jésuites
é d i t o r i a l
V
oilà deux ans paraissait le dernier numéro de Jésuites de France. Après une année de jachère, qui a surpris beaucoup de parents et amis, paraît enfin ce premier hors-série annuel d’une nouvelle revue intitulée Jésuites. Recevoir ce numéro hors-série 2012 Jésuites au moment des fêtes de fin d’année, c’est nous aider à nous rendre vers Celui qui vient à nous dans la crèche. C’est aussi, le cœur, la mémoire et l’intelligence habités de nombreux visages d’hier et aujourd’hui dont la contemplation nous stimule à l’action, nous inviter à l’attention aux joies et souffrances de notre monde. C’est enfin nous pousser à nous demander comment être aujourd’hui davantage témoins et acteurs de la Bonne Nouvelle à l’œuvre dans notre monde. La grande variété des articles permettra à chacun de s’informer, et aussi sans doute de se laisser interroger, sur ce qui vient le rejoindre dans ses propres activités ou désirs. Laissons-nous aller à cette lecture active et contemplative qui nous aide à nous placer ou nous déplacer ! Vous qui recevez ce hors-série annuel pour la première fois, vous contribuez par votre proximité et amitié, par vos activités, dons, pensées, prières… à la vitalité et au déploiement de notre manière de procéder dont notre dernière Congrégation Générale a rappelé qu’elle était de trouver les traces de Dieu partout, sachant que l’Esprit du Christ est au travail en tous lieux et situations. Du fond du cœur merci pour ce soutien. Puisse la lecture de ces pages vous aider dans cette même démarche. Jean-Yves Grenet, sj Provincial des jésuites de la Province de France
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jésuites
France “
Visite du Père Général Adolfo Nicolás
Si vous n’avez pas n’êtes d’ami pauvre, vous pas dans le monde
”
Le Père Général de la Compagnie de Jésus était sur la région parisienne du 29 septembre au 2 octobre 2011
Le Père Général entre Antoine Kerhuel, assistant régional (à g.), et Jean-Yves Grenet, provincial de France (à dr.), lors de la veillée de prière
Journée de Province « Travaillez en profondeur »
D
ans différentes interventions, le Père Adolfo Nicolás insiste sur la profondeur. Dans un monde de l’hyper-communication planétaire où tout est rapide, nous risquons d’avoir des jugements superficiels sur les autres, les cultures, les religions, les événements du monde. C’est une obligation pour la Compagnie de servir l’Église « en profondeur ». C’est ce que
nous demande le pape : aider l’Église à aller profond. « Travaillons en profondeur, restons libres face aux diktats de la société sur nos choix ». Voilà ce que notre Supérieur Général a dit et aux étudiants jésuites et aux laïcs et aux jésuites : engagez-vous vraiment dans une seule chose ; de là viendra une fécondité, vous apporterez quelque chose à l’Église. Que ce soit en théologie, en spiritualité, –2–
dans les études, dans la relation avec les pauvres, la rencontre des cultures et des religions, l’analyse de la réalité, en toute autre mission. Pour les scolastiques, se spécialiser dans un domaine et, à partir de là, croire que d’autres vous appelleront. Pour les jésuites formés, une seule mission, pas la multiplication des casquettes. « Nous ne pouvons pas tout faire. Il nous faut discerner, choisir, nous concentrer ». Il nous invite à être des jésuites en contact direct et en profondeur avec les autres, à penser par nousmêmes, à avoir de la créativité dans un monde pluriculturel où nous ne pouvons plus parler comme dans les années cinquante ou soixante-dix, évoquant la crainte du pape Benoît XVI de « répondre avec les réponses d’hier aux questions de demain ». n Mission au cœur Les jésuites sont appelés à servir la mission du Christ, à
être des collaborateurs de sa mission. Ainsi tous ceux qui ont dans le cœur le même charisme sont nos collaborateurs ou bien c’est l’inverse : nous sommes appelés à devenir leurs collaborateurs, non pas parce qu’ils sont laïcs ou religieuses et qu’il n’y a plus assez de jésuites, ce serait un motif fonctionnel, mais parce qu’il s’agit de collaborateurs qui ont dans le cœur ce sens de la mission du Christ. Il faut discerner le don de l’Esprit qui nous est fait et qui est fait à d’autres pour nous joindre à eux. Nous sommes tous au service de la mission de Dieu, pas d’abord de la mission de la Compagnie. Si un jésuite porte davantage la mission, nous sommes ses collaborateurs, de même si c’est un laïc. Il existe des jeunes qui ont le cœur pour la mission. Comment les trouver ? Par l’amitié, l’hospitalité, par les propositions qui leur sont faites.
Samedi 1er octobre, nous étions 130 jésuites et 35 collaborateurs (dont plusieurs avaient participé aux rencontres LoyolaJavier des deux derniers étés) au Centre Sèvres à Paris pour une journée de Province : temps de réflexion sur notre service de la mission du Christ avec le Père Général. Le samedi soir nous étions 400 à participer à une veillée de prière avec les jeunes à l’église Saint-Ignace. La veille, le Père Général avait rencontré les membres du Centre Sèvres le matin, les scolastiques de toutes les Provinces l’après-midi et s’était rendu à la communauté de Saint-Denis le soir ; le dimanche il donnait l’homélie à la messe de 11h à l’église Saint-Ignace, messe présidée par le provincial. Il était accompagné par le Père Orlando Torrès (Porto Rico), conseiller général pour les vocations et la formation, et le Père Antoine Kerhuel, assistant régional pour l’Assistance d’Europe occidentale.
n Minima societas Comment vivre avec nos collaborateurs, dans l’esprit de la « petite Compagnie » (Minima Societas) ? En nous souvenant qu’elle n’a rien à faire avec le nombre de jésuites mais qu’il s’agit d’une intuition spirituelle : la mission du Christ à laquelle participe la Compagnie est « toujours plus grande ». Nous contribuons « un peu », nous-mêmes jésuites mais aussi nos collaborateurs et nos bienfaiteurs. C’est en ce
sens que cette mission est à la fois la leur comme la nôtre. Le Père Adolfo Nicolás a apprécié que nous nous soyons exprimés les uns et les autres au sujet de nos préoccupations, questions, manières d’appréhender les choses. Il désirait « découvrir la Compagnie » dans la Province de France non en parlant beaucoup mais en écoutant. Il nous en remercie et repart content. Jean-Marc Furnon, sj
Rencontre avec les scolastiques en formation en France
jésuites
France
Rencontre avec les collaborateurs laïcs Meige Corpet a été l’une des 35 collaborateurs à rencontrer le Père Général à l’occasion de la journée de Province du 1er octobre
C
ette journée avait des allures de réunion de famille : joie de revoir des têtes connues, écoutes bienveillantes des projets et avis des uns et des autres, confort de se sentir faisant partie d’un même réseau… La matinée de débats entre acteurs du réseau a été l’occasion de découvrir des œuvres jésuites que je ne connaissais pas ou mal, de confronter mon point de vue avec d’autres mais surtout de me rappeler que nous étions tous là parce que nous avions fait chacun l’expérience de trouver Dieu dans notre vie à la manière ignatienne et que nous souhaitions, par nos missions, témoigner de ce trésor que nous avions reçu. La rencontre avec le Père Général a ensuite été l’occasion de lui donner un aperçu de ce que vivent les collaborateurs des jésuites en France. Apparemment, cette collaboration réussie pour les œuvres de la Province française n’est
pas si répandue dans d’autres Provinces. Nous avons aussi pu entendre le Père Général nous répondre en toute simplicité sur certains sujets. n Quelle est notre place ? Certains laïcs en mission auprès des jésuites se demandent quelle est leur place : sont-ils collaborateurs à part entière ou seulement les « petites mains » des Pères jésuites ? Le Père Nicolás nous rappelle qu’il n’y a pas une mission de
la Compagnie mais que nous sommes tous, jésuites, religieux et laïcs, collaborateurs d’une Missio Dei. Ainsi, toute personne qui aurait une sensibilité plus juste sur ce qu’est l’appel de Dieu pourrait nous indiquer ce que nous devons faire. Toute la question est donc celle du discernement : discernement des missions prioritaires, discernement des collaborateurs de la mission de Dieu, discernement des moyens… Le Père Général souhaite vivement que la
Meige Corpet prenant des notes (au 1er plan) pendant la rencontre
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Compagnie sache relever le défi. n Plus de visibilité, en réseau Les collaborateurs présents ont conscience que la visibilité de la famille ignatienne ne va plus de soi. Étant passés en dessous d’une masse critique, les ignatiens (et l’Église), ont parfois du mal à faire entendre leur voix et à toucher ceux à qui ils s’adressent. Les personnes présentes rappellent l’importance des emblèmes (grandes figures ignatiennes, trésor de la spiritualité et de la pédagogie ignatiennes…), des rassemblements (physiques, dans des lieux identifiés comme lieux d’appartenance ou virtuels) et des réseaux autour de nos lieux d’apostolat (les couples, les familles, les établissements scolaires, les jeunes, les pauvres…). Interpellé à ce sujet, le Père Général nous invite une fois de plus à l’humilité. Notre visibilité doit venir du contenu de ce que nous offrons. Si nous travaillons à résoudre les vrais problèmes de l’humanité (chômage, faim, pauvreté, manque d’espoir, de paix ou d’amour…), nous pouvons être reconnaissables comme des personnes qui servent l’Évangile et l’Église. Il ne faut pas non plus oublier que d’autres cultures,
spiritualités ou religions peuvent avoir des intuitions très justes sur ces questions. Reste ensuite la question du langage et il nous reste de gros progrès à faire pour trouver un langage de sagesse que tout le monde peut comprendre (et qui ne soit pas réservé à des initiés). Suite à ces échanges avec le Père Général, nous avons rejoint les 130 jésuites présents pour un nouveau temps de questions/réponses sur des questions stratégiques pour la Compagnie d’aujourd’hui. Les collaborateurs ont à nouveau pu prendre la parole soit sous forme de questions
adressées au Père Général ou aux jésuites présents soit sous forme de témoignage de ce qu’ils vivent dans leur mission aux côtés des jésuites. Cette journée a donc été l’occasion pour moi : • de revoir des amis dans le Seigneur, • d’être raffermie dans ma mission auprès des jeunes du réseau, • de prendre du recul sur cette mission et le sens que j’y mets. Meige Corpet Membre du Conseil d’administration du Réseau Jeunesse Ignatien
Réactions de collaborateurs Les mots du Père Général - la mission de Dieu… la visibilité issue du contenu, issue de la transparence du dedans… la profondeur dans la diversité des charismes, la minima societas… me recentrent sur l’essentiel : d’être avant tout des hommes et des femmes profondément spirituels, invités à nous ancrer dans la Parole et la prière pour agir selon l’Esprit… au-delà de tout statut. Au-delà des Exercices spirituels, ces échanges me donnent envie de lire les constitutions avec un œil neuf et d’y découvrir, avec Ignace comme précurseur du management moderne, des éléments de réponse peut-être, des lignes directrices sans doute d’une manière de faire ensemble… Mél d’Isabelle Lauré (Laennec) Que j’aimerais pouvoir “répondre à tous” pour montrer le fondement de la motivation des laïcs à coopérer avec les jésuites de France à la mission de Dieu, en citant le Père Général : « J’ai toujours admiré la patience des laïcs, qui attendent depuis Vatican II cette Église des laïcs… Comme nous partageons l’espoir, il nous faut trouver la méthode, où les talents seront reconnus comme dons de l’Esprit. Cette vision n’est malheureusement pas partagée par tous : en France, ça va très bien ! » Mél de Michel Croc (JRS France)
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France
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Le Seigneur vient dans les pauvres Extraits de l’homélie du Père Général Adolfo Nicolás le dimanche 2 octobre 2011 à l’église Saint-Ignace à Paris Textes : Is 5,1-7 ; Ph 4,6-9 ; Mt 21,33-43 Le Père Adolfo Nicolás lors de son homélie
L
a première lecture d’Isaïe est une lettre amoureuse pour toute l’Église, pour nous tous. On a tendance à penser que « nous » sommes la vigne et que les autres sont dehors. La France a été toujours la première-née de l’Église ! (...) Peut-être que l’Europe a pensé que le christianisme avait sa demeure en Europe. Et maintenant nous voyons que ce n’est pas vrai. J’ai vécu au Japon et j’ai appris au Japon que les Japonais sont la vigne que Dieu a cultivée, un peu plus tard que nous. Finalement, la vigne c’est tous ceux qui sont aimés par le Seigneur. La lecture d’aujourd’hui est pour nous tous, pour la communauté chrétienne, la communauté de ceux qui cherchent le Seigneur, qui sont « la vigne » du Seigneur.
Et le Seigneur a travaillé, comme nous dit saint Ignace, a travaillé avec nous. Cette lecture, qui commence comme une lettre amoureuse, finit tristement. Elle se termine en disant : « J’ai préparé la vigne, je suis venu trouver de bons raisins, et qu’est-ce que j’ai trouvé ? J’ai trouvé des raisins verts, des raisins mauvais qu’on ne peut pas manger, qu’on ne peut pas digérer. » Mais alors, qu’estce qui s’est passé ? (…) En Europe maintenant, le Seigneur vient dans les pauvres, les migrants, tous ceux qui frappent à notre porte. Et nous disons : « Il n’y a pas de place, Bruxelles ne serait pas content ». Et on fait des lois. On fait des normes. On ferme les portes des maisons. On a peur parce que le –6–
Seigneur vient d’une manière que nous ne contrôlons pas. Dieu vient à sa manière, dans les pauvres. Et qu’est-ce que Dieu trouve dans la vigne ? Je ne parle pas d’église pleine comme aujourd’hui. Je parle de ce dont la Bible parle : de justice, d’amour, d’acceptation, d’hospitalité, de compassion, d’ouverture à de nouvelles communautés qui viennent parmi nous. Dieu vient à la vigne et il trouve des raisins qui ne sont pas bons. Peut-être que Dieu nous trouve trop préoccupés avec nos privilèges, avec ce que nous avons acquis, après 2000 ans de travail et d’efforts, et que nous ne voulons pas perdre. Peut-être qu’il trouve que nous n’apprécions pas la vie comme il l’apprécie ?
Mais il ne faut pas dramatiser : nous ne faisons pas des choses très mauvaises. Les chrétiens sont de bonnes personnes ! Nous ne faisons pas de choses mauvaises, mais peut-être que nous n’entendons plus l’Esprit. Nous avons négligé l’Esprit. Peut-être que
en même temps il sait que la sagesse est dans le cœur. Il nous enseigne à voir la main de Dieu dans ce pauvre homme, cette pauvre femme, ce vieillard qui vient chercher un peu d’aide. Saint Ignace peut nous aider à trouver Dieu partout. À voir Dieu dans
Messe du 2 octobre à l’église Saint-Ignace avec la famille ignatienne
nous n’écoutons plus. Peutêtre que nous avons l’habitude d’accuser les autres et de ne pas assumer la responsabilité de nos actes. Peut-être que notre vigne est sèche et ne produit pas de fruit. Je crois que saint Ignace peut nous aider. Saint Ignace est un homme très réaliste, et
toutes les choses et toutes les choses en Dieu. Alors il peut nous aider à voir et à entendre ce que Dieu dit à l’Europe maintenant. Quelle est la parole de Dieu à la France, à l’Espagne, à l’Italie ? Il y a beaucoup de gens, tant de gens, qui frappent à la porte. Peut-être qu’une aide peut nous venir de la deuxième –7–
lecture d’aujourd’hui, celle de saint Paul aux Philippiens. Il ne dramatise pas la vie chrétienne. Il ne dit pas « vous êtes appelés à être des héros ». Nous aimons cela, être des « héros » qui donnent tout pour la bonne cause, qui se sentent tous appelés à devenir des François Xavier ! Non, Paul dit « vivez comme des personnes bonnes. Tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est honorable, tout ce qui est dignité, aimable, amical, c’est la vie chrétienne ». Je crois que c’est le langage dont nous avons besoin en Europe aujourd’hui. Le langage de la vie simple, facile à comprendre. Une vie qu’on peut partager, une vie accessible à tous. Ce n’est sûrement pas une vie pour un groupe de « héros ». C’est la vie que Dieu veut pour tous. Une vie juste, pure, vraie, noble, aimable et honorable. C’est un langage que tout le monde comprend. Aujourd’hui nous pouvons éprouver la joie de savoir que nous sommes « la vigne » du Seigneur et que c’est Dieu qui a planté cette vigne et qui s’en préoccupe. Mais Dieu veut que cette vigne devienne une vigne de sagesse, une vigne de partage, une vigne pour tous. Comme cela, quand il viendra, il trouvera de bons raisins. Prions pour cela.
