COLLECTION
« Je veux qu’on
La joie parmi
parle de nous »
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les mésanges
Une visite à l’École élémentaire catholique Mgr-Rémi-Gaulin
Michel Gratton
La joie parmi
les mésanges
Une visite à l’École élémentaire catholique Mgr-Rémi-Gaulin
Michel Gratton
L’un des plus beaux voyages... La lecture des livres de cette belle collection m’épate. Mais, en même temps, elle ne m’étonne pas. Ce que je revis en lisant ces livres n’est que fidèle à ce que j’ai vécu au cours des 30 dernières années de ma vie. Ce que je ressens, ce sont cette même joie et cette même fierté que j’ai toujours ressenties à circuler dans les corridors et les classes de nos écoles. Comme enseignant, comme directeur, comme surintendant ou, aujourd’hui, comme directeur de l’éducation. Ce que je revois, ce sont les visages de gens qui ont comblé ma vie. Le dépassement quotidien de mes collègues de travail. L’épanouissement de nos élèves. L’engagement de leurs parents. J’entends leurs voix et leurs rires. Et je ressens toutes les espérances de tous ces passagers partant ensemble pour l’un des plus beaux voyages. Celui de l’éducation et de la réussite de chaque enfant qui entre chez nous. Comme madame Lise Bourgeois, qui a conçu et lancé cette collection il y a trois ans, moi aussi « Je veux qu’on parle de nous... ». Pour partager nos valeurs, nos efforts, nos rêves. Bonne lecture! Bernard Roy Directeur de l’éducation Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE)
Nous tenons à remercier sincèrement la direction, le personnel et les élèves de l’École élémentaire catholique Mgr-Rémi-Gaulin d’avoir rendu cet ouvrage possible.
« Un jour, un gars qui était nouveau à l’école me dit : “Hein?!! tu es un Kingstonien! Wow! tu es bien élevé!” » On comprendrait le jeune Maxime d’avoir été à la fois ébahi et insulté par le commentaire de ce nouvel arrivant dans sa ville natale. Sauf lorsqu’on saisit qu’il s’agissait en fait d’un compliment très mal exprimé. Le commentaire n’avait vraisemblablement rien à voir avec les bonnes manières de Maxime ou les moins bonnes de ses concitoyens. Son compagnon fraîchement arrivé d’une région très francophone exprimait plutôt sa surprise et son admiration devant le fait que Maxime parle aussi bien le français, même s’il avait toujours vécu dans une ville à forte prédominance anglaise comme celle de Kingston. Cette qualité du français parlé sans effort et sans accent est l’une des belles surprises que nous réservent les élèves de l’école Mgr-Rémi-Gaulin. Maxime n’est pas l’exception. Il est plutôt la règle au sein de cette école devenue un puissant symbole de la force insoupçonnée d’une communauté francoontarienne méconnue. Monsieur Jonathan, professeur d’éducation physique originaire de l’Est ontarien, le dit simplement : « En venant ici, je m’attendais à ce que ce soit super anglais, mais ça ne l’est pas… Il est rare qu’on entende parler anglais dans les corridors. » Il a raison. Pourtant, ça s’explique difficilement. Lorsqu’on connaît l’histoire difficile encore récente de la communauté franco-ontarienne de Kingston pour la reconnaissance de ses droits les plus fondamentaux; lorsqu’on sait que jusqu’à tout récemment la région de Kingston n’était même pas une des régions désignées par la Loi sur les services en français de l’Ontario, sa communauté francophone n’étant apparemment pas assez nombreuse; lorsqu’on souffre de tous les préjugés du francophone vivant dans une région de sécurité culturelle relative comme celle d’Ottawa, on s’attend au pire.
