Réinventer les stations littorales - Tome 2 - Quelques principes d'actions

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Réinventer les stations littorales Pour une approche durable du territoire maritime Tome 2 - Quelques principes d’action Pierre Roca d’Huyteza


Du même auteur

Parus Réinventer les stations littorales pour une approche durable du territoire maritime. Vol. 1 Trois projets. 2 vol. Toulouse, 2020.

Petit traité d’urbanisme appliqué. Vol. 1 Retrouver de l’intelligence collective. 2 vol. Toulouse, 2020. Petit traité d’urbanisme appliqué. Vol. 2 Penser la ville dans sa diversité. 2 vol. Toulouse, 2020.

En cours Espaces publics : programmer et concevoir. Vol. 1 Construire une stratégie. 2 vol. Toulouse, 2020. Espaces publics : programmer et concevoir. Vol. 2 Mettre en oeuvre. 2 vol. Toulouse, 2020.

Carnets de voyage, Tribulations d’un urbaniste. Toulouse, 2020.

Les espaces publics sont ils publics ? Pour une ville accessible, en collaboration avec Céline Loudier-Malgouyres. Toulouse, 2020. Faut-il aménager l’espace public ? D’une politique des espaces publics à une politique de l’espace public, en collaboration avec Céline Loudier-Malgouyres. Toulouse, 2020.


Tome II Quelques principes d’actions UNE APPROCHE PAR THÈMES



Tome I. Trois projets Vieux Boucau, Hossegor et Capbreton

Tome II. Quelques principes d’actions Une approche par thèmes

Territoires retrouver la profondeur des territoires..................................................................... 7

Pensée globale Commoditas-Soliditas-Voluptas.............................................................................. 17

Frugalité l’intelligence des moyens....................................................................................... 23

Nature la nature doit rester un projet................................................................................. 29

Urbanisme « tactique » avancer par étapes................................................................................................ 47

Activation faire avec les habitants.......................................................................................... 61

Déplacements la mobilité au service de la ville............................................................................. 71

Poésie de L’art de La disruption........................................................................................ 79


«

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Les évolutions à venir nous invitent à repenser d’urgence la manière dont nous pouvons imaginer la pratique touristique à l’avenir.

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Territoires RETROUVER LA PROFONDEUR DES TERRITOIRES

L’évolution projetée du trait de côte dans les décennies à venir interroge clairement le devenir d’une grande partie des aménagements touristiques réalisés depuis l’après-guerre. Mais au-delà, l’urbanisation incontrôlée de l’arrière-pays questionne l’équilibre de ces territoires qui, depuis un siècle, ont tout misé sur l’attrait de leurs plages. Si la loi littorale et l’action du conservatoire éponyme, ont permis de contenir l’urbanisation en limite du rivage, elles n’ont malheureusement pas eu de prise sur l’évolution de la pression urbaine dans l’intérieur des terres. La Côte d’Azur a ainsi vu l’essentiel de son arrière-côte s’urbaniser en une quarantaine d’années. La Côte Landaise suit actuellement une évolution inquiétante. Chaque village a encouragé ses petits développements de maisons isolées, si bien que l’arrière-pays a déjà perdu une grande partie de sa cohérence paysagère. La lecture de l’armature de bourg s’efface, au profit d’un continuum urbain assez banal. Partout en France, l’absence d’une collectivité – à l’instar des länder allemands – dotée des pouvoirs de contrôler l’ouverture à l’urbanisation des terrains par les communes et de préserver ainsi de grands corridors paysagers et écologiques, est la

«tragédie » française. Depuis la loi Nôtre, le SRADETT (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires) est devenu prescriptif, mais il reste un outil encore insuffisamment précis, avec des documents graphiques facultatifs. L’évolution du trait de côte et cette pression urbaine simultanée nous invitent pourtant à repenser d’urgence la manière dont nous pouvons imaginer la pratique touristique à l’avenir. Il n’est plus envisageable d’investir des dizaines de millions d’euros pour tenter de lutter contre les phénomènes climatiques. Les investissements démesurés pour créer des canons à neige dans la montagne, des digues ou des pompes à sables en bord de mer, paraissent absurdes. Les stations de ski doivent d’urgence se repenser pour offrir des espaces publics agréables, et permettre un tourisme familial relié à la nature. De la même manière, les stations littorales doivent préserver d’urgence leur arrière-pays et valoriser leurs villages, pour offrir aux vacanciers des alternatives au « tout plage » et renouer avec leur géographie.

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De la mer à la terre Capbreton (40)

Le réaménagement des allées marines lancé par la ville de Capbreton, nous a amené à proposer aux élus de resituer ce projet dans une réflexion plus globale sur Capbreton. En renaturant le Boudigau, nous avons voulu renouer avec l’histoire de cette rivière dans l’espoir de faire un premier pas pour redonner toute sa force et sa cohérence au réseau hydrographique des marais d’Orx qui trouve ici son débouché avant d’arriver à la mer. Si ces aménagements se poursuivent jusqu’au port, ils permettront de redonner de la qualité à des lieux meurtris par un urbanisme trop rapide. Ils pourront permettre de relier la capitainerie de Capbreton mais aussi d’aller jusqu’au quartier Notre Dame et de relier le boulevard de la Dune que nous avons réaménagé à Hossegor. Les franges du port relié au bourg, il ne restera plus qu’à poursuivre en remontant le Boudigau. Ainsi, nous proposons de recoudre les maillons manquants reliant l’intérieur des terres au bord de mer. Notre espoir est que progressivement la ville cesse de ne se définir que par l’attractivité de ses plages aujourd’hui menacées. Aujourd’hui, les gens ont retrouvé le plaisir de rejoindre à vélo le bourg de Capbreton et d’y flâner dans une ambiance apaisée. Tout l’enjeu est de donner de plus en plus envie d’aller de la mer à la terre et, au-delà, d’aller explorer les méandres de ces cours d’eau et des forêts et landes qu’ils irriguent. Ce projet montre aussi qu’une grande figure géographique comme un réseau de cours d’eau

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peut être le support d’une démarche qui réunisse les communes traversées autour d’un enjeu commun clairement identifiable.


Le projet de réaménagement du Boudigau a été pensé comme le premier maillon d’une reconquête du réseau hydrographique dans son ensemble.

Tome 2. Quelques principes

| Territoires

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Les berges du Boudigau En renaturant le Boudigau, nous avons voulu renouer avec l’histoire de cette rivière dans l’espoir de faire un premier pas pour redonner toute sa force et sa cohérence au réseau hydrographique des

marais d’Orx qui trouve ici son débouché avant d’arriver à la mer.



Derrière la dune Hossegor (40)

Travailler la profondeur du territoire et sortir de cette unique obsession du rivage ! C’est aussi ce que nous avions en tête quand nous avons proposé le réaménagement du Boulevard de la Dune. Avant les travaux, on arrivait sur le site sans jamais percevoir la Dune. On arrivait par des voiries routières, bordées de constructions banales et disparates. Rien ne donnait à percevoir la mer. Pourtant, avant que l’homme n’ait l’audace de construire ici, il y avait la dune. Il nous semblait évident que le récit du projet devait se faire autour de cette volonté de redonner à lire le site dans son origine. Personne n’imaginait possible de redonner une qualité à ce qui était jusque-là perçu comme un « arrière ». « Les gens viennent à la mer, il n’y a rien à attendre de ces espaces de stationnement et de circulation », nous disait-on. Le projet a permis de démontrer le contraire. Aujourd’hui le boulevard a trouvé des qualités paysagères et des qualités d’usages qui font que les gens ont du plaisir à y marcher, à y faire du vélo, à s’arrêter dans les « salons maritimes » ou à jouer dans les brumes de la grande esplanade ! Même les commerçants ont compris que l’on pouvait trouver un intérêt à ce travail sur la profondeur. L’un des cafés les plus actifs est celui qui donne sur la place des Landais, autrefois occupée par un giratoire. A l’abri du vent et des embruns, les gens ont redécouvert qu’il n’y avait pas que la plage !

