#23 Habiter la Zone Critique

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#23 HABITER

LA ZONE CRITIQUE

Monde flottant @ Marc Vaye 2020

Studio Marc Vaye / Travaux

Printemps 2021


Selfie sidéral © Julien Mauve


Zone critique L’expression Zone critique, employée par un réseau de chercheurs en sciences de la terre et popularisée par Bruno Latour dans son ouvrage Où atterrir ? publié en 2017 et reprise en 2021 dans Où suisje ?, désigne la fine pellicule où la vie a modifié radicalement l’atmosphère et la matière géologique. Au-delà, c’est ce que nous appelons l’Espace et en deçà, la géologie profonde. Epaisse seulement de quelques kilomètres, c’est une très très fine pellicule … autant dire une zone marquée par une extrême fragilité, une Zone critique. Au XIXe siècle, au-delà des fortifications de Paris la Zone est le lieu où vivent les Apaches. A Rio de Janeiro, la Zona Norte est la favela de tous les dangers. Dans Stalker, le film d’Andreï Tarkovsky, la Zone est inhabitée, abandonnée et probablement radioactive.


Une a

La Zone critique c’est l’hypothèse Ga

Terre mère, adoptée par James Lovelo cemment par Bruno Latour. Là où les

un milieu environnant mais font leur e

leur fourmilière, si bien chauffée, si a

nettoyée de ses déchets. Il est imposibl

organisme de ce qui l’entoure. Rien ne

rable au développement des vivants, c

favorable à leurs développements. Ils o


autre vision du monde

aïa, du nom de la déesse grecque de la

ock dans les années 60 et reprise réorganismes vivants ne vivent pas dans

environnement comme les fourmis font

agréablement aérée et si fréquemment

le de dessiner la limite qui distingue un

e nous environne. Si la terre est favo-

c’est parce que les vivants l’ont rendu

ont courbé l’espace autour d’eux.


Objets relationnels / O Eu e o Tu / Le Moi et le Toi / 1967 © Le monde de Lygia Clark


Habiter 21 Explorations Nous aurions aussi pu choisir comme titre de cette recherche-projet Habiter 21. 21 comme celui de l’année où pour raison de pandémie mondiale nous expérimentons un Grand Confinement, un enfermement dans nos bulles respectives, une assignation à résidence. 21 comme le siècle des cinq Transitions : environnementale, énergétique, numérique, sociale et territoriale. Il s’agit de mettre en question l’habiter et le logement dans sa version dense et collective, d’offrir une réflexion postpandémique et pro-environnementale en phase avec les évolutions sociétales et technologiques actuellement en cours.


Coliving / Coworking Le coliving est, comme le coworking, né avec l’ordinateur portable au début du XXIe siècle sur la côte ouest des Etats-Unis. Autant dire que les deux sont intimement liés et sont pratiqués par la génération des Milléniales, ceux que l’on appelle aussi les nomades numériques ou nomades digitaux, ou encore la Génération Erasmus. Jeunes, célibataires, éduqués, télétravailleurs,

indépendants, stagiaires, entrepreneurs ou membres de la nouvelle économie numérique, ce sont des adeptes de la mobilité. Vertueux et économe dans ses espaces, généreux dans ses usages, flexible dans ses temporalités, agile dans ses services et stimulant pour ses résidents, le coliving apparaît comme une promesse fondée sur une communauté de valeurs partagées marquée par un cos-


mopolitisme assumé. Il transforme la question de la propriété et de l’habiter. Les complexes de coliving proposent à la fois des espaces privés, chambres ou studios, des espaces de vie collective, des espaces de travail partagés, des équipements (spa, salle de gym, bibliothèque), des services (les colivers ne font pas le ménage eux-mêmes) et des animations (soirées musicales, séances de cinéma, conférences et cours divers). Du tout en un, avec un principe de base : ni contraintes, ni corvées. Chacun participe à la vie commune selon ses dispositions. Pour les pionniers de la mondialisation, la maison n’est pas un château ni même un ensemble de pièces, mais un état d’esprit. Toutefois ces espaces-services n’ont pas donné lieu à la création de nouveaux types architecturaux, ce sont des Bernard L’Hermites qui s’installent dans des coquilles vides existantes. Ils pratiquent la réarchitecture, le recyclage architectural. Il y aurait déjà plus de sept cent établissements dans le monde, en augmentation exponentielle, et caractérisés par une extrême diversité. Si

