Marianne SCHENCK- Etude et conservation-restauration d'un Dolium en terre cuite

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Restauration du Patrimoine, spécialité céramique

Marianne Schenck

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La céramique. « De terre et de feu, elle réunit les éléments capables de défier le temps »1.

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MONTIGNY D., GUILLEMARD D. : Le charme discret du passé. 2003

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REMERCIEMENTS

Je tiens avant tout à remercier Madame Viroulet, Conservatrice du Musée de Biesheim, de m’avoir accordé une grande confiance pour la prise en charge du dolium, si précieux pour le musée. Je remercie également Madame de Chillaz, chargée d’enseignement et du suivi du mémoire, pour m’avoir guidé, conseillé et sans qui le travail n’aurait pu être si efficacement mené. Mes remerciements se tournent également vers Monsieur Musculus, Madame WolffBacha, Monsieur Pepe, Madame François et Monsieur Ollier, chargés d’enseignement, pour leur patience et leurs conseils avisés. Je remercie aussi Monsieur Decker, ancien conservateur des Musées de Sarreguemines, pour avoir répondu aux questions concernant les origines de mon œuvre. Enfin, je remercie chaleureusement ma famille, mon compagnon et mes amis pour leur aide et leur soutien précieux, directs ou indirects, tout au long de ces deux années décisives.

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AVANT-PROPOS Ce mémoire de fin d’études a pour but premier l’obtention du Master II de conservateurrestaurateur de céramiques. Mais son utilité s’étend sur un plus long terme car il constitue également une préparation à la vie professionnelle. En effet, il place l’étudiant dans le contexte du métier, le mettant en contact avec le prêteur de l’œuvre, qui peut être attribué à une première clientèle, et l’incitant à faire ses preuves en matière de réflexion, de recherches, d’organisation et d’habileté technique. C’est pourquoi le choix de l’œuvre doit s’effectuer en fonction de nos futures attentes professionnelles. Pour ma part, j’envisage de travailler à mon propre compte. Ayant déjà eu l’occasion de rendre service à une petite clientèle privée afin de nouer un premier réseau de contacts et de progresser dans le cadre de mes études, il m’a paru important de faire ensuite mes preuves auprès d’institutions publiques, en particulier les musées. Ces derniers sont susceptibles de faire appel à des restaurateurs indépendants lorsque l’occasion se présente (expositions, découvertes archéologiques,…). Par conséquent, il m’a semblé également utile de savoir maîtriser différentes approches de restauration. En effet, par le passé, j’ai essentiellement effectué des restaurations illusionnistes lors des cours et des stages. Or les céramiques archéologiques impliquent une approche différente de la restauration car leur statut diffère en raison de leur caractère plus ancien et ethnologique. Elles fournissent une documentation passionnante et approfondie sur la vie quotidienne, les mœurs et les coutumes d’une civilisation disparue et nous transportent hors des lignes principales de l’histoire. Il est important d’avoir une ouverture globale sur les pratiques de restauration, d’où ma volonté de travailler sur une céramique archéologique dans le cadre de ce mémoire. L’œuvre proposée par le Musée gallo-romain de Biesheim, un dolium exhumé en 2001 sur le site archéologique de la commune, a donc été retenue car elle répond à nos attentes. Il s’agit d’un contenant de terre cuite à usage domestique, qui provient d’une époque riche en histoire et qui promet donc des recherches très intéressantes. Le dolium étant de dimensions importantes, plutôt fragile d’apparence (parois très fines,…) et très fragmentaire, l’intervention promet d’être complexe, ce qui peut être un atout pour enrichir et achever cette ultime année de formation.

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RESUME Le travail qui va être mené porte sur la conservation-restauration d’un dolium galloromain, un type de jarre qui trouverait ses origines dans l’Italie antique. Cette œuvre archéologique a été découverte en 2000 sur le site d’Oedenburg en Alsace. La céramique n’étant pas en état d’être présentée dans les collections du Musée de Biesheim, celui-ci m’a confié la restauration de l’œuvre. L’étude et la conservation-restauration du dolium se fera en trois grandes parties. Tout d’abord, le travail s’ouvrira sur une analyse historique puis technologique de la céramique. Pour cela nous nous intéresserons à l’histoire du site jusqu’aux découvertes archéologiques. Ensuite, nous effectuerons une étude globale sur les dolia avant de nous focaliser sur l’œuvre elle-même, afin d’en déterminer sa spécificité. Enfin, cette première partie s’achèvera sur l’étude des ateliers et du savoir-faire des potiers gallo-romains, jusqu’aux procédés de fabrication du dolium. L’étude détaillée du dolium et la conclusion de cette partie nous mèneront à l’étape suivante, qui s’organisera ainsi : le constat d’état et le diagnostic nous permettront de mettre en lumière l’ensemble des altérations de l’objet et d’en déterminer les causes et les conséquences, qui justifieront la nécessité d’une intervention. Après une étude approfondie des produits et des matériaux adaptés au traitement du dolium, les étapes du travail pratique seront décrites et illustrées par des photographies de façon chronologique. Le traitement d’une terre cuite de grandes dimensions n’est pas toujours aisé, c’est pourquoi cette deuxième partie a été déterminante dans le choix du sujet technicoscientifique, qui représente la troisième partie. Il examinera l’amélioration de l’efficacité d’un collage au Mowital® B60HH sur les terres cuites volumineuses, et ce à travers l’ajout de primaires d’adhésion. Différents primaires seront testés afin de déterminer le plus efficace. Ces trois parties demanderont un travail important d’observation, de réflexion, d’analyse, de remise en question et de compétences manuelles, qualités essentielles que doit acquérir le futur conservateur-restaurateur.

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SUMMARY The present Master thesis is about the conservation-restoration of a Gallo-Roman dolium. A dolium is an antique jar, probably from Ancient Rome as its Latin name reveals us. This archaological ceramic was dicovered in 2000 on the Oedenburg alsacian site. The artefact was too damaged to be exhibited in the collections, so that the Musée de Biesheim entrust me to restore this dolium as it is an important and interesting ceramic. The thesis is divided in three parts. The first part will deal with an historical and a technical analysis of the dolium. The dolium’s historic context will be studied before a general reseach about dolia. Then the artefact itself will be analysed, from its special features to its manufacturing. The second part concerns the dolium’s restoration. This work will begin with the ceramic’s condition report and diagnosis, which allows us to determine objectively all the damages, then their causes and their results on the dolium’s conservation. After a detailed research about the adapted restauration materials and products, the ceramic treatment will be done, described and photographed in a chronological way. Our dolium is a big and heavy artefact, what explain why the third and last parts technicoscientific subject have been easily found : It concerns the enhancement of a Mowital® B60HH sticking in order to adapt this adhesive to the sizeable terracottas, with the preliminary application of dilued adhesives on the ceramic edges. Different type of dilued adhesive will be tested to determine the most efficient.

The whole work will require a lot of observation, reflection, analysis, research, calling into question and manual skill, which are essential qualities for a professional restorer.

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INTRODUCTION GENERALE « Les projets de restauration doivent être soumis à une critique éclairée pour éviter les erreurs entrainant la perte du caractère et des valeurs historiques des monuments. »2 Ce que nous appelons restauration constitue en réalité tout un processus d’étude, de réflexion mais aussi de remise en cause de l’intervention à effectuer sur l’objet. Chaque traitement est unique et dépend du rôle de l’objet (esthétique, documentaire,…), ainsi que de la demande du prêteur. Un dolium est un contenant, il s’agit donc d’une céramique qui possédait à l’origine un caractère utilitaire. Datant du Ie siècle, soit de l’époque gallo-romaine, l’œuvre est donc très ancienne et constitue aujourd’hui le témoin d’une civilisation disparue. Il a été exhumé sur le site archéologique d’Oedenburg, au nord de la commune de Biesheim. Sa forme spécifique atteste son appartenance à la région et à l’époque augustéenne 3. Ce dolium est donc une céramique archéologique4 et une source importante d’informations sur le passé, aussi bien pour les scientifiques et les historiens que pour le public. Après avoir été enfoui et soumis aux injures du temps et de l’environnement, il a été retrouvé dans un état incomplet et très fragmentaire par des étudiants lors de la campagne de fouilles sur le site en 2000. L’importance historique de cette œuvre a incité un archéologue bénévole à recoller les fragments douze ans plus tard. Mais cette intervention est restée inachevée (beaucoup de tessons non collés) et la forme reste incomplète, d’où la nécessité de restaurer le dolium afin qu’il puisse être présenté au public dans le musée.

2

Extrait de la Charte d’Athènes, 1931. Informations fournies par Mme. VIROULET et par l’ouvrage suivant : ETTLINGER E. : Die Keramik der augster Thermen. Hardcover, 1949. 4 Relatif à l’archéologie et « s’emploie à propos des vestiges du passé pris comme matière d’une étude scientifique ». LANGLE S., BRUNEL G. : La restauration des œuvres d’art, Vade-mecum en quelques mots. Ed. Hermann, 2014, p.80. 3

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Le travail sera réalisé en trois parties. Dans la première partie, l’étude du dolium s’ouvrira sur des recherches historiques et techniques qui nous apporteront des premiers repères en replaçant l’œuvre dans un lieu, une époque et une civilisation précis. Ensuite, la spécificité de notre dolium sera étudiée, sous son aspect typologique, morphologique puis technique. Justifiée grâce à l’étude historique, qui mettra en avant l’importance de l’œuvre et donc la nécessité d’une intervention, la deuxième partie concernera la restauration. Restauration ne signifie pas intervention directe, mais débute par un constat d’état approfondi permettant d’analyser de façon objective les altérations, puis un diagnostic afin d’en déterminer les causes et les conséquences. A partir de là, une proposition de restauration pourra être élaborée en respectant l’équilibre entre la déontologie de la conservation-restauration et les attentes du musée. Enfin les différentes étapes de l’intervention seront décrites dans l’ordre chronologique des traitements et le tout sera photographié, référencé et documenté. Quant à la troisième partie, elle porte sur l’étude technico-scientifique, dont le sujet concerne l’amélioration d’un collage avec le Mowital® B60HH par l’ajout de primaires d’adhésion, dans le but d’adapter cet adhésif aux objets de grandes dimensions. De plus, ce produit étant assez peu étudié en restauration malgré ses avantages déontologiques, ce travail est l’occasion de mieux le connaître en approfondissant les recherches sur ce matériau. Cette dernière étape exigera beaucoup de réflexion car il s’agira d’exploiter les résultats obtenus suite à des séries de tests sur différents types de primaires, afin de les comprendre et d’en tirer des conclusions.

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SOMMAIRE REMERCIEMENTS ........................................................................................................................................................ 4 AVANT-PROPOS ............................................................................................................................................................ 6 RESUME ........................................................................................................................................................................... 7 SUMMARY....................................................................................................................................................................... 8 INTRODUCTION GENERALE ..................................................................................................................................... 9

Partie I : HISTORIQUE .............................................................................................................................. 18 Contexte et histoire du dolium ........................................................................................................ 21

I. A.

La Gaule du Haut-Rhin autour du Ie siècle.................................................................................... 21

B.

Le site gallo-romain d’Oedenburg ................................................................................................ 26

C.

Fouilles archéologiques et histoire du dolium ............................................................................... 30 Les dolia, définition et généralités .................................................................................................. 37

II. A.

La céramique à l’époque gallo-romaine ........................................................................................ 37

B.

Notion de jarre .............................................................................................................................. 38

C.

Le dolium, une sous-catégorie de jarre ......................................................................................... 39

D.

Un marqueur culturel et temporel ................................................................................................. 41

III.

Etude de l’œuvre : typologie, morphologie, spécificité et utilisation ...................................... 42

A.

Dolium, une appellation incertaine ................................................................................................ 42

B.

Une production d’inspiration romaine ou gauloise ?..................................................................... 43

C.

Les dolia de type Zürich-Lindenhof .............................................................................................. 46

D.

Utilisation du dolium d’étude ........................................................................................................ 49

IV.

Technologie du dolium ................................................................................................................ 52

A.

Les ateliers de potiers de l’Est de la Gaule.................................................................................... 52

B.

Composition du dolium ................................................................................................................. 56

C.

Fabrication du dolium ................................................................................................................... 57

Partie 2 : RESTAURATION ...................................................................................................................... 67 CONSTAT D’ETAT ........................................................................................................................................ 68

Propriétés de la matière originelle ................................................................................................. 71

I. A.

Feuilletage de structure interne ..................................................................................................... 71

B.

Résistance de la matière ................................................................................................................ 71

C.

Porosité.......................................................................................................................................... 73 Altérations structurelles .................................................................................................................. 76

II. A.

Cassures ........................................................................................................................................ 76

B.

Lacunes structurelles ..................................................................................................................... 79

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III.

Altérations superficielles............................................................................................................. 81

A.

Empoussièrement .......................................................................................................................... 81

B.

Pertes d’engobe ............................................................................................................................. 82

C.

Eclaboussures ................................................................................................................................ 83

D.

Concrétions ................................................................................................................................... 84

IV.

Ancienne restauration ................................................................................................................. 85

A.

Un collage partiel .......................................................................................................................... 85

B.

Système d’attache.......................................................................................................................... 88

C.

Marquage ...................................................................................................................................... 89

V.

Récapitulatif des altérations ........................................................................................................... 90

DIAGNOSTIC ................................................................................................................................................. 92

I.

Marques de fabrication ................................................................................................................... 93

II.

Fragilité due aux défauts de fabrication ........................................................................................ 95

III.

Usage, abandon, enfouissement .................................................................................................. 96

A.

Altérations de surface .................................................................................................................... 96

B.

Fragilité structurelle ...................................................................................................................... 96

C.

Cassures et lacunes ........................................................................................................................ 97

D.

Concrétions ................................................................................................................................... 98

IV.

Fouille, restauration et conditionnement .................................................................................. 99 Conséquences de ces altérations – nécessité d’intervention ....................................................... 103

V.

PROJET DE CONSERVATION - RESTAURATION .................................................................................... 106

I.

Demande de la conservatrice et destination de l’œuvre ............................................................. 106

II.

Les critères déontologiques ........................................................................................................... 107

SUPPORTS DE TRAVAIL ............................................................................................................................ 109

I.

Partie remontée du dolium ........................................................................................................... 109 A.

Risques ........................................................................................................................................ 109

B.

Solution ....................................................................................................................................... 110

II.

Fragments isolés ............................................................................................................................. 111 A.

Rangement .................................................................................................................................. 111

B.

Travail ......................................................................................................................................... 112

PROTOCOLE DE TRAITEMENT ................................................................................................................ 113

I.

Fixage et consolidation .................................................................................................................. 113 A.

Fixage de la surface ..................................................................................................................... 113

B.

Consolidation de la structure ....................................................................................................... 116

II.

Dérestauration ............................................................................................................................... 118 A. L'ancien collage : dé-restaurer ou non ? .......................................................................................... 118 C.

Retrait des résidus d’ancien adhésif ............................................................................................ 120

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D.

Retrait et remplacement du système de maintien ........................................................................ 120

III.

Atténuation du décalage pied/panse ........................................................................................ 121

IV.

Collage ........................................................................................................................................ 121

A.

Objectifs ...................................................................................................................................... 121

B.

Critères d’un bon adhésif et choix pour le dolium ...................................................................... 122

V.

Comblement ................................................................................................................................... 125 A.

Cahier des charges ....................................................................................................................... 125

B.

Choix du matériau de comblement .............................................................................................. 127

VI.

Réintégration colorée ................................................................................................................ 133

A.

Type de retouche ......................................................................................................................... 133

B.

Choix des matériaux .................................................................................................................... 135

TRAITEMENT.............................................................................................................................................. 137

I.

Interventions préalables ................................................................................................................ 137

II.

Dérestauration ............................................................................................................................... 140 A.

Retrait et remplacement du système de maintien ........................................................................ 140

B.

Démontage partiel ....................................................................................................................... 142

III.

Fixage - Première consolidation ............................................................................................... 144

A. Préparation ...................................................................................................................................... 144 B.

Tests préliminaires ...................................................................................................................... 145

C.

Mise en œuvre ............................................................................................................................. 145

IV. V.

Atténuation du décalage pied/panse ........................................................................................ 147 Collage et comblement .................................................................................................................. 147

A.

Alternance des deux étapes ......................................................................................................... 147

B.

Renforcement de l’ancien collage par infiltration ....................................................................... 148

C.

Premier comblement : les lacunes de la panse ............................................................................ 150

D.

Retrait de l’intissé ....................................................................................................................... 153

E.

Remontage des fragments de la base du dolium ......................................................................... 153

F.

Second comblement : les lacunes de la base ............................................................................... 156

G.

Ponçage et cernage ..................................................................................................................... 158

VI.

Reconstitution du pied .............................................................................................................. 159

VII.

Seconde consolidation ............................................................................................................... 161

VIII.

Collage final ............................................................................................................................... 162

IX.

Retouche colorée........................................................................................................................ 163

PHOTOGRAPHIES DU DOLIUM AVANT/APRES RESTAURATION ........................................................ 166 CONSERVATION PREVENTIVE................................................................................................................. 169

I.

Conseils de comportement et de manipulation ................................................................................ 169

II.

Conditionnement pour le transport, le stockage et l’exposition ....................................................... 171

III.

Proposition d’un support pour l’exposition ................................................................................. 172

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Partie 3 : ETUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE ..................................................... 176_Toc451272267 I.

Motivations pour le sujet choisi .................................................................................................... 178

II.

Le collage et les primaires d’adhésion : principe ........................................................................ 179 A.

Qu’est-ce que le collage .............................................................................................................. 179

B.

Comment effectuer un collage efficace ....................................................................................... 180

C.

Influence du primaire d’adhésion sur le collage .......................................................................... 181

III.

Les adhésifs utilisés : fiches descriptives ................................................................................. 182

A.

Des résines acryliques et vinyliques, thermoplastiques ............................................................... 182

B.

Mowital B60HH® ....................................................................................................................... 183

C.

L’Eva Art® ................................................................................................................................. 185

D.

Le Paraloïd B-44® ...................................................................................................................... 186

IV.

Protocole expérimental ............................................................................................................. 186

A.

Description .................................................................................................................................. 186

B.

Moyens mis à disposition afin d’assurer la fiabilité des tests ...................................................... 189

C.

Préparation de l’expérience ......................................................................................................... 191

VI.

Tests de variation de type et de concentration de primaire pour un collage au Mowital® 194

A. Tests préliminaires : fiabilité des tests et influence d’un primaire sur l’efficacité d’un collage au Mowital® ............................................................................................................................................. 194 B.

Tests de variation de type de primaire et de concentration ......................................................... 197

CONCLUSION GENERALE ......................................................................................................................... 209 TABLE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................................................... 211 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................................... 217 ANNEXES ..................................................................................................................................................... 227

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FICHE D’IDENTIFICATION PHOTOGRAPHIES avant restauration

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RENSEIGNEMENTS RELATIFS à l’œuvre

Dénomination Domaine

Dolium - Jarre antique Céramique archéologique Butte de l’Alkirch, sur le site Gallo-romain d’Oedenburg,

Provenance

région Alsace (nord-est de la France). Fouilles menées par les universités de Fribourg (Allemagne) et de Bâle (Suisse), en 2000.

Numéro d’inventaire

00.03/452

Lieu de conservation

Réserve du Musée gallo-romain de Biesheim (Alsace).

Datation

Ie siècle Céramique à usage domestique. Contenant à panse ovoïde

Typologie

servant à la conservation des aliments, notamment du grain (blé,…). 23 cm

57 cm

Dimensions

16 cm 45 cm

Poids Remarque

Environ 8 kg (avant restauration). La forme de l’œuvre est typique de la région et de l’époque.

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DESCRIPTION Morphologie

Composition Technique de fabrication

Panse ovoïde*, lèvre à jonc sur l’embouchure et pied bombé vers l’intérieur. Terre cuite commune, poreuse et recouverte d’un engobe à base d’argile diluée teintée. Tour de potier, engobage au pinceau ou au chiffon, cuisson oxydante.

CONSTAT D’ETAT avant l’arrivée dans l’atelier 220

Nombre de fragments Parties manquantes

Restauration antérieure

-

30 lacunes

-

Pourcentage lacunaire : environ 30%

-

Collage partiel avec deux adhésifs différents

-

Système d’attache improvisé pour maintenir des tessons instables.

-

Les fragments du pied n’étant pas rattachés à l’œuvre partiellement restaurée, cette dernière ne peut être posée

Informations complémentaires

dans le bon sens. -

L’ensemble est assez lourd et on ne connait pas la résistance de la colle utilisée lors de l’ancienne intervention. L’objet doit donc être manipulé avec précaution et porté le moins possible.

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HISTORIQUE

« La céramique peut être étudiée pour elle-même. Vases ornés, vases estampillés, services de table ou batteries de cuisine interpellent l’historien de l’art ou l’archéologue, soucieux de faire parler ces documents matériels. »5

Dates de réalisation de l’historique6 : Août 2014 – Décembre 2014

5

BRULET R.,... : La céramique romaine en Gaule du Nord. 2010. Les dates attribuées à chaque étape du mémoire sont très générales. Chaque partie a été régulièrement remaniée, suite à de nouvelles découvertes (historiques,…), de nouvelles remises en questions etc. 6

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Introduction à l’historique Le dolium7 fut découvert en Alsace sur la butte de l’Altkirch, lieu-dit qui se révèle être l’emplacement du village disparu d’Oedenburg. Il fut exhumé lors du chantier international8 de fouilles, qui a eu lieu en 2000 et qui fut dirigé par le Dr. Seitz et le Pr. Nuber de l’Université Albert-Ludwig de Fribourg9 en Allemagne. La céramique se démarque des autres trouvailles par sa finesse (parois très fines) malgré ses grandes dimensions et son caractère utilitaire, ainsi que pour sa forme apparemment spécifique à une époque et à la région rhénane. Le terme latin dolium rattache effectivement ce type de contenant à la civilisation romaine et il est difficile de lui trouver un équivalent actuel. En outre, peu d’exemplaires de ce type et de cette forme ont été retrouvés dans la région, c’est pourquoi il demeure un objet rare et d’une grande importance historique pour le musée de Biesheim. Notre céramique archéologique possède sans doute une histoire riche et un rôle documentaire non-négligeable. Le principal objectif de l’étude historique et technologique de notre œuvre sera de mettre en avant l’importance du dolium d’Oedenburg en tant que témoin d’une époque révolue, et ce à travers l’étude de son contexte historique, de sa typologie et de sa morphologie. Sachant que l’importation de céramiques réalisées à Rome était très fréquente en Gaule romanisée, il s’agit de déterminer en quoi nous pouvons attribuer notre pièce à une production locale. Une étude technologique sera également abordée dans le but de nous apporter des informations supplémentaires sur l’histoire et sur le travail des potiers gallo-romains, qui exercèrent dans les nombreux ateliers antiques découverts autour du Rhin. Ce territoire est en effet riche en matières premières (bois, argile etc.). Cette étape nous permettra également de mieux connaître le dolium et nous dirigera peu à peu vers la partie suivante : le constat d’état.

7

Sous-catégorie de jarre antique.

8

France, Allemagne et Suisse. 9 Freiburg, en allemand.

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La recherche historique s’organisera donc en quatre parties. Tout d’abord, le contexte et l’histoire de l’œuvre seront abordés à travers l’étude historique de la région, jusqu’aux découvertes archéologiques sur le site d’Oedenburg. L’histoire du dolium lui-même sera retracée depuis son exhumation jusqu’à son entrée dans le musée. La deuxième et la troisième partie suivantes s’ouvriront sur une étude des dolia10, en partant des généralités jusqu’au caractère spécifique de notre céramique. Enfin, l’étude technologique nous renverra à l’histoire des ateliers de potiers rhénans jusqu’aux marques de fabrication visibles sur le dolium, qui nous permettent de retracer les procédés de fabrication de cette œuvre .

10

Dolium au pluriel.

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I.

Contexte et histoire du dolium A. La Gaule du Haut-Rhin autour du Ie siècle 1. Localisation et géographie du Haut-Rhin

L’actuelle région Alsace est située au NordEst de la France et sur la rive gauche de Rhin. Sur la rive droite de ce fleuve se trouvent l’Allemagne au Nord, et la Suisse allemande au Sud.

Fig 2 : Localisation de l'Alsace.

La région est divisée en deux départements, le Bas-Rhin et le HautRhin. La commune de Biesheim se situe dans le Haut-Rhin, qui occupe la partie méridionale (Sud) de l’Alsace. La vallée du Haut-Rhin est cernée par le fleuve à gauche, et les montagnes boisées des Vosges à droite. Le Rhin lui-même trouve son origine dans les Alpes suisses au Sud et traverse la majeure

partie

de

L’Europe

septentrionale jusqu’à la mer du nord. Depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, il demeure une des voies navigables Fig 1: Géographie de l’Alsace et de la vallée du Rhin,

les plus fréquentée du Monde.

située entre les Vosges (France) et la Forêt Noire (Allemagne). Frontière du Haut-Rhin située entre Selestat et Colmar.

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2. L’occupation romaine en Gaule et autour du Rhin a. La Gaule et l’Alsace celtique

Avant l’implantation romaine, les Gaules étaient occupées par les Gaulois, une population autochtone attribuée au groupe culturel plus large des Celtes. La dénomination de Gaulois (galli) provenait d’abord des romains, les nombreuses tribus celtes des Gaules ne se donnant pas de dénomination collective autre que Celtes. L’apparition d’une civilisation celtique en Europe est estimée autour de 750 av. JC11. Nommée également Age du Fer, la période celtique s’étend de -750 à -52, c’est-à-dire jusqu’à la conquête de la Gaule par Jules César. Mais le terme et les frontières ne sont pas clairement définis, ils renverraient à plusieurs communautés ayant une appartenance ethnique commune et des langues assez proches. L’ossature du domaine celtique est composée des trois grands fleuves de l’Europe occidentale : le Rhin, le Rhône et le Danube12. Pour les grecs du Ve siècle av. JC, les celtes (Keltoi) désignent le peuple du nord et de l’ouest des Alpes 13. De nos jours, il n’existe aucune source celtique de caractère historique en dehors des témoignages écrits apportés par les Grecs et les Romains. Les rares écrits (tablettes helvètes) ont été détruits ou ont disparu, et l’information chez les Celtes circulait essentiellement à travers une tradition orale. En -279, des troupes celtiques dirigées par Brennos atteignent Delphes, et c’est à partir de cette époque que le terme Galli, qui donnera Gaulois, est employé par les romains pour désigner la peuplade dont les frontières semblent se rapprocher de celles de l’actuelle France. En effet, le concept de nation n’existait pas à l’époque, et le Rhin n’était pas considéré comme une frontière.

11

NORMAND B. : L’Alsace celtique, approche archéologique. 2005, Crdp-Strasbourg, p.8. Ibidem, p.3. 13 Ibid. 12

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En nous focalisant sur la région rhénane, nous constatons en effet que

les

peuplades

locales

englobaient à la fois une partie de la France, de la Suisse et de l’Allemagne (Fig 3). La région était

occupée

par

plusieurs

communautés aux coutumes et aux langages proches, mais qui conservaient leur indépendance : les Triborques, les Rauraques, les Némètes… Oedenburg se situe en territoire rauraque. formaient

Gaulois-Celtes, une

ils

république

indépendante, dont la capitale était Rauric au Raurac14. Fig 3 : Peuples celtiques autour du Rhin. ©Muriel Zehner 2001.

14

RASSET N. : L’Abeille du Jura OU Recherches historiques [..] sur l’ancien évêché de Bâle. 1840, pp.7-8.

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b. L’occupation romaine En l’an 55 av. JC, Caius Julius Caesar (-100 : -44), plus connu sous le nom de Jules César, appartenant à l’une des plus importantes familles patriciennes de Rome, la gens Julia, devint proconsul pour 5 ans. Il fut chargé de l’administration de la Gaule cisalpine et de la Gaule transalpine (la Narbonnaise). Ce statut favorable lui offrait l’occasion d’affermir sa position en politique intérieure. Politicien habile et désirant devenir aussi puissant que le général Pompée, il lui fallait acquérir une gloire militaire. C’est pourquoi il commença par se faire attribuer le gouvernement des deux provinces précédemment mentionnées. Par la suite, de -58 à -51, son génie militaire lui permit de conquérir toute la Gaule15, augmentant par cette occasion le nombre de ses légions, auquel s’ajoutaient les contingents alliés, issus de territoires conquis16. Après la défaite du chef Arverne Vercingétorix (c.-80 ; -46), la soumission des territoires gaulois fut assurée dès 52 av. JC. La cohabitation des peuples celtes des gaules avec l’administration romaine donna la population gallo-romaine. L’époque de la civilisation gallo-romaine s’étendra de la Guerre des Gaules jusqu’à l’avènement des Francs, après la chute de l’Empire Romain d’Occident (476 p. JC).

c. Implantation militaire autour du Rhin

Bien que l'ensemble des Gaules fût conquis, César rencontra des difficultés dans l’administration des territoires suite à des troubles politiques. En effet, jusqu’en -51, Rome est dirigée par le triumvirat, composé de César, Pompée et Crassus. Crassus étant décédé au cours d’une guerre contre les Parthes (Syrie) et Pompée intriguant avec le Sénat contre César ; la région rhénane, située à la limite de la zone conquise, garda une certaine indépendance en conservant son organisation et sa culture traditionnelles.

15 16

MALET A., ISAAC J. : Rome et le Moyen-Age. 1958, pp. 55-56. CUPPERS H., COLLOT G., KOLLING A., THILL G. : La civilisation romaine de la Moselle à la Sarre. 1983, p. 18.

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Nous savons néanmoins que le Haut-Rhin rencontre les troupes romaines pour la première fois en -58, lorsque Jules César est amené à riposter contre l’invasion de la région par les Germains17, menés par Arioviste. Cependant aucune installation romaine permanente n’est attestée sur le Rhin avant -44, époque où Lucius Munatius Plancus18 (-87 : 15) fonde la Colonia Raurica19 sur le territoire des Rauraques. Mais seul un texte épigraphique confirme ce point20 et les premières occupations romaines archéologiquement pertinentes dans le Haut-Rhin datent des années 15 – 12 avant JC, moment où l'empereur Auguste (-63 ; 14), fils adoptif et successeur de César, pose des bases administratives efficaces et réorganise les cités. Il conquiert tout l’arc alpin, qui échappait encore à la domination romaine et commence à déplacer ses légions vers le Rhin afin de contrer la menace germanique qui a défait les légions de Lollius en -1621. Les premiers camps légionnaires s’installent alors sur le Rhin, y compris sur le site d’Oedenburg.

17

Ethnies indo-européennes établies sur le territoire de l’actuelle Allemagne jusqu’aux pays scandinaves. Lieutenant de Jules César, puis proconsul de la Gaule en -43. 19 Site archéologique de Augusta Raurica, actuellement situé en Suisse à 10 km de Bâle. 20 Inscription funéraire de Plancus à Gaète. PLOUIN S., REDDE M., BOUTANTIN C. et al. : La frontière romaine sur le Rhin supérieur. 2001, p. 21. 21 Ibid. 18

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B. Le site gallo-romain d’Oedenburg 1. Localisation du site Le site gallo-romain d’Oedenburg s’étend sur 200 ha au nord du territoire Rauraque. Il appartient aujourd’hui aux communes de Biesheim et Kunheim. Ces communes sont situées sur la rive occidentale et française du Rhin, en face de la ville allemande de Breisach. Le village d’Oedenburg n’existe plus de nos jours. Le nom proviendrait de l’allemand Öde qui signifie désert et qui semble faire référence à un village abandonné. Or Oedenburg ne fut abandonné qu’en 1638 à l’occasion du siège de Breisach, lors

Fig 4 et Fig 5 : Localisation de Biesheim.

de la Guerre de Trente Ans (1618 – 1648) contre les suédois. Le village portait donc déjà son nom depuis des siècles sous l’inspiration plus que probable des ruines de l’agglomération gallo-romaine22.

22

KERN E. : Le mithraeum de Biesheim-Kunheim (Haut-Rhin). 1991, pp. 59-65.

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Fig 6 : Première mention du site d'Oedenburg en 1576. Extrait de la carte d'Alsace de Jean-Daniel Specklin. © Bibliothèque Municipale de Colmar. Bießen = Biesheim Edenburg = Oedenburg Kunen = Kunheim

Oedenburg se situe sur un carrefour où se rencontrent deux voies essentielles : la route d’Italie à la mer du Nord, et la route de Metz vers le Kaiserstuhl23.

2. Un camp romain à Oedenburg La présence d’un camp romain sur le site d’Oedenburg est attestée à partir du règne de l'empereur Claude (41 - 54)24. Proche de la frontière établie par l’Empereur Auguste face aux germains, le limes, le lieu-dit occupe une position stratégique pour administrer l’oppidum gaulois de Mons Bisiacus (Vieux Brisach) qui lui fait face de l’autre côté du Rhin, et servir de réserve militaire pour la garnison de Vindonissia (en Suisse actuelle) dont Oedenburg dépend. Si les traces de fortifications romaines attribuées à l’époque augustéenne sont inexistantes, c’est probablement sous le règne de Tibère25, avant que le dispositif militaire en Germanie ne soit restructuré sous l’empereur Claude, qu’apparaît, vers 20-30, un premier

23

A l’est. Massif montagneux en Allemagne. REDDE M. (dir) et al. : Oedenburg. Une agglomération d’époque romaine sur le Rhin supérieur. Gallia, 62.1, 2005, pp. 215-277. 25 Ibid. 24

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camp militaire sur le lieu-dit de l'Altkirch26. En effet, le signe « XXI » apparaît gravé sur les tuiles retrouvées sur place, traduisant la présence de la XXIe légion27. De plus, du matériel militaire datable du Ie siècle a été mis au jour sur le site. Cette légion ne prend cependant ses quartiers à Vindonissa que vers 43-45, et il semble probable qu’elle ait occupé le site d’Oedenburg jusqu’à cette période. A noter que les inscriptions sur les tuiles (tegulae) n’apparaissent que sous le règne de Claude. Ces indications épigraphiques n’empêchent donc pas l’occupation militaire plus précoce, rendue probable par d’autres traces archéologiques28. Un contingent de cette légion reste certainement sur place pour des raisons administratives ainsi que possiblement des contingents d’autres légions, des tegulae de la I Martia et de la VIII Augusta étant présentes sur le site29. Cette situation demeure inchangée jusqu’en 70 avec la réorganisation de Vespasien lorsqu’il prendra le pouvoir à la suite de la mort de Néron et des troubles de l’année des quatre empereurs. Ayant pris parti contre Othon, puis contre Vespasien, la XXIe légion est installée à Bonn après la prise de pouvoir de ce dernier. Elle est alors remplacée à Vindonissa par la XIe Claudia, dont aucune trace n’est visible sur Oedenburg30. Ainsi, la présence d'un camp romain sur le site ne semble pas dépasser les années 70 de notre ère, lorsque l'Empereur Vespasien entreprend la conquête des « Champs Décumates31 ». Une administration militaire de la région de l'Altkirch semble alors devenir inutile, autant par le déplacement de la frontière loin vers l’est que possiblement du fait du développement de l’agglomération civile très romanisée. Une situation qui perdurera jusqu’au IIIe siècle.

26

Butte surplombant Oedenburg et lieu-dit appartenant à la commune de Biesheim. Créée par l’empereur Auguste en -31 puis dissoute au plus tard en 92 ap. JC. 28 REDDE M. : Op. cit p.26. 29 Ibid. 30 PLOUIN S., REDDE M., BOUTANTIN C. et al. : La frontière romaine sur le Rhin supérieur. 2001, p.26. BERARD F. : « XXIe Rapax », in Y. Le Bohec dir., Les légions de Rome sous le Haut-Empire, Lyon, 2000, p. 49-67 31 Zone peu peuplée qui englobe le piémont septentrional et oriental de la Forêt-Noire. 27

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3. Développement d’une vie civile Parallèlement à l'installation militaire, une agglomération civile s'est donc développée autour du camp, selon un processus de municipalisation constant sur le limes, aux marges de l’Empire. Le géographe grec Ptolémée (c.90 – 168)32 aurait mentionné une ville des Rauraques, Argentovaria, qui pourrait être attribuée à Oedenburg. Cette dernière fut très prospère durant le second siècle de notre ère, mais aucune autre preuve ne nous permet de rendre pertinente la corrélation entre les deux noms. Le site a très probablement été occupé par une population mixte, romaine et gauloise romanisée, que nous pouvons qualifier de gallo-romaine. Un complexe culturel se développe et plusieurs sanctuaires de type indigène voient le jour durant cette période. Cette civilisation occupera apparemment les lieux sans interruption du Ie au Ve siècle.

32

PLOUIN S.,… : Op. cit. p. 27.

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C. Fouilles archéologiques et histoire du dolium 1. Historique des découvertes Les origines gallo-romaines du site sont mentionnées pour la première fois par l’écrivain Alsacien Beatus Rhenanus33 en 1551. Les premières découvertes sur le site d’Oedenburg débutent au XVIIIe siècle. A cette époque, les ruines sont encore très visibles et le site très étendu, laissant deviner l’existence d’une agglomération importante dans le passé. En 1770, les premières recherches mettent au jour un fragment de bas-relief en grès rose, présentant la partie supérieure d’un Fig 7 : Fragment de bas-relief découvert en 1870 © O. Zimmermann, Musée d’Unterlinden, Colmar.

athlète.

D’autres vestiges sont retrouvés ensuite, dont de nombreuses tuiles en terre cuite présentant la marque de la XXIe légion, des médailles en bronze représentant l’Empereur Auguste (27 : 14), etc. A partir de là, il n’y a plus aucun doute ; un site galloromain a bel et bien été découvert. Fig 8 : Tuile de la XXIe légion, découverte en 1870. ©Studio A, Neuf-Brisach.