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« Les salons maritimes » offrent des petits espaces publics à chaque entrée de plage.

Tome 2. Quelques principes

| Territoires

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Le boulevard de la Dune Des lignes de bois aux bétons de sable, sables stabilisés des stationnements, grandes plantations d’hoyas et autres espèces indigènes, tout est fait pour redonner au boulevard de la Dune une

forte identité en lien avec le milieu dans lequel il s’inscrit.



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Le développement durable n’est ni une affaire de technique ni d’idée « miracle ». Il est affaire de cohérence.

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Pensée globale COMMODITAS-SOLIDITAS-VOLUPTAS

Aucune idée, aussi bonne soit-elle, ne nous amènera « mécaniquement » vers un aménagement plus durable. Le développement durable n’est ni une affaire de technique ni d’idée « miracle ». Il est affaire de cohérence. Promouvoir les transports en commun sans penser les conséquences de la flambée des prix des logements ? Faire des espaces réglementaires pour les handicapés mais si laids qu’ils deviennent inhabitables ? Aménager des voies pour les bus mais ne plus rien laisser pour le piéton ? Préserver le patrimoine mais maintenir bloqués des îlots insalubres ? Mettre des arbres partout mais banaliser le paysage historique de la ville ? En permanence, nous sommes en présence de décisions qui, soit se neutralisent, soit s’opposent. Une vision durable du développement passe par la promotion d’une vision « holistique » du projet. Cette question traverse tous les champs professionnels. Le développement des savoirs techniques s’est accompagné progressivement d’une dégradation de la pensée globale. Dans notre domaine, les architectes étaient tout à la fois paysagistes, ingénieurs et philosophes et les grands traités abordaient tous les sujets à la fois, du bâtiment au jardin en passant par la voie. Aujourd’hui, la

construction d’un projet se heurte en permanence à la volonté de chaque « service » de faire valoir la promotion du sujet dont il est compétent : les bus ? Les voitures ? La sécurité ? Les handicapés ? L’environnement ? Le patrimoine ? Le logement ? … Toutes ces priorités sont prioritaires ! Faire prévaloir une pensée cohérente qui trouve le juste compromis entre toutes les attentes et qui ne soit pas juste leur impossible addition est un combat parfois épuisant. Pourtant, depuis Vitruve, on sait qu’un bon projet doit tenir dans la même main les trois grands objectifs : Soliditas, la question de la durabilité ; Commoditas, la question des usages ; Voluptas, la question du sensible. Pour cela, il est indispensable de promouvoir dans les organisations le mode « projet » afin de garantir qu’il y ait toujours un garant de ce fameux « compromis », un chef de file qui fait prévaloir à chacun que les meilleurs objectifs n’aboutissent à rien s’ils sont envisagés séparément. C’est en ce sens que les élus doivent comprendre que la question de l’organisation des services et des méthodes de travail est une question politique par excellence.

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Le radar de l’espace public Grand Paris Seine et Oise (78)

En cherchant des outils pédagogiques pour faire travailler élus et techniciens sur une lecture partagée de l’espace public, notre équipe1 a construit ce que nous avons appelé le « radar de l’espace public ». La construction du radar est déjà un bon sujet de réflexion en soi puisqu’il s’agit de lister tous les objectifs que l’on attend de l’espace public et de les classer en grandes catégories. Il peut être l’occasion d’un premier débat avec les élus pour leur faire énoncer les objectifs qui leur semble les plus importants sans renoncer à cette vision « holistique ». Pour notre part, ayant réutilisé fréquemment cet outil depuis, nous l’avons recentré autour des trois grandes catégories Vitruviennes : Commoditas, Soliditas, Voluptas. Dans la Commoditas, nous cherchons à évaluer si l’espace public offre la possibilité d’accueillir tous les publics et s’il intègre les aménités nécessaires pour s’asseoir, se reposer, jouer, discuter… Est-ce que l’environnement offre des équipements et des commerces quand on est en ville ou de quoi se détendre quand on est dans la nature ? Nous discutons aussi de l’équilibre des déplacements entre piétons, voitures, transports en commun, vélos. Dans la Soliditas, nous regardons si le projet est « bien » construit et s’il est « durable » : A-t-on

1 L’équipe était constituée de Pierre Roca d’Huyteza et Raphaël Jolly (« d’une ville à l’autre… »), Céline LoudierMalgouyres (LULI), Marti Franch et Héloïse Bouju (EMF) et Patrick Henry (Pratiques urbaines).

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trouvé l’effet de levier optimum entre les moyens déployés et son importance dans la vie de la cité ? Est-il économe en ressources naturelles ? Est-il bien mis en œuvre ? Sera-t-il facile à entretenir et à faire vivre ? Dans la Voluptas, nous regardons si l’espace public (le sol et les façades) est beau et agréable. Est-ce que l’on peut s’abriter du vent ? Du soleil ? Du bruit et des odeurs ? Est-ce que l’on est en sécurité ou a-t-on un sentiment d’isolement ? Y a-t-il un lien visuel entre le bâti et l’espace public ? Etc. Après avoir discuté autour du « roman photo » établi sur l’espace, le groupe marque pour chaque objectif son niveau de satisfaction. Meilleur il est, plus la croix sera proche de la cible. Ensuite, on relie les points. Si la figure est proche du cercle, c’est que l’on s’approche de l’équilibre entre les objectifs. A l’inverse, si la figure est « chaotique », on détecte immédiatement qu’il y a un déséquilibre. Si plusieurs groupes affichent leurs radars au mur, les différences de « figures » apparaissent immédiatement : la discussion peut alors s’engager ! Les vertus pédagogiques de cet outil ont fait leur preuve.


Extrait d’une étude de cas au moyen du radar et d’un atelier de travail avec les élus

Tome 2. Quelques principes

| Pensée globale

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Les ateliers du GPSEO Dans le cadre de la charte des espaces publics établie pour le GPSEO, des ateliers ont réuni les techniciens de tous les services et de tous les « niveaux » pour partager ensemble une culture commune

de l’espace public. D’autres ateliers ont été destinés aux élus.


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L’urbaniste doit être comme l’ostéopathe, il doit veiller à garder en permanence l’équilibre du corps urbain.