Adolfo Nicolás, sj
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Jésuites en banlieue parisienne La communauté jésuite installée à Saint-Denis et à SaintOuen, au nord de Paris, expérimente une nouvelle figure de vie paroissiale. Points de vue de membres de la communauté et de l’évêque local
La vie paroissiale
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es sorties de messe à Saint-Denis ou à Saint-Ouen sont rarement banales. Alors que la conversation va bon train avec les paroissiens que l’on connaît, il n’est pas rare qu’une, deux, trois personnes attendent, un peu en retrait, de pouvoir parler. Ce
Je ne peux pas aller le voir maintenant. Est-ce que vous pourriez prier pour lui ? » ; « Je vais passer un examen, et j’ai très peur, car souvent je perds tous mes moyens. Est-ce que Dieu peut m’aider ? » Les quêtes spirituelles ici abordent sans trop de détours
La fête de l’Amicale des locataires à Saint-Denis
sont souvent des demandes de prière : « Mon oncle est très malade et il est au pays.
les parages du salut. Il est vite question de vie et de mort, de libération et de par–8–
don, d’échecs et de recommencements. Et tout cela est remis à Dieu avec une espérance et une confiance qui redonneraient aux diables de sacristie les plus coriaces, le goût de croire. n Multiplicité des appels La communauté chrétienne est tissée de ces appels, de ces demandes, de ces espoirs. Entre des chrétiens originaires des Antilles, du Sri Lanka, d’Afrique sub-saharienne, du Portugal, de la ceinture rouge de Paris, ou du Vietnam, il ne s’agit pas tout à fait des mêmes manières d’exprimer la foi ! Lorsque le partage peut advenir – et la prière est sans doute le lieu par excellence où ces choses peuvent se dire – les promesses de l’Évangile manifestent assez vite de quoi elles sont capables. Car les
Icône peinte par Egon Sendler, de la communauté de Versailles, et représentant, aux deux extrémités, saint Denis et saint Alberto Hurtado, jésuite chilien, patron de notre communauté
appels lancés à Dieu, ces mots qui lui sont confiés ont aussi la force de rapprocher des personnes étrangères par leur culture et leur histoire, et cela, autrement que si l’on se contentait de se les dire en vis-à-vis : ce qui nous unit, désormais, c’est ce qui nous manque, ce sont nos soifs, dès lors qu’on a pu les remettre à la fois à Dieu et aux frères et sœurs dans la foi.
La tradition ignatienne ici, a sans aucun doute une contribution à apporter. Car elle peut aider chaque croyant à écouter ce qui parle en lui, ce qui résonne plus fort. Elle permet de reconnaître à la fois les zones assoiffées de notre histoire et de notre cœur, et également les événements de rencontre de Dieu qui diffusent tout autour d’eux paix et joie. Parce qu’elle donne
quelques moyens pour oser s’approcher de ces lieux, elle ouvre à la parole. Une parole ancrée dans la réalité de l’expérience, là où nous sommes le plus nous-mêmes, et qui, lorsqu’elle est échangée, produira beaucoup de fruit. Voilà peut-être notre principale raison d’être engagés en banlieues, comme jésuites, dans la pastorale. Étienne Grieu, sj
Des études pour une communion de destin Témoignage après trois ans passés à Saint-Denis lors de ses études au Centre Sèvres La ligne 13 du métro a été le lieu calme et paisible où j’ai pu vivre et souffrir la tension qui a animé mon chemin d’études en France ; une tension pour porter un exigeant chemin de réflexion théologique et un partage profond avec l’humanité que j’ai pu connaître et aimer dans la banlieue de Saint-Denis. La grâce de Dieu a sans doute permis que cette tension ait été vécue dans une conversion et un équilibre toujours à retrouver mais sans jamais tomber dans une attitude d’enfermement et de silence stérile. Le Centre Sèvres à travers l’accompagnement et la flexibilité du tutorat m’a permis d’assumer ces défis. Il s’agissait de mettre en parole les souffrances et les joies que je voyais dans les communautés de vie et de prière de Saint-Denis, de faire de la théologie à travers ce que je pouvais comprendre de la part de mes amis congolais, sénégalais, martiniquais, guadeloupéens, roumains et français bien sûr. Après Dieu, la communauté jésuite de Saint-Denis a fait que cette tension pouvait être partagée dans un style de vie simple et fraternel. Renato Colizzi, sj –9–
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France
Pastorale en milieu populaire
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aint-Denis évoque à la fois un passé prestigieux et un présent plein d’interrogations. En effet il y a à Saint-Denis des gens qui se sentent orphelins de leur pays et de leur culture d’origine ; ils aspirent à trouver un pays, une culture d’adoption. Parmi ces gens, il y a des chrétiens ; l’Église de Saint- Denis peut-elle les adopter ? La ville et ses communautés chrétiennes se sont appauvries en chrétiens de souche ; en particulier se fait cruellement sentir l’absence de chrétiens jeunes ; aussi le poids de l’accueil repose presque uniquement sur les « anciens ». Peut-on leur demander de dynamiser la communauté chrétienne et de la faire suffisamment vivante et accueillante pour saisir la chance que constitue la présence de tous ces chrétiens jeunes qui débarquent dans notre ville et doivent se battre pour vivre et avoir accès à des droits élémentaires (santé, alphabétisation, éducation, loisirs, etc.) ? Il y a donc un double défi : non seulement permettre aux chrétiens de souche d’avoir
accès aux sacrements et de partager la Parole de Dieu, mais de les rendre capables d’accueillir d’autres chrétiens qui se sentent isolés et loin de leur pays. Il s’agit de s’adopter mutuellement. La fraternité doit précéder la maternité, car on ne peut pas offrir à chacun l’Église dont il rêve. n Une équipe d’animation Face à ce défi, le diocèse a pris la décision de confier l’animation des paroisses à un noyau de cinq chrétiens, l’équipe d’animation pastorale, choisis par le prêtre responsable des cinq paroisses de Saint-Denis, le curé modérateur ; participant à ces équipes d’animation un prêtre, le prêtre référent, et si possible un diacre issu de Saint-Denis. Cette équipe se réunit une fois par mois pour partager les problèmes concrets de la paroisse, pour essayer de prendre les décisions nécessaires et définir des objectifs. Ce mode d’animation ne peut fonctionner que s’il y a des liens forts entre les membres de l’équipe et que la commu–10–
nication se fasse presque en temps réel. Cette année, trois points nous semblent des objectifs prioritaires : l’ouverture de l’église aux tout venants et pas seulement aux heures de culte ; l’accueil des nouveaux arrivants quand ils se présentent ; une liturgie vivante qui permette aux chrétiens de vivre activement leur foi et les aide à faire l’expérience du Christ vivant aujourd’hui. En tant que communauté jésuite sur Saint-Denis, nous essayons de participer à ce défi pastoral ; l’un de nous est référent d’une des paroisses de Saint-Denis et toute la communauté en fait le lieu privilégié de sa vie paroissiale ; nous essayons d’être des liens vivants entre la paroisse et ceux que nous rencontrons à travers nos différentes activités. Pour prendre une image, nous voudrions être comme un motif ignatien tissé sur la trame chrétienne et humaine de la ville de Saint-Denis, en espérant que ce motif soit un signe de la présence du Christ ici et aujourd’hui. Thierry Geisler, sj
Une rencontre de quartier autour du Père Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis (à dr.), dans l’appartement de Saint-Ouen
Le diocèse de Saint-Denis Un diocèse très jeune qui veut se faire proche de toutes les cultures
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e diocèse de SaintDenis recouvre le département de la Seine Saint-Denis et a été érigé en 1966 suite à la création, en 1964, des nouveaux départements de la petite ceinture parisienne. C’est l’un des plus petits départements français (236 km²), mais aussi l’un des plus peuplés (7e rang) avec une extraordinaire diversité culturelle (plus de 150 nationalités). L’urbanisme est marqué par les “cités”, ces grands ensembles qui abritent des centaines, voire des milliers de logements qui ont été construits pour éradiquer les bidonvilles présents jusqu’en 1973. Les émeutes des banlieues de novembre 2005 ont débuté dans la cité du Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois. Dans les cités le chômage touche d’abord les jeunes (30 à 50 %).
La Seine-Saint-Denis c’est aussi sa Basilique-Cathédrale, le grand stade de France, le plus grand aéroport de France, deux universités, des centres de recherche, des industries encore performantes… des aspects souvent occultés par la médiatisation de la pauvreté, de la violence, de l’insécurité ! n Quatre défis pour un diocèse Parmi tant d’autres, citons : - L’interculturel : est-il possible de vivre ensemble tout en respectant la culture de chacun ? Nous ne pouvons plus nous contenter de paroles incantatoires qui affirmeraient que la différence est une chance : nous devons le signifier et devenir en ce sens une Église prophétique. - Une église de proximité : développer des petites com–11–
munautés où les personnes auront plaisir à se retrouver pour échanger, prier, accueillir la Parole. Des communautés qui soient signes au cœur d’une cité ou d’un quartier. - Les jeunes : qu’ils puissent trouver une Église qui leur fasse confiance et qui les mette en situation de se donner ! Ne sous-estimons pas la soif spirituelle des jeunes d’aujourd’hui ! - Solidarité et charité : de nombreux chrétiens y sont engagés, mais bon nombre de nos contemporains attendent une relecture plus explicite de nos projets et engagements en termes de relation à Dieu. Une invitation dans le cadre de la “Nouvelle évangélisation” ?
† Pascal Delannoy Évêque de Saint-Denis en France
Le Cised est une œuvre de la famille ignatienne qui depuis 12 ans offre du soutien universitaire aux étudiants de l’université de Saint-Denis pour les aider à réussir dans leurs études.
jésuites
France Welcome de JRS France Le JRS (Jesuit Refugee Service) aide à l’accueil des réfugiés dans des familles et des communautés
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u’il vienne de l’Afghanistan, du Sri Lanka ou de la RDC, celui qui demande l’asile en France a derrière lui une histoire lourde, un voyage épuisant. De notre pays, ils n’espèrent pas seulement protection :
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On attend très longtemps sans savoir si nous finirons par vivre ici ou pas. [Quand on vit dans la rue, on désire] non seulement pouvoir apprendre la langue, mais aussi prendre part à des vies françaises, et découvrir ce qu’il y a derrière les portes et les murs des immeubles, que les étrangers ne voient que de la rue. De quoi parlet-on dans les familles, le soir ? Qu’est-ce qu’on mange le matin ? (Khaled, Afghanistan)
”
Derrière les portes, il y a parfois des surprises, comme pour
Marie qui rentre du travail et retrouve le jeune afghan, qui habite chez elle, en train de lui préparer le repas :
“
Son accueil et son sourire me réchauffent le cœur et ce soir, ce n’est pas du luxe : la journée était « pourrie » comme cela nous arrive à tous de temps en temps. Deux heures plus tard, c’est lui qui m’invitera à déguster son plat, tellement fier et heureux de pouvoir offrir à son tour et, comme il me l’expliquera, tellement heureux ce soir de ne pas aller faire la queue dans le froid, se battre pour garder sa place dans la file.
”
n Créer des liens La langue est bien l’obstacle principal pour arriver à échanger. Il faut parfois commencer par autre chose, avant de partager une conversation : –12–
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Bien évidemment, il m’est arrivé d’aider quelqu’un avec ses devoirs de français. Avec d’autres, je suis allé au vestiaire d’Emmaüs. À d’autres, j’ai indiqué le dispensaire de colis alimentaires le plus proche. Mais la plupart du temps, nos rencontres étaient sous le signe de la fraternité. En se promenant dans Paris, en visitant tel ou tel musée, et en prenant un café au bistrot, un lien de confiance s’établissait au fil des semaines. Le fait d’être traité comme une personne et non pas comme un problème ou bien une statistique les touchait. (Mark, tuteur)
”
C’est la rencontre entre le demandeur d’asile, les familles d’accueil et un accompagnateur (tuteur) qui constitue le réseau Welcome de JRS France. Il s’agit de per-
sion, spirituelle et politique, caractérise cette expérience. Réfugiés, familles, tuteurs éprouvent la joie propre à l’hospitalité offerte et reçue. Joie qui dynamise.
mettre à des réfugiés, toujours à la rue, de commencer à tisser des liens et de sortir d’une dynamique d’attente et d’assistanat en apprenant à compter sur ses forces.
n Hospitalité à plusieurs dimensions Accueillir et accompagner quelques réfugiés est une mise en pratique concrète de la tradition d’hospitalité à laquelle nous sommes attachés. Une double dimen-
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J’ai découvert des trésors de confiance et de fraternité. La richesse de l’amitié vient de la découverte de l’autre et de sa différence. Il s’agit d’aimer l’autre comme nous sommes aimés. Il faut oser se lancer dans cette démarche ou aventure de vie, qui est passionnante. (Hélène, tutrice)
”
“
”
Welcome n’est-il pas un substitut aux défaillances de l’État, qui ne respecte pas ses engagements conventionnels ? Nullement : la dynamique de Welcome trouve sa force dans l’attachement de chacun d’entre nous à la tradition de l’hospitalité plus forte que nos peurs. L’initiative privée remet là en évidence un enjeu fort de notre vivre ensemble.
Tisser des liens, en visitant Paris par exemple
Depuis le démarrage de Welcome, plus de 70 réfugiés ont été accueillis, dans une quarantaine de familles et communautés, avec l’aide d’une quinzaine de tuteurs, pour environ un mois. Aujourd’hui, l’idée Welcome fleurit en divers coins de France : Lille avec le réseau RAIL, Nantes en partenariat avec d’autres, Marseille, Clermont-Ferrand, Rennes, peut-être Lyon…
le sens de l’honneur et de l’honnêteté. J’admire leur courage et leur espérance au-delà de toute espérance, leur foi en la vie. (Bernadette, accueillante)
Je découvre aussi la joie de recevoir, de se dire qu’au moins pour quelque temps l’autre n’aura ni faim, ni froid. Je découvre la grâce du sourire qu’ils ont large et généreux et qui m’accueille chaque soir. J’admire chez la plupart, –13–
Jean-Marie Carrière, sj Responsable JRS France
Pour rejoindre le réseau Welcome : prendre contact avec Isabella Moulet au 06 81 05 92 22 ou welcome.jrsfrance@gmail.com Pour soutenir Welcome : Fondation JRS France, 14, rue d’Assas - 75006 Paris (Un don de 100 e permet de couvrir l’organisation de l’accueil et les aides offertes à un réfugié pendant une semaine)
jésuites
France
Les ARPEJ, des boutiques pour accompagner la scolarité Comme un ‘arpège’ : une succession de touches, une certaine mise en musique pour Accompagner vers la Réussite les Parents Et les Jeunes
Un lieu d’accompagnement individualisé à la scolarité
L
es ARPEJ sont des associations loi 1901, indépendantes et aconfessionnelles dont les membres viennent d’horizons multiples. Elles se réfèrent explicitement dans leurs statuts à la pédagogie ignatienne et s’intègrent dans le réseau Loyola Formation qui réunit les AJE et ARPEJ, quatre centres de formation professionnelle et trois écoles de production.
Après une carrière professionnelle dans l’industrie, j’ai été quelque peu surpris quand les Pères Martin Pochon et Xavier Nucci m’ont suggéré de créer une ARPEJ à Saint-Denis (93). Certes, j’avais déjà entendu parler de pédagogie ignatienne et même de PPI (!?) mais de là à mettre tout cela en musique… Confiance dans ceux qui m’appelaient, intérêt pour la découverte d’un monde nou–14–
ARPEJ Saint-Denis, une boutique sur la rue
veau pour moi et conviction de la nécessité de ‘travailler en amont’, m’ont décidé à accepter. Ce fut d’abord la constitution d’une équipe (une formatrice de l’enseignement catholique, deux professeurs d’un collège public voisin et un habitant du lieu), puis la recherche de financements, les contacts avec l’environnement, la location d’une boutique, des travaux, la recherche de bénévoles et fin septembre 2011 l’ouverture !
Nouvelles ARPEJ • ARPEJ-14 dans le 14e à Paris, a démarré mi-février 2011 avec une équipe de six personnes. • ARPEJ-Saint-Denis a démarré le 30 septembre 2011.
n Des boutiques sur la rue Les associations ARPEJ ont pour ambition de faire vivre des ‘boutiques’ au cœur de quartiers populaires afin de soutenir les familles par : • L’accompagnement individualisé à la scolarité, du CP au Post Bac, • L’accompagnement des jeunes dans leur projet personnel et professionnel, • L’accompagnement des familles dans leur rôle d’éducateurs, dans leurs relations avec les établissements scolaires et dans leur insertion sociale. • Le concept de la ‘boutique’ est primordial : accueil dans un lieu ouvert dont les personnes intéressées (parents ou jeunes) peuvent pousser la porte avec facilité et sans appréhension. • Les intervenants sont des bénévoles.
n La pédagogie ignatienne Le projet pédagogique se réfère à la pédagogie ignatienne : • Contrat formel entre le jeune / ses parents / l’association où le jeune identifie ses besoins, ses attentes et s’engage pour 20 heures d’accompagnement scolaire individualisé et renouvelable à raison de 2 heures par semaine au minimum. •R electure et évaluation de chaque séance par un dialogue entre le jeune et l’intervenant. Trace écrite de ce dialogue sur une fiche de suivi. •S uivi pédagogique régulier par le référent du jeune et les intervenants. •R electure deux fois par an avec les bénévoles. •P articipation financière modeste en fonction des ressources de la famille.
