Allons en Ville..., Atelier François Grether

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© ESA Productions 2ème trimestre 2004. Ecole Spéciale d’Architecture 254, boulevard Raspail 75014 Paris. Conception : Marc Vaye. Maquette : Philippe Guillemet. Dépôt légal : mai 2004. ISBN : 2-9521578-1-2


Atelier François Grether

“ allons en ville…”

“Grether est humble dans son propos, solide sur ses bases théoriques, et porté, ce qui est fondamental, à une très grande acceptation du dialogue public”. Jean-Pierre Fourcade Sénateur-Maire de Boulogne-Billancourt.


Avant-propos

François Grether a consacré plus de vingt ans de sa vie professionnelle au service d’une ville, Paris, et plus de dix ans au service des villes, des grandes métropoles aux petites communes, c’est dire s’il dispose d’une distance de temps, celle qui induit la conscience du rôle de la durée dans tout travail sur la ville. Il se plaît à dire, qu’en ville la discrétion est de mise : “une rue, comme la ville, n’a pas d’auteur”, et défend un positionnement d’acteur de projets, valorisant ainsi le souci de comprendre les intérêts, les points de vues, les approches culturelles, les visions des autres intervenants. Des principes et des convictions, acquises au fil des expériences et des rencontres, notamment avec les paysagistes. Des convictions donc, mais un minimum. Favorable à une conception ouverte du projet urbain, il développe le principe de progressivité des parcours de conception, et propose l’idée de “projet sans plan masse”. ESA Productions

Ménétru le Vignoble, Jura.

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Jouer le jeu de la ville

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Sommaire

Editorial de François Barré

Inutile de montrer les biscoteaux

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Entretien de François Grether avec Jean-Denis Espinas

Paris, une forme en projet

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Atelier parisien d’urbanisme Une longue exploration de Paris

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La Villette

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Plan programme de l’est de Paris

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Seine Rive Gauche

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Les Rivages Ports fluviaux et transformation urbaines

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Quai, canal et parc de la Loire Communauté d’agglomération orléanaise

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Terrains Renault, Ile Seguin Boulogne-Billancourt

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Lyon Confluence, Lyon

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Transformations urbaines Superpositions Inventives Entretien de François Grether avec Alain Pélissier

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Secteur du Romarin, Euralille

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Quartier de Gerland, Lyon

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Clichy-Batignolles, Paris

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Le Projet urbain et ses règles aujourd’hui

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Après les années 70 Quartiers nord, Amiens

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Renouvellement urbain, Saumur

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Pour un quartier universitaire, Nantes

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Atelier François Grether

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Eléments biographiques

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Méthode de travail, équipe

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Maîtrises d’ouvrage

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Références

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Jouer le jeu de la ville Editorial de François Barré “Le lieu où une plaine fait sa jonction avec une ville est toujours empreint d'on ne sait quelle mélancolie pénétrante.” Victor Hugo

Pour qui fréquente peu ou prou le monde de l’architecture et de l’urbanisme, la silhouette de François Grether est familière. Sa grande taille, sa corpulence, son élégance, ses vêtements parfaitement coupés, mi-costumes de ville, mivêtements de travail, accrochent le regard et retiennent l‘attention. Mais très vite vient le sentiment puis la conviction qu‘il ne cherche en rien à attirer cette attention et qu‘il se tient naturellement en retrait, dans une écoute vigilante et le désir discret d‘une sociabilité qui ne sacrifierait en rien aux rites chéris en ces milieux - de recherche et d‘affirmation d‘une singularité sans pareille. Nulle indifférence ni timidité en cela mais plutôt le doute substantiel d‘un arpenteur des villes revenu des conclusions hâtives et des solutions définitives que prônent tous les héroïsmes. Architecte urbaniste, François Grether a passé plus de vingt ans à l‘Atelier parisien d‘urbanisme (Apur), inaugurant ainsi, après les Beaux-Arts de Paris, une carrière fondamentalement tournée vers l‘étude et la considération des causes communes. Lorsqu‘en 1992, il crée son atelier (ce n‘est pas une agence mais le lieu de la “longue patience”), il est fort d‘une expérience complexe et d‘engagements effectifs comme les études pour l‘aménagement du secteur de la Villette, le Plan programme de l‘est de Paris ou la Zac Seine Rive Gauche. Depuis lors il est intervenu dans tous les domaines de l‘urbain. On en découvrira les traits essentiels en y suivant notamment le cours des fleuves et des villes en des rencontres qui de la Loire au Rhône, de la Saône à la Seine ; mais aussi des quais et des îles, des presqu‘îles et des ports, des confluences et des canaux jusqu‘aux rubans minéraux des autoroutes et des périphériques (autres lits et autres rives) irriguent les villes et créent ces territoires ambigus qui joignent en même temps qu‘ils séparent, font lisières et articulations et réfèrent la ville et ses méandres à la dimension territoriale. La double faillite de la ville planifiée et de la ville émergente, le double refus de la ville octroyée et de la ville abandonnée à elle-même obligent à une approche cultivée et modeste (n‘est-ce pas la même chose ?) du devenir des villes. La ville est équivoque. Elle a plusieurs sens et plusieurs horizons. Elle est palimpseste et vit des temps superposés, y compris celui de sa lente transformation - déjà au travail et que le temps long révélera. Face à cela, il apparaît de plus en plus vain de vouloir conclure, de croire à

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l‘unité du projet, de prôner une autonomie disciplinaire qui ferait la ville à partir de la seule architecture et qui confierait aux machines célibataires un destin fédérateur. Le pire serait de croire au terme d‘un projet et à l‘achèvement de la ville. La ville constituée et la ville diffuse se regardent en chiens de faïence comme l‘histoire et la géographie. Il serait temps de les réconcilier puisqu‘elles façonnent notre quotidien. Le territoire impose sa dimension et la logique de l‘extra muros en même temps que sont à l‘œuvre des temporalités différenciées des traces viaires, des usages et des rites. François Grether joue le jeu de la ville. Ce jeu là appelle des acteurs davantage qu‘un auteur et s‘inscrit dans un territoire que ne saurait contraindre le strict tracé d‘un périmètre. “Oublions les choses, ne considérons que les rapports” disait Georges Braque. Il s‘agit bien de cela, de donner un influx et mettre en branle des logiques cachées et des relations potentielles ; mais encore de créer des situations, de travailler les interstices, de prendre les fragments pour les moteurs d‘une pensée plurielle, d‘ouvrir l‘espace à ses éventualités, de donner lieu comme on donne la parole pour une ville négociée aux multiples acteurs. “La bêtise consiste à vouloir conclure” avait remarqué Flaubert. Quand la ville suit son cours en même temps que son territoire est modifié par les raisons ou déraisons de l‘aménagement, il serait dangereux de croire à une fatalité du développement interdisant toute capacité d‘inflexion et de maîtrise. Le grand art de François Grether consiste à intervenir avec l‘autorité subtile de qui sait percevoir et faire percevoir les “lignes révélatrices” qui, en toute ville, sont porteuses de possibles et sauront même accueillir de nouveaux acteurs que le présent pressant dissimule à nos courtes vues. Nous vivons sans doute une époque de grands bouleversements et d‘apparition d‘un mode nouveau de gouvernance permettant l‘expression des groupes et des personnes au travers d‘un réseau d‘initiatives qui ne correspondra plus aux architectures institutionnelles de la démocratie représentative. L‘exercice partagé du pouvoir sera préféré à sa délégation. En ce temps de mutations, il faut laisser du temps au temps et ménager les indécisions non comme une faiblesse des volontés mais comme une force anticipatrice. Il faut que ça germe. Telle est notre modernité en attente.


L‘expression de convictions personnelles est, pour certains, l‘occasion malhabile de donner une image idéale de leur œuvre ou d‘eux-mêmes. Ils veillent alors à les ordonner en une inébranlable profession de foi, reflet supposé de leur personnalité. François Grether ne se cache pas de ses convictions, acquises au fil du temps, mais ne cherche pas à les mettre en scène sous la perfection du discours. Enseignant, on lui a d‘ailleurs parfois reproché l‘absence de philosophie d‘action, lui qui est capable de communiquer indifféremment ses credo comme ses doutes, indissociables à ses yeux. Ses convictions propres ne sont pas artificiellement construites mais intimement vécues. Il semble même capable de se remémorer l‘origine de chacune d‘elles. Ce sont les lectures, les lieux, les projets, les expériences, les rencontres qui lui ont révélé ce en quoi il croit. La complexité des situations, la multiplicité des acteurs et des rôles font d‘ailleurs des convictions une nécessité. “On ne travaille qu‘en convictions” dit-il. Contre la routine, se poser sans cesse des questions pour comprendre et progresser. Et chaque nouvelle expérience a révélé ou consolidé un point de vue sur son métier d‘urbaniste. Un des premiers, reconnaît François Grether, est “qu‘on ne produit pas la ville comme l‘architecture, on ne fabrique pas la ville”. Celle-ci existe par elle-même, se transforme dans un mouvement lent “différent du temps de nos impatiences”. Et si l‘on peut en infléchir le mouvement, elle vous rappelle la modestie. Voilà une qualité première de l‘urbaniste, présente à l‘état naturel chez François Grether. Mais c‘est pour lui l‘enseignement immédiat de son engagement parisien. Il y a éprouvé la gêne d‘être à l‘écart des grandes questions qui agitaient l‘époque, banlieue et grande périphérie. Il y a surtout ressenti une profonde fascination qui tenait autant au visage exceptionnel de la capitale qu‘à l‘universalité de nombre de ses caractères dont, essentiel, celui de la complexité. Complexe, donc complexant. Mais, convient François Grether, sa chance fut de se confronter, dès l‘origine, à la diversité des formes et des échelles urbaines des outils et des projets ; un acquis décisif par la suite. C‘est, en plein scandale de La Villette, l‘époque de la réinvention des abattoirs et des choix qui, peu ou prou, détermineront la réalité d‘aujourd‘hui. C‘est aussi la difficile réinterprétation du nord-est de la capitale. Un double prélude à l‘aventure du Pos.

Le Pos de Paris c‘est, pour François Grether, “la découverte d‘une grammaire, d‘une syntaxe qui ne fait pas le sens mais lui laisse de larges possibilités de s‘exprimer”. Il fallait d‘emblée clarifier le statut des sols, le découpage des espaces, les règles d‘alignement pour faire le lien entre la conception, la gestion de l‘espace et sa transformation future. La certitude acquise alors est celle des fondements juridiques et techniques du projet. Les uns et les autres sont mis à son service et non l‘inverse. Maîtrisés, ils ne condamnent pas à la reproduction perpétuelle des formes traditionnelles, mais ouvrent le champ des possibles et révèlent, entre autres exemples, que l‘espace public ne se limite pas à la voie publique. Des règles de hauteur, d‘implantation, peuvent libérer la création architecturale plutôt que de faire bégayer le passé.

