable pour les stations littorales de la façade aquitaine. Ce travail est nominé au prix de l’aménagement urbain 2013. En 2008, « d’une ville à l’autre… » intervient dans l’intérieur des terres avec le plan de référence de Magescq. L’agence s’y interroge sur ce qui peut faire la spécificité des quartiers d’habitat dans les Landes. Elle cherche ce qui peut donner du sens aux espaces publics et explore la piste de « l’airial réinventé » qui sera expérimenté, quelques années plus tard, dans le quartier du Cap Coste. En 2014, « d’une ville à l’autre… » a été invitée par la Commune d’Hossegor à participer à la consultation relative au Boulevard de la Dune. L’agence a de nouveau surpris en proposant dépasser la question posée, portant sur une réorganisation d’une voirie et d’un parking en proposant un véritable


espace public qui valorise le front de mer dans sa profondeur. Ce projet, qui travaille la question de l’identité en lien avec la dune, a été nominé à l’Equerre d’Argent 2018. En 2018, l’agence remporte le concours de réaménagement des Allées Marines à Capbreton. Une nouvelle fois, elle pointe l’enjeu de replacer le projet dans une perspective beaucoup plus large en proposant de penser l’opération dans un itinéraire allant « de la mer à la terre ». Celui-ci doit inviter les touristes et les habitants à quitter le front de mer pour aller découvrir l’intérieur des territoires, jusqu’au marais d’Orx. La renaturation des bords de cette rivière endiguée permet de démontrer que l’écologie peut servir de support à un projet urbain très fort, capable de réunifier un cœur de ville fragmenté et de lui redonner une belle identité. En parallèle, l’atelier « d’une ville à l’autre… » est également intervenu à Bayonne et à Saint Martin de Seignanx (concours gagné sur le centre-ville). A Capbreton, l’agence a réalisé des aménagements temporaires et limités qui préfigurent l’avenir sur le quartier Notre Dame, en front de mer. Ainsi, progressivement, consolide ses expériences.

l’atelier

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Pierre Roca d’Huyteza - De Sciences Po au paysage …, l’espace public comme clef d’entrée Son itinéraire, un peu singulier, le mène des études socio-économiques au paysage en passant par l’architecture. Il est arrivé à la maîtrise d’œuvre en partant de la maîtrise d’ouvrage. En 1984, il choisit Sciences Po Paris en formation initiale en raison de son intérêt pour les questions sociétales. Il commence à travailler sur des projets de développement de l’OREAM de Nantes et sur la Fondation Internationale pour le Développement au Sénégal. Après un master en urbanisme, il part à l’agence d’urbanisme de Nouméa sur l’élaboration du Livre Blanc de l’agglomération pour les études relatives à l’habitat et à l’économie. Revenu à Paris, il est responsable durant 6 années de programmes de construction et d’aménagement au sein de la Société d’Economie Mixte du département de la Seine Saint Denis (Sequano, ex-Sodedat93). Convaincu que l’urbanisme implique de se pencher sur les questions formelles, il reprend, en parallèle, des études d’architecture à l’Ecole de Paris La Villette, et en sort diplômé en 1997. Dans cette même année, il devient responsable du service


aménagement de la Ville de Bayonne avant de rejoindre la Communauté d’Agglomération de Bayonne-AngletBiarritz. L’urbanisme implique à la fois une solide maîtrise d’ouvrage et des maîtres d’œuvre de qualité. Souhaitant expérimenter les deux volets de cette discipline, Pierre Roca d’Huyteza crée l’agence d’architecture, d’urbanisme et de paysage « d’une ville à l’autre… » en 2002. L’agence travaille sur toutes les dimensions de l’aménagement urbain, des études de planification à la maîtrise d’œuvre, en passant par l’architecture et les projets de quartier. A toutes ces échelles et dans toutes ces missions, son approche met la question de l’espace public au cœur de la réflexion. Aborder la ville et l’architecture par l’entrée « espace public », c’est mettre en avant le lien entre les choses et entre les gens. L’objectif est de créer des villes où les aménagements et les bâtiments dialoguent avec le site et dialoguent entre eux. Pierre Roca d’Huyteza cherche à créer des lieux où chacun peut se sentir à sa place, des lieux où l’on peut vivre en co-présence paisible avec les autres citadins.

