A l’automne 2004, Dominique Giry, président de l’Esa, Alain Pélissier, directeur, ont eu l’honneur et le plaisir d’inviter Sophie Calle pour un “workshop”. Le premier dédié à une discipline artistique.
Remerciements aux élèves, aux enseignants et à tous les services de l’administration qui ont permis la réussite de cet événement, particulièrement à : Anne Chaise, pour la recherche documentaire, Grégoire d’Amiens et Ihab Kalaoun, pour le traitement des images, Colette Janczyszyn, pour la relecture et les corrections.
Crédit des illustrations : © Guy Vacheret, 2004. © ESA Productions 1er trimestre 2005. Ecole Spéciale d’Architecture 254, boulevard Raspail 75014 Paris. Conception : Marc Vaye. Maquette : Philippe Guillemet. Dépôt légal : mars 2005. ISBN : 2-9521578-3-9
Sophie Calle
“L’école intime” Workshop Automne 2004
Avant-propos
Sophie Calle nous est apparue en star romaine, façon sixty’s, Autobianchi d’époque et lunettes noires. Légèrement en retard, elle semblait intimidée d’avoir à faire face à tant de monde. Il n’en fut rien. La règle du jeu ayant été préalablement négociée, la rencontre pris immédiatement la tournure souhaitée : un échange libre et fulgurant. Par chance, l’énoncé du travail demandé, texte et image inscrits dans un format A4, était parfaitement adapté aux dimensions de la publication visée. Ainsi, il n’y a pas de hiatus entre les propositions originales et leurs représentations dans la présente édition. ESA Productions
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Avant-propos
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Le jeu de la règle
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Sommaire
Editorial de Alain Pélissier
Concours
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Palmarès
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Projets lauréats
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Premiers prix ex-aequo
Projets lauréats
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Mentions
Projets présélectionnés
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Projets participants
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Eléments biographiques
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Eléments bibliographiques
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Le jeu de la règle Editorial de Alain Pélissier, directeur de l’Esa.
Inviter Sophie Calle à l’Ecole spéciale d’architecture, c’est marquer la place fondamentale et essentielle du texte dans la conception, qu’elle soit artistique ou architecturale. Le texte dans la conception même de l’œuvre est moteur de projet. Le concepteur est un auteur qui se trouve pour ainsi dire dédoublé dans un projet dont les deux hémisphères interagissent pour construire, grâce à une relation de réciprocité, un objet dans la réalité et une réflexion sur cet objet. L’exposition “Sophie Calle m’as-tu vue”, au Centre Georges Pompidou, du 19 novembre 2003 au 15 mars 2004, à la galerie 2 du niveau 6, a été l’éclatante démonstration de l’envergure de la démarche entreprise par l’artiste et sa parfaite maîtrise de la présentation de ses travaux, où le parcours du visiteur est une invitation à la lecture d’une œuvre pour tenter d’en comprendre le sens, ou de se construire une interprétation personnelle par le biais d’une manière de montrer. Le livre de l’exposition, qui porte le même titre qu’elle, est un chefd’œuvre éditorial, un bloc compact dont la tranche multicolore augure de la richesse de l’ouvrage et de sa complétude quant aux travaux présentés, en utilisant la diversité des supports pour le texte et pour l’image. Chaque œuvre de Sophie Calle est conçue comme un jeu sur une règle, où la déconstruction du sens et sa reconstruction par l’interprétation participent d’un même élan créateur.
Le jeu des possibles Le texte est un ouvroir d’art potentiel. Toutes les manifestations pour explorer les possibles sont convoquées en fonction du besoin de l’artiste. La filature, par exemple, est un procédé que Sophie Calle aime répéter à plusieurs reprises. Des Filatures parisiennes, en 1978-1979, à Une jeune femme disparaît, en 2003, Sophie Calle nous fait éprouver toutes sortes d’humeurs, de la légèreté à la gravité, à propos successivement : d’inconnus rencontrés dans la rue, suivis lors de leur parcours parisien, ou de leur voyage à l’étranger, de l’artiste elle-même par un détective privé qui doit rendre compte par écrit et en photographie de l’emploi du temps ; ou de cette jeune femme disparue, dont il ne reste que des négatifs calcinés retrouvés dans son appartement dévasté par le feu et des témoignages. Tout projet en engendre un autre, dont l’exposition en cours est le prétexte et le prélude à sa future utilisation par son concepteur : “J’ai rencontré, au Centre Pompidou,
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des collègues de Bénédicte Vincens. Ils m’ont appris qu’elle s’intéressait au comportement du public et souhaitait profiter de sa position de gardienne de musée pour étudier les visiteurs. J’ai décidé, lors de l’exposition “M’as-tu vue”, d’accomplir en son nom ce dessein”. Le plaisir naît là où on l’attend le moins, dans des actions ordinaires qui ne nous concernent que dans la mesure où l’on formule une hypothèse de jeu, appliquée avec méthode et résultat, à l’endroit de personnes croisées par hasard. L’intimité est rendue publique. Les lieux les plus personnels sont dévoilés : le lit, dans Les Dormeurs, en 1979, ou la chambre à coucher dans L’Hôtel, en 1981, sont l’objet de nouvelles exploitations différentes, dans la générique Chambre à coucher. Le lit se fait voyageur dans Voyage en Californie, en 2003, et la Chambre avec vue est surprenante, au quatrième étage de la tour Eiffel, lors de la Nuit blanche du 5 octobre 2002. La personnalité de l’artiste, son corps, ou ses histoires amoureuses et relationnelles, donnent lieu à des fictions fabriquées qui révèlent sa particularité et sa généralité en nous faisant partager ce qui la concerne par exploration voulue, entreprise et menée à son but, sinon à ses fins. Le texte est pesé, mûrement réfléchi et méthodiquement disposé, comme un sens architecturalement présenté. La réflexivité s’obtient à ce prix. On pense ici à certaines entreprises d’écriture, notamment celles de Georges Perec, ou aux autres auteurs de l’Oulipo et du Nouveau roman. Le travail avec l’écrivain américain Paul Auster prend ici tout son sens. Dans Le Régime chromatique de 1997, il s’agit de se limiter à des aliments d’une seule couleur par jour. Le livre devient prescriptif : Des journées entières sous le signe du B, du C, du W, de 1998, est un récit où Sophie Calle calque ses actions sur celles de Maria, du Léviathan de Paul Auster qui s’est lui-même servi du modèle de l’artiste pour créer son personnage. Ce qui est étonnant, c’est cette obéissance au livre dans ce qu’elle a de plus déraisonnable. La réalisation suit impérativement ce qui est ordonné par l’écrit ; mais c’est le sens qui se dérègle, par excès d’application d’une imagination au service d’un propos. Le projet, c’est cette prise de conscience de ce que la limite peut créer ; l’intention est portée à son accomplissement maximal, ce qui fait apparaître la vérité de la démarche engagée.
Le dérèglement des sens Les travaux de Sophie Calle peuvent être compris comme des contributions en vue de construire l’œuvre urbaine, au sens où les jeux qu’elle met en place révèlent des aspects étranges de nos quotidiennetés vécues ou rêvées. Quand on parle de ville, on entend trois choses différentes : la forme, la population et la manière de vivre aujourd’hui. Sophie Calle nous incite à questionner les villes par le sens ou les significations qu’elles prennent pour ceux qui les habitent et qui les traversent. Dans Les Anges, en 1984 : “Le 14 juillet 1984, j’ai été invitée à me rendre dans la ville de Los Angeles, durant les Jeux olympiques, afin de réaliser, en quinze jours, un travail in situ. J’ai décidé de poser une seule question aux gens que je rencontrerai : “Puisque Los Angeles est littéralement la ville des anges, où sont les anges ?”. La réponse de l’architecte Frank Gehry, sympathique mais banale, voisine avec celle de Richard 0’Neill, pour qui les anges sont les espagnols qui ont quitté une ville qu’on appelait Los Angeles et que l’on ne désigne plus que par ses lettres L. A. Sur Jérusalem, l’artiste questionne l’erouv, cette obligation au repos absolu en période religieuse de la Loi juive : “Le périmètre entouré par l’erouv devient un espace privé et il est permis d’y transporter des objets, durant le Shabbat”.
L’espace ritualisé est entouré de pylônes reliés par un fil d’acier. “Selon la Torah, dans toute ville entourée d’un erouv, le domaine public peut être considéré comme un territoire privé”.
dans le bain de Bonnard : “J’ai remplacé le tableau manquant par ces souvenirs”. Non finie cette œuvre si maîtrisée ? Telle est la question que chacun peut se poser autrement : infinie ?