Inutile de montrer les biscoteaux Entretien de François Grether avec Jean-Denis Espinas*

Suggérant à Pierre-Yves Ligen, alors directeur général de l‘Apur, d‘organiser dix concours sur dix terrains pour en faire la démonstration, François Grether sera navré de n‘avoir su convaincre. Il faudra subir, se souvient-il, “une décennie de pastiche avant que ne se révèlent les inventeurs du renouveau, sachant tirer parti d‘un jeu de règles traditionnel en apparence”. Il estime aujourd‘hui prouvé qu‘un contrat entre administrations, populations et concepteurs est accessible autour d‘un engagement créatif par delà les visions doctrinaires. L‘ostracisme qui, côté concepteurs, frappe le droit et la technique doit être dépassé. Des rencontres décisives mèneront François Grether à reconnaître l‘évidence. La conscience de cette autre réalité de l‘espace urbain se mêle aux différentes approches qui guident François Grether dans la compréhension d‘un lieu et la quête de l‘essentiel. Les différentes perceptions qu‘il s‘en fait se construisent dans un incessant allerretour : l‘observation sensible - acquise auprès des paysagistes - alterne avec la distanciation du “travail en chambre” pour se libérer de l‘anecdote. Puis, c‘est le chemin inverse, celui de la vérification, lors de laquelle il est rare que la redécouverte du lieu ne bouscule pas à son tour quelque construction projectuelle. La représentation ne se cantonne pas au dessin. Car le processus est multiple même si l‘unique objectif demeure la découverte du projet. Découverte ? Oui, car François Grether se dit convaincu de la présence latente du projet dans le contexte auquel il se confronte.

*Edition Ministère de l’équipement, des transports et du logement, Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction, 2001.

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Un sentiment intime du déjà-là qui l‘habite et gouverne sa propre démarche de projet. Ainsi ne connaît-il pas de plus grande satisfaction professionnelle que de voir son intervention se fondre dans le décor. D‘autres en seraient mortifiés, lui se délecte de cette perspective. Et de jubiler au souvenir de cette inauguration d‘espace public lors de laquelle les autorités erraient sans but, incapables de découvrir la raison de leur présence. On dû envoyer chercher d‘urgence quelque témoignage photographique de “l‘avant” pour rassurer tout ce petit monde. “Inutile de montrer les biscoteaux, conclut François Grether, le projet est vue d‘avenir et non manière de faire ”. L‘exigence de l‘essentiel n‘était pas nouvelle. Deux ans durant, dans les Aurès, François Grether, coopérant, devra mettre en œuvre un plan d‘équipement général là où tout manquait, là où l‘on marchait pieds nus dans la neige. Il tentera, naïvement, se reproche-t-il aujourd‘hui, d‘agir, quitte à inventer des méthodes, des procédures qui tiennent en une page mais au plus près des réalités locales. Au retour, le design et ses sophistications, lui apparaissent comme un dérisoire objet de débat. Il en retirera une profonde défiance pour le formalisme et ses débats sans fin. Le premier des projets mis dans les mains de François Grether résonne aujourd‘hui encore en lui comme “une déception colossale” et un enseignement définitif. Parcourant, à l‘époque, la Zac Belleville qu‘on lui a confiée, il ne ressent à chaque coin de rue qu‘incompréhensions et trahisons. Architectes et maîtres d‘ouvrage ont poursuivis d‘autres objectifs que les siens et ses propres illusions, sur sa supposée maîtrise du projet, s‘évanouissent. Une bonne claque aux tentations démiurgiques mais, plus encore, une brutale prise de conscience. La responsabilité de l‘urbaniste ne s‘attache qu‘à ce qu‘il maîtrise réellement. Là, projet d‘architecture et projet urbain se disjoignent définitivement. Autre matière à réflexion, l‘opacité de la commande architecturale. Une situation qu‘avec d‘autres il a vigoureusement combattue, comme il continue à le faire, en préconisant un renouvellement organisé, fondé sur une sélection élargie aux jeunes, aux provinciaux, aux étrangers, à la diversité des courants de pensée. Aussi François Grether s‘engage-t-il dans une action sur la commande, assumant sans hésitation le choix des maîtres d‘œuvre.

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Une façon de stigmatiser “la différence qui ne cesse de croître entre maîtres d‘œuvre du projet architectural et urbain”. Aux premiers, le travail d‘auteur, la relation exclusive au maître d‘ouvrage, l‘œuvre visible tendue vers l‘achèvement et la permanence. Aux seconds, parmi lesquels il faut compter François Grether, les orientations, grossières ou précises, le jeu des transformations dans le temps, la considération des durées. L‘urbaniste se vit schizophrène, “la tête en deux morceaux” comme dit François Grether. L‘un gère le projet et les réponses rapides aux attentes exprimées dans un contexte et avec des moyens connus. L‘autre s‘exprime dans une vision lointaine, le dessin des lignes de force qui vous entraînent vers l‘avenir. Mais qu‘on se garde de l‘idée d‘une articulation soigneuse des deux temps du projet. François Grether reconnaît “les mener tous deux de front, dans un tiraillement permanent, où chaque appesantissement excessif sur un versant ou sur l‘autre est bien vite sanctionné. Mais, insiste-t-il, le court terme n‘est pas déduit du long terme”. Le temps est donc compagnon de route du projet. De nouvelles dimensions doivent être désormais reconnues comme celle, exigeante, de la démocratie. François Grether vit pleinement l‘intrusion brouillonne de l‘expression démocratique dans la démarche technique. Contrepoids à la relation utile mais contestable du prince et de l‘architecte, l‘aspiration à comprendre et à débattre se fait entendre énergiquement. “Elle absorbe un temps fou mais c‘est un phénomène nécessaire, historique et irréversible, capable d‘influer réellement sur l‘ordre des choses. J‘y crois profondément”, juge François Grether. Encore faut-il s‘y consacrer avec sincérité. François Grether le fait pleinement “jusqu‘à se gommer pour mieux entendre parce que la ville est faite de regards multiples”. Le temps est aussi synonyme de transformation. “Elle touche la ville en chacune de ses parties, y compris les plus préservées”, affirme François Grether. Aussi la montée du passéisme l‘agace-telle profondément, lui pour qui le goût de l‘histoire est réel et vivant. Autant il s‘est insurgé contre une vision restrictive du Paris historique autant il réprouve “la patrimonialisation de tout et n‘importe quoi, qui, sous couvert de protection, projete en fait”.


L‘histoire, François Grether, préfère s‘y appuyer pour aller de l‘avant, profitant des éclairages qu‘elle offre sur demain. Ce ne sont pas des mots en l‘air. Le tracé de quai d‘endiguement du Rhône de Perrache, en 1776, imprègne la logique de projet qu‘il a défendu pour Lyon Confluence. Et sa conscience du temps, de le ramener encore et toujours à une sincère modestie. Pour ce projet, certaines composantes sont fermement déterminées, d‘autres sciemment reportées à plus tard, 20, 30 ou 60 ans. “On a besoin d‘un horizon, mais, comme pour le marcheur, il peut reculer au fil de l‘avancée. Le tout est de garder le projet vivant ”. Le fleuve aide ici François Grether à comprendre la ville. Il avoue s‘être senti dépassé, comme beaucoup sûrement, par le phénomène urbain et ses formes d‘expansion multiples. Les lignes de contact naturelles entre mer, fleuve, campagne et ville l‘ont aidé à mieux saisir cette complexité. C‘est là qu‘il l‘a décodé le mieux. Car il est convaincu de l‘explosion totale et définitive des limites urbaines telles qu‘elles ont longtemps imprégné notre conception de la ville et nos agissements. L‘urbain n‘a pas vaincu pour autant le rural. Mais le jeu d‘opposition s‘est désagrégé. “Il reste à composer ville et paysages, marier génie rural et génie urbain”.

La nuit entre quai haut et berge basse. Croquis : Etienne Lefrançois.

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Paris, une forme en projet

Au-delà des signes particuliers Cieux clairs, ton pierre, grains de beauté et cicatrices, les signes particuliers peuvent-ils définir l‘identité du sujet ? Un certain “caractère parisien” est parfois invoqué comme un critère qui permettrait d‘associer le projet et la forme de cette ville. Un particularisme serait établi, unitaire et reproductible. Mais il n‘est possible que s‘il vise un ensemble de valeurs, des pratiques et des ambiances spécifiques, ou des dispositions morphologiques originales ou plus simplement la couleur de la pierre gris-jaune. La succession des époques modifie chaque fois les usages, les institutions et les architectures ; mais les changements les plus vifs sont dans les regards des témoins qui passent. Aujourd‘hui, l‘esprit qui a fait la singularité de Paris ne peut pas être considéré comme un acquis indéfectible, à l‘écart des deux tendances contraires de banalisation et de récession qui menacent conjointement les villes contemporaines. Dans une autre vision, la métropole parisienne est fréquemment vue comme une accumulation de lieux puissants et pittoresques et de réalisations exemplaires, une somme de fragments reconnus, morceaux choisis hétérogènes et répertoriés. Cette collection de références présente l‘intérêt de pouvoir être indéfiniment complétée et étendue ; mais elle ignore les structures, les réseaux, et toutes les interrelations qui constituent l‘essentiel de la formation de la ville. Les traits dominants, les matériaux et les aspects de chacun des quartiers pourraient être isolés, mis en catalogue et considérés comme les ingrédients typiques d‘un paysage local à préserver et reproduire. Cette analyse revient à confondre existence et apparence et à réduire sommairement la ville à une suite de décors autonomes. Et, derrière des pans de façades conservés, les chantiers de constructions cachés qui se sont multipliés témoignent d‘un immense désarroi.

Une unité de mouvement

1 “L’allégorie du patrimoine”, Françoise Choay, Le Seuil, Paris, 1992.

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L‘édification urbaine est communément assimilée à un mécanisme de pétrification en extension ; mais à l‘image des défilements de nuages ou des débordements volcaniques, il suffirait d‘accélérer le cours du spectacle pour percevoir, dans toute son ampleur, la vitalité de Paris, producteur de formes infiniment changeantes. Cette ville est sans doute un rare endroit où, dans la durée, s‘exerce un intense

processus de qualification de l‘espace, toujours réinterprété et réinvesti, avec une exigence d‘actualisation permanente. Bref, l‘identité vivante de Paris, son unité et sa richesse, sont contenues dans cette force de renouvellement créatif, dans son mouvement. Les traces des variations morphologiques de Paris, issues des différents moments de son évolution, se trouvent maintenant associées et confrontées dans une existence commune, contemporaine. Après l‘époque d‘une forme de rupture avec la mise en œuvre tardive et sommaire des conceptions du Mouvement Moderne, puis après l‘époque d‘une sorte de continuité avec les règles du Plan d‘occupation des sols et des Zones d‘aménagement, une autre période semble s‘ouvrir. Au préalable, les limites des enceintes qui définissaient et tentaient de contenir la ville avaient disparues - décalages dimensionnels. Puis, les règnes des savoirs hiérarchisés qui guidaient les transformations urbaines, se sont progressivement dissous, laissant place à une démultiplication ou dispersion des références et des points de vue - décalages culturels. Préparé par ce passé récent, un projet nouveau peut-il s‘établir, si ce n‘est celui du pluralisme accepté ? Les idées et les sensibilités multiples ne peuvent plus trouver d‘arbitres qui les départagent, et plus que jamais, les ambitions éparpillées répondent à des approches et des démarches dissociées. Avec ses risques de dislocation et ses chances de dépassement, n‘est-il pas bon d‘accepter cette situation de recherche et d‘aimer ce temps en suspend, le nôtre ? Mais comme l‘explique Françoise Choay, la crise actuelle des villes est en partie déterminée par nos relations avec leur héritage. “En tant que fonction narcissique, le culte du patrimoine n‘est justifiable qu‘un temps : temps de reprendre souffle dans la course du présent, temps de réassumer un destin et une réflexion”1. Dans ce débat, quelle est la part de “l‘haussmanisme”, désigné, depuis peu, comme la doctrine d‘urbanisme qui représenterait soit toutes les traditions de la ville du passé, soit une méthode transposable pour demain ? Les deux postulats sont abusifs. Paris n‘est évidement pas contenu dans le Second Empire.


