Collection
De
« Je veux qu’on
parle de nous »
Simba au Docteur Balazone...
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Une visite à l’École élémentaire catholique Jean-Robert-Gauthier
Michel Gratton
Simba au Docteur Balazone... De
Une visite à l’École élémentaire catholique Jean-Robert-Gauthier
Michel Gratton
Je veux qu’on parle de nous Je veux qu’on parle de nous. Je veux qu’on parle de nos gens. De ce personnel qui vit pleinement l’une des plus belles vocations de la race humaine. De nos élèves épanouis. De nos parents engagés. Je veux qu’on parle des milieux uniques, enrichissants et grouillants de vie que sont nos écoles. Je veux ouvrir nos portes pour que tout le monde nous voit. Que tout le monde comprenne comment et pourquoi nous vivons chaque jour les valeurs chrétiennes qui sont le fondement de toute notre action. Parce que je suis extrêmement fière de nous. Tellement que m’est venue l’idée de demander à une personne objective de l’extérieur d’aller voir et de nous rapporter ce qu’elle avait vu. Le journaliste et écrivain franco-ontarien Michel Gratton a accepté de partir à l’aventure dans un univers dont il n’avait finalement que des souvenirs d’enfance. Dans ce petit livre qui en dit beaucoup, il nous raconte sa visite à l’École élémentaire catholique Jean-Robert-Gauthier. Dans les livres de cette collection, il nous fait découvrir, une école à la fois, le monde passionnant et passionné du Centre-Est. Lise Bourgeois Directrice de l’éducation Conseil des écoles catholiques de langue française du Centre-Est (CECLFCE)
Nous tenons à remercier sincèrement la direction, le personnel et les élèves de l’École élémentaire catholique Jean-Robert-Gauthier d’avoir rendu cet ouvrage possible.
Il se nomme Simba. Comme le héros du film animé immensément populaire de Walt Disney The Lion King. — Il sait lire, me dit son enseignante du petit bout d’chou installé à l’ordinateur comme tous les élèves de la classe. — Mais, il est en maternelle, que je lui dis, incrédule. Il a quoi? Quatre ans? — Oui, mais il sait lire, me répète Madame Isabelle. — Vous voulez dire qu’il peut lire des mots… — Il y en a d’autres dans la classe qui peuvent lire des mots. Mais lui sait lire des phrases… Je ne la crois toujours pas. Ce doit être plutôt rudimentaire comme lecture. — Simba, viens ici s’il te plaît, qu’elle lui dit. Le directeur de l’école, Raymond Jacques, qui m’accompagne, saisit spontanément une affiche cachée parmi d’autres dans un porte-lettres à l’entrée de la salle. — Lis ça, dit-il simplement à l’enfant en lui montrant l’affiche écrite en français et en anglais. Simba semble plus ennuyé qu’impressionné par l’affaire. Il lit : — SVP, ENLEVER LES BOTTES AVANT D’ENTRER. Sans faille. Ce serait amplement suffisant pour moi, mais, comme on lui a demandé de lire, Simba lit. Sans ralentir, sans hésiter, il continue : — PLEASE REMOVE BOOTS BEFORE ENTERING. Je suis estomaqué. Je viens de voir ce que je croyais impossible.
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— Saviez-vous qu’il pouvait lire aussi bien que ça? que je demande à Madame Isabelle. — Je savais qu’il pouvait lire le français. Mais je ne savais pas qu’il lisait aussi l’anglais!, répondelle l’air aussi sidéré que moi. Simba, lui, reste bien calme. Impassible devant cette attention que lui portent trois adultes. — Qui t’a appris à lire?, lui demande son enseignante. — Maman. — Est-ce que ton grand frère t’aide aussi? — Non. Maman. La simplicité et la franchise désarmantes d’un enfant qui veut tout simplement retourner à son ordinateur.
Sans qu’il le sache, l’esprit brillant autant que la simplicité de Simba sont un peu symboliques de ce qu’est l’école Jean-Robert-Gauthier. Une école modestement géniale. Où les jours semblent couler doucement, loin du vacarme et des tensions de la grande ville, au rythme d’une tranquille excellence. Une école où bouillonnent la créativité et l’expression culturelle. Dire que l’école Jean-Robert-Gauthier fait partie d’Ottawa est un détail technique qui ne colle pas à la réalité d’ici. Ici, c’est Barrhaven. Une ville-champignon sortie des champs de maïs quelque part au sud de Nepean. Le trajet du centre-ville peut paraître long. Mais on y gagne un curieux sentiment de paix en traversant l’immensité des terres cultivées de la Ferme expérimentale. On soupçonne que ce sont les gens en quête de cette paix relative qui se retrouvent ici. Ce n’est plus la banlieue, c’est ailleurs. Un village de l’ère cybernétique. Avec ses rues aussi propres et parfaites qu’un signal de fibre optique. Mais une communauté vibrante, indépendante d’esprit, qui se suffit à elle-même depuis ses débuts et qui le veut ainsi.