Dans Souvenirs de Berlin-Est, en 1996, l’artiste s’appuie sur les traces des symboles qui ont été effacés après la chute du Mur, en donnant la parole aux passants qui sont conviés à décrire leurs souvenirs : l’œuvre travaille contre l’oubli.
Unfinished, avec Fabio Balducci, de 2003, est un projet commencé en 1988, jugé d’abord insatisfaisant, repris par l’artiste pour se libérer de cet échec. Au lieu d’abdiquer, il faut réaliser, pour passer à autre chose. “Le temps passait, je ne trouvais pas, j’ai repoussé l’offre de la banque. Je persistais à penser que ces images ne se suffisaient pas à elles-mêmes. Le texte manquait. Ce texte qui me colle à la peau. Ma marque de fabrique : “image et texte”. En montrant des documents trouvés, sans apport vécu de ma part, je ne collais pas à mon propre style”.
Si l’objectif fixé à l’art moderne a été de “rendre visible l’invisible”, on se rappelle les écrits de Paul Klee, Sophie Calle prend l’expression au sens littéral. Pour Les Aveugles, en 1986 : “J’ai rencontré des gens qui sont nés aveugles. Qui n’ont jamais vu. Je leur ai demandé quelle est pour eux l’image de la beauté ”. Ainsi, les réponses frappent par leur force de suggestion : la mer à perte de vue ; la femme de Rodin et son corps érotique ; les poissons qui ne font pas de bruit. “Dans les longs cheveux des femmes, je m’enroule, je fais le chat et je miaule”, dit l’un des aveugles, qui affirme : “Je crois ce que je veux”. Dans La Couleur aveugle, 1991, ce que perçoivent les aveugles est confronté aux textes d’artistes sur le monochrome. Dans Fantômes, 1989-1991, il s’agit de décrire ou dessiner le tableau prêté, le Nu
Dans les relations que tisse Sophie Calle, la quête de sens se passe dans le jeu entre texte et image. Ce que le texte dit, il l’écrit. Ce que le texte ne dit pas, l’image le montre. La notion d’auteur est au centre de la conception. La démarche de l’artiste en quête d’elle-même comme auteur nous révèle la dimension essentielle, valable pour l’architecte, de celui qui désire parvenir à donner du sens à l’œuvre qu’il entreprend : qu’il soit un auteur, au départ de son projet comme à la fin.
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Concours
Initié par le passage à l’école de Sophie Calle le 28 octobre 2004, une rencontre-entretien sous forme de questionsréponses, le workshop s’est déroulé du 29 octobre au 2 novembre 2004. Le sujet du concours, formulé par le directeur de l’école, Alain Pélissier, a pris la forme d’une interrogation fondée sur le thème de “l’école intime” : “Quelle est la question que vous auriez toujours aimé poser à votre école ?” La forme de l’œuvre de Sophie Calle, qui associe intimement texte et image, entre en résonance avec les objectifs pédagogiques définis dans les exercices de dossiers et de mémoires qui visent à forger les outils d’une recherche en architecture à la fois comme approfondissement du projet et comme apprentissage du savoir discourir. L’ensemble des élèves a été invité à répondre individuellement à la question. Il était demandé une composition au format A4 vertical comprenant une photographie dans la moitié supérieure et un texte d’environ vingt lignes dans la moitié inférieure, montée sur informatique au format acrobat .pdf, l’image au format .jpeg, le texte au format vectoriel. Le dépôt des propositions a été réalisé via le site internet de l’école.
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Le 24 novembre 2004, les 169 propositions, tirées sur support papier, ont été examinées par un jury présidé par Alain Pélissier, directeur de l’Esa, et composé de : Catherine Weinzaepflen, Michel Denès, Jean-François Erhel, Lionel Lemire, Guy Vacheret, enseignants, Claire Chevrier, professeur invitée, Laura Bouday, étudiante.
Suite à la présélection de 67 propositions, le jury a établi le palmarès suivant :
Palmarès
Premiers prix ex-aequo : Jean-Baptiste André 2.2 * Anne-Emmanuelle Bauer 4.1 Guillaume Dewitte 1.1 Hannah-Léa Fayette 1.1 Thomas Gimbert 1.1 Yohei Iizuna 2.2 Alexandre Pachiaudi 5.1 Isabelle Schmitz 2.1 Mentions : Gabriel Arnaud 2.1 Zineb Arraki 2.1 Emilie Duley 1.1 Gaël Forlot 5.1 Camille Lacadée 2.1 Ji Won Lee 1.1 Jefferson Riffat 1.1 Joachim Silvestre 1.2
* les indications qui suivent les noms des élèves expriment leur niveau d’études. 2.2 : élève de deuxième année, semestre 2. E : élève des échanges internationaux.
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Et vos étudiants vous les voyez comment ? Tout comme les neuro-chirurgiens et les psychiatres, les membres d’une équipe pédagogique ont le privilège de pouvoir travailler sur la matière grise de leurs étudiants. Et là, la question se pose : comment l’école perçoit-elle ses propres élèves ? Sont-ils des patients atteints d’obscurantisme, mal inhérent à tout étudiant. Ou bien sont-ils, comme les cours en amphithéâtre tendraient à le montrer, des sortes de moutons de Panurge que l’on tente de mener vers un but ultime. Une sorte de production en série nécessaire pour répondre au besoin de la société. Ou sont-ils comme les cours de projet en donnent l’apparence, les avatars d’une œuvre artisanale, chaque modèle produit devant être unique et traité en tant que tel afin d’en révéler la spécificité propre. Bref l’étudiant serait-il un mélange de tout ça ? Mais dans ce cas est-il vraisemblable d’être le patient d’un neuro-chirurgien fabriquant en série des moutons différenciables les uns des autres ?
Jean-Baptiste André 2.2 Premier prix ex-aequo
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Quelles sont nos limites ? Repères physiques d’un espace ? Enceinte d’un domaine ? Ou bien domaine d’action d’êtres animés par une même passion ? Les limites sont-elles celles d’une communauté, sont-elles individuelles ? Méandres de pensées teintées de raisonnements rigoureux et de rêves projetés. Quelles sont nos limites ? Abscisses, ordonnées ? Superpositions, distorsions, perception ? Sont-elles la peur de nos propres vacuités ? Sont-elles dans l’éphémère de nos actes, poétique d’une émotion impalpable ? Grilles de méthodes qui filtrent nos flots d’idées créatrices et canalisent nos élans d’espoir pour la construction de sociétés en devenir. “À-plat” chromatique ou immensité cosmique qui ne saurait se laisser capturer ? Où sont nos limites ? Braver nos démons intérieurs. Respect de nos propres règles éthiques. Véracité de nos identités. Où s’achèvent nos traits, où nos utopies prennent-elles naissance ? Quelles sont nos limites ? Où commencent nos actes, où s’arrêtent nos patiences guidées par des sentiments d’espoir inébranlables ? Le meilleur de nos productions n’est-il pas dans nos pensées ? Nos rêves ne sont-ils pas plus concrets et constructifs que les édifices derrière lesquels nous nous protégeons ? Quel sera le plus immortel et incapturable de nous-même à travers les mutations intemporelles. Capter la beauté d’un instant. Perception, distorsion. Consistance et densité. Temps et incertitudes. Quelles sont nos limites ?
Anne-Emmanuelle Bauer 4.1 Premier prix ex-aequo
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Cette moto a toujours été là. Le matin, à midi, le soir, la nuit. Au début, on y prête attention. On s'interroge. Puis on s'y habitue, jusqu'à oublier sa présence.
Elle est là pourtant, omniprésente. Du jardin, des ateliers, de l'ascenseur, on la voit. On passe à côté, on téléphone près d'elle. Elle est devenue, petit à petit, notre moto. Est-ce que cette moto est devenue comme notre école ?
Guillaume Dewitte 1.1 Premier prix ex-aequo
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Le mystère du jardin de l’Ecole spéciale d’architecture Je me suis toujours demandée quelle était l’origine de l’aspect chaotique de ce jardin avec ses creux, ses vallées, ses collines et ses recoins obscurs. J’ai longtemps cru qu’il avait été terminé à la hâte pour une raison restée mystérieuse, et j’avais même développé une thèse à ce sujet : un assassin, meurtrier de vieilles dames, a enterré ses victimes dans ce jardin. Ainsi les collines sont les tombes de ces vieilles dames. Il y a peu de temps, j’ai appris que sa forme fantomatique était dûe au fait que l’œuvre du paysagiste était, comment dirais-je, mortelle ?