33

1485 – 1547. De son vrai nom Beat Bild, éditeur, écrivain et avocat humaniste. Il donna sa bibliothèque à la Bibliothèque humaniste de Sélestat (Alsace).

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Les premières véritables fouilles ne commencent qu’à partir de 1824, sous la direction de Philippe de Golbéry34. Ce dernier réalisa plusieurs tranchées sur la butte de l’Altkirch, mettant au jour trois couches superposées : une médiévale, une gallo-romaine et une celte. Son but principal était de faire connaître l’importance du site. Cependant, le site se fera surtout connaître suite au creusement d’un canal d’alimentation reliant le Rhin au canal du Rhône-au-Rhin.

De

nouvelles

découvertes

sont

mises

au

jour

accidentellement, dont une dizaine d’amphores « fichées debout dans l’argile gris […] ont été brisées par les ouvriers ; la seule qui ait été retirée intacte mesure 0,98 mètres de haut (1868) »35. Malheureusement, une grande partie des découvertes ont disparu, pour une grande part suite à la négligence des ouvriers.

Fig 9 : Amphore intacte, conservée au musée de Biesheim.

D’autres découvertes verront ensuite le jour lors du creusement d’un fossé latéral au canal d’alimentation. Parmi elles se trouvent des céramiques culinaires et sigillées.

Fig 10 : Céramiques découvertes sur l'emplacement des camps romains. © Musée de Biesheim.

2

1786 – 1854. Juriste et homme politique alsacien, auteur de nombreuses publications consacrées à l’Antiquité, l’histoire de l’Alsace et la préservation des édifices historiques. 35 PLOUIN S.,…: Op.cit, p. 27.

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2. Fouilles récentes a. Seconde moitié du XXe siècle Les fouilles cessent au début du XXe siècle pour ne reprendre qu’en 1960 suite à un regain d’intérêt provoqué par deux archéologues de Colmar, Charles Bonnet et Madeleine Jehl. Ils réalisent des sondages36 en 1960, 1965 puis 1973. La même année, Paul Carl, instituteur de Biesheim et fondateur de la Société d’Archéologie Locale, rejoint le groupe, suivi de bénévoles. Dirigées par Erwin Kern, les services de l’Etat interviennent également entre 1976 et 1982 et révèlent le plan orthogonal des rues et des habitats, ainsi que les structures du mithraeum37. Entre 1978 et 1981, les premières traces d’une fortification romaine tardive sont découvertes. b. Fouilles des années 2000 et découverte du dolium L’année 1998 débute par un vaste programme de recherches sur la butte de l’Altkirch, initié par Michel Reddé. Les universités de Fribourg-en-Brisgau et de Bâle collaborent à ce projet. De nombreux étudiants viennent alors assister aux campagnes de fouilles. Les traces d’un palais-forteresse sont découvertes. Il aurait été construit sous le règne de Valentinien au IVe siècle de notre ère. Des monnaies et des céramiques de l’époque romaine tardive nous révèlent que l’utilisation de ces constructions s’étend jusqu’au Ve siècle38.

Fig 11 : Les fossés de fondation pillés du bastion d'angle sud-est de la fortification. Largeur de 3 m. © G. Seitz, Université de Fribourg.

36

Exploration en profondeur du sol pour déterminer la nature de ses diverses souches ou pour découvrir ce qui y est enfoui. 37 Sanctuaire du Culte de Mithra, très pratiqué dans l’Empire romain du IIe siècle. 38 PLOUIN S.,… : Op. cit. p.27.

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Fig 12 : Localisation et reconstitution 3D du Palais-forteresse © Musée de Biesheim

Le palais se trouvait au cœur de l’agglomération civile antique installée sur l’Altkirch, au carrefour névralgique des deux voies de communications importantes : la route d’Italie vers la mer du Nord et la route de Metz au Kaiserstuhl. Cependant, des fondations plus anciennes ont été découvertes au nord de l’emplacement de ce palais-forteresse. En effet, selon le rapport de fouilles du chantier 03, « on a pu reconnaître, sous la tranchée d’épierrement, la présence de fondations antérieures, qui attestent d’une phase de construction en pierre plus ancienne, parfois placée exactement sous les murs de la forteresse valentinienne » 39. C’est à ce niveau antérieur que le dolium fut découvert.

39

NUBER H., SEITZ G. : Les fouilles d’Altkirch (Chantier 03). 2003, p. 44.

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Fig 13 : Zone de découverte du dolium sur l’emplacement du Palais-forteresse.

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Cependant, il se trouve que le dolium a été trouvé dans une couche stratigraphique antérieure à celle de la forteresse du Bas-Empire. Un niveau plus ancien qui appartiendrait donc au Ie siècle40 de notre ère, datant ainsi l’enfouissement du dolium.

Fig 14 : Coupe stratigraphique et situation du dolium. © Musée de Biesheim

La découverte du dolium sur cette couche antérieure montre qu’une autre construction se trouvait déjà sur place avant la construction du palais-forteresse et abritait sans aucun doute les propriétaires de notre céramique.

40

Informations fournies par Mme Viroulet, Conservatrice du musée gallo-romain de Biesheim.

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3. Histoire du dolium depuis sa découverte Le dolium fut donc exhumé dans un état très fragmentaire en 2000 par les étudiants stagiaires. Le jour-même, il fut transféré et stocké dans les réserves de l’institut d’archéologie de l’Université de Fribourg, en Allemagne, non-loin du site. Les fragments furent méticuleusement nettoyés au sein de ces réserves par les mêmes étudiants, à l’eau et à la brosse à dent. Après séchage, ils furent conditionnés dans des sachets Polygrip®, à base de polyéthylène. Le responsable d’opération a ensuite transféré le dolium fragmentaire au Musée de Biesheim entre 2000 et 2006. Les fragments auraient alors été conservés dans du film à bulles et dans des conditions climatiques correctes, soumis à une humidité relative de 40% et à une température de 18°C. En 2010, le remontage fut confié un archéologue bénévole, M. Woehl41. Seule une partie des fragments ont pu être remontés, et ceux appartenant à la base de l’œuvre n’ont pu être emboités correctement à l’ensemble. Par

conséquent

l’œuvre

n’était

pas

présentable pour être installée dans les galeries d’exposition du musée car elle ne pouvait être posée qu’à l’envers, sur son ouverture. Elle est donc restée pour cette raison dans la réserve. La partie principale remontée fut posée sur une table couverte de film à bulles tandis que les fragments restant ont été laissé dans leurs sachets. Un seul fragment fut laissé à côté du dolium, mais il s’est révélé d’être étranger à ce dernier. L’objet est resté dans ces conditions jusqu’à son transfert dans les

Fig 15 : Partie principale du dolium lors de sa conservation dans la réserve.

ateliers de l’Ecole de Condé en septembre 2014.

41

Informations fournies par Mme. Viroulet.

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II.

Les dolia, définition et généralités

A. La céramique à l’époque gallo-romaine La céramique occupe une place importante dans l’économie antique, le matériau étant indispensable pour de nombreux usages : -

La vaisselle courante

-

Les contenants volumineux : amphores, dolia,…

-

Les éléments de construction : tuiles, briques…

-

Les petits objets mobiliers, à usage domestique et/ou cultuel: lampes, statuettes…

Deux catégories de céramiques sont produites à cette époque42 : 

La céramique fine

Ces céramiques sont généralement luxueuses et d’un aspect soigné. Les parois sont souvent rehaussées d’un décor moulé avant d’être recouvertes d’un revêtement lustré. Elles sont essentiellement destinées au service de table. Rarement produites sur place au début de l’occupation romaine, elles étaient importées depuis la Méditerranée. Les potiers locaux imitèrent et adaptèrent ces produits par la suite. La plus connue est la céramique sigillée, typiquement romaine : surface argileuse grésée rouge et décors moulés. 

La céramique commune

Produite dans les ateliers régionaux et locaux, elle s’étend sur un territoire restreint et est surtout destinées à l’usage domestique et/ou cultuel : vaisselle de table, de préparation, de stockage et de transport etc. Fig 16 : Amphores, céramiques destinées au stockage et au transport. © Musée de la Cour d'Or, Metz. 42

FORTUNE. C., KUHNLE G., PLOUIN S., VIROULET B. : Florilège de céramiques gallo-romaines en Alsace. 2009, p. 48 – 52.

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B. Notion de jarre L’œuvre de ce mémoire est nommée sous son appellation latine : dolium, ou dolia au pluriel. Ce terme désigne un type particulier de jarre qui nous renvoie à l’Antiquité romaine. Afin de mieux comprendre la définition et la fonction des dolia, définissons dans en premier temps ce qu’est une jarre. Ce terme générique de forme désigne une céramique utilitaire appartenant à la famille du pot, autrement dit à l’ensemble des récipients fermés, munis ou non d’un col et dont le diamètre minimal est supérieur ou égal à un tiers du diamètre maximal.

Selon

l’ouvrage

d’Hélène

Balfet43, « la jarre se distingue du pot par une plus grande taille moyenne et une plus grande profondeur comprise entre deux fois et trois fois le diamètre de l’ouverture. ».

Fig 17 : Jarres grecques "pithoi", Cnossos.

Destinée à contenir des denrées alimentaires ou du liquide (vin, sauces,…), une jarre peut également être définie comme étant un grand vase en terre cuite, à large ouverture, panse ovoïde*, anses et fond plat44.

43

BALFET H., FAUVET-BERTHELOT M-F., MONZON S. : Lexique et typologie des poteries : pour la normalisation de la description des poteries. 1989, p. 16. 44 Le Petit Larousse illustré, 2004.

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C. Le dolium, une sous-catégorie de jarre Les dolia sont des souscatégories de jarres qui ne possèdent

pas

d’anses.

La

fonction des dolia pouvait s'apparenter soit à celle des citernes

pour

stocker

du

liquide, (vin, huile), soit à celle des silos pour les aliments solides (céréales etc.).

Fig 18 : Dolia à Ostia Antica (Ostie).

Selon Le dictionnaire des antiquités grecques et romaines45 , le dolium est une catégorie de tonneau. En effet, il faut également savoir que durant l'antiquité, le tonneau a existé sous deux formes:

une grande jarre de terre cuite

une futaille de bois

Fig 19 : Le tonneau de Diogène, Jean-Léon Gérôme, 1860, © Walters Art Museum (Baltimore). Grande jarre de terre cuite.

Or il se trouve que la forme en terre cuite est la plus ancienne et fut la plus fréquemment utilisée dans l'antiquité, non seulement romaine, mais aussi grecque. Il fut par exemple mentionné dans la littérature homérique en tant que récipient utilisé pour la conservation du vin46.

45DAREMBERG

C., SAGLIO E. : Dictionnaire des antiquités grecques et romaines. 1877 – 1919, p.332. http://dagr.univ-tlse2.fr/sdx/dagr/feuilleter.xsp?tome=2&partie=1&numPage=336 46Ibidem.

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En effet, les fouilles de Troie menées par H. Schliemann ont mis au jour neuf de ces récipients de terre cuite, d'une hauteur de 1m72 et supposés avoir renfermé du blé ou du vin47. La plupart étaient munis de couvercles, en plaques de schiste ou de calcaire.

Fig 20 : Dolia trouvés à Troie. © C. Daremberg

Fig 21 : Dolium avec couvercle. © C. Daremberg

Les dolia étaient destinés à être enterrés, ce qui explique leur base pointue, qui permettait de faciliter leur insertion dans la terre. Les anciens considéraient en effet que les vins et les denrées alimentaires ne pouvaient être conservés à long terme s'ils restaient en contact avec l'air. L'enfouissement permettait aussi la conservation au frais dans les pays de forte chaleur que sont la Grèce et l'Italie. De plus et à l’inverse des amphores, une fois installées et remplies, ces citernes, ou silos selon le type de contenu, étaient quasiment impossibles à déplacer en raison de leur volume et de leur poids. C’est pourquoi il fallait puiser directement dedans pour les vider. Elles pouvaient être enterrées et servir de grenier, mais aussi être utilisées pour le transport en vrac par bateau48. Et même dans ce dernier cas, les dolia n’étaient jamais déplacés et conservaient un poste fixe dans la cale49. D’une taille généralement importante, ils étaient malgré tout fragiles et cassaient facilement. Cette fragilité peut d’ailleurs être constatée sur le dolium de ce mémoire : ses parois sont très fines malgré son grand volume et son poids.

47

DAREMBERG C. : Op. cit, p. 38. Définition provenant du site de l’INRAP : http://www.inrap.fr/Archeologie-du-vin/Le-saviez-vous-/p-13324-Doliumpluriel-dolia.htm. 49 Informations collectées lors d’une visite de l’exposition De l’amphore au conteneur, Musée National de la Marine, Paris. 48

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D. Un marqueur culturel et temporel Le terme latin dolium donne une indication culturelle du fait qu'il se rattache à la civilisation romaine. Comme nous l’avons vu précédemment, on retrouve l’équivalent de ces céramiques à l’époque grecque, sous le nom de pithos (πίθος). Cependant, la production des dolia disparait peu à peu dès l’Antiquité tardive, sous l’effet des invasions barbares. La société se transforme alors sous l’occupation germanique, instaurant une culture matérielle et des pratiques alimentaires différentes, beaucoup moins méditerranéennes. Le tonneau de bois, de tradition celtique et germanique, prend peu à peu le dessus pour la conservation de la nourriture, fumée ou salée50. Mais cette disparition n’est pas homogène géographiquement. Il faut en effet noter que la tradition des tonneaux de terre cuite a perduré jusqu’à nos jours en Espagne (les Tinajas)51 et même en Georgie (les Kvevri).

Fig 22 : Tinajas, Colménar de Oréja, gravure du XIXe s.

50 51

Fig 23 : Kvevri, Georgie, 1875 – 1900. © Mucem, Marseille.

Informations fournies par M. Emile Drecker, ancien directeur du Musée de Sarreguemines. GARNIER E. : Histoire de la Céramique. 1882, p. 128 – 129.

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III.

Etude de l’œuvre : typologie, morphologie, spécificité et utilisation

A. Dolium, une appellation incertaine Bien que la morphologie de l’œuvre se prête aux dolia que nous avons étudiés dans la partie précédente, nous savons également que ces contenants étaient de taille très importante. Or le dolium se révèle être de très petite taille. En effet, les dolia pouvaient contenir jusqu’à environ 2000 litres de denrées52, liquides ou solides. Un calcul très approximatif du volume du dolium53 montre qu’il pouvait contenir moins de 360 litres de denrées, sur la natures desquelles nous reviendrons. De plus, certains dolia pouvaient atteindre deux mètres de haut, tandis que le nôtre mesure 57 cm.

Fig 25: Dolium : plus de 2 m de haut. Vaison-la-Romaine (Vaucluse). Carte postale.

Fig 24 : Dolium d'étude : 57 cm de haut.

52 53

Information lue à l’exposition De l’amphore au conteneur, Musée National de la Marine, Paris. Cf. Annexes p. X. On calcule l’aire en fonction du rayon maximal étudié au niveau de la panse, puis on multiplie par la hauteur. (∏ x 452) x 57 = 362 618 cm3 = 369,618 dm3 (L)

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B. Une production d’inspiration romaine ou gauloise ? Comme son nom latin l’indique, le dolium a été attribué avant tout à une production locale d’inspiration méditerranéenne, les romains étant spécialisés dans les tonneaux de terre cuite tandis que les celtes auraient opté pour les futailles de bois. Cependant, cela se révèle être plus complexe et des recherches supplémentaires se sont imposées afin de corriger certaines idées reçues.

1. Attribution du dolium en fonction de sa matérialité Rappelons que le dolium a été créé sur un territoire occupé par une population celte, qui a perduré malgré l’occupation romaine. Les vestiges trouvés sur le site d’Oedenburg témoignent effectivement d’une influence soit celtique, soit romaine selon le caractère de chaque objet. En effet, plusieurs types de céramiques communes ont été identifiés, nous citerons ci-dessous ceux qui sont en rapport direct avec le dolium :

Elle est rarement décorée car son usage La céramique commune claire

est utilitaire et non décoratif. Sa pâte va généralement du rouge à l’orange (cuisson oxydante54). Il reprend les formes de la vaisselle méditerranéenne, ce qui inclut les dolia55. Fig 26 : Vase gallo-romain, céramique commune claire, avec décor en relief. © Musée de Biesheim

54 55

Cuisson avec apport d’oxygène (O2) FORTUNE C.,… : Florilège de céramiques gallo-romaines en Alsace. 2009.

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La céramique

De cuisson réductrice56, elle ne possède

commune

pas de revêtement et son répertoire est

grise

de type indigène (rauraque)57.

Fig 27 : Vase de répertoire indigène. Céramique grise, avec décor incisé. © Musée de Biesheim

La céramique commune peinte

La céramique est peinte d’un engobe* de couleur blanche, rouge ou brun foncé. Il s’agirait d’une tradition gauloise58.

Comme nous le verrons ultérieurement, la pâte du dolium est orangée et recouverte d’un engobe blanc, ou gris très clair. Or le tableau nous indique que l’engobe blanc serait plutôt issu d’une tradition celtique.

2. Des tonneaux de terre cuite en Gaule Les contenants de terre cuite semblent être officiellement et exclusivement rattachés à la tradition méditerranéenne antique (Italie, Grèce, voire Espagne). Mais J-L. Brunaux, spécialiste de la civilisation gauloise, dément cette idée fixe. Tout d’abord, les gaulois connaissaient déjà le tour de potier59 avant l’occupation romaine, technique qui a permis de réaliser ce dolium60. Ensuite, le spécialiste mentionne « l’utilisation de grosses jarres enfoncées à même le sol de la maison » et « des silos enterrés […] grandes fosses en forme de cloche fermées d’un couvercle »61. L’origine exclusivement méditerranéenne du dolium est donc remise en question.

56

Sans apport d’O2. FORTUNE C,… : Op. cit. page précédente. 58 Ibidem. 59 BRUNAUX J-L. : Nos ancêtres les Gaulois. 2008, p. 107. 60 Voir l’étude technologique du dolium, p. 56. 61 BRUNAUX J-L. : Ibid, p. 109. 57

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Enfin, l’ouvrage de Brunaux mentionne des relations commerciales et culturelles non négligeables entre la Gaule et les populations italiques et grecques, et ce bien avant l’occupation du territoire par César. Si les jarres de terre cuite ont réellement une origine méditerranéenne, nous pouvons supposer qu’ils seraient apparus en Gaule bien antérieurement au premier siècle avant notre ère, suite à ces échanges.

3. Origine du décor supposé sur les parois du dolium La partie supérieure de l’œuvre présente trois enfoncements linéaires distincts, mais il est difficile de déterminer s’ils ont été créés volontairement ou s’il s’agit de défauts de fabrication62, donc d’un résultat hasardeux issu du façonnage de l’objet. Fig 28 : Enfoncements linéaires.

Le premier cas est néanmoins probable car ce type de décor se rattacherait à la tradition gauloise, spécialisée dans les décors incisés (Fig 27). Mais d’autre part, le cerclage des dolia aurait également été employé dans la tradition méditerranéenne, à la différence que les parois étaient alors « cerclées de cordons de terre grossièrement ornés à la main »63.

62 63

BRUNAUX J-L. : Op. cit. p.43. GARNIER E. : Histoire de la céramique. 1882, p. 128.

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C. Les dolia de type Zürich-Lindenhof 1. Origine du terme et localisation Selon le musée, le dolium ici étudié est caractéristique des dolia de la Gaule rhénane. Plus précisément, il appartient à la catégorie des dolia de type Zurich – Lindenhof64 (Z-L). Ce type de dolium serait apparu à l’époque de la Tène65D2b66,67 et aurait été produit jusqu’à la fin du règne de l’empereur romain Néron. Le terme Z-L est mentionné pour la première fois en 1948 par E. Vogt, qui l’aurait attribué à partir de l’étude du site de Zürich-Lindenhof68,69. Mais en réalité, la production de dolia Z-L s’étend sur un territoire bien plus large autour de la zone, s’étendant sur la plaine du Rhin supérieur et moyen. Les premières formes reconnues dans l’Est de la France sont mises au jour dans les camps augustéens70 de Bâle (en région rhénane, non loin d’Oedenburg).

Fig 29 : Carte de répartition des dolia de type Zurich – Lindenhof en région rhénane. © Musée de Biesheim

64

Documentation (non publiée) fournie par le musée de Biesheim. La Tène est le nom d’un site archéologique situé au bord du lac de Neuchâtel, en Suisse. Le terme fut ensuite attribué au Second Age du Fer de la Gaule, apogée de la civilisation celtique, qui s’étend d’env. 475 av. JC à env. 30 de notre ère. DUVAL A., J-Cl BLANCHET : Le Deuxième Age du Fer, ou époque de la Tène, en Picardie. 1976, p.48 66 50 - 30 avant J-C. 67 BONAVENTURE. : Céramiques et société chez les Leuques et les Médiomatriques. Thèse, 2010, p.65. 68 Le Lindenhof est une colline située dans l’actuel centre historique de Zürich (Suisse). 69 BONAVENTURE B. : Ibidem. Information d’après le travail de M. Zehner. 70 Camps datant de l’époque de l’Empereur Auguste (27 av. JC – 14 ap. JC). 65

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2. Morphologie Le dolium possède un profil convexe*, ce qui rend la forme globale ovoïde* ou ovale 71. Cette forme galbée se retrouve sur l’ensemble des dolia Z-L.

Fig 30 : Morphologie générale du dolium : ovale.

Ces dolia sont facilement identifiables car ils possèdent une forme globale commune : le bord de l’embouchure généralement développé vers l’intérieur comme vers l’extérieur et le pied bombé vers l’intérieur.

Fig 32 : Dolium de type Zurich – Lindenhof (raté de cuisson) provenant de Breisach – Münsterberg. Similitude importante avec notre œuvre. © Wengler 2005. Fig 31 : Dolium d'étude (restauré).

71

PEIFFER J. G. : La céramique, Expertise et Restauration. Ed. FATON, 2010, p. 45.

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Fig 33 : Profil et coupe archéologique de notre dolium. © Musée de Biesheim

Fig 34 : Reconstitution d'un dolium Z-L et coupe des différents types de bords. © M. Zehner.

L‘embouchure du dolium est similaire à celles des dolia Z-L trouvés sur les sites de Bâle, Augst, Kembs, Zürich et Ehl. Vingt-deux bords de dolia ont été étudiés72 et se ressemblent tous fortement. Ils sont datés de façon plus précise car ils appartiennent tous à l’époque de la dynastie julio-claudienne, qui s’étend du règne d’Auguste jusqu’à Néron.

Fig 35 : Situation chronologique de la dynastie julio-claudienne.

72

VIROULET B. : La céramique pré-flavienne. 1995.

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D. Utilisation du dolium d’étude 1. Période de fabrication et d’utilisation La production de dolia Zürich-Lindenhof (Z-L) dont la forme est similaire au dolium d’étude s’étend donc de l’époque augustéenne jusqu’à la mort de Néron. Notre objet a donc été produit dans cet intervalle de temps. Mais son utilisation peut s’étendre au-delà de l’an 70 de notre ère, sans dépasser le Ie siècle, qui correspond à la couche stratigraphique dans laquelle le dolium fut découvert. L’objet a donc sans aucun doute été abandonné dès la fin de ce siècle.

2. Propriétaires L’emplacement du dolium se situe assez loin des camps romains73. De plus, le palaisforteresse se situe au centre de la butte de l’Altkirch, qui était le cœur de l’agglomération civile antique. Il est donc très peu probable que les propriétaires furent des légionnaires ou autre membre de l’armée. Nous avons également vu que cette population civile aurait été constituée essentiellement d’indigènes (rauraques), notamment en raison de la présence d’un sanctuaire celtique74 construit durant le développement de cette vie civile. L’ouvrage de J-L. Brunaux peut également nous fournir une hypothèse concernant le statut social des propriétaires de notre dolium. En effet, beaucoup de matériel prestigieux se trouvait dans les demeures des aristocrates Gaulois : des outils en fer, des armes… Et des céramiques tournées. Plus loin, il précise que « dans les fermes d’un certain niveau et dans les villas aristocratiques, les denrées alimentaires se conservaient dans de grosses jarres enfoncées à même le sol de la maison »75.

73

Se référer à la Fig 12 p. 30 pour revoir le plan du site. Ibidem. 75 BRUNAUX J-L : Op. cit., p. 43. 74

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3. Lieu d’utilisation Un autre rapport76 sur des fouilles menées sur le site de Zimmersheim77 dans le HautRhin pourrait nous donner un indice sur le lieu de placement de notre céramique. En effet, un autre dolium y a été excavé. La structure des lieux et les vestiges exhumés (blocs de torchis avec empreintes de clayonnage, coffre en bois) laissent supposer que cet autre dolium fut conservé dans un bâtiment semi-excavé, autrement dit une cave.

Fig 36 : Dolium de Zimmersheim (retrouvé avec entonnoir).

Fig 37 : Schéma de la cave d'où fut exhumé le dolium de Zimmersheim.

Des dolia ont été retrouvés dans les villa rusticae78, villas romaines ou gallo-romaines occupées par des familles généralement aisées. Il est donc probable qu’une des villas ait pu se trouver sur la butte de l’Alkirch avant l’implantation du Palais-Forteresse au IVe siècle.

76

Documents non-publiés, confiés par Mme Viroulet, Conservatrice du Musée de Biesheim. Vers 5 km au Sud de Mulhouse. Territoire Rauraque tout comme Biesheim à l’époque gallo-romaine, donc influences similaires. 78 Informations donnée par M. Decker, ancien conservateur des Musées de Sarreguemines. 77

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4. Fonction du dolium Les dolia servaient à contenir des denrées alimentaires, liquides ou solides. Généralement, ils conservaient surtout des grains (blé,…). Ils étaient enterrés afin de conserver les aliments au frais. Cependant, le grand inconvénient des dolia était leur surface poreuse, qui ne pouvait empêcher la pénétration de l’humidité du sol, problème qui pouvait alors nuire à la conservation des aliments. Il fallait donc recouvrir cette surface d’un engobe imperméabilisant. Dans le cas des dolia conservant les liquides tels que le vin ou l’huile, l’intérieur était recouvert d’un enduit empêchant la pénétration du contenu dans les pores79.

Or sur le dolium l’enduit (ou engobe) se situe sur les parois externes, la surface intérieure étant laissée à nu, c’està-dire poreuse. Cela indique donc que le contenant n’a pas servi à conserver du liquide, mais du solide, sans aucun doute des céréales.

Fig 38 : Engobe gris-clair sur la surface externe du dolium.

79

http://www.inrap.fr/Archeologie-du-vin/Histoire-du-vin/Antiquite/L-histoire/Techniques-et-production/p-13172La-vinification-dans-les-dolia-enterrees.htm#.VAeXEPl_vEg

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IV. Technologie du dolium A. Les ateliers de potiers de l’Est de la Gaule La forme du dolium étant typique de la région, il ne peut donc s’agir que d’une production locale, réalisée par des potiers régionaux. Mais ce que nous appelons atelier de potier en Gaule romaine ne désigne pas une grande entreprise. En effet, ces ateliers reposaient sur un certain nombre d’artisans libres, d’importance plus ou moins égale et pratiquant leur métier sur un lieu commun tout en gardant chacun une certaine indépendance. Généralement, ces artisans ne s’occupaient pas eux-mêmes de la commercialisation de leurs productions car ce travail était réservé aux commerçants spécialisés80.

1. Localisation des ateliers Les ateliers de potiers gallo-romains pouvaient se trouver dans deux types d’environnement, soit : -

En milieu urbain. Donc lié aux agglomérations. Les fours étaient alors inclus dans la trame urbaine.

-

En milieu rural. Les fours se trouvaient soit dans le domaine d’une villa, soit regroupés en centres de production81.

Dans les deux cas, le choix de l’emplacement d’un atelier dépendait avant tout des matières premières disponibles sur place. A savoir que pour assurer la prospérité de l’entreprise, trois éléments étaient indispensables : l’argile, l’eau et le bois. Or on trouvait ces matières premières en abondance dans la région rhénane 82. En effet, tandis que l’argile et l’eau nécessaire pour le façonnage de cette dernière étaient fournies par le Rhin et ses affluents, le combustible alimentant la cuisson des pièces provenait directement des forêts vosgiennes et de la Forêt-Noire (Allemagne).

80

BURNOUF J., HECKENBENNER D., COUDROT J-L., LEGENDRE J-P. : La Lorraine antique, villes et villages. Ed. Est – Imprimerie, 1990. 81 FORTUNE C., KUHNLE G., PLOUIN S., VIROULET B. : Florilège de céramiques gallo-romaines en Alsace, La vaisselle régionale dans tous ses états. Catalogue d’exposition, ed. Valblor – Groupe Graphique, 2009, p.14. 82 Ibid.

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Sur le site d’Oedenburg, les nombreuses céramiques d’usage courant (culinaire ou de stockage) mises au jour ont vraisemblablement été réalisées sur place. Mais pour le moment, aucun four ou autre vestige d’atelier de potier n’est attesté sur le site. A cette époque, la ville de Strasbourg était un des plus grands centres83 de poterie en Gaule, centres qui fournissaient les armées romaines. Mais à l’échelle régionale, il est probable que les camps et l’agglomération civile

de

l’Altkirch

aient

été

approvisionnés en céramiques par l’un des centres de production les plus importants de l’Alsace antique : les ateliers de

Oedenburg

Dambach-la-Ville, situés à 40 km au Nord Fig 39 : Dambach-la-Ville. Localisation

d’Oedenburg, donc bien plus proche que ceux de Strasbourg.

En effet, des produits analogues à ceux de Biesheim auraient été découverts sur ce site, qui contient des traces pertinentes d’ateliers de potiers gallo-romains (fours antiques,…)84.

83

A l’instar des villes de Millo, Saintes, Beauvais, Amiens,… Informations fournies par M. Musculus, ingénieur en céramologie. 84 FORTUNE C…: Op. cit., p.51.

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2. Organisation du travail La fabrication d’objets céramiques se déroulait en six grandes étapes85 :

1. 1. La collecte de matières premières

et

de

combustible.

Elle concerne l’approvisionnement en argile, en eau et en bois. L’argile à l’état brute, appelée terre, est travaillée afin que le façonnage soit rendu plus aisé par la suite. Suite à cette

2. 2. La préparation de l’argile.

amélioration, elle prend alors le nom de pâte. Pour ce faire, la terre passe par le triage, le tamisage, la décantation, le broyage,

le

mélange,

le

malaxage

ainsi

que

l’humidification86. Deux techniques sont employées pour la réalisation des 3. 3. Le façonnage.

céramiques communes : le modelage (au colombin) ou le tournage.

4. 4. Le séchage. 5. 5. La mise au four, la cuisson, le retrait du four. 6. 6. La commercialisation.

85 86

C’est à cette occasion que sont jetés les rebuts de cuisson. Elle est effectuée par des commerçants spécialisés.

FORTUNE C.,… : Op. cit. p.51. PEIFFER J. G. : L’art des céramiques, Une histoire complète des techniques, 2000.

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Fig 40 : Organisation des ateliers de potiers gallo-romains.

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B. Composition du dolium La région rhénane est riche en matière argileuse, nécessaire aux potiers. A cette époque, c’est-à-dire bien avant la construction des canaux d’alimentation, les crues du Rhin ne pouvaient être contrôlées. C’est pourquoi le fleuve débordait chaque hiver87, puis se retirait en laissant des dépôts importants d’argile. L’argile rhénane est issue des dépôts éoliens88, ces derniers amenant à la formation deux éléments qui entrent dans la composition de la pâte commune : les limons et les sables. Le terme « limon » se rapportant à une terre très fertile, le site rhénan est très riche en limons alluviaux, appelés aussi limons lœssiques89 ou encore limons éoliens. Les limons lœssiques se caractérisent par une couleur jaune pâle, une forte teneur en calcaire et une texture fine, douce au toucher. Cette finesse apporte à l’argile sa plasticité, qui permet au potier de réaliser des formes à sa guise. Outre les limons, les argiles rhénanes étaient en grande partie composées d’une matière plus grossière et réfractaire, composée de silices : les sables, qui entrent à plus de 50% dans la composition des argiles rhénanes. Cette silice se trouve en grande quantité dans les Vosges. Quant à l’engobe blanc généralement utilisé sur les dolia Z-L, il était plus ou moins micacé.

87

Les habitations environnant le Rhin étaient construites sur des pilotis afin d’échapper aux inondations. Informations fournies par M. Musculus, chargé d’enseignement à l’école de Condé. 88 Dépôts issus de l’érosion éolienne : le sol se dégrade sous l’action du vent, qui arrache et transporte les particules de terre les plus légères, créant plus loin un dépôt argileux et meuble. 89 FORTUNE C., KUHNLE G., PLOUIN S., VIROULET B. : Florilège de céramiques… p.14.

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C. Fabrication du dolium 1. Préparation de la pâte a. Pourrissage de la terre L’argile brute était généralement extraite en automne, puis laissée exposée aux intempéries de l’hiver afin qu’un pourrissage convenable puisse être effectué. Cette étape a pour but d’améliorer la plasticité de la pâte.

b. Travail de la terre, transformation en pâte Cela effectué, on passe à la préparation de la terre, afin de la transformer en pâte souple et malléable. Pour cela, des opérations de lavage et de décantation sont effectués afin d’ôter les impuretés de l’argile. Mais paradoxalement, ces étapes créent souvent un résultat excessivement plastique et augmentent le risque de fissurations de la pâte lors du séchage. Il est alors nécessaire d’ajouter un dégraissant, soit du sable, soit de la chamotte, ce qui augmente également le caractère réfractaire de la céramique.

2. Façonnage Pour réaliser leur vases, les Gaulois utilisaient la technique du colombin, c’est-à-dire qu’ils réalisaient les formes à la main à l’aide de boudins d’argile superposés. Toujours à la main, la forme était ensuite lissée. L’usage du tour, connu mais moins utilisé, se généralise ensuite à l’époque romaine, excepté pour les objets de très grande taille, qui étaient encore réalisés avec la technique du colombin.

a. La technique du tour Très ancienne90, cette technique consistait à l’origine à poser une pierre plate circulaire sur un caillou et sur laquelle le potier montait sa pièce en colombin91.

90

Selon Jean Rosen, historien et directeur de recherche au CNRS, les plus anciens vestiges de tour auraient été découverts à Ur et dateraient 3250 av. JC. VAN LITH J-P : Céramique, dictionnaire encyclopédique 91

Consiste à monter la pièce à l’aide de boudins d’argile puis à lisser l’ensemble.

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Aucun vestige de tour n’a été découvert dans les environs de Biesheim pour le moment. En revanche, plusieurs d’entre eux ont été mis au jour sur le site de Dambach – la – Ville, dont les ateliers auraient approvisionné Oedenburg. Ces tours caractéristiques de l’époque gallo-romaine montrent que le potier travaillait au moyen d’une girelle sur laquelle était placé le vase. Au besoin, la girelle était pivotée soit à la main par le potier, soit avec un bâton, ou encore à l’aide d’un assistant. A l’instar des tours à pied, les tours à main ou à bâton sont considérés comme étant des tours rapides, munis d’un volant d’inertie qui permet d’utiliser la force centrifuge pour monter l‘argile92. Le tournage se fait à partir d’une boule d’argile, dont la quantité correspond à celle de l’objet qu’on veut réaliser. Cette argile est montée à la main une fois le volant d’inertie _ou girelle_ activé. Tour à main :

1. Siège de tourneur 2. Girelle, ou plateau rotatif en bois 3. Manchon (en bois ?) 4. Meule

réemployée

comme élément de calage

5. Axe fixe du tour (en bois) Fig 41 : Schéma d'un tour de potier gallo-romain.

92

D’ANNA A., DESBAT A., GARCIA D., SCHMITT A., VERHAEGHE F. : La céramique, La poterie du Néolithique au Temps modernes. 2003.

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Fig 42 : Potier gallo-romain au travail.

b. Cas du dolium L’étude des traces de tour présentes sur l’œuvre entre dans la discipline de la tracéologie, c’est-à-dire la détermination de la fonction des outils par l’étude des traces produites lors de leur utilisation93.

Le cas ici étudié diffère un peu de cette définition car la tracéologie a pour but de déterminer non la fonction du dolium, mais sa technique de fabrication à travers l’étude des traces.

93

http://www.cepam.cnrs.fr/spip.php?rubrique45

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Fig 43 : Marques de tournage à l'intérieur du

Fig 44 : Détail des traces de tournage.

dolium.

La forme régulière et les marques circulaires présentes sur l’ensemble du dolium, notamment sur la partie interne, montrent incontestablement qu’il a été réalisé grâce à la technique du tour. Une remarque intéressante concernant la taille du dolium mérite d’être formulée : sa hauteur de 57 cm semble concorder avec la taille moyenne d’un bras. Ainsi, les dimensions définissent sans doute la hauteur maximale que pouvait donner le potier au dolium par la technique du tour. Sur la paroi externe et au milieu de la panse, on constate trois enfoncements linéaires, ou traces de tour plus marquées qui suivent la circonférence du dolium. D’une largeur moyenne de 0,5 cm, ces trois lignes sont régulières et séparées d’une de l’autre par une distance moyenne de 2,5 cm. Ces trois lignes sont parfaitement linéaires, elles sont donc également issues de la technique du tour. Elles ont peut-être été réalisées dans un but esthétique.

Fig 45 : Enfoncements linéaires.