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On s’attend à trouver à Kingston une communauté francophone vivant sous respirateur artificiel. Ajoutons à cela le fait que l’école Mgr-Rémi-Gaulin était connue il n’y a pas si longtemps sous le nom de l’école Cathédrale. Jusqu’alors, elle partageait depuis plusieurs années un édifice avec une école d’immersion française du conseil anglophone, foyer d’assimilation s’il en est un. On s’attend donc aussi à trouver une école élémentaire livrant une bataille perdue d’avance contre l’anglicisation de ses élèves. Mais, en Ontario français, la réalité dépasse parfois les espérances. Car s’il y a une école qui permet de croire en l’épanouissement de la communauté franco-ontarienne de toute la province, c’est bien celle-là. En fait, Mgr-Rémi-Gaulin est une école qui inspire en même temps la fierté et la volonté. La fierté d’être francophone et Kingstonien, et la volonté de le rester. Une école à la fois petite, avec ses 285 élèves, et grande par l’esprit qui l’anime. Avec cette assurance tranquille, la communauté s’est donné une école élémentaire qui respire la joie, comme ces bouffées d’air frais venues de l’immense lac Ontario. « C’est une école dynamique. Il se passe toujours quelque chose, et c’est toujours plein d’énergie, dit Madame Rochefort, enseignante de 3e. Les élèves se sentent bien, ici. C’est une école chaleureuse. »
L’attachement pour leur communauté et leur région est tout aussi fort chez les enseignants que chez les élèves. « J’ai un énorme sentiment d’appartenance à cette école-ci » affirme Madame Marie-Andrée, enseignante de maternelle (bien qu’elle ait enseigné à toutes les années d’études de l’élémentaire, sauf la 3e année). Ma mère a enseigné
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à l’école Cathédrale. Elle a été mon enseignante de 6e et j’ai eu le bonheur d’enseigner pendant quatre ans avec elle, ici à Mgr-Rémi-Gaulin. Elle a même enseigné à mon fils. » Elle sourit en parlant de sa mère qui ne parle toujours pas l’anglais, même si cela fait plus de 30 ans qu’elle vit à Kingston. « Je pense qu’elle a un peu choisi de ne pas l’apprendre » dit Madame Marie-Andrée. Ce qui fait que son mari à elle, qui est anglophone, parle français « parce qu’il n’en a pas le choix s’il veut parler à sa belle-mère! ». Les parents de Marie-Andrée sont arrivés à Kingston de Chicoutimi en 1977, alors qu’elle avait six ans. « Ils sont venus avec Alcan. Mes parents voulaient venir ici pour que leurs enfants soient bilingues » dit-elle. le est Si son sentiment d’appartenance à l’école hement fort, il rivalise assurément avec son attachement gion. à la communauté francophone de sa région. our Marie-Andrée était aux premières loges pour témoigner des moments historiques qu’a vécus la communauté francophone de Kingston au cours de ces trois décennies.. Comme son père qui a aidé à mettre sur pied le Centre culturel Frontenac, aujourd’hui névralgique dans la vie de la communauté francophone, et sa mère qui, avec sa « résistance tranquille », a lutté contre l’assimilation, Marie-Andrée a elle-même, dès l’adolescence, fait sa part pour l’avancement de sa communauté.
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Elle a vécu, entre autres choses, la naissance de l’école secondaire française Marie-Rivier dont elle était l’une des premières et des plus enthousiastes élèves. « Je me souviens du jour où on a mis le toit sur la portative, dit-elle de l’école dont l’histoire est en soi épique. Je me souviens de la journée où nous avons eu nos uniformes. » Elle a été élue présidente du premier conseil des élèves de Marie-Rivier. Imaginez le tableau : nous sommes à la fin des années 1980. La communauté francophone de Kingston a finalement fait reconnaître son droit à une école secondaire de langue française. Mais la victoire durement acquise a été précédée d’une amère controverse qui durera plusieurs années encore. Pendant 10 longues années, l’école Marie-Rivier a logé dans une série de portatives situées dans la cour de l’école secondaire catholique anglaise. Un ghetto, s’il en est un. Mais Marie-Andrée se souvient de ces années avec énormément de chaleur. « Je ne me suis jamais sentie exclue parce que j’étais francophone, dit celle qui a pourtant entendu des injures, comme “Speak white!”, proférées à son endroit ou à celui de ses collègues de classe. J’ai toujours pensé que j’avais le meilleur des deux mondes. » Elle tient la dynamique FESFO responsable du « grand éveil culturel » qui a eu lieu à la même époque chez les jeunes francophones de son entourage autant que du reste de la province. Ce qui surprend le plus, quand on apprend tout ce qu’elle a vécu, c’est la sérénité dont elle fait preuve comme minoritaire, dans une région où l’anglais est à ce point omniprésent. Et comme le jeune Maxime, elle n’est pas l’exception, mais bien la règle parmi tous les adultes que nous avons rencontrés durant une visite de trois jours.