Hannah-Léa Fayette 1.1 Premier prix ex-aequo
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Thomas Gimbert 1.1 Premier prix ex-aequo
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Yesterday I thought about open and closed spaces. And today I thought about private and public spaces. This morning I saw a naked model from the garden in the school. There was no curtain for her in the room. She was changing her figure with elegance. I looked at her for five seconds and thought that she had beauty of an androïd. I neither saw her face nor her thought. And I left there. Afterwards I found out that I needed to think about semi-private space. I’m still thinking about the question.
Yohei Iizuna 2.2 Premier prix ex-aequo
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Alexandre Pachiaudi 5.1 Premier prix ex-aequo
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Douleur d’être.
Isabelle Schmitz 2.1 Premier prix ex-aequo
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Y a-t-il suffisamment d'ĂŠchanges en ces lieux ?
Gabriel Arnaud 2.1 Mention
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Je suis née un 4 février 1984, bercée dans une famille qui avait déjà le cul entre deux chaises. Mon univers allait être celui de la contradiction, de l’incohérence, du paradoxe ; on m’inculquait des choses, des valeurs, un chemin à prendre et pourtant la vie m’en apprenait un autre. Chez moi, tout paraissait facile, gentil, rose, dehors tout est dur et sec. Gamine, je me blottie dans ces paroles mielleuses, minette, je me réfugie dans ce “dehors“ pour lui survivre, mon cocon n’est plus qu’une utopie inconcevable, un rêve cauchemardesque. Mes 18 ans, mon baccalauréat, mon avenir, puis l’architecture, parce que chez moi les murs ont une âme et que la ville devrait en avoir une. Luminy, loin de mon refuge, la vie et la ville me rattrapent à grands pas. L’âme ne serait-elle qu’illusion ? Septembre 2002, Paris, une ville, un quartier, un boulevard, une école, des rencontres, une rencontre ; des paroles, des mots, des phrases, des phrases qui résonnent dans ma tête, des phrases qui font percevoir, percevoir que les paroles mielleuses existent, qu’il suffit de vouloir les voir partout, qu’elles nous entourent, qu’elles sont là, l’illusion prend tout son sens, l’utopie est réelle.
Zineb Arraki 2.1 Mention
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Enseignement au mérite
Protocole 1) Arriver dans les ateliers le matin vers 9 heures. 2) Chercher une chaise autour des tables de votre atelier. 3) Si visiblement il n’y a plus de chaises, chercher un tabouret. 4) S’il n’y a plus de tabouret autour des tables de votre atelier, se tourner vers les ateliers mitoyens. Ensuite essayer le dernier atelier de l’étage. 5) En dernier recours, monter au 6ème étage et voler un tabouret dans un autre atelier.
Pourquoi devons-nous jouer aux chaises musicales ?
Emilie Duley 1.1 Mention
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“Je ne connaitrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.” Frank Herbert, Dune.
Gaël Forlot 5.1 Mention
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Bref, ma question serait, si j’en possédais une : quelle étrangère serais-je devenue loin de toi ?
Camille Lacadée 2.1 Mention
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J’étais assise devant la porte. J’étais absente. Il faisait beau... bleu... automne 2004.
Ji Won Lee 1.1 Mention
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Le 29 octobre 2004 à 18 heures, devant l’Esa, un passant se fait abordé par un étudiant. Surprise, il le questionne sur l’aspect extérieur de l’Esa. Réponse : elle est classique, son bâtiment est banal, rien de particulier. Ah ! C’est une école d’architecture. Hésitation, l’individu scolarisé propose de pénétrer les lieux. Réponse à votre question, stop. Choc : le space dandy s’exclame que ce lieu est un fumoir, que c’est bien le style actuel des jeunes qui fument trop. Regret : l’apprenti architecte se repent.
Profs sympas, stop. Etudiants sympas, stop. Cool artiste détendu, stop.
Transition : l’élève artiste mène le témoin dans la cour. Passage par la machine à café, le passant critique : c’est convivial, sympa pour ce qu’on a à demander d’un bar, le plafond est bas. L’étudiant soupire mais ne s’arrête pas. Arrêt : apercevant la cour le promeneur craque : mon dieu ! C’est bordélique, sale, au niveau architectural il n’y a rien. Soulagement : l’esalien le remercie avec un sourire noir et l’invite à sortir, il claque la porte.
Jefferson Riffat 1.1 Mention
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Le prologue : ça y est ! Les personnages sont en place, la passante se rapproche, l’étudiant va la questionner sur sa vision de notre intime, les générations vont se confronter sans vraiment se comprendre. L’étudiant : bonjour madame je suis étudiant à l’Esa, j’aimerais savoir comment vous percevez notre école ? L’habitante du quartier : bien, sauf quand vous y faites des soirées. L’étudiant : et les étudiants qui y travaillent ? L’habitante du quartier : Ils ont l’air sympathiques. L’étudiant : Voulez-vous entrer pour donner votre avis sur l’intérieur ? Ils entrent dans le hall. L’habitante du quartier : J’aime beaucoup le fait que ce soit éclairé par la lumière du jour. Ils avancent vers le bar. Votre bar n’est pas très beau. Elle insiste. Pas très beau pour une école d’architecture. L’étudiant un peu vexé fait un sourire approbateur. Ils se dirigent maintenant vers le jardin. Le jardin est beau mais je n’aime pas le style contemporain. A partir de ce moment tout va se passer très vite, l’étudiant espère une autre réaction que celle, typique des personnes d’un certain âge, qui ne vivent que dans leur passé et sont dépassées par leur présent. Elle essaye de se rattraper, mais ne trouve pas les bons mots. Les colonnes sont belles.
Quelle est la question que j’aurais toujours aimé te poser ? - Eh bien, tu ne le sauras pas. - Si je te la pose, ce n’est plus “la question que j’aurais toujours aimé te poser”. Elle perd son charme et devient “la question que je t'ai posée”. Elle restera un secret pour rester "celle que j’aurais aimé te poser". - A ton avis, “quelle question aurais-je aimé te poser ?” est-elle celle que je te pose ? -… - Quoi ? Je n’entends pas, tu ne réponds pas ? - Nous garderons nos secrets. C’est ainsi que nous sommes intimes.
Joachim Silvestre 1.2 Mention
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Je ne les connais pas. J’y ai cru, mais j’y renonce.
Me connaissent-ils pour autant ? Non, j’en suis sûr. Il m’est impossible de les connaître. Paradoxe.
Qui sommes nous ? Je les connais sans les connaître. Ils me voient, je les vois, on se parle, on se côtoie, nous existons, ils pensent, ils disent, nous vivons. Ca ne me suffit pas, il m’en faut plus. Impossible. Inconnu, incompris, oui. Je le ressens. Se contenter d’un prime abord. Relations superficielles, le plus souvent intéressées. Inconscient ou désiré, demandez nous. Passif. Subir.
Pourquoi ne pas agir ? Lâcheté, encore et toujours. Incompréhension.
Félix Millory 1.2 Projet présélectionné
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Peut-on vider un lieu ? “Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme”. Je suis parti de cette loi universelle pour étudier la notion de plein et de vide dans l’espace. Une salle pleine est-elle plus remplie qu’une salle vide ? Si l’on retire le bruit d’une salle, si l’on retire les gens, si l’on aère cette pièce pour retirer les odeurs, si l’on prend une photo et que l’on sort de cette pièce avec cette photo pour éliminer la possibilité de toucher, que reste-t-il ? La salle est-elle endormie, voire même morte ? Pourtant si l’on regarde la photo, la pièce parait chargée de sensations par son atmosphère car le silence est pesant et s’impose brutalement. Des bruits se font surprendre même, trop légers et trop fins pour se livrer facilement. Le mystère apparaît accompagné de toutes les références psychologiques dont il a la charge. L’espace même se rigidifia et la séparation entre l’extérieur et l’intérieur n’a jamais paru autant perméable. Enfin, les souvenirs nous remplissent les yeux de ce que l’on a déjà vu. Non, la nuit l’école n’est pas vide, la nuit l’école se remplit de l’absence de ses visiteurs du jour. Les cris, mélangés à de la musique, s’atténuent pour laisser entendre des discussions bien distinctes, puis des chuchotements, enfin des bruits de pas qui cognent sur le carrelage, stoppés net par le claquement d’une porte.
Pierre-Louis Gerlier 3.1 Projet présélectionné
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Une des particularités de l’Esa est la barrière si courante qui existe habituellement entre les étudiants selon leur niveau d’étude. Il est possible de demander de l’aide ou des conseils. L’Esa apporte cela et je me demande alors pourquoi cela se passe ici et pas ailleurs.