modèle il y aura, il reste à inventer. Intimité, flexibilité, mobilité, partage sont les maîtres mots de ce nouveau type d’habitat. A la fois SOHO, Small Office Home Office, et Hôtel résidentiel ou tout autre chose dont le nom et la forme restent à imaginer… Le développement du coliving est-il le symptôme d’un bouleversement radical des modes de vie ? La vie privée telle que nous la concevons n’a pas toujours existé, pas plus que la conception moderne d’un chezsoi séparé du lieu de travail : en Europe, jusqu’au XVIe siècle, la plupart des citadins vivaient et travaillaient dans un même lieu où se rassemblait la famille étendue – jusqu’aux domestiques et aux clients. C’est seulement aux XVIIe et XVIIIe siècles que la maison, désormais réservée à la famille nucléaire, est apparue et s’est distinguée, pour la plus grande partie de la population, des lieux de travail, désormais concentrés dans les fabriques. Les modèles communautaires du passé : phalanstères, kibboutz ou communautés hippies, étaient souvent liées à des promesses utopiques.


Structure

Architecture primaire Trames Design intégré

Bandes actives

Architecture se

Design de l’atmosphère

Microjardins

Climats à habiter Epargner les ressources / sol,

Habitats & V L’architecture comme phénomène naturel

Projet comme écosys

Ingénierie du vivant Poésie du flou Hybridation

Habiter les squelettes

Evolutivité

Bâtiment multifonctionnel Espaces sans usage

Cré

Econo

Immeuble à destination

Donner form


e

Coworking Télétravail

Mixité

Coliving

SOHO

Hôtel résidentiel

econdaire

Zoocity Habiter le ciel

Superposition des activités Ferme verticale

matériaux, énergie

Vivants

stème

Aquaponie Topager

Circuit court

éer des possibles

Hydroponie

Aéroponie

Productivité Energie photovoltaïque Energie éolienne

mie de moyen Biomasse

n indéterminée e à l’instabilité programmatique

Biofaçades Serres


Des lieux pour cohabiter Le coliving a ses raisons : réseautages à tous les étages. Le coliving paraît particulièrement bien adapté à ces moments où l’on a soudain moins d’engagements et où la vie sans racines paraît simple et attrayante. Cette solution peut d’autant mieux amortir le saut vertigineux loin du cercle de ses connaissances qu’elle favorise comme aucune autre. Rien à voir avec les réseaux sociaux en ligne et les amis Facebook qu’on ne rencontre jamais en vrai. Le coliving monétise un type de relations souvent négligé, mais dont le désir est très fortement présent, entre des personnes qui ne sont, ni des amis, ni des parents, ni des collègues. Comment décrire cette forme hybride et émergente ? Par son accessibilité, l’existence ou pas d’espaces accessibles aux non-résidents, des espaces partagés, des espaces privés, des extérieurs partagés. Par ses temporalités : location à la journée, à la semaine, au mois. Espaces et services indissociables. Pas de caution, préavis courts ou inexistants.

A travers toutes les gammes de prix et qualités de prestations spatiales et de services. En vrac : à caractère non exhaustif, à enrichir de tous types de propositions... Meublé et équipé. Entretien et ménage. Produits de base. Literie et linge de maison. Cuisine aménagée et équipée. Rangements. Espace buanderie. Chambre privée ou partagée. Box privés sur plateau partagé. Salle de bain privée ou partagée... Salon, salle de détente, de réunion, ou multimédia. TV, abonnements Netflix et Spotify. WIFI haut débit... Salle de Skype et de coworking. Imprimante, scanner, fax et imprimante 3D. Bureau personnel... Espace évènementiel, salle de cours et ateliers. Balcon. Toit terrasse. Jardin suspendu. Piscine et spas... Location de vélos ou scooters. Garage à vélos et parking...


Evolutivité Entremêler les fonctions, c’est en conséquence faciliter leur capacité d’évolution dans le temps, sans perdre la pertinence de leur coexistence.

Pavillon de l’architecture / Frédéric Borel 1991 La cohabitation se diffuse aujourd’hui et ne se résume plus à la colocation étudiante. Jeunes, quinquagénaires ou plus âgés, militants, regroupements familiaux, migrants, retraités, foyers pour femmes … Des propositions spatiales spécifiques et une flexibilité accrue doivent être mis en place et réinterroger la manière de concevoir le logement contemporain. Au sein des logements mais aussi de la parcelle qui les accueille. Il faut pouvoir répondre à ces nouvelles pratiques de vie, avec des solutions spatiales où l’intimité est protégée et où des lieux de rencontre collective bien pensés sont imaginés.


Fruit de l’appel à idées Réinventer Paris, c’est un immeuble pont, un projet hybride constitué de divers programmes (logements, bureaux, hôtel, commerces,..). Une superposition pour une densité écologique avec un parc public en partie basse et un privé en partie haute.