Le devenir de la ville ne peut davantage s‘affranchir d‘une compréhension collective du patrimoine, enfin plus fine et plus positive, de la même façon qu‘il n‘est aujourd‘hui plus dissociable de ses immenses extensions territoriales. Généralisée, l‘urbanisation ne peut se concevoir sans une alternative concrète ; elle semble maintenant se mesurer partout en regard des éléments de nature. Ainsi s‘est produit un profond changement de nos rapports au paysage, au végétal2 et ainsi se manifeste un attrait soutenu pour l‘eau et les rives, pour le ciel, la météo, les saisons. Le thème du paysage n‘est plus celui de l‘embellissement de la ville, antidote de sa concentration, mais celui de sa définition, dans laquelle interfèrent les sensations et les architectures. Tout indique qu‘apparaît une nouvelle forme hybride “territoire-urbanisation-nature”.

Nouvelles contextures Inscrire, relier, recoudre. Le vocabulaire actuel de l‘urbaniste montre une préoccupation constante pour la cohésion des tissus urbains. La vitalité et la souplesse des tissus bâtis anciens, fédérés autour des monuments et des espaces publics, sont encore l‘objet de nostalgie. Pourtant, les capacités d‘adjonction et d‘adaptation qu‘ils comportaient sont bien éteintes. Les liens sociaux et économiques s‘affaiblissent, tandis que les programmes aboutissent à des formes bâties indépendantes. La copropriété, les parkings et les processus de construction additionnent leurs effets pour que chaque réalisation soit un produit fini dès son édification. Les accès aux transports, les services, les équipements, les lieux de travail, ainsi que les espaces qualifiés restent des pôles d‘intérêt autour de l‘habitation. Mais alors que le logement est maintenant placé au centre de la perception de l‘espace, les moyens de déplacement et de télétransmission effacent les distances et changent les contraintes. Les relations aux éléments naturels, l‘isolement individuel ou le repli en groupes communautaires, qui accompagnent l‘indépendance des productions bâties, montrent que les tissus urbains à imaginer seront d‘une autre nature et d‘une autre échelle. Remédier à la congestion et à l‘encombrement est la raison constante des évolutions de l‘urbanisme parisien. Il est possible que les intenses relations entre l‘ancien centre et les périphéries deviennent moins exclusives.

Cette forme d‘interdépendance peut s‘atténuer grâce à la dispersion croissante des centres d‘activité, des infrastructures et des motifs de leur fréquentation. À l‘opposé des menaces de saturation, il est indispensable de trouver des ressources pour que la ville puisse continuer à se transformer. Ces ressources correspondent à la disponibilité des espaces qui pourront être libérés des usages dépassés et ouverts à l‘expression d‘attentes nouvelles.

Le jeu des règles La réglementation des droits de construire est parfois imaginée comme un outil de projet urbain cohérent. Elle ne parvient pourtant pas à tenir pleinement ce rôle, sans rectifications permanentes, sans périmètres d‘exception. Chacun voit les règles d‘urbanisme sous l‘éclairage de ses responsabilités ; entre les parties concernées, élus, opinion publique, administrations, associations, urbanistes, maîtres d‘ouvrages, architectes, les dispositions codifiées restent négociées pour former un plus petit dénominateur commun. Chaque catégorie de règle est la manifestation d‘orientations ou d‘inspirations différentes. La référence à la propriété d‘un terrain, avec ses limites, est le principe cohérent de la structure du territoire urbanisé. Le zonage et le contrôle des densités ressortent de la planification fonctionnelle opposée au marché. Les prospects répondent aux soucis d‘aération et de confort. La limitation des hauteurs traite de l‘horizon. L‘homogénéité locale des droits garantit une forme d‘égalité, malgré la diversité des terrains et l‘inégalité de leur situation. Les options idéologiques sous-jacentes s‘additionnent de plus en plus nombreuses, moins lisibles. Le système de contraintes qui en résulte ne parvient plus à répondre aux enjeux concurrents, ceux de la cohérence de la ville illimitée et ceux des intérêts appropriés à chaque lieu. À Paris comme ailleurs, l‘alignement définit conjointement une direction en longueur, continuité orientée, et une division en travers, partage entre mouvement général et usages particuliers. Rien n‘indique que le renouveau des formes ne puisse pas également s‘exprimer avec cette ligne de référence, pour des réalisations qui comportent d‘infinies interprétations et variations autour de l‘alignement ; comme l‘atteste beaucoup de réalisations récentes dans l‘est de Paris. Les autres limites, séparatives, sont modifiées dans le cadre des procédures d‘aménagement, par regroupement de parcelles ou découpage de grandes emprises.

2 Les balcons parisiens, totalement nus dans les photographies anciennes, se peuplent aujourd’hui très rapidement de plantes et les voies acceptent des arbustes.

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En raison de la valeur de l‘espace, les dimensions des terrains et celles des programmes de construction du moment sont étroitement ajustés. C‘est normalement ainsi que, sauf exception, les terrains et donc les immeubles récents, ne sont généralement ni petits, ni grands. L‘implantation des constructions à l‘alignement et entre mitoyens qui est fortement incitée, ne fait guère appel aux variations prévues : “Néanmoins, lorsque l‘environnement ou l‘expression d‘une recherche architecturale les justifient, des retraits par rapport à l‘alignement peuvent être admis”3. Au-delà de l‘immeuble sur rue, les volumes complémentaires ne sont envisageables que dans les rares grandes parcelles. Le nombre des recours montre bien que les droits des voisins sont, plus qu‘en tout autre temps, sensibles et qu‘il n‘est pas imaginable de réduire les prospects. Dans la plupart des situations, c‘est en fait la moindre dimension des dégagements qui limite la hauteur des constructions, et il n‘est pas rare que le niveau autorisé soit inférieur au gabarit du début du siècle. Mais pourtant, il serait aujourd‘hui facile de dessiner, avec plus de finesse, les contours de projets qui participent à l‘expression des silhouettes de Paris. Le mot de Cos est passé dans le langage commun, alors qu‘il n‘est rien de plus difficile que d‘imaginer les effets visibles d‘un rapport arithmétique entre une surface de terrain et celle des planchers qui y sont édifiés. Beaucoup de vieux préjugés attachés à la mesure des densités bâties sont encore vivaces. Il serait certainement plus clair de traiter directement des contenus et des formes de projet, comme dans les secteurs d‘aménagement. Enfin, la plupart des mesures d‘urbanisme se traduisent par la délimitation de zones d‘actions appropriées, contenues dans des périmètres. Par une sorte d‘entropie, s‘instaurent, dans les méthodes et les conceptions, des logiques compartimentées. Il serait assurément souhaitable d‘identifier projets et contextes par des moyens plus souples et nuancés.

Formes et devenirs concurrents Les vieilles villes ne s‘approchent pas de leur achèvement ; elles portent en elles un élan certain et un projet. Tendances, hypothèses.

3 “Plan d’occupation des sols de la Ville de Paris”, article 6.

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Paris, capitale touristique ? La réunion des grandes institutions et des acquis d‘un riche passé pourrait remplir l‘horizon parisien. Ce vaste centre ancien se complairait dans une image convenue,

vaste secteur sauvegardé. Mais il n‘est pas vraisemblable que Paris puisse se satisfaire de réduire sa vocation à celle d‘un décor. Paris, île d‘excellence ? La conscience de rassembler, dans un espace donné, des valeurs sûres face aux désordres extérieurs, conduirait à concevoir les problématiques des transformations de la ville, dans ce cadre solitaire. Mais, quels seraient les instruments de mesure de cette forme d‘élitisme ? La capitale ne peut échapper aux grands enjeux contemporains. Paris, pôle métropolitain ? Depuis longtemps, les principales agglomérations ont été entraînées par les qualités et le dynamisme de leurs centres. Ce partage des rôles entre dépendances territoriales et ville motrice a certainement déjà dépassé son plus fort développement. Alors que les lieux de convergence se répartissent un peu, le renforcement de la centralité parisienne ne peut plus être une perspective de projet. Paris, dialogues des formes ? Plus encore en période de crise, la capitale a la capacité et la responsabilité d‘innover. Œuvres par fragments, circulation des images, consultations du public, concours, les paysages d‘architecture sont l‘écriture d‘un débat parfois circonscrit, difficile, mais un débat nécessaire. Le projet de Paris ne peut être, pour notre temps, que celui d‘une pluralité de projets significatifs ; de projets qui soient les aliments et les fruits de dialogues exigeants, édification et éléments de nature, création et patrimoines urbains, infrastructures et déplacements, centres et périphéries, Paris universel et Paris quotidien. François Grether, novembre 1995. Article pour le catalogue de l‘exposition du Pavillon de l‘Arsenal : “Métamorphoses parisiennes”, Bruno Fortier, commissaire.


En 1970, j‘entre pour quatre mois à l‘Atelier parisien d‘urbanisme. Mais là, c‘est pendant vingt-deux années, que je prends une petite part aux évolutions urbaines de la capitale. Auparavant, quelques courtes expériences avaient suscité mon intérêt pour la ville et mon engagement pour les projets de transformations urbaines : - Urbino pour l‘étude d‘un moment singulier de son passé (lauréat de la fondation Jean Walter), - Le Marais, avec la première opération de réhabilitation d‘un quartier historique (collaborateur de Michel Autheman, architecte), - Les Aurès, pour la définition et la mise en œuvre d‘un programme spécial d‘équipement, (coopérant au Ministère de l‘intérieur algérien et architecte de la willaya des Aurès). Pour un apprentissage des mille visages de l‘urbanité, une intense fréquentation de Paris constitue un champ et une chance incomparable. Même si manque ici les interrogations profondes, que soulèvent les extensions et périphéries de l‘urbanisation généralisée. La durée et la continuité d‘un travail pour une même ville, selon des thématiques et des modalités variées, me semblent nécessaires, tout autant que la découverte et la comparaison de villes toujours différentes.

Autre forme d‘apprentissage, celle des nombreuses rencontres tout à la fois professionnelles et amicales. Ceci concerne, au sein de l‘Atelier parisien d‘urbanisme et autour de ses activités, une large part du milieu vivant de l‘urbanisme et de l‘architecture à Paris, entre 1970 et 1992. La liste de ces relations est trop longue pour être mentionnée ici.