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3. Engobage L’absence de décor avéré nous montre si l’esthétique est probable, elle n’était pas primordiale et que le but de notre céramique était entièrement utilitaire. Mais si les décors sont absents, le dolium a tout de même été recouvert d’un engobe gris-clair. Ce revêtement argileux est présent sur la majeure partie de la pièce, c’est-à-dire sur la panse. La partie supérieure et l’embouchure sont laissées à nu et les tessons isolés attribués au pied le sont également. Durant l’Antiquité, on ajoutait fréquemment un revêtement à base d’argile liquide sur les terres cuites. Cette application avait pour but de rendre une surface poreuse plus lisse ou d’en changer la couleur94. Parmi ces revêtements on distinguait les engobes des vernis. Les premiers sont vitrifiés à la cuisson tandis que les seconds gardent leur texture poreuse, bien qu’ils puissent être lissés à la suite d’un polissage. Plus précisément, on appelle engobe un recouvrement à base d’argile fortement diluée (ou barbotine), pouvant être additionnée d’un pigment afin de lui donner une couleur particulière, servant par exemple à la réalisation des décors. L’engobe pouvait aussi bien avoir un but esthétique (finalisation de la surface de la paroi, dissimulation de la pâte, réalisation de décors) qu’utilitaire.

Engobe Terre cuite poreuse Fig 46 : Mise en avant de l'engobe blanc recouvrant une

Fig 47 : Ensemble de tessons appartenant

structure interne orangée (tranches des tessons).

au pied. Extrémité non engobée (orangée).

94 D’ANNA A., DESBAT A., GARCIA

D., SCHMITT A., VERHAEGHE F. : La céramique, La poterie du Néolithique aux Temps

modernes. 2003, p.23.

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Concernant notre dolium, il était nécessaire d’imperméabiliser ses parois externes pour mieux conserver le grain qu’il contenait. C’est pourquoi un engobe a été appliqué sur la surface en contact avec le sol, afin de couvrir les pores de la terre cuite et donc de les isoler de l’humidité souterraine. L’engobe, généralement à base d’argile liquide, a été appliqué avant la cuisson. Cette dernière a rendu cette couche protectrice réfractaire (imperméable, avec une meilleure résistance à l’abrasion) et lui a permis de mieux adhérer à la céramique cuite. L’engobe pouvait être appliqué par plusieurs moyens : trempage ou badigeonnage de toute la pièce ou d’une partie dans de l’argile liquide, au chiffon ou au pinceau. Les chances que l’engobe de notre dolium ait été appliqué au moyen du trempage/badigeonnage sont minimes car la pièce est volumineuse, fragile et très lourde (environ 8 kg), ce qui aurait rendu le travail délicat. Ce revêtement a donc sans doute été appliqué à l’aide d’un chiffon ou d’un pinceau. En étudiant de près le dolium, nous observons en effet des amas d’engobe au niveau des trois enfoncements linéaires, ce qui traduit une application très probable au pinceau ou au chiffon, sous l’action du tour95.

4. Cuisson a. Fours romains Tout comme les vestiges de tour, aucun four n’a été référencé à Oedenburg pour le moment. Les fours romains étaient spécifiques et se sont progressivement répandus dans toute la Gaule. Mais en raison de l’incertitude d’un atelier de potiers sur le site, nous utiliserons pour le dolium la description de vestiges de fours trouvés à Dambach-la-Ville. Nous avons en effet déjà évoqué la possibilité pour Oedenburg d’avoir été approvisionné par ces ateliers. Les premiers fours typiquement romains de Dambach-la-Ville datent de la fin du Ie siècle, époque qui pourrait correspondre au dolium. Ils sont d’ailleurs similaires à ceux du reste de la Gaule96. Organisés en deux chambres séparées par une sole perforée d’orifices qui

95 96

Informations fournies par M. Guy Musculus, ingénieur en céramologie et chargé d’enseignement à l’Ecole de Condé. Par exemple, les mêmes fours ont été retrouvés en Lorraine, sur les sites de Florange, Ebange et Daspich.

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permettent le passage des gaz chauds, les carneaux, ils sont alimentés en combustible depuis une ouverture suivie d’un petit couloir, l’alandier. Ce combustible va jusqu’à la chambre de chauffe, pour ainsi chauffer la deuxième chambre, où les poteries sont placées sur l’alandier : le laboratoire. Par l’alandier, la chambre de chauffe est reliée à l’aire de service, grande fosse ovale dans laquelle se tient le potier pour entretenir le feu97.

Fig 48 : Vestige de fours gallo-romains, Dambach-la-Ville.

L’enfournement se fait par le sommet du laboratoire. Les vases sont empilés sur la sole avant d’être calés avec des supports en terre cuite, procédé qui consiste à éviter que le tout s’effondre lors de la cuisson. Le laboratoire est ensuite fermé avec une couverture (tuiles empilées, tessons,…). Fig 49 : Four romain en activité. © A. Desbat.

97

FORTUNE C., KUHNLE G., PLOUIN S., VIROULET B. : Florilège de céramiques… 2009.

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Lente, la cuisson prend généralement 12 heures. Elle requiert beaucoup de combustible, tel que le bois de chêne ou des résineux, arbres très présents en Alsace et qui provoquent de longues flammes. La cuisson doit être constamment surveillée par les potiers afin d’éviter les chocs thermiques.

b. Types de cuisson Les fours romains permettaient une température de cuisson tournant généralement autour de 850 – 950°C. On distingue deux types de cuisson : la cuisson oxydante et la cuisson réductrice98.

Cuisson en atmosphère réductrice

Lors de la cuisson, l’oxygène contenu dans l’air sert de combustible et réagit par oxydoréduction avec les molécules de carbone contenues dans l’air. C + O2 = CO2

S’il n’y a pas de renouvellement en apport d’oxygène dans le milieu de cuisson, l’atmosphère devient alors réductrice. La couleur de la céramique résulte de la présence d’oxydes métalliques présents dans les argiles, qui peuvent capter ou céder des molécules d’oxygène. L’oxyde ferrique Fe2O3 est l’élément le plus fréquent dans la composition des pâtes. En cuisson réductrice, il est réduit à un oxyde inférieur, il y a donc formation d’oxyde ferreux FeO : Fe2O3 (rouge) + CO → 2FeO (noir) + CO2 (noir) La pâte prend donc une couleur grise ou noire après la cuisson.

98

D’ANNA A., DESBAT A., GARCIA D., SCHMITT A., VEGHAEGHE F. : La Céramique, La poterie, du Néolithique aux Temps Modernes. 2011, p.40 – 41.

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Cuisson en atmosphère oxydante : cas du dolium

Mais cette réaction est réversible. Dans le cas de la cuisson oxydante, il y a renouvellement d’oxygène. Les oxydes ferreux se retransforment donc en oxyde ferriques : 2FeO + O2 → Fe2O3 Une fois cuite, la pâte prend donc une couleur chaude, pouvant varier du rose à l’orange, en passant par le beige. Les pâtes à forte teneur en fer prennent une couleur rouge. La couleur beige de notre dolium ne laisse aucun doute : il a été cuit en atmosphère oxydante. Une forte teneur en calcaire de l’argile expliquerait le fait que l’œuvre n’ait pas pris de teinte rouge.

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Bilan de l’historique L’étude du contexte historique et archéologique de l’œuvre nous a permis d’identifier cette dernière à une époque, une civilisation et un lieu précis. En effet, le dolium a été découvert sur la butte de l’Altkirch du site d’Oedenburg, dans une couche stratigraphique datant du Ie siècle de notre ère, sur l’emplacement d’une habitation située au sein d’une agglomération civile. La population du lieu, qui inclut le ou les propriétaires du dolium à l’époque, était très probablement constituée d’une population autochtone rauraque, romanisée depuis l’implantation attestée des camps militaires romains, en -41. La description généralisée des terres cuites antiques et des dolia nous a permis de mieux déterminer la place du dolium au sein de la céramique méditerranéenne. Ensuite l’observation de la typologie, de la taille, de la morphologie très particulière de notre objet lui-même nous a permis de vérifier si l’appellation dolium et les origines exclusivement romaines de l’œuvre sont réellement attestées. Or il se trouve que le terme n’est pas si approprié que cela en raison de la petite taille de notre objet et que les origines de ce dernier semblent à la fois gauloises et romaines. Il se démarque fortement des autres dolia par sa morphologie particulière, très typique de la région rhénane et d’une époque qui s’étend des années 50 avant J-C jusqu’en l’an 70 de notre ère. Il appartient en effet à la catégorie des dolia de type Zürich-Lindenhof. La forme de l’embouchure nous donne une indication encore plus précise sur l’époque, qui limite la fabrication du dolium à la première moitié du Ie siècle, sans dépasser l’an 70. Enfin, l’œuvre a été créée dans un atelier de potiers gallo-romain régional, possiblement à Dambach-la-Ville, dans un but utilitaire. Ce type de céramique est susceptible d’avoir été destiné à une famille aristocratique gallo-romaine, qui l’aurait enterré partiellement à l’intérieur de sa villa rusticae afin de conserver les aliments au frais. Cela nous permet donc de formuler une hypothèse sur le bâtiment qui pouvait se trouver à cet emplacement avant la construction du palais-forteresse, au IVe siècle. Notre œuvre est donc un témoin historique qui joue un rôle documentaire très important aujourd’hui. Cela ajouté au fait qu’il est le seul exemplaire de son genre au Musée de Biesheim, impose donc l’intervention afin de lui rétablir son intégrité et son rôle informatif unique.

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RESTAURATION « La restauration est une démarche intellectuelle ».99

Date de réalisation du constat d’état : Décembre 2014 – Juin 2015

99

MONTIGNY D.,… : Le charme discret du passé. 2003.

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CONSTAT D’ETAT Introduction au constat d’état Le constat d’état consiste à réaliser la fiche de santé de l’œuvre, qui décrit l’état physique de l’objet depuis son entrée dans l’atelier100. Il s’agit d’une description neutre et objective portant sur les faiblesses de l’objet, en évaluant son niveau de fragilité, en localisant, en quantifiant et en qualifiant ses altérations101. Le constat d’état livre donc des données qui ne doivent pas être contestables ni soumises à aucune interprétation102.

Le travail devra être effectué dans un endroit bien éclairé, dégagé et propre. Le constat d’état se partage en plusieurs étapes. Les mains devront être propres et si possible, gantées afin de ne pas salir l’objet. L’analyse des altérations se fera par observations à l’œil nu sous lumière naturelle et sous lampe UV103. L’étude de l’encrassement et de la résistance de l’œuvre sera réalisée au moyen de bandes adhésives et du frottement mécanique provoqué par des bâtonnets ouatés. Et chaque observation sera photographiée, donc prouvée grâce à deux appareils photos : un Panasonic Lumix DMC – GF3® et un Canon Power Shot G16®. En effet, les photographies sont cruciales car elles complètent l’analyse, et il est souvent difficile de se rappeler exactement la localisation et l’étendue des dommages. Des schémas réalisés, d’après les photographies, sur Adobe® Photoshop® CS3 nous aideront à mieux visualiser les altérations. Dans un premier temps, nous nous focaliserons sur l’état de la matière du dolium, afin d’en déterminer le niveau de fragilité. Cela nous permettra de prendre les mesures nécessaires pour la suite de l’analyse104 afin d’anticiper les risques. Ensuite, nous étudierons les altérations importantes et profondes, qui affectent la structure de la pâte, puis nous nous intéresserons aux dégradations présentes sur la surface (externe et interne) de l’œuvre. Enfin, nous étudierons les altérations dues à une restauration ancienne105. 100

NAUD C. : Conservation préventive dans les musées, Constats d’état. 1995. Dégradations, dues à l’usage, l’enfouissement ou une mauvaise conservation. 102 LANGLE S., … : La restauration des œuvres d’art… 2014, p.115. 103 Philips® T16 4W / 08 F4 G5 BLB. 104 Par exemple, limiter la pose de bandes adhésives si la terre cuite est friable. 105 Effectuée en 2012 au musée de Biesheim. 101

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Etat de l’œuvre lors de la réception Lors de son arrivée dans les ateliers de l’Ecole de Condé, le dolium était divisé en deux groupes. D’une part le corps principal, qui rassemble les tessons remontés et collés au musée de Biesheim par un archéologue. D’autre part, un ensemble de tessons isolés, dont certains groupes ont également pu être recollés avec un adhésif par le même personne.

Fig 51 : Profil droit

Fig 50 : Face

Fig 52 : Dos

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Fig 53 : Profil gauche

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Fig 54 : Tessons isolés, faces externes.

Fig 55 : Tessons isolés faces internes.

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I.

Propriétés de la matière originelle A. Feuilletage de structure interne Le feuilletage est un défaut de fabrication106 observé sur la tranche du tesson et

présentant un cisaillement, ou glissement laminaire entre deux couches. Concrètement, l’épaisseur d’un tesson semble se diviser en plusieurs couches fines de terres cuites, dont la cohésion ne semble pas assurée entre elles. Ce phénomène est surtout visible sur le pied du dolium et il est difficile de savoir s’il est local ou s’il s’étend sur l’ensemble de la céramique. Cela tend néanmoins à fragiliser sa cohésion structurelle.

Fig 57: Schématisation du feuilletage, assimilable à un cisaillement. Fig 56 : Feuilletage de la tranche du fragment.

B. Résistance de la matière 1. Le test des bandes adhésives Le matériau constituant le dolium semble fragile car on constate des pertes fréquentes de résidus à chaque manipulation. Afin de mieux déterminer la friabilité de l’objet, il a été décidé d’effectuer des tests de résistance à l’arrachage avec un moyen simple et peu nocif : les bandes adhésives. Il est très important d’évaluer l’état de surface du dolium car les bandes adhésives sont employées à de nombreuses occasions, tant durant le constat d’état que lors de la restauration107.

106

« Modification de l’éclat, de la couleur, de l’homogénéité ou de la forme du tesson et/ou des couches de revêtement d’une pièce céramique pendant sa mise en œuvre. » BLONDEL : La céramique… p.376. 107 Remontage à sec des fragments, maintien des fragments lors du collage, etc.

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2. Protocole a. Choix des bandes adhésives Il n’existe pas de bande adhésive idéale en restauration, toutes sont susceptibles de laisser des dépôts si elles sont posées trop longtemps sur la terre cuite. La bande adhésive généralement utilisée en restauration (notamment pour le maintien des fragments lors du collage) est le TESA®, à condition qu’il soit de très bonne qualité et qu’il soit ôté de l’œuvre avant 24 heures. Il ne s’agit pas pour autant du scotch idéal et son utilisation demande beaucoup de prudence.

b. Zones à tester Toutes les zones de l’œuvre n’ont pas le même aspect. Les tranches granuleuses des tessons semblent bien plus fragiles que les parois, engobées ou non. On effectuera donc des tests sur plusieurs parties afin d’effectuer une comparaison. -

Surface externe engobée

-

Surface externe non-engobée

-

Surface interne non engobée

-

Tranche de tesson

3. Expérience Un carré de bande adhésive TESA® est posé sur chaque zone à tester. Après 10 minutes nous constatons que les trois zones non engobées ne résistent pas à l’arrachement provoqué par les bandes adhésives. En effet, des résidus de pâte orangée sont visibles sur les échantillons. Seule la zone engobée semble résister à l’abrasion car on ne constate pas de résidus sur la bande. L’attente est prolongée à 20 minutes, puis 40 minutes. Le résultat est le même quel que soit la zone où le scotch est posé. Des résidus de plus grande taille sont arrachés au fur et à mesure que temps de pose augmente. L’engobe est également concerné par cette faiblesse.

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Tranche de tesson (g.t.

Echantillon

n° 5 – 6)

vierge

10 min

20 min

40 min

4. Conclusion Les premiers résidus sont arrachés après 10 minutes d’attente, la structure de l’œuvre est donc fragile et friable. L’engobe est également loin d’être invulnérable. Par la suite, il faudra donc veiller à ce que le TESA® soit posé le moins longtemps possible et seulement si son utilisation est nécessaire.

C. Porosité 1. Définition Une pâte cuite est dite poreuse lorsqu’elle est capable d’absorber un liquide ou un corps gras par capillarité. Ce phénomène est dû à la présence de microcavités qui créent un réseau de canaux enchevêtré dans la structure interne de la céramique. La porosité peut être soit ouverte, soit fermée. Une porosité ouverte implique la présence de pores sur la surface du tesson, permettant au liquide ou au corps gras de pénétrer ensuite dans la structure interne108. Une céramique poreuse peut également être qualifiée de perméable.

2. Test d’hygrométrie – principe Il existe différents degrés de porosité en fonction des types de céramiques, c’est-à-dire différentes quantités d’eau qui peuvent être absorbées. Afin d’avoir une idée de la capacité d’absorption du dolium, le test de la goutte d’eau sera effectué.

108

Voir la définition de la pâte poreuse dans l’ouvrage BLONDEL N. : Céramique, Vocabulaire technique. Ed. du patrimoine, Paris 2001.

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Le test de la goutte d’eau est effectué par les restaurateurs afin de quantifier le degré d’absorption d’une céramique109. Ce test a l’avantage d’être simple et peu risqué. L’immersion d’un tesson dans l’eau et le calcul de la différence entre son poids initial et celui d’après d’immersion ont été envisagés, mais cela pourrait comporter bien plus de risques face à la friabilité constatée du dolium : l’action de l’eau pourrait provoquer une dégradation de la terre cuite.

3. Protocole a. Zones à tester Un premier test de référence est réalisé sur la surface d’un pot de fleur en terre cuite110. La goutte est absorbée au bout de 40 secondes. Nous évaluerons ensuite l’absorption de l’eau sur différentes zones du dolium (les mêmes que pour les tests de résistance précédents). La surface externe engobée est supposée être plus résistante à l’eau car selon la conservatrice du musée prêteur, l’engobe était censé isoler l’œuvre de l’humidité du sol.

b. Matériel -

Tessons tests → Les mêmes que pour les tests précédents.

-

Carreau de faïence → Terre cuite émaillée donc totalement imperméable. Idéal pour servir de référence.

-

Eau déminéralisée → Purifiée, elle ne laissera pas de traces de calcaire ou autre après absorption ou évaporation.

-

Petite pipette (jaugée 3 mL) → Pour poser la goutte avec précision.

-

Chronomètre.

109

Voir par exemple le mémoire de DEBARNOT M. : Lagène sigillée de la seconde moitié du Ier siècle après J.-C et provenant des ateliers de la Graufesenque. Mémoire de fin d’études, Promotion 2012, p.133. 110 Peu absorbant afin de limiter l’absorption de l’humidité de la terre qu’il contient.

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4. Expériences Temps en s Tessons test

0

2

5

10

15

20

30

Surface engobée Surface non engobée (ext) Surface non engobée (int) Tranche tesson

5. Conclusion Sur l’ensemble du dolium, la goutte d’eau est absorbée plus rapidement que sur le pot de fleur de référence, ce qui traduit une porosité assez importante. L’absorption varie selon les zones testées. Et contrairement à ce que nous aurions pu penser, l’engobe résiste très peu à l’eau par rapport à la terre cuite sous-jacente, ce qui montre qu’il est lui-aussi poreux.

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II.

Altérations structurelles

Il s’agit des altérations qui traversent la matière.

A. Cassures Ce type d’altération a de nombreux termes équivalents : brisures, fractures, ruptures ou encore cassures. Il se caractérise en effet par une fracturation partielle ou complète de la céramique en plusieurs tessons de dimensions variables dont la forme, l’épaisseur et le volume sont irréguliers111.

1. Localisation et quantification des cassures Sur le dolium, les cassures de tailles variées sont réparties sur la totalité de la surface. Un remontage à sec112 des tessons et groupes de tessons dont l’emplacement est connu nous permet d’avoir une vision globale du dolium et de l’ensemble de ses cassures.

111

ICOMOS-ISCS : Glossaire illustré sur les formes d’altération de la pierre. 2008, p.22. Tessons maintenus avec des bandes adhésives uniquement. La fragilité de surface nous a incité à fixer les bandes à l’intérieur de l’œuvre et sur un très court laps de temps, afin de ne pas altérer l’aspect de surface du dolium. 112

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Face

Profil droit

Dos

Profil gauche Cassures Fig 58 : Schémas de répartition des cassures.

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Le nombre total de fragments a été pris en compte dans le tableau suivant. Bien sûr, les éclats n’ont pas été négligés, les moindres détails devant être pris en compte. Fragments

Dolium

isolés113

152

Tessons Eclats114

Côté

TOTAL

68

220

29

39

5

interne Eclats

5

Côté externe

2. Qualification des cassures Si les cassures semblent nettes dans certaines zones, les petites pertes de matière sont nombreuses sur les lignes de fracture et les tranches des tessons sont plus ou moins émoussées. En effet certaines zones, notamment les extrémités saillantes

(donc

plus

fragiles),

présentent un aspect arrondi. Ce Fig 59 : Bords émoussés.

phénomène

est

présent

sur

l’ensemble des tessons du dolium.

113 114

Voir le répertoire des tessons isolés dans Annexes. > 5 mm.

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B. Lacunes structurelles Connue aussi sous l’appellation manque, une lacune est un fragment ou un élément d’une pièce céramique manquant115. La quantification des lacunes se fera sur le dolium dont une partie des tessons isolés sera remontée à sec. Les bandes adhésives étant néfastes, elles sont posées sur les parois internes du dolium afin de ne pas altérer son engobe à l’extérieur. Le temps de pose très court est tout juste nécessaire pour photographier les quatre profils de l’œuvre.

Des schémas issus de ces photographies nous permettent de localiser, d’énumérer et d’étudier les dimensions des lacunes.

115

BLONDEL N. Céramique, vocabulaire technique. 2001.

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Localisation des lacunes Lacunes Structure interne visible

Fig 60 : Lacunes profil gauche

Fig 61 : Lacunes face

Fig 62 : Lacunes profil droit

Fig 63 : Lacunes dos

Nombre de lacunes : 30

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III.

Altérations superficielles

Ces altérations affectent la surface, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du dolium.

A. Empoussièrement A l’œil nu et à première vue, on ne constate pas de dépôts de poussière susceptibles d’altérer la lisibilité de l’objet, ce dernier semble avoir gardé ses couleurs d’origine. Pour plus de certitude, on effectue des tests :

-

mécanique : frottement au Coton-tige® sec

-

mécanique et chimique : frottement au Coton-tige imbibé d’eau déminéralisée116.

Fig 64 : Avant le test.

Fig 65 : Test mécanique

Fig 66 : Test chimique

Résultats :

-

Test mécanique : pas de poussière visible à l’œil nu.

-

Test chimique : un léger dépôt de poussière est visible après frottement insistant.

116

Eau purifiée, tous les minéraux (sels, …) ayant été éliminés. Elle ne laissera donc pas de dépôts lors de son évaporation. Fiche technique dans les annexes.

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B. Pertes d’engobe 1. Abrasions et rayures Les abrasions sont peu nombreuses et situées localement sur la surface externe engobée et se démarquent par une absence plus ou moins importante de la couche grise protectrice, laissant apparaitre la pâte sous-jacente orangée de l’œuvre. Les rayures semblent réparties sur toute la surface de l’objet et s’identifient à travers des stries irrégulières et plus ou moins profondes, de teinte plus claire que le fond. Elles sont assez difficiles à discerner sur la partie engobée, qui est déjà assez claire. En revanche, elles sont reconnaissables par une teinte plus claire sur les parties non engobées, sur l’embouchure en particulier.

Fig 67 : Rayures

Fig 68 : Abrasions

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2. Cratère Une petite zone de la surface engobée laisse apparaitre la pâte sous-jacente. Ce manque d’engobe ne peut être considéré comme une abrasion, conséquence d’un frottement avec un élément étranger, car les limites de cette lacune d’enduit sont marquées par un léger relief. Il est donc fort probable qu’il s’agisse d’un cratère, c’est-à-dire d’une cavité de surface provoquée par l’abrasion ou l’éclatement d’une bulle ou d’une cloque117.

Fig 69 : Cratère sur la surface engobée du dolium.

Fig 70 : Exemple de cratères sur la surface d'une œuvre en faïence118.

C. Eclaboussures Sur la surface engobée du dolium, on constate des traces de gouttelettes rose-orangée, couleur identique à celle de la terre cuite composant l’œuvre. Ces gouttelettes résistent assez bien au frottement avec l’ongle. Fig 71 : Eclaboussure d'argile.

117 118

BLONDEL N. : Céramique, Vocabulaire technique. 2001, p. 378. Ibidem

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D. Concrétions Elles sont étudiées à l’œil nu et sous lampe UV.

1. Lampe à UV, principe La lampe à UV (ultra-violets) fait intervenir les Rayons de Wood à l’aide d’une lampe à vapeur de Mercure dans une pièce obscure. Ce système consiste à filtrer les radiations à l’aide d’un filtre avant de les sélectionner avec un verre spécial. Une émission d’UV en résulte, ce qui créée une lumière fluorescente119. Certaines substances sont alors mises en valeur par rapport aux surfaces non réfléchissantes. Les dépôts calcaires en font partie.

2. Observations A l’œil nu, on constate un léger réseau de dépôts grisâtres, difficilement discernable car la couleur de ce dépôt est proche de celle de l’engobe. De façon générale, les dépôts désignent des « amas de matière homogène ou non, collé(s) accidentellement à la surface des céramiques »120. Un grattement au scalpel nous montre que ces dépôts sont assez durs.

Ce dépôt a surtout été mis en avant grâce à la lampe à UV, qui révèle très nettement le réseau de sinuosités sur la surface de l’œuvre. Leur répartition est plus ou moins régulière sur l’ensemble du dolium, et leur quantité est très importante sur les parois internes.

Fig 73 : Dépôt grisâtre formant un réseau enchevêtré..

Fig 72 : Réseau végétal enchevêtré, visible sous UV. Paroi externe.

119 120

PEIFFER J. G. : La céramique, Expertise et Restauration. Ed. FATON, 2010, p. 158. BLONDEL N : La céramique… 2001, p.379.

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IV. Ancienne restauration Une première restauration a été effectuée au printemps 2012 au musée de Biesheim par l’archéologue Daniel Woehl121. Les traces laissées par l’ancienne restauration peuvent être considérées comme des altérations dans la mesure où elles portent atteinte à l’intégrité de l’œuvre, suite à un travail imparfait, à l’utilisation de matériaux non recommandables ou qui ont vieilli avec le temps122.

A. Un collage partiel Comme nous l’avons vu précédemment, seule une grande partie du dolium a été remontée, laissant un nombre important de tessons restant123.

1. Adhésifs employés Il y a deux types d’adhésifs. L’adhésif essentiellement utilisé est assez épais et présente une couleur jaune-orange, une grande élasticité et une forte odeur. Sous lampe UV, il brille fortement et présente une couleur jaune très clair.

Fig 74 : Adhésif épais et jaunâtre. Fig 75 : Adhésif jaune clair sous UV.

121

Informations fournies par Mme Viroulet, conservatrice du Musée de Biesheim. BLONDEL N. : Céramique… 2001, p.392. 123 Voir les photos de l’état de l’œuvre lors de sa réception, pp. 65-66. 122

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Sur une petite zone de l’œuvre, un deuxième adhésif a été utilisé. Il est plus fluide et déborde de façon notable, laissant des traces plus sombres et jaunâtres sur les parois de terre cuite. Sous UV, elle ne brille pas du tout, et apparait seulement un peu plus sombre que le support en terre cuite. Au scalpel, l’adhésif est impossible à retirer sans créer de dommages sur la terre cuite.

Fig 76 : Traces du deuxième adhésif employé.

Fig 77 : Observation sous UV : l'adhésif se présente sous forme de traces sombres.

2. Ressauts Un ressaut est un décalage entre deux fragments. Si l’essentiel des morceaux a été assez proprement recollé, des décalages ont été constatés à plusieurs endroits, brisant la planéité de la surface. Par rapport à l’ensemble des cassures, ils restent peu nombreux.

Fig 78 : Schéma d'un ressaut.

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Lors du remontage à sec, nous avons également constaté que l’ensemble de fragments appartenant au pied (recollés pour l’essentiel) ne s’emboitent par correctement sur le reste du dolium.

Fig 79 : Ressaut (localisation sur schéma ci-dessous)

Fig 80 : Décalage entre le pied et la panse du dolium (localisation sur schéma ci-dessous).

Localisation :

Fig 81 : Profil droit

Fig 83 : Profil gauche

Fig 82 : Face

Fig 84 : Dos

Ressauts Décalage entre le pied et le reste du dolium (Non-fixés, absence d’adhésif)

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B. Système d’attache Un système d’attache a été installé par l’archéologue sur un coin du dolium, entre deux groupes de fragments non fixés par un adhésif. Il est constitué de quatre bandes de film plastique transparent et incolore. Deux d’entre elles sont placées contre la paroi externe tandis que les deux autres se trouvent contre la paroi interne. Ces deux groupements de deux bandes sont chacun maintenus à l’aide d’un adhésif, qui a jauni. Le but était de créer des bandes suffisamment solides et souples afin de soutenir le fragile ensemble recollé de tessons. Ces bandes ont été reliées à l’aide d’une vis et d’un boulon, le dernier se trouvant sur la paroi interne.

Fig 85 : Système d'attache - Paroi externe.

Fig 86 : Système d'attache - Paroi interne.

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C. Marquage Parmi les groupes de tessons isolés et appartenant au pied, les trois plus grands ont été marqués, probablement par l’archéologue qui a remonté ces tessons. En effet, des bandes adhésives TESA® portant un numéro ont été posées sur chacun d’eux. Fig 87 : Bandes adhésives numérotées.

L’emboitement de ces trois éléments a été retrouvé et les numéros servent de repères pour le futur collage. Mais la pose de ces bandes a aussi provoqué un léger transfert d’adhésif sur la pâte et inversement, un transfert important de résidus de terre cuite sur le TESA®.

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V.

Récapitulatif des altérations

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DIAGNOSTIC Le diagnostic ne doit pas être confondu avec le constat d’état. A partir de ce dernier, nous allons désormais analyser et essayer de comprendre les processus de dégradation physiques et chimiques qui atteignent le dolium. Ainsi, le diagnostic est à l’interprétation ce que le constat d’état est à l’observation124. Nous établirons des hypothèses sur les causes et les conséquences des altérations, ce qui indique que le diagnostic peut être remis en question tout au long du mémoire, y compris lors de la mise en œuvre de la conservationrestauration125, et ce contrairement au constat d’état qui apporte une vision purement objective des anomalies. L’analyse se portera sur les altérations passées, qui impliquent les conséquences actuelles, mais aussi sur les possibles risques futurs sur la conservation de l’œuvre. Le contexte d’origine (fabrication,…) de l’œuvre doit être pris en compte dans le processus car certains éléments peuvent être une cause de dégradation126. Ainsi, nous allons raconter toute l’histoire matérielle de l’œuvre, de sa création jusqu’à son entrée dans l’atelier, en expliquant son état actuel et ses altérations.

124

BRUNEL G., … : La restauration… 2014. BERTHOLON R. : Approche […] constat d’état – diagnostic. 1995, p.21. 126 Feuilletage de la terre cuite dû à la fabrication, etc. 125

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I.

Marques de fabrication Toutes les marques de fabrication ne sont pas forcément considérées comme des

altérations proprement dites car elles n’impliquent pas toujours la fragilité de l’œuvre. Mais il est intéressant d’étudier leur origine dans le diagnostic car elles permettent de retracer l’histoire de l’œuvre. Avant d’aborder les altérations dues à la fabrication, il est nécessaire de revenir au commencement et de comprendre comment l’œuvre a été réalisée. Certains points ont déjà été abordés dans la partie historique127, mais de façon très générale. Dans l’étude historique, nous avions précisé que le dolium a été façonné avec la technique du tour. En effet, nous avons relevé la présence de traces de tour, c’est-à-dire d’enfoncements linéaires et réguliers qui suivent la circonférence de l’œuvre sur sa totalité, du pied jusqu’à l’ouverture. Ces défauts de fabrication sont le résultat de la force mécanique exercée par les mains ou les doigts du potier lors du façonnage. Cette force variant sans cesse (les bras et mains du potier ne pouvant jamais être totalement immobilisés), la pression variante exercée contre les parois de la pâte très plastique crée des irrégularités au niveau du relief. Après le travail, la surface a été laissée telle quelle, sans être lissée, la perfection n’ayant pas été considéré comme une priorité sur cette œuvre à caractère utilitaire.

Fig 88 : Traces de tour du dolium.

127 128

Fig 89 : Exemple de réalisation d'un pot : pression des doigts qui créée les lignes circulaires 128.

Voir la Partie historique, p. 56. Photo de couverture de l’ouvrage de M. CHAPPELHOW : La poterie au tour. 2003.

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Une fois la forme réalisée, un engobe gris clair a ensuite été appliqué, puis l’ensemble mis à la cuisson. Cette dernière a rendu cet engobe protecteur réfractaire, lui permettant d’adhérer à la céramique cuite, de mieux résister à l’abrasion etc. L’engobe pouvait être appliqué par plusieurs moyens : trempage de toute la pièce ou d’une partie dans de l’argile liquide, au chiffon ou au pinceau129. Les chances que l’engobe du dolium ait été appliqué au moyen du trempage sont nulles car la pièce est volumineuse, fragile et très lourde (environ 8 kg), ce qui aurait rendu la mise en œuvre difficile. Sans compter que le pied et l’ouverture sont dénués d’engobe, répartition qui aurait été difficile à obtenir par trempage. Ce revêtement a donc sans doute été appliqué à l’aide d’un chiffon ou d’un pinceau. En étudiant de près le dolium, nous observons également des amas d’engobe au niveau des trois enfoncements linéaires, autrement dit, une répartition assez inégale à certains endroits de la pièce. De légers enfoncements semblent correspondre à des traces d’application au pinceau. Cela implique encore une fois une probable application au pinceau ou au chiffon, sous l’action du tour130.

1 cm Fig 90 : Répartition irrégulière et traces de pinceau.

Sur cet engobe, nous avons également repéré une trace d’éclaboussure de la même couleur que l’argile qui a permis de façonner le dolium. Il pourrait donc s’agir de la même matière. Ces gouttelettes résistant assez bien aux frottements et à l’humidité, on peut supposer qu’elles ont été cuites avec l’engobe. Sans doute le dolium a été engobé sur le lieu de travail où il a été façonné. Les gestes du potier auraient pu provoquer ces éclaboussures avec les restes d’argile humide.

129 130

D’ANNA A., … : La Céramique, du Néolithique… 2011. Informations fournies par M. Musculus, ingénieur en céramologie et chargé d’enseignement à l’Ecole de Condé.

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Une fois l’engobe appliqué, la céramique est mise à la cuisson. Lors de celle-ci, des cratères peuvent apparaitre. Il s’agit de trous d’émail ou d’engobe, laissant apparaitre la terre cuite sous-jacente et dont les bords sont relevés, à la façon d’un cratère. Ils sont le résultat de l’éclatement d’une bulle (ou cloque), qui apparait lors du façonnage, suite à l’accumulation d’air entre l’argile et l’engobe. Ils peuvent également être formés par un dégagement gazeux provoqué lors de la cuisson. Ce dégagement reste enfermé dans la couche de revêtement, ce qui créée la bulle. Soit cette bulle éclate dès la cuisson, soit elle est détruite suite à une abrasion. Dans les deux cas, il y a formation de cratère131.

II.

Fragilité due aux défauts de fabrication

Le phénomène de feuilletage, tout d’abord, serait issu du façonnage. Il serait une conséquence d’un mauvais travail de l’argile, la pâte aurait pu être mal préparée et manquait de fermeté lors du façonnage au tour132. Aurait-elle été trop peu plastique ? Une autre hypothèse implique la cuisson. La structure aurait pu ne pas être assez cuite ou bien de manière irrégulière (variations de température,…), empêchant une bonne liaison entre les différents composants de l’argile. Ensuite, les tests effectués133 dans le constat d’état nous ont montré que l’œuvre était très poreuse et fragile, tant dans sa structure qu’au niveau de l’engobe. Comme précédemment, nous envisageons l’hypothèse d’une faible cuisson. Les fours à bois galloromain ne pouvaient être aussi efficacement contrôlés et aussi stables que nos fours électriques actuels. Cuite à basse température, une céramique possède une porosité supérieure à une céramique cuite à haute température134. Ainsi, le dolium aurait pu être cuit à basse, voire à trop basse température. Une faible cuisson peut également empêcher une bonne liaison des dégraissants lors d’une métaphase argileuse insuffisante, rendant alors l’œuvre peu réfractaire.

131

BLONDEL N. : Céramique… p. 378. Informations fournies par M. Guy Musculus. -133 Tests de la goutte d’eau et des bandes adhésives. Voir le constat d’état pp. 70-74. 134 BERDUCOU M. : La céramique archéologique, dans La conservation en archéologie. Ed. Masson, 1990, p.91 132

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III.

Usage, abandon, enfouissement

A. Altérations de surface Les rayures et les abrasions sont provoquées suites à un contact, choc ou frottement, avec un matériau d’une dureté supérieure à celle de la céramique et/ou de l’engobe. Ces altérations peuvent être très anciennes et ont pu apparaitre lors de l’utilisation du dolium par son, ou ses premiers propriétaires. Il a pu ne pas avoir été manié délicatement et aurait pu être soumis à des frottements avec d’autres objets d’une dureté supérieure, créant ainsi les rayures et les abrasions. Une hypothèse plus probable serait liée à l’enfouissement du récipient dans la terre (dans une cave ?) par le propriétaire afin de conserver les aliments au frais. Le sol contient un grand nombre d’éléments solides, notamment pierreux et très durs (cailloux,…), qui auraient altéré la surface de l’œuvre en entrant en contact avec cette dernière. Enfin, ce même phénomène aurait pu se dérouler à l’abandon du dolium, lorsqu’il fut enseveli.