Laurence Bouchard 1.1 Projet présélectionné
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Je suis arrivé, je t’ai tout de suite remarquée. Immense, splendide, lumineuse dans ton habit d’été. Mais tu m’as ignoré. Je me suis fait une raison. Depuis ce jour, je pense que ton regard a été aveuglé par la foule. Je t’ai d’abord regardée, observée, lorgnée, puis on s’est lorgné, observé, regardé. La magie a alors opéré. On a appris à se découvrir, à passer du temps ensemble. Tu m’as présenté ta grande famille, je t’ai montré la mienne, tout allait pour le mieux. Au fur et à mesure, tu m’as offert ton amitié, tu m’as aidé à progresser et tu vas continuer à le faire. Je t’en remercie. Mais tu me fais souffrir. J’en ai quitté une autre pour te retrouver et je ne sais pas ce que tu attends de moi. Tu es en train de bouleverser mon esprit, mon questionnement est infini, je ne sais plus quoi penser de toi. Tu me fais avancer et tu recules, je recule, tu avances.
Ecole ! Où m’emmènes-tu ?
Benjamin Brousse 1.1 Projet présélectionné
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Ecole Intime ?
Solenne Brugiroux 1.1 Projet présélectionné
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Les mains baladeuses !
Monsieur Pélissier, votre question repose sur deux points troubles. Comment est notre école et, posons nous toujours les questions que nous nous posons ? Le problème dans votre question est que vous affirmez l’existence d’une entité formelle ou spirituelle nommée école et, que nous ne nous posons pas toujours ces fameuses questions qui titillent. Je pense que nous devons nous dé-Caller, exorciser le contexte qui nous fascine, nous trouble et nous a façonné. Il faut faire un pas de côté, considérer la question de l’extérieur, par rapport à l’ensemble de ses référents, leurs portées et leurs implications. Il faut marquer le pas entre tout ce que l’on étudie et tout ce que l’on délaisse. Il faut conserver cette unité de conscience, précieusement, tout contre son cœur. Nous sommes un don à la vie ! Elle écoute la mélodie de nos pulsations conjuguées en un formidable egregor tissant les trames de l’inconnu, nous ouvrant les portes de la création. Mais au fait, quelle était la question ?
Maxime Gimbert 2.1 Projet présélectionné
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Te souviens-tu de nous ? L'école gonfle nos esprits de souvenirs, de connaissances. Elle ne nous appartient qu'un temps, mais reste en nous toujours.
La réciproque est-elle vraie ?
Aure Delaroière 2.1 Projet présélectionné
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Esa : mode d’emploi Attention : l'abus d'Esa peut entrainer des pulsions obsessionnelles créatrices d'art contemporain. L'utilisation de l'école peut donc poser quelques problèmes, aussi ce guide d'utilisateur pourra aider l'étudiant à en tirer le meilleur parti.
Etudiant : mode d’emploi Le cursus : prenez un étudiant diplômé du baccalauréat au moins. Grâce au logiciel “plug and play”, aucune série spécifique n'est requise pour une bonne utilisation de l'Esa. Vous pouvez aussi opter pour un étudiant ayant obtenu une équivalence du baccalauréat à l'étranger. La tenue : pour l'étudiant de 1ère année, habillez le avec un sac poubelle qui tombe jusqu'en dessous du muscle fessier. A partir de la 3ème année, préférez des habits plus classiques, de couleur noir, qui le rendent relativement filiforme. Le comportement : apparence d'intellectuel, autrement dit, il doit s'intéresser et prendre parti à toutes les conversations qui portent sur un livre, un film, une exposition. Extrêmement sociable, il partage facilement ses opinions. Ce comportement peut lui permettre d'acquérir un certain niveau de popularité favorable à son carnet d'adresses. Attention, il est possible que l'étudiant ait une double personnalité. A l'extérieur de l'école, il peut délaisser son rôle d'intellectuel sous prétexte que ses opinions artistiques n'intéressent pas ses proches ! La passion pour l'art : l'étudiant doit absolument avoir une passion immodérée pour l'art contemporain. Il devra donc assister au moins une fois par semaine à une exposition, une performance ou un ballet contemporain. Il devra donc apprendre à bailler sans se faire remarquer. Les voyages : l'étudiant doit être multiculturel. Il est préférable qu'il ait voyagé ou ait vécu à l'étranger. Il sait parler au moins cinq langues et pas forcément le français. Le sens de la fête : il est primordial au sein de l'école. Il sait s'amuser : il peut boire et bizarrement, même quand il a bu, il n'est jamais saoul. Même quand il est épuisé, il n'a pas sommeil. L’ ambition : l'étudiant doit être très ambitieux, il veut ouvrir son agence quelques heures après avoir obtenu son diplôme, travailler sur des projets qui lui permettront d'être reconnu mondialement et construire le monument qui lui vaudra le prix Pritzker. Les défauts : l'étudiant est toujours trop occupé pour réaliser ses projets.
L'école : mode d’emploi Le hall : officiellement le hall est le principal lieu de sociologie, l'escalier situé à l'intérieur du hall est un lieu de discussion, devenu fumoir, à la limite de l'aquarium. Le bar : c’est le lieu de ravitaillement, sa géographie reste encore inconnue, il s'étend du jardin aux ateliers mais se trouve rarement dans les poubelles. Le jardin : hybride entre le palais de Tokyo et le cimetière Montparnasse, il est l'endroit de regroupement des étudiants non frileux et/ou fumeurs, c'est aussi un lieu très agréable pour déjeuner et pique-niquer. Les ateliers : ce sont les lieux les plus importants de la vie des étudiants, ils sont d'ailleurs sauvagement décorés par ceux-ci. Les sanitaires : retenez-vous. Les professeurs : leurs différentes personnalités nous empêchent de vous offrir leur mode d'emploi, il est donc impossible de vous expliquer comment se les mettre dans la poche. Dommage. Pour tout autre renseignement demander à l'administration : compter en moyenne 50 minutes d'attente.
Keren Djian 1.1 Projet présélectionné
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J’aimerais accoucher de projets plus emprunts de philo Sophie, mais là, je Calle.
E.S.A.* Crois-tu seulement qu’un jour, tu puisses changer ?
* Un étudiant sensible et appliqué.
Georges-Olivier Mondo 3.2 Projet présélectionné
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M T C P
’
A
O R I
S
S U M E
Guillaume Van Wassenhove 4.1 Projet présélectionné
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JE CHANGE. Tu te métamorphoses.
Lyes Azzabi 1.1 Projet présélectionné
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Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Et leur disposition ?
Mariem Benchekroun Belabbes 1.1 Projet présélectionné
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Une errance de vie... Une école... Un avenir...
Jean-Charles Content 3.2 Projet présélectionné
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doutes. choix. lequel ?
00 heure 04 Nous sommes quatre dans l’atelier du 4ème étage au 254 boulevard Raspail. Musique électro-acide pour ambiance. Il fait aussi noir dehors que mes habits et mes pensées le sont. Esa, quelle trace garderas-tu de nous ?
Selma Feriani 3.2 Projet présélectionné
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Regard Il pourrait rire, pleurer, aujourd'hui absent, regrets. Esa, vendredi 29 octobre 2004.
Raphaël Fournier 3.1 Projet présélectionné
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La poésie de l’individu semble se perdre, comme une matière oxydée par l’agression urbaine. L’architecte a-t-il l’ambition de donner une dimension poétique à l’urbanisme ?
Alexandre Jaussaud 1.1 Projet présélectionné
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Dans la formation d'un architecte, c'est peut-être la quête qui importe le plus.
Pensez-vous qu'il faille conduire les futurs architectes de l'observation à la découverte, de la découverte à l'invention et finalement les pousser à donner intuitivement à notre environnement une forme artistique ?
Eugénie Frémiot-Vicente 2.1 Projet présélectionné
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Caillou penses-tu avoir vieilli ? Depuis quand gîs-tu ici ? 1909, étais-tu là ? Des éternités. Certainement pas. Combien de rayons de soleil ont caressé ta face lisse et réchauffé les angles abrupts ? Supportes-tu les colères de l’averse ? Comment vit-il les heures qui coulent, les jours qui s’enfuient ? Te sens-tu entier ? Tergiverser sur une existence éternelle qui s’émeut d’un changement constant. Témoin. Caillou, sens-tu le poids des passants t’écraser ? Solitaire parmi tant d’autres. J’effleure sa carapace, me percevra-t-il un jour ? Parle moi de ton vide, révèle toi, exprime toi ? Je veux saisir son essence. Et ce jardin qui t’accueille ou t’emprisonne, lui-même qui désire tant changer sans jamais être pareil, t’a-t-il remercié de ta présence ? Flâner parmi les feuilles qui valsent dans les airs, création nature. Disparaître ou perdurer. Le sol aspire à l’élévation, voltigeras-tu ? Et maintenant que tu es là, nu face à nous, réponds moi : caillou penses-tu avoir vieilli ?