• Charte de l’association à destination des bénévoles intervenants précisant la manière de faire et la manière d’être avec le jeune. n Conditions de développement • Soutien de la Compagnie de Jésus (délégué à l’Apostolat Social et Communauté de Saint-Denis). • Mutualisation des savoir faire entre les ARPEJ. • Intégration des ARPEJ dans leur environnement : contacts nombreux avec paroisse, mairie, associations, et établissements scolaires du lieu. • Nécessité de trouver des financements (qui dit boutique, dit loyers, assurances…). Plusieurs Fondations ont accepté de nous aider ainsi qu’un réseau d’amis. Christian Michel Président ARPEJ-Saint-Denis
Vous souhaitez nous soutenir, vous engager comme bénévole, en savoir plus, voici comment nous contacter : • Arpej Saint Denis : Christian MICHEL, 01 49 71 02 56 arpejsaintdenis@gmail.com • Arpej 14 : France NIJDAM, 01 83 06 00 91 arpej14@gmail.com
Les ARPEJ s’appuient sur l’expérience bien rodée de l’Association Jeunesse Éducation (AJE) fondée il y a 10 ans dans le 20e arrondissement de Paris par des professeurs de Saint Louis de Gonzague (Lycée jésuite de Paris). Aujourd’hui, l’AJEParis c’est : deux boutiques, trois permanents et 250 jeunes du CP à Bac+2 accompagnés chaque année par 80 bénévoles. Depuis trois ans l’expérience a été dupliquée avec la création de l’AJE-Reims ; la chaîne ne demandait qu’à s’étendre. –15–
jésuites
France
UNE « CONVERSATION SPIRITUELLE » à LOURDES L’apostolat spirituel de la famille ignatienne s’est réuni à Lourdes du 22 au 25 septembre 2011 pour faire le point sur sa pratique
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rofitant pleinement d’un beau soleil d’automne, des espaces et des facilités offertes par la Cité Saint Pierre du Secours Catholique, et de la présence bienveillante de Marie, près d’un demi-millier de laïcs, religieuses, prêtres, diacres et jésuites se sont ressourcés pendant trois journées dans la détente, la bonne humeur et le travail. Ainsi continue de croître la famille ignatienne de l’apostolat spirituel à travers la France, la Belgique et la Suisse francophones. Au menu, des conférences, des ateliers, des temps libérés pour la rencontre, des temps pour la prière et la célébration, ces dernières remarquablement animées par un groupe de musiciens où des instrumentistes d’âges différents jouaient pour le plus grand plaisir des participants. La conversation dans un cadre qui s’y prête, la Cité Saint Pierre à Lourdes
n Vivre, lire et prier ensemble Tout cela offrait un kaléidoscope très coloré ; nous y avons enraciné notre désir de partager les trésors reçus de Dieu et légués par Ignace. À nous de les faire grandir aux dimensions de la société comme nous l’a montré heureusement Christoph Theobald en nous partageant ses expériences. Ce n’est pas l’objet ici de tenter une synthèse de sa conférence. Cependant, à travers sa référence à trois
lieux d’expérience, il nous a ouvert quelques pistes dont celle-ci : par le récit de sa rencontre avec Gilles Clément, par la relecture du travail réalisé au fil des années en Creuse, ce « vivre, lire, prier et réfléchir ensemble » pour faire vivre l’Évangile du Christ, il nous a fait toucher du doigt le bienfait de toute conversation humaine, de toute parole vraie, donc spirituelle. Il nous a donné envie de nous convertir encore et toujours davantage
pour mieux accueillir tout homme dans la profondeur de sa parole. n La pratique de la conversation Avec le Père Michel Fédou, nous avons heureusement traversé quinze siècles d’his-
l’évidence la nécessité de la conversation spirituelle : • Dialogue « à distance » par les lettres. •A ccompagnement et enseignement dialogué de maître à disciple. •E xpériences de Benoît et sa sœur Scholastique.
Ce fut certes une grande conversation spirituelle, mais pas seulement !
toire, des entretiens de Jésus et de ses disciples à l’Église au temps d’Ignace ; et particulièrement le monachisme des premiers siècles, marqué par une exigence radicale de solitude pourtant équilibrée par de nécessaires rencontres - on ne va pas à Dieu tout seul. Les histoires et les apophtegmes de cette époque, comme l’histoire de l’Église et des communautés chrétiennes, montrent à
•C onversations entre le pauvre d’Assise et ses frères : l’humanité et la divinité sont réunies en Jésus venant au milieu d’eux (Fioretti) ; les petits répandent « les trésors de la Sagesse divine ». n La conversation comme apostolat Avec Ignace grandit l’idée de la conversation comme apostolat ; il s’agit de répondre –17–
à l’appel du Christ, de « conquérir » le monde pour le conduire à Dieu, et donc de stratégies à mener ! Mais dans l’absolu respect de la liberté de chacun : permettre à la créature de se tenir debout, devant son Créateur. Il convient donc d’avoir, à travers des cheminements et des conversations spirituelles, une telle connaissance de l’autre que tout naturellement il en vienne à vouloir cette rencontre au cœur de la Trinité, dans un désir de croissance très grand et une liberté qui ne le soit pas moins. C’est le chemin auquel nous a invité Antoine Paumard à travers sa présentation de « la conversation spirituelle chez les premiers compagnons ». n Rêve et réalisme Grand merci à celles et ceux qui ont travaillé dans une totale gratuité pour nous partager leurs expériences à travers quelque chose de leur vie et de leur engagement au service de notre société et à la suite du Christ. Rêve et réalisme ont pu communier dans les échanges d’ateliers très incarnés : santé, insertion, couple et famille, éducation, handicapés, jeunes professionnels, quart monde, accompagnements, discernement com-
jésuites
munautaire, migrants, relations inter-religieuses, ont côtoyé l’entreprise, la prison, les marches au désert, les retraites en monde populaire, et encore les média : une vraie floraison, dynamique et pleine d’espérance… Oui, l’Esprit Saint était présent, oui, le Christ était au milieu de nous, oui, le Père se dévoilait à travers tout cela, pour nous inviter au service et à la Parole. Que serait d’ailleurs l’un sans l’autre ?
France
L’envoi en mission par Jean-Jacques Guillemot, sj, vice-provincial, Alain Jeunehomme, responsable de la CVX, Anne Bayart, supérieure générale des sœurs de sainte Ursule
n Une conversation ouverte à l’Esprit Aujourd’hui comme hier, la conversation s’impose comme une nécessité à notre société. Elle est spirituelle dès lors
que les interlocuteurs se réfèrent à un « tiers » commun, pour nous l’Esprit du Christ, et qu’ils se laissent conduire par Lui ; lieu de gratuité et de patience nécessaires, elle est
L’apostolat spirituel de la famille ignatienne
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ui sommes-nous ? Un rassemblement de femmes et d’hommes qui se reconnaissent dans la spiritualité ignatienne et s’y rattachent par leur appartenance à des groupes très divers, congrégations et instituts religieux, Communauté de Vie Chrétienne, groupes diocésains ignatiens, instituts séculiers. Nous nous sentons la même mission, à travers des insertions variées, que l’on peut regrouper autour de quelques lieux : • des centres spirituels ignatiens : lieux de propositions et de formations, pour tous âges et toutes les époques de la vie, ils proposent diverses manières de faire retraite selon les Exercices, dans des lieux tous plus agréables et porteurs les uns que les autres (voir la rubrique « Faire une retraite » sur les sites www.jesuites.com et www.ndweb.org). Ils ont comme terrain apostolique la France, et, pour plusieurs d’entre eux, une dimension internationale. –18–
• des groupes diocésains ignatiens d’appellation, d’origines et de fonctionnements très divers, qui reconnaissent dans l’expérience des Exercices de saint Ignace un lieu pour aider leur croissance personnelle, comme la croissance de la société : ils proposent des initiations à la prière, au discernement, des expériences de retraite dans la vie, des relectures d’expériences pastorales, des formations à l’accompagnement personnel. Ils sont en outre en lien étroit avec les diocèses où ils sont nés, soit comme association de fidèles, soit comme association 1901, soit comme groupe informel, mais lié à la pastorale locale. • tout ce qui fait notre quotidien. Notre désir d’une vie habitée par l’Esprit du Christ nous pousse sans cesse à vouloir témoigner, en dépit de nos limites et de nos faiblesses, des béatitudes qu’Il nous propose et des moyens que la spiritualité ignatienne nous donne.
un moyen privilégié pour discerner le lieu où l’Esprit agit, un moyen pour choisir, une aide pour agir. Cette conversation spirituelle nous fait rêver, mais pas seulement : elle nous convie à faire de l’Église le lieu d’une immense conversation spirituelle qui aide le monde à devenir lui aussi plus ouvert à l’Esprit, à la lumière de l’Évangile, à devenir donc plus humain pour que l’humanité en marche vers la paix et la fraternité puisse se tourner joyeusement vers son Créateur et découvrir l’infini de son amour. n Prendre la route Au bout de notre petit parcours, où allons-nous ? Nous
Des centres, des groupes, un réseau
Combien sommes-nous à être engagés ainsi dans l’apostolat spirituel de la famille ignatienne ? Nous n’avons pas fait de recensement mais une évaluation approximative donne les chiffres suivants : •D ans les centres spirituels sont engagés, de manière permanente ou partielle, entre 500 et 600 hommes et femmes, laïcs, religieuses, jésuites. • L es groupes diocésains bénéficient du concours d’environ 1000 personnes, dont des diacres et des prêtres des différents diocèses, en plus des laïcs, religieuses et jésuites en proximité. •À Lourdes, 475 de tous ceux-ci se sont rassemblés, pour une deuxième fois, soit 20 % de participation de plus par rapport à 2008 !
ne le savons pas mais nous prenons la route dans la paix et nous savons que nous serons solidaires sur ce chemin où nous nous laisserons inviter. Nous reviendrons pour nous encourager les uns les
autres, refaire nos forces et aller chaque jour un peu plus loin, ensemble.
Michel Roger, sj et l’équipe nationale de la famille ignatienne
Se rassembler, échanger, prier,... oui, mais pour reprendre la route
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France
Pères en mer, édition 2011 Une initiative d’un amoureux de la mer qui a voulu partager son projet chrétien : consacrer une semaine de son temps à la réflexion et au partage entre pères de famille
Au large de Belle-Île
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ères en mer, c’est une semaine en escadre, loin de la terre et de ses contraintes pesantes et chronophages qui nous donnent le prétexte éternel de ne pas s’arrêter un temps, pour revenir à l’essentiel : la famille, les enfants, l’amour, le rôle du père et du mari, l’amour du Père et son projet pour les hommes. Alors, plutôt que d’ouvrir le livre de bord et vous relater
notre croisière exceptionnelle pendant laquelle les vents et les cieux nous ont été insolemment favorables, laissez-moi vous raconter l’histoire d’un groupe de pères de famille qui se rencontrent, prient, partagent et (re)trouvent la consolation. n On vient de partout Il y a Jérôme, l’ostéopathe parisien qui, après 30 années de mariage nous raconte –20–
comment, le temps faisant son œuvre, il vit l’amour en couple et en famille, dans l’amour de Dieu ; il conseille et rassure les plus jeunes car il est « passé par là » lui aussi. Il y a Édouard, l’informaticien, qui reconnaît ne pas avoir passé assez de temps « utile » avec ses enfants. Il y a François, l’ingénieur réseau, qui se demande comment il va pouvoir concilier ses déplacements fréquents avec sa vie de famille. Il y a aussi Éric, le syndicaliste chrétien qui s’attache toujours à mettre l’homme au centre de ses préoccupations, et qui nous éclaire sur la vérité des politiques de management mises en œuvre dans les grands groupes… Mais il y a aussi les « padrés », les Pères jésuites, Pierre et Bernard, hôtes de nos embarcations, pour nous guider quotidiennement lors de nos temps de partage, si émouvants de vérité et de lucidité. Leur expé-
rience est « énorme », comme dirait mon fils de 14 ans, et leur vision de notre société très juste. n Le dernier mot Enfin, last but not least, il y a « l’Amiral », celui qui sait prendre les décisions techniques pendant la navigation, mais aussi s’effacer quand les revendications des flibustiers concernent le « spirituel », laissant la main à l’ancien, le Père Bernard, le socle, la base, à qui revient le dernier mot. Et puis il y a tous ceux qui en sont à leur 8e ou 9e édition de « Pères en mer » et qui nous décomplexent à chaque instant pour nous aider à nous exprimer librement. Ils nous rassurent : « ce qui est dit dans le groupe, restera dans le groupe ». Et si l’on arrive à coincer le « Pierre » jésuite dans un carré, il vous parle théologie et transforme la complexité des livres saints en une eau de cristal limpide. Le sérieux du projet qu’est « Pères en mer » est reconnu par les plus sceptiques d’entre nous.
J’y ai retrouvé des hommes de tous les horizons, très différents et pourtant si semblables, mais tous animés d’une joie de vivre qui s’exprimait volontiers à chaque escale autour d’un « apéro » interminable, bercé de chants de marins et autres classiques français ou britanniques (et oui ! Trafalgar, n’oublions jamais !). Une messe de l’Ascension célébrée au mouillage a bien failli faire couler le bateau qui accueillait les 28 pères de famille. Cette messe a été le sommet de cette croisière spirituelle. n Poursuivre une aventure Pendant cette semaine, nous avons été, le temps d’une croisière, un groupe d’amis, une famille, une équipe. Certains d’entre nous se reverront souvent, d’autre moins, mais tous garderont sans aucun doute la mémoire d’un temps figé sur les flots, un temps utile et profond consacré à l’homme et sa famille, désirant poursuivre son aventure dans l’amour de Dieu. Et je crois ne pas me tromper quand j’affirme que tous ont rejoint leur famille avec plein de projets de vie qu’il ne restera plus qu’à mettre en œuvre…
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On y va par curiosité, ou à l’invitation de nos épouses, avec ou sans question. On en part plein de projets et de réponses à nos interrogations, épanouis et rayonnants. On reviendra par amour de son prochain, pour une piqûre de rappel spirituel, ou simplement pour se poser sur les flots, le temps d’une semaine et contempler les dégradés de gris que propose le ciel breton ! Kenavo, amitiés salées,
Fabien Tabarly
La prochaine Croisière-retraite « Pères en mer 2012 » est prévue du lundi soir 14 mai au dimanche matin 20 mai 2012, au départ de la Trinité sur Mer. Inscriptions avant le 15 février 2012 auprès de Jean-Michel André Tél. : 01 40 95 09 14 jeanmichelandre@sfr.fr Voir aussi : http://peresen-mer.blogspot.com
La flottille sous spinaker
jésuites
France Bernard Sesboüé, « un théologien ordinaire » ? C’est ainsi qu’il se définit parfois, comme « un théologien ordinaire ». Mais est-il vraiment ordinaire ? Tentons de le croquer en quelques traits
Bernard Sesboüé, sj
n Un professeur innovant ernard Sesboüé a enseigné la théologie pendant plus de quarante ans, au théologat
B
L’Académie Française a décerné le Grand Prix du Cardinal Grente 2011 (récompensant un membre du clergé catholique français) au Père Sesboüé, pour l’ensemble de son œuvre. jésuite de Fourvière puis aux Facultés jésuites de ParisCentre Sèvres, dont il participa à la création, dans les années 70. Il prit alors part à
la refonte de la pédagogie des études autour de trois axes : l’insistance sur les travaux personnels et de groupe ; l’intégration de la théologie contemporaine, catholique et protestante, à un enseignement traditionnellement patristique ; l’ouverture à un public large. La pédagogie actuelle du Centre Sèvres lui doit donc beaucoup. Pour ce formateur dans l’âme (il fut, à 35 ans, maître des novices par intérim, « un baptême du feu pastoral un peu précoce » selon lui), le théâtre est une seconde nature : « Pour être professeur, il faut avoir un peu le sens du public », lâche-t-il, un rien comédien. –22–
n Un théologien généraliste Théologien généraliste, il participe, « modestement » dit-il, au mouvement christologique de la seconde moitié du xxe siècle, dans la mouvance d’un Rahner ou d’un Balthasar. Avec un leitmotiv : proposer une théologie adaptée à notre temps et conforme à la tradition de l’Église, dont il est un spécialiste. Il publie plus de quarante livres, dont certains traduits en plusieurs langues. Sa qualité de généraliste lui permet de diriger une de ses œuvres maîtresses, l’Histoire des dogmes : « Je pouvais remplir les trous laissés par mes collaborateurs », explique-t-il.