B. Fragilité structurelle En dehors d’une faible température de cuisson, deux autres hypothèses pourraient expliquer la porosité et la fragilité structurelle de l’œuvre. En effet, les contraintes environnementales et climatiques survenant lors de l’enfouissement peuvent nuire à la conservation de la terre cuite poreuse. Tout d’abord, les radicelles de la végétation peuvent attaquer la pâte, de même que les allées et venues de l’humidité. En effet, l’eau est un facteur principal de dégradation physique et chimique des céramiques poreuses enfouies dans le sol. Elle a pu dissoudre ou hydrolyser certains composants, les entraînant hors du dolium. Ainsi la structure siliceuse responsable du caractère réfractaire de l’œuvre aurait été altérée progressivement. Enfin, les environnements soumis à de fortes variations climatiques sont les plus perturbants pour la stabilité des objets, entraînant des phases répétées d’hydratation et de dessiccation135. Or la région alsacienne, d’où provient le dolium, appartient à ce type d’environnement. Elle peut être sujette à des étés très chauds suivis de longs hivers froids et humides.

135

BERDUCOU : Op. cit., p.94.

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Ensuite, les sels sont également un facteur essentiel de dégradation des céramiques. Leur présence dans la structure peut être aussi fatale que le gel. L’humidité joue un rôle important dans le processus de dégradation, faisant migrer les sels dans les pores. Lors de la phase d’évaporation, ces sels se cristallisent et peuvent alors faire éclater les parois, fragilisant la céramique de façon considérable. Les tests du constat d’état ont montré que l’engobe est encore plus poreux que le reste du dolium136. Pourtant il aurait eu pour but d’isoler les grains conservés de l’humidité du sol. Soit l’engobe a été altéré lors de son enfouissent, par les mêmes contraintes que celles évoquées précédemment (humidité, sels, végétation,…), soit il a été mal cuit (température trop basse) lors de la fabrication.

C. Cassures et lacunes Les causes des cassures peuvent être soient accidentelles (usage,…), soient environnementales (enfouissement,…). Dans le premier cas, le dolium aurait pu être victime d’une chute lors de son utilisation. La panse étant plus fine et plus fragile que le pied, cela expliquerait que le nombre de lacunes y soit plus important. Mais cette hypothèse reste assez peu probable du fait que notre céramique était censée être enterrée pour ne plus être déplacée par la suite. Un effondrement du bâtiment qui la conservait pourrait également être une cause de fracture. Mais si le dolium était partiellement enterré, il aurait dû être protégé des impacts. Ensuite, les variations de température et d’humidité peuvent avoir provoqué de nombreuses altérations irréversibles. Lors de l’ensevelissement du dolium, l’humidité de la terre aurait été progressivement absorbée par les pores. Le climat alsacien étant froid en hiver, cette humidité se serait ensuite solidifiée. Or le gel peut faire augmenter jusqu’à 9%137 le volume d’eau, créant une pression considérable qui aurait fini par faire exploser les pores, altérant ou fragmentant ainsi l’ensemble du dolium, à condition que ce dernier ait été très proche ou au niveau de la surface du sol à un moment donné (à l’époque de son abandon, notamment) car le gel n’atteint pas le sol en profondeur.

136 137

Voir Constat d’état pp. 70-74. BERDUCOU M. : Op. cit., p.94.

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La formation de cassures amène très souvent à celle de lacunes. En effet, si les fragments de l’œuvre ne sont pas refixés immédiatement ou si elle est enfouie après avoir été brisée, des fragments peuvent très vite être jetés par erreur ou égarés pour ne plus jamais être retrouvés. Des pertes auraient également pu avoir lieu lors des fouilles. Ainsi, on constate des lacunes sur l’œuvre le jour où il a été décidé de la remonter.

D. Concrétions Enfin, nous avons également remarqué la présence de concrétions sur les parois internes et externes de l’œuvre. Une première hypothèse concernerait la présence de sels, présents dans la terre et qui se seraient incrustés dans la céramique lors de son enfouissement. Il existe deux types de sels : les sels solubles et les sels insolubles. Présents dans la terre, les sels solubles migrent dans la pâte perméable avec l’humidité. Lorsque l’eau s’évapore (lors des périodes sèches, comme en été), les sels migrent alors dans les pores de la céramique, parfois jusqu’en surface. Ces sels se présentent souvent sous forme de voile blanc opacifiant la surface de la céramique. Quant aux sels insolubles, ils apparaissent suite à une accumulation de sels en surface, résultant du contact entre les sels de la terre humide avec les ions de la pâte. La structure chimique de ces sels est alors modifiée, ce qui les rend insolubles. Un échantillon de concrétions a été prélevé sur le dolium puis une goutte d’eau a été posée dessus. Cet échantillon se révèle insoluble. Parmi ces sels insolubles, nous distinguons les carbonates de calcium, les sulfates de calcium et silicates. Le gypse (sulfate de calcium hydraté) peut intégrer une céramique poreuse et en altérer la structure, la rendant vulnérable au nettoyage à l’eau, par exemple.138 La formation de sels en surface peut provoquer des soulèvements de revêtement. Mais aucun soulèvement n’est constaté sur l’engobe du dolium. Lorsque nous grattons un échantillon de concrétions au scalpel, nous constatons que l’engobe est toujours présent en dessous. Soit les sels auraient traversé l’engobe poreux, soit il pourrait également s’agir d’un dépôt venant de l’extérieur, et non de l’intérieur de la céramique.

138

BERDUCOU : Op. cit., p. 94.

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Ce qui nous amène à la deuxième hypothèse, qui propose que ces concrétions auraient été déposées lors de l’enfouissement du dolium. Le réseau formé par ces concrétions rappelle la forme de racines, ce qui laisse penser que l’œuvre aurait été en contact avec des corps végétaux contenus dans la terre (racines, etc.) puis ces corps auraient été peu à peu remplacés par les sels minéraux contenus dans la terre. Un dépôt calcaire aurait été laissé par des petites racines présentes dans la terre, en contact avec le dolium. Il est aussi fort probable que le dolium ait servi à conserver du grain, ce qui nous amène à une troisième et dernière hypothèse : la céramique aurait été abandonnée remplie de denrées céréalières puis brisée et ensevelie, toujours en contact avec le grain qu’elle contenait. Répartis dans la terre, ces derniers auraient pu germer et laisser leur marque sur la céramique avec le temps. Cela expliquerait aussi une présence plus importante de concrétions sur les parois internes, en contact avec le grain que le dolium conservait.

IV. Fouille, restauration et conditionnement

La dernière hypothèse concernant les rayures serait une conséquence des fouilles. Ces griffures peuvent être dues à un frottement entre la céramique et les outils de l’archéologue. En effet, les outils permettant d’exhumer les objets archéologiques (pelles, spatules,…) sont généralement en métal, donc d’une dureté qui peut agresser les terres cuites fragiles si la fouille n’est pas effectuée de façon soignée et méticuleuse. Après les fouilles, l’œuvre a été déposée dans la réserve du musée de Biesheim en 2001. Lorsqu’elle fut reçue à l’école de Condé, aucune trace de terre n’est visible, alors que la céramique a pourtant été enfouie pendant des siècles dans le sol. La pièce aurait donc été méticuleusement nettoyée lors de l’ancienne intervention. Si aucune trace de poussière n’est visible à l’œil nu, cela ne signifie pas pour autant que l’objet en soit exempt. Les légères traces de poussière ont d’ailleurs été constatées avec le bâtonnet ouaté et sont sans doute le résultat de la conservation de l’œuvre en réserve pendant une dizaine d’années, la poussière s’accumulant inévitablement dans les objets avec le temps. Mais cette poussière étant en très faible quantité, nous pouvons conclure que l’objet a été régulièrement entretenu.

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En 2012, l’œuvre a été restaurée, autrement dit la majeure partie des nombreux fragments a été remontée et collée avec un adhésif par M. Woehl, archéologue. Cependant, le collage ne fut pas complet, des fragments sont restés orphelins, sans doute parce que l’archéologue n’a pas pu retrouver leur emplacement. Cela peut être dû soit à un manque de temps, soit parce que le dolium reste encore trop lacunaire, ce qui nous empêche de repérer l’emplacement exact de certains tessons. En dehors de la

Fig 91 : Ouverture et panse remontées.

panse remontée du dolium (Fig 91), deux petits groupes de fragments ont été également recollés (Fig 92) et appartiennent au pied de l’œuvre. Mais ils n’ont pas été fixés sur le reste, et ce à cause du décalage observé dans le constat d’état. Le constat d’état nous a ensuite révélé que deux adhésifs ont été utilisés pour la restauration. Il est très important de pouvoir les identifier afin de déterminer leur

Fig 92 : Fragments isolés ou partiellement recollés.

impact sur la conservation et l’aspect de la céramique.

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Le principal adhésif utilisé est un élastomère139 : il s’agit de la colle Néoprène. Sur des échantillons prélevés sur le dolium, on observe un gonflement dans les solvants organiques (acétone ici testée), une couleur jaune – orange et une grande élasticité, ce qui nous donne une première confirmation. Le Néoprène est également connu pour avoir une forte odeur140, or c’est également le cas de la colle du dolium. Sous lampe UV, nous comparons les couleurs de cette colle et d’un échantillon de néoprène neuve, prélevé d’un tube. La couleur obtenue sous UV est jaune clair et Fig 93 : Colle néoprène.

identique pour les deux cas. Enfin, l’odeur de l’échantillon est similaire à celle de l’ancienne colle du dolium.

Fig 94 : Ancien adhésif sous éclairage UV.

Fig 95 : Echantillon de néoprène neuve sous UV : même couleur que l'ancien adhésif.

La colle Néoprène a été inventée dans le but de remplacer le caoutchouc naturel141, ce qui explique sa grande élasticité.

139

: « Matériau d’origine naturelle ou synthétique, doué d’élasticité caoutchoutique. » Larousse.fr Brève histoire du Néoprène : http://www.lemonde.fr/mode/article/2014/04/04/un-peu-d-histoire-leneoprene_4394938_1383317.html 141 Ibid. 140

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Le second adhésif, présent sur une petite zone du dolium, est la Super Glue. Autrement dit, il s’agit d’une colle cyanoacrylate puissante ce qui explique que l’adhésif ait été impossible à retirer au scalpel lors du constat d’état. Fig 96 : Super Glue-3 Loctite®.

Elle a la particularité d’être liquide et transparente, ce que nous pouvons effectivement constater sur la zone du dolium concernée. Par la suite, l’utilisation de ces deux adhésifs a bel et bien été confirmée par Mme Viroulet, conservatrice du musée de Biesheim, qui affirme que l’archéologue ayant pris en charge le dolium travaillait habituellement avec de la colle Néoprène, de la marque Pattex Contact®. Lorsque les fragments étaient récalcitrants à ce produit, il employait la Super Glue-3 précision, de la marque Loctite®, ce qui explique la présence de ces deux colles différentes sur la céramique. Si les tessons n’ont pas été remontés dans leur totalité, il est donc supposé que l’archéologue n’a pas retrouvé les emplacements des tessons ou groupes de tessons isolés. Il n’a refixé que ce qui était possible. Soit il manque des tessons, ce qui explique que la plupart soient isolés, n’ayant pas pu être rattachés au dolium, soit l’archéologue a manqué de temps pour pouvoir retrouver le bon emplacement de l’ensemble. L’ancien collage a créé des ressauts. Ces derniers sont le résultat d’un mauvais positionnement lors du collage142. Cela est très probablement dû au nombre très important de fragments (220), ce qui rend difficile, voire impossible de ne pas créer quelques ressauts lors du remontage. Cela peut également être le fruit d’un remontage trop rapide, donc un peu négligé.

142

BLONDEL N. : Céramique, vocabulaire technique, 2001, p.392.

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Le collage du dolium a été réalisé en plusieurs étapes. Lorsque la colle est sèche, il est très difficile de modifier l’orientation des fragments (surtout avec la Super Glue). Dans l’idéal, le collage d’une céramique aussi fragmentaire doit être réalisé en une fois afin que les fragments puissent être ajustés avant que la colle ne soit complètement sèche. F2

La pose d’un système d’attache

F1

mécanique improvisé sert à maintenir deux parties du dolium qui n’ont pu être fixées à l’aide d’un adhésif. Les fragments de la zone concernée sont endommagés et leurs tranches sont émoussées, sans compter qu’ils sont très peu nombreux pour maintenir la cohésion entre deux parties de l’œuvre, notamment à cause de la grande lacune située juste en dessous

Fig 97 : Localisation de la zone du système d'attache : un faible nombre de tessons (altérés) doit résister aux contraintes exercées par les deux parties de l'œuvre.

(Fig 97).

V.

Conséquences de ces altérations – nécessité d’intervention

Les défauts de fabrication sont apparus lors de la réalisation de l’œuvre, notamment à la cuisson. Ils sont une partie de l’œuvre elle-même. Les traces de tour, les éclaboussures, le cratère, les amas d’engobe et les traces de pinceau ne nuisent en aucun cas à la préservation du dolium, ni à son aspect esthétique général. Ils nous ont au contraire donné des informations très précieuses sur l’histoire du dolium, notamment en ce qui concerne sa fabrication. A l’avenir, ces marques pourraient même permettre de découvrir de nouvelles informations sur le passé de l’œuvre. Par conséquent, ils ne doivent en aucun cas être modifiés ou supprimés lors de la restauration.

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En revanche, le feuilletage et une éventuelle faible cuisson ont provoqué une fragilité de surface et de structure qui peut nuire à la conservation de l’œuvre si elle n’est pas traitée avec précaution. Sa taille importante et ses parois très fines (7 mm en moyenne) augmentent le danger de cette faiblesse structurelle. En ce qui concerne les altérations de surface, nous avons d’une part la faible résistance de l’engobe, qui est très problématique dans la mesure où elle perturbe la manipulation de l’objet ou la pose de bandes adhésives. Si on ne constate pas de lacunes importantes d’engobe pour le moment, des chutes pourraient survenir dans un futur proche. D’autre part, les concrétions, bien qu’elles soient en nombre non-négligeable, ne nuisent pas de façon notable à l’aspect du dolium. Elles n’affectent même pas l’engobe lui-même, aucun soulèvement n’ayant été constaté. Par conséquent, il peut être intéressant de les conserver pour une étude ultérieure. A condition cependant qu’elles restent inertes et stables, donc que l’œuvre soit conservée dans de bonnes conditions, l’humidité pouvant favoriser la migration et la cristallisation de sels, fatales pour la conservation des terres cuites. Lorsque l’œuvre fut brisée, elle a perdu de façon irréversible sa solidité et son unité d’origine. C’est dans le but de rétablir son intégrité qu’une première restauration a été faite. Cependant, la Super Glue employée sur une petite partie de l’œuvre pose problème car elle ne respecte pas les normes déontologiques de la restauration, du fait de son mauvais vieillissement et de son irréversibilité. Quant au Néoprène, il est moins problématique car thermoplastique et partiellement réversible. Sa grande souplesse fait qu’en cas de choc ou d’affaiblissement de l’adhésif (sous l’effet d’une forte chaleur par exemple), les joints de l’œuvre auront tendance à se déformer plutôt qu’à se casser brutalement. Le vieillissement du Néoprène est considéré comme étant correct, bien que la colle puisse subir des gonflements en présence prolongée d’humidité143. Cependant, les résidus débordants de néoprène jaunâtre perturbent le caractère esthétique de l’œuvre.

143

FAVRE A. : Caractérisation de l’effet du vieillissement […] sur les propriétés mécaniques de composites à matrice élastomère. Thèse, 2013.

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D’autre part, si le Néoprène est réversible, le décollage à l’acétone d’un petit groupe de fragments a néanmoins montré que la structure de l’œuvre est très fragile. L’ancien collage peut alors rendre difficile, voire impossible une dérestauration complète de l’œuvre sans altérer cette dernière. Fig 98 : Résidus provoqués par le retrait de l'ancien collage.

Quant au système d’attache improvisé, il ressort de façon aberrante par rapport à l’œuvre, brisant son caractère esthétique. Si l’ancienne restauration nous permet de nous faire une première idée de la forme d’origine du dolium, le collage inachevé et le nombre important de grandes lacunes ne lui ont pas pour autant permis de retrouver sa cohésion, sa stabilité et son intégrité.

De plus, l’ancien collage empêche l’insertion d’un fragment orphelin dont l’emplacement a été retrouvé. Fig 99 : Impossibilité d'insertion d'un fragment.

Enfin, si elle n’altère pas la lisibilité de l’œuvre, la faible couche de poussière ne doit pas être négligée car elle joue un rôle absorbant : elle pourrait par exemple stocker une partie des adhésifs de collage ou de fixage lors de la future restauration, devenant ainsi une barrière entre cet adhésif et la surface de la céramique. Elle peut également être porteuse de germes de micro-organismes, ce qui favoriserait par la suite le développement de moisissures en cas d’humidité relative élevée.

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PROJET DE CONSERVATION RESTAURATION Le constat d’état et le diagnostic nous ont montré qu’il est crucial d’effectuer un traitement de conservation – restauration sur le dolium. Cependant, ce traitement doit répondre à des règles et des besoins précis, qui nous permettront de déterminer les modalités et les produits à employer. En effet, il n’existe pas de traitement unique en restauration, les modalités et les produits de traitement dépendent non seulement de la matérialité de l’objet et de son état de conservation, mais également de deux facteurs cruciaux : la demande du client et la déontologie de la conservation – restauration.

I.

Demande de la conservatrice et destination de l’œuvre Les interactions entre le client et le restaurateur sont essentielles pour déterminer le type

d’intervention. La conservatrice du musée de Biesheim, Madame Viroulet, a exprimé son souhait qu’une restauration archéologique soit effectuée. Ce type de restauration consiste à « garder l’objet dans son aspect ancien », les traces du passé devant être respectées et indentifiables afin de préserver la valeur historique et documentaire de l’objet. Ces traces du passé incluent la restauration, qui doit rester visible144. Cependant il existe différents degrés de restaurations archéologiques, cela va de la restauration curative145 à la restauration réparatrice. Le musée a sélectionné cette dernière, souhaitant combler et restituer certaines parties manquantes, ce qui aurait pour but de rétablir la stabilité, la solidité et la forme d’origine de l’œuvre.

144

Montigny D.,… : Le charme discret du passé. ARAAFU 2003, p.4. Elimination des substances nocives et/ou renforcements par imprégnation etc. Ni comblements si restitutions. Idem, p.4. 145

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Une fois le dolium restauré, le musée tient à l’exposer dans ses collections permanentes. D’une part cela signifie que le dolium aura un rôle essentiellement informatif auprès du public, et non celui d’un bel objet. Il pourrait même être un objet d’étude poussée pour un public érudit. En effet, cette œuvre est très importante au sein du musée car sa morphologie est un marqueur temporel et spatial, du fait qu’elle soit typique de la région et de l’époque augustéenne. Mais les altérations actuelles empêchent pour le moment cette transmission d’informations, notamment en ce qui concerne la forme originelle du pied. D’autre part, cela implique l’importance de l’aspect esthétique du dolium, c’est pourquoi Madame Viroulet souhaite que la restauration s’étende jusqu’à la retouche colorée sur les parties restituées, afin de rendre la restauration plus discrète, sans pour autant qu’elle devienne invisible. Enfin, la présence de l’œuvre dans les galeries signifie qu’elle pourrait être fréquemment soumise aux manipulations et aux déplacements par le personnel du musée, lors des campagnes de nettoyage ou de prêts temporaires pour des expositions en d’autres lieux. Or sa fragilité et son grand volume sont contraignants dans ces conditions. La restauration, mais également des conseils de conservation préventive devront faire en sorte que l’œuvre puisse être conservée, exposée et traitée sans danger.

II.

Les critères déontologiques

« Les objets auxquels une société attribue une valeur artistique, historique, documentaire, esthétique, scientifique ou religieuse particulière sont appelés communément " biens culturels"; ils constituent un patrimoine matériel et culturel pour les générations à venir »146. Le dolium étant un bien culturel, témoin de l'histoire nationale et régionale147, le code déontologique approprié doit être adopté afin que l’œuvre puisse transmettre correctement sa mémoire aux générations futures. Si la demande du client est impérative, elle peut parfois contredire ces exigences. Il convient donc de les revoir en détail afin de faire le point sur le projet de restauration.

146

E.C.C.O (European Confederation of Conservator-restorers' Organisations) : La profession de conservateurrestaurateur, code d’éthique et formation. Préambule mis en place par l'assemblée générale en 1993 et adopté en 2002. 147 Occupation romaine en Alsace au Ie siècle.

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L'ensemble des règles mises en place repose sur des facteurs fondamentaux148 : Aider le spectateur à mieux comprendre l’aspect, la forme du dolium, Lisibilité

esthétiquement (restitutions,…) et historiquement (restauration visible), sans que certains détails soient cachés par les altérations. Les matériaux de restauration, mais aussi ceux qui constituent

Stabilité

l’œuvre, ne doivent ni devenir plus durs ni plus fragiles avec le temps. Ils doivent être compatibles avec l’œuvre.

Réversibilité

Innocuité

Possibilité d’annulation d’effet ou retrait de matériaux, de produits, à tout moment et sans dommages sur l’original. Tout matériau ou produit doivent ne pas nuire à l’œuvre sur le long terme, et doivent être compatibles avec cette dernière.

En somme, le traitement comportera trois formes d’intervention149, qui nous guideront dans l’élaboration du protocole de la partie suivante :

148 149

-

Restituer l’identité, la forme, la capacité de l’œuvre : restauration cognitive

-

Améliorer la résistance mécanique et la cohésion : restauration technique

-

Redonner une qualité visuelle, restituer l’unité formelle : restauration esthétique

BRUNEL : Op. cit. p.90. GUILLEMARD D. : Les embarras du choix : assumer l’incomplétude en restauration… ARAAFU, 2003.

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SUPPORTS DE TRAVAIL Avant toute intervention, l’environnement et le conditionnement de l’œuvre doivent être pris en compte afin de faciliter le travail, d’éviter les pertes de temps ou les accidents. Le support sur lequel l’œuvre sera travaillée doit être adapté aussi bien à l’investigation qu’à la restauration elle-même. Les matériaux doivent être neutres, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas endommager l’œuvre, ni physiquement ni chimiquement.

I.

Partie remontée du dolium A. Risques Une fois l’œuvre installée dans l’atelier, qui dans notre cas est très fréquenté, elle peut

être exposé aux risques suivants : -

Chocs : personnes, objets,… En conséquence, l’œuvre peut subir de nouvelles altérations, voir une chute dans le pire des cas.

-

Empoussièrement ou autres dépôts : Lors des campagnes de ménages, du ponçage d’autres céramiques (résidus de plâtre) etc.

-

Projections : Solvants, peinture,… En cas de restauration de céramiques à proximité du dolium.

Ensuite, l’œuvre est lourde, difficile à manipuler. Nous sommes sans cesse obligé de soulever le dolium pour l’observer, intervenir dessus ou simplement le sortir de la boite qui a servi au transport jusqu’à l’atelier. Or les parois du dolium sont très fines et on ne connait pas bien leur résistance ni celle de l’ancien adhésif. Par conséquent, on ne sait pas quel impact cette manipulation peut provoquer à long terme. De plus, l’œuvre pourrait être affectée par l’acidité et les taches de gras laissées par les mains. Enfin, cette manipulation ne rend pas le travail aisé. C’est pourquoi le support a été conçu de la manière suivante :

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B. Solution Matériaux et leurs

Conséquences

avantages Bois Boite aux parois amovibles150

contreplaqué :

résistance

importante. Pas ou peu de

Protection contre les chocs, dépôts

mécanique

déformations.

et

projections

extérieurs. -

Résistance au poids de l’œuvre lors des transports.

En bois et de 38 cm de Girelle

-

-

Permet de tourner l’œuvre

diamètre pour soutenir le

afin d’éviter de la toucher et

dolium.

à la manipuler trop souvent.

Mousse recyclée151 (10 cm d’épaisseur) sur les parois Mousses de protection

-

de la boite: bonne souplesse et bonne épaisseur Mousse cm

pièces lourdes -

sur

Eviter

les

chocs

entre

l’œuvre et les parois rigides

polyuréthane (2

d’épaisseur)

Bon amortissement pour les

la

de la boite et de la girelle.

girelle : bon marché, souple. Papier Tyvek® : Matériau neutre et incolore (blanc) : Papier de

solidité,

pas

d’accroc

protection

mécanique ni de dépôts chimiques ou de couleur sur

-

Isoler l’œuvre de la mousse recyclée152 et de la mousse polyuréthane153.

les objets.

150 151

Fournie par la société Caduels® qui réalise des caisses et des boites sur mesure. Disponible chez Castorama®.

152

La mousse recyclée perd beaucoup de résidus et peut contenir des poussières. La mousse polyuréthane possède un mauvais vieillissement, et peut laisser des dépôts acides sur le long terme. 153

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Fig 100 : Boite aux parois amovibles.

II.

Fig 101 : Intérieur avec mousses amortissantes, tyvek® et girelle pour tourner le dolium.

Fragments isolés

A. Rangement

Boites à tiroirs

Minimiser l’espace et faciliter la manipulation des fragments

Fig 102: Tiroirs de rangement.

Mousse

Eviter les chocs avec les parois des tiroirs, mais aussi entre les

polyuréthane

fragments eux-mêmes

Papier Tyvek®

Eviter les contacts entre la mousse polyuréthane et les fragments.

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Fig 103 : Schéma du conditionnement des fragments. Fragments Tiroir

Mousse polyuréthane Papier Tyvek®

Mousse polyéthylène

Fig 104 : Conditionnement des fragments.

B. Travail Pour les mêmes raisons que celles évoquées précédemment, l’observation et le travail sur les fragments et groupes de fragments recollés se fera sur une plaque de mousse polyuréthane de 50 x 50 cm et recouverte de papier Tyvek®, afin d’éviter les chocs contre la table. Fig 105 : Support de travail pour les fragments.

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PROTOCOLE DE TRAITEMENT Toutes les études précédentes nous permettent désormais d’élaborer un protocole commenté et argumenté, avec une étude approfondie sur les produits et techniques nécessaires à la restauration du dolium.

I.

Fixage et consolidation A. Fixage de la surface 1. Objectif Après un dépoussiérage global, le fixage de la surface sera nécessaire pour constituer une

protection contre les interventions futures. Pour cela, nous appliquerons un adhésif, qui sera absorbé par les pores de la terre cuite et de l’engobe. En séchant, il maintiendra une nouvelle cohésion entre les matériaux constitutifs du dolium. Cependant, cette absorption rend ce type d’intervention peu, voir non réversible. L’urgence de la situation nous a malgré tout incité à prendre cette décision, et seul le strict nécessaire devra être appliqué sur l’œuvre. Ainsi, la surface externe uniquement sera fixée car elle est visible, soumise aux manipulations et plus susceptible d’être en contact avec des bandes adhésives par la suite. Une seule couche devra être appliquée, si cela suffit.

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2. Choix de l’adhésif Afin d’être efficace et déontologique, le matériau de fixage devra être choisi afin de répondre aux critères suivants :

Résistance aux abrasions

Notamment lors de l'utilisation de bandes adhésives, nécessaires pour le futur collage. L’engobe et la terre cuite sont d’aspect mat et rugueux.

Aspect mat

L’adhésif doit également reprendre cet aspect afin de ne pas altérer la lisibilité de l’œuvre.

Le solvant de l'adhésif de

Lors d'une future dérestauration, un solvant tel que

fixage doit être différent de

l'acétone pourrait être utilisé pour retirer l'adhésif de

celui de l'adhésif de collage

collage. Ce solvant ne doit pas affecter l'adhésif de

des fragments.

consolidation.

Le Néoprène se retire avec des solvants tels que l’acétone, et les futurs adhésifs susceptibles d’intervenir pour le futur collage sont également des adhésifs en solution (Paraloïd®, Mowital®). On choisira donc un adhésif en dispersion aqueuse pour le fixage. Un consolidant mat est souvent utilisé en restauration et conseillé par Velson HORIE154 : il s’agit d’une colle organique à base d’algue japonaise : le Funori. Mais cet adhésif ne possède pas un très grand pouvoir fixant, il est généralement employé en restauration de peintures, de papiers ou encore pour fixer la dorure155. Or HORIE mentionne également l’utilisation de gels, tels que la gélatine156. La colle d’esturgeon en particulier possède un très bon pouvoir collant. A ne pas confondre avec la colle de poisson également utilisée en restauration, la colle d’esturgeon est une colle animale protéinique de gélatine, fabriquée à partir de vessie natatoire d’esturgeon157. Le mélange Funori/esturgeon a déjà été effectué158 afin d’associer les avantages de chacun.

154

HORIE V. : Matérials for conservation : organic consolidants, adhésives and coatings. Ed. Elsevier Ldt (2nd éd.), 2010, p. 107. 155 SMITH M.,… : Funori : Overview of a 300-years-old consolidant. JAIC, vol. 44, 2005, pp. 117 – 126. 156 « The consolidation of porous mat materials appear to form gels (e.g.gelatine) » HORIE. : Op. cit., p.107. 157 JUSTE-GROENE M. Mémoire de fin d’études. IFROA, 1992 – 93, p.89. 158 MASCIA S. et NININO A-S. : Mémoires de fin d’étude, école de Condé.

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Fig 106 : Aspect initial des produits.

Avantages Funori

Inconvénients

-

Aspect mat

-

Faible pouvoir collant

-

Bon pouvoir collant

-

Modifie

Colle d’esturgeon

un

peu

les

propriétés optiques car il est légèrement brillant. -

Funori/esturgeon -

Non-toxiques

(car -

Matériaux organiques : l’apparition

adhésifs organiques en

favorisent

solution aqueuse)

de microorganismes si

Ne

réagit

pas

aux

solvants

l’humidité relative est élevée.

La colle d’esturgeon devra être appliquée en petite quantité par rapport au Funori, car sa brillance peut assombrir l’œuvre si l’adhésif est appliqué en excès. L’autre inconvénient est le caractère organique de ces produits. L’œuvre est destinée à être placée dans les galeries d’exposition, elle devrait donc être soumise à de bonnes conditions de conservation, avec un taux d’humidité relative correct. Il faudra tout de même veiller à avertir le musée sur ce point, afin d’entretenir la vigilance. Avant l’application directe sur l’œuvre, le mélange Funori/esturgeon sera appliqué sur des échantillons de terre cuite afin de vérifier son aspect.

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B. Consolidation de la structure La structure étant fragile (feuilletage, sels,…), une consolidation est recommandée, au moins dans les zones de fragilité importante (lacunes nombreuses). Tout d’abord, l’adhésif de fixage de la surface sera appliqué à chaud. En effet, la viscosité diminuant en fonction de l’augmentation de la température, l’adhésif de fixage aura une meilleure pénétration et renforcera une partie de la structure interne en plus de la surface. Cet adhésif de fixage sera appliqué sur les parois internes et externes pour une meilleure efficacité. Ensuite, il sera nécessaire d’insérer une armature de renfort dans les zones les plus vulnérables. Pour cela, nous avons envisagé l’emploi du Varaform® léger (Fig 107). Il s’agit d’une de résine thermoformable, à caractère non-nocif et biodégradable. Disponible chez Adam Montparnasse®, le Varaform® léger se présente sous forme de grillage (45 x 60 cm) blanc, rigide, léger et surtout, modelable à l’infini sous l’action de la chaleur. A chaud, le matériau devient collant et peut se fixer sur n’importe quel support. Devenu rigide, il sert d’armature pour ce support, prenant la forme de ce dernier. Cette technique a déjà été utilisée pour renforcer la structure d’un autre dolium (Fig 108), restauré par les élèves de la Cambre (Bruxelles) pour le Musée de Mariemont.

Fig 107 : Grilles de Varaform®.

Fig 108 : Dolium Gallo-romain, Musée royal de Mariemont (Belgique). Varaform® à l’intérieur. © Musée royal de Mariemont.

Peu avantageuse d’un point de vue esthétique, son utilisation à l’intérieur des dolia provoque néanmoins peu de soucis en raison de leur ouverture assez étroite, qui laisse l’intérieur peu visible. Restauration du Patrimoine, spécialité céramique

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Le Varaform® redevient rigide après refroidissement, mais peut être ramolli à l’infini sous l’action de la chaleur. Réversible, son retrait pose néanmoins quelques limites. Retiré après avoir été à nouveau chauffé, il laisse des dépôts difficilement retirables sur le support. Très légèrement chauffé ou à froid, il ne laisse pas de résidus mais il peut emporter avec lui des résidus de terre cuite, surtout sur ce dolium, dont nous avons vu qu’il est assez fragile. Un fixage préalable au Funori/colle d’esturgeon a donc été effectué. Des tests sur un fragment nous ont montré que cette consolidation est efficace (Fig 112).

Fig 109 : Ramollissement du Varaform® au décapeur thermique.

Fig 110 : Pose de la grille sur échantillon du dolium.

Fig 111 : Retrait du Varaform (très peu chauffé, assez rigide).

Fig 112 : Aucun résidu de terre cuite.

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II.

Dérestauration

A. L'ancien collage : dé-restaurer ou non ? 1. Une controverse a. Grande fragilité de l’œuvre L'ancien collage, qu’il soit à base de Super Glue ou de Néoprène, pose deux problèmes : -

Ressauts

-

Adhésifs non-déontologiques159 Ces critères seraient suffisants pour justifier une dérestauration complète s’il n’existait le

désavantage constaté dans le diagnostic : la fragilité de l’œuvre. En effet, à chaque manipulation, l’œuvre friable perd de nombreux résidus. Les tranches des tessons étant très poreuses, les résidus d'ancien adhésif sont très incrustés. Les solvants ne suffisant pas pour les retirer en totalité, il faudrait effectuer un nettoyage mécanique supplémentaire160, ce qui serait dangereux pour le dolium. b. Nombre important de tessons Ensuite, il faut prendre en compte le nombre très important de fragments (152) et d’éclats (10) fixés avec l’ancien adhésif, ce qui augmente le risque de désorganisation et de pertes de fragments en cas de décollage de l'ensemble. Enfin, si on replace cette étape dans le cadre professionnel, la complexité du retrait de l’adhésif sur les nombreux fragments et le nettoyage de chacun de ces derniers demanderait un temps de travail énorme. Le prix pour le temps de travail du restaurateur serait sans doute trop élevé par rapport à la valeur de l’œuvre. Dans le cadre du mémoire de fin d’études, le temps nécessaire manque pour cette étape.

159 160

La Super Glue notamment, trop puissante, peu réversible et qui possède un mauvais vieillissement. Scalpel, etc.

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c. Conclusion Une dérestauration impliquerait donc des altérations d'une échelle plus importante que le fait de laisser l’œuvre telle quelle, même si l'ancienne restauration n'est pas parfaite. Une notion déontologique instaurée par Camillo Boito incite d'ailleurs à traiter toute œuvre avec « un respect religieux […] préférant les injures du temps et des hommes au risque de décaper la peinture originelle »161. Si cette notion s’illustre dans l’exemple d'une œuvre de peinture, elle s'applique tout aussi bien aux autres formes, dont les céramiques. Cela ajouté à la complexité du nettoyage des fragments et au temps de travail important, nous conclurons que dans un souci de conservation et de réalisme de la situation, le retrait complet de l’ancien collage ne sera pas réalisé.

2. Une autre solution : la dérestauration partielle L'emplacement de certains tessons isolés a été retrouvé sur l'ensemble remonté. Mais l’un d’entre eux ne peut être inséré correctement dans son emplacement (Fig 113). Seule une dérestauration de certains tessons déjà collés permettrait leur incrustation.

Dérestauration pour faciliter Fig 113 : Impossibilité d'insertion du fragment.

161

l’insertion du tesson isolé

BOITO C. : Conserver ou restaurer ?, 1893, p.128.

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C. Retrait des résidus d’ancien adhésif Si l’ancien collage ne sera pas entièrement dérestauré, les résidus d’ancien adhésif eux, doivent être nettoyés afin de rétablir une meilleure lisibilité et de soigner l’aspect esthétique de l’œuvre. Cette étape sera assez longue, et le traitement se compliquant à l’intérieur du dolium, cette étape ne sera effectuée que sur la surface externe et visible de l’objet.

D. Retrait et remplacement du système de maintien Afin de faciliter l’application de l‘enduit de consolidation de surface et de régler le problème de nuisance esthétique, le système de maintien improvisé lors de l'ancienne restauration devra être retiré.

La perte de cohésion provoquée lors de cette action risque alors de déstabiliser l'ensemble. C'est pourquoi on fixera au préalable

un

nouveau

système

de

remplacement, temporaire, réversible et uniquement sur la partie interne de l’œuvre, où aucune consolidation de surface ne sera nécessaire. Fig 114 : Rappel sur le rôle du système de maintien.

Il est possible d’utiliser pour ce faire une bande d'intissé, papier synthétique dont les fibres enchevêtrées offriront une résistance suffisante à la traction exercée par les deux parties à maintenir. Cette bande sera encollée à l'aide de Klucel G®162, adhésif réversible et mat qui ne laissera pas de dépôt brillant lors du futur retrait de la bande.

162

Résine synthétique (éther de cellulose) utilisée pour le nettoyage des peintures, en tant que liant (gouache) ou pour l'encollage (en solution aqueuse ou dans des solvants organiques tels que les alcools). Fiche technique dans les annexes.

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III.