Atelier parisien d’urbanisme Une longue exploration de Paris

Dans les fonctions que j‘exerce à l‘Apur, trois grandes périodes peuvent être distinguées : - La Villette, le secteur nord-est, le Plan d‘occupation des sols, - Plan programme de l‘est de Paris et projets d‘aménagement, - Austerlitz, Tolbiac, Massena, le lancement de Seine Rive Gauche.

Document Apur : Place Stalingrad.

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Atelier parisien d’urbanisme La Villette

A mon arrivée, alors qu‘éclate le scandale des abattoirs, je suis chargé d‘établir les premières propositions d‘aménagement du secteur de La Villette. Puis, de 1971 à 1978, je suis responsable des études auprès du commissaire à l‘aménagement désigné par le gouvernement. Une petite équipe, formée sur place, établit un premier projet comportant, après les démolitions proposées, la réhabilitation de la Grande Halle, l‘installation d‘un musée des sciences et des techniques, future Cité des sciences, dans les structures de la salle des ventes, la création d‘un grand parc et d‘un important programme d‘habitations et d‘activités. À l‘Apur, d‘autre part, je suis chargé des études pour le développement du nordest de la capitale. Avec Jean-Louis Subileau et quelques autres, l‘aventure de l‘élaboration du premier Plan d‘occupation des sols de Paris est un moment marquant, prolongé

Documents Apur : Bassin de la Villette.

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par la révision de ce document pendant les années 1980. Dans le tournant des conceptions urbanistiques de l'époque, je trouve simultanément trois champs d'application complémentaires : - un grand projet établi sur de vastes emprises désaffectées, - la transformation composite de tissus urbains soumis à d'importantes mutations, - la définition de dispositions réglementaires à la mesure de l'ensemble de la ville. C'est à partir de ces expériences que je perçois la nécessaire conjonction entre l'identité des lieux, leurs perspectives de transformation, le statut des espaces et leur gestion. Ainsi, la pratique des différentes dimensions du projet urbain s'inscrivent dans des démarches progressives, ouvertes, jouant sur le temps de la ville, à l'opposé de la conception architecturale, qui vise à l'achèvement de l'œuvre.


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Après 1978, tout en suivant les projets de La Villette pour la ville auprès de l‘Établissement public, je prépare la révision de trois anciennes opérations d‘aménagement du XXème arrondissement. De nouveaux projets sont très rapidement définis, périmètres, immeubles et activités préservés, programmes, plan masse, découpage, documents réglementaires.

Avec l‘assistance de Dominique Touche puis de Christiane Blancot, sont définis plusieurs projets urbains, pour les secteurs du Bassin de La Villette, de la place de Stalingrad, de Manin-Jaurès, Armand Carrel, rue de Flandres, Candie SaintBernard, etc.

Atelier parisien d’urbanisme Plan programme de l'est de Paris avec Dominique Touche et Christiane Blancot.

A Gif-sur-Yvette, je réalise le dédoublement de l‘unique rue du petit centre-ville. Une nouvelle disposition du code de la route permet d‘y instituer une voie circulée avec priorité aux piétons, préfiguration de ce qui deviendra les “zones 30”. En 1982/83, je suis chargé de l‘établissement du Plan programme de l‘est de Paris, document de référence pour une vaste série d‘aménagements nouveaux dans sept arrondissements.

Document Apur : Plan programme de l’est de Paris.

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En 1987, responsable des études pour le secteur de Tolbiac, vaste terrain disponible au bord du fleuve, je préconise une démarche d‘élaboration ouverte à la consultation de plusieurs concepteurs extérieurs. Le projet est progressivement étendu à la dimension de l‘ensemble du site fluvial et ferroviaire du XIIIème arrondissement. Je prépare les conditions d‘implantation de la Bibliothèque nationale et le tracé de l‘avenue de France audessus du faisceau ferroviaire, puis accompagne le déroulement du concours d‘architecture. Dans ce contexte, je défends et approfondis l‘idée d‘un “projet sans plan masse” clairement défini et précis pour l‘essentiel des dispositions initiales, mais ouvert aux attentes et aux apports ultérieurs, sans fermer le jeu.

En 1992, après l‘approbation de ce grand projet, et pour aborder d‘autres problématiques urbaines, je fais le choix de quitter l‘Apur.

Atelier parisien d’urbanisme Seine Rive Gauche

Documents Apur : Seine Rive Gauche. Tracé des voies et des espaces publics.

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Les Rivages Ports fluviaux et transformations urbaines

Aux bords des fleuves, les urbanistes, les paysagistes, les architectes et bien d‘autres acteurs sont aujourd‘hui interrogés cas par cas, et embarqués dans l‘action. Comme ailleurs, ils sont confrontés à des enjeux complexes et incertains, en l‘absence de références théoriques établies et partagées. Le thème particulier de la transformation des rapports limitrophes entre le fleuve et la ville est, sans doute, l‘un des sujets les plus révélateurs des questions urbaines actuelles. La fragmentation des compétences ou des points de vue, la dispersion des problématiques locales, la diversité des sensibilités et des options participent à des changements dont la portée générale semble imprévisible. Ainsi, avec le pragmatisme qui caractérise notre époque et le pluralisme qui fait son intérêt, la seule perspective commune repose sur la comparaison des expériences, l‘explicitation des approches successives et la confrontation des propositions. Cela suppose que l‘action puisse alimenter la réflexion, sans prétendre constituer des éléments de doctrine, mais simplement en rendant compte.

Une nouvelle vague ? Sans aucune préméditation, c‘est le long de voies navigables que se trouvent la plupart des projets auxquels j‘ai pu, de diverses façons, prendre part. Les canaux parisiens, la Loire et le canal d‘Orléans, la Seine dans le XIIIème arrondissement de Paris, à Nanterre, à Clichy, à Meudon et Billancourt, la Garonne à Bordeaux, la Loire autour de l‘île Sainte Anne et l‘Erdre avec l‘université à Nantes, cette accumulation de sites d‘étude est-elle due au hasard d‘un parcours individuel ? De Londres et Hambourg à Séville, ou de Buenos Aires à Shanghai, les rives urbaines et portuaires sont les lieux privilégiés de nombreux et importants projets contemporains. Quels peuvent être les motifs de cette concomitance ? Les mutations techniques et économiques qui touchent les installations industrielles et les modes de transport, la fin des politiques fonctionnalistes de zoning, l‘attrait connu du littoral pour la promotion immobilière proposent de bonnes explications. Plusieurs arguments s‘additionnent certainement, mais ils ne suffisent cependant pas à expliquer l‘acuité et la vivacité de l‘attention des publics pour les rivages urbains. Ne s‘agit-il pas d‘une interrogation plus profonde ?

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De tout temps, l‘établissement de la ville, son développement et son renouveau, a été associé aux multiples rapports qu‘elle entretient avec l‘eau, et très souvent avec les rivages maritimes ou fluviaux. Il est vraisemblable qu‘au tournant de chaque période historique, la ville doive se redéfinir par rapport au monde, en regard de ce qui lui est extérieur, éléments qui l‘alimentent et horizons qui lui échappent. Après les enceintes qui délimitaient les villes anciennes face aux territoires ruraux ou aux espaces sauvages et après les tentatives de l‘utopie moderne, fonctionnaliste et délocalisée, c‘est avec une certaine urgence qu‘est recherchée une autre compréhension du phénomène urbain. Entre la ville illimitée, la nature domestiquée et chaque lieu singulier, il s‘agit de découvrir et de révéler les qualités sensibles et pratiques qui interfèrent dans un même contexte et à différentes échelles de paysage. Les rivages urbains correspondent à des situations remarquables où sont confrontées des limites stables et visibles entre les espaces urbains et l‘emprise inaccessible de l‘eau. En même temps sont associées les deux dimensions illimitées de la ville et du fleuve, ainsi que leurs mouvements réciproques, les flux des diverses formes de circulation, les flôts naturels, les déplacements des observateurs, les possibilités de transport et de voyage, d‘embarquement et de débarquement. Les franges côtières apparaissent comme une donnée première de grande ampleur qui, pour une part, peut être constitutive de la ville. Les rives aménagées en quais sont des ports. Les ports ne sont que des formes particulières d‘urbanisation attachées à la navigation. Les rives portuaires ont été à l‘origine des villes. Elles peuvent être regardées aujourd‘hui comme le théâtre privilégié des transformations urbaines en cours, comme des lignes révélatrices.

Ambiguïtés fluviales À l‘évocation des quais ou des berges de chaque ville, surviennent des images stéréotypées et généralement idéalisées. Ainsi, ce grand thème est souvent réduit, ramené aux souvenirs de balades ensoleillées, à la rencontre des bateaux, aux rêves de voyageurs. Pour le projet, il n‘est pas possible de s‘en tenir à une telle imagerie naïve. Dans le cycle de l‘eau, hors des réseaux techniques cachés, le cours des fleuves montre une forme d‘abondance élémentaire, un apport généreux aux multiples aspects, tant symboliques qu‘utilitaires.


Mais, il exprime tout autant des peurs excitantes, la crainte des noyades et des suicides, la menace des inondations, le Styx noir et glacé qui rend invulnérable. Le désir constant de l‘eau pure, propre et transparente, propice aux bains et aux poissons, se heurte à l‘inéluctable écoulement des boues, des limons et des rejets aux teintes troubles. Au travers des territoires bâtis, le fleuve dégage un large espace ouvert. À sa surface, ses frémissements brillent selon les reflets du ciel ou des lumières de la ville. En revanche, son étendue peu aussi apparaître comme une zone désertée, exposée aux vents, aux brouillards humides, à la profondeur de la nuit. Le parcours du fleuve produit un double effet contradictoire de césure et de liaison. Malgré les ponts, sa présence impose une distance qui interrompt les tissus urbains et sépare définitivement les établissements des deux rives. Sa continuité linéaire, sans altération de tracé ou de nivellement, a toujours constitué un excellent itinéraire pour des voies de circulation longitudinales qui ne comportent des carrefours qu‘aux têtes des ponts et pour les principaux réseaux techniques. Les autres obstacles importants, tels que les accidents de relief, les faisceaux ferroviaires, les ouvrages autoroutiers, qui divisent les espaces urbanisés, sont perçus comme des coupures en arrière-plan des quartiers. À l‘inverse, la voie d‘eau forme un intervalle qui dégage, en premier rang, la façade de la ville. Le dessin du fleuve définit deux directions orthogonales. Les principaux axes de déplacement, les quais et les fronts stables suivent naturellement le sens du courant, en longueur. Les installations locales, les franchissements ponctuels, la profondeur des quartiers, établis de manière volontaire, sont disposés transversalement. Il en résulte un principe géométrique simple et bien lisible. Mais ce système d‘orientation, concurrent des repères cardinaux, varie et se déforme selon les détours ou les méandres du fleuve. Des travaux considérables ont été réalisés depuis longtemps pour maîtriser les débordements du fleuve. Des retenues, des quais, et toutes sortes de dispositifs ont changé son lit naturel pour en faire un chenal et pour stabiliser son niveau fluctuant en plan d‘eau stable. Pourtant, le régime variable des fleuves reste, à des degrés différents, un spectacle attractif, associé à la succession des saisons. Les digues que forment les quais ont été constituées comme des remparts défensifs. Mais ces ouvrages de génie civil

sont tout autant des lieux d‘échange, des plates-formes pour les transports, des embarcadères pour le voyage, des plages et des chemins de promenade, un entredeux détaché devant le monde urbain et déjà ailleurs. “Chacun se trompe sur la question des quais. Et cependant, rien n‘est plus de Paris qu‘un quai de Seine, rien n‘est plus à sa place.”1 Dans la ville éclatée, la présence passagère du fleuve reste généralement surprenante, merveilleuse et étrange, incomplètement apprivoisée. Elle propose des images complexes et complémentaires, ainsi qu‘une double logique, de permanence et de mouvement.