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« Ce qui me tient aller, ce sont les enfants, dit le directeur André Dostaler. Quand ils arrivent le matin et qu’ils me donnent une caresse, ça c’est puissant! Tu te dis qu’ils aiment ça venir à l’école. » « Ma philosophie se résume ainsi : il faut que l’enseignant soit bien dans sa peau pour que l’élève soit heureux, dit le directeur. Je suis très fier de l’équipe ici. C’est une équipe dynamique. L’école organise plusieurs activités et les profs s’impliquent beaucoup. » « D’abord, ils aiment les enfants, et c’est ce qui compte le plus. Les jeunes arrivent le matin et la plupart restent ici jusqu’à 17 h 30. Leur journée est longue. Nous sommes leurs deuxièmes parents. » André Dostaler est arrivé à Kingston il y a plus de 30 ans en provenance de la Côte-de-Sable, à Ottawa. C’était pour enseigner à l’école Cathédrale. « Je me souviens qu’un membre du conseil anglophone nous avait avertis, à l’époque, du danger de fusionner une école de langue française à une école d’immersion. Il avait dit que c’était comme ‘laisser un chameau entrer dans une tente’. » Il y a sept ans, après avoir travaillé quelques années avec le petit groupe d’enseignants de l’école secondaire émergente Marie-Rivier, il a été nommé directeur de Mgr-Rémi-Gaulin. Il est chez lui, ici. « Quand je suis arrivé dans la région, je suis tombé en amour avec la nature » dit-il de la magnifique région des Mille-Îles, destination finale au terme d’un fabuleux voyage dans le réseau d’écluses du canal Rideau. Son épouse et lui comptent d’ailleurs prendre leur retraite ici, bien qu’ils songent à se trouver une propriété à l’extérieur de la ville de Kingston même… La campagne n’est pas loin.
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« J’aime l’école parce que je viens voir mes meilleurs amis. Madame Nicole aussi, parce que je ne la vois pas souvent. » Amélie voit son enseignante du jardin tous les jours d’école. Mais, ce qu’elle me dit, c’est que ce sont là des moments précieux. C’est une belle classe. On le devine avant d’entrer. Le mur du corridor autour de la porte est tapissé de photos. Elles témoignent de l’émerveillement des enfants lors d’une visite récente au Centre de la nature Cataraqui. ousiasme Daniel nous fait part de l’enthousiasme ment qu’il a ressenti : « On était tellement n silencieux, on tenait notre main tellement droite qu’ils venaient manger dans notre main. » Il parle des mésanges. Ces petits géants du monde aviaire dont la grosse voix et le vol onduleux trahissent la présence. Quand on peut voir et entendre les mésanges, c’est que les choses vont bien a dans les alentours. L’équilibre, la nent. sécurité et la paix naturels règnent. Au grand bonheur de tous les amants de la nature, les enfants étant assurément les plus spontanés et purs de ce groupe, les mésanges ne semblent pas avoir trouvé de bonnes raisons de craindre les humains. Ce qui fait que, comme le dit Daniel, si l’on se tient bien tranquille et immobile, ils viendront jusqu’à manger dans notre main.