Avoir contribué à former des professeurs qui enseignent à leur tour dans le monde entier fait sa joie. « C’est la mission universelle qui nous rejoint, sans qu’on le recherche » dit-il, lui qui rêvait de Chine. n Un passionné d’œcuménisme Alors que rien ne l’y prédispose, Bernard Sesboüé rejoint le groupe des Dombes en 1967. Il n’en ratera aucune session jusqu’en 2005 ! Il se met alors pleinement au service de l’œcuménisme, à la Commission épiscopale pour l’unité des chrétiens, au Comité mixte catholiqueprotestants, à la Commission de dialogue catholiques-baptistes ou comme co-président de la Commission internationale avec l’Alliance réformée mondiale. Sa réflexion théologique, de l’ecclésiologie à la question des ministères, s’en trouve nourrie. n Un homme de conviction, fidèle et exigeant envers l’Église Son travail et sa vie sont marqués par une grande fidélité à l’Église, fidélité exigeante et créatrice. Il a souvent pris des positions courageuses, quitte à déplaire, y compris comme membre de la Commission théologique internationale.
Le Groupe des Dombes est un groupe de dialogue œcuménique informel, composé de théologiens catholiques et protestants francophones, qui fait autorité depuis plus de 70 ans. « Mon désir est d’être courageux dans les deux sens : quand j’estime que quelque chose appartient à la foi, je le dis et le soutiens. Quand la foi laisse une porte ouverte, je n’hésite pas à la franchir et à mettre au service de l’Église des possibilités nouvelles »1�. Dans les moments difficiles, « il faut une certaine solidité » pour tenir et « que le sens de l’Église soit accroché au bon endroit ». Ce sens de l’Église, il le retrouve auprès des fidèles, notamment dans le ministère de la réconciliation - il confesse régulièrement depuis près de quarante ans.
n Un intellectuel en prise avec notre monde Enfin, Bernard Sesboüé met inlassablement sa réflexion au service de l’Église. Il continue ainsi de promouvoir le Concile Vatican II, de réfléchir à la structure ministérielle de l’Église ou aux sacrements. Il ne cesse également de dialoguer avec la société, proposant une relecture du Da Vinci Code à sa sortie, rappelant les antécédents du fondamentalisme chrétien lors de la levée des excommunications des évêques intégristes, répondant librement à tel patron de presse qui présente sa vision du Christ… Ses publications récentes en témoignent, Bernard Sesboüé est pleinement engagé dans notre monde, au service et en dialogue avec nos contemporains. C’est peut-être en cela qu’il est un « théologien ordinaire ». Pierre Laurens-Frings, sj 1. La théologie au XXe siècle et l’avenir de la foi, Desclée de Brouwer, Paris, 2007, p. 199.
Histoire des dogmes, Desclée, Paris, 4 volumes : 1- Le Dieu du salut, 1994, 544 p. 2- L’homme et son salut, 1995, 636 p. 3- Les signes du salut, 1995, 664 p. 4- La parole du salut, 1996, 658 p.
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jésuites
France
La Maison des étudiants de Lyon La Maison des étudiants catholiques de Lyon (MdEC) accueille 950 étudiants, apprentis médecins ou pharmaciens pour les aider dans leurs longues et difficiles études
C’
est vers 1874, au cercle Ozanam à Lyon, que le Père Brésard innove en proposant des conférences pour la préparation du concours de l’externat et de l’internat. Si le cercle Ozanam disparaît avec les décrets de 1880 qui touchent les religieux, cellesci se poursuivent et leur fréquentation n’a cessé de se développer. Aujourd’hui, la Maison des étudiants catho-
liques de Lyon accueille 950 étudiants et étudiantes, une majorité en médecine, et 80 en pharmacie. Trois jésuites y travaillent à plein temps. n Des changements nécessaires Depuis 2006, des changements ont été mis en œuvre. Ils ont affecté les rythmes et les lieux de cette maison. Ils ont cherché à améliorer l’outil pédagogique afin de
La plus grande de la dizaine de salles de travail où les étudiants passent de longues heures
–24–
mieux répondre au projet de cette maison. Chacun sait l’investissement personnel que requièrent ces études pendant de longues années. Un travail de discernement est à mener avec chacun pour qu’il veille à un investissement sérieux et responsable, capable aussi de prise de distance par rapport aux contraintes et aux pressions du quotidien, notamment pendant les années de concours. n Fermeture le dimanche L’ouverture de la maison, y compris le dimanche, pouvait se comprendre quand il y avait la présence du foyer avec une quarantaine de chambres. Le foyer fut fermé au début des années 2000, aussi le conseil d’administration a-t-il décidé de fermer la Maison le dimanche à partir de septembre 2007. Cette décision marquait une rupture
dans l’histoire de cette institution très connue à Lyon. Mais le souci de la formation des étudiants en médecine était le socle fondateur de cette décision : l’expérience montrait en effet que, sans cette rupture de rythme, beaucoup d’étudiants ne trouvaient pas la force d’oser se reposer. n Des équipes de travail Depuis la rentrée 2007, les étudiants de première année, comme ceux de quatrième, cinquième et sixième années sont en équipes de travail et se réunissent une fois par semaine pour évaluer leurs travaux et faire l’expérience intérieure que savoir, c’est savoir expliquer simplement. On pressent ce qu’une telle démarche peut créer comme dynamique dans cette relation si singulière qu’est la relation médecin-malade. L’échange et le partage des connaissances favorisent et développent l’aide mutuelle et la confiance où se tissent au fil des années des amitiés et des fidélités. Grâce à ces équipes (elles sont au nombre de 157 cette année), les étudiants portent le souci les uns des autres et prennent à leur manière le relais de ce que nous proposons comme jésuites, dans l’accompagnement personnel de chacun.
n Accompagnement personnel Cet accompagnement est le cœur de notre mission de jésuites en ces lieux. Pour les étudiants de première année, il se fait deux fois par an. En offrant à chacun 30 à 45 minutes, l’essentiel de nos journées est consacré à l’accueil et à l’écoute ; il s’agit d’aider l’étudiant à repérer, dans ce qui tisse sa vie et ses études, ce qui fait vivre, ce qui est
gations. Les enjeux sont de taille, au vu des évolutions de la médecine elle-même dans sa pratique quotidienne, sans oublier les contraintes économiques qui se font de plus en plus pressantes. n Des parcours de formation Depuis la rentrée 2008, deux parcours de formation ont été mis en place pour les étudiants de troisième et qua-
Une équipe de travail en pleine action
bon et juste pour lui. C’est encore lui offrir une parole de confiance et de bienveillance, l’invitant, même si sa route est rude à certaines heures, à avancer dans la confiance. C’est offrir un espace d’échange et de dialogue qui a goût d’Évangile. C’est aussi un acte de foi : croire que cet étudiant, demain médecin, saura à son tour donner du temps aux malades qu’il prendra en charge, sachant à son tour les écouter et répondre à leurs interro–25–
trième années. Ce sont des groupes nombreux – une centaine par année d’étude – et nous avons cherché ce qui convient le mieux. En 2008-2009, ce fut un travail à partir d’articles de la revue Laennec qui était une proposition commune au Centre Laennec de Paris et à la Maison des étudiants de Lyon. Cette proposition a paru austère et laborieuse auprès de cette génération marquée par l’image et peu formée à une démarche réflexive. Au cours
jésuites
France
Des travaux en cours
C
es années ont été marquées par la transformation progressive des 3000 m2 au cœur de Lyon. Il faut veiller à aménager des salles qui aident et soutiennent l’effort intellectuel, avec sa part de stress et d’inquiétude ; que les espaces soient accueillants, qu’ils favorisent le silence et la concentration est une priorité. C’est dans cette dynamique pédagogique que des travaux ont été menés ; nous sommes à mi-parcours de cette rénovation. Cela se poursuivra, le moment venu, en respectant les équilibres économiques de ce centre d’étudiants qui vit de ses fonds propres. Ces aménagements ont voulu conjuguer simplicité et beauté.
de ces deux dernières années, nous avons invité des médecins et des acteurs de la société économique, cherchant à mieux leur faire découvrir le monde dans lequel ils seront engagés.
Ces dernières années ont déjà permis de mieux entrevoir quelles propositions peuvent être faites et sous quelles modalités, pour les aider dans leur parcours d’étudiant et demain de médecin.
n Formation à l’écoute En troisième année, un parcours de formation à l’écoute et à la rencontre de l’autre est proposé cette année ; nous l’avons présenté sous le titre « une grammaire en humanité ». Pour les quatrièmes années qui commencent une nouvelle étape par une présence quotidienne à l’hôpital, c’est un parcours d’initiation à la réflexion éthique. Dans des rythmes institutionnels, il faut souvent attendre quatre ou cinq ans avant de mesurer la pertinence des choix faits.
n Un engagement social Enfin, avec cette rentrée, un nouveau projet a pris corps. Nous souhaitions offrir aux étudiants de deuxième année un engagement social, car le rythme d’une telle année de médecine le permet. 120 propositions d’insertion leur ont été offertes laissant à chacun le soin d’en choisir une, ou bien s’il le souhaitait, de s’engager dans une association avec qui il avait déjà des liens. Cette proposition de formation s’inscrit pour nous dans un triple objectif : –26–
apprendre à servir, comme bénévole ; aller à la rencontre de personnes de milieux bien différents, confrontés à la pauvreté ou à des formes diverses de marginalité ; enfin, mieux connaître ces hommes et ces femmes qu’ils auront un jour à prendre en charge et à soigner et qui fréquentent souvent les urgences des hôpitaux. Un travail d’écriture leur sera demandé au cours du deuxième trimestre pour les aider à relire leur propre expérience et à en parler lors de la rencontre avec leur accompagnateur. n Une communauté chrétienne Sur ce chemin, la question de la foi ne peut pas ne pas se poser. Elle est abordée lors
La verrière aménagée au-dessus d’un escalier central qui rend la circulation plus aisée
de l’accompagnement personnel, selon ce qui convient dans l’itinéraire de chacun. Lors des journées de rentrée la mission de l’institution est rappelée dans une triple dimension : l’accueil de tous, le souci d’une formation humaine intégrale et l’enracinement dans la foi chrétienne. Pour les jeunes chrétiens, une eucharistie est proposée chaque mercredi. Une fois par mois, la communauté chrétienne est invitée à se retrouver pour un dîner. C’est l’occasion pour les étudiants de grandir dans la connaissance mutuelle les uns des autres et de parler de leur vie de foi. Une vingtaine d’étudiants participent à des groupes de lecture en philosophie (la question de Dieu) et des groupes de lecture d’Évangile.
n Des liens entre Paris, Lyon et Marseille Mais la Maison des étudiants catholiques ne saurait se penser seule. À la fin de leur sixième année, la formation universitaire oriente les étudiants dans un autre centre hospitalo-universitaire que celui où ils ont fait leurs études, en tenant compte de leur rang à l’examen national. C’est dans cette dynamique que les liens entre le Centre Laennec à Paris, le Centre culturel Augustin Fabre à Marseille et la Mai-
Des rencontres entre directeurs ou entre équipes pédagogiques se font deux fois par an. Une charte est en cours d’élaboration, notamment lors de notre dernière rencontre à Marseille en juin dernier. Ce travail en réseau entre les trois lieux vise une population de 2200 étudiants en médecine. Pour eux et pour ce qu’ils auront à assumer demain dans la cité, il convient de poursuivre ce travail de collaboration, cherchant à le structurer sur un plan institutionnel. Ce sera la prochaine étape, une étape déjà bien engagée
La cafétéria à l’heure du déjeuner
son des étudiants catholiques à Lyon se sont renforcés depuis une bonne dizaine d’années, avec des propositions de concours blancs communs pour les étudiants de cinquième et sixième années. –27–
qui devrait prendre forme à l’horizon 2012-2013.
Jean-Claude Deverre, sj Directeur de la MdEC
France
jésuites
La vie numérique des jésuites et de la famille ignatienne Les principaux sites internet de la galaxie ignatienne, jesuites.com et ndweb.org, font peau neuve en entrant dans l’univers du web 2.0, et le petit dernier, versdimanche.org, s’offre une application iPhone
D
epuis plus de dix ans les jésuites sont entrés dans le monde numérique de l’internet. Cela fait peu et, en même temps, semble déjà lointain tant les changements en matière de « vie numérique » sont rapides. Il était donc temps, non seulement de « relooker » le site officiel des jésuites de la Province de France, www. jesuites.com, mais surtout de le rendre compatible avec les nouveaux usages en vigueur sur internet en offrant aux internautes la possibilité de participer à la rédaction des articles, ne serait-ce qu’en laissant leurs
commentaires (ce principe collaboratif est à la base de ce qu’on appelle le web 2.0). n Se faire des amis sur le réseau La refonte s’accompagne de plusieurs nouveautés : une page Facebook, Jésuites de France, et un compte Twitter pour diffuser régulièrement des mini messages (140 caractères maximum) donnant des nouvelles des jésuites du monde entier. L’alimentation de ce fil d’actualités Twitter étant assurée par le système d’alertes proposé par Google qui permet d’être prévenu dès que le mot jésuite apparaît sur un site internet francophone dans le monde entier.
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Le but de tout cela ? Mailler le site jesuites.com avec la galaxie des réseaux sociaux et trouver une manière jésuite, au bon sens du terme, pour communiquer dans un langage numérique en perpétuelle mutation. Saint Ignace aimait parler « familièrement » des choses de Dieu. À nous de gagner en familiarité avec les modes d’expression d’aujourd’hui. n Sur le web comme sur terre Le site Notre-Dame du Web, premier centre spirituel ignatien sur internet, n’échappe pas non plus à son entrée dans ce nouveau monde. Le site datait de onze ans. Autant dire qu’à l’échelle du temps internet, il était devenu préhistorique. L’intuition qui avait présidé à sa création par les sœurs du Cénacle
de la famille ignatienne sur internet.
et les jésuites s’est largement trouvée confirmée par l’expérience. Il fallait, là aussi, moderniser le site pour éviter d’être ringardisé ! L’adaptation du site a été plus forte encore que pour jesuites. com : changement complet de logo, de couleurs, de principe de navigation et surtout d’ambition ! En effet, si le nouveau site va garder son cœur de métier (offrir des retraites spirituelles en ligne – plus de 15 000 retraitants par an – et proposer des animations en ligne pour apprendre à prier selon la manière de procéder des Exercices spirituels de saint Ignace), il va élargir son offre pour référencer ou abriter en son sein l’ensemble des sites internet de la famille ignatienne. Autrement dit, NotreDame du Web va devenir progressivement le portail
L’enjeu est important : assurer la visibilité d’une famille spirituelle sur internet à hauteur de sa vitalité sur le terrain. Les centres spirituels ignatiens francophones européens (il y en a 16 aujourd’hui) trouveront également leur place sur Notre-Dame du Web. Tout ce qui peut lier monde virtuel et monde réel est à favoriser, et pas seulement pour des questions de marketing. n Sans oublier les téléphones Aujourd’hui la culture de l’internet se déploie aussi sur les téléphones qui ressemblent de plus en plus à des ordinateurs. L’apparition des applications spécialement conçues pour ces nouvelles machines à communiquer bouleverse rapidement nos comportements. Applications pour iPhone dans l’Apple Store, ou pour les autres téléphones via l’Androïd Market, c’est tout un autre monde –
barbare pour certains – qui surgit sous nos yeux et se met en place sans que nul ne puisse prédire quel paysage durable il prendra. Là aussi, la famille ignatienne tente de se familiariser avec ces nouveaux outils. Une application iPhone gratuite vient de sortir pour Vers Dimanche, la feuille gratuite de prière pour méditer chaque jour sur l’Évangile du dimanche suivant. Cette application complète la panoplie des supports disponibles : fichiers pdf (18 000 fidèles hebdomadaires), revue papier mensuel (1000 abonnés) et site internet. La prochaine étape ? Sans doute une version numérique de la revue Jésuites que vous êtes en train de lire pour avoir le même plaisir de lecture sur iPad et sur les autres tablettes numériques. Rendez-vous l’année prochaine !