Atténuation du décalage pied/panse

Lors du pré-montage, rappelons qu’un décalage important (ressaut) a été remarqué entre la panse déjà collée et les fragments du pied. Afin de rendre possibles les futurs collages et comblements, ainsi que d’améliorer la consolidation et l’aspect esthétique, le décalage entre la base (actuellement à l’état de fragments) et la panse déjà collée du dolium doit impérativement être éliminé. Pour cela, nous ferons intervenir une forte chaleur qui ramollira le néoprène, permettant ainsi de faire bouger légèrement l’inclinaison des fragments de façon à ce que les parties de l’œuvre s’emboitent correctement.

IV. Collage A. Objectifs Deux types de collage seront effectués :

1. Collage par infiltration Les anciens adhésifs ne seront pas retirés dans leur totalité et nous ne savons pas exactement combien de temps ils peuvent garder leur efficacité. Il est donc risqué de les laisser maintenir à eux seul la cohésion des fragments. Un nouvel adhésif devra donc être ajouté afin de sécuriser cet ancien collage.

2. Collage des fragments isolés Ensuite, les fragments orphelins et les petits groupes de fragments anciennement collés devront être remontés. L’essentiel de ces fragments appartient à la base de l’œuvre, ce qui signifie qu’ils devront supporter le poids important de l’œuvre. Un adhésif adapté aux terres cuites de grand volume devra donc être judicieusement choisi.

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B. Critères de sélection d’un adhésif pour le dolium Les tessons sont très fragiles et poreux. En cas de future dérestauration, il est important que l’adhésif puisse facilement être éliminé par des solvants. La

Réversibilité

recherche se tournera donc vers les adhésifs thermoplastiques : vinyliques : EVA (Eva

Art®163,), PVA164(Mowilith®,…), PVB165(Mowital®)

etc.

Acryliques : Paraloïd®, Plextol, etc. facilement réversibles dans les solvants tels que l’éthanol ou l’acétone.

Compatibilité avec les

Ces adhésifs sont tous compatibles avec la terre cuite poreuse.

terres cuites Stabilité dans le temps Résistance aux pièces lourdes

Les EVA166, PVB (Mowital B60HH®)167 et acryliques (Paraloïd®)168 sont dotés d’une bonne stabilité dans le temps : conservation de l’efficacité, faible jaunissement. Le Paraloïd B-44® est connu pour avoir une bonne dureté et une grande résistance aux pièces lourdes169. Le Mowital B60HH® aurait également fait ses preuves dans le domaine170, mais il est peu abordé actuellement en restauration. L’utilisation du Paraloïd B-44® semble donc plus sûre pour le dolium. Il est nécessaire que l’adhésif puisse résister aux fortes températures. D’une part même si le climat du musée est maintenu dans la normale (18 – 25°C), des pannes de conditionnement (climatisation,…) peuvent survenir. D’autre part le

Tg171 élevée :

dolium pourrait très bien, lors de son exposition, « bénéficier » d’éclairages dégageant de la chaleur. Tg des EVA: autour de 35°C Tg des Paraloïd® B-72 et B-44 : 40° et 60°C Tg du Mowital® B 60 HH172 : 65 – 75°C

163

Copolymère éthylènevinylacétate. Polymère d’acétate de polyvinyle. 165 Polymère de butyrate de polyvinyle. 166 DOWN J. : Toward a better emulsion adhesives for conservation. 2000 167 COURTIADE : Restauration de Sapho ou… CeROArt, 2012. 168 Conférence de KOOB, 1997. 169 RAMAKERS H. : Paraloïd TM B-44 : Studio tests… 2013. 170 MASCIA S. : Restauration et Conservation […] en terre cuite… Ecoles de Condé, mémoire de fin d’études, 2013. 171 Température de transition vitreuse : point de ramolissement. 172 Appellation par KSE (Kuraray Specialities Europe). Appelé aussi Butvar B 98® chez Solutia. 164

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Le Mowital B60 HH® a la particularité d’être résistant aux solvants polaires

Résistance à

tels que l’eau, y compris par rapport aux autres Mowital®173. Inversement, il

l’humidité

présente également la meilleure solubilité dans les solvants non-polaires (acétone, éthanol), ce qui le rend très réversible.174

Bonnes propriétés optiques

Les tranches des tessons étant érodées et parfois peu jointives, l’adhésif a de fortes chances d’être visible par endroits, entre les cassures. Non seulement le Mowital® garde sa transparence après séchage, mais il présente également un aspect plus mat175, donc plus discret que le Paraloïd®.

Le Mowital B60HH®176 se distingue des

autres

adhésifs,

notamment

du

Paraloïd®, par une Tg élevée et un aspect mat.

Fig 115 : Paraloïd plus brillant que le Mowital.

Sa stabilité dans le temps est confirmée177. Il semble également avoir prouvé sa résistance aux pièces lourdes178, sans toutefois que cela soit officiellement certifié. En effet, des doutes subsistent malgré tout sur sa résistance aux pièces lourdes, car peu d’articles mentionnent le collage au Mowital® en céramique, surtout concernant les terres cuites volumineuses. En revanche, le Paraloïd® B-44179 s’est déjà révélé efficace pour la restauration d’un dolium180, de taille bien plus imposante que celui de ce mémoire.

173

KSE (Kuraray) : ®Mowital, Polyvinyl butyral of superior quality. Fiche technique, p.9. Ibid, p.9. 175 TAYLOR S. : Consolidation of earthenwares dans Conservation news 33. 1987, p. 24. 176 Voir l’étude technico-scientifique pour une description détaillée du Mowital®. 177 COURTIADE L. : Restauration de Sapho ou Le Chant de Raoul Verlet. 2006 http://ceroart.revues.org/2596 178 MASCIA S. : Op. cit. 120. 179 Voir l’étude technico-scientifique. 180 TOUZEAU J., REBBE I. : Dépose et restauration d’un dolium […]. ARAAFU n°18, 2010. 174

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Il a donc été décidé d’employer deux adhésifs différents pour les deux types de collage.

Type de

Infiltration : Renforcement de

collage

l’ancien collage

Adhésif

Mowital B60HH®

choisi -

-

Paraloïd B-44®

La présence de ressauts indique

-

L’adhésif est brillant, mais si le

que la colle sera visible par

collage des fragments est bien

endroits. La matité est donc

réalisé, il ne devrait pas être

préférée afin que l’adhésif ne

visible.

ressorte

Arguments

Collage des fragments isolés

pas

de

façon

-

Sa

résistance étant

aux

pièces

importante par rapport à la terre

lourdes

confirmée,

il

cuite mate.

pourra soutenir le poids du

Si sa résistance aux pièces

dolium à lui seul.

lourdes n’est pas officiellement confirmée, il n’est pas moins considéré

comme

adhésif

et

s’additionnera

un

sa à

bon force

celle

du

néoprène déjà présent.

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V.

Comblement

A. Cahier des charges 1. Type de comblement

Demande du musée

Restitution du pied de l’œuvre

Objectif

Réponse du restaurateur

Lisibilité

et Un des fragments du dolium nous

documentation :

la donne le profil complet de la

forme du pied est forme du pied, le projet est donc spécifique du lieu et de réalisable. l’époque. La plupart des lacunes étant de taille importante, cette étape est Renforcement :

Comblement des grandes l’œuvre est grande, lourde et ses parois

lacunes

sont très fines.

très recommandée. Si des lacunes se

situent

dans

les

« porteuses » l’œuvre

zones pourrait

s’effondrer sous son propre poids. Le bouchage peut aussi renforcer des zones où les fragments sont peu jointifs. En

plus,

de

l’importance

historique, il s’agit de limiter le Petites comblées

lacunes

non

nombre

Authenticité,

de

comblements,

en

ancienneté,

histoire raison de la fragilité de la pièce.

de l’œuvre.

Cela limitera les dommages sur la pièce lors d’un éventuel futur retrait des comblements.

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Comblement à niveau : Renforcement :

Les En restauration archéologique,

Tesson de comblement de parois de l’original sont les parties comblées doivent se même épaisseur que les si fines qu’un retrait distinguer parois de l’œuvre (pas de rendrait le comblement L’absence retrait).

trop fin et trop fragile.

l’original.

du

généralement sera

Retouche colorée d’une Restauration

de

retrait,

recommandé,

compensée

par

une

retouche plus claire.

teinte similaire mais plus perceptible claire que l’original.

La demande du musée est tout à fait conforme à la déontologie, ce qui aboutit à un accord unanime avec le restaurateur. Cependant, le restaurateur tient à faire une proposition supplémentaire, concernant le comblement à niveau : il s’agit de cerner les comblements, c’est-à-dire « un retrait d’une différence de niveau, mais qui se limite ici aux contours du comblement, appuyant sur la limite physique entre original et restauré »181. Cela permettrait également d’améliorer la réversibilité des comblements sur le dolium très fragile, en diminuant la quantité de plâtre en contact avec les tranches. Enfin, cela permettra également de créer une harmonie esthétique, les cernes imitant et s’accordant parfaitement avec le réseau de cassures, très visible sur l’ensemble de l’objet car noncomblées.

181

BOUYER E. : Quelques pistes de réflexion sur la restauration perceptible des vases... CeROArt, 2010.

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2. Propriétés d’un produit de comblement adéquat pour le dolium -

Réversible

-

Densité plus faible que l’original

-

Aéré (dolium poreux)

-

Résistance à la chaleur et à l’humidité

-

Aspect proche de la terre cuite

-

Solidité, résistance mécanique proche de la terre cuite

-

Application facile sur les grandes surfaces

-

Toxicité faible pour le restaurateur, mais aussi pour l’œuvre (pas d’acidité)

-

Se teint facilement dans la masse

B. Choix du matériau de comblement 1. Sélection de plusieurs gammes de matériaux -

Le plâtre de base : il s’agit du matériau de comblement le plus couramment utilisé. Cependant son utilisation est de plus en plus controversée car il est très sensible à l’humidité. Il peut ainsi provoquer des tensions, voir des fissurations dans les céramiques et il peut constituer une source de sels solubles qui pourraient migrer dans les pores de la céramique182. De plus, il est difficile à appliquer par couches successives et de nombreuses bulles d’air se forment lors de sa préparation.

Fig 116 : Fissurations dues à une ancienne restauration en plâtre. Bol gallo-romain © Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles.

182

BEUKEN A., BUSSIENNE G., DRIESMANS D. : Les acryliques […] comblement des terres cuites à basse température. 2009, p.33.

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-

Les plâtres cellulosiques : Il s’agit de plâtres possédant d’autres ingrédients en plus du plâtre pur, dont l’éther de cellulose, qui allonge le temps d’application et de travail de la matière. Par conséquent, la mise en œuvre est donc bien plus aisée. De plus, la proportion de plâtre étant moindre, le matériau est plus tendre et les risques de contamination par les sels solubles sont réduits. Enfin, il est possible de l’appliquer par couches successives. Le plâtre cellulosique conserve les avantages du plâtre classique concernant la teinte dans la masse et la facilité de ponçage. Les plus connus en restauration sont :  Polyfilla® enduit de rebouchage  Moltofill® Innen

-

Les résines thermoplastiques chargées : en particulier le Paraloïd®, mélangé à des microsphères de verre pour alléger la pâte. La réversibilité des adhésifs rend le bouchage simple à retirer avec des solvants (acétone,…) et le mélange adhère très bien à la céramique. En revanche, les solvants de l’adhésif et les microsphères de verre rendent l’intervention très toxique. De plus, l’évaporation rapide des solvants rend le mélange difficile à appliquer sur les grandes lacunes, sans compter qu’il est difficile de le teindre dans la masse.183 Des acryliques en dispersion aqueuse (Primal®) peuvent également être utilisées, moins toxiques et plus faciles à appliquer. Cependant, il reste difficile d’obtenir une surface uniforme par ponçage. Enfin ces résines sont thermoplastiques, ce qui signifie qu’elles ne résistent pas aux hautes températures (+ 45 – 50°C en moyenne). Cette option est donc écartée.

-

Autres mousses syntactiques : Une mousse syntactique est un matériau composite* cellulaire, composé d’une matrice* et de charges sphériques creuses. Concrètement, il s’agit de résines organiques dans lesquelles ont été ajoutés des microsphères creuses de verre afin d’en alléger la structure. Cette mousse est solide, rigide et ses cavités sont limitées par des parois, se trouvant ainsi séparées les unes des autres184. La porosité est donc fermée. Des mousses syntactiques prêtes à l’emploi et pouvant se travailler à l’eau (donc à toxicité réduite) sont accessibles dans les grandes surfaces. Chacune possède un aspect propre, au niveau de la texture, de la densité, de la teinte de base etc.

183 184

BEUKEN A. : Op.cit page précédente. GIMENEZ N. : Le vieillissement hydrolytique de mousses syntactiques époxyde/amine/verre. Thèse – 2005, p. 25.

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La revue CeROArt propose une gamme de mousses syntactiques apparemment adaptées aux terres cuites et qui méritent d’être étudiées185 :  Polyfilla Superlight®  Polyfilla Rebouchliss®  Golden Light Moldong Paste® Des échantillons avec chacun de ces matériaux ont été testés afin d’effectuer une comparaison de la texture et de la résistance de chacun : Mousses syntactiques

-

Polyfilla® Enduit de lissage186

Polyfilla Superlight®

Golden Light Molding Paste®

m = 44 g d = 1,39

m = 7,5 g d = 0,25

m = 7,5 g d = 0,25

Application difficile Aucune résistance mécanique

-

-

-

-

Application facile. Aspect proche de la terre cuite Trop léger, même structure que le polystyrène … Faible résistance mécanique Ponçage difficile

-

-

-

-

Application facile Aspect proche de la terre cuite Trop léger Faible résistance mécanique Temps de séchage trop long (au moins deux semaines) Ponçage difficile

Plâtres cellulosiques Polyfilla® Moltofill® enduit de Innen rebouchage

m = 44 g d = 1,39 -

-

-

Application facile Bonne résistance mécanique Masse et densité proches du dolium Ponçage aisé MAIS beaucoup de résidus.

m = 40 g d = 1,27 Mêmes avantages inconvénients que Moltofill®

Densité de référence : densité du dolium = 1,92 185

BECHOUX V. : Utilisation des mousses et des pâtes syntactiques pour combler les lacunes des poteries archéologiques. Paru dans CeROArt 2, 2008. 186 Equivalent du Polyfilla® Rebouchliss.

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et

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le


Suite à cette comparaison, deux enduits sont retenus : le Moltofill® Innen et le Polyfilla® enduit de rebouchage. Le ponçage nécessaire pose problème dans la mesure où les résidus peuvent se fixer ou s’incruster dans la terre cuite poreuse. Cependant, le temps d’application étant étendu187, le travail de la matière peut s’effectuer de façon plus précise, ce qui limite le ponçage.

2. Choix du Polyfilla® Le Moltofill® et le Polyfilla® possèdent de nombreuses qualités communes : -

Travail aisé, de l’application jusqu’au ponçage

-

Adapté aux comblements des grandes surfaces.

-

Plusieurs couches, même fines, peuvent se superposer (contrairement au plâtre)

-

Se teint dans la masse.

-

Temps d’application long (environ 1 heure), grâce à la présence d’éther de cellulose.188 A première vue, il est difficile de faire un choix. Cependant, le Moltofill® contient une

moins grande proportion de plâtre que le Polyfilla®, ce qui implique des économies de matériau et un comblement plus allégé. Mais d’autre part, des tests de résistance mécanique ont été réalisés sur des échantillons de chacun de ces matériaux. Le même système que pour les travaux technico-scientifique de ce mémoire a été utilisé. Les résultats nous montrent que les trois échantillons de Polyfilla® ont résisté à une charge de 10 kg tandis que ceux de Moltofill® ont cédé au bout de 8 kg. Bien qu’il soit déconseillé d’utiliser un matériau de bouchage dont la résistance mécanique risque d’être supérieure à celle de l’œuvre, il faut prendre en compte le poids important du dolium et ses parois très fines, ce qui implique un comblement très fin également. Le Polyfilla® Fig 117 : Tests de résistance des échantillons de Polyfilla.

est retenu pour le comblement. 187

Le Polyfilla® par exemple, peut se travailler pendant une heure.

188

BEUKEN A., BUSSIENNE G., DRIESMANS D. : Les acryliques en dispersion aqueuse chargées avec des microballons de verre pour le comblement des terres cuites à basse température. ARAAFU, cahier technique n°18 – 2009, p.33.

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3. Préparation de l’enduit de comblement : ajout de matériaux complémentaires a. Alléger ou non ? Le Polyfilla® est plus dense que le Moltofill®, mais il peut cependant être « aéré » par l’ajout d’une charge : les microsphères creuses de verre. Mais cette étape est-elle vraiment nécessaire ? Pour le savoir, les densités du dolium et du Polyfilla® ont été calculées189: ddol = 1,92 dpol = 1,27 Il apparait que la densité du dolium est supérieure à celle du matériau de comblement. Un allégement de la structure du Polyfilla® prendrait du temps supplémentaire pour peu d’utilité. Il n’y aura donc pas d’ajout de microsphères creuses de verre. b. Renforcer ou non ? Les comblements situés à la base du dolium seront amenés à supporter le poids de l’ensemble, quand l’œuvre sera remise à l’endroit. Il est donc préférable de les renforcer légèrement avec un adhésif en solution aqueuse, qui pourra être préalablement dilué en faible quantité dans l’eau de gâchage lors de la préparation du Polyfilla®. Un acétate d’éthylène-vinyle, l’Eva Art®, a été retenu car il possède une bonne stabilité dans le temps190 et il est vendu prêt à l’emploi, donc rapide et facile d’utilisation.

189

Les densités ont été calculées à partir d’un fragment rectangulaire du dolium (3,5 x 2 x 0,5 cm) et un autre de Polyfilla (7,5 x 3,5 x 1,2 cm) : Densité dolium ddol =

ρ dol ρ eau ρ pol

Densité Polyfilla dpol =

ρ eau

= =

m dol(g)

.

1

V dol (cm3) ρ eau m pol(g) 1

.

V pol (cm3) ρ eau

= =

23,5 12,25 40 31,5

= 1,92 = 1,27

190

Absence d’additifs tels que les acides, les alcalins, les agents de coalescence. Voir la description plus détaillée dans l’étude technico-scientifique p. 181.

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c. Ajout de poudre de pigments pour une teinte proche de la terre cuite Afin de rendre la retouche colorée plus aisée, une teinte dans la masse sera faite dans le Polyfilla® afin de rendre sa couleur un peu plus proche de celle de la terre cuite du dolium. En effet, teinter permet de ne pas avoir un éclat blanc si le comblement est griffé ou cogné ou que la retouche est arrachée. Mais ici cette teinte sera légère car il faut un pourcentage important de pigments pour atteindre la couleur de l’œuvre, même d’une nuance plus claire. Or cela affaiblirait la résistance mécanique du plâtre cellulosique car la présence de pigments briserait alors un bon nombre de liaisons entre les composants du matériau. Sur des petites lacunes, cela ne provoque pas forcément d’impact important, mais il faut rappeler que les lacunes du dolium sont de grandes dimensions et leur épaisseur est fine. De plus, il y aurait une consommation

importante de pigments, particulièrement de la marque

Laverdure®, qui sont des produits assez coûteux. C’est pourquoi nous nous limiterons à 15% de pigments incorporés dans le Polyfilla® en poudre.

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VI. Réintégration colorée

A. Type de retouche Cette intervention n’est pas de nature technique mais esthétique. Le dolium est destiné à être exposé en galerie, ce qui indique qu’il sera soumis au regard du public, mais aussi à l’étude des experts, des archéologues, des historiens etc. Selon un article de Silvia PAÏN, l’importance accordée à l’esthétique nuirait à l’authenticité de l’œuvre : « dans ces approches « scientifiques », le souci esthétique est considéré comme un piège, qui détourne le visiteur de l’essentiel ». On s’oriente alors quelquefois volontairement vers des choix de restauration qui mettent en lumière le caractère lacunaire […] de l’objet »191. Ces choix de restauration peuvent impliquer une absence de comblement, ou un comblement sans retouche. Mais le dolium étant marqué par de très grandes lacunes, ces options risquent de mettre le caractère lacunaire bien trop en avant par rapport à l’œuvre elle-même. Afin de créer un meilleur équilibre, la solution adaptée est celle d’une retouche colorée, d’une couleur proche de l’original (engobe ou terre cuite selon l’emplacement de la lacune), mais d’une teinte plus claire. Le caractère lacunaire sera toujours visible, sans être trop ostentatoire. Or cette solution est en accord avec la demande du musée. Ensuite, le caractère de l’œuvre n’est pas le seul concerné, mais son environnement également, c’est-à-dire l’ensemble de la collection à laquelle elle appartient. La restauration qui a été faite sur les autres artefacts doit également être prise en compte 192. Or la plupart des céramiques du musée sont essentiellement recollées sans comblements. Les quelques pièces restaurées présentent une teinte proche, voir identique à l’original.

191 192

PAÏN S. : Quelques réflexions sur les choix esthétiques dans la restauration… 1995, p.7. BOUYER E. : Quelques pistes de réflexion… 2010.

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Fig 119 : Vase. Absence de comblements. © Musée de Biesheim

Fig 118 : Amphore. Restauration peu visible. © Musée de Biesheim

Les deux types de restauration des exemples ci-dessus peuvent s’associer pour combler et retoucher le dolium : les grandes lacunes seraient comblées et teintes d’une couleur très proche de l’original et légèrement plus claire, tandis que les petites lacunes seront laissées telles quelles. De plus, le dolium devrait être placé à côté de l’amphore (Fig 118) dont la restauration est discrète. Les comblements du dolium doivent se démarquer de l’original, mais pas en excès non plus afin de conserver une certaine homogénéité entre les deux céramiques en exposition. Enfin, une enquête menée au musée de Sèvres193 montre qu’une part non-négligeable du public, notamment parmi les jeunes, comprend difficilement le principe d’une restauration visible, voire absente (lacunes non-comblées,…) qui laisse apparaitre les traces du passé. Il tend à préférer les reprises de couleur, de décors. L’ajout de retouches colorées répondrait aux attentes de ce public non-informé, sans pour autant rendre la restauration invisible. La meilleure solution semble être celle d’une restauration colorée, d’une teinte proche mais plus claire que l’original, qui créerait un équilibre entre les attentes du public et la déontologie. Les traces de restauration restant visibles, des explications complémentaires devront accompagner l’œuvre lors de sa présentation dans les collections.

193

L’HOSTIS E. : Enquête menée au Musée national de la céramique de Sèvres : la perception des céramiques restaurées. 2007, p.54.

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B. Choix des matériaux Premièrement, nous optons pour une solution simple et facile à mettre en œuvre : la retouche à la peinture acrylique. Ce matériau est très facile à travailler à l’eau, ne change pas, ou très peu de couleur au séchage et devient par la suite quasiment imperméable. Mais ce matériau se révèle légèrement brillant au séchage, présentant un aspect plastique, trop éloignée de celui de la terre cuite. Il a donc été envisagé d’ajouter un matériau qui apporte un aspect mat et parfaitement compatible avec le Polyfilla® des comblements ; il s’agit du Polyfilla® enduit de lissage, qui se travaille aisément à l’eau, à l’instar de la peinture acrylique. De plus, l’acrylique devient plus sombre au séchage, ce qui rend la mise en œuvre difficile. A l’inverse, le Polyfilla® devient très clair au séchage. La tâche sera donc complexe et demandera beaucoup de patience et de concentration.

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Récapitulatif général du constat d’état, du diagnostic et de la proposition de traitement qui en résulte : Fabrication Altérations

Causes

Fragilisation Feuilletage

Défauts

Fouilles, conservation

Usage, enfouissement

Concrétions

engobe de

fabrication

Physico-chimiques

Cassures

dans le musée Lacunes

Accidentelles

(chocs, Intervention antérieure

pertes) Perte de cohésion :

Perturbe

Faiblesse structurelle Conséquences

Faiblesse structurelle

Collage

dérestauration Empêche

Perte intégrité, stabilité et lisibilité

envisagée

Consolidation structurelle et fixage de la surface

Collage

d’un fragment

Objectif

Consolidation Manipulation

Nature de l’intervention

Technique

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Intégrité Consolidation Manipulation

Exposition Technique Cognitive

résidus

Retouche

Dérestauration

Intégrité Consolidation

Exposition Technique Cognitive Esthétique

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136

des

Comblement

partielle

Stabilité

la

remise en place

Nettoyage Restauration

la

Décalage entre pied/panse : empêche un collage complet

Remise en place des fragments

Lisibilité

Lisibilité

Intégrité

Consolidation

Cognitive

Technique

Esthétique

Cognitive

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TRAITEMENT Introduction au traitement La proposition de traitement élaborée précédemment nous aura permis de préparer et organiser la restauration qui va suivre. Surtout, les tests réalisés nous permettront de limiter les éventuels risques lors de l'intervention directe. Lors du traitement, il est impératif d'évaluer le temps de travail pour chaque étape, puis d'en calculer la totalité. En effet, dans le monde professionnel, cette prise en compte est essentielle car elle nous permet de fixer un prix à l'intervention. Ainsi, nous pourrons déterminer si le travail aurait été possible ou non dans le contexte professionnel. De plus, cette attention portée au temps de travail servira d'entraînement pour une future activité en atelier. Durant tout le traitement, le dolium sera posé à l’envers, c’est-à-dire reposant sur son ouverture, car les fragments du pied ne sont pas rattachés au reste. Ensuite, une fois ce pied restitué, l’œuvre ne sera pas remise à l’endroit pour la finition du traitement et lorsqu’elle sera rangée dans sa boite194. En effet, le pied étant trop étroit, le dolium serait instable et pourrait basculer par accident.

I.

Interventions préalables A. Nettoyage 1. Dépoussiérage L’œuvre étant sensible aux abrasions (voir Constat d'état), nous utilisons un grand

pinceau doux à poils synthétiques195 afin de ne pas altérer la surface de la céramique. L’application se fait par frottement légers, en partant du haut vers le bas afin d’éviter de nouveaux dépôts de poussières sur les surfaces déjà nettoyées. Temps de travail : 30 min

194 195

Elle sera remise à l’endroit pour les photographies, puis pour la présentation devant le jury. 60 Dalbe® 897.

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2. Retrait des résidus débordants d’ancien adhésif a. Tests de solubilité Le retrait ne se fait pas, ou très peu au scalpel car l’élasticité importante du néoprène rend la tâche ardue, et la lame risque d’endommager la terre cuite fragile. Au préalable, des tests de solvants sont donc effectués afin de déterminer lequel est le plus efficace pour retirer le néoprène. La Super Glue ne réagissant pas aux solvants, et ses débordements étant visibles à l’intérieure de l’œuvre uniquement, cette colle ne sera pas traitée. Les solvants196 à tester sont ceux disponibles en atelier afin de ne pas effectuer d’achats inutiles. Des échantillons de néoprène sont prélevés au scalpel. Une goutte de chaque solvant est testée sur chaque échantillon. Les résultats obtenus ont été répartis dans le tableau suivant : 10 min

30 min

1h

2h

Ethanol

/

/

/

/

Acétone

/

Ramollissement

Léger gonflement

Gonflement moyen

Gonflement important

Gonflement important

Gonflement important

Acétate de butyle

Gonflement moyen

L’acétate de butyle197, est le solvant le plus réactif sur un très court laps de temps. Il sera donc utilisé pour le nettoyage des résidus. L'acétone agit également, mais son évaporation trop rapide rend son action moins efficace.

Fig 1 : Résidus de Néoprène® : état initial

Fig 2 : Après 30 min d’acétate d’éthyle : gonflement important.

196

L’eau déminéralisée chaude sera exclue car elle refroidit trop rapidement après application.

197

Diluant hydrocarbure utilisé pour le retrait des colles, laques, peintures etc. Fiche technique dans les annexes à la fin de ce dossier.

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b. Mise en œuvre Afin de rendre la mise en œuvre efficace, on fait intervenir deux forces : 

Force chimique : les tests effectués lors de la proposition de traitement ont montré que l’acétate de butyle provoque un fort gonflement sur le néoprène sur un court laps de temps. On emploie donc ce solvant pour retirer les résidus de manière chimique.

Force mécanique : un bâtonnet ouaté imbibé d'acétate de butyle sert à la fois de support d’application du solvant et de force de frottement.

On fait ainsi tournoyer le bâtonnet ouaté imbibé sur la zone affectée de résidus. Le gonflement de l’ancien adhésif est immédiat et les résidus de colle adhérant au Coton-tige se détachent sans problème de la céramique.

Fig 120 : Avant.

Fig 121 : Pendant.

Fig 122 : Après.

Aucun éclat de terre cuite n’a été provoqué tout au long du traitement, seul un dépôt beige mais léger apparait sur le coton, en raison de la fragilité de la terre cuite. Le travail fut long et assez difficile. Il a fallu faire preuve de beaucoup patience mais le résultat est conforme aux attentes. Les lignes de cassure sont désormais propres, il n’y a plus de résidus jaunes en surface.

Temps de travail : 21 heures

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II.

Dérestauration

A. Retrait et remplacement du système de maintien 1. Remplacement Il faut poser la bande de remplacement avant le retrait de la totalité du système, afin d’éviter un écartement brutal entre deux parties du dolium. Pour cela, on procède étape par étape. A l’aide de ciseaux-pincettes, on commence par découper la bande en plastique tout autour de la vis et de l’écrou qui la retiennent.

Fig 123 : Découpage de l'ancien système de maintien.

Ensuite un système de remplacement réversible est préparé. Afin de rester discret, comme nous l’avons évoqué plus haut, il sera posé sur la paroi interne uniquement198. Pour commencer nous utilisons une bande d'intissé de grammage 100g/m2.

198

En cas d’erreur (excès d’adhésif, par exemple), les séquelles resteront invisibles de l’extérieur.

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Le fixage de l'intissé s'effectue à l'aide de Klucel G199, adhésif réversible et mat, ce qui ne laissera pas de dépôt brillant lors du futur retrait de la bande.

Fig 124 : Préparation de la Klucel G.

Fig 125 : Application de Klucel G sur la bande à encoller.

Une fois préparé200, cet adhésif est appliqué au pinceau sur la bande, qui est ensuite fixée face collante sur la zone à maintenir. Afin de renforcer le pouvoir collant, nous appliquons ensuite une nouvelle couche d’adhésif sur la bande encollée : la colle traverse l'intissé pour atteindre la surface de la céramique.

Fig 126 : Pose du nouveau système (temporaire) de maintien.

La zone est renforcée. La suite du traitement peut se dérouler sans encombre.

199

Résine synthétique utilisée pour le nettoyage des peintures, en tant que liant (gouache) ou pour l'encollage (en solution aqueuse ou dans des solvants organiques tels que les alcools). Fiche technique dans Annexes. 20010% Klucel G, 90% éthanol.

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2. Retrait L'ancien système est ensuite retiré proprement avec les doigts. Aucun tournevis n'aura été nécessaire pour ôter la vis du boulon.

Fig 127 : Avant.

Fig 129 : Après.

Fig 128 : Pendant.

Le système temporaire de maintien pourra être retiré en toute sécurité lorsque les futurs collages et comblements auront été effectués. Temps de travail (préparation + application) : 30 min

B. Démontage partiel d’un groupe de tessons Tout d’abord, un test de dérestauration à la vapeur d’eau est réalisé en priorité sur un petit groupe de fragments201 car cette méthode est la moins toxique et permet d’économiser les produits chimiques. Mais le résultat est très mauvais, l’œuvre se dégrade et un fragment est accidentellement brisé, conséquence d’une faible résistance à l’eau en plus d’une fragilité structurelle : l’adhésif Néoprène résiste mieux à l’eau chaude que la terre cuite. Ce nouveau constat a été reporté dans le diagnostic. A partir de là, toute intervention d’eau chaude sera évitée.

201

Fragments n° 26, 27 et 28. Voir Annexes la liste des fragments isolés dans les annexes.

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Fig 130 : Essai de dérestauration à la vapeur d'eau (base d'intissé, laissant traverser la vapeur).

Fig 131 : Affaiblissement du tesson soumis à l'eau chaude : rupture du substrat et non de l’adhésif.

L’acétone étant un solvant efficace contre l’ancien adhésif, il est donc employé pour la dérestauration du groupe de fragments concernés (Fig 132). La volatilité très importante de ce produit nous incite à employer des compresses à base de pulpe de papier, maintenue dans des carrés de gaze, plutôt que le coton habituellement utilisé. En effet, la pulpe de papier retient plus longtemps le solvant, lui laissant suffisamment de temps pour agir.

Fig 132 : En bleu : fragments concernés par la dérestauration partielle.

Fig 133 : Pose de compresses d'acétone.

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143

Fig 134 : Fragments retirés.

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III.

Fixage - Première consolidation

Le mélange Funori/colle d’esturgeon sert essentiellement à fixer l’engobe à la surface, mais sa pénétration peut également permettre de consolider une partie de la structure.

A. Préparation 

-

Pour 100g :

2g d'esturgeon (2%) 1g de Funori (1%) 97 mL d'eau déminéralisée 

Laisser reposer au réfrigérateur pendant 1 journée

 

Chauffer au Bain-Marie puis filtrer. Application à chaud202.

Afin d’affiner le mélange et d’ôter tous les morceaux susceptibles de se coincer dans les pores de la céramique, le filtrage se fait progressivement avec des filtres de plus en plus précis. Le premier filtrage se fait à la passoire classique (de cuisine), le second à l’intissé de grammage 100/m2 et enfin, on utilise le tissu Origam 254® de grammage 15g/m2.

Fig 135 : Dosage des produits avant le placement au réfrigérateur.

202

Fig 136 : Chauffage au Bain-Marie.

Fig 137 : Filtrage de l'adéhsif encore chaud (Origam 254®).

Viscosité plus basse donc meilleure pénétration.

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B. Tests préliminaires Après préparation, des tests préalables sont effectués sur des échantillons de terre cuite, matériau proche de celui de notre œuvre, afin de déterminer le nombre de couches à appliquer. Nous attendons une journée entre chaque couche afin d'être certain que le solvant eau soit totalement évaporé.

Fig 138 : Tests sur le nombre de couches de consolidant à appliquer.

Nous constatons alors que la surface devient légèrement brillante dès l'application de la deuxième couche. Il faudra donc se limiter à une seule couche.

C. Mise en œuvre Le fixage se fait sur l’ensemble de l’objet, c’est-à-dire sur les surfaces externes et internes de l’ensemble recollé et des fragments isolés. Afin d'appliquer le consolidant de façon régulière (sans laisser de marques) et de ne pas agresser la surface fragile, l’application se fait avec un pinceau doux à poils synthétiques203. Les propriétés optiques de la céramique sont intactes.

203

60 Dalbe® 897.

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Sur la partie remontée, le mélange Funori/colle d’esturgeon est appliqué du haut vers le bas afin de récupérer les coulures. Une fois cette première couche appliquée, on teste l'efficacité de cette mise en œuvre à l'aide d'une bande adhésive.

Fig 139 : Consolidation du dolium.

La bande est retirée après 20 minutes d'attente :

on

constate alors qu'il n'y a aucune perte d'engobe. Fig 140: Avant fixage.

Fig 141 : Après fixage.

L’application d’une seule couche est donc nettement suffisante pour le fixage et aucune brillance indésirable n’a été constatée. La consolidation fut donc un premier succès. Temps de travail : 15 min

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IV. Atténuation du décalage pied/panse Avec le décapeur thermique disponible en atelier, une chaleur modérée et progressive est transmise à une distance suffisante sur les cassures délimitant les tessons que nous souhaitons faire bouger afin que les fragments du pied s’accordent correctement à la panse. Le pied est ensuite maintenu à niveau avec la panse à l’aide de pinces, en attendant le refroidissement des adhésifs.

Fig 142 : Avant.

Fig 143 : Pendant. Maintient à l'aide de pinces.

Fig 144 : Après.

Le résultat est concluant, ce qui rend alors possible les collages et les comblements qui vont suivre. Temps de travail : 3 heures

V.

Collage et comblement

A. Alternance des deux étapes Le collage complet ne pourra s’effectuer avant un premier comblement des lacunes de la panse. En effet, une fois le collage effectué, l’intérieur du dolium sera difficile d’accès, compliquant la pose des moules en cire pour l’application du Polyfilla®. L’ensemble des fragments ne sera pas recollé avant la restitution du pied de l’œuvre en Polyfilla®. En effet, ce travail se fera à part, sur la base restant détachée du reste du dolium et ce afin de faciliter la tâche.

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B. Renforcement de l’ancien collage par infiltration 1. Choix des solvants pour l’adhésif Le Mowital B60HH® utilisé pour ce collage se présente sous forme de poudre blanche. Etant à l’état solide, il doit donc être dilué et préparé dans un ou plusieurs

solvants

apolaires.

Après

quelques

recherches, trois préparations ont été trouvées : Fig 145 : Mowital B60HH®.

-

Mowital B60HH® dans l’éthanol204

-

Mowital B60HH® dans 20% d’éthanol / 80% d’acétate d’éthyle205

-

Mowital B60HH® dans 55% d’éthanol / 45% de toluène206 Le solvant du Mowital® ne doit cependant pas affecter la colle néoprène déjà présente

entre les cassures et qui réagit à certains solvants par un gonflement et une perte d’efficacité. Des tests préalables sont donc effectués sur des échantillons de néoprène prélevés au scalpel sur le dolium, afin de tester la résistance aux solvants de cette ancienne colle. Solvant posé sur la colle

5 min

10 min

Ethanol

/

/

Acétate d’éthyle

Léger gonflement

Gonflement important

Toluène

Léger gonflement

Gonflement important

néoprène

204

Symposium de l’ICC : Etude du comportement mécanique d’adhésifs […]. 2011 https://www.cci-icc.gc.ca/discovercci-decouvriricc/PDFs/Paper%207%20-%20Hincelin%20and%20Roche%20%20French.pdf 205 LAMARCHE V. : Vierge à l’enfant dite Madone aux candélabres, bas-relief en stuc polychromé d’après Antonio Rosselino, 2e moitié du XVe siècle. 1997, Institut de France, musée Jacquemart-André de l’abbaye de Chaalis. Mémoire de fin d’études. 206 BUYS S., OAKLEY V. : The Conservation and Restoration of Ceramics. Ed. Butterwoth- Hennemann, 1996.