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C’est cette belle intimité entre l’enfant et la nature que l’on voit sur les photos à l’entrée de la classe de Madame Nicole. On comprend alors l’enthousiasme avec lequel les élèves se sont consacrés à leur prochain projet : celui de fabriquer leur propre mangeoire à oiseaux pour attirer les mésanges du voisinage de l’école. Malheureusement, lorsque je suis passé les voir, l’expérience n’avait toujours pas fonctionné. Les mangeoires étaient bel et bien là, suspendues aux branches d’arbres juste devant la fenêtre de leur salle de classe. Mais, jusquelà, les mésanges brillaient par leur absence. Voyant mon intérêt, Madame Nicole me demande si je pouvais leur expliquer pourquoi les oiseaux ne venaient pas manger chez eux. Gonflé d’orgueil devant le fait qu’elle semble voir en moi une sorte d’expert en ornithologie, je décide dès lors de tenter d’élucider le mystère. Je commence par citer une des erreurs les plus courantes : « Il faut utiliser des graines de tournesol, c’est ce que les mésanges préfèrent… » que Madame Nicole. C est vrai… JJ’ai ai « C’est ce que nous avons fait » réplique C’est affaire à une enseignante. Elle avait prévu tous les coups. Mon expertise s’arrête là. Je décide quand même miner leurs de me rendre à la fenêtre pour examiner mangeoires de plus près. À ce moment-là, il se produit une chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout et que je n’oublierai jamais. Une fois rendu à la fenêtre, je me retourne vers la classe pour découvrir que… la classe m’avait suivi! Toute la marmaille de Madame Nicole est là, devant moi.
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Tout le monde parle en même temps. Dans cette effervescence, je comprends que chaque élève essaie de m’indiquer, entre autres choses, où est SA mangeoire. Pour toute réponse, je ris en me disant que c’est l’un des plus beaux moments que j’ai vécu depuis longtemps. Le directeur André Dostaler trouve ça tellement amusant qu’il prend une photo. Quant à Madame Nicole, elle veut tout simplement reprendre le contrôle de sa classe. Et la façon dont elle s’y prend pour le faire m’impressionne tout autant que la candide impétuosité de ses élèves. L’enseignante se met tout simplement à chanter. Comme par magie, les élèves emboîtent presque immédiatement le pas en chantant avec elle, tout en regagnant tranquillement leur place. Elle n’a jamais élevé le ton. Elle n’a même pas eu à les ramener à l’ordre ou à leur demander de regagner leur siège. Tout s’est fait en douceur, presque en harmonie. Et ça marche. Une leçon de gestion de classe comme on en voit rarement…
Mgr-Rémi-Gaulin est un phare puissant de la francophonie ontarienne dans une région où plusieurs n’y voyaient qu’un désert. Parce que, comme moi, ils n’avaient pas pris le temps de regarder. Mais ce phare doit briller plusieurs fois plus fort que les autres pour réussir à convaincre le monde qu’il y a, à Kingston, un port d’attache vivant et viable pour la francophonie ontarienne. Car, en plus de tous les défis inhérents au fait de vivre en milieu minoritaire, l’école et sa communauté en ont un autre à surmonter. C’est le fait qu’une partie de sa population, provenant des francophones de la base militaire, dont plusieurs Québécois, n’est que de passage.
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« Ça fait deux fois que mon fils perd son meilleur ami » dit Madame MarieAndrée. Il en va de même pour les enseignants. « L’école compte deux groupes d’enseignants : ceux qui sont établis ici et qui ne bougent pas, comme moi, et ceux qui n’ont d’autre choix que de bouger. » Si la présence de francophones souvent unilingues à leur arrivée vient sans doute renforcer le fait français, ces nouveaux arrivants ont de leur côté la chance de trouver une communauté francophone vibrante, ce qui leur permet de continuer à vivre en français. Les liens semblent se créer très rapidement entre élèves et adultes. De part et d’autre on s’accommode de cette réalité. On joue, on travaille, on vit ensemble dans une symbiose qui maintient à Kingston une communauté francophone vivante et forte en dépit des arrivées et des départs.