Mixi

La modernité a instauré une fonctions. Le mono fonctionna banité cosubstantielle aux cités L’urbanité contemporaine fria et de mélanges encourage à no

Mille arbres Paris / Sou Fujimoto & Oxo 2016-2023 Arbre Blanc Montpellier / Sou Fujimoto 2018

Situé à Montpellier, l’Arbre Blanc est doté de deux cent jardins suspendus équipés d’une ombrière qui prolongent l’espace intérieur des appartements. Ville verticale, la tour accueille 110 logements dont certains en duplex, un bar panoramique et une Fondation d’art.

“J’aime l’idée de rompre la frontière


ité

Markthal Rotterdam / MVRDV 2014 Les fonctions sont multiples : logements, marché couvert, restaurants, parking... Surnommé la Chapelle Sixtine de Rotterdam, la voûte est couverte d’une fresque de Coenen & Roskam, œuvre numérique géante intitulée La corne d’abondance.

séparation des alisme a tué l’urs prémodernes. ande d’intensité ouveau la mixité.

Tour Capsules Nakagin Tokyo / Kisho Kurokawa 1972

Deux tours en béton armé où se fixe des modules préfabriqués légers appelés capsules aisément remplaçables, ce sont avant l’heure des SOHO dotés de toutes les connexions utiles (2,3 x 3,8 x 2,1m). Le socle accueille commerces et bureaux. C’est le projet emblématique du Mouvement Métabolisme.

e entre l’intérieur et l’extérieur.”


Pignon sur rue Paris / Chartier Corbasson 2009 Greffé sur un pignon aveugle, l’immeuble de 11 logements sociaux est plat et capoté de tôle d’aluminium perforée. En coupe transversale : bande active avec pièces d’eau, pièces à vivre et coursive balcon.

Boréal - Bienfaits de serre Nantes / Tétrarc 2010 11 Maisonnées de cinq niveaux. En coupe tranversale : les escaliers et coursives en bois comme des cabanes, les appartements traversants en duplex, les serres bioclimatiques, volumes à vivre complémentaires. Devant, le jardin est découpé en fines lanières privatives équipées de serres-cabanes.


Le Panache Grenoble / Edouard François 2011 Pour clore définitivement la question des ponts thermiques, il faut supprimer les balcons. Ou bien les déplacer. C’est le pari de ce projet de tour de logements. Chaque unité d’habitation est composée de deux lots : le logements familial en étage courant et une terrasse de 35m2 ouverte au ciel avec cuisine d’été et sanitaire. Un espace de représentation festif. Plus l’appartement est dans un niveau inférieur, plus la terrasse est en niveau supérieur. Socialisation de la hauteur.

Flower Tower Hauts de Malherbes Paris / Edouard François 2005 Simple. 380 pots en béton léger où poussent des bambous forment les façades.

Intime conviction Paris / Sanaa 2010 Dressés sur pilotis, des bâtiments blancs tout en rondeur se glissent entre les arbres.


Productivité

Chaque fragment de ville doit s’inscrire dans une stratégie urbaine visant à tirer bénéfice des flux matériels et immatériels qui le traverse. Générer à toutes les échelles, en tous lieux, des ressources variées devient alors essentiel.

Tree House Paris XIIIe / XTU 2022


Ecriture végétale Liane végétalisée / Jean-Philippe Poirée-Ville / Culture aérienne hydroponique Les Gégans - Château de Versailles 2004 Sylphe Domaine de Chaumont/Loire 2012

Mur végétal Patrick Blanc

Milieu La question du milieu a été posée par les grandes serres capables de reconstituer le biotope des plantes les plus exotiques et leur permettrent de se développer sous des climats moins propices. Elles anticipent un monde d’échanges et de délocalisations généralisées. Extrapoler la reconstitution du contexte des végétaux à la question de l’habitat humain permet de faire resurgir sous l’homme des foules, un homme biblique occupant nu les jardins d’un Eden retrouvé. L’idée de milieu appelle des espaces neutres, de simples ambiances climatiques permettant à Homo Sapiens de se développer biologiquement dans des conditions optimales. Elle peut aussi être appréhendée comme l’exaspération de la notion moderne de confort. A l’homme culturel qui habite en poète se substitue celui de l’homme biologique. Aux relations ambiguës et complexes qu’établissent les hommes avec leurs contextes, succède la logique du vivant.