Autonomies portuaires Voies autoroutières, parkings, entrepôts, magasins de matériaux, stockage pétrolier, centrales à béton, graviers, touristes, dépôts de ferraille. Depuis le début du siècle, la spécialisation et la concentration des fonctions ont provoqué une sévère réduction des pratiques. Une grande partie des quais insérés dans la ville risque d‘être délaissée par le trafic portuaire. Ils sont parfois amodiés, comme des terrains quelconques, à des entreprises commerciales qui n‘ont aucun rapport avec la présence du fleuve. Les exploitants des ports qui pensent être autonomes, ont souhaité que leur rôle se développe dans un cadre extraterritorial. Hors des aléas du monde naturel et à l‘écart de la vie urbaine, c‘est nulle part. Mais, quelques changements surviennent maintenant. Des activités de loisirs se multiplient avec des manifestations temporaires, des expositions, des conférences, des spectacles, des moyens de restauration, des services proposés aux promeneurs sur les quais ou sur des bateaux. Les transports s‘étendent à de nouvelles demandes, pour des convoiements occasionnels, pour des croisières, pour l‘enlèvement des déblais et des résidus urbains. Il n‘est plus guère convenable que les ports soient limités aux seules fonctions qui dépendent de certaines industries, alors que les services des villes ne peuvent administrer la navigation et la voie d‘eau qui dépassent leur territoire. En condamnant leur autonomie, il ne faut pas sacrifier les ports fluviaux. Au contraire, il serait nécessaire de généraliser le statut des quais, conçus comme des ports nouveaux, dispositifs intermédiaires et écologiques.

1 “Le piéton de Paris”, Léon-Paul Fargue, Gallimard, Paris, 1932.

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Incertitudes urbaines L‘étendue de la ville contemporaine ne rencontre pas de seuils qui permettent de mesurer son existence territoriale.Le phénomène de l‘urbanisation comprend des composantes extrêmement variées et des aspects paysagers dissociés. Cet état de faits déclenche des réactions nostalgiques inopérantes. Il est ainsi proposé de restituer des entrées de villes, d‘ordonner des fronts bâtis et recoudre des tissus urbains déchirés, quand il ne s‘agit pas d‘inscrire toute réalisation dans un cadre traditionnel, supposé constant. À côté de ces considérations banales et disputées, les rives urbaines offrent à chacun des points de vue originaux d‘où se découvrent les profils de la ville. Le cours du fleuve se manifeste comme un facteur de continuité dans l‘espace et dans le temps. Ses quais sont établis comme un socle lourd et durable. Mais ces mêmes quais sont aussi les supports des déplacements, des transports, des relations et des changements des plus divers. Fleuves et rives urbanisés forment ainsi des espaces publics particulièrement révélateurs et sensibles, comme des lisières entre deux mondes.

totalement, soit au fleuve, soit à la ville. L‘une consiste en fait à restituer un état de nature sur les berges, sous forme d‘espaces verts. L‘autre veut que l‘architecture s‘impose aux lieux, par l‘implantation d‘immeubles, pieds dans l‘eau. Ces deux tendances antagonistes et actives ne peuvent être ni généralisées, ni complètement évacuées. La création de jardins de rives peut avoir un sens, à la condition qu‘ils ne soient conçus, ni comme des verdures d‘accompagnement à la manière des talus d‘autoroutes, ni comme des jardins de ville, squares et parcs, suffisamment vastes pour proposer une intériorité en contraste par rapport à leur contexte. L‘édification d‘architectures à l‘aplomb de l‘eau produit des effets spectaculaires qui ne valent que par leur caractère exceptionnel et par les qualités de leur facture. L‘île Seguin, les magasins généraux de La Villette, par exemple, font des reflets vénitiens qui peuvent être renouvelés en quelques rares sites propices. Mais, interposées à la jonction de deux patrimoines collectifs essentiels, les rives ne peuvent être bâties et donc privatisées, comme à Londres ou à la façon des marinas, sans les exclure de l‘intérêt public.

Lisières précieuses D‘un côté, la ville, avec ses édifices et ses voies publiques, s‘arrête et se montre sous la forme de silhouettes bâties, d‘alignements d‘arbres et de quais circulés. D‘autre part, le fleuve, avec son lit mouillé, son cours navigable, ses berges plus ou moins inondables, détermine et irrigue ses bords aménagés, ses rives plantées d‘arbres et ses quais portuaires. Les limites interdépendantes ne sont pas étanches ; elles ne peuvent être tranchées, car elles procèdent en une suite de bandes voisines, par rebords successifs. Deux milieux se côtoient et s‘enrichissent mutuellement de leur face à face. Sont-ils séparés par un “hinterland” distinct ? Sont-ils générateurs d‘un espacement qui leur est commun ? Ou bien, leurs franges se recouvrent-elles en un même site ?

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Une curieuse sympathie pour les ponts bâtis s‘exprime à quelques occasions. Rapprochement contemporain avec l‘époque médiévale ? Il est vrai que la conception des ponts a été abusivement réduite à la seule fonctionnalité de la portée des ouvrages et à la seule utilité des flux de circulation. Il est sans doute heureux de découvrir le plaisir d‘être suspendu entre l‘eau et le ciel ; mais fautil pour autant refermer toute ouverture sur un large paysage ouvert. Les rives ouvertes et disponibles constituent des franges exceptionnellement placées, des marges intermédiaires qui sont porteuses de toutes sortes d‘éventualités pour l‘avenir. Les berges réalisent, en une étonnante association, des qualités de centralité par leur situation et de marginalité pour leurs fréquentations.

Là, se montrent les niveaux relatifs des différents plans de référence, les sols urbanisés, les quais différenciés ou non, la nappe de l‘eau en contrebas, et en élévation, les profils des ponts, des grues et des constructions riveraines. À cet étagement répond la succession des parois verticales des murs de quais et des façades.

Ce double caractère les désigne comme d‘essentiels espaces de liberté. Les quais comportent aussi les traces de leur constitution historique, que les interventions nouvelles peuvent mettre en valeur et faire rebondir dans les imaginaires actuels.

Deux demandes pressantes menacent les espaces côtiers, en visant à les annexer

Les lisières aux bords extérieurs de deux entités, jouent plusieurs rôles importants. Frontières, elles contribuent à la défini-


tion de ce qu‘elles cernent ; médiatrices, elles représentent l‘une des parties concernées vis-à-vis de l‘autre ; entremetteuses, elles sont les supports d‘échanges qui les nourrissent.

Des interventions locales, plus légères et réversibles peuvent accompagner l‘évolution des activités et des pratiques qui sont à accueillir, lieu par lieu, sur les quais, sur les berges et surtout sur des équipements flottants.

Options de paysages Ni les modèles anciens de la composition architecturale, ni la fonctionnalité des activités fluviales, ni les divers impératifs techniques ou pratiques ne devraient plus guider et dicter la conception des aménagements riverains. Les réalisations, qui concernent des contextes à différentes échelles et qui engagent plusieurs grandes thématiques entrecroisées, ne peuvent être envisagées comme la réalisation de décors ou comme la mise en forme de programmes. Aucune institution et aucun concepteur ne peuvent prétendre maîtriser les transformations d‘un grand territoire urbain étendu au long d‘un fleuve. La multiplicité des lieux, leurs inachèvements et leurs disparités forment un immense désordre. “Notre promenade sur la Seine nous a donné une bonne idée de la diversité bariolée des quais et des aménagements qui y furent réalisés au cours des dernières années. Cela ne fut pas toujours réjouissant. Bien au contraire.”2 Ce grand désordre apparent n‘est autre que celui de la ville contemporaine, celui des incertitudes portuaires et des changements en cours. L‘unique discipline qui permette de dépasser cette situation confuse consiste à comprendre la coexistence des éléments naturels, des installations artificielles, des activités économiques et des usages publics, à la condition que leurs dispositions participent directement à la logique géographique des rives et révèlent simplement les forces dynamiques des grands traits du paysage fluvial. “Travailler aux limites, aux articulations, aux interfaces en deçà et au-delà desquelles s‘instaurent des jeux d‘échelles différentes. Une limite n‘est pas un mur, ni un abîme. Elle donne du jeu, justement. C‘est une zone ambivalente dont la valeur écosymbolique interdit qu‘on la franchisse quand on joue à une certaine échelle. C‘est en somme un horizon, qui doit être mis en valeur comme tel.”3 Sur les quais fluviaux, les grands aménagements lourds et durables devraient faciliter parallèlement toutes les formes de promenades longitudinales, ainsi que les relations transversales qui donnent accès à l‘eau, aux espaces urbains et aux divers modes de navigation.

La mise en valeur des aspects naturels des berges peut s‘appliquer aux rebords de terrains, aux ruissellements des eaux, aux pratiques de plein air, aux effets sensibles du climat, aux variations saisonnières des crues et des végétaux. La mise en valeur des potentialités économiques des quais peut intéresser toutes sortes de fonctions liées à la navigation ou à la présence de l‘eau qui exploiteraient des espaces ouverts et des installations disponibles. La mise en valeur des panoramas urbains riverains peut concerner les itinéraires de déplacement ou de promenade, les éclairages changeants, les vues étendues ou des points singuliers. Pour quelles raisons serait-il nécessaire de dissocier ces différentes manières d‘aménager les rivages de la ville ? Les options de paysages peuvent être rassemblées dans une même optique composite, celle qui définirait l‘image de ports publics, ouverts et mixtes.

Exprimer les possibles Par les transformations des rives, plutôt que de fermer le jeu, il s‘agit de rendre davantage lisibles des évolutions qui sont à peine naissantes et restent encore largement imprévisibles. Un renouveau profond des ports fluviaux peut, selon quelques indications sous-jacentes, se manifester maintenant. Il semble indispensable de favoriser et de poursuivre ce changement, car il pourrait instruire, engager et illustrer un renouveau des conceptions de la ville, associé au monde naturel. Francois Grether, le 20 mars1994.

2 “Trois regards sur le paysage français”, Dirk Frieling, Champ Vallon, Paris, 1993.

Article pour le Plan construction, colloque international : "Vivre et habiter la ville portuaire".

3 “La nature et la ville”, conférence à la Mission Grand Axe, Augustin Berque, 1992.