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La colle néoprène est très sensible à l’acétate d’éthyle et au toluène. De plus, le toluène est très toxique et son évaporation très lente. Quant à l’acétate d’éthyle, il a une viscosité très faible par rapport à l’éthanol207, ce qui signifie qu’il rendra l’adhésif beaucoup plus pénétrant dans les pores de la terre cuite. En conséquence, l’adhésif deviendra moins réversible. Ces deux solvants sont donc exclus et seul l’éthanol sera utilisé pour préparer le Mowital®.

2. Mise en œuvre Le Mowital B60HH® de renfort pour l’ancien collage est appliqué par infiltration dans les lignes cassures entre les fragments fixés au néoprène. Pour cette étape, 15% de Mowital® sont dilués dans l’éthanol, afin que la pénétration dans les cassures puisse se faire aisément, par effet de capillarité. Une viscosité plus élevée risquerait de rendre l’infiltration plus difficile. La seringue étant trop fine, l’adhésif est inséré dans les cassures à l’aide de la micropipette208 utilisée dans l’étude technico-scientifique, dont l’embout très fin permet une application précise du Mowital®.

Fig 146 : Infiltration de Mowital® sur un groupe de fragments appartenant au pied du dolium.

Temps de travail : 30 min

207 208

Viscosité dynamique (25°C) de l’éthanol = 1,074 Pa.s / de l’acétate d’éthyle = 0,421 Pa.s Marque Gilson®, dosée 1000 μL.

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C. Premier comblement : les lacunes de la panse Un premier comblement des lacunes de la panse doit être effectué avant le collage des fragments du pied car une fois cette dernière étape réalisée, l’intérieur sera difficilement accessible.

1. Tests de teinte dans la masse Des tests de teinte dans la masse sont effectués sur des échantillons de Polyfilla®. Les pigments Laverdure® de couleurs Sienne naturelle et Sienne brûlée sont employés à proportions égales, car leur couleur rappelle celle de la terre cuite du dolium. A 15% de pigments dans le plâtre à sec, la couleur du Polyfilla® reste encore très claire par rapport à l’œuvre (Fig 147 et 148), mais nous nous limiterons à ce pourcentage afin d’éviter d’affaiblir la résistance mécanique du Polyfilla®. Nous avons donc 7,5% de Sienne naturelle et 7,5% de Sienne brûlée.

Fig 147 : Différents pourcentage de pigments pour les tests de teinte dans la masse.

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Fig 148 : Couleur de référence : terre cuite du dolium.

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2. Protections préalables Tout d’abord et afin d’augmenter la réversibilité du comblement et de protéger les tranches poreuses des infiltrations de Polyfilla®, un primaire de Paraloïd® B-44 à 15% est appliqué. On ajoute un peu de grains de sable dans le primaire, qui permettront

un

meilleur

ancrage

mécanique entre le primaire et le futur comblement. Ensuite, les bords de chaque lacune sont protégés avec des bandes adhésives

TESA®

afin

d’éviter

d’éventuels débordements.

Fig 149 : Application d'un primaire sur les tranches des lacunes.

3. Mise en place du support de comblement Afin que le Polyfilla® puisse être appliqué correctement tout en reprenant la forme de l’objet, la pose de supports est indispensable. Pour cela, on utilisera des plaques de cire dentaire, qui ont l’avantage d’être fines donc très légères, ce qui facilite leur mise en place avec des bandes adhésives TESA®. Sous l’action de la chaleur (sèche-cheveux), elles se ramollissent pour prendre la forme désirée, puis deviennent rigides au refroidissement, ce qui évite les risques de déformation. Pour plus de facilité d’application du Polyfilla®, ces supports sont posés à l’intérieur du dolium.

Fig 150 : Pose du support à l'intérieur de l'œuvre, maintient avec les bandes adhésives.

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Fig 151 : Cire prête à supporter l'ajout de Polyfilla®.

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4. Comblement Dans un bol, le Polyfilla® en poudre est mélangé avec les petites proportions de pigments. De son côté, 10% d’Eva art® sont dilués dans l’eau de gâchage209. Les deux composants sont ensuite mélangés, à deux parts de Polyfilla® pour une part d’eau.

Fig 152 : Eau de gâchage + Eva Art® et Polyfilla® + pigments.

Fig 153 : Préparation.

L’application se fait à la spatule. Une première couche est appliquée et laissée à durcir légèrement pendant 15 minutes avant pose d’une seconde couche, dont la surface est soigneusement lissée. Le mélange est épais et très malléable, ce qui évite les risques d’éclaboussures que nous rencontrons avec l’utilisation du plâtre de base.

Fig 154 : Application à la spatule.

209

Fig 155 : Première couche.

Fig 156 : Deuxième couche.

: Eau ajoutée au Polyfilla® en poudre afin de l’hydrater et de lier ses constituants entre eux.

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D. Retrait de l’intissé Le système d’attache en intissé peut définitivement être retiré avec un solvant car la lacune qui affaiblissait la cohésion entre les deux parties du dolium a été comblée. Pour cela, l’application d’acétone au pinceau suffit.

Fig 157 : Application d’acétone.

Fig 158 : Retrait de l’intissé.

Fig 159 : Aucune trace visible.

Temps de travail : 2 heures

E. Remontage des fragments de la base du dolium 1. Préparation de l’adhésif Paraloïd® B-44 se présente sous forme de granules et doit également être préparé avec un solvant. L’acétone est le plus souvent utilisée pour cet adhésif. Il affecte le néoprène, mais pas de façon instantanée210 or comme il sera employé sur les fragments qui n’ont pas été fixés par l’ancienne colle, il ne devrait pas affecter cette dernière. D’ailleurs son évaporation étant très rapide, les vapeurs n’auront pas le temps d’affecter le Néoprène si elles entrent en contact avec celui-ci. Cependant, beaucoup de bulles ont tendance à se former dans le Paraloïd® lorsque celuici est dilué dans un solvant. L’évaporation rapide de l’acétone crée alors un séchage rapide qui immobilise ces bulles dans le film de colle, qui perd alors en efficacité. Il est donc conseillé d’ajouter un deuxième solvant, à évaporation plus lente. L’acétate d’éthyle étant

210

Ramollissement au bout de 30 minutes seulement.

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exclu en raison de sa trop grande viscosité (voir la partie ci-dessus), le solvant sera donc composé d’acétone et d’éthanol. Ce remontage concerne les fragments qui ont été démontés ou qui n’ont pas été anciennement collés et dont l’emplacement sur le dolium est connu. On prépare alors notre propre adhésif, en diluant le Paraloïd B44® à l’état solide dans un solvant composé d’acétone et d’éthanol. Il est conseillé de ne pas dépasser 15% d’éthanol211. Afin que l’adhésif ne soit pas trop liquide (donc pas trop pénétrant212) tout en restant facile à appliquer, les grains de Paraloïd B44® sont dilués à 50% dans le solvant. On a donc : -

50% de Paraloïd B44®

-

42,5% d’acétone

-

7,5% d’éthanol213

2. Mise en œuvre Le Paraloïd® B-44 est appliqué sur les tranches à l’aide d’un bâtonnet en bois. Une pression est ensuite exercée entre les deux fragments puis ces derniers sont maintenus à l’aide de bandes adhésives. Ces dernières sont appliquées de façon perpendiculaire à la cassure, et ne doivent pas se chevaucher. En général, il est conseillé de les laisser pendant 24 heures, le temps que l’adhésif se solidifie, mais la rapidité d’évaporation de l’acétone et la fragilité de surface de l’œuvre fait qu’elles seront retirées après 6 heures seulement. Pour faciliter la mise en œuvre et pour une meilleure précision du collage, nous fixons tout d’abord les groupes de fragments entre eux, avant de les poser sur le dolium. Cependant, certains des fragments orphelins n’ont pu être réinsérés car leur emplacement demeure introuvable.

211

Conférence de KOOB S. le 25 oct. 1997 au Regent’s College London. Une trop grande absorption de l’adhésif dans les pores créerait une diminution de la réversibilité ainsi qu’une perte d’efficacité. 213 Pourcentages déterminés à la masse (g). 212

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Fig 161 : Collage progressif sur le dolium.

Fig 160 : Collage des groupes de fragments.

Fig 162 et Fig 163 : Collage des fragments du pied.

Maintient sans collage Les fragments recollés du pied ont donc été ajustés sur la panse de l’œuvre, mais sans collage entre les deux parties. Ainsi, le pied pourra être détaché plus tard afin de faciliter la finition de la restitution des parties manquantes.

Temps de travail : 2 heures

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F. Second comblement : les lacunes de la base Avec la même méthode que précédemment, on comble les lacunes du pied et du haut de la panse, mais pas intégralement car l’extrémité de la base ne peut être reconstituée sans un moulage particulier, ce qui nécessitera le détachement du pied du reste de l’œuvre. C’est pourquoi, nous isolons les tranches de la panse avec du Parafilm M®. Il s’agit d’un film plastique de paraffine,

thermoplastique,

ductile,

malléable,

translucide et cohésif. Pressé sur les tranches rugueuses des tessons, il se fixe aisément sur ces dernières. Ainsi les comblements qui suivent ne fixent pas le pied à la partie principale de l’œuvre. Celui-ci pourra ainsi être retiré après le séchage des comblements, afin de restituer plus Fig 164 : Parafilm M®

aisément le pied.

Fig 165 et Fig 166: Application de Parafilm® pour empêcher l’adhésion du Polyfilla® aux tranches.

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Fig 167 : Comblement des premières lacunes du pied..

Fig 168 : Profil 1

Fig 169 : Profil 2

Fig 171 : Profil 4

Fig 170 : Profil 3 Parafilm® Absence de collage

Temps de travail : 4 heures

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G. Ponçage et cernage Le Polyfilla® possède un très grand avantage par rapport au plâtre car sa pose et son lissage sont très aisés, ce qui limite la nécessité d’un ponçage. Cela apporte un gain de temps considérable et limite le dépôt de résidus sur la céramique. Cependant, l’ajout d’Eva art® semble avoir un peu augmenté la dureté du matériau et rendu plus difficile le ponçage. Le ponçage s’effectue progressivement, en diminuant au fur et à mesure la taille du grain pour affiner la surface. Après le ponçage, les cernes sont creusées sur les bords des lacunes, à l’aide l’un scalpel fin (lame n°15), en faisant attention à ne pas abîmer les bords de la céramique.

Fig 173 : Creusement des cernes.

Fig 172 : Ponçage.

Fig 174 : Aspect final des comblements.

Temps de travail : 8 heures

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VI. Reconstitution du pied Une fois les comblements achevés, la base est retirée du reste de l’œuvre pour réaliser le comblement du pied.

Fig 175 : Retrait de la base.

Afin de reconstituer le pied, dont la forme complète peut être obtenue avec un fragment (Fig 176), un support en Plastiline®214 grise de dureté n°50 (assez souple) est utilisé. Pour commencer, une plaque est posée au fond de la base du dolium. La Plastiline® est ramollie sous l’action de la chaleur à l’aide d’un sèche-cheveux (Fig 177) afin de s’adapter aux parois.

Fig 176 : Fragment permettant d'obtenir le profil complet du pied.

Fig 177 : Pose et réchauffement du support en Plastiline®.

L’ensemble est ensuite posé sur un saladier de taille et de forme adaptées, servant de support. A partir du fragment de référence, le support de comblement du pied est modelé.

214

Marque J.HERBIN®.

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Fig 178 : Ensemble soutenu par un saladier.

Fig 179 : Modelage du support en fonction du fragment référent, préalablement collé avec du Paraloïd® B-44.

Enfin et en suivant le principe des comblements précédent, nous appliquons le même Polyfilla®. Des primaires de protection au Paraloïd® B-44 ont bien sûr été préalablement appliqués sur les tranches. Ce dernier comblement est ensuite poncé et cerné. Fig 180 : Reconstitution du pied.

Fig 181, Fig 182 et Fig 183: Finalisation.

Temps de travail : 6 heures

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VII. Seconde consolidation Le Varaform® est posé uniquement dans les zones qui seront soumises à des pressions importantes une fois le dolium replacé à l’endroit : le pied, qui soutiendra l’ensemble de l’œuvre une fois celle-ci remise à l’endroit, et la zone autour des 112 cm de circonférence du dolium, qui sera en contact avec le futur support d’exposition sur lequel il sera posé.

Varaform® Futur support Pression du futur support sur l’œuvre

Fig 184 : Zones de placement du Varaform®.

Le Varaform® est chauffé au décapeur thermique, il devient alors mou et très collant. Les mains doivent donc être préalablement mouillées pour prendre la grille et l’appliquer, pour commencer, sur le pied du dolium. Une fois refroidit, le Varaform® adhère à la terre cuite. On recommence ensuite la même étape, petit à petit, tout autour de la circonférence interne (112 cm environ) pour rendre l’œuvre résistante au support qui la soutiendra.

Fig 185 : Chauffage du Varaform®.

Fig 186 : Application sur le pied.

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Fig 187 : Application sur la circonférence interne.

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Fig 188 et Fig 189 : Aspect final.

Temps de travail : 3 heures

VIII. Collage final Une fois le Varaform® fixé, le pied est définitivement replacé et fixé sur l’ensemble avec le Paraloid® B-44 utilisé pour les collages précédents. Après 24h, le dolium peut enfin être posé dans le bon sens, c’est-à-dire sur son pied, renforcé par la grille de Varaform®.

Fig 190 et Fig 191 : Base refixée et dolium remis à l'endroit.

Cependant, le pied étant étroit et arrondi, l’œuvre doit impérativement être calée et stabilisée dans sa boite lors des interventions, afin d’éviter les pertes d’équilibre qui risqueraient de faire chuter l’objet. Temps de travail : 15 min

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IX. Retouche colorée Tout d’abord, une couleur de fond proche de celle de la terre cuite du dolium est appliquée sur les comblements. Pour cela, des peintures acryliques d’une marque de qualité, Liquitex®, ont été sélectionnées. Les couleurs sienne naturelle, sienne brûlée et noir de mars ont suffi pour retrouver une teinte proche mais plus claire que l’original.

Fig 193 : Après.

Fig 192 : Avant.

Afin de réintégrer une couleur et un aspect proches de la terre cuite et de l’engobe, les mêmes peintures acryliques sont mélangées dans le Polyfilla® enduit de lissage, prêt à l’emploi. Au besoin, de l’eau est rajoutée au mélange pour rendre ce dernier plus fluide donc plus facile à appliquer. Afin de créer un effet de texture, l’enduit colorant est appliqué au pinceau en poils synthétiques par petits coups. L’éponge a été envisagée, mais son utilisation est moins favorable à la précision que le pinceau.

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Fig 194 : Avant.

Fig 195: Pendant.

La tâche fut loin d’être aisée car le Polyfilla® enduit de lissage devient plus clair au séchage que lors de l’application et, inversement, les peintures acryliques s’assombrissent. Il fut donc difficile de trouver un bon équilibre et de contrôler parfaitement la couleur. Le Polyfilla® enduit de lissage possède un deuxième inconvénient : sa sensibilité à l’eau. C’est pourquoi on finalise la retouche en appliquant le mélange Funori/colle d’esturgeon au pinceau plat en poils synthétiques, cet adhésif de fixage qui a déjà été utilisé pour renforcer la surface du dolium.

Fig 196 : Fixage au Funori/colle d'esturgeon.

Fig 197 : Après fixage. Pas de changement de couleur.

Temps de travail : 16 heures

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Total du temps de travail (arrondi à l’heure): 82 heures Bilan de la restauration Grace à une bonne connaissance de l’œuvre acquise lors du constat d’état et du diagnostic, à une sélection précise des produits et matériaux de restauration et à la réalisation de nombreux tests préliminaires, le traitement du dolium s’est déroulé sans incident. Les difficultés rencontrées concernent la complexité du travail et l’extrême patience dont il a fallu faire preuve. En effet, certaines taches comme le nettoyage des résidus d’ancien adhésif, ou encore la retouche colorée avec des produits changeant de couleur au séchage ont nécessité des dizaines d’heures de travail. Ensuite, le traitement d’une œuvre très fragmentée et soumise à de fortes contraintes pratiques s’est révélé très complexe, il a donc fallu faire appel à une bonne organisation du travail et des étapes d’intervention, comme par exemple l’alternance entre le collage et le comblement. Les types d’intervention et les produits employés ont été d’une très grande variété. A luiseul, le dolium nous a permis d’apprendre plusieurs nouvelles techniques, comme la consolidation au Varaform®, et de mieux connaitre plusieurs produits, dont certains avait été très peu utilisé dans les ateliers jusque-là. Nous pouvons citer en autre les différentes gammes de Polyfilla®, ou encore le Mowital® B60HH. La restauration du dolium fut donc une expérience très enrichissante.

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PHOTOGRAPHIES DU DOLIUM AVANT/APRES RESTAURATION 

Avant restauration

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Fig 198 : Le dolium avant la restauration.

Après restauration

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Fig 199 : Le dolium après la restauration.

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CONSERVATION PREVENTIVE La conservation préventive agit sans caractère d’urgence mais en prévention sur les causes des altérations afin d’en réduire l’apparition. Cette étape concerne la manipulation et l’environnement, et non l’œuvre elle-même, c’est pourquoi elle ne doit pas être confondue avec la conservation curative (consolidation,…) et encore moins avec la restauration215. Dans ce mémoire, la conservation préventive se divise en quatre étapes : -

L’élaboration d’un support de travail

-

La manipulation

-

Le transport

-

L’exposition

-

Le stockage

Le conditionnement et la réalisation d’un support pour le travail en atelier ont déjà été abordés avant le traitement de l’œuvre216, c’est pourquoi nous aborderons directement les trois critères suivants.

I.

Conseils de comportement et de manipulation Le dolium possède plusieurs contraintes : -

Poids et volume importants

-

Faible résistance aux chocs

-

Poreux

-

Contient des produits de restauration qui peuvent réagir physiquement ou chimiquement avec l’environnement.

215

GIBOTEAU Y. : La conservation préventive en céramique. ARAAFU, 1998.

216

Voir pp. 107-110.

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Afin d’éviter les accidents mécaniques et les réactions avec l’environnement lors des déplacements du dolium, les mesures suivantes doivent être appliquées : -

Toujours le porter avec les deux mains

-

Toujours le prendre par la base, en évitant les prises sur les zones lacunaires et comblées, sur l’ouverture ou la partie supérieure. → Examiner les zones de fragilité avant de prendre l’œuvre.

-

Le poser le plus doucement et le plus lentement possible car le sol nous est peu visible en raison de la taille importante de l’objet.

-

Le poser sur un support de réception assurant sa stabilité. Le cas échéant, poser le dolium sur un amortisseur (mousse polyétylène,…) et surtout, à l’envers (reposant sur son ouverture).

-

Pour retourner le dolium, deux personnes minimum doivent effectuer cette tâche.

-

Eviter tout accessoire (foulard, bijoux,…) qui pourrait s’accrocher à l’œuvre.

-

Lors des longs trajets, un chariot est préférable. En cas d’impossibilité, une deuxième personne doit être présente pour assister au déplacement.

-

Eviter le port de gants afin d’éviter les glissements.

-

Se laver les mains afin d’éviter les traces de doigts et les dépôts acides sur l’œuvre poreuse.

-

Ne pas manger, boire ni fumer.

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Conditionnement pour le transport, le stockage et l’exposition

II.

La même boite que pour le conditionnement en atelier est utilisée pour le retour de l’œuvre au musée et son stockage dans la réserve si elle n’est pas tout de suite exposée dans les galeries. Pour caler le dolium, on emploie essentiellement de la mousse recyclée car elle est épaisse (au moins 5 cm) et très souple. Elle perd néanmoins beaucoup de résidus, c’est pourquoi elle sera isolée avec du papier Tyvek®. Ensuite, plusieurs couches de mousse polyéthylène, plus rigide et stable dans le temps, sont placées au niveau de l’ouverture et de la base du dolium afin de le stabiliser dans la boite.

Tyvek® Mousse

polyéthylène

Mousse recyclée

Fig 200 : Boite et conditionnement pour le transport.

Concernant les conditions climatiques, les mêmes mesures s’appliquent pour le stockage en réserve et l’exposition dans les galeries : -

Eviter le contact direct avec la lumière du jour. Si la lumière n’est pas un facteur de dégradation pour la céramique, elle l’est en revanche pour les matériaux de restauration : jaunissement des adhésifs, décoloration des retouches, etc.

-

Une température située entre 18 et 25°C.

-

Une humidité relative217 ne dépassant pas 60%.

-

Eviter les variations climatiques en stabilisant la température et l’humidité relative218.

217

Quantité de vapeur d’eau présente dans l’air par m3 / quantité maximale pouvant être contenue par m3. LEVILLAIN A., MARKARIAN P., RAT C. et al. : La conservation préventive des collections. 2002, p. 13. 218 Variation de 5% max pour l’humidité et de 2°C pour la température. Ibidem

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III.

Proposition d’un support pour l’exposition

Le travail de conservation préventive amène également à conseiller le musée concernant le support d’exposition du dolium. En effet, posé au sol sans système de maintien, le dolium se retrouve dans un équilibre précaire car son pied est très étroit et légèrement arrondi. La moindre secousse le ferait basculer et chuter, il ne peut donc être exposé sans un support adapté.

Dans les musées, les céramiques de grande dimension

telles

que

les

contenants

(amphores,…) sont souvent placées sur des cercles métalliques soutenus par trois pieds, également en métal. L’amphore présentée au Musée de Biesheim en est un exemple. Fig 201 : Dolium sur cercle métallique. © Institut d’archéologie du Luxembourg.

Fig 202 : Amphore posée sur un cercle et un demi-cercle métalliques, soutenus par trois pieds © Musée de Biesheim.

Fig 203 : Amphore posée sur deux cercles métalliques, soutenus par trois pieds. © Musée Lorrain, Nancy.

Le métal est un matériau avantageux car sa résistance mécanique importante lui permet de soutenir des pièces lourdes. Mais il tend à s’oxyder avec le temps, surtout en présence Restauration du Patrimoine, spécialité céramique

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d’humidité, même minime. En conséquence, des dépôts de rouille pourraient être ensuite relevés sur l’objet. Et le métal étant un matériau très dur, la surface d’une céramique fragile peut subir des abrasions si l’objet est posé en contact direct avec le cerclage métallique. Un support métallique reste cependant très adapté au poids du dolium. De plus, il sera exposé à côté de l’amphore que nous avons donnée en exemple ci-dessus, il est donc préférable d’utiliser un support semblable pour harmoniser l’ensemble. Afin d’éviter les incidents que peut provoquer ce type de support, plusieurs mesures sont nécessaires : -

Utiliser, si possible, de l’acier inoxydable219 afin de limiter la corrosion

-

Matelasser le cercle métallique d’un matériau permettant d’amortir et d’isoler la céramique du métal. Plusieurs choix sont possibles :  Fine feuille de mousse polyéthylène (Plastazote®,…)  Feutre synthétique  Tissu

-

Eviter le contact entre le support du dolium et un autre matériau métallique, comme par exemple le support de l’amphore, qui sera à proximité. En effet, une corrosion galvanique peut alors être provoquée, même pour deux matériaux métallique si leur composition diffère légèrement220.

Concernant notre dolium, une fine bande de métal de 112 cm de circonférence interne permettrait de soutenir correctement l’œuvre. Dans l’idéal, il faudrait éviter le contact entre le support et les comblements car ces derniers peuvent subir une pression qui pourrait les affaiblir. Mais ces comblements étant très nombreux, il est impossible de répondre à ce critère. Le support devra permettre de laisser un espace entre le sol et le dolium afin de placer un miroir qui permettra au public de voir le pied de l’œuvre, dont la forme est typique de la région.

219

Alliage d’acier avec plus de 10% de chrome. Ce dernier étant peu sensible à la corrosion, il limite les risques de rouille. Mais ces risques ne sont pas inexistants pour autant. 220 BARCLAY R., BERGERON A., DIGNARD C. : Supports pour objets de musée : de la conception à la fabrication. 2002, p.15.

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Fig 204 : Proposition de support pour le dolium.

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Fig 205 : Proposition d'exposition du dolium, avec miroir pour présenter le pied. .

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Etude technico-scientifique Recherche d’un primaire d’adhésion221 permettant d’améliorer le collage au Mowital® B60HH sur les terres cuites de grand volume

Dates de réalisation de l’étude technico-scientifique : De novembre à février 2015 – 2016

221

Films d’adhésif à faible viscosité apphiqués sur les tranches de sterres cuites, afin d’en limiter la porosité.

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Introduction à l’étude technico-scientifique : Le sujet d’étude est en lien avec la restauration du dolium. Il s’agira de rechercher un primaire d’adhésion permettant, si possible, d’améliorer un collage au Mowital® sur les grandes terres cuites lourdes. Trois types de colle seront testés en tant que primaires : le Mowital B60HH®, le mélange Paraloïd B44® et l’Eva Art®. On fera varier la concentration de chacun afin de déterminer à quelle dose il apporte le plus d’efficacité au collage. L’étude s’ouvrira par un rappel sur l’utilisation des primaires et sur une description des adhésifs concernés dans l’étude, notamment le Mowital®. Il s’agit de mieux connaître cet adhésif qui, bien que déontologique222, reste pour le moment peu connu et peu employé en restauration de céramiques. S’ensuivra une description détaillée et justifiée du protocole, des produits et du matériel employé, qui nous permettront de réaliser les tests. Enfin, l’observation et l’interprétation des résultats seront les jalons d’une réponse à la problématique du sujet.

222

Réversible, bonne tenue dans le temps.

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I.

Motivations pour le sujet choisi

D’une part, le Mowital B60HH® a été utilisé dans le cadre de la restauration du dolium, par infiltration pour renforcer l’ancien collage. Mais bien qu’il ait de grands avantages au niveau de la matité et de la température de transition vitreuse (Tg), des doutes persistent sur la solidité du joint pour le collage des terres cuites très lourdes, si bien que nous n’avions pu prendre le risque de l’utiliser seul, pour le collage des fragments qui n’avait pas été collés lors de l’ancienne restauration. Si la résistance limitée du Mowital® peut en faire un adhésif déontologique car adapté aux terres cuites fragiles, il serait néanmoins intéressant de pouvoir modifier la force du collage pour l’adapter à chaque type de céramique, dont la taille et le poids sont très variables. Dans le cas présent, il a donc été décidé de voir s’il est possible d’augmenter le pouvoir collant du Mowital, par l’ajout de primaires d’adhésion. D’autre part, ce thème donne aussi l’occasion d’étudier un adhésif qui est peu abordé en restauration, bien qu’il possède de grands atouts pour la conservation – restauration des terres cuites : transparence, matité, Tg élevée, bon vieillissement etc. C’est pourquoi cet adhésif sera essentiellement abordé ultérieurement, dans les fiches descriptives de la partie III. Il s’agit de mieux connaître ce produit, qui pourrait se révéler aussi efficace que le Paraloïd, mieux connu et fréquemment utilisé.

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Le collage et les primaires d’adhésion : principe

II.

A. Qu’est-ce que le collage Le collage implique deux notions ; l’adhérence et l’adhésion. L’adhérence désigne la force ou l’énergie nécessaire pour séparer deux matériaux (substrats) réunis par une surface commune (adhésif). Quant à l’adhésion, elle constitue l’ensemble des réactions physicochimique qui se produit lorsqu’on met en contact deux matériaux. Autrement dit, l’adhésion se traduit par l’intervention de liaisons ou d’interactions spécifiques. Elle implique deux phénomènes : -

L’interaction liquide – solide (adhésif – substrat) par les forces physico-chimiques mises en jeu.

-

Le mouillage, c’est-à-dire l’étalement de l’adhésif sur le substrat.

Plusieurs types de liaison interviennent et varient en fonction du type de collage. Dans un collage au Mowital® sur terre cuite, on suppose que les forces essentielles définissant l’adhésion sont223 : -

Mécaniques : la solidité du joint dépend en partie de la pénétration de l’adhésif dans les pores de la surface solide, et le Mowital® n’a pas d’effet sur le verre ou autre surface plus imperméable, tel le grès.

-

Thermodynamiques : elles mettent en jeu des liaisons faibles : les liaisons de Van der Waals. Ces forces ne sont actives que sur de très faibles distances, entre une colle et un substrat par exemple. L’action des forces de Van der Waals224 (VdW) est due à une dissymétrie de la répartition des charges ioniques positives et négatives dans l’adhésif. Il y a donc formation de dipôles dans les polymères mais aussi dans le substrat, ce qui unit les deux matériaux.

223 224

AUFRAY M. : Adhésion et adhérence des matériaux. Fascicule, 2009, p. 2 et 3. Interaction électrique de faible intensité entre les atomes ou molécules.

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B. Comment effectuer un collage efficace La rugosité de la surface du substrat doit être prise en compte. Théoriquement, en plus de faciliter la pénétration de l’adhésif dans les aspérités du support, l’augmentation de la rugosité peut amener à un meilleur ancrage mécanique et à une augmentation de la surface réelle de contact, c’est-à-dire dix à cent fois la surface apparente. Mais en pratique, elle n’améliore pas forcément la résistance du joint car elle apporte aussi des contraintes : -

Un mouillage mal réalisé. L’adhésif se réfugie dans les creux et reste absent sur les sommets. L’efficacité du collage est donc très irrégulière en fonction des zones de la surface. Le collage perd donc en fiabilité.

-

Moins de contact entre les deux surfaces de substrats, séparées par ces mêmes sommets, de hauteur et de nombre variables.

Pour conclure, un collage efficace nécessite : -

Une bonne mouillabilité, c’est-à-dire un maximum de liaisons entre l’adhésif et le substrat, sur une plus grande surface possible. → Un traitement préalable de la surface est donc fortement recommandé afin que l’énergie de surface du substrat soit maximale. Ce traitement consiste en un nettoyage suivi d’un traitement de la rugosité. C’est pour répondre à ce dernier critère que le principe de primaires d’adhésion intervient.

-

Une bonne compatibilité physico-chimique entre les matériaux et produits mis en jeu.

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C. Influence du primaire d’adhésion sur le collage 1. Les primaires d’adhésion - Définition Un primaire d’adhésion est un adhésif à faible ou très faible viscosité, donc très dilué dans un solvant. La concentration d’adhésif dans le primaire dépend du type de colle choisi, car chacune possède une viscosité propre. En concentration identique (dilués dans l’éthanol par exemple), le Mowital B60HH® sera par exemple beaucoup plus visqueux que le Mowital B30HH®. Mais en moyenne, le taux d’adhésif utilisé dans un primaire d’adhésion tourne autour de 10 – 15%. Il est appliqué de façon uniforme sur les tranches des fragments, généralement au pinceau, avant un collage de tessons ou un comblement de lacunes.

2. Importance en restauration Le principe des primaires d’adhésion ne doit pas être négligé en restauration, car il pourrait augmenter la qualité du travail :

-

Amélioration de l’état de surface du tesson. Le collage devrait être de meilleure qualité et plus régulier, ce qui pourrait augmenter l’adhérence.

-

Collage plus réversible. En particulier lors de l’utilisation d’adhésifs très peu réversibles, tel l’époxy.

-

Renforcement des surfaces friables et fragiles. Le dolium, par exemple, est concerné par ces inconvénients. L’application de primaire sur les tranches de ses fragments sera d’une très grande utilité pour sa conservation et pour éviter une rupture au niveau de la surface du substrat. Surtout parce que la surface de cette dernière est moins résistante que la colle elle-même

-

Imperméabilisation entière ou partielle de la tranche du tesson. Sans quoi l’adhésif de collage risque d’être en grande partie absorbé par la terre cuite perméable, réduisant ainsi la résistance du joint.

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Mais en pratique, qu’en est-il réellement ? La différence est-elle si importante entre la présence ou non de primaire pour qu’il soit nécessaire de passer du temps sur le traitement des tranches ? Le Mowital B60HH® étant adapté au collage des matériaux poreux, l’imperméabilisation des surfaces ne risque-t-elle pas au contraire de diminuer l’adhésion avec le substrat ? Enfin, si un type de primaire est efficace, quel serait le pourcentage idéal d’adhésif à diluer pour assurer un collage optimal ? Un protocole expérimental puis des tests de rupture seront élaborés afin de répondre à ces interrogations.

III.

Les adhésifs utilisés : fiches descriptives

A. Des résines thermoplastiques acryliques et vinyliques Ces résines sont constituées de petites molécules (monomères) capables de s’additionner, ce qui créée une polymérisation. Elles sont employées soit en solution, soit en dispersion aqueuse. Les films sont obtenus par séchage purement physique225, suite à l’évaporation du solvant, mais demeurent toujours sensibles à ces derniers, ce qui les rend réversibles. Ils se caractérisent par un changement d’état particulier à une certaine température, nommée température de transition vitreuse (Tg)226. En dessous de cette température, les adhésifs sont dit vitreux, soit à l’état solide, rigide. Au dessus, ils deviennent alors déformables et élastiques, suite à l’affaiblissement de liaisons intermoléculaires (forces de Van der Waals,…). Cette transition vitreuse est réversible sur les adhésifs acryliques et vinyliques, qui sont dits thermoplastiques227. Cette notion les distingue des autres adhésifs, qui sont soit thermodurcissables228, soit cellulosiques etc. L’adhésif acrylique229 testé sera le Paraloïd® (Acryloïd® en anglais), les résines vinyliques230 (acétates ou butyrates) seront le Mowital® et l’Eva Art®.

225

PETIT J., ROIRE J.,… : Des liants et des couleurs. 2006, p. 368. Ibid, p. 367. 227 « Se dit d’un polymère qui, sous l’action de la chaleur, fond ou se ramollit […] » (Larousse.fr) 228 « Se dit d’un polymère dont les macromolécules s’unissent, sous l’action de la chaleur, par liaison chimique. (Un tel matériau devient alors infusible et insoluble […]). (Larousse.fr). 229 Famille de composés chimiques organiques synthétiques (Des liants et des couleurs, p. 13), possédant un bon pouvoir d’adhésion sur la plupart des surfaces et une stabilité à la lumière. 230 Colles blanches généralement utilisées pour coller le bois et ses dérivés. 226

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B. Le Mowital B60HH® Le Mowital®231 est un butyrate de polyvinyle (ou polyvinyl butyrate, ou encore PVB), c’est-dire une colle vinylique. Pour commencer, l’alcool de polyvinyle (PVA) est réalisé par transestérification232 de l’acétate de polyvinyle (PVA233). On fait ensuite réagir la solution aqueuse d’alcool polyvinyle avec des molécules de butyraldéhyde pour donner en solution le butyrate de polyvinyle234.

Fig 206 : Réaction chimique pour la production de Mowital®.

Il existe plusieurs types de Mowital® : B 30 T, B 45 H, B 60 HH, etc. La spécificité de chacun d’eux dépend de deux facteurs : le degré de polymérisation et le degré d’acétalisation235.

231

Appellation spécifique de l’entreprise Kuraray®. Chez Solutia®, elle est connue sous le nom de « Butvar ». Transformation d’un ester en un autre ester. L’ester a la particularité d’être réversible car il réagit avec l’alcool. 233 Polyvinyl acetate, à ne pas confondre avec le polyvinyl alcohol. 234 KSE (Kuraray) : ®Mowital, Polyvinyl butyral of superior quality. Fiche technique, p.5. 235 KSE (Kuraray) : ®Mowital, Polyvinyl butyral of superior quality. Fiche technique, p.6. 232

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Degré de polymérisation Définition

Degré d’acétalisation

Définit la longueur d’une chaîne polymère.

Directement Transformation de l’alcool en

proportionnel à la masse molaire acétal. du polymère. Plus le degré d’acétalisation est

Conséquences

élevé, plus l’adhésif est : Plus le degré de polymérisation est

-

élevé, plus l’adhésif est :

résistant à l’eau (solvant polaire)

-

visqueux

-

-

masse molaire élevée

solvants

-

dur

(acétone,…). -

donc soluble dans les

compatible

apolaires

avec

les

polymères apolaires Symboles

B 30…, B 45…, B 60…, B 75…

B…T, B…H, B…HH

+

+

Le Mowital B60HH® ici concerné figure parmi les adhésifs les plus visqueux. Le symbole HH montre qu’il possède la plus grande résistance à l’eau et la plus grande solubilité dans les solvants apolaires, ce qui assure sa réversibilité. Cela ajouté à une Tg élevée située entre 65 et 75°C236, fait qu’il possède les critères requis d’un bon adhésif en conservation – restauration. Dans cette étude, le Mowital® sera utilisé à la fois en tant qu’adhésif et en tant que primaire d’adhésion, les deux étant à concentrations différentes.

236

KSE (Kuraray) : ®Mowital, Polyvinyl butyral of superior quality. Fiche technique, p.9.