Radia Lemseffer 2.1 Projet présélectionné
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Comment me perçois-tu ? Comme chaque matin, je pénètre à l’intérieur de toi. Comme chaque matin, un premier contact s’instaure entre toi et moi, D’espace en espace, de porte en porte. Comme chaque matin, je ressens ta douceur, ta lumière et ta moquette. Comme chaque matin, je partage avec toi un travail collectif et personnel. Comme chaque matin, je partage avec toi un regard et une parole échangée. Comme chaque matin, je partage avec toi un lien profond, secret et familier. Comme chaque matin, je touche ta joie de vivre !
Marie-Thérèse Do 1.1 Projet présélectionné
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Pourquoi l’école est-elle si sale ? Pourquoi des couleurs si claires ? Pour révéler la saleté. Tant de cigarettes et d’immondices, par terre et sur les tables. Et le jardin ? Mérite-t-il ce nom ? Et la cafétéria ? De la fumée de cigarette et de la pollution. Cet environnement n’est pas idéal pour inspirer les élèves. Dans le jardin, j’ai trouvé une fleur, une seule, cernée par la pollution. J’ai vu son cri.
Abdul Rahman Ajineh 1.1 Projet présélectionné
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On passe 5 ans à l’Esa, au minimum, soit 20% de notre vie. On a la chance d’avoir un des plus beaux cimetières parisiens à côté de nous, et certaines tombes sont de véritables œuvres d’art. Ce serait bien si on pouvait avoir une concession incluse avec la scolarité. Le montant suffirait, ce montant qui tue mes parents un peu plus chaque jour et qui va bientôt les envoyer dans la tombe.
Olivier Amat 3.1 Projet présélectionné
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Qu’est-ce que l’école sans l’élève ? Sans l’élève, l’école se sépare de son statut d’institution pour ne conserver que celui du lieu. Ce lieu perd alors à son tour une partie de son sens puisqu’il n’est plus le serviteur fonctionnel de l’institution. Sans l’élève, l’école se compare à un théâtre jouant d’année en année la même pièce sans public. Sans l’élève, l’école devient une ruine aux murs résonnant d’année en année des discours de professeurs enseignant au néant. L’école n’est ainsi plus qu’un lieu d’errance des fantômes d’élèves qui auraient pu être les siens. L’élève a besoin de l’école pour apprendre, mais l’école a besoin de l’élève pour vivre.
Léopold Lambert 2.1 Projet présélectionné
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Ma première réaction a été de me dire que je n’avais aucune envie de poser une question à l’école. Cela me semblait incongru, comme un amnésique qui sait quelque chose sans savoir comment il le sait. J’ai donc voulu en savoir plus et comprendre. Il me semble que je fais partie de cette école. Quelle curieuse idée alors que de la questionner sur son intimité ? Quelle réponse l’école pourrait-elle me donner sans que j’y sois associé ? Questionneur et répondeur, cela ressemble fort à un exercice d’introspection. Pourquoi pas ? Il me restait encore une interrogation. Pourquoi poserais-je une question à l’école ? Qu’est-ce que cela pourrait m’apporter ? En quoi serait-ce important pour moi ? Est-ce pour mieux la connaître, rentrer dans son intimité ? Oui, rentrer dans son intimité pourrait peut-être m’apprendre sur moi. Mais je sais que ce n’est pas en posant des questions que l’on apprend à connaître l’intimité d’autrui, mais en la vivant, en l’apprivoisant, avec du temps. L’intimité se vole ou se vit, mais elle ne se questionne pas. Je me suis souvenu également que souvent les questions étaient en elles-mêmes porteuses de leur propre sens. J’en ai certainement appris bien plus par cette question que par une hypothétique réponse à toutes mes questions. Il me reste toujours à poser ma question. Pourquoi poser précisément cette question ?
Eric Sontag 3.1 Projet présélectionné
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Qu'est-ce qu'une école intime ? Comment trouve-t-on de l'intimité dans une école et qu'attendre d'une école intime ? Est-ce que ce ne serait pas par rapport aux éléments qui la composent qu'on pourrait supposer une quelconque intimité ? Si on parle du lieu où se tient l'école même, qui ne serait certainement pas le premier lieu d'intimité pour moi, ce lieu cherche avant tout à servir ses espaces de la manière la plus utile possible, toutefois en laissant une certaine place à l'échange. Echange qui nait de la volonté d'une personne de vouloir faire profiter de ses connaissances et de son savoir-faire un grand nombre de personnes. Dans un cours magistral je trouve l'intimité réduite à sa plus simple expression. Reste les ateliers ou les plages de temps libre. Le temps libre laisse place à toute l'intimité désirée pour peu que l'on se trouve avec ses amis. Pour ce qui est des ateliers, il y a déjà une intimité plus restreinte, où chacun va doser la présentation de sa chose intime. Lorsque les premières intuitions du projet ont correctement été décriptées, il est possible de filtrer pour laisser ressortir les émotions les plus utiles, afin de permettre une bonne présentation ; ce qui ne reste, en quelque sorte, qu'un jeu. Le jeu qui vaudrait le plus la peine d'être exploré, est, sans aucun doute, tous les grands possibles de la vie, de sa vie. Et d'ailleurs, ne dit-on pas que la meilleure école est celle de la vie ? En tout cas pour la mienne, elle sera mon école la plus intime.
Thibault Faÿ 2.1 Projet présélectionné
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Que fais-tu du temps qui passe ? Bâtis-tu des chimères, ou construis-tu notre avenir ? Mon école intime n'a pas de lieu, elle se dessine dans le ciel au gré des nuages. Mon école, c'est la vie.
Vincent Tarroux 4.1 Projet présélectionné
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Pourquoi apprendre ? La réponse évidente serait : apprendre pour être plus à même de créer des espaces architecturaux valables, pour pouvoir se présenter à des concours, travailler dans un cabinet d’architecte, ou autre... Mais si nous partons du fait que la vie n’est qu’apprentissage, alors qu’est-ce qui nous motive à apprendre ou à vivre ? A nous ouvrir ou à nous refermer ? Beaucoup associent école à notes ou jugements. Mais vit-on vraiment pour être jugé, qui plus est par les autres ? Et le jugement qui s’impose à un moment ou à un autre est-il vraiment aussi important que nous le croyons ? En même temps, nul ne niera que le progrès naît du jugement. Une fois que l’on a distingué ce qui est faux ou vrai, bien ou mal, alors on est plus à même de ne pas répéter ce qui a été identifié comme une erreur. Parce qu’apprendre, c’est avant tout se construire, avec le lot d’erreurs que cela comporte.
Charles-Eric Edwards 1.2 Projet présélectionné
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Les dessous de l’Esa
Marie-Charlotte Chandès 1.1 Projet présélectionné
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vous ? Pourriez-vous faire de nous de grands architectes ? Et
Linda Amous 1.1 Projet présélectionné
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Lors de leur déplacement, les mâles ne vident pas d’un trait le contenu de leur vessie, mais ils le fractionnent. Sprague et Aniskoon ont observé jusqu’à 80 mictions en 4 heures, de telle sorte que de petites quantités sont émises à certains endroits précis, l’angle d’un mur, un poteau, un arbre, un objet qui se distingue des autres par sa forme, sa situation ou son odeur propre. La miction en position debout, patte levée, du mâle adulte, permet une dispersion plus élevée et meilleure du liquide. Pour Bekoff, ce comportement constitue de plus un signal visuel. Ce comportement éliminatoire est souvent suivi d’un grattage du sol. Ce geste est un signal visuel en lui-même. Les marques qu’il provoque en sont également un. De plus, ces traces peuvent être imprégnées de l’odeur des glandes cutanées des coussinets plantaires. Traditionnellement, il est d’usage de dire qu'il marque son territoire, parce que ce comportement de miction avec dépôt olfactif a été décrit et expliqué en premier lieu chez des espèces animales territoriales chez lesquelles ce marquage empêche les autres individus de pénétrer dans la zone ainsi délimitée.
Pourquoi ? Pierre-Antoine Bonamour 2.2 Projet présélectionné
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Je suis prête à vous donner de mon temps et de mon argent. Qu’avez-vous à me proposer en retour ? Une nouvelle vie commence. Changements, découvertes. Un départ, un déracinement et pour finir bien sûr un emménagement. Je suis projetée dans un univers qui m’est absolument inconnu. Eveil, nouveauté. Comment être sûre que tout cela en vaut la peine ? Que vais-je devenir ? Qu’allez-vous m’apporter ? Cela me plaira-t-il ? Tant de questions auxquelles je ne peux encore répondre. C’est trop tôt. Attente, écoute, rigueur et créativité. Je m’applique à me donner toute entière, sans artifices, sans tricheries. Je suis livrée à cette école. Ma vie future, mon avenir en dépend. N’est-ce pas un trop lourd poids pour vous ? Serez-vous à la hauteur de mes espérances ? Je travaillerai autant qu’il le faudra, prête à faire le maximum, sans relâche. Maintenant c’est à vous de me séduire. Mais n’est-ce pas déjà fait ?