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Les Rivages Quai, canal et parc de la Loire Communauté de l’agglomération orléanaise 2002-2003

Retrouver et développer diverses formes de navigation, relier les rives opposées, constituer plusieurs petits ports, aménager les quais du centre-ville, remettre en activité l‘écluse et le canal latéral du fleuve, installer une piscine dans l‘île de Corse, équiper l‘île Charlemagne, donner accès au Bois de l‘île, faciliter les promenades et toutes les pratiques de loisirs liées à l‘eau, sont les principales composantes d‘un projet étendu sur plus de six cents hectares. Ouvrir le grand paysage de la Loire à la fréquentation des habitants, des visiteurs et des touristes, est un objectif de grande ampleur, étroitement associé à la préservation d‘un site exceptionnel, de ses qualités environnementales et de ses aspects changeants. L‘ambition originale du projet orléanais vise à réunir ses vastes territoires naturels avec la ville historique et les bourgs riverains, dans une vaste perspective de mise en valeur réciproque et globale.

Analyse : espace ouvert.

Principes du projet pour un parc de la Loire.

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Coupe : Place de la Loire et plate-forme portuaire. Plan : Quais du centre d’OrlÊans, port et canal.

Correspondances transversales.

Liaisons longitudinales.

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Les Rivages Terrains Renault, Ile Seguin Boulogne-Billancourt/Meudon 1993/2000 Dans le cadre d’une mission avec G3A, Jean-Louis Subileau, François Barré, Michel Desvignes.

L‘unité de la forme bâtie sur l‘eau, fermée, inaccessible, est le support de tout l‘imaginaire attaché à l‘histoire de Renault dans le site du méandre de la Seine. La démarche imaginée pour le devenir de cette île emblématique consiste à prolonger et réinterpréter sa forme générale, comme un jeu entre constantes et novations, explicitant ses mutations progressives. Le passage des acquis du passé vers de profonds renouvellements est guidé par une série de principes et de prescriptions. Un projet de référence est ainsi défini à partir du souvenir d‘une forme installée dans le paysage. En réponse à la programmation de l‘île des deux cultures, les différentes architectures dialoguent autour d‘un espace intérieur singulier. Ces réalisations sont liées par leur silhouette, par la promenade annulaire du bord de l‘eau et par une façade-enveloppe originale.

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Socle. Promenade des rives.

Façade réinterprétée. Terrasses-jardins. L’île dans le paysage. Perspectives : Didier Ghislain.

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Façades réinterprétées.

Mur/façade réinterprétée ou nouveau. Mur/façade réinterprétée et construction séparée.

Construction nouvelle en rive. Mur/façade réinterprétée et espace ouvert.

Cas particuliers : promenade en estacade selon état existant. promenade en surplomb d’un jardin glissant vers les quais.

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Scénario 1 : ligne longitudinale.

Scénario 3 : petite ville.

Scénario 2 : grande architecture.

Scénario 4 : campo.

Projet retenu.

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Les Rivages Lyon Confluence Lyon 2000/ … avec Michel Desvignes, paysagiste.

page suivante : silhouette transversale. projet à long terme.

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L‘ambition principale du projet urbain est de conjuguer, d‘une part, le développement d‘un centre-ville contemporain, avec une forte densité et une grande diversité de programmes bâtis, et d‘autre part, l‘ensemble cohérent des espaces d‘agrément, ouverts et ramifiés, du port et du parc de la Saône. Sur 150 hectares, sa contexture spécifique consiste à entrecroiser les lieux caractéristiques d‘un site géographique exceptionnel, liés aux rives des fleuves, avec la succession de formes urbaines existantes et de réalisations architecturales particulièrement significatives.

Les aménagements de première étape s‘inscrivent dans un système de “port et parc associés et ramifiés”, où les composantes bâties et paysagères se conjuguent dans un jeu d‘interpénétration. Proche du quartier existant, une darse et ses quais sont conçus comme une vaste place publique et comme un port fluvial, éléments essentiels au départ du projet. Ce lieu d‘accueil, d‘évasion et de représentation est entouré par les différentes réalisations du “port-parc”, de ses docks et pavillons, d‘un pôle de loisirs, de logements, bureaux, équipements.

Axonométrie : Bâti Parc Port


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Morphologie des îlots d’habitation.

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Découpage facile.

Continuité partielle.

Continuité des espaces verts à l’intérieur des îlots.

Espaces publics vastes.

Positionnement des balcons à l’intérieur des îlots.

Matériaux spéciaux des façades vers la Saône.

Linéaire des façades.

Matériaux spéciaux pour accentuer les angles.


Discontinuité de la façade.

Fragmentation pour la vue.

Orientation des bâtiments vers la Saône.

Délimitation claire entre espaces publics et privés.

Positionnement des balcons vers la Saône.

Positionnement des loggias.

Matériaux spéciaux pour diversifier les longues façades nord.

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Transformations urbaines Superpositions inventives Entretien de François Grether avec Alain Pélissier.

- François Grether, vous avez participé au jury, en France, de la quatrième session d‘Europan. Quelles sont pour vous les idées marquantes de cette session ? Europan présente des projets qui participent au renouvellement de l‘architecture aujourd‘hui. C‘est une masse de travaux qui représentent la vivacité des recherches actuelles, mais aussi les incertitudes et les questionnements, qui touchent les transformations urbaines contemporaines. Les propositions montrent que la notion même de projet a évoluée. Dans le milieu de l‘architecture, il est trop souvent convenu que le projet est contenu dans son dessin. Il faudrait davantage considérer que le projet est un ensemble d‘intentions, d‘orientations et d‘options pour l‘édification des bâtiments, mais également pour les perceptions de la ville et des paysages, ainsi que leurs dynamiques dans le temps. En bref, “que cherche-t-on à produire ?” devient “que cherche-t-on à transformer ?”.

Que le projet ouvert joue le jeu de la ville Il est très important que le projet s‘ouvre à d‘autres champs d‘investigation. Nous sommes dans une époque où la gestion des espaces urbains est de moins en moins régulière, surtout dans les périphéries urbaines et les extensions récentes, où il y a moins d‘administration, moins de conventions ou de consensus, où les choses bougent et s‘expriment directement. De plus en plus souvent, les projets sont introvertis, avec des architectures qui se regardent pour elles-mêmes et s‘enferment dans une sorte d‘impasse. Nous sommes dans une période d‘interrogation inédite. En France, une forte tendance au repli sur les acquis existants, le patrimoine ou les modèles reconnus, se manifeste dans l‘opinion. Aujourd‘hui, nos repères sont étirés entre des repères territoriaux distendus, à l‘échelle de la planète et, en même temps, à la petite dimension du voisinage immédiat. Contre la banalisation du marché immobilier, il s‘agit bien de défendre l‘intérêt des lieux singuliers, mais en dépassant les attitudes craintives ou négatives. Certains projets ne jouent pas le jeu de l‘espace ouvert contemporain, ouvert au paysage, espace public et collectif, mais aussi ouvert à toutes sortes d‘interrogations.

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Les réalisations qui se referment sur elles seules ne jouent pas le jeu de la ville. Le paroxysme de ce repli est atteint avec les quartiers entourés de clôtures, surveillés par des milices privées. Les enjeux architecturaux tournent autour de tout ce qui est en train de changer dans l‘organisation de la vie collective. Une mise à jour des démarches de projet est nécessaire. Les réflexions à partir d‘études cantonnées à tel ou tel courant d‘expression ou à l‘histoire de l‘architecture me paraissent insuffisantes, alors qu‘on devrait plutôt procéder à toutes sortes d‘investigations dans les dimensions sociales, économiques, sensibles, paysagères, environnementales. De nombreux projets d‘Europan prennent position, parfois modestement, sur ces questions. Tantôt à partir de l‘édification, parfois au-delà du construit, ces propositions sont conçues en relation avec le paysage, les déplacements, les infrastructures, avec le souci de lancer des transformations capables d‘évoluer dans la durée. Alors, le projet n‘est plus réduit à la maîtrise de son seul aboutissement. L‘intérêt des propositions d‘Europan est d‘être situées, avec des caractéristiques propres à chaque lieu, néanmoins cellesci ne doivent pas être enfermées dans des périmètres ou dans un voisinage trop étroit. Les extensions urbaines sont maintenant très vastes. Une proposition localisée sur deux ou trois hectares peut produire des effets, directs ou indirects, sur des territoires beaucoup plus étendus, en ouvrant des pistes de travail pour des interventions de diverses natures, à concevoir ultérieurement. L‘interprétation d‘un large contexte peut être éclairée par une proposition localisée. Comment peut-on modifier la compréhension des lieux généralement perçus comme dépendants du centre de l‘agglomération ? Il faut dépasser cette vision déterminée par un rapport de dépendance. De nombreux projets d‘Europan mettent en relation le site du projet avec des territoires plus vastes, soit de manière volontaire, soit implicitement. Cette manière de voir me semble complètement pertinente. Ce n‘est pas par esprit de système, mais dans une vision dynamique dont les effets peuvent être modifiés et mis au point progressivement. - Un nombre important de projets montre comment l‘architecture construit le site. En quoi cette manière de voir vous a-telle intéressée ?


Il faut insister sur la dimension topographique de l‘architecture, thème bien connu des paysagistes. Le poids relatif des éléments en présence doit être évalué autrement. Comme on ne sait pas bien ce qu‘est le phénomène urbain contemporain, il est difficile d‘imaginer ses rapports avec la ville ancienne, elle-même soumise à de nouvelles compréhensions. Il convient de revoir et décaler la pondération des caractéristiques du contexte à prendre en considération, pour aller à l‘essentiel. En revanche, il faut rester prudent sur ce qui est mal connu, sur les continuités et les contextures qui remplacent ce qu‘étaient les tissus urbains. On ne peut pas avoir de réponse totale et définitive. Eviter de saturer les marges disponibles, permet de ménager des possibles pour ne pas condamner l‘avenir.

L‘architecture aujourd‘hui : de nouveaux enjeux Il faut prendre l‘extension urbaine comme un état de fait. La ville n‘a plus de limites, depuis la démolition des enceintes. Cependant, le fait avéré de l‘urbanisation généralisée est encore mal admis. C‘est par nostalgie que, par exemple, est apparue la préoccupation des entrées de ville. Aux bords de routes et des giratoires, se trouvent souvent de très gros objets, des centres commerciaux, des locaux d‘activités et de logistique, entourés de parkings. Chaque composante est excessivement autonome. La mise en valeur des espaces intermédiaires délaissés réclamerait d‘immenses moyens. Les projets situés dans les territoires d‘extension sont confrontés à la nécessité de dialoguer avec de très vastes espaces, parfois sans limites. Imaginer un édifice dans une rue, ou entre une place, une école et une mairie, est un exercice éprouvé. Intervenir dans des situations aussi complexes, que celles qui sont proposées dans les périphéries récentes, dépasse les rapports de voisinage et exige la prise en considération d‘autres relations. - Les jeunes architectes formulent des propositions qui dépassent le cadre habituel de la profession. Cette pratique extensive de l‘architecture offre-t-elle de nouvelles orientations, des champs d‘application prometteurs ? Imaginer, concevoir, produire, critiquer, débattre de l‘architecture uniquement à partir d‘elle-même et pour elle-même présente de moins en moins d‘intérêt. La planification urbaine, ainsi que les thèses

fondées sur l‘idée d‘un contrôle global de l‘espace urbain, sont maintenant caduques. Que devons nous privilégier ? La programmation, la définition de l‘espace public, le travail du paysage ? L‘architecture ne peut pas rester limitée à l‘édification, à ses fonctionnalités, à l‘invention formelle et à l‘expression stylistique. Exprimer la structure ou non, la transparence ou l‘opacité, ces alternatives perdent de leur intérêt. Le sujet même de l‘architecture se déplace. De nouveaux thèmes de travail sont apparus qui renouvellent les questionnements, les démarches, les projets. Les architectes s‘intéressent aux espaces urbains, aux espaces publics, aux infrastructures, aux paysages, etc.