En complément de son activité libérale, il enseigne l’espace public à l’Ecole d’architecture de Paris la Villette puis auprès des élèves ingénieurs de l’INSA Toulouse, avec l’intention de créer des ponts et de renouer le dialogue interrompu entre architectes et ingénieurs. En 2016, cette préoccupation de créer du lien entre les disciplines l’amène à concevoir le séminaire Espace(s) Public(s) à Sciences Po Toulouse. Ce séminaire, animé avec la sociourbaniste Céline Loudier Malgouyres, réunit chaque année les meilleurs spécialistes de l’espace public, abordé par le prisme de huit regards (le philosophe, l’artiste, le politique, le géographe et sociologue, le technicien, l’architecte, le paysagiste). Dans le même esprit, Pierre Roca d’Huyteza est à l’origine du forum biannuel « Echanges Urbains » sous l’égide de l’association des urbanistes Midi-Pyrénées. Cette rencontre propose aux 500 participants de découvrir et d’échanger autour de 40 projets urbains choisis dans le Grand Sud pour leur contribution au débat public. Depuis 2018, il est Architecte Conseil de l’État dans le département des Hauts de Seine. Ce travail l’amène à

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approfondir sa réflexion sur le rôle de l’État et des collectivités locales dans la gouvernance de la ville de demain. En 2020, reconnaissance de son parcours, il obtient le titre de Paysagiste Concepteur. « d’une ville à l’autre... » - de la stratégie urbaine à la maîtrise d’œuvre « d’une ville à l’autre… » compte aujourd’hui une dizaine de collaborateurs, coordonnés par Raphaël Jolly (architecte, responsable du développement). Elle rassemble un paysagiste (Alric Munoz), deux autres architectes salariés (Guillaume Sicard et Floriane Bernard Nicod), une assistante administrative (Lucile Ratine), deux architectes free-lance et des partenaires ou stagiaires occasionnels. « d’une ville à l’autre… » intervient dans les domaines de la planification urbaine (PLU intercommunal du Grand Rodez, …), de la maîtrise d’œuvre d’espaces publics, du projet urbain et de l’architecture. Elle opère essentiellement sur des projets où la maîtrise d’ouvrage, souvent assistée par le CAUE, l’ABF ou une AMO spécifique, affiche des

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exigences de qualité et de véritables ambitions. Ainsi, tous les projets sont l’occasion d’expérimenter et d’approfondir les réflexions. Le travail de l’agence a fait l’objet de nombreuses publications dans les revues ou les ouvrages spécialisés (voir revue de presse). L’agence a reçu plusieurs distinctions : Palmarès des jeunes urbanistes 2007, Ecoquartiers Languedoc Roussillon 2012, nominé au prix de l’aménagement urbain 2013, Prix Architecture Midi Pyrénées 2015, nominée à l’Equerre d’Argent 2018. L’atelier « d’une ville à l’autre… » est installé au sein du collectif la Vigie, en plein cœur de Toulouse. Ce collectif réunit plusieurs équipes qui travaillent sur la ville : l’agence d’architecture Projet 310, le bureau d’ingénierie urbaine Ideia VRD, une antenne du bureau d’étude en mobilités Citec, l’agence d’économiste Eric Alquié et la plasticienne Sophie Balas. La Vigie est un creuset de rencontres et d’expériences qui nous permet de rester dans une dynamique d’échange et de synergie entre les différentes disciplines. Implanté sur 300m2 dans un très bel ensemble rénové par les agences Projet


310 et « d’une ville à l’autre… », le collectif dispose d’un plateau technique de haut niveau. En Aquitaine, « d’une ville à l’autre… » est présente au sein du collectif de l’Hôtel de la Forêt à Hossegor. A Paris, elle bénéficie d’une antenne rue du Château d’eau dans le Xème arrondissement.