French Dream Towers Hangzhou / XTU 2022 Anouk Legendre et Nicolas Desmazières sont les architectes des innovations biologiques. L’atelier XTU intègre le vivant dans les composants de l’architecture. Le projet Algo Screen est fondé sur la photosynthèse. Une façade en verre contient de l’eau et du plancton, c’est un capteur solaire biologique à base de micro-algues, une symbiose entre innovation technologique et architecture. Agronica / Andrea Branzi & Academia Domus 1995 Il ne s’agit plus d’imaginer une architecture définitive caractéristique de la modernité classique, mais des soussystèmes imparfaits, incomplets, élastiques, caractéristiques de la modernité faible et diffuse du XXIe siècle.

Broadacre City / Frank L. Wright 1930 4000 m2 pour incarner la ville diffuse, un lieu d’habitat où on vit à la campagne avec les commodités de la ville.


Hydroponie / Fermes verticales Gratte-oiseaux / Ferme flottante

Agriculture urbaine Zoocitys Au printemps 2020, durant le Grand Confinement, les animaux sauvages sont apparus dans les espaces publics des villes que les humains avaient abandonné. Expérience paradoxale. La philosophe Joëlle Zask propose de penser la ville comme un arche de Noé permettant une coexistence harmonieuse avec les autres espèces.

Fermes verticales / Réinventer Paris


Ma maison ce n’est pas les murs, ce n’est pas le toit, ce n’est pas le sol, mais le vide entre les choses parce que c’est là que j’habite. Lao Tseu


Roby house / XTU

Le parc / Gustave Klimt 1910

Vide - Plein L’espace urbain est structuré par les relations qu’entretiennent le vide et le plein. Le vide est perçu comme un négatif par rapport au plein constitué par les bâtiments. Le vide, espace ouvert non enclos, peut être appréhendé comme le territoire des possibles, mais il est bien souvent l’impensé de la fabrique de la ville. Les stratégies urbaines dominantes concernent le plein et le programmé, rarement le vide et le non programmé.

pleins induit de penser la stratégie de projet par le dessin et la qualification des vides. Cela permet de valoriser les phénomènes environnementaux comme l’ensoleillement, les connexions écologiques, le cheminement de l’eau, la décharge thermique nocturne des bâtiments, la dispersion des polluants, l’épanouissement et la restauration de la biodiversité, la sobriété énergétique, la lutte contre les nuisances sanitaires.

Conceptualiser les figures du vide, au même titre que la nature et la forme des

Dans le vide les flux naturels prospèrent : vivant, lumière, énergie, air, eau.


Trame

3,6 26 / 39 / 52 / 65 / 78 / 91 /

Résidence La Quadrata Dijon / Sophie Delhay / Projet Lauréat Equerre d’Argent 2019 Ca


Thèmes de Sophie Delhay

6 x 3,6 / 13m 2 / 104 / 117m

atégorie Habitat

2

Libre appropriation / En fonction des groupes domestiques, des horaires, des dépendances et indépendances, de la qualité des espaces et des lumières. Interprétations / Mise en place d’une règle du jeu pour une invitation à l’imagination et à la transgression, l’inconvenance, l’inconnu, l’inédit. Délimiter sans limiter. Stimuler l’improbable. Créer des possibles. Entre définitif et ouvert, intransigeance et souplesse. Des dispositifs, des systèmes ouverts, non finis, capables de déclencher. Motifs / Ce qui nous meut, nous motive. Petit élément caractéristique d’une composition. Imaginer à partir du tout petit, des usages quotidiens et évènementiels, de situations précises. Le motif se déploie comme des tissages serrés d’espaces intimes et collectifs, intérieurs et extérieurs. Une combinatoire de situations offertes. Protocoles / Oublier, dépasser le programme. Offrir des chimères, des fantaisies. Partages / Ce qui relie et ce qui sépare. Dessiner des espaces c’est créer des lignes de partage. C’est à la fois rassembler l’espace dans un contour, à la fois le couper de son environnement. C’est autant créer des espaces que les relier.


Highrise of Homes / James Wines & SITE 1981


Maison Dom - Ino, Sans lieu / Le Corbusier 1914-15

Carcasses Nous sommes familiers avec la figure de la Maison Dom-Ino, le prototype hors sol conçu par Le Corbusier en 1914. Geste minima ouvert aux possibles, à de multiples et diverses incarnations. Nous sommes aussi familiers avec la figure théorique du Highrise of Homes de James Wines, membre du groupe d’architectes américains SITE (Sculpture In The Environment) conçu en 1981 où architecture et paysage participent du même continuum.