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C. L’Eva Art® Eva Art® est une marque de colle EVA disponible chez CTS. Elle appartient à la catégorie des colles blanches, nommées ainsi pour leur aspect laiteux, dû à la diffusion de lumière par les particules très fines de polymère et par la différence de l’indice de réfraction du milieu aqueux237. L’eau disparue, le film devient alors transparent. A l’instar du Mowital®, l’EVA est une colle vinylique, dont le nom complet est acétate d’éthylène-vinyle ou éthylène vinyle acétate (EVA). Il s’agit donc d’un copolymère d’acétate de vinyle et d’éthylène, de formule : (C2H4)n(C4H6O2)m Cette colle blanche possède un bon vieillissement par rapport aux autres colles vinyliques (notamment les PVACs). En effet, elle ne contient ni acide ni alcalin238. En outre, elle ne contient ni plastifiants ni agents de coalescence239, contrairement aux autres colles vinyliques240. Elle est réversible et, étant vendue prête à l’emploi en dispersion aqueuse, facile à utiliser. Tous ces critères la rendent donc intéressante en conservationrestauration. Son adhérence étant assez faible, elle est plutôt utilisée en restauration de papier, mais elle peut également se révéler utile pour les céramiques peu cuite et/ou très fragiles.

237

PETIT J.,… : Des liants et des couleurs. 2006, p. 369. Réaction alcaline : « Réaction d’un milieu dont le pH est supérieur à 7 » (Larousse.fr), soit un milieu basique. Un alcalin est donc un élément chimique basique. 239 « Réunion, fusion d’éléments qui sont en contact » (Larousse.fr). 240 DOWN J. : Toward a better emulsion adhesives for conservation. ICC, publication gouvernementale, 2000. 238

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D. Le Paraloïd® B-44 Le Paraloïd® est une résine acrylique synthétique bi-composante. Chimiquement, il s’agit d’un copolymère méthacrylate d’éthyle et acrylate de méthyle241. Il se présente sous forme de granules solides et s’utilise en solution dans un solvant apolaire, tel l’acétone ou l’éthanol. L’évaporation du solvant par évaporation permet de fixer la résine au substrat. A tout moment, le Paraloïd solidifié peut être dissout à nouveau par ajout de solvant, il est donc très réversible. Le Paraloïd B-44® se distingue des autres paraloïds par une bonne résistance aux charges lourdes242 et une température de transition vitreuse élevée (60°C243).

IV. Protocole expérimental244 A. Description 1. Matériaux et produits employés a. Pour les éprouvettes245 Pour les éprouvettes, nous utiliserons des carreaux de terre cuite, chacun sectionné en deux. Ce matériau n’est pas recommandé pour des tests technico-scientifiques en raison de sa porosité et de ses irrégularités de surface qui tendent à rendre les expériences peu fiables. C’est pourquoi des éprouvettes en verre sont généralement

conseillées

pour

ce

Fig 207 : Eprouvettes de terre cuite.

type

d’expérience.

241

RAMAKERS H. : Paraloïd B44 : Studio Tests for the Reconstruction… ICOM, 2013. TOUZEAU J., REBBE I. : Dépose et restauration d’un dolium : s’adapter à une céramique de grand volume. ARAAFU n°18, 2010. 243 KOOB S. : Conservation and Care of Glass Objects. Monographie, 2006, p.47. 244 Validé par M. Pepe, professeur à l’UPMC et chargé du suivi technico-scientifique. 245 : échantillons. 242

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Cependant, le Mowital B 60 HH® n’est pas adapté au verre. Nous sommes donc amenés à utiliser la terre cuite, quitte à rendre les expériences plus difficiles à réaliser. Le type de terre cuite devra donc être judicieusement choisi et les échantillons devront rester identiques autant que possible. Nous y reviendrons. b. Pour le collage Il s’agit de trouver le primaire permettant d’améliorer l’efficacité d’un collage au Mowital B60HH®, dont la description a été faite dans la partie II. Le Mowital sera dilué 20%, concentration permettant une viscosité suffisante pour permettre le collage de la terre cuite. L’éthanol sera utilisé en tant que solvant afin d’éviter une évaporation trop rapide qui modifierait la concentration du primaire lors des travaux. Il en sera d’ailleurs de même pour les primaires. Le même adhésif, la même concentration et le même solvant sont des paramètres qui devront rester constants durant toute l’étude246.

c. Pour les primaires : présentation des adhésifs Les trois adhésifs déontologiques dont nous avons étudié les fiches descriptives seront testés en tant que primaires pour le collage au Mowital B60HH®. 

Mowital B60HH®, en solution dans l’éthanol

Il s’agit ici d’utiliser le même adhésif pour le primaire et le collage : le Mowital B60HH®. On suppose que ce premier primaire peut être efficace car il est logique que les deux adhésifs, identiques, soient compatibles. Pour la description scientifique du Mowital, se référer à la fiche descriptive de la partie II. Il sera dilué dans l’éthanol comme l’adhésif de collage, pour les mêmes raisons évoquées précédemment.

246

Une variation de concentration et/ou de solvant peut changer les propriétés de l’adhésif, donc son effet sur le collage.

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Paraloïd® B-44 en solution dans l’éthanol

Les nombreuses qualités du Paraloïd® nous incitent à l’utiliser comme primaire. Le Paraloïd B44 sera utilisé en raison de sa Tg élevée (60°C) et l’éthanol sera utilisé en tant que solvant, pour les mêmes raisons que celles évoquées précédemment.

Eva Art®, en dispersion aqueuse

Il se dilue aisément à l’eau et ne dégage pas de composés volatiles (inflammables), ce qui le rend moins toxique que les deux adhésifs précédents. Cela ajouté à son innocuité et à une bonne stabilité dans le temps, il est donc intéressant de le tester en tant que primaire.

2. Tests préliminaires Des pré-tests seront effectués afin de déterminer si l’expérience est répétable ou non. Pour cela il s’agira de déterminer deux choses : la fiabilité des tests et la nécessité ou non d’ajouter un primaire d’adhésion pour le collage au Mowital B 60 HH®. Deux séries de dix échantillons seront mis à l’épreuve. La première sera constituée d’éprouvettes collées sans ajout de primaire, tandis que la seconde sera évaluée avec un primaire composé de 2% de de Mowital.

3. Tests de l’efficacité de plusieurs primaires Si les tests préliminaires donnent des résultats positifs en ce qui concerne l’utilisation de primaire, il s’agira par la suite de faire varier les concentrations et le type de colle dans le primaire. Les variations de concentration se feront sur la masse des produits (en g), et ce à l’aide d’une balance. Le solvant devra en revanche rester le même.

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B. Moyens mis à disposition afin d’assurer la fiabilité des tests Pour assurer au mieux la fiabilité des tests, les matériaux devront être choisis avec attention et le dispositif soigneusement préparé. Il s’agit aussi d’être nous-même minutieux et concentré dans la mise en œuvre.

1. Eprouvettes Le substrat de terre cuite poreuse offre une surface irrégulière en fonction de ses cavités de taille inégale et de la répartition aléatoire de ces dernières sur la surface. Il s’agit donc de trouver le type de terre cuite le plus homogène possible afin d’apporter le moins de contraintes possibles à la fiabilité des tests. C’est pourquoi nous nous sommes orientés vers les matériaux industriels, et plus particulièrement des tuiles de rives en terre cuite 247. Leur cuisson homogène pourrait permettre une absorption plus fiable des liquides qu’une terre cuite artisanal. A l’œil nu et au toucher, le grain de ces tuiles est très fin, la texture semble régulière et la surface des tranches semble lisse. Ce type de terre cuite devrait donner des résultats plus fiables que les échantillons de texture grossière. Les échantillons seront tous de taille identique et sectionnés de la même manière.

Fig 208: Dimensions d'une éprouvette.

247

Tuiles de rive H.HP.PV10/13 H14 Los Gauche Flamme, de chez Les matériaux CMPM.

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2. Collage Sur chaque échantillon, la colle devra être appliquée de la même manière et avec la même quantité. C’est pourquoi, un point de 30 μL de Mowital B60HH® à 20% sera posé sur chaque milieu de tranche à l’aide d’une micropipette Gilson®, jaugée 1000 μL. La pression exercée sur les deux morceaux pour le collage devra aussi être la même.

Fig 209 : Micropipette et embouts de rechange.

Fig 210 : Affichage du nombre de μL sélectionné pour le prélèvement

3. Primaires L’application de primaires sur les tranches est une étape délicate : il s’agit de l’appliquer de façon uniforme sur la tranche, et la quantité de primaire devra être la même pour tous les échantillons. C’est pourquoi nous utiliserons également la micropipette. 20 μL de primaire sera posé sur chaque tranche de l’ensemble des échantillons. L’étalement du primaire sur la tranche ne sera pas faite au pinceau car les poils absorbants risqueraient de retenir une bonne partie de l’adhésif. Nous utiliserons plutôt un pinceau à embout plat de silicone248, d’une largeur proche de celle de la tranche.

Fig 211 : Pinceau plat à embout de silicone.

248

Colour shape de la marque Royal Sovereign Ltd®.

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C. Préparation de l’expérience 1. Préparation des produits La concentration, autrement dit le pourcentage d’adhésif dans chaque type de primaire, a été déterminée en fonction de la viscosité dynamique249 de chaque adhésif. Par exemple, si nous diluons le Paraloïd® B-44 et le Mowital® B60HH à 10% dans l’éthanol, la viscosité du Paraloïd® sera d’environ 50 mP.s tandis que le Mowital® sera beaucoup plus épais, avoisinant les 200 mP.s. L’Eva Art® étant diluable dans l’eau, elle a donc été diluée en dispersion aqueuse et non en solution. Les pourcentages de concentration sont ainsi choisis en fonction de qualité d’application pratique. Nous avons donc : Adhésif

Concentrations

Solvant

Mowital B60HH®

2% ; 6% ; 10% ; 14%

Ethanol

Paraloïd B44®

10% ; 15% ; 20% ; 25%

Ethanol

Eva Art®

25% ; 50% ; 75% ; 100%

Eau déminéralisée

Nous cessons d’augmenter la part d’adhésif dans le solvant dès que le primaire devient trop épais donc difficilement applicable de manière uniforme. Les dosages des adhésifs et de leurs solvants ont été réalisés à l’aide d’une balance CB 1001 de la marque AE ADAM®, précision 0.1g.

Fig 212 : Balance à 0,1 g de précision.

249

Degré de fluidité, résistance à l’écoulement d’un produit en solution ou en dispersion.

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2. Mise en place du montage Tout d’abord, des tuiles de terre cuite ont été découpées à l’aide d’une scie circulaire fixe, puis les échantillons obtenus sont lavés à l’eau. L’eau s’évaporant lentement, nous attendons une semaine avant de continuer le processus. Sur chaque éprouvette sectionnée, le primaire est posé à l’aide de la micropipette puis étalé sur toute la largeur de la tranche à l’aide du pinceau en silicone.

Fig 213 : Section des tuiles de terre cuite.

Fig 214 : Pose du primaire.

Fig 215 : Etalement du primaire sur la tranche.

Le primaire est laissé à sécher pendant au moins 24 heures puis nous appliquons le point de Mowital® B60HH pour coller les deux parties de l’éprouvette. Nous posons donc le point de colle sur la tranche du premier morceau, puis on pose doucement le deuxième morceau sur le premier. L’échantillon est laissé ainsi à la verticale lors du séchage, laissant le deuxième morceau exercer sa propre pression sur le collage.

Fig 216 : Collage des parties de l’éprouvette.

Fig 217 : Eprouvettes maintenues verticalement le temps du séchage.

Après la pose de primaires et le collage des deux morceaux, le morceau court (3cm) est fixé à un système de maintien, constitué de deux longues plaques en métal et d’une vis, qui immobilise celles-ci sur un support en bois et qui permet de régler la pression des plaques

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de métal pour maintenir les échantillons. Le tout est solidement fixé à l’extrémité de la table de travail à l’aide de serre-joints. Sur les échantillons eux-mêmes, des encoches ont été sciées à l’extrémité du morceau long, à 3cm depuis la ligne de cassure afin de pouvoir y attacher un fil. Ce fil est relié au poids qui servira à provoquer la rupture.

Fig 218 : Système de maintien des échantillons.

Fig 219 : Encoches au bout de l’échantillon pour immobiliser le fil.

Le poids en question consiste en une bouteille d’eau vide pouvant contenir jusqu’à 5L de liquide. Elle sera remplie très progressivement d’eau, jusqu’à la rupture de l’échantillon. La masse m de l’ensemble fil-bouteille-eau sera ensuite pesée afin d’évaluer la force P nécessaire pour rompre le joint de chaque éprouvette, ce qui nous permettra de constater les différentes résistances du joint en fonction des variations de primaires.

Fig 220 : Schéma du montage.

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VI. Tests de variation de type et de concentration de primaire pour un collage au Mowital®

A. Tests préliminaires : fiabilité des tests et influence d’un primaire sur l’efficacité d’un collage au Mowital® Il est important de vérifier dès le départ si notre expérience est fiable. Pour cela dix échantillons seront testés, d’abord sans primaire puis avec primaire, afin de déterminer si l’ajout d’adhésif dilué porte ou non une influence sur la fiabilité des tests. Notés dans des tableaux, les résultats nous permettront par la suite de calculer la moyenne des valeurs obtenues. Le calcul de la variance et de l’écart-type, dont les valeurs montrent de quelle manière la série de résultats se disperse autour de la moyenne, nous permettront d’obtenir les incertitudes absolues et relatives pour chaque série, donc de déterminer la fiabilité des résultats obtenus. Les mesures les plus précises et fiables sont celles dont le taux d’incertitude relative est le plus faible. Le pourcentage d’erreur sera déterminé à travers le calcul de l’écart-type à 95%. Le résultat ne doit pas dépasser 15%250 pour que les tests soient jugés fiables. Mais afin de rendre nos résultats plus précis, nous descendrons cette limite à 10%. Pour commencer, la résistance à la rupture de dix éprouvettes, sans primaire, est mise à l’épreuve. Ensuite, dix autres sont testées avec un primaire composé de 2% de Mowital® B60HH.

250

Limite fixée par M. Pepe, professeur à l’UPMC et chargé du suivi de l’étude technico-scientifique.

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Masse m nĂŠcessaire Ă la rupture (kg) Avec primaire Sans primaire

2% Mowital B60HHÂŽ

1

0,6

2,4

2

0,8

2,38

3

0,55

2,4

4

0,6

2,5

5

0,87

2,49

6

0,65

2,75

7

0,62

2,55

8

0,48

2,69

9

0,97

2,5

10

0,95

2,4

Ě… Moyenne đ?’™

0,709

2,506

Variance Ďƒ2

0,03

0,01

Ecart-type Ďƒ

0,17

0,11

0,1102

0,0703

15,5 %

2,8 %

7,0

24,9

E-t Ă 95% Ďƒx95% (incertitude absolue) Incertitude relative Force P Ă la rupture (N) P = m.g251

251

Constante de pesanteur : g = 9,81 N.kg-1.

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Les calculs sont rĂŠalisĂŠs de la manière suivante : 

Ě… = (0,6 + 0,8 + 0,55 + 0,6 + 0,87 + 0,65 + 0,62 + 0,48 + 0,97 + 0,95) Moyenne đ?’™ /10 = 0,709 kg



Variance Ďƒ2 = ((0,6 – 0,709)2 + (0,8 – 0,709)2 + (0,55 – 0,709)2 + (0,6 – 0,709)2 + (0,87 – 0,709)2 + (0,65 – 0,709)2 + (0,62 – 0,709)2 + (0,48 – 0,709)2 + (0,97 – 0,709)2 + (0,95 – 0,709)2) /9 = 0,03036556 kg2



Ecart-type Ďƒ = √0,03036556 = 0,17425715 kg



Incertitude absolue = E-t Ďƒx95% = (2 x 0,17425715) /√10 = 0,1102 kg



Incertitude relative = Incertitude absolue / Moyenne x 100 = 15,5 %

L’incertitude relative calculĂŠe pour les 2% de primaire MowitalÂŽ ne dĂŠpasse pas 10%, ces tests sont donc considĂŠrĂŠs comme fiables. Cependant, les tests sans primaire se rĂŠvèlent moins fiables car nous constatons qu’ils prĂŠsentent une marge d’erreur de 15,5%, contre 2,8% pour les ĂŠchantillons avec un primaire. L’une des raisons Ă cette diffĂŠrence peut tenir Ă la porositĂŠ irrĂŠgulière des ĂŠchantillons de terre cuite. En effet, les tranches sans primaire ont tendance Ă absorber l’adhĂŠsif de collage (20% de MowitalÂŽ), rĂŠduisant son efficacitĂŠ ainsi que la fiabilitĂŠ des tests. Les rĂŠsultats nous montrent ĂŠgalement que l’ajout de 2% de primaire MowitalÂŽ augmente considĂŠrablement l’efficacitĂŠ du collage. La force P nĂŠcessaire pour rompre le joint de colle est multipliĂŠe par trois, passant de 7 N Ă 24 N pour un ajout d’un primaire pourtant très diluĂŠ. Ces rĂŠsultats très encourageants nous incitent Ă effectuer une ĂŠtude plus approfondie, afin de trouver quel type de primaire et quelle concentration pourrait donner la meilleure efficacitĂŠ au collage.

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B. Tests de variation de type de primaire et de concentration 1. Principe Bien que les prÊ-tests aient dÊmontrÊ la fiabilitÊ du protocole, des erreurs expÊrimentales peuvent toujours survenir (maladresses, mauvaise prÊparation de l’Êchantillon etc.). C’est pourquoi nous recalculerons les variances, Êcart-types et Êcart-types de la moyenne afin de dÊterminer le taux de fiabilitÊ de chaque sÊrie de cinq tests. Parfois, des erreurs expÊrimentales importantes peuvent donner des rÊsultats aberrants, trop ÊloignÊs de la valeur mÊdiane. Dans ce cas, ils seront ÊliminÊs (barrÊs dans le tableau) avant que tout calcul soit effectuÊ.

2. Tableaux des rĂŠsultats a. Primaire 1 MOWITAL B60HH Masse m nĂŠcessaire Ă la rupture Concentration

2%

6%

10%

14%

2,65

3,63

3,84

2,65

3,79

3,83

2,83

3,76

3,89

4

2,93

3,50

3,60

5

2,80

3,08

3,99

1 2 3

RĂŠalisĂŠs prĂŠcĂŠdemment

Ě… Moyenne đ?’™

2,506

2,772

3,670

3,822

Variance Ďƒ2

0,01237

0,01472

0,01767

0,02055

Ecart-type Ďƒ

0,11123

0,12133

0,13292

0,14335

0,0703

0,1085

0,1329

0,1282

2,8%

3,9%

3,6%

3,3%

24,9

27,19

36,0

37,6

E-t de la moyenne Ďƒx95% Incertitude relative Force P Ă la rupture (N) P = m.g

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b. Primaire 2 PARALOĂ?D B44 Masse m nĂŠcessaire Ă la rupture Concentration

10%

15%

20%

25%

1

1,59

3,49

4,7

4,83

2

1,53

3,43

4,5

4,98

3

1,51

3,52

4,59

4,79

4

1,66

3,74

4,75

4,7

5

1,83

3,45

3,95

5,4

Ě… Moyenne đ?’™

1,624

3,526

4,635

4,825

Variance Ďƒ2

0,01668

0,01553

0,01257

0,01363

Ecart-type Ďƒ

0,12915

0,12462

0,11210

0,11676

0,1155

0,1115

0,1121

0,1167

7,1%

3,2%

2,4%

2,4%

15,9

34,5

45,5

47,3

E-t de la moyenne Ďƒx95% Incertitude relative Force P Ă la rupture (N) P = m.g

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c. Primaire 3 EVA ART Masse m nĂŠcessaire Ă la rupture Concentration

25%

50%

75%

100%

1

2,85

2,9

3,57

3,7

2

2,88

2,93

3,58

3,78

3

2,69

2,76

3,59

3,72

4

2,65

2,73

3,63

2,43

5

2,69

2,69

3,3

1,7

Ě… Moyenne đ?’™

2,752

2,802

3,534

3,408

Variance Ďƒ2

0,01102

0,01137

0,01763

0,42582

Ecart-type Ďƒ

0,10498

0,10663

0,13278

0,65255

0,0939

0,0953

0,1187

0,6525

3,4%

3,4%

3,4%

19,1%

27,0

28,1

34,7

33,4

E-t de la moyenne Ďƒx95% Incertitude relative Force P Ă la rupture (N) P = m.g

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3. Graphiques Les diagrammes en barre nous permettent d’avoir une meilleure visibilité des résultats, ce qui en facilite l’analyse pour chaque série. Les barres d’erreur sont également représentées, afin d’évaluer le pourcentage d’incertitude de chaque test, autrement dit la dispersion des données. Ensuite, les moyennes de chaque série obtenue seront placées dans un graphique commun, afin de pouvoir comparer aisément l’effet de chaque primaire sur le collage de chaque échantillon. a. Primaire 1

Masse m à la rupture

Résistance des joints de colle en fonction du pourcentage de mowital dans le primaire 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 Sans

2% mow

6% mow

10% mow

14% mow

Primaires Echantillon 1

Echantillon 2

Restauration du Patrimoine, spécialité céramique

Echantillon 3

Echantillon 4

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200

Echantillon 5

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b. Primaire 2 Résistance des joints de colle en fonction du pourcentage de paraloïd dans le primaire Masse m à la rupture (kg)

6 5 4 3 2 1 0 Sans

10% par

15% par

20% par

25% par

Echantillon 4

Echantillon 5

Primaires Echantilon 1

Echantillon 2

Echantillon 3

c. Primaire 3

Masse m à la rupture

Résistance des joints de colle en fonction du pourcentage d'eva-art dans le primaire 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 Sans

25% eva

50% eva

75% eva

100% eva

Primaires Echantillon 1

Echantillon 2

Restauration du Patrimoine, spécialité céramique

Echantillon 3

Echantillon 4

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201

Echantillon 5

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d. Comparaison des trois primaires Afin de comparer l’efficacité des trois primaires sur l’adhérence, le graphique suivant montre la répartition des moyennes de chaque série, en fonction du pourcentage d’adhésif dans chaque primaire.

Efficacité d'un collage au mowital en fonction du type et de la concentration d'adhésif contenu dans le primaire 6

Masse m à la rupture

5 4 3 2 1 0 Sans

Série 1

Série 2

Série 3

Série 4

Moyennes de chaque série de tests Mowital

Paraloïd

Eva-art

4. Interprétations des résultats a. Les marges d’erreur En observant les résultats des tableaux, on constate que pour l’ensemble des tests, le pourcentage d’erreur ne dépasse pas les 15% et reste stable, tournant autour de 11%. Seule la dernière série de tests mettant en jeu le primaire à 100% d’Eva Art® présente un taux d’erreur assez élevé de 19,1%, dépassant la limite de 15% accordée.

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Pour les autres séries, un taux d’erreur avoisinant les 11% reste assez faible, mais existant. Il peut avoir de nombreuses origines, dont : -

Le comportement aléatoire du matériel, en particulier pour les échantillons de terre cuite. Les pores ont pu absorber de manière plus ou moins régulière l’adhésif du primaire ou celui du collage.

-

Les erreurs humaines de manipulation, autrement dit les maladresses, qui peuvent être très nombreuses : mauvaise application de la colle, versement trop rapide de l’eau dans la bouteille, etc.

-

L’imprécision des outils de mesure, tels que les deux balances utilisées, ou la micropipette.

Mais en observant les diagrammes en barre, on constate que malgré les contraintes expérimentales et la difficulté de mise en œuvre, nous avons pu obtenir un ensemble de tests assez fiables, excepté pour le dernier. Les barres d’erreur et la variabilité des résultats n’affectent pas l’allure générale du comportement du collage au Mowital® avec chaque primaire, tout comme elles ne remettent pas en question une augmentation significative de la résistance des joints. b. Analyse de l’efficacité de chaque primaire 

Entre Mowital® (colle, 20%) et Mowital® (primaire, dilué)

Le diagramme en barre concerné (voir graphique Primaire 1) nous montre qu’un primaire contenant seulement 2% de Mowital® suffit à faire tripler l’efficacité d’un collage à 20% de Mowital. En effet, en l’absence de primaire, la force nécessaire à la rupture est très faible, d’une valeur de 7,0 N qui monte jusqu’à 24,9 N avec le primaire. Par la suite, plus nous augmentons la concentration de Mowital, plus l’adhérence croit, mais assez faiblement et se stabilise peu à peu à partir de 10%. 14% de Mowital® dans le primaire donne le meilleur résultat, avec une force de 37,6 N à la rupture.

Il semble assez probable que le succès de ces tests soit lié à la compatibilité évidente entre le primaire et la colle, qui sont parfaitement identiques en dehors de leur concentration.

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Entre Mowital® et Paraloïd®

L’ajout de Paraloïd® en tant que primaire provoque une augmentation progressive et régulière de l’adhérence, avant de se stabiliser à partir de 20%. S’il n’y a pas d’augmentation brusque à partir du premier primaire à 10%, nous passons néanmoins de 7,0 N à la haute valeur de 45,5 N entre un collage sans primaire et un collage avec un primaire à 20% de Paraloïd. A 25%, l’efficacité se stabilise à peu près, montant seulement jusqu’à 47,3 N. 25% de Paraloïd donne le meilleur résultat, avec une force de 47,3 N à la rupture.

Entre Mowital® et Eva Art®

Les résultats obtenus pour le primaire à 100% d’Eva Art, se démarquent des autres tests. Fig 221 : Entre les deux parties de l'échantillon brisé, le disque de Mowital qui s’est détaché de la terre cuite recouverte de primaire.

En effet, en plus d’un taux d’incertitude impressionnant pour le dernier, une incompatibilité entre l’adhésif Mowital® et le primaire Eva Art® a été constatée lors de la rupture des éprouvettes : les 30 μL de Mowital® fixant les deux parties de l’échantillon se sont détachés des tranches des échantillons lors de la cassure. Ceci indique une importante difficulté d’adhérence avec le substrat terre cuite isolé par le primaire. Si les problèmes d’incompatibilité entre le Mowital et l’Eva Art à 100% coïncident avec le manque de fiabilité des résultats, cela indique une réaction aléatoire entre ces deux produits, surtout si l’Eva Art est en quantité importante.

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Le diagramme en barres indique que l’incompatibilité n’empêche pas une augmentation de l’efficacité du collage si l’Eva Art est diluée. En effet, un collage associé à un primaire de 25% d’Eva Art voit son efficacité tripler, le tableau nous indiquant que la force P nécessaire à la rupture passe de 7,0 N à 27,0 N. Et si entre 25 et 50% d’Eva Art, l’augmentation est très faible, elle est à nouveau forte entre 50 et 75%, passant de 28,1 à 34,7 N. l’efficacité diminue, descendant de 34,7 N à 33,4 N. Mais ce dernier résultat n’est pas significatif, en raison des 19,1% de marge d’erreur. Ainsi, nous constatons que l’efficacité du collage augmente malgré l’incompatibilité entre le Mowital® et l’Eva Art®. D’une part, nous supposons que malgré la présence d’un primaire Eva Art, ce dernier n’est sans doute pas assez épais pour empêcher le contact entre le Mowital® et la terre cuite. La colle adhère donc au substrat. D’autre part, le primaire obstruant les pores de la terre cuite, la colle n’est pas excessivement absorbée et demeure donc efficace. Mais lorsque le pourcentage d’Eva Art est trop élevé dans le primaire, ce dernier peut créer une barrière entre le Mowital et la terre cuite, ce qui explique alors une baisse de la fiabilité des tests et le détachement entre la colle et les tranches (Fig 222). 75% d’Eva Art donne le meilleur résultat, avec une force de 34,7 N à la rupture MAIS l’incompatibilité devient notable lorsque la concentration devient élevée (détachement aléatoire de la colle de son substrat à la rupture). Nous attribuons donc le meilleur résultat à 50% d’Eva Art, avec une force de 28,1 N à la rupture.

c. Comparaison des trois primaires Les courbes du dernier graphique nous montrent que les résultats pour les primaires Mowital® et Eva Art® sont très proches : une faible concentration d’adhésif (2% de Mowital® et 25% de primaire) suffit à faire tripler la résistance du joint, et l’Eva Art® est même plus efficace que le Mowital® au début. Mais si l’Eva Art® peut sembler assez efficace d’après les moyennes obtenues, il est à écarter en concentration importante car la résistance est trop aléatoire, donc risquée. La réaction du joint avec le primaire Paraloïd® est différente : la résistance augmente de façon moins brutale au début, elle ne fait « que » doubler à 10% de Paraloïd® alors qu’elle triplait pour une faible concentration de Mowital® et d’Eva Art®. Mais elle dépasse ensuite ces deux derniers dès 15% de concentration.

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En sélectionnant les meilleurs résultats pour chaque primaire nous avons donc : Primaires

Force

à

la

rupture Sans

7,0 N

14% Mowital® dans l’éthanol

37,6 N

25% Paraloïd® dans l’éthanol

47,3 N

50% Eva Art® dans l’eau

28,1 N

Le primaire Paraloïd à 25% permet de multiplier par cinq la solidité du collage à 20% de Mowital, il est donc le plus efficace pour assurer la solidité du joint.

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Bilan du sujet technico-scientifique Cette recherche nous a permis de mieux connaître le Mowital®, ainsi qu’un moyen permettant d’augmenter son efficacité pour le collage des terres cuites de grand volume. Contrairement à ce que nous aurions pu penser, le primaire d’adhésion composé de 25% de Paraloïd® B-44 dans l’éthanol se révèle plus efficace qu’un primaire composé de Mowital®, toute concentration comprise, pour le collage au même Mowital® (20%). Cependant, lors d’une future restauration, il ne s’agira pas d’appliquer 25% de Paraloïd® dans le primaire lors d’un collage au Mowital® sans remise en question. Tout d’abord, cette concentration donne déjà une certaine viscosité qui pourrait perturber le bon emboitement des fragments. Cela dépend également de l’état de chaque céramique. En effet, une céramique aux pores très étroits et serrés pourrait absorber moins facilement le primaire. Il faudra diminuer la concentration à 20 ou 15% par exemple. La force nécessaire à la rupture sera moindre, mais elle fera au moins le triple de la solidité du joint sans primaire, comme nous l’ont indiqué les résultats. En revanche, si nous voulons utiliser un primaire très peu visqueux, mieux vaut utiliser le Mowital® à 2% plutôt que le Paraloïd® à 10%, car le Mowital® se révèle alors plus efficace à concentration basse. De plus, sur des terres cuites fragiles, friables et de plus petit format, le joint ne doit pas être trop résistant non plus, il faut donc adapter la force du collage, et donc le type de primaire, en fonction de chaque type de céramique. Afin d’approfondir la recherche, il serait intéressant de comparer la résistance d’un collage au Mowital® avec primaire à celle d’un collage au Paraloïd® B-44 avec et sans primaire, adhésif généralement utilisé pour le collage des terres cuites de grand volume252. Un autre moyen pourrait également agir sur l’efficacité du Mowital®, consistant à incorporer une charge dans l’adhésif de collage253.

252

TOUZEAU J., REBBE I. : Dépose et restauration d’un dolium […]. ARAAFU n°18, 2010, p.26. Par exemple, l’ajout d’un faible pourcentage silice de polyhydrose dans le Paraloïd® améliorerait les capacités du collage selon G. BYRNE. (Xe Congrès International SFIIC, 1984). Cela aurait également été prouvé dans un mémoire de fin d’études (NININO A-S. Ecoles de Condé, promotion 2011). En est-il de même pour le collage au Mowital® ? 253

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La réalisation de cette étude fut une expérience importante, qui nous a apporté des connaissances théoriques sur certains adhésifs et qui a permis de mettre en avant l’importance des primaires en restauration. Les difficultés de mise en œuvre (échantillons à porosité parfois inégale, application identique des primaires et de la colle,…) nous ont incité à faire preuve de patience et d’autonomie pour trouver des solutions, ainsi qu’à effectuer un travail précis et minutieux pour réaliser et tester les échantillons.

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CONCLUSION GENERALE La restauration du dolium fut un long travail de réflexion, très formateur pour cette dernière année d’études. Elle montre très bien que chaque œuvre est unique et qu’aucun traitement n’est identique pour chaque cas. En effet, l’étude et la restauration d’une terre cuite de grand volume tend à rendre son traitement complexe. Et des mesures particulières doivent être prises, aussi bien pour une manipulation sans risque que pour un traitement adapté. C’est ce dernier point qui a orienté le sujet technico-scientifique vers l’étude d’une amélioration de la résistance du Mowital® B60HH afin de mieux assurer les charges lourdes. Les résultats furent concluants et encourageant. De plus, la difficulté de préparation des échantillons et des tests nous a incité à adopter le même comportement que pour le traitement : patience, souci du détail et du geste. D’un point de vue historique, notre dolium, qui fut conçu à l’origine dans un objectif utilitaire et qui pourrait paraitre simple à première vue, se révèle être un objet d’une grande complexité et une source d’informations précieuses. Il est un témoin ethnologique et culturel car ce type de contenant surtout produit et utilisé par les romains, le fut aussi parfois par les gaulois romanisés. Sa typologie le rattache à cette influence romaine et sa forme spécifique au niveau du pied et de l’embouchure est la marque typique d’un dolium de type ZürichLindenhof. Un héritage de la région rauraque, dont la population locale a su garder une réelle identité malgré l’occupation romaine. Enfin, un dolium de cette morphologie n’a pu être produit que dans l’intervalle de la dynastie julio-claudienne. Une période limitée qui en fait un objet assez rare. L’état très fragmentaire dans lequel il fut retrouvé sur le site d’Oedenburg était donc problématique et sa restauration était indispensable afin de transmettre les informations qu’il apporte aux scientifiques comme au public plus large du musée de Biesheim. En outre, la restauration considère l’objet au travers de son passé (altérations,…) aussi bien que de son futur, d’où l’importance du respect de règles déontologiques spécifiques, comme ici pour un objet archéologique. Ainsi, des matériaux stables et réversibles ont été employés, et la lisibilité, l’authenticité, l’ancienneté et le matériau d’origine de l’œuvre ont été respectés à travers l’absence de débordements de comblements et de couleur de retouche, mais aussi par la visibilité de la restauration (retouche plus claire et uniforme). Restauration du Patrimoine, spécialité céramique

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Un équilibre a pu être trouvé entre les exigences de la restauration et la demande de la Conservatrice, mais aussi vis-à-vis des attentes du futur public. Ce dernier pourrait en effet rencontrer des difficultés de compréhension face à une restauration « visible ». C’est pourquoi il a été décidé, avec l’accord du musée, de créer des fiches explicatives justifiant la restauration du dolium et décrivant ses étapes, illustrées par des photographies. Ces cartels seraient affichés à côté du dolium exposé et représenteraient de façon accessible le travail du restaurateur auprès du public.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS Fig 1: Géographie de l’Alsace et de la vallée du Rhin, .................................................................. 21 Fig 2 : Localisation de l'Alsace....................................................................................................... 21 Fig 3 : Peuples celtiques autour du Rhin. ©Muriel Zehner 2001. .................................................. 23 Fig 4 et Fig 5 : Localisation de Biesheim. ...................................................................................... 26 Fig 6 : Première mention du site d'Oedenburg en 1576. Extrait de la carte d'Alsace .................... 27 Fig 7 : Fragment de bas-relief découvert en 1870 © O. Zimmermann, Musée d’Unterlinden, Colmar............................................................................................................................................. 30 Fig 8 : Tuile de la XXIe légion, découverte en 1870. ©Studio A, Neuf-Brisach. ............................ 30 Fig 9 : Amphore intacte, conservée................................................................................................. 31 Fig 10 : Céramiques découverte sur l'emplacement des camps romains. © Musée de Biesheim. .. 31 Fig 11 : Les fossés de fondation pillés du bastion d'angle sud-est de la fortification. Largeur de 3 m. © G. Seitz, Université de Fribourg. ........................................................................................... 32 Fig 12 : Localisation et reconstitution 3D du Palais-forteresse © Musée de Biesheim ................. 33 Fig 13 : Zone de découverte du dolium sur l’emplacement du Palais-forteresse. .......................... 34 Fig 14 : Coupe stratigraphique et situation du dolium. © Musée de Biesheim .............................. 35 Fig 15 : Partie principale du dolium lors de sa conservation dans la réserve. .............................. 36 Fig 16 : Amphores, céramiques destinées au stockage et au transport. © Musée de la Cour d'Or, Metz. ................................................................................................................................................ 37 Fig 17 : Jarres grecques "pithoi", Cnossos. ................................................................................... 38 Fig 18 : Dolia à Ostia Antica (Ostie). ............................................................................................. 39 Fig 19 : Le tonneau de Diogène, Jean-Léon Gérôme, 1860, © Walters Art Museum (Baltimore). Grande jarre de terre cuite. ............................................................................................................ 39 Fig 20 : Dolia trouvés à Troie. ....................................................................................................... 40 Fig 21 : Dolium avec couvercle. ..................................................................................................... 40 Fig 22 : Tinajas, Colménar de Oréja, gravure du XIXe s. .............................................................. 41 Fig 23 : Kvevri, actuelle Georgie.................................................................................................... 41 Fig 24 : Dolium d'étude : 57 cm de haut. ........................................................................................ 42 Fig 25: Dolium : plus de 2 m de haut.............................................................................................. 42 Fig 26 : Vase gallo-romain, céramique commune claire, avec décor en relief. ............................. 43 Fig 27 : Vase de répertoire indigène. Céramique grise, avec décor incisé. ................................... 44 Fig 28 : Carte de répartition des dolia de type Zurich – Lindenhof en région rhénane. © ............ 46 Fig 29 : Morphologie générale du dolium : ovale. ......................................................................... 47 Fig 30 : Dolium d'étude (restauré).................................................................................................. 47 Fig 31 : Dolium de type Zurich – Lindenhof (raté de cuisson) provenant de Breisach – Münsterberg. Similitude importante avec notre œuvre. © Wengler 2005....................................... 47 Fig 32 : Profil et coupe archéologique de notre dolium. © Musée de Biesheim ........................... 48 Fig 33 : Reconstitution d'un dolium Z-L et coupe des différents types de bords. © M. Zehner. ..... 48 Fig 34 : Situation chronologique de la dynastie julio-claudienne. ................................................. 48 Fig 35 : Dolium de Zimmersheim (retrouvé avec entonnoir).......................................................... 50 Fig 36 : Schéma de la cave d'où fut exhumé le dolium de Zimmersheim. ....................................... 50 Fig 37 : Engobe gris-clair sur la surface externe du dolium. ......................................................... 51 Fig 38 : Dambach-la-Ville. Localisation ........................................................................................ 53 Fig 39 : Organisation des ateliers de potiers gallo-romains. ......................................................... 55 Fig 40 : Schéma d'un tour de potier gallo-romain. ......................................................................... 58