« Je ne parlais rien, rien, rien, rien! » Sarah raconte ce qu’elle a vécu à son arrivée à Mgr-Rémi-Gaulin. Arrivée du Rwanda, elle ne parlait alors que sa langue maternelle africaine. Elle ne disait ni ne comprenait pas un seul mot de français ou d’anglais. « Je voulais des devoirs, dit-elle. Mon frère, lui, amenait des devoirs à la maison, mais pas moi. » Comme d’autres élèves dans sa situation, elle a suivi des cours de rattrapage en français, appelés cours ALF. C’est là que j’ai rencontré celle qui m’a étonné par sa fougue et son franc-parler. Aujourd’hui, elle parle français. Et elle se sert de la langue pour dire clairement ce qu’elle pense.
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Comme lorsque le directeur lui dit qu’elle est en train de travailler, uper avec des elle réplique : « Ce n’est pas travailler ça, découper ciseaux! » …Lorsqu’il dit qu’elle a toujours le sourire. « Pas toujours » dit-elle. « Non, parfois tu es fâchée » lui répond André Dostaler. « Toi aussi, parfois, tu es fâché! » dit-elle d’un ton tranchant et sans riposte possible. Le directeur, qui n’est pas du genre à dire un mot plus haut que l’autre, en rit et avoue que, parfois, dans la cour de récréation, il doit être plus ferme qu’à l’habitude. À Mgr-Rémi-Gaulin, on se parle franchement. Et la fierté, qu’elle soit rwandaise ou francoontarienne, a une place d’honneur dans le cœur et l’esprit de chacun.
Le professeur d’éducation physique me raconte que ses équipes de volley-ball, par exemple, prennent part à des compétitions contre des écoles de langue anglaise de la région. « Nos joueuses sont très enthousiastes. Elles arrivent avec leur cri de ralliement et leurs slogans. Elles s’encouragent tout le long de la partie, bon coup, mauvais coup. Les équipes anglophones sont plus réservées » dit-il avec le
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sourire. L’exubérance et la fierté des jeunes francophones n’échappent pas à la foule, non plus. « Parfois, dit Monsieur Jonathan, on les entend dire “Aaah! The French…” »
« Je veux faire beaucoup de choses à l’école, dit Camille. Je suis la plus jeune de ma famille et je veux montrer que je suis bonne. » Elle joue le rôle du père Noël dans la pièce que monte la troupe de théâtre de l’école. Si j’ai bien compris, la pièce traite des lutins du père Noël, mécontents du peu de reconnaissance qu’ils semblent recevoir. Rose joue le rôle du lutin Serpentine. En 3e année, elle est la plus jeune du groupe. Elle vient d’arriver de Montréal et semble s’amuser ferme à sa nouvelle école. « J’aime ça parler devant les groupes » dit-elle. re Maya dit qu’elle veut faire du théâtre e depuis qu’elle est « toute petite ». Elle n’est toujours pas très grande mais, dit-elle, « Ici, je l’ai trouvé. » Sara, au nom prédestiné et au talent évident, aime tout simplement être dans une école où elle peut se produire sur scène. Je me surprends à me demander combien de ces jeunes qui rêvent grand tout en s’amusant deviendront un jour des
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vedettes de cinéma. Il n’y a pas si longtemps, un tel rêve aurait été une cruelle illusion pour un jeune francophone de l’Ontario. Mais, aujourd’hui, tout semble possible. Comme le dit Madame Marie-Andrée, « On a maintenant des modèles de Franco-Ontariens qui ont réussi sur la scène nationale et internationale. » Elle mentionne les deux gars de Sudbury qui ont gagné un prix Gémeaux pour l’émission Les deux pieds dans la marge et deux autres originaires de Kingston qui ont remporté un Grammy. « Leur mère était enseignante ici et leur père, surintendant » affirme-t-elle. « Les jeunes ont raison d’espérer » dit-elle. À Mgr-Rémi-Gaulin, impossible n’est pas français.