Nous découvrons actuellement le projet HOME (2018), habitat ouvert et sur mesure de Pascal Gontier, où le logement collectif change de paradigme en intégrant les habitants comme méthode pour mieux satisfaire leurs attentes. Des carcasses poteaux - poutres en bois, des projets qui attendent leurs vêtements. Des conceptions fondées sur la coexistence d’une architecture primaire et secondaire. La première prend en charge la trame, la structure primaire, les distributions verticales et horizontales, les gaines pour les fluides et réseaux de tous types : eau froide et chaude, eaux usées, gaz, électricité, téléphone, cable internet et TV. La seconde permet de concevoir plus librement du sur-mesure que ce soit de l’ordre de la programmation ou de la typologie, de l’esthétique ou des matériaux. Pascal Gontier évoque un Cadavre esquis architectural.

Cadavre exquis “Jeu de papier plié qui consiste à faire composer une phrase ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes”. Dictionnaire abrégé du Surréalisme André Breton et Paul Eluard 1938


Pièces en enfilade La maison comme une infrastructure, à l’intérieur tout peut se faire et se défaire au rythme des années. House 1219 / Harquitectes 2014


La figure proposée, qui s’articule autour d’un vide central, est composée de l’agrégation de vingt tours qui dialoguent entre elles, avec le vide central et la ville environnante. Chaque tour, est stratifiée verticalement en trois composantes. Le socle, qui règle le rapport au sol et accueille des fonctions urbaines et collectives (espaces interstitiels d’accès, station de mobilités douces, locaux techniques, boites à lettres, laverie, recyclerie, épicerie, espaces

communautaires). La liste reste ouverte à propositions audacieuses. Le corps, les logements dans toutes leurs versions contemporaines (Small Office Home Office, SOHO, pour nomades numériques, Hôtels résidentiels pour coliving-coworking et tous types et tailles de logements familiaux). La couronnement, qui règle le rapport au ciel et accueille les fonctions productives et récréatives (terrasses-belvédères festives avec sanitaires et cuisines


d’été, espaces polyvalents, serres maraichères, potagers, …). Liste ouverte là aussi... Cette figure, de conception à la fois structurée fonctionnellement sur la verticale et en dialogue avec ses voisines à l’horizontale, est une carcasse dont la trame carrée est de 3,60 mètres soit une surface de 13m2. Neuf trames-modules par niveau, six niveaux (rdc double hauteur + quatre niveaux de logements + rooftop de hauteur libre.

Tours agrégées


“A peine me rappelais-je ici, où je connus l’exqu le prolongement de la p le durcissement de l’hab Habiter Monade Atrium

Module de base Circulations verticales Espaces des possibles


e mon enfance heureuse, uise habitude d’habiter, peau en linges et habits, bit en meubles et murs.” r / Michel Serres 2011 urbaine

Résidence Favrehof Zurich / Diener & Diener 2014

La Monade urbaine est l’Utopie de la Cité idéale, une Unité où toutes les attentes de ses occupants peuvent être satisfaites. D’utopie elle devient dystopie dans le roman de science-fiction de Robert Sylverberg publié en 1971 car ses Monades urbaines n’ont pas d’extérieur, elles proposent un enfermement. La figure proposée ici, offre un extérieur dans son intérieur, propose au contraire une ouverture aux autres, à la ville, au milieu : un dehors.


Simplex / Duplex

Andrea Branzi 1998

Services partagés Espaces communs appropriables Studios Appartements familiaux Appartements en colocation Hôtel résidentiel Bureaux de coworking Small Office Home Office / SOHO

S


Habiter l’ouvert et l’inachevé Habiter le ciel Métamorphoses spatiales

Scénarii / Programmes Rendre possible la vie intime autant que la vie collective. Des espaces capables d’accueillir l’imprévisible, des pratiques sociétales hyperconnectées, désynchronisées. Un habitat capable d’accueillir le travail à la maison autant que la cohabitation intergénérationnelle. L’habitat est le moteur de la cohésion sociale, une porte vers le territoire, une fenêtre sur l’espace public. La densité crée des rapprochements autour d’usages, de panoramas, de rapports à la ville, de modes d’habiter. La pratique du nomadisme journalier et saisonnier induit la quête du meilleur endroit au meilleur moment pour la meilleure ambiance.

Sou Fujimoto


Il y a toujours une porte que tu traverseras... 1972 Vich.

... Pour la dernière fois. 1972 Vich.