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Frugalité L’INTELLIGENCE DES MOYENS

Depuis la biennale de Venise, la frugalité a bonne presse mais malheureusement le goût de briller parmi ses pairs n’aide pas à la mettre réellement en pratique. Car la frugalité nous impose de faire passer la « belle image » au second plan. Les projets les plus réussis sont pourtant bien souvent les plus difficiles à photographier et je mets souvent en garde les étudiants contre les revues où les espaces publics sont souvent vus de trop loin ou de trop près. Le bon projet est celui pensé à hauteur d’homme. Cela nous oblige à rester sur l’essentiel et, de fait, d’économiser les effets inutiles. Aménager des sols avec plus de simplicité sera l’occasion de dépenser moins d’argent tout en créant des lieux moins « intimidants » que les immenses espaces de pierres qui ont fossilisé beaucoup de centreville. Aménager les sols avec plus de simplicité sera l’occasion d’aller plus vite et plus loin pour recréer des continuités d’espaces publics plutôt que de se concentrer sur quelques lieux emblématiques. Aménager les sols avec plus de simplicité devrait être l’occasion de renouer avec des matériaux bruts (le stabilisé, le simple gravier ou les trottoirs enherbés) plus perméables et/ ou moins consommateurs de ciment et de pétrole. Quoiqu’il en soit, j’aime

associer la notion de frugalité à celle « d’intelligence des moyens » car il faut se garder, une nouvelle fois, des « recettes toutes faites » qui s’appliqueraient partout de la même manière. La « frugalité » n’est pas toujours de mise. L’urbaniste doit être comme l’ostéopathe, il doit veiller à garder en permanence l’équilibre du corps urbain en appuyant aux bons endroits avec l’intensité adaptée. La ville a trop souffert, ces derniers temps, d’interventions trop ciblées. Beaucoup d’élus ont concentré leurs efforts sur quelques aménagements emblématiques, oubliant l’enjeu d’équilibrer les interventions et de penser l’espace public dans sa globalité. De droite comme de gauche, les élus ont souvent été obnubilés par la place de la Mairie et celle de la cathédrale. A l’inverse, il ne faudrait pas traiter désormais tous les lieux avec des moyens très limités au nom de la « frugalité » qui cache parfois un simple habillage marketing d’une politique d’économies budgétaires. Il est urgent de redonner à toutes les parties du corps urbain la même dignité – ce qui ne signifie pas de les traiter de la même manière - et d’intervenir avec justesse en fonction des lieux. Tout est d’abord affaire d’équilibre.

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Faire avec des finances limitées Lavardac (47)

Choisir et équilibrer les projets selon les moyens Lavardac est une petite ville très peu argentée en limite du Lot, du Gers et des Landes. La bastide assoupie au bord de la Baïse est séparée du reste de la ville par une départementale un peu passante tandis que les équipements scolaires et sportifs, ainsi que les commerces, se sont éloignés derrière la voie ferrée, dans les tissus pavillonnaires. Philippe, le Maire, nous a choisi car j’avais parlé d’argent à l’oral. De fait, j’avais été frappé dans le cahier des charges par le décalage entre les projets très ambitieux (aménager une vaste aire de camping-car sur la rive droite, refaire une salle polyvalente, réhabiliter une maison isolée en centre médical, faire un lieu improbable d’exposition…), et la faiblesse des moyens de la municipalité. Alors j’ai commencé par dire que l’enjeu était de les aider à utiliser au mieux leur argent et non de faire un inventaire à la Prévert de tous les projets possibles. Comme à notre habitude, nous avons construit rapidement un plan de référence et différentes hypothèses financières. Sur chaque projet, nous avons montré au moins deux variantes. Construire une nouvelle salle polyvalente ou réhabiliter la salle actuelle en lui faisant un nouveau parvis ? Faire le centre médical dans une maison éloignée et nécessitant beaucoup de travaux, ou acheter une maison en plein cœur du village dont le parc deviendra le cœur de la commune ?

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Des solutions simples mais avec un fort effet de levier Partout, des solutions alternatives ont été proposées pour chercher là où la ville aurait un fort effet de levier. C’est ainsi que nous avons proposé de transformer les espaces du collège et le stade pour en faire un parc accessible à tous, uniquement en supprimant des barrières et en plantant généreusement. Nous avons commencé par quelques opérations tests. Un nouveau parvis a été réalisé pour l’école avec juste des graviers. La fermeture d’une rue et la suppression d’une haie a permis, en outre, de mettre le parvis en lien avec le parc de la Mairie. L’effet a été immédiat. Le lieu est vraiment devenu un espace de convivialité à bien peu de frais. Rive droite, plutôt que de terrasser à grand frais une vaste aire de camping-car, quelques petites entailles dans le haut du talus ont permis de créer des lieux en lien avec le grand paysage aujourd’hui très prisés des camping-caristes. Pour son prochain mandat Philippe réfléchit à ce qui aura le plus d’impact malgré ses finances qui restent limitées !


Tome 2. Quelques principes

| FrugalitĂŠ

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L’aire de camping-car de Lavardac A Lavardac, un petit jeu de murets de bastaing permet d’accueillir, à peu de frais, les camping-cars. Cette solution est à la fois moins chère et

beaucoup plus intégrée au paysage que le parking initialement imaginé par les élus.



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Il est essentiel de repenser notre rapport au vivant. [...] de transformer les gazons et les haies taillées des jardins de nos pavillons en espace vivrier ou en espace de biodiversité.

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Nature LA NATURE DOIT RESTER UN PROJET

Encore un nouveau Graal. Pour sauver le climat, il faut planter ! Planter partout et sans discernement ? Planter la place de l’Hôtel de Ville de Paris sur les nappes de bétons des parkings ? Planter des arbres de hautes tiges sur les tours à 150 mètres de hauts balayés par les vents asséchants ? Aller chercher les arbres dans les pépinières d’Italie ou d’Espagne pour réussir de beaux alignements ? Il faut planter la piazza Del Campo et mettre une forêt devant le Vatican ? Les idées trop simplistes sont toujours un peu dangereuses. Bien entendu, je suis le premier convaincu de la nécessité de planter nos villes et surtout nos banlieues. Mais faisons-le avec intelligence. Gardons un peu de bon sens … Intégrons tous les éléments du radar de l’espace public ; pensons les usages ; pensons la beauté et le patrimoine ; pensons la durabilité dans une vision holistique. Planter avec intelligence, cela implique d’implanter les espèces en fonction de la quantité de terre disponible, du vent, de l’ensoleillement et des conditions hydriques. Planter avec intelligence, cela veut dire se garder des effets d’annonces politiques et écouter les spécialistes du vivant, respecter les savoir-faire des professionnels. Cela

induit aussi de travailler d’urgence à la reconstruction de filières horticoles pour élever et développer dans chaque région des espèces végétales capables de s’implanter ensuite de manière durable ! Nous avons une tradition séculaire de paysans. Nous aimons la nature domestiquée. A la différence des pays du Nord, il nous faut une nature sécurisée, propre et sans poussière. Si l’on veut s’inscrire en profondeur dans une vision écologique, Il est essentiel de repenser notre rapport au vivant. Il est indispensable d’accepter des trottoirs en sable stabilisé, voir enherbés, des plantes adventices et des prairies non tondues et de transformer les gazons et les haies taillées des jardins de nos pavillons en cultures vivrières et/ou en espaces de biodiversité. Mais il faut néanmoins se rappeler que « la nature » est une construction abstraite que l’on ne peut pas dissocier de la culture. Nos paysages sont quasiment tous des artefacts, issus de millénaires d’interventions humaines, ne l’oublions pas. Planter doit donc toujours obéir à un projet paysager. Pensée ainsi, l’ambition est enthousiasmante.