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Le cœur de la station a retrouvé un véritable dynamisme et une qualité urbaine qui donne envie d’y passer du temps.

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Vieux Boucau UNE STATION RÉUNIFIÉE

A Vieux Boucau, l’urbanisation était scindée en trois parties : le vieux village accessible depuis la route départementale, la station balnéaire de port d’Albret tournée vers le lac marin et la zone naturelle du Moïsan [rivière qui, après avoir longtemps divagué dans un vaste lit marécageux, a été canalisée], et enfin les secteurs de tissu urbain pavillonnaire isolés dans les pins. A l’épicentre, un giratoire organisait les flux et permettait d’accéder à des nappes de parking en bordure des Arènes. Consciente que cette « centralité de parkings » n’était pas très satisfaisante, la commune a lancé un concours d’urbanisme pour réaliser une place publique à proximité de ce carrefour. Cette immensité de bitume en plein cœur de la commune était une opportunité trop grande. La réalisation d’une « place » ne résoudrait rien. Nous répondons par un vaste plan de référence. Notre première idée est de redonner au Moisan un rôle central, en plantant d’espèces hydrophiles l’intégralité des espaces de stationnement qui occupaient son ancien lit. Puis nous proposons de refondre le plan de circulation pour inviter les véhicules à arriver par le Nord. L’épicentre, redevenu piéton, les trois morceaux de ville peuvent

commencer à se rejoindre. Le grand parc des Arènes est pensé sur une trame d’îlots de la taille de ceux du vieux village. Ils sont un peu l’An Zéro de la station pour reprendre l’expression de Michel Desvignes. Ils créent une trame parcellaire qui permettra progressivement de repousser les stationnements plus loin, et de les remplacer par les équipements et des logements pour les sédentaires. L’ambition proposée est de recentrer la commune sur son cœur, tout en valorisant ses espaces publics urbains et naturels. On peut ainsi cesser de laisser construire des pavillons de plus en plus loin. Dix ans ont passé. Nous avons fait des aménagements très simples pour reconquérir les bords du Moïsan et redonner aux vélos la moitié de la chaussée d’entrée. Les habitants nous ont demandé de commencer par requalifier le vieux village. La place de l’Assemblée a remplacé le giratoire. Ensuite, nous avons créé le parc des Arènes, qui préfigure les îlots constructibles. Le cœur de la station a retrouvé un véritable dynamisme et une qualité urbaine qui donne envie d’y passer du temps. La commune a ainsi montré qu’il était possible de restructurer en profondeur l’urbanisme des années 70-80.

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L’entrée sur Vieux Boucau La traversée du bourg par la départementale est apaisée afin de favoriser les liaisons cyclables à travers le village et, en sens inverse, de permettre de rejoindre facilement la forêt limitrophe.

Afin de redonner à l’entrée du bourg une identité « landaise », les pins, bruyères et cistes sont privilégiées au détriment de plantations trop banalisées.


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Les parkings des Arènes occupaient tout l’espace jusqu’en limite du cours d’eau du Moïsan...

Toute la circulation entrait au niveau de la place de l’assemblée séparant la station de Port d’albret et les quartiers résidentiels...

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Le projet propose sans attendre l’aménagement définitif, de reconquérir sur le bitume de quoi se promener sur les berges.

La place de l’assemblée, piétonne l’été, remplace le giratoire et crée un lieu de vie qui réunifie les trois morceaux de la station.

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La grande rue est réaménagée pour laisser la place aux piétons l’été.

La place de la Mairie est mise en scène avec un grand espace de béton poncé.

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Le traitement est minimal comme si le sable du Moïsan y avait déposé des limons. Seul le fil d’eau est mis en valeur.