Métaphores / Ettore So Architecte, théoricien, designer, poète, Ettore Sottsass est co-fondateur de Global Tools en 1973, d’Alchymia en 1976 et de Memphis en 1981, c’està-dire des principaux fleurons du design radical italien. Dans les années 70, il fabrique dans le désert du sud de l’Espagne, avec des matériaux pauvres, des structures basiques et élémentaires au caractère primitif destinées à disparai-

tre, qui photographiées et rassemblées forment une série qu’il nomme “Métaphores”. De l’ironie, de la poésie. Une invitation à méditer sur l’obsolescence du culte de la forme. Des dispositifs archétypaux d’une dimension proche du sacré, des scènes évocatrices des gestes archaïques les plus primaires, des rituels aujourd’hui oubliés.


Il y a toujours une porte par laquelle quelqu’un ne te laisse pas passer. 1972 Vich.

ottsass

Dessin d’une porte pour entrer dans l’ombre. 1973 Aigua Brava.

1972-1979

Il y a toujours une porte au-delà de laquelle tu rencontres ton amour. 1976 Dolomites.


Ce n’est pas donné à tout le monde de dessiner la vie comme une fête. 1976 San Gimignano.

Architecture virtuelle. 1973 Seo de Urgel.

Passer une porte ou ne pas pouvoir.

Se tenir dans un espace incertain, à peine existant tant il est min limite du virtuel mais bien réel. Huit fines pièces de bois, quelqu et le traitement de la surface de l’aire ainsi délimitée : sable, tiss Ces dispositifs ne sont pas sans évoquer les sanctuaires zen


Dessin d’une des milles salles d’attente dans lesquelles tu passeras ta vie. 1976 Viverone.

nimal, à la es cordes su, eau.

primitifs.

Il est difficile de dessiner un sol bien poli, presque un miracle. 1973 Banolas.

Dans beaucoup de pièces se décident des assassinats. 1976 Ivrea.


Incomplete Open Cubes Revisited


Permutations

Sol LeWitt Cube 1979 Sol LeWitt (1928/2007) est un artiste américain qui a travaillé comme graphiste avec l’architecte Ming Pei. C’est à son contact qu’il a forgé ses idées artistiques notamment la notion de précision géométrique. Mais bien qu’il ait fait des œuvres graphiques comme les Wall drawings, il est considéré comme un sculpteur. Ses travaux nommés Structures sont fondés sur un élément géométrique basique, le cube ou le carré établi en réseau dont il met en scène les potentiels de combinaisons. Il fut apparrenté au Mouvement Minimaliste, puis au Mouvement Conceptuel.


Wall Drawing #1136


Open Cubes in Color on Color

Distorted Cubes 2001

Wall Drawing 370 1982

Wall Drawing 565 1988


Conc réalis

220 logements sociaux Rue de Meaux Renzo Piano 1991 / Jardin de bouleaux et fougères Michel Desvignes

Echelle domestique Echelle monumentale Concours Ecole Normale Supérieure 2012 Projet non réalisé Lacaton & Vassal

Bibliothèque Nationale de France Paris 13e Dominique Perrault 1989 / 1995


cours La Roquette 1972 / Projet non sé Christian de Portzamparc

Une porte Au centre un vide Un jardin Un mur épais qui protège un jardin considéré comme un facteur d’urbanisation. La figure offre un extérieur dans son intérieur. Création d’une ambiance propice au développement de la vie. Le mur forme un enclos, l’apport d’eau induit les plantes qui induisent la fraicheur et les oiseaux. Construire avec la nature comme principe de germination.


Plutôt que d’avoir des façades techniques doubles, voire triples, je préfère l’idée d’habiter dans l’entre-deux de 6/7°C supérieurs à la température extérieure. Jean-Philippe Vassal

Dans la première version de la maison Latapie de Lacaton & Vassal, la mise en œuvre d’un ready made, une serre horticole standard, posée sur une infrastructure en béton et contenant des cabanes en bois permet de générer de larges espaces interstitiels où la vie se répand. Ces espaces non chauffés sont les plus occupés.

Maison


Emboitement

n Latapie - Première version / Lacaton & Vassal 2010

La coexistence de la serre et du bunker. La première esquisse non réalisée de la maison Latapie de Lacaton & Vassal est un modèle fondé sur la complémentarité des figures de la transparence légère et de la masse opaque. Habiter l’interstice, l’entre-deux.


Jardin botanique New York / Roberto Burle Marx

Je me décidais à utiliser la topographie comme surface de composition et les éléments naturels (minéraux, végétaux) que j’y trouvais, comme les matériaux de l’organisation plastique, exactement comme n’importe quel artiste compose à partir de la toile, des couleurs et des pinceaux. Roberto Burle Marx


Le jardin est un lieu de l’accumulation du meilleur : meilleurs fruits, fleurs, légumes, arbres, meilleur art de vivre, meilleures pensées. Gilles Clément / Le jardin planétaire

Jardin suspendu Maquette tombale Thèbes Le jardin est une reconstruction ordonnée de la nature elle-même, milieu naturel dont tout élément effrayant a disparu, un lieu où l’homme peut montrer son emprise sur la nature ou son amitié, en reconnaissant sa dépendance vis-à-vis d’elle. Le jardin peut être considérer

comme un monument vivant à forte connotation symbolique, une œuvre d’art. Il est aussi comme dans la tradition japonaise, le prolongement de l’habitation, la part de l’habitation en plein air. Jardin œuvre d’art, jardin prolongement de la maison mais aussi jardin productif.


