4 minute read
CHE-MAIN DE VIE
Che-main de vie est une rubrique qui vise à découvrir, au travers d’un chef d’entreprise, les personnes qui ont influencé ou marqué sa vie professionnelle.
Fille du cofondateur de Laurastar, Julie Monney dirige l’entreprise familiale avec son frère, Michaël, depuis 2019. Basée à Châtel-St-Denis, la société emploie 293 personnes et est représentée dans plus de 50 pays. Passionnée de marketing, d’innovation et de design, cette maman de trois enfants se bat pour que les femmes n’abandonnent pas leur carrière au moment de la maternité.
Advertisement
«Réussir deux carrières, c’est possible!»
Cofondatrice de Laurastar, ancienne responsable RH et du service clients dans l’entreprise familiale, Anne Monney a très vite été un exemple pour sa fille Julie. «Elle a toujours travaillé tout en étant une maman exceptionnelle. Elle est l’image de la femme qui a mené de front sa carrière professionnelle, sa vie privée et son rôle de mère. Cela m’a beaucoup encouragé lorsque je suis devenue maman. Actuellement, trop de femmes n’ont pas encore la possibilité d’avoir des enfants et de poursuivre leur carrière. Je me bats pour que cela change.» Julie Monney plaide donc pour une transformation profonde de notre société. «Les entreprises doivent favoriser le rôle de mère, mais aussi de père. Chez Laurastar, nous avons beaucoup de papas qui travaillent à temps partiel. Cela leur permet de s’investir davantage dans la vie familiale et le partage des tâches domestiques et, pour les mères, de poursuivre leur vie professionnelle, même à temps partiel. De manière générale, il faut changer l’éducation des femmes. Celles-ci ne doivent pas lâcher complètement le monde professionnel au moment où elles deviennent mères, histoire de se donner une chance de reprendre leur carrière.»
Julie « Il a fait de moi l’entrepreneuse que je suis » « J’ai la chance d’avoir grandi aux côtés d’un grand entrepreneur qui a dix millions d’idées à la seconde. D’avoir vu son courage, sa détermination, les risques pris constamment, cette passion… tout cela m’a motivée à devenir l’entrepreneuse que je suis et que je n’étais pas destinée à devenir. » Alors qu’il travaille avec la designer italienne Laura Biagiotti, Jean Monney découvre, dans une foire de Milan, le premier système de repassage tout-enun pour la maison. Il rachète les brevets et cofonde, en 1980, Laurastar. « J’ai grandi avec cette entreprise, mais je n’ai jamais été élevée dans l’optique de la diriger un jour. Au contraire, mon papa nous a toujours encouragés à vivre nos expériences, à tracer notre propre chemin. Je motive mes trois enfants à vivre leurs passions. Je ne crois pas aux qualités acquises à la naissance qui déterminent notre avenir. Chacun peut devenir ce qu’il veut, mais il faut travailler dur pour cela. Je leur dis aussi de ne pas avoir peur de l’échec. » Retiré de l’opérationnel, Jean Monney préside le Conseil d’administration de l’entreprise familiale. « Nous sommes très proches. Lorsque je vais à un meeting d’innovation, c’est à lui que je téléphone en premier pour échanger. C’est un visionnaire. Nous avons tous les deux cette faculté de nous projeter dans l’avenir et de rendre possible ce qui semblait irréalisable. »
La passion du marketing
MonneyAprès sa scolarité à Lausanne et une demi-licence en Lettres à l’université de Lausanne, Julie Monney débute des études en business administration à la Webster University de Genève. Elle vit alors un vrai déclic qui orientera toute sa carrière professionnelle. «A Webster, j’ai eu la chance d’avoir un professeur de marketing qui n’avait pas une approche théorique de l’enseignement. Il nous faisait travailler au travers d’études de cas et de jeux. Nous devions créer une marque, la positionner sur les marchés, la promouvoir, etc. Cette approche très pratique a été un vrai déclencheur. La passion pour le business et le marketing est née grâce à ce professeur qui a forgé mon parcours professionnel.» Durant ses études, Julie Monney décroche un stage de deux mois chez Serono qui évolue en travail fixe. Début d’une carrière sans faux plis aux étapes prestigieuses comme Procter & Gamble et Unilever Cosmetics. Le design utile « Antoine Cahen a eu une réelle influence sur ma vision du design et de l’ergonomie des objets. Il m’a montré que le design au service de l’esthétisme pur, ça ne sert à rien. Si on y ajoute du sens, de l’ergonomie, un aspect pratique, on arrive à développer des objets exceptionnels et utiles aux gens. Avec lui, j’ai appris à ne jamais accepter l’imparfait. Il faut aller jusqu’au bout des choses, même si cela prend du temps. Il faut tendre vers la perfection, toujours. » Designer industriel établi à Lausanne, Antoine Cahen dessine, entre autres, les machines Nespresso. Il travaille avec Laurastar depuis plus de vingt ans.
Le goût de l’innovation
Gérer l’innovation tout en minimisant les risques. C’est le credo d’Alexander Osterwalder et Yves Pigneur, auteurs du livre à succès The Invincible Company. «Leur modèle d’innovation pousse les entreprises à se remettre constamment en question, notamment en temps de crise. Il ne faut pas se focaliser sur les produits existants, mais il faut constamment favoriser l’innovation. En tant que PME, nous avons eu la chance de travailler avec eux. Ils nous ont coachés et c’est grâce à leur modèle qu’Iggi est né.» Iggi? Le nouveau purificateur à vapeur qui connaît un succès fulgurant. Il pourrait bien faire bondir de 20% le chiffre d’affaires de Laurastar l’an prochain. Le coaching d’Alexander Osterwalder et Yves Pigneur a aussi permis à la société châteloise d’instaurer une nouvelle culture d’entreprise. «Conserver l’existant tout en travaillant sur l’avenir. Nous stimulons nos collaboratrices et collaborateurs et les poussons à oser, même si cela n’aboutit pas toujours. Il ne faut pas craindre l’échec.»