Marine Bouvier 1.1 Projet présélectionné
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Tous formés dans un même moule ? L’école est-elle un gros moule à gâteaux ? Sommes-nous tous des petits cakes ?
Tous poussés depuis toujours à être les meilleurs, à avoir la meilleure note, la meilleure appréciation, ce peut-il que le dernier prenne un jour sa revanche ? Le dernier n’est-il pas le plus intelligent, celui qui ne rentre pas dans le moule du plaire à tout prix ? Il se moque des avis, n’en fait qu’à son envie. La ressemblance pousse-t-elle à la différence ? Moi, je n’aime ni ressembler à mon voisin, ni faire ce qu’aime mon voisin. Y-a-t-il un raté dans chaque fournée ? Pourquoi la différence dérange-t-elle autant ? L’apprentissage d’une culture créative semble affirmer une personnalité propre et encourager une ouverture d’esprit et une tolérance générale chez les individus. Ainsi, même si ces interrogations engendrent une infinité de réponses possibles, combien d’entre nous y répondront sur le même ton, le même axe ? Combien auront pris une photo dans l’école ? Et combien auront joué le jeu ?
Anne-Laure Aliaga 2.1 Projet présélectionné
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Notre école est devenue comme notre maison. C'est vrai, on y passe plus de temps que chez soi. Nos collègues, que nous voyons plus que notre propre famille, sont nos nouveaux frères et sœurs. Mais est-ce que nous nous connaissons vraiment comme des frères ou est-ce juste une croyance. Ceux que l’ on considère comme nos proches à l'école sont des personnes que l'on croit connaître mais qui, au fond, sont des individus vite côtoyés, sans vouloir savoir plus de leur passé, ni de leur vie. Ca veut dire que l'école n'est pas vraiment notre propre chez soi. Mais grâce à l’intimité, l’école réussit à créer des liens entre les étudiants.
Ismaël Bekkali 1.2 Projet présélectionné
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La question de l’intimité intéresse tout le monde, c’est-à-dire chacun, en commençant par soi-même. Ainsi, à travers toutes mes facettes, je me confronte aux autres. Inconsciemment, ce qui nous rassemble est bien cette inconnue universelle qui nous lie autour d’une même philosophie de sagesse, de respect et de curiosité. La première question de l’école de la vie est sa propre conscience, son corps face à ceux des autres. L’intimité de chacun commence là où s’arrête celle d’autrui, c’est la condition d’une vie harmonieuse en communauté, c’est la clé de l’existence des espaces de liberté et d’expression. Il en va de même pour l’école.
Arnold Bertin 3.1 Projet présélectionné
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Tu le vois bien tout est là, moi, toi, lui, elle. Il ne manque presque rien sauf peut-être le courage. Alors pour cela tu fais appel à nos cerveaux. Mais cette fois-ci, c’est pour toi. Au fond, tu les connais ces questions, elles ont grondées dans ta tête, dans tes pierres avant que l’on arrive, élèves, professeurs ou visiteurs, et elles resteront en toi et au delà de toi. Tout cela on te le dit avec nos pieds, nos tripes et nos yeux. Tu es plus que spéciale, tu es atypique, comme tous ceux qui te traversent, venant d’horizons bien différents et faisant ta richesse. Alors dis moi pourquoi chercher si loin ! Tout est là sous tes yeux, sous les miens et sous les leurs. Depuis quelques temps et par la force des choses ton espace est le mien et tes failles aussi, comme une histoire de passion je me fonds en toi et je me demande comment tu fais pour ne pas voir tout cela. Tu es plus qu’une école et devient mon ami, alors si tu m’aides, je veux t’aider aussi. Ouvre tes yeux, tes oreilles, tes bras et ton cœur.
Amélie Bonnet 2.2 Projet présélectionné
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Qui suis-je ? Jeune fille, 22 ans, brune, yeux marrons, 1,65m, 62 kilos. Aime bayer aux corneilles le week-end, regarder défiler la ville depuis une terrasse de café, s’esclaffer d’un rire communicateur, lever son sourcil gauche lorsqu’elle est gênée, peindre avec les doigts, s’approcher des toiles pour les toucher, évacuer le stress d’une journée dans un bon bain fumant, chanter à tue-tête les chansons d’hier et d’aujourd’hui. Ma deuxième maison est l’école, j’y passe le plus clair de mon temps. Des journées rythmées par la noisette sans sucre du bar, mes allées et venues entre les cours, de longs après-midi de réflexion sur l’architecture et ses différents modes de représentation et bien entendu les charrettes dans les ateliers. Tout cela dans une ambiance chaleureuse où les rires et les pleurs s’entremêlent. A l’école il faut savoir s’entourer des bonnes personnes pour tenter d’avancer, de se bonifier et de trouver une identité. L’école est un guide. Mes centres d’intérêt me différencient des autres. Cependant je ne suis qu’un nom, un visage, un mouton parmi tant d’autres. Comment nous faire comprendre que chacun de nous a une valeur et qu’il est capable de se démarquer du lot ?
Lorraine Schaeffer 2.2 Projet présélectionné
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Pourquoi dans une école d'architecture où l'on déplace sans cesse des maquettes et du matériel d'un étage à l'autre, un seul ascenseur marche et encore de façon aléatoire. Ne serait-ce pas un moyen de faire une sorte de sélection naturelle au cours de laquelle les plus faibles n'arriveraient pas au sommet pour présenter leur travail ? Non, ne devrions-nous pas plutôt y voir une astuce pour nous faire prendre, au cours de notre ascension, le temps d'admirer le paysage, de voir comment les architectures se déploient dans l'espace, étage après étage, comment les matériaux évoluent avec la lumière, le temps qui passe. Tout simplement le temps de s'imprégner de la ville et non pas une simple soumission aux aléas de la technologie, enfin je l'espère.
Charles Marmion-Soucadaux 1.1 Projet présélectionné
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La liberté d’expression Dans ces grands blancs qui font l’imagination et l’imaginaire, se forme une idée :
naissance du modelage de l’imaginaire propre à l’intimité de chacun.
Être tout simplement soi.
Alya Azzabi 1.1 Projet présélectionné
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Je m’y suis perdu, pour comprendre.
Damien Fache 1.1 Projet présélectionné
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Quand je rentre dans un lieu public, théâtre, musée, opéra, pour la première fois, je me demande toujours “pourrais-je habiter ici ?”. Et si je choisissais d’habiter dans mon école ! Les volumes sont beaux, les plafonds hauts, beaucoup de lumière et un jardin, presque un jardin secret puisqu’on ne le découvre que de l’intérieur. Pour le reste : la moquette s’étire dans le hall, du parquet dans les salles de classe, du béton côté bar et des murs peints en rouge et bleu Esa, des couleurs à la mode du temps. L’ambiance y est sereine, paisible. J’amènerais quelques meubles, peut-être ma commode chinée aux puces. Comment rendrais-je chaleureux un espace si grand ? Comment pourrait-on s’y sentir chez soi ? Il faudrait créer un nouveau nid, une nouvelle vie.
Christel Giry-Deloison 3.1 Projet présélectionné
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De l’autre côté du mur En panne d’inspiration, j’arpentais l’école à l’affût de l’image, du lieu, de la sensation qui traduiraient le mieux une interrogation majeure que pour l’instant je n’avais pas au sujet de l’école. Je suis une étudiante aspirante architecte, besogneuse, curieuse, mais qui paradoxalement ne se pose pas beaucoup de questions existentielles, en tout cas pas au sujet de l’école. Et l’école a conscience des problèmes matériels, même s’ils ne sont pas résolus. Après un tour dans mon atelier, j’ai décidé d’aller au laboratoire informatique. Chose qui m’est assez aisée, car la façade d’entrée de mon atelier donne sur le jardin, même si on en profite pas visuellement. L’atelier est contigu à la cage d’escalier du nouveau bâtiment où sont situés entre autres les locaux informatiques, et adossé à un muret qui fait la séparation avec le cimetière Montparnasse. Le cimetière Montparnasse, je l’avais oublié celui-là. C’est vrai qu’il est tellement proche, mais si souvent loin. Il m’arrive même d’emprunter les escaliers sans le voir. Mais aujourd’hui, aux aguets, je l’ai vu. Alors, pour mon atelier à la lisière du cimetière, je demande une fenêtre. Juste un cadrage. Pour ne pas oublier ce voisin si discret et que mes regards ne gênent pas. Pour me rappeler sans cesse la frontière si ténue entre savoir, création et immortalité. Parce que je le trouve beau, le cimetière, aux mois d’automne.