Machiya Naka-niwa / Microjardins

Une machiya est la maison de ville des commerçants de l’époque Edo. Les machiyas sont construites en rez-dechaussée, dans certains cas réhaussés par des greniers, sur des parcelles minces et profondes intégralement aménagées. La boutique est en contact avec

Machiya Mumeisha / Kyôto 1909 / 20 maisons nippones / Isabelle Berthet-Bondet 2013


la rue. Plus on progresse dans la profondeur de la maison, plus les espaces deviennent intimes. La composition alterne des pleins et des vides, des pièces et des microjardins, de telle façon que toutes les pièces aient une vue sur un jardin. Oku-niwa, jardin du fond.

Tsubo-niwa, jardin entre le commerce et l’habitation. Naka-niwa, microjardin. Ce dispositif permet une relation forte entre habitat et jardin, entre intérieur et extérieur, entre architecture et paysage. La machiya incarne le concept de sumaï, le continuum intérieur-extérieur.

Au Japon, le jardin est organiquement lié à l’habitation qui s’ouvre largement sur l’extérieur grâce à l’escamotage des shojis, cloisons légères en papier de riz, washi. Le dedans et le dehors forment un tout où seule la rencontre de l’ombre et de la lumière esquisse une fugitive ligne de démarcation. Le sol de natte, tatami, devient plancher de la véranda, engawa, puis sable du jardin. Cette continuité spatiale entre maison et jardin est appelée sumaï, lieu de vie.


Rooftop Logements RdC

HS HS HS

Matériau

Structure tramée / E Poteaux et poutres Dalles / Epaisseur 4 Façades / Libres Murs mitoyens / Epa Cloisons / Epaisseur


P & gabarits / Libres P 2,80m P 4,80m

ux locaux / Biosourcés Le bois sera le matériau retenu pour l’architecture primaire. Pour l’architecture secondaire le bois restera le matériaux souhaitable tout en permettant tous les autres. La notion de recyclage et de réutilisation des matériaux devient

prédominante, dans les choix constructifs jusqu’à la réflexion sur la déconstruction. Connaître l’impact et la provenance des matériaux, l’extraction de la matière première et ses conséquences sur l’environnement.

Entre-axe 3,6m / Section de 30 x 30 cm 40cm

aisseur 15cm r 10cm


Parten

Aula ModulA /

Galerie Arch


nariat

/ Studio Belem

hiLib / 2021



Aula ModulA

Studio Belem

Aula, du latin cour, cour intérieure d’une maison.

Fondé en 2017 par Edouard Bettencourt et Malik Lemseffer, Studio Belem opère dans les champs de l’architecture, du design et de la recherche. Son activité se base principalement entre Paris et Casablanca. Il prône une architecture vivante et contextuelle.

Modula, diminutif de Modulus, du latin mesure, règle.






Pierre-Jean Le Maitre, Pierre-Maxence Renou Malik Lemseffer / Studio Belem

Galerie ArchiLib / Ver Malik Lemseffer / Studio Belem, Alexandre Marsan, Mathurin Cahon, Antoine Millet, Salvador Mendoza, Wuntu Hunte, Louis Ricour.


lt

Alexandre Marsan, Salvador Mendoza, Wuntu Hunte.

rnissage Aula ModulA Mathilde Piel, Cécile Keuleian, Ramatoulaye Diallo, Mayssenne Snoussi, Ghita Syabri.


Invitée par le Studio Belem pour contribuer à l’exposition Aula ModulA à la Galerie ArchiLib, l’ESA s’inspire de leurs réflexions pour définir la rechercheprojet des L2s1 pour le printemps 21.