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Retrouver le lit de la rivière Capbreton (40)

En travaillant sur les photos historiques de la ville, nous avons compris combien toute la richesse de cette rivière avait disparu. Autrefois embouchure de l’Adour, puis cours d’eau plus modeste, le Boudigau n’en reste pas moins l’exutoire du réseau hydrographique de l’Adour. L’écologie nous invite à casser les endiguements pour retrouver, autant que possible, le lit naturel de la rivière. Nous pourrons ainsi recréer de la biodiversité et permettre d’atténuer les montées des eaux. Cet angle d’attaque par l’environnement était aussi une manière d’éviter de créer un paysage banal, un peu trop jardiné. Il permettait de redonner une identité un peu « sauvage » au centre-ville de Capbreton. Nous nous sommes mêmes amusés à jouer du contraste entre les bords de la rivière, que nous avons voulu les plus sauvages possible, avec les petites ruelles et le square dont le caractère de « jardin » a été au contraire renforcé.

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Les digues ont été démolies pour retrouver des berges naturelles aux contours adoucis.

Tome 2. Quelques principes

| Nature

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Les berges du Boudigau Si sur les rives nous arrivons à replanter des arbres de ripisylve (saules, etc.), nous tentons des expériences avec des Bolboschoenus, des limonium, des phalaris ou des lysimachias, mais

décidons rapidement de laisser la nature reprendre ses droits sur les bords de l’eau.



L’airial comme espace public Magescq (40)

L’arrière-pays landais est progressivement en train de perdre ses qualités paysagères, à mesure que chaque village laisse se développer, de manière désordonnée, des micro-lotissements ou des constructions isolées. A Magescq, nous avons été invités à construire un plan de référence qui permette au moins de structurer cette expansion pavillonnaire galopante. Notre préoccupation fût d’arriver à donner une identité à ces nouveaux ensembles. Nous avons pour cela cherché à les relier à la forêt landaise dans laquelle ils s’inscrivent. C’est ainsi que nous avons préconisé que chaque nouveau lotissement s’implante autour d’un espace public à vocations multiples. Il doit à la fois jouer un rôle de réceptacle des eaux de pluies, être un lieu d’usages et de rencontre et un espace identitaire rappelant les « airials ». Ces vastes clairières enherbées font partie de l’histoire du territoire. Un pré-verdissement des parcelles privées avec des espèces endogènes était aussi proposé. L’objectif visé était d’éviter la banalisation de ces paysages de jardins, qui va souvent de pair avec une dégradation de leur biodiversité. Nous avons eu l’occasion de mettre en œuvre un premier exemple de ce type d’aménagement au Cap Coste, qui cherche à rester dans une écriture minimale au plus proche de la nature.

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Tome 2. Quelques principes

| Nature

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L’airial retrouvé A Magescq, tous les lotissements sont invités à préseerver un vaste espace enherbé en leur sein réinventant la figure de l’airial traditionnel landais.

Cet espace public naturel doit aussi permettre de gérer les eaux de ruissellement.



Les landes et le Moïsan Vieux Boucau (40)

A Vieux Boucau, les cartes anciennes nous ont montré que le Moïsan avait longtemps divagué sur des emprises marécageuses, dessinant de très larges méandres. Aujourd’hui canalisé et bordé d’immensité d’enrobé, il était bien difficile de se rappeler ce passé. C’est pour cela que notre intention paysagère centrale fût de donner le sentiment que le Moïsan avait retrouvé son lit, et déposé ses limons. Nous ne pouvions disposer d’emprises suffisantes pour renaturer la rivière elle-même, comme nous le fîmes à Capbreton. En revanche, nous avons redessiné totalement les espaces de parkings pour créer un grand parc, fait d’un carroyage de haies et d’arbres hydrophiles. Progressivement, une végétation de bords de rivière va se développer. A l’inverse, à l’entrée du village, nous avons voulu renforcer l’ambiance de la forêt landaise, en déployant une palette végétale faite de genêts, de bruyère et de cistes sous les pins. A grande échelle, c’est la rencontre entre la végétation de rivière et celle de la forêt landaise qui structure ce plan-paysage. Une nouvelle fois, nous nous appuyons sur le site et son histoire pour empêcher une banalisation des lieux.

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La végétation de bord de rivière, sur les bords du Moïsan, rejoint progressivement l’ambiance de la forêt landaise à l’entrée du bourg.

Tome 2. Quelques principes

| Nature

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L’aire de jeux des Arènes Nous avons redessiné totalement les espaces de parkings pour créer un grand parc, fait d’un carroyage de haies et d’arbres hydrophiles. Progressivement, une végétation de bords de rivière va se

développer. Dans ce parking recomposé en îlots paysagers, l’un est réservé à créer un espace de jeux. Les enfants courent sous la pluie, dans « les sous-bois » et grimpent dans les cabanes.



Retrouver la dune Hossegor (40)

Certains rêvaient d’hortensias, d’autres de palmiers… L’imaginaire végétal s’est de plus en plus déconnecté de la nature et des contextes géographiques environnants ! La commercialisation d’espèces « endémiques » par les grandes surfaces horticoles y est surement pour beaucoup. Il est important de faire changer cet imaginaire pour renouer avec des pratiques où l’agrément n’est plus séparé de l’environnement ! Le fil directeur du projet du Boulevard de la Dune était de donner à sentir la présence de cette dune avant d’avoir franchi la barre de constructions qui nous sépare des plages. Toute l’écriture des lignes de bois, des bétons de sable et de stabilisé participent de ce discours. Il était indispensable que la stratégie de végétalisation aille dans le même sens. Nous avons proposé ainsi de réintroduire dans les grandes jardinières linéaires un grand nombre d’espèces que l’on trouvait dans les dunes environnantes. Pour jouer de cette tension entre nature et culture qui est le propre des jardins, nous nous sommes amusés à implanter ces espèces selon un dessin de plantation assez rigoureux, où les plantes se côtoient par grandes lignes intercalées. La ville doit bientôt faire des panneaux d’information pour profiter du projet, pour sensibiliser les visiteurs à la richesse de cette flore maritime.

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Tome 2. Quelques principes

| Nature

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Le boulevard de la Dune La philosophie du projet est de réinscrire le boulevard dans sa géographie dunaire. Le choix d’une palette végétale issue des plantes indigènes participe à donner une identité forte aux lieux tout en répondant

à des enjeux environnementaux de contrer la diffusion de plantes horticoles invasives.


La place du marché à

La place du marché à


«

Les stations littorales sont contraintes de faire preuve de souplesse et de capacité d’adaptation. Elles doivent parvenir à la fois à proposer des aménagements pour le court terme et à se projeter progressivement dans le long terme.