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« Chez nous, on travaille beaucoup sur l’autonomie de l’élève, dit Raymond Jacques de la philosophie d’apprentissage qui prime à Jean-Robert-Gauthier. On lui montre à pêcher, on ne lui donne pas le poisson. » « Lorsqu’il accomplit quelque chose par lui-même, il se dit ‘je suis capable’. Il a une bonne estime de lui et il va avancer. » Il ajoute que l’école insiste beaucoup sur l’expression artistique. Selon lui, c’est de cette façon que l’on peut « accrocher » l’élève à la culture franco-ontarienne – une préoccupation majeure dans une école où les trois quarts des enfants nouvellement inscrits ne s’expriment qu’en anglais. « Dire à un élève ‘parle français, parle français’, c’est aussi efficace que lorsque ta mère te demande de ramasser tes bas! dit le directeur. Mais si tu lui montres par les arts, l’impro, la musique ou le théâtre, il va vouloir parler français. »
« Ooooh! J’aime le poulet! » C’est la grosse voix gourmande du Docteur Balazone qui s’installe à une table de restaurant pour s’adonner à l’une de ses activités préférées : manger. Il est accompagné de l’objet de son amour récent, l’enjôleuse Franceschina. Le valet joueur de tours Brighella est leur futé serveur. Balazone, qui se fait appeler « docteur », mais qui ne l’est pas du tout, se gave. Franceschina se révolte devant la gloutonnerie de son courtisan : « Je ne vous aime plus! Vous êtes trop gros! » Balazone se lève péniblement de table. « J’ai trop mangé de poulet » dit-il la bouche empâtée. Il empoigne son bedon déjà gros devenu énorme et se met à marcher gauchement en tanguant d’un côté et de l’autre, à la manière d’un bonhomme Carnaval.
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Raymond Jacques et moi sommes devenus par hasard l’auditoire fortuné de ce spectacle livré par trois élèves de 6e année dans un des puits d’escalier de l’école. Ce qu’elles répètent devant nous est en fait un projet pour leur cours d’art dramatique fondé sur le genre classique appelé « commedia dell’arte ». Comme c’était le cas pour les comédiens italiens du 17e siècle, le scénario de la comédie n’est jamais le même. Mais les personnages le sont, avec leurs traits de caractère, leurs manies et leurs caprices spécifiques. La commedia dell’arte est considérée en fait comme la première expression du théâtre d’improvisation de l’histoire. Ce que nous surnommons « l’impro » est une forme d’expression artistique devenue très populaire auprès de la jeunesse franco-ontarienne depuis deux décennies. À en juger par l’enthousiasme et l’énergie déployés par nos trois comédiennes, on s’amuse ferme. En français et en étudiant le théâtre classique. Moyen tour de force.
Madame Vicky a un de ces regards qui n’appartient qu’aux artistes. Inspiré. Inspirant, aussi. Sa créativité naturelle ne s’arrête pas à l’entrée de la salle de classe. Au contraire. Elle s’épanouit au contact de ses élèves. L’enseignante d’art et de danse voit leurs possibilités illimitées. Et elle trouve le moyen d’activer leur pouvoir créatif individuel autant dans les genres classiques comme la commedia dell’arte que dans la culture populaire moderne, comme les bandes dessinées de Marvel Comics. Cette année, l’enseignante a demandé à ses élèves de s’imaginer en superhéros, mais non violent, et d’en faire un dessin. Fait révélateur des préoccupations de la jeune génération, plusieurs de ces personnages étaient des défenseurs de l’environnement. Des superhéros à… La Joconde de Leonardo da Vinci. Madame Vicky a aussi invité les mêmes élèves à concevoir et à dessiner leur propre version de la célèbre et énigmatique Mona Lisa, dont on ignore en fait toujours la véritable identité. L’une d’entre elles a décidé de la transformer en nul autre que le maître Leonardo da Vinci lui-même. Les grands experts l’auraient cru clairvoyante. Car l’une des théories avancées sur
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l’identité de la mystérieuse femme du tableau qui fascine le monde depuis des siècles est qu’il s’agissait en fait d’un autoportrait de da Vinci, en femme. L’imagination d’un enfant, c’est le jardin perpétuellement en fleurs de la vérité.