© © James Lovelock © Bruno Latour © Julien Mauve © Andreï Tarkovsky © Lygia Clark © Frédéric Borel © Sou Fujimoto © MVRDV © Kisho Kurokawa © Edouard François © Chartier Corbasson © Tétrarc © SANAA © Sophie Delhay © XTU © Jean-Philippe Poirée-Ville © Patrick Blanc © Andrea Branzi © Frank L. Wright

Editorial © Joëlle Zack © Gustave Klimt © Lao Tseu © James Wines SITE © Le Corbusier © Pascal Gontier © André Breton © Paul Eluard © Harquitectes © Michel Serres © Robert Silverberg © Diener & Diener © Ettore Sottsass © Sol LeWitt © Renzo Piano © Christian de Portzamparc © Lacaton & Vassal © Dominique Perrault © Roberto Burle Marx © Gilles Clément © Isabelle Berthet-Bondet © Studio Belem © Pierre-Maxence Renoult © Pierre-Jean Lemaitre © Marc Vaye


Travaux étudiants


Aula Mo


odulA ESA


Lumière verticale / Colocations - C


Coworking Clémence Boniteau Lumière abondante matin et soir / Lumière filtrée Double peau / Ecran de verre / Moucharabieh Intimité / Convivialité







Village vertical Mathurin Cahon


R0

R1

R4

R5


R2

R3



Appartements familiaux Studio avec jardin suspendu SOHO avec jardin suspendu partagé

Less is more Ramatoulaye Diallo


R+1 R+2


R+3 R+4


Façade verte Julien Chiche




Wuntu Hunte Cellule



Rencontres / Echanges / Partage Intimité Voir sans être vu / Moucharabieh Jardins aromatiques suspendus Chez soi dehors

Jardins lumineux pour colocations Cécile Keuleian


R1

Sim


mplex

R4


R2 R3 Duplex


Jardin aromatique



Cafétéria

Roof top


SOHO Duplex & Jardin suspendu / A


Alexandre Marsan



Odorat Ouïe Toucher

Salvador Mendoza Logements pour malvoyants




Duplex N0

Duplex N1


Cabane Cellule Matrice Equilibre Jardin

Personnalisable Impluvium Vert Bardage Confort thermique

Duplex + Annexe / Antoine Millet



2021

2023

2026

2046




Hôtel résidentiel en autogestion La modularité comme réponse à la flexibilité Intimité Fluidité et continuité entre intérieurs et extérieur


rs

Hôtel résidentiel Mathilde Piel


F

R0 R1 R2


Façade épaisse


R3 R4




Mixité sociale Ghita Syabri


Bibliographie 43 Logements Villeneuve Saint Georges / Frédéric Borel 2014


Générale * Les quatre concepts fondamentaux de l’architecture contemporaine / Richard Scoffier, Editions Norma 2012. * Où atterrir ? Bruno Latour, La Découverte 2017. *Où suis-je ? Leçon du confinement à l’usage des terrestres, Bruno Latour, Les empêcheurs de tourner en rond 2021. Logements * Vers de nouveaux logements sociaux / Cité de l’architecture et du patrimoine, Silvana Editoriale 2009. * HOME - Habitat ouvert et sur-mesure, Pascal Gontier, Editions Muséo 2018. Bioclimatique * Climats / Conférences de Malaquais, 2012.

* Météorologie des sentiments Philippe Rahm, Les petits matins 2015. * Histoire naturelle de l’architecture. Comment le climat, les épidémies et l’énergie ont façonné la ville et les bâtiments / Philippe Rahm, Pavillon de l’Arsenal 2020. Pensée paysagère * Court traité du paysage / Alain Roger, Gallimard 1997. * Le jardin planétaire / Claude Eveno, Gilles Clément, Editions de l’aube 1997. * Tadao Ando Pensées sur l’architecture et le paysage / Yann Nussaume, Arléa 1999. Nature et agriculture urbaine * Agriculteurs urbains / Dir. Guillaume Morel-Chevillet, Editions France Agricole 2017. * 101 mots de l’agriculture urbaine, Archibooks 2010.

* L’architecture de l’environnement bien tempéré / Reyner Banham, HYX 2011.

* Bêtes de villes / Nicolas Gilsoul, Fayard 2019.

* Architecture météorologique / Philippe Rahm, Crossborder Archibooks 2009.

* Nature urbaine en projets / Catherine Chomarat – Ruiz, Crossborder Archibooks 2014.


#23

Habiter la zone critique Assistante / Emma Peyrichou

Biodiversité et coexistence avant le Confinement.

Etudiants / Semestre L2s1 Nicolas Abou Fatine Atia Mamoun Bennani Clémence Boniteau Mathurin Cahon Julien Chiche Lisa Delgado Ramatoulaye Diallo Wuntu Hunte Cécile Keuleian Alexandre Marsan Salvador Mendoza Antoine Millet Mathilde Piel Louis Ricour Maysenne Snoussi Ghita Syabri

Studio Marc Vaye / Travaux

Printemps 2021


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