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Urbanisme « tactique » AVANCER PAR ÉTAPES

Plus que tout autre site, les stations littorales sont entrées dans une ère de grande incertitude. L’évolution du trait de côte va, on le sait, bouleverser le paysage et la structure de beaucoup de lieux. Mais les conditions de ces changements restent encore très difficiles à cerner, car elles dépendent de choix politiques à long terme, dans un contexte technique, juridique et financier qui reste encore à préciser. Ainsi, les stations littorales sont, plus qu’ailleurs, contraintes de faire preuve de souplesse et de capacité d’adaptation. Elles doivent parvenir à la fois à proposer des aménagements pour le court terme, et à se projeter progressivement dans le long terme. Cela implique d’abord d’abandonner les solutions toutes faites, que l’on duplique sans discernement, et de développer plus d’imagination et d’inventivité. Les situations sont complexes et requièrent de l’intelligence. Nous avons déjà évoqué la stratégie d’effet de levier, que nous avons expérimentée dans le cadre de l’assistance aux élus du GPSEO, afin de les aider dans le choix de leurs investissements. Cette stratégie doit être mobilisée ici. L’objectif est de bien évaluer le niveau d’investissement nécessaire pour chaque aménagement,

au regard de l’impact attendu et du niveau de certitude quant à la durée de vie du projet. Tous les aménagements ne doivent pas nécessairement être frugaux, mais nous devons encourager les élus à déployer en permanence la palette complète des modes d’aménagements possibles (modes prestigieux, sobres, simples et STEP – pour Soustractif, Transitoire, Évènementiel et Ponctuel). Ainsi, à Vieux Boucau par exemple, nous avons décliné toute cette gamme de manière d’agir. Nous avons proposé des aménagements en mode « transitoires » (transformation de l’Avenue des Pêcheurs en voie vélos sans quasiment aucun travaux), « soustractifs » (suppression d’une frange d’enrobé au bord du Moïsan), « sobres » dans l’aménagement de la place centrale. Sur le littoral lui-même, il y a lieu de la même manière de privilégier des aménagements très simples et naturels dans les zones qui potentiellement sont amenées à fortement évoluer dans le temps - et réserver les aménagements plus lourds aux espaces les moins menacés.

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D’une voie rapide à l’autoroute à vélos Vieux Boucau (40)

A Vieux Boucau, nous avons établi un plan de référence sur le très long terme et à grande échelle. Il prévoit d’intensifier les constructions en cœur de ville et de reporter l’essentiel de la circulation par le Nord pour apaiser le centre. Mais tout n’est pas acceptable immédiatement aux yeux des habitants, ni réalisable financièrement. C’est pourquoi nous avons établi un plan d’action stratégique qui décline les projets et détaille les différentes étapes à franchir. Dans ce plan, certaines actions paraissent réalisables sans argent et sans attendre. C’est ainsi, par exemple, que nous avons proposé de fermer à la circulation les deux voies de droite de l’avenue des Pêcheurs. Cela a permis de réaliser, sans frais, une première section de l’axe lourd vélo que nous préconisions sur le Moïsan.

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Tome 2. Quelques principes

| Urbanisme « tactique »

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Moisan, découper l’enrobé ! Vieux Boucau (40)

Dans le même esprit « d’urbanisme tactique » que nous avons adopté pour la création d’une autoroute à vélos sur l’avenue des pêcheurs, nous avons proposé de créer, à très court terme, un cheminement paysager le long du Moïsan, par simple découpage d’une partie de l’enrobé du parking. Il était urgent de recréer une promenade de bord de berge mais la ville n’avait pas les moyens d’investir à la fois sur la réfection du cœur de bourg et sur le secteur du Moïsan. La réalisation d’une opération transitoire et ponctuelle était la juste réponse à cette urgence. Elle ne compromettait pas l’avenir car elle s’inscrivait dans une réflexion à long terme. Ainsi, avant même le réaménagement global du parking, les Boucalais ont profité de ce nouveau chemin à travers la végétation. 10 ans plus tard, la commune a réaménagé l’ensemble de cet espace.

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Le projet propose sans attendre l’aménagement définitif, de reconquérir sur le bitume de quoi se promener sur les berges.

Tome 2. Quelques principes

| Urbanisme « tactique »

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Le parc «an Zéro» du développement du cœur de la station Vieux Boucau (40)

Le plan de référence de Vieux Boucau prévoyait une intensification des constructions au cœur de la station. Par ce moyen, nous permettions l’implantation des équipements et de l’habitat à l’année en centre-ville. Il était donc nécessaire de réorganiser la trame parcellaire, pour créer des îlots dans la continuité de la trame villageoise. L’enjeu de ce recentrage était, bien sûr, de mettre fin à l’expansion pavillonnaire en périphérie de la commune. Mais cela ne pouvait pas s’imaginer à court terme, parce que les habitants n’étaient pas préparés à cette évolution. Comment préfigurer l’avenir tout en créant un aménagement profitable ? L’idée fut de réaliser, de manière sommaire, un grand parc avec des espèces hydrophiles. Nous avons ainsi pré-dessiné les futurs îlots constructibles, qui sont pour le moment des îlots paysagers. Michel Desvignes, dans son projet de l’île Seguin, appelait cette démarche « l’an Zéro de l’urbanisation ». Aujourd’hui, le parc est réalisé. Progressivement, quand la ville aura besoin d’un îlot pour réaliser un bâtiment, elle déplacera un peu de stationnement pour réaliser les constructions nécessaires. Tout est prêt pour favoriser une évolution en douceur de l’urbanisme du centre-ville.

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Tome 2. Quelques principes

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La réorganisation du parking des arènes en un carroyage d’îlots paysagers…

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… permet, demain, d’accueillir avec souplesse une intensification urbaine du cœur de ville

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| Urbanisme « tactique »

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Un parcours vers l’océan Notre-Dame, Capbreton (40)

Il ne faut pas toujours attendre « le grand jour » pour tout refaire ! Toutes les occasions doivent être saisies. Dans le quartier Notre Dame, la ville n’avait que 40 000 euros à dépenser pour redonner un peu de lustre aux espaces publics autour des copropriétés du quartier. Faute de pouvoir détruire ce grand socle bétonné d’emmarchements qui fait obstacles à la mer, nous avons cherché par des micro-interventions à redonner des signes pour guider le passant vers la plage. Utilisant le même vocabulaire que celui utilisé pour le Boulevard de la Dune, juste à proximité, nous avons proposé de réhabiliter les murs de bois, de casser le béton pour y réinsérer de la végétation dunaire et des grands bancs qui rompent la monumentalité des marches et y encouragent les usages. Nous avons proposé de découper les grandes surfaces d’enrobés côté rivage pour repousser les ganivelles et les bandes de plantations maritimes. Enfin, nous imaginons une sculpture éolienne au sommet des marches pour créer un repère. Une partie de ces premières propositions est en cours de mise en œuvre. Les autres pourront être déclinées l’année suivante.

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«d’une ville à l’autre ...» | Réinventer les stations littorales


Dans une logique d’urbanisme tactique, des aménagements très ponctuels permettent de recréer un lien vers la mer

Tome 2. Quelques principes

| Urbanisme « tactique »

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Tome 2. Quelques principes

| Urbanisme « tactique »

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Si je suis le premier convaincu de l’intérêt d’associer les citoyens à la prise de décision [...] les élus restent, au final, les arbitres légitimes des grandes décisions à prendre

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Activation FAIRE AVEC LES HABITANTS