Thierry Lamboley, sj
jésuites
p o rt
Monsieur Antoine CORMAN Un nouveau secrétaire général au Centre Sèvres Depuis le 1er juillet 2011, Antoine Corman a pris ses fonctions de secrétaire général des Facultés jésuites de Paris. Henri Laux, Président du Centre Sèvres depuis septembre 2009, accueille ainsi un nouveau collaborateur. Le Centre Sèvres ne lui était pas inconnu puisqu’il était responsable du projet informatique depuis le début de l’année 2011 ; nous devions envisager un nouveau système de gestion des données (cours, étudiants et auditeurs, enseignants). Originaire de Lyon, Antoine Corman a 54 ans, père de sept enfants, de formation ingénieur, il a longtemps travaillé dans l’informatique, notamment au sein du groupe Bayard où il fut tour à tour directeur informatique, directeur adjoint de Bayardweb, puis directeur de l’audit interne. Depuis maintenant cinq ans il dirige la Société d’édition de revues (SER, filiale commune à la Compagnie de Jésus et à Bayard) qui édite Études et Christus et gère une dizaine de revues (Aumôniers d’hôpitaux, Vie chrétienne…). Antoine Corman est aussi engagé dans e Centre Sèvres – Facultés jésuites le scoutisme puisqu’il est, avec son épouse, de Paris poursuit son développement. accompagnateur Compagnons chez les Y sont accueillis chaque année, dans les scouts de France. Il est aussi un passionné différents cycles universitaires de théologie de musique et de guitare, Leonard Cohen, et de philosophie, environ 270 étudiants, Hubert-Félix Thieffaine, Bob Dylan ou représentant une cinquantaine de nationalités encore Éric Clapton. En plus d’une oreille différentes, et plus de 1700 auditeurs libres. musicale, Antoine Corman a l’œil attentif Une quarantaine d’enseignants ordinaires ainsi qu’une centaine d’invités, avec l’appui et exercé, il apprécie les lectures méditad’une trentaine de salariés, contribuent tives et n’hésite pas à se risquer dans le à son fonctionnement. champ théologique, le dernier livre qu’il nous recommanderait serait sans aucun doute le numéro du Centenaire des Recherches de Science Religieuse. Il apprécie également les promenades en forêt. Le nouveau secrétaire général du Centre Sèvres cultive la polyvalence, et c’est une force pour habiter ce poste soumis aux éternels imprévus du quotidien qui savent toujours nous surprendre mais aussi nous provoquer à être davantage imaginatif et créatif. Certes, il faut tenir le cap mais sans oublier de goûter le plaisir de naviguer. Souhaitons bon vent à Antoine Corman et à toute l’équipe du Centre Sèvres ; il ne reste plus qu’un mot à dire : en avant la musique !
L
Franck Delorme, sj Secrétaire général sortant –30–
r a i t s Père Philippe DEMEESTERE Tout en appartenant à la communauté de Nancy, je réside à Roôcourt-la-côte, un village de 252 habitants situé en HauteMarne. Mais qui sait où se situe la Haute-Marne ? Tel de ses souspréfets a avoué l’avoir découverte le jour-même de son affectation à Langres, ce haut-lieu des morosités météorologiques. En 1994, dans le cadre d’activités associatives, je me suis aventuré avec d’autres dans ce département rural, pour y créer un lieu de vie ouvert à des s.d.f. Au fil des ans, s’y est vérifié qu’il y a dépouillement et dépouillement : celui qui est subi et celui qui est choisi. Notre éloignement de tout centre urbain supposait chez nos associés un fond de vocation monastique qui n’était pas au rendez-vous : durablement tout au moins. Décision a été prise en 2010 de nous rapprocher de la ville de Chaumont. Nous nous rendons disponibles pour recevoir des personnes qui nous sont envoyées par les structures sociales départementales. Il s’agit de les accueillir pour un entre-deux, le temps du passage d’un dispositif d’insertion à un autre. Y La Margelle a-t-il place pour une ambition dans le maintien de ondée en 1984, l’association cette simple hospitalité ? Que nos hôtes trouvent ici la Margelle à laquelle j’apparles conditions favorables pour déposer et réévaluer tiens prête forme à des histoires les personnalités d’emprunt qui leur permettent partagées avec des « sans » : une d’affronter les duretés du temps. sorte de cyclotron aux prises
F
avec l’invisible.
Parallèlement, je participe à l’animation d’une paroisse de 3200 âmes distribuées entre 14 clochers. Dans cette contrée démographiquement sinistrée, il s’agit de découvrir par où nous vient la vie. Le génie avec lequel les Exercices de saint Ignace font chemin de toutes les impasses de la liberté humaine, trouve à s’employer ici pour vivifier des eaux liturgiques cousines de celles de Bezatha. Se proposent enfin dans notre vaste maison des tables ouvertes au tout-venant. Elles donnent une première figure à une autre ambition : que des paroissiens s’attachent à faire communauté ici, pour offrir des périodes d’hospitalité à ceux qui n’en peuvent plus de se porter ou de porter des proches dans la solitude.
Philippe Demeestère, sj
–31–
contempler et méditer Vierge aux bras ouverts
D
ans cette sculpture du Père Jean-Marie Tézé, l’hospitalité de Marie est à la fois celle d’une femme choisie entre toutes les femmes et celle d’une femme commune à toutes les autres femmes. Le contraste en elle du haut et du bas frise la difformité mais c’est pour mieux souligner l’élection de Marie, sa capacité à accueillir la coïncidence des contraires ; Dieu manifeste sans confusion ni séparation l’humanité et la divinité de son Fils dans une chair de femme tout entière acquise à sa parole. Elle est vraiment femme par les rondeurs de son bassin et vraiment vierge par la finesse presque abstraite de son buste et le dépouillement de son visage en prière. Entre le haut et le bas, les bras, abandonnés en ovation au silence de la grâce, participent de deux mondes à réconcilier dans la créativité inépuisable du Verbe. Ils disent à la fois l’abandon et le désir de recevoir sa vie d’un plus grand que soi. Ils accueillent déjà Jésus en genèse dans le « Oui » de sa mère, ils accueillent aussi en lui et par lui les courbes et les méandres d’une humanité désormais capable d’accéder au divin par le langage de la chair et la puissance du Verbe. Les bras ouverts agissent ainsi comme des médiateurs où Marie s’offre tout entière à la volonté de l’Esprit en même temps qu’elle présente déjà par anticipation au Père la salvifique humanité de son Fils : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38). Claude Tuduri, sj
« Vierge aux bras ouverts » Sculpture de Jean-Marie Tézé, sj, dans la chapelle du Centre Laennec, à Paris –33–
Masque et visage
L
es masques ne servent le plus souvent que lors d’occasions exceptionnelles, aussi éphémères que décisives par leurs conséquences : rites intercesseurs (pluie, moisson, maladie, guerre), rites de passage (du mariage aux cérémonies funéraires), carnaval. Exposer un masque, le créer, le changer en œuvre d’art, c’est déjà le retirer aux déterminismes d’une fonction sociale ou religieuse. C’est faire droit au visage davantage qu’au rôle, à la vérité de sa présence davantage qu’à son utilité. S’agirait-il alors d’une préférence pour l’idéal au mépris du réel ? Non, l’humanité de ce visage fait sa part à l’imperfection et aux accidents du temps : la paupière de l’œil droit subtilement accidentée, le nez légèrement épaté, les joues un rien enflées et un front fuyant disent la gloire et la faiblesse d’un corps vraiment incarné. Chacun pourra goûter à sa guise la beauté du regard, vivante d’un élan, d’un sourire et d’une gravité qu’aucune interprétation ne peut épuiser. Enfin, entre le nez et la lèvre supérieure, apparaît un sillon en forme de carré : un poinçon, la marque d’une circoncision de la chair. Comme si ce visage avait revêtu le Christ. Là où sa patience est à l’œuvre dans la vie des œuvres et des hommes, les visages se greffent à la lumière avec une pudeur réconciliée, et on ne se sent plus condamné à « avancer masqué » et à jouer en secret l’être contre le paraître, le temps contre l’éternité. Claude Tuduri, sj
Masque de Jean-Marie Tézé, sj, dans la communauté du Centre Sèvres –34–
S
e erspelibus enis archicit as pa suntibus sum aut lam consequi di omnit utem et, quo bea expero etusape re, conet laborum eos dolorrovit, officiunt, vitatessinte dunde exerrorio dio. Et essinve nistint molor sequ? Bitam eum aut laute non rero il eatatem sum repudictum intempo remperi atemquides voloris et res qui dolupta quatiis eliquia nditas id et omnihic tempore mil modipsa ndionsequid et qui nonsere dis quat ut vendem ut voluptatis non nonsedi taspien ihillor erspelent. Or assed modigniminim ipis exerum dolese et quas dolorum fugiam, ut accus earis am ut pro iuntem quam, corupta volorec temqui auda volorit, quiat aut doloresequam core, net es dolorpos voluptas dolor mosapiet aut audandae cum est landusantus voluptas simus sum, non recat remqui occumqui re dit ulpa num rehenis et vid everi ut et, sa sit ommodio aut od et lab idempelit reritibusa quatusdant veliquam expel ipiendissiti qui opta volorror aut quibusto et qui to tempore nus volorro bea nos sim hilition rerciisqui deliam quia ditatur sed molut fugias aperestium rectiore ex est eatque perspicat occae ventis erae. Titius
Nom et titre de l’œuvre, auteur.
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Ordinations et derniers vœ O r d i n at i o n s
Xavier Roger
Le samedi 20 mars 2010 en la cathédrale de Reims par Mgr Thierry Jordan, archevêque de Reims
Le samedi 10 avril 2010
Erwan CHAUTY
en l’église Saint-Ignace à Paris par Mgr Gérard Daucourt, évêque de Nanterre Guilhem Causse
Hervé-Pierre Guillot Le samedi 17 avril 2010 en l’église Saint-Michel à Bruxelles par Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg
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sacerdotales œux 2010-2011 s ac e r d o ta l e s
Benoît Coppeaux Le samedi 19 juin 2010
en l’église du Saint-Esprit à Aix-en-Provence par Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix-en-Provence et d’Arles
Grégoire Catta
Le samedi 2 juillet 2011 en l’église Saint-Ignace à Paris par Mgr Hervé Gaschignard, évêque auxiliaire de Toulouse
Gabriel Khairallah
Antoine Paumard
Nicolas Steeves
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O r d i n at i o n s s ac e r d o ta l e s Pierre CHONGK
Le samedi 4 décembre 2010 à Athènes dans la paroisse du Sacré-Cœur du Christ Sauveur par l’archevêque Nicolaos Foskolos
Sébastien VAAST
Le samedi 2 avril 2011 en l’église Notre Dame des Anges à Bordeaux par Mgr Laurent Dognin, évêque auxiliaire de Bordeaux
derniers vœux
Le samedi 22 mai 2010 en l’église Saint-Ignace à Paris Patrick Goujon
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Franck Delorme
Pierre Clermidy
Le dimanche 19 septembre 2010 dans la chapelle du Centre spirituel Manrèse à Clamart
Frédéric Fornos
Le samedi 2 octobre 2010 à l’église du Sacré-Cœur, à Toulouse
Éric Charmetant
Le samedi 13 novembre 2010 à la chapelle de la communauté de Vanves
Jesús Manuel LEÓN BLANCO (Province Bética)
Le dimanche 19 décembre 2010 à la paroisse du Bon Pasteur à Constantine (Algérie)
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France
jésuites
Diplômes et diplômés du Centre Sèvres Les Facultés jésuites de Paris (www.centresevres.com) donnent des diplômes chaque année à de nombreux étudiants étrangers
Les diplômes du Centre Sèvres reconnus par la France
L’
information vient d’être annoncée : le niveau de tous les diplômes canoniques délivrés par les facultés du Centre Sèvres en philosophie et en théologie – licence, master, doctorat – est reconnu par la France ; cette décision résulte de l’Accord signé le 18 décembre 2008 entre la République Française et le SaintSiège sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l’Enseignement supérieur. De l’accord à son application, le parcours n’a pas été simple : le Conseil d’État a d’abord été saisi par diverses personnalités politiques et associations au nom d’une atteinte à la laïcité, mais il a rejeté l’ensemble des recours. De son côté, le Saint-Siège a procédé à l’évaluation des facultés candidates à la reconnaissance par l’intermédiaire de
sa propre Agence (AVEPRO) ; cela fut pour nous l’occasion d’une réflexion et d’un travail de prospective très fructueux. À la suite du rapport établi par l’Agence lors de sa visite, les diplômes du Centre ont été présentés par la Congrégation pour l’Éducation Catholique à la reconnaissance de la France. n Reconnaissance internationale Cette évolution marque un changement radical dans le système universitaire français. Certes, les diplômes canoniques ne deviennent pas des diplômes d’État ; l’admission à un grade supérieur dans une autre institution reste soumise à la décision de l’institution d’accueil. Mais une telle mesure confère un label de qualité à nos diplômes de la part des Pouvoirs Publics ; elle –40–
ouvre aux étudiants de nouvelles possibilités d’évolution. Au niveau international elle a une portée symbolique forte, en nous inscrivant dans une pratique universitaire largement répandue. Pour le Centre Sèvres, cette reconnaissance est une excellente nouvelle ; elle confirme les orientations suivies jusqu’à présent : privilégier au plus haut point la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle nous fait maintenant un devoir de garder un niveau d’exigence élevé. Après la visite du Père Général qui nous a confirmés dans notre mission, voilà une autre confirmation, qui peut rendre le travail de l’intelligence chrétienne mieux reconnu dans notre société. Henri Laux, sj Président du Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris
Tite-Adélard Insoni Apprendre une nouvelle manière de procéder
Tite-Adélard Insoni
M
on séjour en terre gauloise n’a pas effacé de ma mémoire la conscience que le lieu du témoignage du Ressuscité reste pour moi la République démocratique du Congo, quelque soit le prix à payer. Les vingt mois passés en France n’ont fait que renforcer cette conviction. Mon séjour reste bénéfique pour ma vocation de jésuite parce qu’il m’a permis de mûrir des interrogations et des convictions que je portais et que je continue à porter. Certaines opinions que j’avais de la France, et peut-être sur l’Europe, se sont confirmées et d’autres se sont avérées fausses.
Le Centre Sèvres m’a aidé à acquérir des méthodes d’approche conformes à la manière jésuite de traiter les questions morales. Il m’a facilité une prise de distance vis-à-vis d’une manière traditionnelle de procéder qui caractérise encore l’enseignement moral dans bon nombre d’institutions théologiques en Afrique. Le Centre Sèvres a une méthode qui s’adapte aux circonstances et aux personnes. Il s’agit d’aider l’étudiant à développer ses interrogations les plus fondamentales sur lesquelles il aimerait avoir davantage de lumières. Cette pédagogie accompagnée de la liberté de penser m’a enrichi durant mon parcours. Ainsi, face à une question morale, il est bon d’interroger les fondements de la morale chrétienne tout en sachant que ces instances n’apportent pas des recettes applicables à tout problème moral. Le travail du moraliste consiste à éveiller la conscience de ses –41–
contemporains sur la voie du discernement, de l’accompagnement et du dialogue qui a besoin des principes et des normes pour permettre une analyse contextualisée du problème. J’ai découvert à Sèvres qu’il y a lieu d’aimer beaucoup l’Église et de la servir tout en pensant autrement pour l’enrichir. C’est en cela que consiste le changement en moi. Les questions morales ne sont pas tranchées une fois pour toutes mais elles restent toujours ouvertes. Ainsi le Centre Sèvres a changé ma façon de faire la théologie.
Tite-Adélard Insoni, sj Afrique centrale
jésuites
France Shannon Pereira Proposer la spiritualité ignatienne aux jeunes
Shannon Pereira
L’
expérience d’avoir habité et travaillé trois ans en France m’a ouvert à une autre manière de penser et voir les choses. Cette expérience m’a permis d’avoir une vision extérieure et objective de mon pays. Je suis heureux de vivre cette expérience qui me donne des outils de travail et de compréhension du monde de chez moi. Mon orientation apostolique dans la Compagnie résonne avec le projet apostolique de ma Province de Goa : « fonder des communautés d’hommes imprégnés des valeurs du royaume de Dieu ». Mon séjour en France était marqué par ces valeurs chrétiennes que j’ai perçues implicites même dans la laïcité française. Je suis parti-
culièrement touché par les notions judéo-chrétiennes de la personne, de la liberté, de l’altérité, de la dignité humaine, de l’homme, de la responsabilité, etc. qui sont à la base de la société française, même si le christianisme y traverse une crise. Par contre, la société indienne étant fragmentée, divisée verticalement entre les riches et les pauvres et horizontalement entre les groupes ethniques et les castes, la dignité humaine risque d’être oubliée. Les discriminations donnent naissance à la loi du plus fort où les notions de personne et de liberté se traduisent en individualisme et en égoïsme chez certains privilégiés. Elles créent des manques ou des dépendances psychologiques et entraînent la corruption. Pour transformer cette situation où la dignité et la liberté humaine sont blessées, je réfléchis sur les apostolats –42–
des jésuites de France auprès de la jeunesse. Je remarque que les propositions faites s’inspirent de la spiritualité ignatienne. Les jeunes sont encouragés dès leur jeunesse à relire leurs vies à la lumière des Évangiles et à découvrir leur foi par la prière, la fréquentation de la Parole de Dieu, l’accompagnement et le discernement spirituel. Mon partage avec ces jeunes en France, m’a convaincu du rôle que la spiritualité ignatienne peut jouer dans la transformation de la logique sociale en Inde. Chez moi, la spiritualité ignatienne a un aspect élitiste réservé aux religieux, séminaristes, etc. Il faut encourager les jeunes à développer une relation avec le Christ en vue de s’engager dans le monde pour la justice, la paix et l’amour.