Nathalie Tchatchuing 3.1 Projet présélectionné
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L’Esa, ma destinée ? Ma venue à Paris n’a pour raison que mes études à l’Ecole spéciale d’architecture. Cette expérience s’avère être déterminante pour ma vie future. Ma vie s’organise autour de ma relation à l’école, le travail que j’exerce m’amène parfois à des concessions avec ma vie intime. Depuis un an, un changement s’effectue en moi : je ne suis plus seulement villageoise, j’absorbe ce que m’apporte la ville. Je découvre un nouveau mode de vie, tant au niveau social que culturel. Je me sens frustrée de ne pas pouvoir expliquer cette découverte, ce renouveau, à mes proches. Comme un nouveau-né qui découvre le monde, je découvre Paris au travers de mon école.
Anne-Sophie Gut 2.1 Projet présélectionné
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Avant, je me sentais différente. Aujourd’hui, j’ai trouvé mon monde.
Lauren Hennequin 1.1 Projet présélectionné
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Les murs austères dévoilent-ils notre sensualité ? Comment l’école révèlerait-elle nos corps ? L’école est la prolongation de nous-même. L’extension de notre maison, et au-delà : les corps et les esprits s’y croisent. Un espace que l’on s’approprie à force d’y passer, d’y vivre. Comme les angles d’un corps intime, profondeur ou excroissance sur laquelle on s’accroche, où l’on s’écorche, rugosité des caractères, patines du temps sur les claviers. Les casiers vides et parfois trop pleins résonnent au rythme des inspirations. L’odeur d’ammoniaque subsiste pour éradiquer les souvenirs crasseux et les derniers clients du bar.
Sale et sensuelle.
Natacha Jaume 4.1 Projet présélectionné
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Sommes nous intimes ? Tu me connais. Tu peux savoir ce que je fais, comment je travaille. Tu peux savoir où j’habite, mon numéro de sécurité sociale, et si j’aime prendre mon café serré ou allongé... Et je peux connaître aussi tout cela de toi... Mais en même temps, qui sommes-nous l’un pour l’autre... Dans le cadre de l’école nous ne nous connaissons que par le quotidien. Mais est-ce plus que cela ? Quel genre de relation a-t-on ? Nous partageons tous, quelque part, le même quotidien. Mais dès lors que nous devenons amis, nous nous rencontrons. Comment appréhender cette relation, souvent éphémère, qui s’installe entre plusieurs élèves. Et l’école comme lieu : j’y ai mes habitudes, mes coins réservés, mais ce n’est pas chez moi, ce n’est qu’un lieu que je fréquente, mais c’est aussi plus que ça. Il m’est vraiment difficile de qualifier notre relation à travers l’école.
Alors, sommes-nous intimes ?
Maxime Foster 1.1 Projet présélectionné
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26 août 2004, premier contact. Au début, on a l’angoisse de la première fois, de la découverte de l’inconnu, de devoir s’intégrer à une nouvelle atmosphère, d’autres visages. Mais être nouveau me donne un regard neuf. Cela fait maintenant deux mois que j’y suis. Ce qui m’a toujours plu dans les petits groupes, ce sont des rapports humains plus forts. Quand vous parlez à quelqu’un, il sait qui vous êtes. Tout le monde se connaît et ne pas être un numéro procure une sensation qui permet de mieux appréhender le quotidien. On a tous une vision différente de l’école, pourtant les sensations sont les mêmes pour tous : angoisse des examens, joie d’un bon résultat. C’est le rapport que l’on entretient avec le lieu,”l’école intime”. Toutes les choses découvertes et les autres qui restent à venir. C’est équivalent à la relation que l’on entretient avec une personne qui, au fil du temps, nous amène à nous poser cette question :
”Où en sommes-nous ?” Joseph Battistelli 1.2 Projet présélectionné
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Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Esa, me permets-tu, en ton nom, de me glisser dans l’intimité de Sophie ? Peut-être que dans son lit arriverais-je à lui imposer mes règles du jeu. Architecture, art, beauté, mais qu’est-ce que c’est que ça ? Règle n°1 : attitude, charme, tactique, l’envoûter dans mon jeu. Règle n°2 : architecture corporelle, art personnel, beauté d’une rencontre, le cours va commencer. Règle n°3 : sous le charme du désir, un gémissement se fait entendre. Dans l’espace d’une rencontre, dans un lieu intime, tout paraît être en faveur du plaisir. Chuchotements, regards, gestes, les expériences s’échangent. L’Esa, dans sa plus grande intimité, partage son savoir avec Sophie Calle : architecture, art, beauté. L’inspiration gagne du terrain, des mots qui la font frémir. Un soupçon d’espoir, un brin de réussite. “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément”. Boileau
Emily Cassan 1.1 Projet présélectionné
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Sortir ou entrer ? Où est le bon équilibre dans la structure d’une école d’architecture ? Comment organiser la part scolaire et la part de curiosité personnelle dans l’apprentissage de l’architecture ?
Li Fang 1.1 Projet présélectionné
72
Où es-tu ? L'image présente une apparente frontalité descriptive, pourtant elle ne dévoile rien de son contexte, de son statut. La question dé-posée est en décalage avec l'image. Quand l'apparente objectivité de l'image tient le regardeur à distance, la question le réimplique presque physiquement. La tension entre le texte et la représentation procure à l’ensemble une présence énigmatique sans volonté de faire image. Une présence d'autant plus énigmatique que les différentes composantes de l'œuvre ne sont pas dans une relation “symbiotique”. Elles n’entrent pas en résonance pour créer un sens, un imaginaire. Elles entrent en concurrence, évacuant ainsi toute signification. On est face à un objet qui ne se définit que parce qu'il n'est plus. Le regard fait face à un corps absent.
Stéphanie Canoine 3.1 Projet présélectionné
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Il fait partie des murs et représente le temps. Le temps passé. Le temps réglementaire. Le temps d’une charrette. Le temps partagé. Le temps personnel. Le temps d’une habitude. Le temps d’un instant. Le temps intime. Le temps d’aimer chaque jour. Le temps de notre école personnelle.
Guillaume Rousseau 1.1 Projet présélectionné
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Laisser une trace pour dire que l’on existe. Ne pas tomber dans l’oubli, vaste néant des âmes perdues, tel est l’objectif ! Bâtir, créer, c’est par les mains que l’on réalise cela. Empreinte de l’homme sur le monde, signe de notre passage.
Mais... laisserez-vous une trace ? Hélas avec le temps tout s’efface, on oublie et on est oublié. Ce qui nous semblait la première des priorités, le grand moment de notre vie, devient un simple détail, un grain de sable parmi tant d’autres. Aussi éphémère qu’un papillon, cette trace s’est amenuisée au fil du temps, laissant quelques vagues bribes de souvenirs.