La question du risque est très sensible. Elle peut amener à des mouvements d’opinion incontrôlés si les collectivités ne contrôlent pas la communication sur ce sujet. Actuellement, avec l’appui du GIP littoral, les communes ont fait un très gros travail d’information de leurs concitoyens. Là encore, la situation particulière des communes littorales les oblige à être à la pointe de l’innovation en matière d’information et de mobilisation des habitants. Elles doivent dépasser une vision trop figée de la concertation, et décliner les formes les plus adaptées d’association des citoyens à la définition des politiques publiques. Cela implique de bien cerner les différents niveaux de débat. Une information générale sur les risques climatiques relève d’une communication ouverte au plus grand nombre. A l’inverse, l’aménagement de la placette devant une copropriété implique de mobiliser l’expertise d’usage des riverains les plus proches. Entre les deux, on trouve une infinité de situations. Il est nécessaire d’appréhender chacune au cas par cas pour définir les réponses plus appropriées. « D’une ville à l’autre… »

a eu l’occasion d’expérimenter de très nombreux dispositifs. Nous revenons ici sur une expérience à Bayonne et une autre à Toulouse, qui nous paraissent particulièrement riches d’enseignements. Mais si je suis le premier convaincu de l’intérêt d’associer les citoyens à la prise de décision dans une logique de co-construction, je pense qu’il ne faut pas le faire en opposition avec le rôle de la démocratie représentative qui est aujourd’hui souvent critiqué. Les élus restent, pour finir, les arbitres légitimes des grandes décisions à prendre, pour peu qu’ils aient su mobiliser les moyens de créer un véritable débat en amont, et qu’ils sachent mettre en œuvre leurs décisions en les adaptant au terrain grâce à la connaissance de ceux qui y vivent. A l’inverse, l’aménagement de la placette devant la copropriété implique de mobiliser l’expertise d’usage des riverains les plus proches.

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A l’échelle d’une place, l’expertise d’usage des habitants Polo, Bayonne (64)

Des entretiens individualisés aux grandes réunions plénières, nous avons expérimenté de très nombreux dispositifs de concertation, tachant de trouver à chaque fois le format adapté à la question posée. A Bayonne, la ville avait engagé une première concertation appelée les « portraits de quartier » qui avait permis de repérer les lieux où, selon les habitants parties prenantes, il fallait agir prioritairement. Pour poursuivre ce travail, « d’une ville à l’autre… », associée à la socio-urbaniste Céline Loudier Malgouyres et à la plasticienne Sophie Balas, a proposé un « kit » de concertation combinant une gamme de mobiliers provisoires et une méthode de travail. Les éléments de mobilier dessinés par la plasticienne– construits par l’entreprise de réinsertion Api’up – étaient combinables à l’infini pour permettre à chacun de « construire son propre dispositif. Ce « kit » a été testé une première fois sur la Place du Polo. Les habitants étaient invités à nous rejoindre dans un « enclos » de bois propice à la discussion. Sur une caisse, une grande photo aérienne du projet et des cartes dessinées par la plasticienne permettaient de jouer au « jeu des usages ». Fallait-il ici de l’ombre ? Des bancs ? Des jeux ? Chacun posait ses cartes. Le jeu était surtout une occasion ludique d’engager une vraie discussion sur cet espace. A la fin de la matinée, après plusieurs « tours » de jeux, nous avons tenté une synthèse collective pour un premier test. Un bon repas pris collectivement, puis l’après-midi, tout le monde a pu participer à « l’aménagement provisoire »

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de la place en puisant dans le stock de mobilier que l’on avait pris soin de mettre sur le côté. Une semaine plus tard, les habitants ont tiré un bilan de ce que l’aménagement provisoire avait suscité comme nouvelles pratiques. Cette concertation nous a permis de construire un programme pour les aménagements définitifs à mettre en œuvre à court et à long terme, programme qui a été joint à la consultation de concepteurs. Depuis, la ville a réutilisé le kit directement par ses services sur d’autres lieux. Quoiqu’il en soit, le dispositif a ses limites et nécessite de mobiliser beaucoup d’énergies. Mais il permet de capter de très nombreuses informations qui n’auraient pas émergé de simples réunions.


Tome 2. Quelques principes

| Activation

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La place du marché à

La place du marché à


La place du Polo Sur la place du Polo, les habitants sont invités dans « l’enclos » à réfléchir au réaménagement de l’espace. Après un bon déjeuner, ils peuvent tester

leurs hypothèses avec le kit de mobilier imaginé par la plasticienne, Sophie Balas.


Une concertation pas à pas Saint Michel, Toulouse (31)

Comment travailler la question de la concertation sur le quartier Saint Michel alors même que les investissements prévus par la Mairie était particulièrement réduits ? Sans négliger un plan de référence à long terme, nous avons mis l’accent sur les petits problèmes à résoudre qui sont souvent un élément oublié des projets d’espaces publics. Plusieurs moments forts ont rythmé l’association des habitants : le travail interactif sur une immense photo aérienne, le repérage in-situ des points à résoudre avec un marquage au sol réalisé par la plasticienne Sophie Balas et, pour finir l’installation « évènementielle » de panneaux de signalétique « customisés » en petits personnages pour évoquer la nécessité de transformer les rues fréquentées par les enfants, en espaces partagés.

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Tome 2. Quelques principes

| Activation

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Concertation à Saint Michel Dans le quartier Saint Michel, les habitants sont invités à se prononcer sur les problèmes du quotidien sur l’espace public. Pour garder une mémoire « temporaire » de ces discussions, Sophie

Balas et ses acolytes inscrivent au sol des pochoirs qui symbolisent les problèmes repérés.



«

Les nouveaux modes de déplacements peuvent être adoptés étonnamment vite, pour peu que les usagers en perçoivent rapidement les bénéfices.

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Déplacements LA MOBILITÉ AU SERVICE DE LA VILLE

Et si les stations littorales devenaient les laboratoires des nouvelles mobilités ? Encore aujourd’hui, la voiture reste sur toute la côte et dans l’arrière-pays le mode principal de déplacement. La dispersion de l’habitat et la faiblesse de l’infrastructure de transport en commun en font un cas très typique des problématiques des territoires périurbains. A grande échelle, l’équation reste complexe et les solutions impliquent de bâtir des stratégies combinées entre TER, réseaux de bus, transport à la demande, appui au co-voiturage [avec notamment une incitation via les plans de déplacements d’entreprises], promotion du vélo électrique… Il est aussi indispensable de lutter contre la dispersion des équipements publics et privés loin des polarités de l’armature urbaine, car elle complexifie encore plus la mise en œuvre de solutions collectives. A l’échelle communale, la mise en œuvre de ces solutions est plus simple à imaginer. Mais elles exigent une forte volonté politique pour sensibiliser les habitants à l’importance de faire évoluer les pratiques. Dans ce domaine, les stations littorales bénéficient d’un premier atout : la qualité de leur

paysage. Plus qu’ailleurs, on peut montrer aux habitants que la réduction de la place de la voiture peut contribuer à découvrir des parcours piétons ou cyclables, des plus agréables à pratiquer. Les stations bénéficient d’un second atout : la présence d’un public saisonnier de vacanciers. Cette particularité permet de mettre en test ces nouveaux modes de déplacement durant l’été, avec un public de touristes qui est, de facto, beaucoup plus disposé, durant l’espace des vacances, à changer ses habitudes. Nos expériences, de Vieux Boucau à Capbreton en passant par Hossegor, nous montrent que les résultats sont souvent au-delà des espérances. Tout changement crée des tensions et des inquiétudes préalables aux aménagements. Mais on s’aperçoit que les nouveaux modes de déplacements peuvent être adoptés étonnamment vite, pour peu que les usagers en perçoivent rapidement les bénéfices. Cela devrait inciter les élus à plus d’audace encore.