Shannon Pereira, sj Goa
Michal Karnawalski Rencontres humaines, rencontres chrétiennes
A
près trois ans d’étude de théologie en France, me voilà en Italie, pays du soleil, où je vais pouvoir approfondir mes connaissances d’Écriture Sainte. Je me réjouis de cette nouvelle mission ; toutefois une partie de mon cœur est restée en France. En effet, j’ai eu la chance pendant ces dernières années, non seulement d’accompagner une équipe CVX (Communauté de vie chrétienne) où j’ai beaucoup reçu, mais aussi de co-animer la messe à Fleury-Mérogis où j’ai pu côtoyer quelques prisonniers et faire tomber certains préjugés que j’avais à leur égard. Cela sans énoncer la très belle expérience fraternelle que j’ai vécue au Centre Sèvres. Les très fortes amitiés que j’ai pu bâtir avec des personnes de nationalités si différentes ont contribué à me faire découvrir une dimension internationale que je n’avais pas pleinement expérimentée dans mon pays, en Pologne.
Mes études de théologie m’ont fait découvrir deux théologiens qui ont été des piliers marquants de mon parcours dans la réflexion sur la foi et la religion : Karl Rahner et Christoph Theobald. Ils m’ont permis d’approfondir ma compréhension de l’action de Dieu dans chaque culture. Dans ce contexte, j’ai pu prendre une certaine distance vis-à-vis de ma propre culture à laquelle j’étais (et je demeure !) très attaché en plongeant dans la culture française et à travers mes autres frères jésuites venant des quatre coins du monde. D’autres expériences qui m’ont énormément marqué ont été liées à la découverte de l’importance de la culture culinaire française. J’ai expérimenté autour de la table non seulement la convivialité liée à tout partage, mais aussi et surtout une manière de vivre une expérience profondément chrétienne. Même si a priori la société française –43–
Michal Karnawalski
m’est apparue assez sécularisée, les rencontres autour de la table ont été non seulement des rencontres humaines, mais aussi des rencontres avec le Christ. Elles m’ont permis de voir que la société française de par la place si importante qu’elle leur accorde est demeurée intrinsèquement chrétienne. Je quitte donc la France avec plein de belles images dans les yeux et dans le cœur.
Michal Karnawalski, sj Pologne
Europe
jésuites
L’Apostolat de la prière
Une réunion européenne a relancé cette chaîne mondiale de prière au cœur du monde et au service de l’Église
L
es informations du matin vous plombent ? L’impuissance vous pèse ? Cette envie d’agir n’est pas nouvelle, c’est elle qui a fait naître l’Apostolat de la Prière (AP) en 1844 : de jeunes jésuites, futurs missionnaires, s’impatientaient devant la longueur de leurs études. Ils veulent partir, aider, tout de suite. On leur propose alors de s’engager, aussitôt, mais sur place, par la prière. L’idée les enthousiasme, très vite d’autres la reprennent, bientôt un véritable réseau de prière se tisse sur le monde. Le pape lui confie alors chaque mois la mission de prier pour de grands défis qu’il relève pour notre humanité. Aujourd’hui 40 millions de personnes prient avec Apostleship of prayer dans 71 pays du monde. Le secrétariat national de l’AP est historiquement situé
à Toulouse. Depuis trois ans, une vingtaine de collaborateurs bénévoles et trois permanents s’investissent pour recréer l’AP en France. Ce processus de recréation est désormais mondial à la demande du Père Général. Après l’Amérique Latine et l’Afrique c’était, fin Une partie de l’équipe AP France, avec (devant) septembre, au tour de les Pères Claudio Barriga, délégué du Père Général et Frédéric Fornos (au milieu) l’AP en Europe de se retrouver. Un temps de réflexion et de discerne- l’Église était particulièrement ment qui nous a conduits à contestée. Dans la dernière une dizaine de propositions. Congrégation Générale, il nous est demandé, comme jéEn voici quelques échos. suites, de « soutenir les efforts du pape pour créer un esprit n Au service de ‘communion’ » (CG35 D.1 de l’Église Ignace de Loyola et les pre- n°14) et d’aimer et faire aimer miers compagnons, pour ser- toujours davantage l’Église vir Jésus-Christ, se sont mis (cf. n°16). En ce sens l’AP, au service de l’Église univer- mission confiée à la Compaselle et du pape (Formule de gnie de Jésus par le pape del’Institut §3) à une époque où puis 1849, nous semble être –44–
un atout pour elle, « en fidélité au charisme de nos origines, dans le contexte ecclésial et culturel de ce millénaire » (Benoît XVI – Discours aux membres de la 35CG), d’une part pour signifier davantage son service de l’Église et de la « communion » avec tous les « styles ecclésiaux », d’autre part pour que la « spiritualité des Exercices » puisse rejoindre des milieux que ne rencontrent pas, ou difficilement, nos œuvres. n Les Exercices Spirituels pour tous Pour le Père Claude Flipo, jésuite, « il y a dans la démarche des Exercices et dans la reprise qu’en a faite l’Apostolat de la Prière pour l’adapter aux familles, paroisses, missions populaires, une intuition et une logique spirituelles qui sont bien propres à promouvoir la nouvelle évangélisation ». L’AP hérite d’un trésor qui est au centre de la vie chrétienne : une spiritualité centrée sur la révélation de l’amour de Dieu par le Cœur de Jésus, la réponse d’offrande de soi quotidienne par une vie eucharistique, la prière apostolique qui porte les intentions de l’Église exprimées par le pape. Cette démarche spirituelle très simple met les Exercices spirituels à la portée de chacun. Dans le
contexte actuel de l’Église, en particulier du monde paroissial, l’AP peut être un soutien de la vie spirituelle et accompagner un chemin de naissance. n La collaboration Nous avons senti l’enjeu de collaborer plus étroitement non seulement avec les diocèses mais aussi avec les œuvres de la Compagnie de Jésus. De plus le monde n’est plus la juxtaposition
La Rencontre Européenne de l’Apostolat de la Prière a eu lieu à Lourdes du 21 au 25 septembre 2011. Une quarantaine de participants, dont 23 directeurs nationaux de 15 pays européens et du Canada francophone.
le travail des secrétariats AP dans le monde. Ce qui nous a le plus marqué, comme orientation de notre mission, c’est la prière de louange de Jésus lui-même : « Je te bénis, Père, d’avoir caché ces choses aux sages et aux savants de ce monde et de l’avoir révélé aux tout petits » (Lc 10,21). C’est peutêtre, oui, les petits, les simples, nous disait Claude Flipo, par lesquels Dieu continue d’entrer en ce monde et auxquels la mission de l’AP est d’abord proposée.
L’équipe AP et Frédéric Fornos, sj, Directeur national de l’Apostolat de la Prière et coordinateur européen
www.apostolat-priere.org
de continents cloisonnés, mais un réseau en incessante communication. Avec les nouvelles technologies, il n’y a plus de frontières. À l’AP, nous avons tous les moyens nécessaires à la nouvelle culture numérique mais nous n’avons pas pris toute la mesure de ce tournant. Il nous faut penser sérieusement à une coordination mondiale du numérique pour faciliter –45–
L’accueil des directeurs nationaux européens de l’AP par le Père Jean-Yves Grenet
jésuites
Europe
Une communauté « européenne » à Bruxelles La communauté saint Benoît rassemble divers jésuites travaillant au service de l’Europe
Q
ui sont les jésuites envoyés à Bruxelles pour devenir membres de cette communauté ? D’une année à l’autre, la taille et la physionomie de celle-ci peuvent varier de manière importante. Tous, nous sommes toutefois engagés dans une ou plusieurs des œuvres européennes de la Compagnie situées à Bruxelles (Voir encadré). En juin 2011, ce sont dix membres issus de six pays européens - et sept Provinces qui la constituent : deux alle-
mands, dont un frère de 35 ans, deux espagnols, l’un de Castille, l’autre de Tarragone, deux français, deux irlandais, un britannique et un portugais. n Une vie bien rythmée La vie de la communauté est rythmée quotidiennement par une Eucharistie en fin de journée, suivie du souper [terme belge pour désigner le repas du soir]. Une fois par mois, nous nous retrouvons tous pour un
temps d’informations communautaires, une célébration eucharistique, un repas, et le plus souvent un temps de partage. Par exemple, au cours de l’année écoulée, nous avons échangé autour du discours prononcé par Jean-Paul II devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe lors de sa visite en octobre 1988, où il donnait sa vision pour l’Europe (quelques mois seulement avant la chute du Mur de Berlin). Une autre de nos rencontres cette année a eu pour thème notre manière
Communauté saint Benoît 2010-2011 : (de g. à dr.) Dermot O’Connor (Irlande), José Ignacio Garcia Jimenez (Castille), Hervé-Pierre Guillot (France), Frank Turner (Grande-Bretagne), Alberto D’Souza Texeira de Brito (Portugal), John Dardis (Irlande), Thorsten Philipp (Allemagne), Henri Madelin (France), Luis Miguel Muñoz Samaniego (Tarragone), Peter Knauer (Allemagne)
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La chapelle de la communauté donne sur le jardin
de vivre la différence culturelle entre nous au sein de la communauté. n Des différences culturelles La différence culturelle n’est pas un vain mot dans une telle communauté internationale, où les deux langues utilisées en permanence sont
l’anglais et le français. Les stéréotypes sont parfois contredits, comme le faisait remarquer l’un des membres espagnols, en soulignant que, chez nous, c’est un britannique qui mange le plus de fromage et un français qui boit le plus de thé ! Enfin, une fois par an, nous nous retrouvons deux jours durant pour une évaluation de l’année écoulée. n Ouverture à l’Est souhaitée La communauté saint Benoît, certes européenne mais « occidentale » seulement, espère une relève prochaine en provenance des pays et Provinces d’Europe Centrale et Orientale, encore trop peu représentés dans les œuvres européennes à Bruxelles. De
nouveaux compagnons issus de cette zone géographique apporteraient certes une diversité culturelle plus grande encore, mais nous aideraient aussi à dépasser nos schèmes d’analyse des questions européennes trop marqués par notre approche occidentale actuelle. Nous pourrions alors entrer dans une compréhension à la fois plus élargie et plus nuancée peutêtre des principaux défis qui se posent aujourd’hui en Europe. Nous pourrions aussi rendre un plus grand service à la Compagnie en Europe, d’une part, et à tous ceux pour lesquels et avec lesquels la Compagnie travaille et s’engage à l’échelle de notre continent aujourd’hui.
Hervé Pierre Guillot, sj
La CPE et les œuvres européennes de Bruxelles
La Conférence des Provinciaux Européens (CPE) regroupe les provinciaux et supérieurs régionaux d’Europe (Russie incluse) représentant environ 5500 jésuites. Le Président de la CPE est nommé par le Père Général. Sa mission consiste à promouvoir et coordonner la collaboration interprovinciale à l’échelle européenne. Il est assisté d’un socius et d’une consulte de cinq membres, qui se réunit plusieurs fois par an pour discuter des orientations stratégiques de la Compagnie en Europe. Un moment privilégié de rencontre et de discernement entre provinciaux est l’Assemblée Générale, chaque année dans un pays différent. Il existe aussi plus de vingt « Eurogroups » répartis selon des thématiques diversifiées et dans
lesquels se retrouvent des jésuites de toute l’Europe. La CPE est en charge de cinq œuvres à Bruxelles : • deux à vocation plus pastorale : le Foyer catholique européen et la Chapelle de la Résurrection ; • deux autres davantage orientées vers les institutions européennes : l’OCIPE (Office catholique d’information et d’initiative pour l’Europe) et JRSEurope (Jesuit Refugee Service) ; • la dernière à vocation éducative : les cours de religion catholique dans les Écoles européennes de Bruxelles. La CPE est enfin en charge de la maison interprovinciale du Troisième An (dernière étape de la formation jésuite) à Dublin.
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jésuites
Europe Des novices en visite à Rome Les novices français sont reçus par leurs compatriotes qui vivent et travaillent à Rome
Rettore e Novizi : (de g. à dr.) François-Xavier Dumortier, Gonzague et Benoît
R
ome, vue du noviciat, c’est Saint-Pierre, le Colisée, le Gesù, la Curie Généralice… et toute une rumeur qui traverse nos propos de tables. Mais pour nous en ce début de mois de juillet, c’étaient d’abord deux compagnons, François-Xavier Dumortier et Roland Meynet à l’invitation desquels nous répondions pour huit jours de vacances. n Saint-Pierre et la Curie Premier jour. Accompagné de Roland Meynet nous partons à la découverte du cœur de l’Église. Cœur physique tout d’abord en ce lieu sous Saint-Pierre humble et émouvant où repose le plus turbulent des Apôtres ; mais également cœur charnel quand, sur proposition de
Roland, nous frappons à la porte de la Curie Généralice et nous nous retrouvons à boire une pinte de bière en compagnie de Louis Boisset et d’Antoine Kerhuel, avant de les accompagner quelques jours plus tard à la plage à Ostie. Le prestige des fonctions n’étouffe pas la fraternité de nos compagnons romains. n Sur les traces d’Ignace Trois jours plus tard, au programme la visite de la Rome ignatienne avec FrançoisXavier. Nous attendons le « Rettore » devant son bureau très ministériel. Une de ses assistantes nous explique avec force superlatifs quelle chance « immensissima » nous avons d’avoir l’un des meilleurs guides de Rome. Démesure romaine ? –48–
Après un long itinéraire soigneusement étudié par François-Xavier, notre visite s’achève au Gesù, sommet du baroque disent certains, projet de démocratisation du salut disent d’autres, fourvoiement de la Compagnie dans la folie du faste romain, ai-je plutôt l’impression. Nous passons ensuite dans la chambre de saint Ignace attenante pour y célébrer Roland Meynet et Gonzague dans Saint-Pierre
l’Eucharistie. Et dans ce lieu voilà que nous nous trouvons unanimement transportés loin des fastes et des superlatifs romains et que peut resurgir le petit homme du Récit, chercheur humble et scrupuleux de Dieu.
Comme portés par cet esprit de simplicité, nous passons la soirée autour de pizzas, table improbable où de minimi novizi discutent avec le Rettore dit Magnifico.
L’esprit d’Ignace soufflerait-il encore ?