La dimension poétique de l‘architecture paysagère Aujourd‘hui, le monde urbain n‘est pas seulement fait d‘espaces publics et de bâtiments. La part des éléments naturels est déterminante, incontournable. La ville actuelle ne peut se définir que dans des rapports directs avec le sol, le végétal, l‘eau, le ciel, le climat. La ville contemporaine, c‘est aussi le mouvement, les déplacements, les moyens de transport. Je suis enfin particulièrement sensible à la dimension poétique de certains projets. Il est généralement attendu de l‘urbaniste des propositions fonctionnelles, rationnelles, argumentées. Mais l‘attente du public est aussi de l‘ordre de l‘émotion. Voyez le livre de Christian Prigent, “A quoi bon encore des poètes ?”. Bien sûr il en faut, plus que jamais. Il y a une utilité collective de la poésie. Il y a une demande d‘émotion dans un monde qui est dur. - Vous êtes un défenseur des démarches ouvertes, poétiques, paysagères, notamment en ce qui concerne l‘aménagement urbain et l‘architecture. Comment pourriez-vous caractériser ces approches ? Le projet n‘est pas exclusif. Il n‘exclut pas d‘autres lectures. On peut le comprendre chacun à sa façon. Sans aucun dogmatisme, il y a plaisir à mettre en relation les choses. L‘un des enjeux majeurs de l‘architecture et de l‘urbanisme est cette mise en relation. Si on peut le faire avec une forme de sensibilité et de plaisir, c‘est formidable.

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- Le concours Europan cherche des architectes ou des équipes qui manifestent des conceptions nouvelles de l‘architecture et du projet sur la ville. Quelles seraient les pistes à explorer ? Il est grand temps que les architectes sortent de cette règle, dite ou non dite, qui est celle de l‘unité du projet. Aller dans le sens d‘un projet excessivement unitaire, qui trouve une expression unifiée quel que soit l‘angle sous lequel on l‘aborde, et qui puise toutes ses règles de résolution à l‘intérieur de lui-même, c‘est un procédé classique fort, qui exclut, qui isole le projet. On résume souvent cette idée sous le vocable d‘architecture-objet. Mais cela ne vise pas simplement l‘architecture comme objet, au sens du design. Ce sont des logiques de conception, de pensée, qui visent uniquement leur propre satisfaction, leur unité opposée au contexte. Il faut travailler sur les intervalles, les dialogues, les relations entre les disciplines, à la jonction de domaines connexes. - On note dans les propositions des architectes une propension à concevoir des tissus urbains hybrides, éloignés des formes traditionnelles. Qu‘en pensez-vous ? Les tissus urbains traditionnels sont encore excessivement idéalisés. Le propre de la ville est effectivement de tisser des relations entre les espaces, les lieux, les formes et les habitants, les promeneurs. La métaphore du tissu est très importante, avec diverses formes de souplesse et de continuité. Mais, nous ne pouvons pas reproduire aujourd‘hui les tissus anciens ou historiques, car le monde a changé. Avec l‘extension urbaine, la mobilité et les moyens de communication, la dimension du tissu disparaît. Ce n‘est plus celle du voisinage immédiat. Je parle plus volontiers de contexture. Il faut réfléchir à la constitution de nouveaux tissus urbains, qui ne peuvent pas se limiter à la rue, au faubourg, avec des cours artisanales et des logements à l‘étage. Aujourd‘hui, avec des textures distendues et d‘autres rapports de proximité. L‘évolution de la société fait que les relations de voisinage n‘ont pas la même prégnance utile. Les quartiers anciens eux-mêmes ont été ainsi modernisés, fonctionnalisés et muséifiés.

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Le projet n‘est pas contenu dans un dessin fini La ville achevée n‘a pas de sens - Certains sites présentent des caractéristiques de périphérie en plein centre historique de la ville, présence d‘éléments de nature, juxtaposition d‘édifices dissemblables. Vous avez beaucoup insisté sur la nécessité de maintenir le projet ouvert quand il s‘agit de fabriquer l‘un des morceaux de la ville. Quelles sont les raisons de ce choix ? Souvent, dans la ville ancienne, on a l‘impression erronée, que c‘est la dernière occasion de projet, qu‘il faut construire pour exploiter tout l‘espace disponible. Au contraire , c‘est une occasion tellement rare qu‘il ne faut pas la gaspiller. Les situations complexes, chaotiques, exigent plus de modestie. Il est bon de fixer des horizons lointains, d‘avoir une idée d‘un avenir à long terme. Mais il faut tout autant savoir comment engager des transformations progressives, révisables et soutenues par de grands objectifs constants. Il y a un avenir au-delà de ce que l‘on peut projeter. Ce qui compte, c‘est d‘engager les changements, de les rendre possibles. Certains sont urgents, latents, attendus. Faciliter les évolutions, orienter les développements, n‘est pas forcément à déduire de leur achèvement, comme on maîtrise l‘aboutissement d‘un édifice. C‘est la grande différence entre l‘architecture et le travail sur les transformations urbaines. Dans un cas, l‘œuvre se définit comme un aboutissement, une forme conclusive qui marque son temps. Dans l‘autre, il s‘agit d‘un travail sur un devenir perpétuel, sur la définition de plusieurs réalisations, imaginées comme un passage entre l‘état des lieux, leur passé, leur futur proche et des perspectives d‘avenir plus lointaines. Dans la durée, des attentes et des acteurs nouveaux interviennent. Ces interventions ne peuvent pas être totalement inféodées aux conceptions initiales du projet urbain. La démarche d‘un projet urbain global doit garder une certaine plasticité pour l‘avenir, tout en précisant davantage une première étape des réalisations, qui joue un rôle de déclenchement exemplaire, avec une valeur d‘entraînement pour une dynamique qui sera faite de rebondissements et d‘avancées successives.


Dans le projet d‘aménagement urbain, la part du temps est très importante. Elle ne se réduit pas à un simple phasage des réalisations.

Europan ou la fin des dogmatismes

La constitution d‘une culture de la ville est parallèle à l‘émergence d‘approches diverses et libres. La nouvelle génération a dépassé la précédente, en travaillant de manière positive et inventive dans l‘incertitude théorique.

Les propositions d‘Europan montrent bien que les modèles tout fait sont dépassés par des propositions sans préjugés, variées, vivantes. Il n‘est pas possible de classer les projets par écoles ou par familles.

Il peut parfois en résulter une image diffuse, voire confuse. Rien ne semble ressortir très nettement, mais cette impression est discutable. Les diversités d‘opinions et de points de vue sont stimulantes, en accord avec la réalité d‘aujourd‘hui.

Nous sommes dans une période d‘ouverture des sensibilités et des idées, de recherche ouverte, de rapprochements inattendus, au-delà des querelles d‘écoles. Notre époque n‘a pas de référence culturelle dominante.

Les autres domaines de réflexion, de production, de création, sont tous dans cette même situation.

C‘est sa grande richesse que d‘accepter les interrogations et les tentatives dégagées des routines, sans exclusives. Beaucoup de propositions sont envisagées comme des contributions urbaines originales, hors de l‘impérialisme d‘une théorie. Notre temps est pluriel. Il n‘y a pas de pouvoir dominant. Les façons de projeter sont mises en question, ainsi que la portée des objectifs énoncés. Ces moments sont rares et précieux. Un jardin creux. Croquis : Etienne Lefrançois.

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Transformations urbaines Secteur du Romarin Euralille 1999/ …

Au nord-est d‘Euralille, entre le centre de l‘agglomération et la commune de La Madeleine, le Romarin est dans une situation de rives opposées dos à dos qui résultent de la disparition de l‘ancienne enceinte. Le projet s‘appuie sur ce jeu de double face, avec une signification nouvelle entre deux perceptions, l‘échelle du grand projet métropolitain et la dimension du voisinage local.

Projet à long terme.

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D‘un côté, les grands volumes de bureaux et du siège de la Communauté urbaine sont installés face aux grandes voies routières, dans un rapport paysager de lisières vertes. D‘autre part, des immeubles d‘habitation, des squares et des espaces publics classiques sont reliés à la ville existante. Au milieu de ce dispositif, la césure du Grand boulevard est gommée par la création d‘un nouvel espace de jonction, la place du Romarin.


Square Vauban. Place de la Madeleine. Perspectives : Deis.

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Transformations urbaines Quartier de Gerland Lyon 2001/ … avec Michel Desvignes, paysagiste.

Au sud du centre de Lyon, le vaste quartier de Gerland est compris entre la rive gauche du Rhône, le système ferroviaire et le port Edouard Herriot. Il couvre une superficie de 690 hectares. Cet ancien faubourg industriel est l‘objet de profondes transformations urbaines dispersées. Auparavant, sa formation historique a déterminé les grandes lignes de son organisation spatiale composite. Sans formalisme, les développements à venir sont imaginés avec pragmatisme et opportunisme, en jouant des acquis existants, des évolutions en cours, des besoins et des disponibilités qui se présentent. Une démarche progressive, projet à court terme et perspective globale, privilégie trois grands thèmes, le maillage des voies et espaces publics, le renforcement des équipements, services et lieux de vie locale, la constitution d‘une trame d‘espaces verts, plantations et jardins.

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Plan de référence.

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Transformations urbaines Clichy-Batignolles Paris 2003

Dans le contexte très compact du nordouest parisien, les emprises du secteur sont regardées comme un grand, rare et précieux espace ouvert, confronté aux infrastructures du chemin de fer et du boulevard périphérique.

avec Jacqueline Osty, paysagiste. Les multiples attentes et demandes programmatiques sont prises en considération, en évitant tout morcellement de ce grand site. Un vaste parc paysager, en relation directe avec les volumes à édifier à son pourtour, est conçu comme un lieu de continuité entre les communes et les différents quartiers riverains. Dès sa conception initiale, les critères de développement durable guident les choix du projet. Elaborées au cours d‘une étude de définition, ces propositions sont redéfinies et clarifiées, dans l‘optique prioritaire du projet de village olympique pour la candidature de Paris 2012.

Plans de situation et de maillage.

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Plan de nivellement.

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page précédente : projet de référence à long terme. plan et coupes.

Morphologie bâtie.

Franchissement Petite Ceinture.