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Fig 41 : Potier gallo-romain au travail. ......................................................................................... 59 Fig 42 : Marques de tournage à l'intérieur du dolium. ................................................................... 60 Fig 43 : Détail des traces de tournage. ........................................................................................... 60 Fig 44 : Enfoncements linéaires...................................................................................................... 60 Fig 45 : Mise en avant de l'engobe blanc recouvrant une structure ............................................... 61 Fig 46 : Ensemble de tessons appartenant au pied. Extrémité non engobée (orangée). ................ 61 Fig 47 : Vestige de fours gallo-romains, Dambach-la-Ville. .......................................................... 63 Fig 48 : Four romain en activité. .................................................................................................... 63 Fig 49 : Face ................................................................................................................................... 69 Fig 50 : Profil droit ......................................................................................................................... 69 Fig 51 : Dos .................................................................................................................................... 69 Fig 52 : Profil gauche ..................................................................................................................... 69 Fig 53 : Tessons isolés, faces externes. ........................................................................................... 70 Fig 54 : Tessons isolés faces internes. ............................................................................................ 70 Fig 55 : "feuilletage" de la tranche du fragment. ........................................................................... 71 Fig 56: Schématisation du feuilletage, assimilable à un cisaillement. ........................................... 71 Fig 57 : Schémas de répartition des cassures. ................................................................................ 77 Fig 58 : Bords émoussés. ................................................................................................................ 78 Fig 59 : Lacunes profil gauche ....................................................................................................... 80 Fig 60 : Lacunes face ...................................................................................................................... 80 Fig 61 : Lacunes profil droit ........................................................................................................... 80 Fig 62 : Lacunes dos ....................................................................................................................... 80 Fig 63 : Avant le test. ...................................................................................................................... 81 Fig 64 : Test mécanique .................................................................................................................. 81 Fig 65 : Test chimique..................................................................................................................... 81 Fig 66 : Rayures .............................................................................................................................. 82 Fig 67 : Abrasions ........................................................................................................................... 82 Fig 68 : Cratère sur la surface engobée du dolium. ....................................................................... 83 Fig 69 : Exemple de cratères sur la surface d'une œuvre en faïence. ............................................. 83 Fig 70 : Eclaboussure d'argile. ....................................................................................................... 83 Fig 71 : Réseau végétal enchevêtré, visible sous UV. Paroi externe. ............................................. 84 Fig 72 : Dépôt grisâtre formant un réseau enchevêtré.. ................................................................. 84 Fig 73 : Adhésif épais et jaunâtre. .................................................................................................. 85 Fig 74 : Adhésif jaune clair sous UV. ............................................................................................. 85 Fig 75 : Traces du deuxième adhésif employé. ............................................................................... 86 Fig 76 : Observation sous UV : l'adhésif se présente sous forme de traces sombres. .................... 86 Fig 77 : Schéma d'un ressaut. ......................................................................................................... 86 Fig 78 : Ressaut (localisation sur schéma ci-dessous) ................................................................... 87 Fig 79 : Décalage entre le pied et la panse du dolium (localisation sur schéma ci-dessous). ....... 87 Fig 80 : Profil droit ......................................................................................................................... 87 Fig 81 : Face ................................................................................................................................... 87 Fig 82 : Profil gauche ..................................................................................................................... 87 Fig 83 : Dos .................................................................................................................................... 87 Fig 84 : Système d'attache - Paroi externe. .................................................................................... 88 Fig 85 : Système d'attache - Paroi interne. ..................................................................................... 88 Fig 86 : Bandes adhésives numérotées. .......................................................................................... 89 Fig 87 : Traces de tour du dolium................................................................................................... 93 Fig 88 : Exemple de réalisation d'un pot : pression des doigts qui créée les lignes circulaires . .. 93 Fig 89 : Répartition irrégulière et traces de pinceau...................................................................... 94

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Fig 90 : Ouverture et panse remontées. ........................................................................................ 100 Fig 91 : Fragments isolés ou partiellement recollés. .................................................................... 100 Fig 92 : Colle néoprène. ............................................................................................................... 101 Fig 93 : Ancien adhésif sous éclairage UV. .................................................................................. 101 Fig 94 : Echantillon de néoprène neuve sous UV : même couleur que l'ancien adhésif. ............. 101 Fig 95 : Super Glue-3 Loctite®. ................................................................................................... 102 Fig 96 : Localisation de la zone du système d'attache : un faible nombre de tessons (altérés) doit maintenir à la traction exercée par les deux parties de l'œuvre. .................................................. 103 Fig 97 : Résidus provoqués par le retrait de l'ancien collage. ..................................................... 105 Fig 98 : Impossibilité d'insertion d'un fragment. .......................................................................... 105 Fig 99 : Boite aux parois amovibles. ............................................................................................ 111 Fig 100 : Intérieur avec mousses amortissantes, tyvek® et girelle pour tourner le dolium. ........ 111 Fig 101: Tiroirs de rangement. ..................................................................................................... 111 Fig 102 : Schéma du conditionnement des fragments. .................................................................. 112 Fig 103 : Conditionnement des fragments. ................................................................................... 112 Fig 104 : Support de travail pour les fragments. .......................................................................... 112 Fig 105 : Aspect initial des produits. ............................................................................................ 115 Fig 106 : Grilles de Varaform®.................................................................................................... 116 Fig 107 : Dolium Gallo-romain, Musée royal de Mariemont (Belgique). .................................... 116 Fig 108 : Ramollissement du Varaform® au décapeur thermique. .............................................. 117 Fig 109 : Pose de la grille sur échantillon du dolium................................................................... 117 Fig 110 : Retrait du Varaform (très peu chauffé, assez rigide). ................................................... 117 Fig 111 : Aucun résidu de terre cuite............................................................................................ 117 Fig 112 : Impossibilité d'insertion du fragment. ........................................................................... 119 Fig 113 : Rappel sur le rôle du système de maintien. ................................................................... 120 Fig 114 : Paraloïd plus brillant que le Mowital. .......................................................................... 123 Fig 115 : Fissurations dues à une ancienne restauration en plâtre.............................................. 127 Fig 116 : Tests de résistance des .................................................................................................. 130 Fig 117 : Avant.............................................................................................................................. 139 Fig 118 : Pendant.......................................................................................................................... 139 Fig 119 : Après.............................................................................................................................. 139 Fig 120 : Découpage de l'ancien système de maintien. ................................................................ 140 Fig 121 : Préparation de la Klucel G. .......................................................................................... 141 Fig 122 : Application de Klucel G sur la bande à encoller. ......................................................... 141 Fig 123 : Pose du nouveau système (temporaire) de maintien. .................................................... 141 Fig 124 : Avant.............................................................................................................................. 142 Fig 125 : Pendant.......................................................................................................................... 142 Fig 126 : Après.............................................................................................................................. 142 Fig 127 : Essai de dérestauration à la vapeur d'eau (base d'intissé, laissant traverser la vapeur). ....................................................................................................................................................... 143 Fig 128 : Affaiblissement du tesson soumis à l'eau chaude : rupture du substrat et non de l’adhésif. ........................................................................................................................................ 143 Fig 129 : En bleu : fragments concernés ...................................................................................... 143 Fig 130 : Dosage des produits avant le placement au réfrigérateur. ........................................... 144 Fig 131 : Chauffage au Bain-Marie. ............................................................................................. 144 Fig 132 : Filtrage de l'adéhsif encore chaud (Origam 254®). ..................................................... 144 Fig 133 : Tests sur le nombre de couches de consolidant à appliquer. ........................................ 145 Fig 134 : Consolidation du dolium. .............................................................................................. 146 Fig 135: Avant consolidation. ....................................................................................................... 146

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Fig 136 : Après consolidation. ...................................................................................................... 146 Fig 137 : Avant.............................................................................................................................. 147 Fig 138 : Pendant. Maintient à l'aide de pinces. .......................................................................... 147 Fig 139 : Après.............................................................................................................................. 147 Fig 140 : Mowital B60HH®. ........................................................................................................ 148 Fig 141 : Infiltration de Mowital® sur un groupe de fragments .................................................. 149 Fig 142 : Différents pourcentage de pigments pour les tests de teinte dans la masse. ................. 150 Fig 143 : Couleur de référence : ................................................................................................... 150 Fig 144 : Application d'un primaire sur les tranches des lacunes. ............................................... 151 Fig 145 : Pose du support à l'intérieur de l'œuvre, maintient avec les bandes adhésives. ........... 151 Fig 146 : Cire prête à supporter l'ajout de Polyfilla®.................................................................. 151 Fig 147 : Eau de gâchage + Eva Art® et Polyfilla® + pigments................................................. 152 Fig 148 : Préparation. .................................................................................................................. 152 Fig 149 : Application à la spatule. ................................................................................................ 152 Fig 150 : Première couche. ........................................................................................................... 152 Fig 151 : Deuxième couche. .......................................................................................................... 152 Fig 152 : Application d’acétone.................................................................................................... 153 Fig 153 : Retrait de l’intissé. ........................................................................................................ 153 Fig 154 : Aucune trace visible. ..................................................................................................... 153 Fig 155 : Collage des groupes de fragments. ............................................................................... 155 Fig 156 : Collage progressif sur le dolium. .................................................................................. 155 Fig 157 et Fig 158 : Collage des fragments du pied. .................................................................... 155 Fig 159 : Parafilm M® ................................................................................................................. 156 Fig 160 et Fig 161: Application de Parafilm® pour empêcher l’adhésion du Polyfilla® aux tranches. ........................................................................................................................................ 156 Fig 162 : Comblement des lacunes de la base. ............................................................................. 157 Fig 163 : Profil 1........................................................................................................................... 157 Fig 164 : Profil 2........................................................................................................................... 157 Fig 165 : Profil 3........................................................................................................................... 157 Fig 166 : Profil 4........................................................................................................................... 157 Fig 167 : Ponçage. ........................................................................................................................ 158 Fig 168 : Creusement des cernes. ................................................................................................. 158 Fig 169 : Aspect final des comblements. ....................................................................................... 158 Fig 170 : Retrait de la base. .......................................................................................................... 159 Fig 171 : Fragment permettant d'obtenir le profil complet du pied. ............................................ 159 Fig 172 : Pose et réchauffement du support en Plastiline®. ........................................................ 159 Fig 173 : Ensemble soutenu par un saladier. ............................................................................... 160 Fig 174 : Modelage du support en fonction du fragment référent, préalablement collé avec du Paraloïd® B-44. ............................................................................................................................ 160 Fig 175 : Reconstitution du pied. .................................................................................................. 160 Fig 176, Fig 177 et Fig 178: Finalisation..................................................................................... 160 Fig 179 : Zones de placement du Varaform®. .............................................................................. 161 Fig 180 : Chauffage du Varaform®. ............................................................................................. 161 Fig 181 : Application sur le pied. ................................................................................................. 161 Fig 182 : Application sur la circonférence interne. ...................................................................... 161 Fig 183 et Fig 184 : Aspect final................................................................................................... 162 Fig 185 et Fig 186 : Base refixée et dolium remis à l'endroit. ...................................................... 162 Fig 187 : Avant.............................................................................................................................. 163 Fig 188 : Après.............................................................................................................................. 163

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Fig 189 : Avant.............................................................................................................................. 164 Fig 190: Pendant........................................................................................................................... 164 Fig 191 : Fixage au Funori/colle d'esturgeon. ............................................................................. 164 Fig 192 : Après fixage. Pas de changement de couleur. ............................................................... 164 Fig 193 : Le dolium avant la restauration. ................................................................................... 167 Fig 194 : Le dolium après la restauration. ................................................................................... 168 Fig 195 : Boite et conditionnement pour le transport. .................................................................. 171 Fig 196 : Amphore posée sur un cercle et un demi-cercle métalliques, soutenus par trois pieds © Musée de Biesheim. ....................................................................................................................... 172 Fig 197 : Amphore posée sur deux cercles métalliques, soutenus par trois pieds. © Musée Lorrain, Nancy............................................................................................................................................. 172 Fig 198 : Réaction chimique pour la production de Mowital®. ................................................... 183 Fig 199 : Eprouvettes de terre cuite. ............................................................................................. 186 Fig 200: Dimensions d'une éprouvette. ......................................................................................... 189 Fig 201 : Micropipette et embouts de rechange............................................................................ 190 Fig 202 : Affichage du nombre de μL sélectionné pour le prélèvement ........................................ 190 Fig 203 : Pinceau plat à embout de silicone. ................................................................................ 190 Fig 204 : Balance à 0,1 g de précision. ........................................................................................ 191 Fig 205 : Section des tuiles de terre cuite. .................................................................................... 192 Fig 206 : Pose du primaire. .......................................................................................................... 192 Fig 207 : Etalement du primaire sur la tranche. .......................................................................... 192 Fig 208 : Collage des parties de l’éprouvette. .............................................................................. 192 Fig 209 : Eprouvettes maintenues verticalement le temps du séchage. ........................................ 192 Fig 210 : Système de maintien des échantillons............................................................................ 193 Fig 211 : Encoches au bout de l’échantillon pour immobiliser le fil. ........................................... 193 Fig 212 : Schéma du montage. ...................................................................................................... 193 Fig 213 : Entre les deux parties de l'échantillon brisé : le point de Mowital qui n'a pas pu adhérer à la terre cuite recouverte de primaire. ........................................................................................ 204

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BIBLIOGRAPHIE Le mémoire n’aurait pu être aussi complet, fiable et approfondi sans l’aide d’une importante source documentaire. Comme l’exigent les droits d’auteur, chaque information tirée d’un ouvrage a été accompagnée d’une note de bas de page précisant d’auteur, l’intitulé de l’ouvrage, ainsi que l’édition et la date de parution.

HISTORIQUE 

Ouvrages et articles publiés

BALFET H., FAUVET-BERTHELOT M-F., MONZON S. : Lexique et typologie des poteries : pour la normalisation de la description des poteries. Presses du CNRS, 1989. BERARD F. : « XXIe Rapax », in Y. Le Bohec dir., Les légions de Rome sous le HautEmpire, Lyon, 2000. BONAVENTURE B. : Céramiques et société chez les Leuques et les Médiomatriques (IIe – Ie siècles avant J-C). Thèse, Univ. de Strasbourg, 2000. BRULET R., VILVORDER F., DELAGE R. : La céramique romaine en Gaule du Nord, dictionnaire des céramiques. Brepols Publishers, 2010. BRUNAUX J-L : Nos ancêtres les gaulois. Ed. du Seuil, 2008. BURNOUF J., HECKENBENNER D., COUDROT J-L., LEGENDRE J-P. : La Lorraine antique, villes et villages. Ed. Est – Imprimerie, 1990. CHAPPELHOW M. : La poterie au tour. Fleurus, 2003. CUPPERS H., COLLOT G., KOLLING A., THILL G. : La civilisation romaine de la Moselle à la Sarre. © 1983 Philipp Von Zabern.

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D’ANNA A., DESBAT A., GARCIA D., SCHMITT A., VERHAEGHE F. : La céramique, La poterie du Néolithique au Temps modernes. Errance, 2011. DAREMBERG C., SAGLIO E. : Dictionnaire des antiquités grecques et romaines. Tome deuxième, première partie (D-E). Hachette, 1877-1919. DUVAL A., BLANCHET J-Cl. : « Le Deuxième Age du Fer, ou époque de la Tène, en Picardie » dans Revue archéologique de l’Oise. 1976. ETTLINGER E. : Die Keramik der augster Thermen. Hardcover, 1949. FORTUNE C., KUHNLE G., PLOUIN S., VIROULET B. : Florilège de céramiques gallo-romaines en Alsace, La vaisselle régionale dans tous ses états. Valblor-Groupe Graphique, 2009. FURGER A., GESCHLER-ERB S. : Das Fundmaterial aus der Schichtenfolge beim Auster Theater. Publication archéologique, 1992. GARNIER E. : Histoire de la céramique. Alfred Mame et fils, 1882. JOLY M. : Histoire de pot, les potiers gallo-romains en Bourgogne. Musée archéologique de Dijon, 1996, réédition 2004 KERN E. : Le mithraeum de Biesheim-Kunheim (Haut-Rhin). Article, Revue du Nord, n°292, 1991. NORMAND B. : L’Alsace celtique, approche archéologique. Dossier, Crdp-Strasbourg, 2005. PASTOR L. : Les ateliers de potier de la Meuse au Rhin à la Tène Finale et durant l’époque gallo-romaine. Thèse, volume 1, 2010. PEIFFER J. G. : La céramique, Expertise et Restauration. Faton, 2010.

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PLOUIN S., REDDE M., BOUTANTIN C. et al. : La frontière romaine sur le Rhin supérieur. Ville de Biesheim, 2001. RASSET N. : L’Abeille du Jura OU Recherches historiques, archéologiques et topographiques sur l’ancien évêché de Bâle. Neuchatel, 1840. REDDE M. : Oedenburg, une agglomération d’époque Romaine sur le Rhin supérieur. Gallia, Vol. 62, 2005. VAN LITH J-P. : Céramique, dictionnaire encyclopédique. Editions de l’Amateur, 2000. VIROULET B. : La céramique pré-flavienne. Sierentz, 1995. 

Ouvrages non publiés

NUBER H., SEITZ G. : Les fouilles d’Altkirch (Chantier 03). 2003 

Brochures, préambules, sites internet

http://www.academia.edu/1800384/Le_sanctuaire_dOedenburg_Biesheim_Haut-Rhin_ http://www.geotech-fr.org/sites/default/files/revues/blpc/BLPC%2029%20pp%20132%20Leplat.pdf http://www.inrap.fr/Archeologie-du-vin/Histoire-du-vin/Antiquite/Lhistoire/Techniques-et-production/p-13172-La-vinification-dans-les-doliaenterrees.htm#.VAeXEPl_vEg

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CONSTAT D’ETAT et DIAGNOSTIC 

Ouvrages et articles publiés

BERDUCOU M. : La Conservation en Archéologie, Chap.III : La céramique archéologique. Masson, 1990. BERTHOLON R. : Approche de la conservation-restauration d’un objet métallique. Examen – Constat d’état – Diagnostic – Objectifs – Projets – Rapport. 1995 IFROA. BLONDEL N. : Céramique, Vocabulaire technique. © 2001 Ed. du patrimoine. D’ANNA A., DESBAT A., GARCIA D., SCHMITT A., VERHAEGHE F. : La céramique, La poterie du Néolithique au Temps modernes. © 2011 Errance. FAVRE A. : Caractérisation de l’effet du vieillissement en milieu aqueux sur les propriétés mécaniques de composites à matrice élastomère. 2013 Thèse, Ecole polytechnique de Montréal. LANGLE S., BRUNEL G. : La restauration des œuvres d’art, Vade-mecum en quelques mots. © 2014 Hermann. LE SAUX V. : Fatigue et vieillissement des élastomères en environnements marins et thermiques. 2010 Thèse, Université de Bretagne occidentale. MONTIGNY D., GUILLEMARD D. : Intro : Le charme discret du passé. 2003, ARAAFU. NAUD C. : Conservation préventive dans les musées, Constats d’état. Centre de Conservation du Québec, manuel d’accompagnement (révision 2011), 1995. NEL P. : A preliminary investigation into the identification of adhesives on archaeological pottery. AICCM bulletin vol. 30, 2007.

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VAN LITH J.-P. : Céramique, dictionnaire encyclopédique. © 2001 Les éditions de l’Amateur. 

Ouvrages non publiés

COUSTILLERE C. : Etude et restauration d’une Œnochoé italiote trilobée. Ecoles de Condé, mémoire de fin d’études, 2015. JAY E. : Etude préliminaire à la consolidation des céramiques archéologiques poreuses altérées. INP, mémoire de fin d’études, 1983. LOURET M. : Etude et restauration d’une céramique dite « très décorée » de la fin du Moyen-Age. Ecoles de condé, mémoire de fin d’études, 2013. 

Brochures, préambules, sites internet etc.

http://www.lemonde.fr/mode/article/2014/04/04/un-peu-d-histoire-leneoprene_4394938_1383317.html

RESTAURATION 

Ouvrages et articles publiés

BECHOUX V. : Utilisation des mousses et des pâtes syntactiques pour combler les lacunes des poteries archéologiques. CeROArt, 2008. BERDUCOU M. : La Conservation en Archéologie, Chap.III : La céramique archéologique. Masson, 1990. BEUKEN A., BUSSIENNE G., DRIESMANS D. : Les acryliques en dispersion aqueuse chargées avec des microballons de verre pour le comblement des terres cuites à basse température. ARAAFU, 2009. BOITO C. : Conserver ou restaurer ? Encyclopédie des Nuisances, 1893. Restauration du Patrimoine, spécialité céramique

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BOUYER E. : Quelques pistes de réflexion sur la restauration perceptible des vases céramiques antiques. CeROArt, 2010. BUYS S., OAKLEY V. : The Conservation and Restoration of Ceramics. ButterwothHennemann, 1996. GIMENEZ

N. :

Le

vieillissement

hydrolytique

de

mousses

syntactiques

époxyde/amine/verre. Thèse, 2005. HORIE V. : Materials for conservation : orgnanic consolidants, adhésives and coatings. ElsevierLtd (2nd éd.), 2010. MONTIGNY D., GUILLEMARD D. : Intro : Le charme discret du passé. ARAAFU, 2003. RAMAKERS H. : Studio Tests for the Reconstruction of a Tang Dynasty Model of a Horse, dans Recent advanced in glass, stained glass and ceramics conservation. ICOM, 2013. SMITH M., SWIDER J. : Funori : Overview of a 300-years-old consolidant. JAIC, vol.44 n°2, Art.5, 2005. TAYLOR S. : Consolidation of earthenwares dans Conservation news 33. 1987. TOUZEAU J., REBBE I. : Dépose et restauration d’un dolium : s’adapter à une céramique de grand volume. ARAAFU, 2010. 

Ouvrages non-publiés

JUSTE-GROENE M. : Dossier de restauration. IFROA, mémoire de fin d’études, 199293. LAMARCHE V. : Vierge à l’enfant dite Madone aux candélabres, bas-releif en stuc polychromé d’après Antonio Rosselino, 2e moitié du XVe siècle. Institut de France, musée Jacquemart-André de l’abbaye de Chaalis. Mémoire de fin d’études, 1997.

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MASCIA S. : Restauration et Conservation d’une marmite en terre cuite du XVIIe siècle provenant du Musée de l’ancienne abbaye de Landévennec (Finistère). Ecoles de Condé, mémoire de fin d’études, spécialité céramiques, 2013. 

Brochures, préambules, sites internet etc.

COURTIADE L. : Restauration de Sapho ou Le Chant de Raoul Verlet. 2006 http://ceroart.revues.org/2596 E.C.C.O : La profession de conservateur-restaurateur, code d’éthique et formation. Préambule mis en place par l’Assemblée générale en 1993 et adopté en 2002. KOOB, S. : Conférence du 25 octobre 1997 au Regent’s College London. KSE (Kuraray) : ®Mowital, Polyvinyl butyral of superior quality. Fiche technique, 2003. Symposium de l’ICC : Etude du comportement mécanique d’adhésifs synthétiques pour le montage d’œuvres à base de papier et de cire d’abeilles blanche. 2011

CONSERVATION PREVENTIVE BARCLAY R., BERGERON A., DIGNARD C. : Supports pour objets de musée : de la conception à la fabrication. ICC, CCQ, 2e édition, 2002. BOYLAN P. (dir.): Comment gérer un musée, Manuel pratique. UNESCO, 2006. GIBOTEAU Y. : La conservation préventive en céramique. ARAAFU, 1998. GUILLEMARD D., LAROQUE C. : Manuel de conservation préventive, gestion et contrôle des collections. OCIM et DRAC Bourgogne, 2e éd, 1994. LEVILLAIN A., MARKARIAN P., RAT C. et al. : La conservation préventive des collections. OCIM, 2002

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ETUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE 

Ouvrages publiés

BYRNE G. : Formulation d’adhésifs par addition d’aérosols de silice colloïdale. Adhésifs et consolidants. Xe Congrès International SFIIC, 1984. DOWN J. : Toward a better emulsion adhesives for conservation : a preliminary report on the effects of modifiers on the stability of a vinyl/acetate ethylen (VAE) copolymer emulsion adhesive. Institut Canadien de Conservation (ICC), publication gouvernementale, 2000. RAMAKERS H. : Studio Tests for the Reconstruction of a Tang Dynasty Model of a Horse, dans Recent advanced in glass, stained glass and ceramics conservation 2013. ICOM, 2013. KOOB S. : Conservation and Care of Glass Objects. Monographie, 2006. PETIT J., ROIRE J., VALOT H. : Des liants et des couleurs. Erec, 2006. TOUZEAU J., REBBE I. : Dépose et restauration d’un dolium : s’adapter à une céramique de grand volume. ARAAFU, 2006. 

Ouvrages non-publiés

BEAUGNON D. : Une urne funéraire étrusque de la période hellénistique (musée du Louvre, Paris). Etude, conservation et restauration d’une terre cuite avec polychromie mate : évaluation d’une méthode de nettoyage aqueux à l’aide d’un gel d’agar. INP, mémoire de fin d’études, spécialité arts du feu, 2012. COGNARD L. : Etude et traitement de conservation – restauration d’un plat d’apparat historié en faïence. Ecoles de Condé, mémoire de fin d’études, spécialité céramique, 2014.

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DE LISLE L. : Le vase au palmier. Ecoles de Condé, mémoire de fin d’études, spécialité céramique, 2015. LACROIX M. : Conservation – restauration d’une ma’jna argilo-marneuse Tunisienne du XVIIIe siècle. Ecoles de Condé, mémoire de fin d’études, 2015. NININO A-S. : Etude et restauration d’un vase sigillé Déch.72 daté du IIIe s. ap. JC et provenant de l’Est de la Gaule. Ecoles de Condé, mémoire de fin d’études, spécialité céramiques, 2014. 

Brochures, préambules, sites internet etc.

AUFRAY M. : Adhésion et adhérence des matériaux. Fascicule, 2009. KSE (Kuraray) : ®Mowital, Polyvinyl butyral of superior quality. Fiche technique, 2003.

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ANNEXES Annexe 1 : Présentation de l’ensemble des fragments et groupes de fragments isolés. Groupe 1

1-2

3

4

5-6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

Nombre de tessons : 19 Nombre d’éclats : 0

19

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Groupe 2

20

21

22

23

24

25

28 éclats Nombre de tessons : 7 Nombre d’éclats : 28

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Groupe 3

26 – 27 – 28

29 – 30 – 31 – 32 + 1 éclat Nombre de tessons : 7 Nombre d’éclats : 1

Groupe 4

Groupe 5

33 – 34 – 35 – 36 – 37 – 38 – 39 – 40 – 41 – 42 43 – 44 – 45 – 46 – 47 – 48 – 49 – 50 – 51 – 52 Nombre de tessons : 2 Nombre de tessons : 19 Nombre d’éclats : 0 Nombre d’éclats : 0

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Groupe 6

53 – 54 – 55 – 56 – 57 – 58 – 59 – 60 – 61 – 62 - 63 Nombre de tessons : 10 Nombre d’éclats : 0 Groupe 7

64 – 65 – 66

67 Nombre de tessons : 5 Nombre d’éclats : 0

68

Nombre total de tessons : 68 Nombre total d’éclats : 29

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RENSEIGNEMENTS POUR L’HISTORIQUE Annexe 2 : Morphologies de céramiques trouvées sur le site d’Augst (Suisse). Reconstitution d’un dolium Zürich-Lindenhof.

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Annexe 3 : Morphologies d’embouchures et de pieds de dolia ZürichLindenhof254

254

FURGER A., GESCHLER-ERB S. : Das Fundmaterial aus der Schichtenfolge beim Auster Theater. 1992, publication archéologique.

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Annexe 4 : E-mails du musée de Biesheim. E-mail 1 (09/10/14) : Bonjour Marianne, Je suis bien contente que le dolium soit arrivé à bon port. La personne qui a recollé le récipient a utilisé de la Super glue 3 précision (produit de la marque Loctite). Cela fait évidemment bondir les restaurateurs, nous en sommes conscients. Généralement les archéologues employent de la colle Pattex Contact, réversible, pour le remontage des céramiques, mais dans ce cas de figure, la pièce à coller était tellement grande et fragile qu’il a préféré se servir d’une colle plus forte. Le dolium a été déposé au musée en 2001 par le Dr. Gabriele Seitz et le Pr. Dr Nuber de l’Université Albert-Ludwig de Fribourg. L’archéologue bénévole, Daniel Woehl, a réalisé ce travail au printemps 2012. N’hésitez pas à me solliciter pour d’autres renseignements. Meilleures salutations

Bénédicte Viroulet Conservateur du musée Musée Gallo-Romain, Place de la Mairie, F-68600 Biesheim 03 89 72 01 58 b.viroulet@biesheim.fr

E-mail 2 (22/10/15) : Bonjour Marianne, Les grands esprits se rencontrent : j’évoquais votre travail pas plus tard qu’hier en me demandant ce que vous deveniez. J’étais à mille lieues de vous imaginer au Vietnam ! Quelle chance ! J’espère que cela s’est bien passé et que cette expérience a été profitable tant du point de vu professionnel que personnel. En ce qui concerne l’historique du collage du dolium : la personne qui s’est chargée de remonter la céramique travaillait habituellement avec de la colle Néoprène, plus précisément de la colle Pattex Contact. Lorsque des tessons récalcitrants résistaient à ce produit, il utilisait de la Super Glue. Voilà pourquoi vous allez probablement trouver 2 types de colle sur le dolium. Je vous souhaite une bonne continuation.

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E-mail 3 (02.05.16) :

Bonjour Marianne - en ce qui concerne la chronologie : cette forme est connue pour avoir été produite au Ier s. ap. J.-C. Il n’y a plus aucun doute à ce sujet à l’heure actuelle. D’autre part, les tessons de céramique trouvés dans le même contexte corrobore cette datation. Mais c’est sa position stratigraphique qui a permis d’en dater l’enfouissement : la fosse dans laquelle le dolium a été mis au jour se situe dans les couches inférieures de la fouille, sous les structures postérieures. Connaissant la période d’implantation du site (15 à 30 ap.J.-C.), on évalue l’enfouissement de ce dolium au Iers. ap.J.-C. - en ce qui concerne la chaine opératoire post-fouille : stocké dès le jour de son extraction dans les réserves de l’institut d’archéologie de l’Université de Fribourg (conditions de conservation correctes), le nettoyage manuel (eau et brosse à dent), séchage et conditionnement en sachets poligrip du matériel intervient immédiatement à l’issue de la campagne de fouille, par les mêmes étudiants qui ont participé à l’opération archéologique (dernier trimestre 2000). Le responsable d’opération, conscient de l’intérêt de cette pièce et de son possible remontage, a ramené l’ensemble des tessons à la conservatrice du musée gallo-romain (mon prédécesseur), entre 2001 et 2006 (?) afin qu’elle confie le remontage du dolium a M., Daniel Woehl, recoleur attitré de la fouille ! Ce qui fut fait ..... en 2010. Entre-temps, le dolium était stocké dans la réserve du musée, enveloppé dans du film à bulles, dans des conditions climatiques correctes : à l’abri de la lumière, HR = 40 % et T = 18°C. J’espère que ces indications seront suffisantes, n’hésitez surtout pas à me faire préciser ce qui vous semble peu clair. Bonne chance pour cette dernière ligne droite. Bien cordialement

E-mail 4 (04.05.16) : Bonjour Marianne, En règle générale, les céramiques du musée ne sont que recollées... Alors que certaines mériteraient effectivement un comblement des lacunes, à la fois pour gagner en consolidation et pour être plus significatives aux yeux du public. La raison en est bassement financière et managériale : nous n’avons pas “sous la main” de restaurateur compétent en la matière et l’administration municipale est.... comment dire..... peu encline aux déplacements physiques de ses agents hors du territoire municipal. Il faut savoir que cette réalité-là existe (de plus en plus) au sein des “petits musées de Province”. Ci-joint :  

des exemples de collage, tous effectués par la même personne (Daniel Woehl) à la demande du musée. des exemples de remontage+comblement des lacunes, anciens (années 1970 ), effectués par le fouilleur bénévole lui-même (Charles Bonnet). Autant vous dire que je refuse d’exposer ces horreurs en vitrine !

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Annexe 5 : E-mail de M. Decker Extrait (fin 2014) : qu'est-ce qui distingue les dolia des jarres? Pour ce qui est de la terminologie et la distinction jarre/ dolium le mot jarre est un terme générique de forme, défini dans l'ouvrage d'Hélène Balfet et alii : Pour la normalisation de la description des poteries publié au CNRS la jarre appartient à la famille du pot c'est à dire à l'ensemble des récipients fermés, munis ou non d'un col et dont le diamètre minimal est supérieur ou égal à un tiers du diamètre maximal. La hauteur , généralement comprise entre une ou deux fois le diamètre à l'ouverture, peut être sensiblement inférieure.« la jarre se distingue du pot par une plus grande taille moyenne et une plus grande profondeur comprise entre deux fois et trois fois le diamètre à l'ouverture. » opus cit. p. 16 Conclusion : le dolium relève de cette description mais le mot d'origine latine a, comme spécificité, de donner à cette « jarre » une indication culturelle : le mot appartient au monde romain. Il est donc un sous-ensemble de la famille des jarres, propre à la civilisation romaine. Ainsi, le Dictionnaire des Antiquités de Daremberg et Saglio, indique le fait suivant « Dolium : le tonneau a existé dans l'antiquité sous deux formes : 1er une grande jarre de terre cuite. 2. une futaille de bois (…) Nous n'avons à considérer ici que le premier genre qui est de plus loin le plus fréquent et le plus ancien. » En fait les grands récipients à col fermé existent depuis le néolithique comme éléments de stockage. A l'époque romaine, qui nous concerne ici, on peut considérer le dolium comme une amphore globulaire parfois de grande taille selon l'environnement dans lequel il est employé ;. Mais contrairement aux amphores, les dolia sont le plus souvent en usage fixe, engagés jusqu'à moitié dans le sol soit dans des caves, soit dans des magasins (horrea) et entrepôts. On connaît cependant des cargaisons constituées pour une part de dolia et pour une autre part d'amphores : (épaves de ladispoli, Porquerolles, Petit Congloué etc.) comme le rappelle F. Laubenheimer dans « Le temps des amphores, Ed Errance, p.118. Mais leur manutention est peu pratique ; Dans certains lieu de stockage comme à Marseille (ibidem)on installe des pompes pour transvaser le vin.

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Quelles denrées (non liquides) pouvaient-ils stocker en plus du grain? Que pouvait-on stocker dans les dolia ? On pense qu'on y stockait des grains, du vin, de l'huile d'olive, mais aussi des salaisons (poissons), du garum. Etaient-ils des objets de classe populaire ou aisée? Le dolium était très répandu, on en retrouve dans des villae ructicae. Pourquoi n'en retrouve-t-on plus après l'époque romaine? Durant l'antiquité tardive la société se transforme sous l'effet des invasions et la présence de populations d'origine germanique qui ont une organisation sociale et économique qui leur est propre. Aussi la culture matérielle est très différente, moins méditerranéenne. Les pratiques alimentaires sont autres. Le stockage de la nourriture, fumée ou salée, se fait certainement dans des greniers ou des caves, comme chez les peuples germaniques ou celtiques. Le tonneau de bois remplace la terre cuite. Cette évolution se fait à partir du IVe et Ve siècle, et les traditions de la culture gallo-romaine disparaissent petit à petit, Auriez-vous connaissance d'autres exemplaires de ce type? Si oui, dans quels musées/réserves seraient-ils conservés? J'avoue que cette question très précise me pose un problème. Je ne connais pas l'exacte répartition de ce type particulier. Il faudrait poser la question directement aux musées concernés par la conservation des objets archéologiques de Mulhouse, Colmar, le PAIR de Sélestatt et bien entendu le musée archéologique de Strasbourg. voilà quelques réponses. Je vous souhaite de joyeuses fêtes. Cordialement emile decker

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FICHES TECHNIQUES ET DE SECURITE Annexe 6 : Acétate de butyle

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Annexes 7 : Acétone

Annexe : Colle d’esturgeon

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Annexe 8 : Eau déminéralisée

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Annexe 9 : Ethanol

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Annexe 10 : Eva Art®

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Annexe 11 : Funori

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Annexe 12 : Klucel G®

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Annexe 13 : Mowital®

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Annexe 14 : Fiche technique Néoprène

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Annexe 15 : Fiche technique Parafilm®

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Annexe 16 : Paraloïd® B-44

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Annexe 17 : Peinture acrylique Liquitex®

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Annexe 18 : Plastiline®

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Annexe 19 : Polyfilla® enduit de lissage

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Annexe 20 : Polyfilla® enduit de rebouchage

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Annexe 21 : Varaform®

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