Benoît Ferré, sj et Gonzague Lalanne-Berdouticq, sj
Les maisons romaines
« Je vous serai propice à Rome » avait entendu saint Ignace dans une vision
L’Université Pontificale Grégorienne et (à dr.) l’Institut Biblique Pontifical
En 1534, les premiers compagnons firent, à Montmartre, le vœu de se rendre à Jérusalem ou de proposer leurs services au pape. La route de la Terre Sainte étant barrée en raison de la guerre entre Venise et la Turquie, ils se dirigèrent vers la Ville Éternelle. Peu avant d’arriver, Ignace eut une vision : Dieu semblait lui dire qu’il leur serait propice à Rome. Ignace l’a entendu comme une confirmation divine du chemin pris par les premiers compagnons. Quelques mois plus tard, le pape Paul III approuva la création de la Compagnie de Jésus et leur confia diverses missions. À ce jour, près de 440 jésuites, dont huit de la Province de France, travaillent dans les « maisons romaines », communautés internationales situées à Rome mais ne dépendant pas de la Province d’Italie. La plupart sert dans des œuvres confiées à la Compagnie par le Saint-Siège : des centres universitaires (3500 étudiants dont 20 % de laïcs issus de plus de 150 pays), la Radio Vatican et l’Observatoire astronomique du Vatican. Ces œuvres sont de remarquables instruments au service de l’Église et de la Compagnie universelles. Les autres « maisons romaines » sont des résidences propres à la Compagnie (la Curie Généralice et deux communautés d’étudiants jésuites : Gesù, Bellarmino) ainsi que des résidences accueillant des séminaristes étrangers non-jésuites. La dernière Congrégation Générale (2008) a réaffirmé que les maisons et œuvres communes de Rome étaient l’une des cinq préférences apostoliques de la Compagnie universelle. Elles constituent une « mission spéciale » puisqu’elles ont été reçues « directement du Saint Père ». Depuis lors, un nouvel élan s’y perçoit clairement. Claude Philippe, sj –49–
jésuites
Monde
Appel à l’écologie Le document de Promotio Iustitiae propose une analyse de la situation écologique et fait des recommandations pour toute la Compagnie
E
t si la Compagnie de Jésus « verdissait » peu à peu elle aussi ? Pour le moins, la question écologique mûrit au sein des jésuites comme en témoigne la lettre du Père Général « sur l’écologie », adressée le 16 septembre 2011 à toute la Compagnie. Le Père A. Nicolás nous y invite à prendre connaissance du rapport « Guérir un monde brisé » réalisé par le groupe de travail sur l’écologie qui a été mis en place à la suite de la 35e Congrégation Générale en 2008. Fruit d’un travail interdisciplinaire de plusieurs mois mêlant jésuites et collaborateurs laïcs du monde entier, ce document attendu depuis longtemps est à présent disponible en ligne, en français, anglais, espagnol et italien et mérite donc toute notre attention1.
n Une démarche simple S’il peut sembler d’un abord difficile, le document est en réalité construit sur un plan très simple reprenant les trois temps classiques de la doctrine sociale de l’Église « Voir – Juger – Agir ». Ainsi les premières pages intitulées « Survol » (pp. 9-12) annoncent clairement la démarche et permettent d’avoir un bon résumé de l’ensemble du document. L’introduction qui suit (pp. 13-14) retrace l’historique de ce dossier et les principales étapes de sa réalisation. n Voir (chapitres 2 et 3, pp. 15-29)
La première étape dresse un état des lieux de la question écologique, rappelant les résultats scientifiques alarmants et les difficultés actuelles à parvenir à des accords internationaux pour –50–
lutter contre le réchauffement. Cette « impasse » dans laquelle nous sommes engagés vient « mettre au défi notre foi » (§15, p. 19) de même qu’elle met en péril nos modes de vie. Par ailleurs, la crise écologique affecte les plus pauvres qui sont aussi les plus vulnérables : « Ils vivent dans des contextes fragilisés, caractérisés principalement par les désastres naturels, le changement des conditions climatiques, la pollution, la déforestation, la désertification et l’épuisement des sols » (§16, p. 20). Un panorama par grandes régions mondiales permet
ensuite de sentir que tous les continents ne sont pas touchés de la même manière et de cerner les principaux défis régionaux. n Juger (chapitre 4, pp. 30-43)
Initiée au début des années 90, la prise de conscience écologique touche aujourd’hui le corps entier en apparaissant au cœur du décret 3 sur la mission jésuite de la 35e Congrégation Générale2 qui « a incorporé le thème de l’écologie sous celui plus large de la ‘réconciliation’ et ce sous ses trois dimensions : réconciliation avec
donc notre mission jésuite dans le contexte de la crise écologique en reprenant les axes traditionnels du service de la foi (chapitre 4.2, pp. 33-36), de la promotion de la justice (chapitre 4.3, pp. 3640) et du dialogue avec les autres cultures (chapitre 4.4, pp. 40-43). n Agir (chapitres 5 et 6, pp. 44-56)
Le troisième temps commence par des principes d’actions suivis de huit recommandations pour nos institutions touchant à la fois au travail intellectuel, à la formation, aux œuvres apos-
invitée à choisir des objectifs précis tels que « les sources d’énergie et leur caractère durable pour l’Europe » (§87, p. 52). Enfin, le document se termine par un examen des aspects très concrets de la vie quotidienne (nourriture, appareils ménagers, produits de nettoyage…) auquel on pourra se reporter directement pour une réflexion communautaire (chapitre 6, pp. 54-56). À titre d’exemple, il est proposé aux communautés possédant un espace extérieur « de faire pousser leurs légumes » (p. 55) ! Même si l’on peut regretter de nombreuses fautes de traduction, « Guérir un monde brisé » constitue un outil précieux, offrant une synthèse des enjeux spirituels face aux défis environnementaux et ouvrant sur des pistes d’action. Nul doute que la publication de ce document marque une étape importante dans la prise de conscience écologique de la Compagnie, et plus largement de l’Église ; il est d’ailleurs déjà utilisé par d’autres Congrégations.
Sébastien Carcelle, sj
Potirons récoltés en octobre 2011 dans le jardin de la communauté rue Blomet (Paris XV e)
Dieu, avec les autres et avec la Création » (§37, pp. 31-32). La deuxième étape repense
toliques et aux modes de vie (chapitre 5, pp. 44-53). Ainsi chaque région mondiale est –51–
1. http://issuu.com/sjssj/docs/ guerir_un_mond_brise 2. 35e Congrégation Générale, 2008, Décret 3 : Défis pour notre mission aujourd’hui. Envoyés aux frontières.
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Monde
Un conseiller spécial au BIT Depuis 2008, Pierre Martinot-Lagarde travaille au Bureau International du Travail (BIT) à Genève
L
e 1er avril 2008, je quitte le CERAS pour le Bureau International du Travail (BIT). Le changement est moins brusque qu’il n’y paraît. Pourtant, dès l’arrivée un apprentissage s’impose. Le BIT a son langage - « le travail décent » -, ses habitudes. J’y découvre une connivence avec le langage de la doctrine sociale de l’Église, respect des droits des travailleurs, promotion de l’emploi, dialogue social. Le BIT est une agence spécialisée du système des Nations Unies présente dans 63 pays. Je fais partie d’une équipe chargée des relations extérieures qui travaille avec le Directeur Général. n Un organisme en bonne entente avec l’Église Au BIT, la présence d’un jésuite ne va pas de soi. Depuis 1926, nous nous y sommes succédés. Dans cette fonction,
les liens de bonne entente avec le Saint-Siège sont essentiels. Les encycliques sociales le révèlent. Le BIT, avec la FAO, est l’agence la plus souvent citée favorablement. Pie XII reçoit en audience son conseil d’administration. Paul VI y vient en 1969, et Jean Paul II le fait ensuite. Plus largement, la tâche du jésuite est d’entretenir des liens avec d’autres groupes religieux. À mon arrivée, le DG Juan Somavia insiste : « Pierre, vous devez travailler avec toutes les confessions religieuses ». Mes prédécesseurs avaient ouvert la voie. Dominique Peccoud avec une table ronde interconfessionnelle à Genève. Louis Christiaens en publiant les textes sur le travail venant du mouvement œcuménique. Pour moi, le chantier est nouveau. n Plusieurs étapes Rétrospectivement, je vois aujourd’hui trois étapes dans –52–
Entrée du BIT à Genève
cet investissement : une de repérage, une seconde de mise en place et une troisième d’expérimentation. Le repérage a plusieurs dimensions. D’un côté, identifier des textes de réflexion d’éthique sociale ou des auteurs : dans les univers musulman, juif, bouddhiste ou chez les chrétiens. Les premières bibliographies sont des ébauches, tant le sujet est vaste. D’un autre, repérer les méthodes et les ambitions des différentes branches du système des Nations Unies dans leurs relations avec les groupes religieux. Le dernier repérage, enfin, concernait les acteurs religieux euxmêmes. La deuxième phase est constructive. Je mets en place une méthode et des partenariats. Les amitiés fidèles sont essentielles. Martin, pasteur luthérien au Conseil Œcuménique des Églises (COE), Morten, norvégien qui
plate-forme interreligieuse pour soutenir le travail décent est créée.
travaille avec le DG, Babacar, ambassadeur de la Conférence islamique. Ensemble, nous tâtonnons et commençons à mettre en place des rencontres interreligieuses sur le travail. Une première expérience est tentée à Dakar avec l’appui de l’équipe de Denis Maugenest, au CERAP, centre jésuite d’Abidjan. C’est un succès, les contributions, notamment musulmanes, offrent de nouvelles perspectives sur le sens du travail. Nous pouvons poursuivre. n Plate-forme interreligieuse Début 2011, le DG décide de nous allouer une somme significative. À Genève, le COE accueille une première rencontre d’experts, au mois d’avril. En juillet, c’est au tour du Chili, les vieilles amitiés entre catholiques et évangéliques remontant à la dictature nourrissent les échanges. Fernando Verdugo et Tony Misratti, jésuites de l’université Alberto Hurtado soutiennent l’activité. Une
Sur la question du travail, des convergences apparaissent. Dans un contexte économique fortement marqué par une nouvelle « marchandisation » du travail, les traditions religieuses chrétienne, musulmane, bouddhiste, et juive insistent sur la dignité de l’homme au travail, l’im-
n Eurojess à Genève Au final, beaucoup de petits pas et une fraternité forte. Celle de jésuites de différentes Provinces est importante. J’étais heureux de pouvoir accueillir quarante jésuites et leurs collaborateurs travaillant dans les centres de réflexion sociale européens (Eurojess) pour réfléchir ensemble aux enjeux de la gouvernance mondiale. Après un échange sur la dimension sociale de la crise,
Rencontre interreligieuse sur le ‘travail décent’ à Santiago (Chili), juillet 2011
portance de la solidarité et l’engagement pour la justice, chacune avec des accents propres. Bientôt, un petit manuel reprendra ces points essentiels qui seront discutés à Addis-Abeba puis à Dakar avant la fin de l’année.
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les collègues du BIT qui y participaient m’ont demandé si nous pourrions renouveler l’échange, dans un an ou deux. Pourquoi pas, à voir.
Pierre Martinot-Lagarde, sj Conseiller spécial au BIT pour les affaires socio-religieuses
jésuites
Monde
Jeunes volontaires internationaux Les Jeunes volontaires internationaux (JVI) âgés de 25 à 35 ans sont envoyés aux quatre coins du monde dans des institutions sociales, éducatives, pastorales de la Compagnie de Jésus
O
n peut s’interroger aujourd’hui sur cette forme d’aide. N’est-elle pas une forme d’assistanat qui empêche les autochtones de prendre leur place et d’assumer leur rôle dans la société ? Aussi fautil bien étudier les demandes et n’y répondre que lorsque l’on a l’assurance que le voClaire à la ludothèque de Manitos abiertos à Piura (Pérou)
lontaire remplit une fonction qui apportera une contribution spécifique et servira de relais à l’emploi d’un national. Ainsi, Patrick architecte part en Équateur travailler à la conception d’un nouveau type de maison populaire pour Hogar de Christo. Gaëtan à Port au Prince aide le personnel de reconstruction dans l’acquisition de méthodes organisationnelles ainsi que dans la formation à
l’informatique des étudiants. On pourrait multiplier les cas où le volontaire exerce une tâche de formation qui a son importance. Certes tous les volontaires ne sont pas des professionnels chevronnés, de plus ils ne sont que de passage. Si cela est une limite, elle est souvent compensée par la proximité relationnelle que le volontaire entretient avec son entourage du fait de son âge, de la gratuité dont
À Cartagena, en Colombie témoigne sa présence, enfin par la liberté que lui donne son statut de volontaire. Une réserve cependant : la venue d’un volontaire peut ne pas apporter de valeur ajoutée au travail de l’œuvre et sa présence avoir néanmoins son importance en raison de l’ouverture qu’elle opère dans un contexte relationnel limité par manque d’échanges inter-culturels. n Richesses humaines et spirituelles Quant au volontaire ces périodes de quatre, six mois et surtout de un à deux ans représentent un véritable défi. Défi qu’il se pose à luimême ; défi qu’il pose à son entourage familial, amical, professionnel. Il est ressenti souvent par le volontaire comme par son entourage comme une provocation, une contestation d’un mode de vie occidental. Pourtant si le volontaire se sent habité d’un grand désir, mû par une force intérieure, il se sent au départ et plus encore par la suite vulnérable et fragile. Le volontariat est la plupart du temps vécu comme un temps de grandes richesses humaines et spirituelles, glanées, reçues, acquises souvent au travers de doutes et d’épreuves.
« J’en suis à mon troisième mois sur quatre. Bien que vivant dans une famille, il m’aura fallu deux semaines pour appréhender la pauvreté du quotidien, un mois pour voir les inégalités du rôle homme/femme, et deux mois et demi pour prendre conscience qu’il y avait beaucoup de consommateurs de drogue au village… Plus que tout, ce volontariat m’aura montré que l’important, ce sont les liens que l’on tisse avec les gens. Sans ces liens, j’aurais plongé vers la solitude, le mépris, et un gaspillage d’énergie pour vouloir aider sans connaître. Comme disait saint Paul, « si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » ! Avant de venir, je me voyais malgré moi sauvant tout le monde comme Superman. Aujourd’hui, je ne sais pas si les fruits de mon volontariat seront nombreux, Superman est loin derrière moi ! Mais les amitiés nouées sont sûrement une meilleure terre qu’une aide lancée aux quatre vents. Quel doux service que celui du Volontaire ! » Cyril
Cyril, enseignant dans un petit village de la côte colombienne
n Double finalité de JVI Pour illustrer ces propos vous trouverez ci-après quelques insertions de volontaires et leurs témoignages. Ces cas, parmi bien d’autres, manifestent la double finalité du volontariat et de JVI : • répondre au désir de jeunes français de mettre leur
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formation, leur fraîche compétence, leur générosité au service d’œuvres et de personnes démunies de moyens, • répondre à l’appel de compagnons jésuites responsables d’œuvres éducatives, sociales, pastorales.
Olivier de Fontmagne, sj Responsable des JVI
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À Cali, en Colombie remarquable. Mais il est impossible de s’organiser à l’avance en raison du non respect des échéances fixées et des engagements non respectés. Avec la fatigue cela devient stressant, difficile à accepter et à vivre ». Depuis l’arrivée de Gabrielle la présence des habitants du « bario popular » aux activités du Centre est passée de 50 personnes à 250, la présence des élèves, faible jusqu’alors, a augmenté dans la même proportion et la violence dans le quartier a diminué considérablement. Gabrielle, chargée d’éducation artistique et culturelle à Cali
Gabrielle est volontaire, à Cali, au Centre culturel d’un collège Fe y Alegría (œuvre fondée par un jésuite, qui scolarise un million et demi d’élèves en Amérique Latine). Le Centre culturel propose deux types de programmes : académiques et artistiques. Il offre un espace et des activités qui permettent d’occuper le temps libre des enfants et leur donne la possibilité de s’épanouir et de grandir à travers l’art. « Je donne les cours de musique tous les mercredis et, avec le professeur de danse, les cours de théâtre le jeudi. Je coordonne également un projet artistique pour un spectacle qui sera présenté à l’occasion des 40 ans de Fe y Alegría en Colombie. L’action positive des activités du Centre culturel dans la vie des enfants et des jeunes est indéniable et c’est un immense plaisir que de voir les enfants changer, prendre de l’assurance, s’épanouir, s’amuser et partager leur joie lors des présentations qui sont d’une qualité
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Gabrielle confectionnant une robe pour le festival Fe y Alegría
À Tacna, au sud du Pérou « Que suis-je venu faire ici ? Jusqu’où dois-je m’engager ? Des questions auxquelles je répondais facilement avant le départ mais qui devenaient, sur place et loin des miens, bien plus inquiétantes et floues. Une vie remplie de désolations et de consolations, de bons jours et de mauvais jours, de très grands moments d’émotion et de longues heures à lutter contre le désespoir de ne pas
y arriver. Ma première année est remplie de cette alternance entre joie et confiance, et tristesse et désespoir. Mais tout cela était avant, avant les vacances, avant les Exercices ignatiens et avant que j’écrive cela. Dieu seul sait ce qui va advenir, mais cette année passée m’a permis de me recentrer sur l’essentiel de ce que je cherche, de ce que je veux, de ce que l’on me demande.