Les détails du calepinage des traits de scie dans le béton soulignent la trame urbaine et donnent de la finesse au projet.

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Dans le parking recomposé en îlots paysagers, l’un est réservé à créer un espace de jeux.

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Les enfants courent sous la pluie, dans ÂŤ les sous-bois Âť et grimpent dans les cabanes.

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La place du marché à

La place du marché à


Les bords du Moïsan Dès le départ, le projet regagne du terrain sur les bords de la rivière. C’est le tout premier jalon d’un projet qui vise à retrouver le Moïsan sur tout son itinéraire de Messanges à Soustons en alternant des

séquences urbaines, comme ici à Vieux Boucau, et des séquences totalement renaturées plus en amont.


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Au-delà des fonctions de circulation et de stationnement, le projet propose de changer radicalement l’image de cet « arrière » en faisant revenir la dune là où on l’avait chassée.

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Hossegor LA DUNE RETROUVÉE

L’arrière du front de mer d’Hossegor était un vaste parking, bordé d’immeubles et de maisons sans charme. On arrivait sur un grand rond-point et la perception de la mer était inexistante. En 2012, la ville souhaite requalifier ces espaces de stationnements sans les remettre en cause. La validation d’un passage à sens unique partiel et de la suppression du giratoire nous permet de dégager un peu de latitude. Les emprises libérées peuvent désormais accueillir un véritable boulevard urbain, donnant de la place aux vélos et aux piétons, sur 1,4 km de long. Mais au-delà des fonctions de circulation et de stationnement, le projet propose de changer radicalement l’image de cet « arrière » en faisant revenir la dune là où on l’avait chassée. Il propose également de transformer en profondeur ces espaces, en matière d’usage, en en faisant des lieux supports d’aménagements marquants. Le grand platelage de la place des Basques permet de « s’asseoir dans les embruns ». A chaque intersection, les grands « salons maritimes » créent des lieux de ponctuation du projet. Séparant piétons et vélos, les « jardins dunaires » permettent de décliner

les plantes des dunes sous forme de parterre. Scandé par les grandes lignes de bois qui parcourent le projet, faites de bastaings et de ganivelles, le projet décline le béton dans tous ses états. Béton de sable incrusté de dessins sablés, gros bétons pour les parkings et désactivé fin pour les espaces piétons forment un ensemble cohérent et sensible. Passer d’un projet de voirie à un projet d’espace public, c’est à la fois permettre de créer des lieux où vivre ensemble et mettre en avant la qualité de sites parfois oubliés de tous. Le projet montre comment il est possible de réintervenir sur un secteur de front de mer, afin de lui donner une identité et une qualité urbaine. Il démontre que des réponses autres que purement fonctionnelles peuvent être apportées en matière de voirie. Il est possible de concilier les enjeux de circulation et de stationnement avec la création d’espaces de vie où habitants et vacanciers peuvent découvrir le plaisir de déambuler. Enfin, il révèle l’intérêt de toujours travailler avec l’identité des lieux, ici liée aux dunes, afin de cesser de dupliquer des aménagements sans personnalité.

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La place du marché à



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Le giratoire de la place des basques est supprimé…

Le boulevard de la Dune était un vaste espace de stationnement…

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… et remplacé par un grand platelage qui marque l’entrée de la plage centrale.

Le projet offre de l’espace aux piétons et aux vélos et redonne une identité « dunaire » au boulevard.

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Inscrit dans un rectangle de béton aux couleurs de l’Océan, le grand platelage devient la ligne ou la mer et le ciel se rencontrent…

… puis devient le lieu pour admirer jouer dans la brume ou s’asseoir pour admirer le paysage.

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Les lignes de bastaings et de ganivelles rythment le projet et réunifient des limites et des architectures disparates.

Les « salons maritimes » offrent des petits espaces publics à chaque entrée vers la plage.