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Circuler différemment selon la saison Vieux Boucau (40)

A Vieux Boucau, l’entrée des véhicules se faisait par le Sud par une 2 X 2 voies. Elles traversaient la station en son épicentre pour aboutir sur d’immenses parkings au pied des Arènes. La voiture était omniprésente et tout le monde s’était habitué à cette situation. Il nous a semblé évident qu’une réflexion sur la revalorisation de ce cœur de ville impliquait de changer de stratégie en matière de déplacements. Notre proposition fut de ramener l’essentiel du flux automobiles sur le Nord de la station afin d’apaiser le centre et d’imaginer, au fur et à mesure, inviter les véhicules à se mettre sur des parkings relais desservis par la navette des plages. Cette stratégie était donc progressive dans le temps mais aussi modulable selon les saisons. Ainsi, la rue du vieux village piétonnisé l’été tolère les véhicules l’hiver. En parallèle, le plan stratégique préconisait de mettre en place un réseau cyclable structurant notamment sur l’axe du Moïsan. La mise en place de ce plan a été l’objet de très fortes oppositions que le Maire a affronté avec ténacité. Aujourd’hui, la station est « envahie » par les piétons et les vélos, et le commerce ne s’est jamais aussi bien porté. Personne n’aurait l’idée de revenir en arrière !

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Tome 2. Quelques principes

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Intégrer tous les modes sans fractionner l’espace Hossegor (40)

La demande initiale des élus était de restructurer le Boulevard de la Dune pour mieux prendre en compte vélos et piétons mais sans remettre en cause le stationnement et la circulation. De fait, notre proposition a veillé à dégager des espaces pour créer un trottoir confortable et une piste cyclable. Compte tenu de l’importance des vélos l’été, il était légitime de demander à les séparer des piétons. Nous avons mis en valeur la séparation des flux par de longues lignes de bois tout en veillant néanmoins à les rendre le plus traversables possible pour ne pas créer de coupures transversales. Nous avons aussi proposé aux élus de faire un premier pas pour réduire la place de la voiture avec la suppression du giratoire d’entrée (transformé en une vaste place), la réduction en sens unique de la partie Nord du boulevard et la réduction d’un tiers du stationnement pour aménager à chaque entrée vers les plages des « salons maritimes », petits espaces publics secondaires, qui rythment l’itinéraire. Prendre ce type de décision est toujours un peu difficile au départ. Mais très vite les gens perçoivent les bénéfices que l’on a en retour, et notamment les gains en matière de qualité urbaine ! C’est pour cela que nous plaidons pour cesser de parler de voirie car toutes les voies sont avant tout des espaces publics à part entière dont le rôle ne peut pas être réduit à la circulation des véhicules.

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Le réaménagement du boulevard de la Dune permet de donner une place aux vélos et aux piétons tout en préservant de multiples perméabilités.

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Du giratoire à la placette du fronton Capbreton (40)

Comme à Vieux Boucau, le cœur de ville de Capbreton était coupé en trois parties. Le Boudigau, le marché et la partie commerçante étaient séparés par des voiries surdimensionnées, un grand giratoire et des espaces de stationnement qui fermaient l’ensemble du linéaire des berges. La situation était telle que personne n’imaginait que l’ensemble faisait un « tout ». Préoccupés de cette séparation, les élus pensaient même à reconstruire le marché pour le rapprocher de la place de la Mairie… On sous-estime toujours la capacité des espaces publics à refaire du lien entre les choses… Comme souvent, nos propositions de supprimer le giratoire, de réduire le stationnement pour préserver des fenêtres au débouché de chaque ruelle, de piétonniser la rue reliant la place de la Maire au marché, de supprimer les barrières et de « percer » le fronton pour assurer la continuité piétonne le long des berges ont, au départ, suscité beaucoup d’inquiétudes ! Là encore, il fallut du courage au Maire, Patrick Laclédère, pour faire avancer ce projet. Aujourd’hui, les Capbretonnais ont le sentiment de découvrir qu’ils ont un vrai centreville dont ils peuvent être fiers. Dès le premier été les vélos et les piétons sont arrivés, en très grand nombre, et les usages ont changé en profondeur. Certains ont un peu râlé de devoir se garer un peu plus loin, voire de devoir laisser la voiture au garage, mais globalement tout le monde a compris que le gain en qualité urbaine et paysagère justifiait amplement ces changements d’habitudes !

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Le giratoire a été supprimé, le fronton a été ouvert et rendu « traversable ». Le carrefour routier est devenu un espace urbain agréable à parcourir.

Tome 2. Quelques principes

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«

»

La poésie implique un vrai projet. Il ne s’agit pas de décorer le projet urbain mais de le mettre en mouvement.

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Poésie DE L’ART DE LA DISRUPTION

Les jours de grande neige, on découvre soudain la ville totalement apaisée. Tout semble en harmonie, réuni par ce tapis silencieux. C’est le même sentiment que l’on a dans les villes sub-sahariennes où le sable uniformise l’espace public alors même que les constructions sont, elles, totalement hétéroclites. C’est finalement ce que je cherche. L’espace public doit être calme pour que la ville soit vivante. Mais plutôt que de tenter de calmer les choses, les élus aiment marquer leur passage par des aménagements « voyants ». Ici on mettra un béton d’une nouvelle couleur, là des luminaires en forme de spaghetti trop cuits, ici des bols de géraniums accrochés à des mâts, on met des sucettes colorées basiquement devant les écoles, ou une charrette garnie sur un rond-point. La dernière mode est de donner un statut d’artiste au premier graffeur venu.

réserve de penser leurs œuvres en lien avec le projet urbain, pour le mettre en mouvement, et non de le « décorer » après coup. Il y a quelques années, un artiste avait habillé de lignes de couleurs les stations de métro de Toulouse. Je garde encore en mémoire la force de ce travail. Ces cubes de beauté brute donnaient un sentiment d’appartenance à la ville, partout où l’on se trouvait, même au sein des périphéries éloignées. Ils semblaient là pour donner des petits repères à l’habitant de la ville. Mais il fallait le « systématisme » de l’intervention pour s’imposer dans le brouhaha de l’espace public. Introduire de la poésie dans l’espace urbain est une affaire trop sérieuse pour être laissée à quelques marchands de décorations. La poésie implique un vrai projet. Il ne s’agit pas de décorer le projet urbain mais de le mettre en mouvement.

Sous couvert d’œuvres artistiques, on décore l’espace public comme on ajoute des guirlandes sur un sapin déjà surchargé. La place des artistes dans la ville est un sujet complexe car trop souvent dévoyé. Je suis le premier convaincu que les artistes ont un rôle majeur à jouer pour « réenchanter » l’espace public, sous

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Sophie Balas, plasticienne Depuis de nombreuses années, Sophie Balas intervient sur la quasi-totalité des projets de « d’une ville à l’autre… ». Les résultats de cette collaboration sont toujours imprévisibles. Parfois, il s’agit d’une intervention assez forte qui marque les grandes séquences du projet et aide à souligner un itinéraire [voir notamment Cugnaux]. Il peut s’agir d’inscrire des signes quasi invisibles mais qui donnent une sorte de sens caché au projet, une image subliminale qui en souligne la présence. Elle peut aussi intervenir sur des éléments du projet lui-même. A Capbreton, elle transforme des petites constructions en œuvres abstraites ; à Grisolles elle dessine le luminaire. Dans certains cas, comme sur la rue Sainte Catherine où il s’agit de créer un événement provisoire, son intervention devient centrale. La rue se transforme en œuvre d’art ludique et poétique à la fois. Ce qui fait la particularité de ce travail, c’est qu’il n’arrive jamais après coup, comme une décoration que l’on ajoute au tableau. Les contours de son intervention se précisent au fur et à mesure dans ce travail de collaboration avec les architectes et les paysagistes.