Raymond Jacques en a tellement qu’il ne les compte plus. Sur l’étagère principale de son bureau, la place d’honneur est réservée aux bouffons. Des dizaines de bibelots de bouffons, tous différents l’un de l’autre. « Il n’y en a pas un qui pleure » s’empresse de dire le directeur. « Les bouffons sont des gens qui aiment ce qu’ils font, parce qu’ils rient. Il faut faire son travail sérieusement, sans se prendre au sérieux. » Cette philosophie se ressent partout à l’école Jean-Robert-Gauthier. « Il y a beaucoup d’humour à l’école » me dit Madame Mélanie, enseignante de jardin. « Il n’y a pas de stress. Quand on est stressé, l’enfant va le ressentir. » Raymond Jacques ne croit pas dans un système rigide de gestion. « Quand un prof propose de faire quelque chose de nouveau, de différent, je lui dis : Fais-le, et si ça floppe, fais-le plus. Si ça marche, dis-le à tout le monde. »
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Madame Mélanie éclate de rire quand je me présente à la porte de sa classe avec le directeur. « Chaque fois qu’il vient, je suis en train de leur faire faire des folies » dit-elle en parlant de ses élèves du jardin. Elle donne ses instructions à la classe : « Voici la consigne : On fait un travail de soustraction. Avant, on va chercher son coffre d’urgence, on revient debout sur la chaise, mains sur la tête et on s’arrête! » En un clin d’œil, la salle grouille comme une fourmilière. Je ne comprends pas trop ce qui se passe, mais les élèves, eux, semblent très bien le savoir. Ils courent vers une étagère, reviennent avec quelque chose dans les mains, le déposent sur leur pupitre, montent sur leur chaise et se mettent les mains sur la tête. Comme s’il était parfaitement normal d’agir ainsi dans une salle de classe!?
Pour Madame Mélanie, ces « folies » sont une façon bien à elle de maintenir l’intérêt de ses élèves. « Je crois beaucoup qu’il faut bouger, jouer, dit-elle. De plus, leur donner des consignes les oblige à écouter s’ils ne veulent rien manquer. »
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« Ça apprend aussi à l’enfant à suivre un ordre logique d’actions à poser. Il peut oublier de poser une action lorsqu’il ne la conçoit pas comme faisant partie d’un ordre logique de choses à faire. » Sa méthode fait appel aux différents styles d’apprentissage de l’enfant : tactile, visuel et auditif. Il y aurait aussi huit types d’intelligences. Et dans un conseil voué à la réussite de chaque élève, la clé est souvent de déterminer le style d’apprentissage de l’élève de façon à pouvoir lui insuffler la soif d’apprendre.
« La clé, c’est la comptine. » Je parle de « lecture explicite » avec Madame Manon. C’est une méthode d’enseignement du français à laquelle on attribue en partie le succès phénoménal des élèves des écoles du Centre-Est aux tests provinciaux annuels. Elle permet non seulement à l’enfant d’apprendre à lire, mais surtout de comprendre ce qu’il lit. J’ai eu la chance de voir des cours de lecture explicite auparavant dans d’autres excellentes écoles du Conseil. Avec émerveillement. Ce n’est pas de tout repos. Le rythme ne dérougit pas. Mais les enfants écoutent religieusement du début à la fin. Et ils comprennent des expressions françaises qui embêteraient plus d’un adulte. Ici, je suis devant une classe de 1re année. Et j’ai la chance de voir en quelque sorte la genèse de l’enseignement explicite. Les élèves font leurs premiers pas dans cette discipline rigoureuse où ils semblent pourtant déjà étonnamment à l’aise. « La comptine », c’est un tableau à l’avant de la classe où chaque lettre de l’alphabet est représentée par un mot avec son illustration – « l » comme dans « lion ». Même chose pour les sons « ch », « qu », « ei », « on », et ainsi de suite. Les mots et les illustrations sont des choses familières pour la plupart des enfants de cet âge. Il y a beaucoup d’animaux. « La première année est celle où l’on peut voir les progrès, dit Madame Manon, l’air passionné par sa matière. Les élèves en viennent à pouvoir faire leurs travaux seuls, parce qu’ils peuvent lire la consigne. » Consigne, comptine, j’en perds mon latin. Mais les enfants s’y retrouvent les yeux fermés.