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Le boulevard de la dune Les grandes lignes de bastaings et de ganivelles rythment le projet, sécurisent les espaces pour les piétons et les vélos sans empêcher les traversées. Des lignes de bois aux bétons de sable, sables

stabilisés des stationnements, grandes plantations d’hoyas et autres espèces indigènes, tout est fait pour redonner au boulevard de la Dune une forte identité en lien avec le milieu dans lequel il s’inscrit.



Bastaings, brandes et ganivelles créent un jeu de lignes parallèles.

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Les empreintes dans le sol (Sophie Balas, plasticienne) réinterprètent de manière poétique les plantes des dunes.

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Le projet des Allées Marines [...] fait tomber les berges en béton, élargit et renature le lit du cours d’eau. [...] il permet de retrouver un rapport à l’eau que l’on avait perdu au fil des années.

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Capbreton UN PARCOURS DE LA MER À LA TERRE

Il y a tout juste une année, les Allées Marines étaient essentiellement un espace routier. Le centre-ville de Capbreton semblait éclaté entre plusieurs pôles : la rue du Général de Gaulle, un peu trop à l’écart ; le marché, qui ne s’animait qu’une fois par semaine ; et la rive gauche du Boudigau, la rive droite n’étant qu’un espace de stationnement. Le projet des Allées Marines est d’abord exemplaire d’un point de vue de l’environnement : il fait tomber les berges en béton, élargit et renature le lit du cours d’eau. Avec la réalisation de près de 400 mètres de passerelles bois, il permet de retrouver un rapport à l’eau que l’on avait perdu au fil des années. Le projet joue de ce contraste entre le Boudigau, qui retrouve une ambiance de nature « sauvage » et le square et les venelles, où se développent des jardins plus urbains. Au final, ce sont plus de 700 mètres de berges qui ont retrouvé leur état naturel. 70 arbres ont été plantés, ainsi que 10 000 vivaces et graminées. Aménagement simple et spectaculaire à la fois, le parc du Boudigau attire par sa puissance paysagère, sa force artistique et tous les événements qui s’égrènent le long de son parcours.

Les grands solariums – filets sur les rives des ponts – les cabanes suspendues, les installations de couleurs évoquant l’univers maritime, … sont autant d’éléments mis au point grâce à l’étroite collaboration, dans les phases de conception du projet, de l’agence avec la plasticienne Sophie Balas. Mais bien plus qu’une simple réfection des Allées Marines, le projet mené par « d’une ville à l’autre… » s’inscrit dans une vision large de valorisation du territoire. De la mer à la terre, l’aménagement des Allées Marines propose à terme un parcours allant de l’estacade jusqu’au marché de Capbreton. L’objectif est de créer une dynamique de valorisation de l’intérieur du territoire. Le muret blanc, motif que l’on voit dès la Capitainerie, est repris ici comme fil directeur nous reliant au port. L’enjeu est d’attirer durablement les promeneurs, en les invitant à venir découvrir le village et plus loin, les marais d’Orx, complétant la déambulation sur le front de mer. On peut ainsi profiter d’une promenade continue sur la rive droite du Boudigau, qui traverse désormais le fronton, se poursuit ensuite sur le grand platelage et va jusqu’au marché.

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Le projet n’a pas traité les Allées Marines comme un élément isolé. Il a au contraire été pensé pour élargir et ouvrir le centre-ville. Hier resserré sur la rue du Général de Gaulle, le cœur de Capbreton est aujourd’hui perçu comme un ensemble vivant et cohérent allant de la rive gauche du Boudigau jusqu’à la rue des Prébendiers ; depuis le pont Lajus jusqu’au marché – profondément restructuré et ouvert sur l’espace public ! Ainsi, le projet répond concomitamment à trois grandes ambitions.

celle du réseau hydrographique et de son estuaire. De la mer à la terre, le projet est pensé comme le premier maillon d’un itinéraire allant de la plage jusqu’au marais d’Orx afin de redonner une lecture de la continuité entre le réseau hydrographique des marais d’Orx et son exutoire, et inciter les gens à explorer l’intérieur du territoire. Dans cette nouvelle lecture de leur géographie, les communes littorales peuvent sortir d’une logique purement de front de mer pour se penser comme des espace plus riches et plus complexes.