Pour Diane Rochefort, les valeurs catholiques comptent pour beaucoup dans l’atmosphère de joie et d’entraide qui règne à Mgr-Rémi-Gaulin. Elle est issue d’une famille de 10 enfants venue s’installer à Kingston en 1960, en provenance de ce qui était alors une lointaine banlieue d’Ottawa nommée Blackburn Hamlet (et qu’elle surnomme « Hameau noir »). Elle enseigne à l’école de langue française depuis l’époque de l’école Cathédrale. Ce qui explique pourquoi elle est l’une des rares enseignantes de l’élémentaire, au sein du conseil, que les élèves appellent encore par son nom de famille plutôt que par son prénom. « Nous avions un directeur, à l’époque, qui voulait qu’on nous appelle par notre nom de famille. Dans mon cas, c’est resté » dit Madame Rochefort. « J’adore Rémi-Gaulin. C’est une école catholique où les valeurs sont vivantes. C’est différent, c’est communautaire, c’est positif. »
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Elle affirme que ces valeurs rendent plus facile la tâche de traiter avec les enfants. « On leur dit que Jésus, lui, faisait ça comme ça. » Elle va même jusqu’à dire que ce sont ses élèves qui l’ont aidée à cheminer dans sa foi. « Quand je suis arrivée ici, j’étais jeune et ce n’était pas très important pour moi. Mais en voyant l’innocence des enfants, en les voyant accepter les mystères de la foi sans poser de questions, j’ai commencé à me dire que je ne devrais peut-être pas m’en poser, moi non plus. » « Je suis heureuse d’avoir pu développer ma foi. » La ville de Kingston compte toujours une paroisse francophone, Saint-Françoisd’Assise, qui demeure très active.
Quant au rendement du personnel, les observations que peuvent en faire les élèves peuvent être franchement perspicaces pour des jeunes de leur âge. « Quand ils nous enseignent quelque chose, les profs donnent souvent des exemples qu’ils prennent de leur propre vie. C’est plus intéressant comme ça » dit Zachary, un élève de 6e. « Oui, ils mettent beaucoup d’expression quand ils nous parlent » renchérit Maxime. « Ils essaient de rendre ça intéressant. Ils font des blagues » dit Sara. Quant au directeur, Amber nous confie : « On est chanceux que M. Dostaler nous ait acheté tous ces ordinateurs et ces smartboards! » À compter de la 3e année, tous les élèves de Mgr-Rémi-Gaulin ont accès à des smartboards, ces tableaux informatisés interactifs qui sont la coqueluche des salles de classe modernes.
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« Et il y a toujours un technicien à l’école pour s’occuper des problèmes » ajoute Maxime. « On a aussi un bon concierge, dit Zachary. Il garde l’école très propre avec sa petite Zamboni. »
En fin de compte, Mgr-Rémi-Gaulin est une école qui inspire deux choses. D’abord, elle donne confiance tant dans le présent que dans l’avenir. Mais surtout, par sa joie contagieuse, elle ne peut que mettre de bonne humeur.
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13
La joie parmi les mésanges
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Une visite à l’École élémentaire catholique Terre-des-Jeunes
Une visite à l’École élémentaire catholique L’Étoile-de-l’Est
Une visite à l’École élémentaire catholique Le Petit Prince
Une visite à l’École élémentaire catholique Marius-Barbeau
Une visite à l’École élémentaire catholique de la Découverte
Une visite au Centre scolaire catholique Jeanne-Lajoie
Une visite à l’École élémentaire catholique Jean-Robert-Gauthier
Une visite à l’École élémentaire catholique Sainte-Geneviève
Une visite à l’École élémentaire catholique Bernard-Grandmaître
Une visite à l’École élémentaire catholique La Source
Une visite à l’École élémentaire catholique Mgr-Rémi-Gaulin Conception, mise en pages et impression : Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, 2010.
J’avais une petite idée de ce que je cherchais. Mais je ne savais vraiment pas ce que j’allais trouver. J’ai trouvé des écoles en effervescence. J’ai trouvé des gens d’un dévouement total. Mais j’ai surtout trouvé des élèves heureux. Des élèves aux yeux brillants, gonflés d’espoir en l’avenir et de confiance en eux. Et j’ai compris. J’ai compris que c’est possible. Qu’on ne rêve pas lorsqu’on dit que chaque élève peut réussir. Et, qu’aux yeux de mon ordinaire, j’avais peut-être la chance de voir en mouvement les meilleures écoles… au monde. – Michel Gratton