Bérengère Voizard 1.2 Projet présélectionné
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Entraide Mise en commun du savoir
Constance Heau 1.1 Projet présélectionné
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Sandra Abdul Reda 1.1 Jonathan Aïm 2.1 Maranui Atamai 1.1 Christina Anagostidi 2.1 Hugues Aucouturier 2.1 Smaïl Bahouch 1.1 Guillaume Baudouin 1.2 Med Nabil Benindalsi 1.2 Roqqya Benredouane 2.1 Saad Bichra 1.1 Alexis Boniface 3.2 Hind Bouallala 1.2 Florian Boucher 3.1 Florian Bouziges 1.1 Amélie Breton 2.1 Diego Brossollet-Hernandez 1.1 Sanaa Chaabi 1.1 Chadia Ben Salem 1.1 Julien Chammas 1.1 Sébastien Chanoz 4.1 Maxime Cottard 1.1 Hans-Eric Daroczi 2.1 Benjamin Devigne 1.2 Amélie Djoehana Wiradikarta 2.1 Sadik El Atouani 1.1 Arolld El Baze 1.2 Safa El Ouidjani 1.1 Pierre-Charles Emery 2.1 Annick Escubedo 4.2 Pantea Eslami 1.2 Pierre-Alexandre Fabiani 1.1 Anouar Fadile Alami 1.1 Chenguang Fang 3.1 Mariem Fendi 1.1 Charles Gaucherel 1.1 Catherine Georgoulia 1.1 Antonia Georgoulia 2.1 Aude Giannesini 1.1 Jeanne Guérin 2.1 Mamoun Guessous 1.1 Samir Hadjiat 1.1 Charles-Edmond Henry 2.2 Julien Hosansky 1.1 Hongjie Huan 3.1 Nabil Jarna 1.1 Bin Jiang 2.2 Georges Kallouf 1.2 Danaï Karagiorgi 1.1 Matthieu Kobilinsky 2.1 Sanjay Kumar 1.1 Wafa Lakelak 1.1 Dorothée Lance 1.1 Rita Lazrak 1.1 François Legendre 3.2 Olivier Leroux 2.1 Léo Legrand 2.1 Rémi Lesage 1.1 Etienne Manenc 1.1 Coline Mangold 1.1 Martial Marquet 1.1 Abdou Menjra 1.1 Mehdi Mestasi 1.1 Véronique Morel 2.2 Christophe Muller 3.1 Zena Nacouz 1.1 Sarah Nzinahora 1.1 Soo-Jung Park 1.2
Gautier Penchinat 1.1 Pierre-Henry Petillault 2.1 Guillaume Petit 1.1 Guillaume Pfister 1.1 Benjamin Philippe 1.2 Quentin Piepszownïk 1.1 Alexandra Pierrakos 2.1 Drifa Rezki 1.1 Pierre-Jean Ribière 1.1 Huguette Ruzibiza 1.2 Godefroy Saint-Georges Chaumet 1.1 Laurent Saint-Val 2.1 Jean-Philippe Sanfourche 1.1 Alexandre Sarazin 2.1 Vincent Saura 1.2 Mariam Sefrioui 1.1 Min-Bum Seo 3.1 Shahdyar Shakiba 2.1 Ruo Fan Shen 1.1 Pauline Taboury 1.1 Marie Taillefer de Laportalière 1.1 Farnaz Tashbigoo 1.2 Jean-Baptiste Tollet 3.1 Maria Tsakoniti 1.1 Arnaud Vallet 1.1 Anneke Van Zuethem E Stéphanie Vizzavona 1.1 Thanh Long Vo 1.1 Tienan Wang 1.1 Raphaël Weill 2.1 Jaenes Wong 1.1 Pha-La Youn 2.1 Malek Zahra 1.1 Ahmed Zaouche 3.1 Xiang Ying Zhao 3.1
Projets participants
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Eléments biographiques
Sophie Calle est née à Paris, le 9 octobre 1953. Expositions personnelles (sélection) : Le Bronx, Fashion Moda, New York, 1980. L’hôtel, Galerie Ch. Crousel, Paris, 1983. Sophie Calle, A survey, Fred Hoffman Gallery, Los Angeles, 1989. Sophie Calle, A suivre..., Arc, Musée d'art moderne, Paris, 1991. Les tombes, Galerie Sollertis, Toulouse, 1992. Blind Color, Leo Castelli Gallery, New York, 1993. L’absence, Musée Boymans-van Beuningen, Rotterdam, 1994. The Husband, Fraenkel Gallery, San Francisco, 1994. True Stories, Museum of art, Tel Aviv, 1996. Des histoires vraies, Gallery Koyanagi, Tokyo, 1996. The Detachment-Die entfernung, Galerie Arndt & Partner, Berlin, 1996. Relatos, Fundación “La Caixa”, Barcelone, 1997. Suite vénitienne, White cube art gallery, Londres, 1997. Doubles-jeux, Centre nationnal de la photographie, Paris, 1998. The Birthday ceremony, Tate gallery, Londres, 1998. Appointment, Freud museum, Londres, 1999. Exquisite pain, Hara museum of contemporary art, Tokyo, 1999. Die wahren Geschichten der Sophie Calle, Museum Fridericianum, Kassel, 2000. Sophie Calle : Public places-Private spaces, The Jewish museum, San Francisco, 2001. Vingt ans après, Galerie Emmanuel Perrotin, Paris, 2001. Sophie Calle, Spectrum, Sprengel museum, Hanovre, 2002. M’as-tu vue, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris, 2003.
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Expositions collectives (sélection) : XIe Biennale de Paris, 1980. Autoportraits photographiques 18981981, Centre Pompidou, Paris, 1981. Tendances actuelles de la photographie en France, Centre national de la photographie, Palais de Tokyo, Paris, 1988. Tenir l'image à distance, Musée d'art contemporain, Montréal, 1989. Nos années 80, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Jouy-en-Josas, 1989. Histoires de musée, Musée d'art moderne, Paris, 1989. Culture medium, International center for photography, New York, 1989. Seven obsessions, Whitechapel art gallery, Londres, 1990. Dislocations, Museum of modern art, New York, 1991. The interrupted life, New museum of contemporary art, New York, 1991. Biennal, Whitney museum of american art, New York, 1993. Some went mad... some ran away, Serpentine Gallery, Londres, 1994. Els limits del museu, Fondation Antoni Tapiès, Barcelone, 1995. Fémininmasculin, le sexe de l'art, Centre Pompidou, Paris, 1995. By night, Fondation Cartier, Paris, 1996. Deep storage, Nationalgalerie, Berlin, 1996. Passage, New french art, Museum of modern art, Hokkaido, 1999. L’empire du temps, mythes et création, Musée du Louvre, Paris, 2000. Self, in material conscience, Fondation Sandretto, Turin, 2002. Talking pieces, Museum Morsbroich Leverkusen, 2003. Rituale in der zeitgenossischen kunst, Akademie der Künste, Berlin, 2003. Sophie Calle + Horoshi Sugimoto, Gallery Koyanagi, Tokyo, 2005.
Suite vénitienne, Paris, Editions de l’Etoile, Coll. Ecrits sur l’image, 1983. L’homme au carnet, feuilleton, Libération, 2 août-4 septembre 1983. L’Hôtel, Paris, Editions de l’Etoile, Coll. Ecrits sur l’image, 1984. Les Anges, feuilleton, L’Autre Journal, 26 février-3 avril 1986. Le Carnet de Sophie Calle, catalogue, Montréal, Galerie Aubes 3935, 1989. Sophie Calle, A suivre…, cat., Paris, Musée d’Art Moderne, 1991.
Sophie Calle, Comme si de rien n’était, cat., Vaud, Fondation Ledig-Rowohlt, Château de Lavigny, 1997.
Eléments bibliographiques
Des histoires vraies, Tokyo, Kan Nozaki, 1999. Exquisite Pain, catalogue, Tokyo, Hara Museum of contemporary art, 1999. Sophie Calle, M’as-tu vue, cat., Paris, Centre Georges Pompidou, Xavier Barral, 2003. Œuvres parues aux éditions Actes Sud : Des histoires vraies, 1994.
Pierre tombale, catalogue, Palerme, Centre culturel français, 1992. No sex last night, film 72 minutes, Greg Shephard & Sophie Calle, Bohen Foundation, New York/Gemini films, 1992. Sophie Calle, Los ciegos, Las tumbas, Anatoli, cat., Maracay, Museu de arte, 1993. Sophie Calle, Absence, cat., Rotterdam, Museum Boymans-van Beuningen,1994.
L’Erouv de Jérusalem, 1996. Doubles-Jeux, 1998 : - De l’obéissance (Livre I) - Le Rituel d’anniversaire (Livre II) - Les Panoplies (Livre III) - À suivre (Livre IV) - L’Hôtel (Livre V) - Le Carnet d’Adresses (Livre VI) - Gotham Handbook (Livre VII)
Sophie Calle, Proofs, cat., Hanovre, Hood museum of Art, 1995.
L’Absence, 2000 : - La Disparition - Fantômes - Souvenirs de Berlin-Est
Sophie Calle, La Visite guidée, cat., Rotterdam, Museum Boymans-van Beuningen, 1996.
Les Dormeurs, 2000. Des histoires vraies +10, 2002.
Sophie Calle, Relatos, cat., Barcelone, Fundacio “la Caixa”, 1996.
Douleur exquise, 2003.
Eruv. Sophie Calle, cat., Jérusalem, Jérusalem center for visual arts, 1996. Sophie Calle, True stories, cat., Tel Aviv, Museum of art, 1996.
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Collection Spéciale Ecole Spéciale d’Architecture Plaquette de l’Ecole Peter Cook “Free-time nodes : Paris-East” Workshop Printemps 2004 Sophie Calle “l’école intime” Workshop Automne 2004 En préparation : Claude Parent Workshop Printemps 2005
Collection 19 x 29 Séquences d’études Christian de Portzamparc Impressionnisme urbain Atelier Roland Castro Sophie Denissof Bronzes Philippe Guillemet Luis Barragan architecte du silence “allons en ville...” Atelier François Grether En préparation : Correspondance Frédéric Borel Le client, l’architecte et le menuisier Fabienne Bulle Absence & mensonges François Seigneur
Achevé d’imprimer sur les presses de Suisse Imprimerie 4, cité de Phalsbourg 75011 Paris. 1er trimestre 2005.