La première ambition est « écologique » en désimperméabilisant les sols et en recréant des espaces de biodiversité. La renaturation du Boudigau réinscrit la rivière dans la ville et sensibilise les habitants à la beauté fragile de leur milieu. La deuxième ambition est de redynamiser le cœur de cette petite ville moyenne en lui redonnant une cohérence d’usage et une identité forte. L’espace public remet en synergie tous les éléments dispersés de la centralité et lui redonne une attractivité perdue. La troisième ambition est de s’inscrire dans une logique territoriale puissante,

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la premenade du Boudigau Partout où c’était possible, les digues en béton ont été démolies et les berges du Boudigau renaturées. Une promenade en lattes d’acacias permet de marcher, à nouveau, au plus près de l’eau. Le petit

mur est comme un fil blanc qui court tout au long du projet, du marché jusqu’à la capitainerie.



Le projet réunifie les éléments dispersés de centralité. Les venelles sont autant d’accroche entre la rue commerçante et les allées marines.

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La petite rue Castaing fait le lien entre le marché et la place de Gaulle après être passée devant l’Eglise et la Mairie.

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Le Boudigau avait été totalement endigué et les stationnements bordaient la rivière…

En amont, rien ne permettait plus de percevoir le lien avec la forêt d’où débouchait le réseau hydrographique des marais d’Orx…

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Les digues cassées, les berges ont été renaturées. Une promenade en bois permet de retrouver le rapport à l’eau.

L’adoucissement des pentes, les nouvelles plantations permettent de recréer ce lien perdu entre la ville et son arrière-pays.

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Des belvédères sur le Boudigau La promenade continue sur la rive droite du Boudigau, qui traverse désormais le fronton, se poursuit ensuite sur le grand platelage et va jusqu’au marché. Au niveau du marché, l’espace est plus étroit.

La promenade en porte à faux sur la rivière permet de poursuivre la continuité piétonne, mais offre aussi des belvédères pour admirer le paysage.



Les cabanes, dessinées par Sophie Balas – plasticienne- sont des points de repères qui rythment l’itinéraire.

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Elles réinterprètent de manière contemporaine l’univers maritime des anciens carrelets.

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La placette du fronton Le fronton était enfermé derrière des clôtures créant une vraie frontière étanche. En supprimant le giratoire, en ouvrant le fronton sur l’espace public et en créant

une promenade couverte qui le traverse, cet espace devient un lien animé entre la rivière et le centre-ville.


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Les poteaux de couleur Les poteaux de couleur (Sophie Balas, plasticienne) marquent chaque entrée de venelle. Chacune a son identité couleur déclinée dans les poteaux et la gamme des plantations de bord de maisons.

Elles débouchent sur un belvédère qui fait face à une « cabane » Ainsi, leur rôle d’ancrage entre les allées marines et la rue commerçante est mise en scène.



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Les projets présentés ci-avant ont été réalisés par : « d’une ville à l’autre... » - atelier d’architecture, d’urbanisme et de paysage mandataire

en association avec : Sophie Balas - plasticienne, conceptrice associée Plan B - agence d’architecture Ideia VRD - bureau d’ingénierie urbaine

Et également, sur Vieux Boucau, Projet 310 - agence d’architecture Techni-cité urbaine - bureau d’ingénierie urbaine


© d’une ville à l’autre... Image de couverture boulevard de la Dune, Hossegor


© « d’une ville à l’autre… » 2020 15,00 €

2, avenue de Lombez, 31300 Toulouse 05 61 22 18 46 | contact@dunevillealautre.fr


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