La maturité de la première année, qu’elle soit professionnelle, personnelle ou spirituelle, me permet d’entamer cette nouvelle année avec un regard tout tourné vers Dieu, une mission toute offerte à lui. ‘Amar y servir’, voilà ce à quoi je suis appelé, et à quoi je réponds avec joie, confiance et envie en cette rentrée scolaire. » Denis
Au retour d’une année de JVI au Togo « Une profonde envie “professionnelle” d’être plus utile me poussait à faire ce volontariat. Mon métier me plaisait. Mais j’avais en moi l’impression de pouvoir donner autre chose. Cela me poussa à franchir ce fameux “cap”. Certain me disait que c’était courageux… mais est-ce un vrai risque de suivre nos besoins intérieurs, ceux qui nous permettent d’avancer ! Au début, mon engouement me permit de franchir la distance, le nouveau milieu, le travail… ce ne fut pas simple mais j’étais en toute confiance. Par la suite j’ai eu affaire à des coups durs, notamment dans le travail. Je crois que durant cette période je me sentais vraiment seul. Mais il fallait surtout que j’accepte le rythme local. Je désirais au plus profond de moi, être le plus utile possible, mais je me rendis compte que l’on ne me demandait pas d’en faire autant. Par la suite j’ai travaillé en étant au plus près des objectifs du centre. Je crois que c’est durant cette période de solitude que je me suis un peu plus approché de ma foi, j’étais plus réceptif, car plus fragile et cela m’a permis de continuer. À ce moment-là je crois m’être posé pas mal de questions, une sorte de bilan sur moi, ma foi, mon avenir dans le travail, des questions existentielles ! Depuis mon retour, j’avoue être un peu perdu. En tout cas, je ressens réellement ce besoin de communiquer et surtout d’apprendre et de donner. La confiance que je porte en moi est fragile, les doutes sont bien présents mais ma motivation et ce goût du don de soi me poussent à continuer. J’espère trouver les réponses en vue de mes choix futurs et y apporter un bon discernement. » Xabi Camino
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Les JVI sont présents aux Caraïbes, en Amérique Latine, Proche Orient, Afrique, Asie. Ils sont animateurs, pédagogues, enseignants, ingénieurs, gestionnaires de projet, biologiste, architecte, informaticien, sage femme, chargé de communication,... La Fondation de Montcheuil soutient les JVI en finançant des indemnités mensuelles à des volontaires. Cette année encore elle a décidé de les aider dans la mesure de ses moyens : soutenez son action - cf. p 64 (indiquez au dos de votre chèque « article JVI – Jésuites HS 2012 »). Leur site : www.jeunesvolontaires internationaux.com
jésuites
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Les jésuites à Taïwan Entre Taïwan, Macao, Hong Kong et le « continent » se dessine un espace de circulation pour la formation et la recherche
Yves Nalet baptisant dans sa paroisse de montagne
L
a Province de Chine, un petit groupe de prêtres et de frères dont la grande majorité a dépassé « l’âge de la retraite » dans le civil, continue à inscrire sur cet espace une trace commencée par saint François Xavier, les jésuites portugais de Macao et Matteo Ricci à Pékin.
n La faculté de théologie de Fujen L’institution qui compte le plus dans la Province est la faculté de théologie en bordure de l’Université catholique Fujen à Taïpei. C’est là que sont formés les jésuites destinés à travailler dans la Province. Les Provinces de Corée et du Vietnam y envoient aussi certains de leurs jeunes jésuites. Sous la res–58–
ponsabilité de la Compagnie de Jésus y enseignent différents ordres religieux et des prêtres séculiers. La possibilité d’y former depuis deux ans des religieuses et des séminaristes venus de l’autre côté du détroit de Taïwan indique que cet espace chinois n’est pas l’agrégat de quatre entités : « le continent », Macao, Taïwan, et Hong-Kong. C’est un espace dans lequel on circule. Des séminaristes du continent chinois viennent étudier la théologie à Taïwan, deux jésuites français enseignent la philosophie dans deux Universités à Canton et Shanghai. Un jésuite suisse a fondé avec des universitaires chinois un Centre pour l’éthique des affaires dans la capitale. n Des initiatives récentes renouent avec la tradition Un groupe d’universités jésuites américaines propose à leurs étudiants une formation à la Chine en Chine. Pékin
accueille ce centre dont la mission est de rapprocher futurs ingénieurs et gestionnaires des réalités du pays avec lequel un jour ou l’autre ils seront en contact. La mémoire du Shanghaïen Xu Guang-qi, disciple et ami de Ricci, a été encore évoquée avec l’ouverture à l’Université Fudan de « L’Institut pour le Dialogue Xu-Ricci », inauguré le jour du 400ème anniversaire de la mort de Matteo Ricci. n Enseignement et recherche La Compagnie à Macao, Hong-Kong et Taïwan est directement ou indirectement impliquée dans la gestion de quatre collèges et lycées. Un projet d’Université jésuite réunissant d’autres universités de par le monde pourrait voir prochainement le jour à Hong-Kong. Ces institutions d’enseignement ou de recherche comme les Instituts Ricci de Macao et de Taïpei doivent faire preuve de souplesse et de créativité pour continuer à offrir une plate-forme qui réunit des laïcs de tous horizons qui tiennent beaucoup à la « marque jésuite » alors que leurs effectifs se raréfient. Seulement huit jésuites français sont présents sur le continent chinois, à Macao, Hong-Kong ou encore
Taïwan. Ils apprennent à travailler davantage avec des laïcs et à lancer des initiatives dont le fruit n’est plus leur seul apanage, qu’il s’agisse de publications comme Renlai (Institut Ricci de Taïpei) de Chinese Cross Currents (Institut Ricci de Macao) ou encore des productions du studio de télévision Kuangchi Program Service de Taïpei. n Des paroisses Les ministères traditionnels ne sont pas délaissés. Nous avons la responsabilité de deux grosses paroisses urbaines à Taïpei et d’un district pastoral en zone aborigène dans les montagnes à l’entour de Hsinchu (environ 500 000 sur une population de 23 millions de taïwanais). Cette présence aux deux extrêmes du spectre social marque la volonté de la Compagnie de rester au travail dans le tissu ordinaire de l’Église de l’île. Yves Nalet,
quand il ne participe pas aux conseils d’administration de deux centres sociaux à Hsinchu ou à Taïpei, sert une paroisse de montagne très étendue. La population des migrants à Hong-Kong, Macao et Taïwan nous met en contact avec une Asie du sud-est moins avancée dans la voie du développement. Le centre social de Taïpei est souvent un recours pour ces « petites mains » de la croissance économique souvent privées de leurs droits. La Province de Chine peut sembler une mosaïque composée de reliefs du passé, mais le défi de transformer nos institutions pour les rendre viables, le désir de trouver des moyens nouveaux pour dire la Bonne Nouvelle peut nous garder humbles et ouverts aux attentes de ce monde.
Jacques Duraud, sj
Femme aborigène de Taïwan
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jésuites Jésuites défunts Octobre 2009 – Septembre 2011
Nous te rendons grâce, Père très saint, pour ceux qui sont partis. Ceux-là mêmes qui nous ont quittés sont aujourd’hui ceux qui nous rassemblent.
- P. Philippe Akermann, né à Paris en 1914. Grand voyageur de par le monde, créateur notamment d’ateliers de poterie et de tissage pour les jeunes dans le village de Garagos en Haute-Égypte. - F. Charles Amoros, né à Oran (Algérie) en 1916. Cuisinier à Paray-le-Monial puis à St-Hugues de Biviers, son activité se déploya dans son atelier toutes spécialités et auprès des jeunes du village. - P. Guy Archambeaud, né à Bordeaux en 1925. 64 ans d’activité apostolique en Inde spécialement dans la formation catéchétique. - P. Marcel Baille, né à Philippeville (Algérie) en 1914. En Avignon, d’abord professeur de sciences pendant 26 ans, il consacra ensuite ses forces aux immigrés, notamment laotiens. - P. René-Claude Baud, né à Pontarlier (Doubs) en 1933. D’abord aumônier de jeunes à Lyon, il devint aide-soignant et mena un travail de formation à l’accompagnement en milieu médical. - P. René Bernard, né à Chamalières (Puy de Dôme) en 1924. Aumônier à la fois des Gitans et du Mouvement MCC, et aussi parfois supérieur, en Avignon, à Paris et à Pau. - P. Jacques Bertoye, né à Vienne (Isère) en 1923. De santé fragile, et accaparé par des soucis familiaux, il fut professeur d’anglais en collège et ministre de communauté. - P. Fernand Biolley, né à Sciez (Haute-Savoie) en 1921. Aumônier et recteur d’Avignon, il remplit des ministères divers à Dijon et à Lyon, et fut aumônier de clinique à Bourgoin-Jallieu. –60–
- P. Pierre Blet, né à Thaon (Calvados) en 1918. Historien, il enseigna toute sa vie à la Grégorienne de Rome et étudia surtout les relations du Saint-Siège (notamment Pie XII) avec les États. - P. Émile Blin, né à Pire-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) en 1917. Aux Missions de l’Intérieur (CPMI) d’abord, il accompagna à Nantes, Penboc’h, Paris, beaucoup de groupes, de religieuses et autres. - P. Joseph Boutry, né à Lille en 1920. À Mulhouse pendant 24 ans, il fut responsable d’un Foyer d’accompagnement scolaire ; puis il fut ministre de la communauté de Reims. - P. Christian Brandt, né à Amsterdam en 1929. D’abord professeur d’allemand, il se consacra ensuite au ministère paroissial, notamment au Pont-du-Gard. - P. Jacques Buisson, né à Grandvilliers (Oise) en 1928. Parisien depuis l’enfance, il fut chapelain de l’église Saint-Ignace (rue de Sèvres) et infatigable accompagnateur spirituel en retraite ou dans la vie. - P. Gonzague Callies, né à Cran-Gevrier (Haute-Savoie) en 1926. Il travailla 20 ans au CERAS (Action Populaire) et 10 ans au Centre culturel des Fontaines à Chantilly. - P. Jean-Yves Calvez, né à Saint-Brieuc en 1927. Spécialiste de la doctrine sociale de l’Église, pilier du CERAS, il fut provincial de France et, pendant 13 ans, conseiller du Père Général Pedro Arrupe. - P. Jacques Cambier, né à Lens en 1926. Professeur de Lettres au collège de Metz, une santé fragile lui imposa une activité réduite à Boulogne, Cormontreuil et Lille. - P. Raymond Chomienne, né à Lyon en 1923. Aumônier et préfet dans les collèges de Saint-Étienne et de Lyon, il donna ensuite les Exercices à Grenoble et Marseille. - P. Yves de Colnet, né à Sains-en-Amiénois (Somme) en 1925. Socius du provincial, supérieur à Chantilly, Mouvaux, Reims, Saint-Étienne, Chantilly, Nancy, Paris/ Beudant, et Lille/Stations. - P. Jean Ducruet, né à Bourg-en-Bresse en 1922. 50 ans à Beyrouth, il fut professeur d’économie, chancelier puis recteur de l’Université St-Joseph, conseiller national pour les questions éthiques. - P. Augustin Dupré La Tour, né à Colmar en 1921. Professeur de théologie à l’Université St-Joseph de Beyrouth et participant actif du dialogue islamo-chrétien. - P. Pierre Faure, né à Vichy en 1924. Médecin et arabisant, il fut à N’Djamena Vicaire général de l’évêque, puis à Abidjan collabora à l’INADES. - P. Jacques Fournier, né à Valence en 1932. Après 6 ans au Tchad, il dut revenir en France pour raison de santé : à Saint-Étienne puis à Lyon, il sera documentaliste et aumônier ; et ministre. - P. Jean Fournier, né à Aurillac en 1916. Dans la mouvance du Renouveau charismatique, il a animé avec grand succès à Toulouse ses « Écoles de prière ». - F. Louis Garitaonandia, né à Bilbao en 1914. En France depuis son noviciat, il a été infirmier notamment au noviciat de Laval et à la maison des pères et frères âgés de la Chauderaie. –61–
jésuites - P. Roger Grenier, né à Saint-Étienne en 1915. Depuis diverses communautés du Sud-est, il se consacra aux retraites, récollections, prédications, conférences… - P. Pierre Hennion, né à La Madeleine (Nord) en 1919. Préfet de collège à Amiens, Lille, Metz, et Le Mans, il fut ensuite chargé de la gestion matérielle pour plusieurs maisons de la Province. - P. François Herzog, né à Malo-les-Bains (Nord) en 1922. Il fut toute sa vie professeur et accompagnateur de jeunes à Metz, Reims, Cormontreuil, Mulhouse, et dans le MEJ. - P. Pierre Lauzeral, né à Salvagnac (Tarn) en 1922. Toute sa vie apostolique s’est déroulée autour du Centre spirituel N-D-des-Coteaux à Toulouse. - P. Jean Lefeuvre, né à Chemiré-le-Gaudin (Sarthe) en 1922. Parti en Chine en 1947, spécialiste du chinois ancien, il travailla au dictionnaire Ricci, et soutint les communautés catholiques de Taïwan. - P. Bernard Leurent, né à Tourcoing en 1921. À Madagascar, il fut professeur au grand séminaire, puis aumônier d’hôpital et de maternité, avant de rentrer en France pour raison de santé. - P. Émile Lévecq, né à Hecq (Nord) en 1927. Aumônier du MEJ et pendant 25 ans à Aix il s’occupa de formation catéchétique et de la mise en page de la revue Garrigues. - P. André Lucet, né à Rouen en 1919. Aumônier de collège au Mans, Vannes et Paris, après 3 ans de sanatorium, il eut des ministères variés à Rouen, Évreux et Boulogne-sur-Mer. - P. Antoine Malescours, né à St-Pal-de-Mons (Haute-Loire) en 1927. Aumônier d’étudiants à Toulouse, puis responsable du Camp de Barèges, N-D-des-Coteaux, La Baume et Montpellier. - P. Henry Marsille, né à Pleucadeuc (Morbihan) en 1910. Professeur de lettres au collège, aussi érudit en sciences qu’en littérature, pilier “perpétuel” de la Société Polymatique de Vannes. - P. André Martin, né à Nancy en 1914. Soixante ans d’activités apostoliques au Tchad, comme vicaire et curé de paroisse, et comme supérieur de communauté. - P. Jean Martingay, né à Genève en 1923. Il fut père spirituel des élèves du collège d’Avignon pendant près de 40 ans. - P. Luc Miller, né à Médéa (Algérie) en 1909. Pendant sa longue vie, il travailla successivement dans presque toutes les communautés de l’ancienne Province de Lyon. - P. Jean Minéry, né à Guebwiller (Haut-Rhin) en 1911. Aumônier à la 2ème D.B. du général Leclerc, il passera plus de 50 ans à Strasbourg surtout dans le milieu médical. –62–
- P. René Mornet, né à Paris en 1922. Vicaire de paroisse à Paris, il se consacra surtout à l’accompagnement spirituel et au sacrement de la réconciliation. - P. Jean Nicod, né à Lausanne en 1913. En Suisse, son pays, il lance le centre culturel « Socrate », puis fonde la revue Choisir, et découvrant le PRH en devient l’ardent promoteur. - P. Jean Pasteur, né à Saint-Étienne en 1919. De santé très fragile, il fut aumônier à Avignon, vicaire paroissial et “operarius” dans plusieurs communautés avant de venir à La Chauderaie. - P. Albert Poulet-Mathis, né à Strasbourg en 1927. Aumônier d’étudiants à Taipei (Taïwan), il se consacra particulièrement au dialogue œcuménique et surtout interreligieux. - P. Jean Sainclair, né à Lyon en 1915. Homme de collège à Dôle, Lyon, Versailles, Saint-Étienne : préfet, directeur, responsable du CEP… Il fut aussi Vice-provincial. - P. Raymond Saint-Jean, né à Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques) en 1929. Professeur de philosophie et de théologie au grand séminaire de Madagascar pendant 40 ans. - P. Louis Sans, né à Sarrebourg (Moselle) en 1921. Enseignant pratiquement toute sa vie au Collège de la Sainte-Famille au Caire, il œuvra au rayonnement de la langue française. - P. Henri Sanson, né à Seiches (Maine-et-Loire) en 1917. Algérien de cœur depuis l’enfance (1923) il a vécu de près toute l’histoire agitée de son pays d’adoption. - P. Vincent Santuc, né à Maylis (Landes) en 1936. 40 ans de travail au Pérou pour la formation du monde paysan dans la région de Piura, et pour le développement de l’université jésuite de Lima. - P. Louis Sintas, né à Puyoo (Pyrénées-Atlantiques) en 1932. Activités multiples : aumônier d’étudiants, provincial, directeur de revue Source de Vie, ré-animateur de l’Apostolat de la Prière. - P. Alain de Survilliers, né à Bergerac en 1936. Aumônier d’étudiants puis, pendant 27 ans, travailleur social à Poitiers. - P. Roland Thoreau, né à Laval en 1916. 55 ans d’activités apostoliques à Madagascar en collège, séminaire, paroisse, maison de retraite, comme supérieur et même vicaire général de l’évêque. - P. Armand Vachoux, né à La Frasse (Haute-Savoie) en 1925. Aumônier dans les collèges de Saint-Étienne, Marseille, Lyon, il fut ensuite au Centre spirituel du Châtelard, et à La Chauderaie. - P. Louis de Vaucelles, né à Neuilly en 1932. Chroniqueur religieux à la revue Études, et professeur de sciences sociales à la Catho de Paris puis à l’Université de Yaoundé. - P. Bernard de Vregille, né à Besançon en 1915. Pendant 60 ans en région lyonnaise (Fourvière, rue Sala, La Chauderaie), il fut bibliothécaire et chercheur pour les « Sources Chrétiennes ». - P. Patrick Wey, né à Strasbourg en 1959. Chargé de l’animation spirituelle au collège de Bordeaux, atteint de la maladie de Charcot, il fut nommé à Nancy où il se consacra surtout à la CVX. –63–
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