Les frontières de ses interventions sont volontairement floues… C’est la seule manière de s’assurer que l’intervention artistique ne vienne pas comme un ajout au projet mais se construise avec lui. Ses propositions sont nourries par les recherches artistiques qu’elle mène par ailleurs dans un champ totalement libre et abstrait à travers différents supports dont celui de la gravure.


Les empreintes Hossegor (40)

A Hossegor, Sophie Balas a réinventé de manière contemporaine les fleurs des dunes. Ces dernières s’incrustent dans le béton, par une technique de sablage sur pochoir. Elles donnent le sentiment d’avoir été dessinées avec le doigt sur le sable. Ce travail est extrêmement subtil et discret ; et pourtant il attire le regard du promeneur et suscite sa curiosité. Ainsi, il interroge. S’il y a ces empreintes, c’est qu’il y a eu du projet ! Le promeneur est soudain conduit à regarder ce qui a changé autour de lui. Mais l’intervention artistique n’est pas gratuite. Elle fait écho au cœur du projet : redonner une identité à ce boulevard en lien avec le milieu dunaire où il a pris place. C’est aussi une manière délicate de faire le lien avec l’une des ambitions pédagogiques de l’aménagement : sensibiliser les visiteurs à la flore fragile des dunes que l’on a cherché à réintroduire tout au long du parcours.

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Tome 2. Quelques principes

| PoĂŠsie

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Empreinte sablée à Hossegor Sur le boulevard de la Dune [Hossegor], les petites incrustations de l’artiste Sophie Balas évoquent la flore des dunes. Ces empreintes attirent l’attention sur

la philosophie du projet qui cherche à renouer avec l’inscription du boulevard dans sa géographie dunaire.


Les cabanes et poteaux de couleur Capbreton (40)

A Capbreton, Sophie Balas a travaillé les éléments de langage qui pouvaient évoquer l’histoire des lieux. Les grands hamacs évoquent les filets de la pêche à la pibale. Les « cabanes » stylisées font référence aux cabanes à carrelets d’où l’on pouvait pêcher. Les poteaux de couleurs, qui créent des lignes colorées reliant le Boudigau à la rue commerçante, reprennent les couleurs des bateaux. La logique des bandes colorées évoque les repères de crues permettant de garder la mémoire du niveau de l’eau. Ce travail plastique vient appuyer les éléments forts du projet. Ainsi, la mise en valeur des venelles était un enjeu central pour créer des « accroches » entre les allées marines et les rues commerçantes. Le dispositif des poteaux de couleur permet de singulariser chacune d’entre elle et de donner une tonalité couleur que l’on retrouve dans les plantations. Chaque venelle se termine par un belvédère qui fait face à une « cabane ». De même, l’itinéraire le long du Boudigau est pensé comme un maillon d’un parcours plus long rejoignant la mer à la terre. Les « cabanes » sont pensées à la fois comme des points de vue pour observer le paysage et des objets artistiques singuliers qui ponctuent la promenade et offrent aux promeneurs des repères dans le paysage.

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«d’une ville à l’autre ...» | Réinventer les stations littorales


Les « cabanes » sont des points de vue mais aussi des objets artistiques singuliers qui ponctuent la promenade.

Tome 2. Quelques principes

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Les poteaux de couleurs sont autant de repères qui marquent le croisement avec une perspective visuelle vers une venelle.

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Tome 2. Quelques principes

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Les grilles d’eau Vieux Boucau (40)

A Vieux Boucau, l’intervention artistique est encore plus discrète. Le projet voulait retrouver l’écriture minimale d’une surface totalement homogène de façade à façade. Par ce geste, nous souhaitions donner le sentiment que le Moïsan avait débordé, et déposé ses limons dans les rues. Dans ce silence du sol, les traits de scie rythment le parcours et construisent une trame presque subliminale. Le seul détail que nous nous sommes autorisés est de mettre en valeur le fil de l’eau. Un plat en acier épais marque ainsi le « talweg » créé pour guider la pluie vers ses exutoires. De part et d’autre de ce plat, comme des notes de musique sur une portée, ont été disposées les grillesavaloirs. Elles ont été dessinées spécialement pour le projet. Elles évoquent, par le dessin des ouvertures, les traces créées par le passage de l’eau et donnent à voir le chemin de son écoulement.

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Le plat en acier et les grilles dessinées par la plasticienne Sophie Balas mettent en valeur le chemin de l’eau.

Tome 2. Quelques principes

| Poésie

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De la mer à la terre Capbreton (40)..................................................................................................... 8

Derrière la dune Hossegor (40)....................................................................................................... 12

Le radar de l’espace public Grand Paris Seine et Oise (78)............................................................................... 18

Faire avec des finances limitées Lavardac (47)....................................................................................................... 24

Retrouver le lit de la rivière Capbreton (40)..................................................................................................... 30

L’airial comme espace public Magescq (40)....................................................................................................... 34

Les landes et le Moïsan Vieux Boucau (40)................................................................................................ 38

Retrouver la dune Hossegor (40)....................................................................................................... 42

D’une voie rapide à l’autoroute à vélos Vieux Boucau (40)................................................................................................ 48

Moisan, découper l’enrobé ! Vieux Boucau (40)................................................................................................ 50

Le parc «an Zéro» du développement du cœur de la station Vieux Boucau (40)................................................................................................ 52


Index des projets présentés

Un parcours vers l’océan Notre-Dame, Capbreton (40).................................................................................. 56

A l’échelle d’une place, l’expertise d’usage des habitants Polo, Bayonne (64)................................................................................................ 62

Une concertation pas à pas Saint Michel, Toulouse (31)................................................................................... 66

Circuler différemment selon la saison Vieux Boucau (40)................................................................................................ 72

Intégrer tous les modes sans fractionner l’espace Hossegor (40)....................................................................................................... 74

Du giratoire à la placette du fronton Capbreton (40)..................................................................................................... 76

Les empreintes Hossegor (40)....................................................................................................... 82

Les cabanes et poteaux de couleur Capbreton (40)..................................................................................................... 86

Les grilles d’eau Vieux Boucau (40)................................................................................................ 90


Les projets présentés ci-avant ont été réalisés par : « d’une ville à l’autre... » - atelier d’architecture, d’urbanisme et de paysage mandataire

en association avec : Sophie Balas - plasticienne, conceptrice associée Plan B - agence d’architecture Ideia VRD - bureau d’ingénierie urbaine

Et également, sur Vieux Boucau, Projet 310 - agence d’architecture Techni-cité urbaine - bureau d’ingénierie urbaine

Sur Bayonne, Céline Loudier-Malgouyres, L’usage des lieux socio-urbaniste

Sur Toulouse Saint Michel, Jean-Michel Sagols - paysagiste concepteur


© d’une ville à l’autre... Image de couverture place des Basques, Hossegor


© « d’une ville à l’autre… » 2020 15,00 €

2, avenue de Lombez, 31300 Toulouse 05 61 22 18 46 | contact@dunevillealautre.fr


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