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Et en 5e année, ils ont tellement bien appris que Madame Stéphanie peut leur enseigner des sujets complexes comme la Charte canadienne des droits et libertés. Je ne me doutais aucunement qu’on pouvait oser enseigner la Charte à un tel niveau scolaire. Mais est-ce que les élèves comprennent vraiment de quoi il s’agit? « Ça veut dire qu’on peut vivre en liberté » me dit une fille. Oui, mais ça signifie quoi, vivre en liberté? J’ai alors droit à toute une liste de libertés possibles au Canada. Et puis, une jeune fille me dit : « La liberté de dire ce qu’on veut. » Et une autre : « Nous avons des libertés, mais il y a des lois aussi, et il faut respecter les lois. » On se croirait presque à l’université…
« Parfois, on joue aux dames… » Raymond Jacques dit avec admiration de Madame Denise qu’elle est celle « qui ne dit jamais non ». Tous les élèves de Jean-Robert-Gauthier aux prises avec des difficultés d’apprentissage, de langage ou de comportement sont ses élèves. Tous les moyens sont bons pour aider ses élèves à réussir, y compris jouer aux dames. « Parfois, on ne fait que s’asseoir et jaser, raconte-telle. Je demande à l’élève comment est allé son weekend. » « Il est rare qu’ils s’ouvrent la première fois qu’ils viennent me voir. Parce qu’ils pensent que tout le monde est contre eux. »
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Elle croit profondément que chaque élève peut réussir, d’où son refus de dire « non ». « Je suis là pour redonner espoir à l’élève. Et moi, je ne perds jamais espoir. On essaie de trouver des solutions à tout. » Elle est dans l’enseignement depuis 15 ans, les six dernières années comme enseignanteressource. « Enseigner, ce n’est pas un effort pour moi. »
« Tout ce que je demande à l’élève, c’est de s’appliquer, d’essayer… Et de ne jamais dire du mal d’un autre. » Monsieur Daniel est le prof d’éducation physique à qui l’on attribue les succès de l’école, particulièrement dans les tournois de volley-ball. « Je veux que le sport soit une expérience positive pour eux » dit-il. « Si l’élève fournit un effort, il va y avoir une progression. »
Le directeur Raymond Jacques se définit comme « un décrocheur ». Quoique son cas ne cadre pas tout à fait avec l’idée que l’on se fait habituellement de l’élève qui quitte avant la fin du secondaire. « J’ai passé ma 12e de peine et de misère, et je suis entré sur le marché du travail. » Les 10 années suivantes, il a exercé le métier plutôt exotique de la construction sous-marine. Puis il est devenu maître d’hôtel à Montréal. « Quand j’ai décidé de retourner sur les bancs d’école, je savais pourquoi » dit-il. Et il s’engage à une chose : « Mes élèves ne vivront pas ce que j’ai vécu. » « Il faut travailler avec les enfants, pas contre eux, dit-il. Il faut entrer en salle de classe en se disant : Je vais apprendre quelque chose avec mes élèves aujourd’hui. » « Si tu aimes ce que tu fais, les enfants vont l’aimer avec toi. »
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L’école Jean-Robert-Gauthier a ouvert ses portes il n’y a que trois ans. « La première année, nous avions à peine une centaine d’élèves. Les enseignantes trouvaient l’école grande » dit Raymond Jacques. En septembre 2009, elle en comptera autour de 360. L’école vivra alors une transformation majeure. Car la rentrée marquera l’ouverture de la nouvelle école secondaire de Barrhaven dans le même édifice, signe certain du succès retentissant de cette école de langue française dans un secteur où peu de gens l’auraient cru possible il n’y a pas si longtemps. L’école élémentaire Jean-Robert-Gauthier devra emménager ailleurs d’ici à deux ans. La construction nécessaire pour accueillir l’école secondaire battait son plein lors de notre visite. Mais, curieusement, je me souviens à peine d’avoir vu le remue-ménage ou entendu le vacarme qui accompagnent inévitablement une telle activité. Jean-Robert-Gauthier nous envoûte dans son calme joyeux. Une école qui bouge sans cesse, mais… en douceur.
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Édition et impression : Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, 2009.
J’avais une petite idée de ce que je cherchais. Mais je ne savais vraiment pas ce que j’allais trouver. J’ai trouvé des écoles en effervescence. J’ai trouvé des gens d’un dévouement total. Mais j’ai surtout trouvé des élèves heureux. Des élèves aux yeux brillants, gonflés d’espoir en l’avenir et de confiance en eux. Et j’ai compris. J’ai compris que c’est possible. Qu’on ne rêve pas lorsqu’on dit que chaque élève peut réussir. Et, qu’aux yeux de mon ordinaire, j’avais peut-être la chance de voir en mouvement les meilleures écoles… au monde. – Michel Gratton