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Le projet urbain et ses règles aujourd’hui

Pour désigner les transformations volontaires de la ville, partielles ou plus globales, la notion de “projet urbain” englobe maintenant, en France, des démarches très diverses, pour lesquelles les contenus et les méthodes doivent encore évoluer en réponse aux données et aux problématiques particulières de multiples situations locales. Cependant, entre les perspectives initiales et le déroulement des aménagements, le rôle du temps demeure essentiel dans la conception et dans les avancées de tout projet de transformation urbaine significatif, par ses dimensions ou par ses effets sur le contexte de l‘agglomération.

le temps de la ville Les rapports du développement urbain et de la durée sont multiples, car coexistent concrètement le temps immédiat où se conjuguent tous les acquis antérieurs, le temps illimité des perspectives d‘avenir, le temps des processus progressifs d‘évolution, les temps différents des divers acteurs. Le lent phénomène de l‘urbanisation perpétuelle entrecroise nécessairement histoire et mémoire, insuffisances et contradictions, attentes et devenirs, comme un fait essentiel de civilisation au sens propre. Mais les territoires urbanisés, ainsi que leurs constituants morphologiques, anciens et nouveaux, ne se transforment ni de façon semblable, ni simultanément. Les décalages résultants sont parmi les principaux facteurs de nouvelles évolutions. Dans la durée, il convient de constater que les tracés des voies et infrastructures perdurent, que les découpages fonciers changent moins que les édifices, alors que les conditions d‘habitation, les activités, et surtout, les usages, les ambiances et les valeurs bougent beaucoup plus rapidement. Plus qu‘un achèvement global trop souvent fixé, ces capacités de stabilité et ces facultés de variations doivent compter, les unes et les autres, dans la conception et le déroulement de projets urbains ouverts et vivants. Comment concilier la nécessaire constance des choix initiaux avec la flexibilité de dispositions programmatiques et spatiales, capables de suivre l‘évolution des attentes sociales, les variations du marché, les changements électoraux ? C‘est le rôle des mesures juridiques, soumises à enquête publique et votées explicitement, que de codifier une part constante, ou suffisament stable, du projet.

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Porter intérêt aux règles du projet Personne n‘aime les règlements. Ils apparaissent généralement comme des contraintes à subir, arbitraires ou abscons, dépourvus de qualités. Il serait ici trop long d‘analyser les mesures législatives de 1967 instituant alors le Schéma directeur, comme outil de planification, le Plan d‘occupation des sols, comme moyen de contrôle de l‘initiative privée, et la Zone d‘aménagement concerté, comme instrument d‘aménagement. Pendant trente ans, cet encadrement méthodique a été efficace, mais les effets pervers de son exploitation routinière et l‘émergence de préoccupations nouvelles ont justifié plusieurs lois sur les questions environnementales et institutionnelles, ainsi que la récente loi “Solidarité et renouvellement urbain”, qui mettent à jour le cadre national des procédures d‘urbanisme. Notons que ces dispositions législatives ne préjugent aucunement du contenu particulier d‘un projet urbain. Toutefois, depuis la décentralisation, pour chaque agglomération et pour chacune de ses parties, les procédures et règles d‘urbanisme sont à imaginer et à débattre localement, comme la codification de dispositions principales et stables de projets urbains, une forme de contrat entre de multiples acteurs, des approches, des cultures dispersées, publics, élus, associations, concepteurs. Dans une telle optique, il s‘agit bien d‘enjeux collectifs précis, situés, passionnants. L‘histoire montre avec force le rôle et les effets des règles de construction ou d‘urbanisme, en corrélation entre l‘évolution de la société et les formes générales de la ville, participant à l‘expression effective des grandes périodes avec leurs préoccupations prépondérantes. Contre les règlements établis selon des habitudes sclérosées ou à partir de modèles transplantés, les mesures juridiques du projet urbain sont à inventer et débattre, chaque fois, comme une partie clef de sa conception. Plus qu‘un contrôle tatillon et assez inefficient pour les qualités des aménagements futurs, l‘objet des dispositions est de fixer clairement, et avec confiance, les orientations principales de projets ouverts, qui restent à nourrir et à développer. Depuis plus de trente ans, le volume des dossiers réglementaires, Pos, Paz, ne cesse d‘augmenter. Avec l‘idée erronée de maîtriser prématurément un état final des transformations de la ville et en rai-


son d‘un juridisme excessif, l‘inflation quantitative des règles masque les objectifs poursuivis et détruit leur portée auprès des acteurs concernés. Avec l‘application de la nouvelle loi Sru, il est devenu urgent de recentrer la production des Plans locaux d‘urbanisme sur le nombre limité des enjeux essentiels de projet.

Grands thèmes sensibles Dans l‘élaboration des transformations urbaines, les choix prépondérants concernent deux larges domaines, où se fondent les dimensions territoriales, sociales et sensibles du projet urbain. C‘est là que doivent être définies et codifiées ses dispositions originales, les plus intéressantes. - Maillage des voies, infrastructures et espaces publics. De la promenade locale aux liaisons rapides entre agglomérations, plus que jamais, la mobilité, l‘organisation des déplacements de toute nature et la mise en valeur des lieux de vie collective sont au cœur des changements de la ville contemporaine. Pour de nombreuses raisons, tout projet urbain doit traiter en priorité des infrastructures, des réseaux techniques et des espaces de voie publique à créer et à mettre en valeur. En outre, ces aménagements engagent la plus lourde part des investissements publics, avec les acquisitions foncières et les ouvrages à réaliser. Sans préjuger de leurs conditions d‘exploitation et traitements détaillés, les tracés essentiels sont à fixer avec précision, de manière explicite, durable et crédible dans les documents d‘urbanisme. - Structures des paysages et formes urbaines. L‘attrait, le devenir et l‘identité même de toute ville s‘inscrivent dans ses paysages globaux, existants et en projet, support géographique, espaces ouverts, présences végétales et silhouette des volumes bâtis. Cet ensemble très complexe ne peut évidemment être le sujet de réglementations sous tous ses aspects, chargés de sens et subtils. Mais les principes de transformation qui touchent les types de découpages fonciers, étendus ou fragmentés, les composantes d‘une trame verte, les rapports des installations privatives avec les espaces publics et l‘enveloppe des hauteurs de construction doivent être définis globalement, à la mesure des sites.

Les prescriptions à fixer sur ces thèmes sensibles ont pour but de transcrire les orientations du projet urbain dans le territoire, sous ses grandes dimensions et ses images perceptibles.

Pesanteurs de la tradition urbanistique récente Depuis le début du XXème siècle aux EtatsUnis, puis surtout à partir de l‘application sommaire des options du Mouvement Moderne conjuguées avec les illusions de la planification urbaine, les outils juridiques de l‘urbanisme ont privilégié à l‘excès les mesures fonctionnalistes et ségrégatives. Sans nier la part objective des questions qui concernent les usages et les densités, il est aujourd‘hui souhaitable de relativiser et réduire ces méthodes de fausse science. - Répartition des fonctions et densité de construction. Le souci de maîtriser le développement urbain a conduit à l‘instauration du zoning, cloisonnement réglementaire des principales catégories de fonctions urbaines, dont les effets se sont aggravés avec les tendances économiques et sociales spontanées, avec la généralisation de produits immobiliers standardisés. Corollaire de cette forme de planification, le contrôle des droits et densités de construction, institué dans les années 1960 sous la forme du Coefficient d‘occupation des sols (Cos), a constitué un instrument normatif, prépondérant dans la plupart des documents d‘urbanisme. Cependant, dans les processus d‘aménagement, c‘est la programmation qui change le plus rapidement, au cours même du déroulement des réalisations. La systématisation fonctionnelle a souvent généré des résultats médiocres, comportant plus d‘inconvénients que de qualités pour la ville. Les dernières avancées de projets urbains exprimés sous différentes formes de règlements, sans Cos, montrent bien que ces dispositions normatives peuvent être minimisées ou abandonnées. - Effets pervers des périmètres. Alors que, dans la perspective de l‘urbanisation généralisée, depuis Idelfonso Cerda, la ville a renoncé à ses enceintes, les délimitations intérieures se sont renforcées. Et, peut-être demain, se répandront des quartiers réservés, comme l‘annoncent déjà les actuelles zones d‘activités. Certes, les responsabilités institutionnelles et la mise en œuvre de procédures juridiques différenciées ne peuvent se passer de périmètres.

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Mais, tous ces contours réglementaires, ainsi que l‘excessif cadrage de projets disjoints de leur contexte urbain, agricole ou naturel, prennent une valeur qui dépasse largement leur rôle. On habite dans le lotissement ou dans la zone d‘aménagement, devenus des objets urbains singuliers. Trop souvent, le projet d‘aménagement est conçu dans ses limites opérationnelles. Le projet urbain intervient à plusieurs échelles territoriales, en particulier audelà des aménagements envisagés. Sa conception initiale doit précéder le choix et la mise en place des procédures à engager, souvent désignées prématurément. Un même projet, au sens plein de la vue d‘avenir, peut s‘exprimer indifféremment dans le Plan d‘occupation des sols, ou maintenant dans le Plan local d‘urbanisme, comme dans une Zone d‘aménagement concerté, un lotissement, Plan de sauvegarde et de mise en valeur, etc. Les procédures et les règlements sont de simples outils à ramener au seul service de projets urbains débattus et partagés.

De multiples projets au cours du projet urbain Sélectionner et limiter les dispositions réglementaires, pour mieux les affirmer, peut être regardé comme un risque d‘affaiblissement ou d‘incertitude sur les conditions de développement du projet urbain. Mais, dans une perspective d‘ouverture, les indécisions ainsi ménagées doivent l‘être volontairement, afin de laisser place de manière confiante aux apports et enrichissements constants du projet. Pluriel, partagé et inscrit dans le temps, un projet urbain ne peut pas être complètement conçu et achevé avant l‘approbation des documents d‘urbanisme initiaux, puis rester invariable pendant les transformations, qui peuvent être très étalées dans la durée. Au contraire, il s‘agit d‘imaginer des démarches vivantes à nourrir de manière continue, au-delà des orientations initiales, dans un nombre important de registres plus ou moins interdépendants, mais en rapport avec un contexte déterminé. Dans chacun de ces domaines à développer, un véritable projet ou une politique sectorielle est à élaborer avec l‘aide des associations compétentes, des services publics intéressés et d‘experts spécialisés. Ce vaste champ de travail continu peut concerner par exemple les questions d‘environnement, la programmation, les formes de vie collective, etc.

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Ceci intéresse notamment les architectures, pour lesquels ils convient de préserver le champ de la création qui lui revient, non sans conduire une politique de la commande. A ce propos, il peut être utile de distinguer les architectures domestiques et les œuvres exceptionnelles, on peut encore dire monumentales par leur sens et non par leur dimension ; car ces dernières peuvent engager, comme avec Beaubourg, des effets pour toute la ville. François Grether, septembre 2001. “Projets urbains en France”, coordination Diana Chan Chieng, Editions du Moniteur, Paris, 2002.


Sur le rebord du plateau, les grands ensembles d‘habitat social dominent, d‘un côté la ville et, de l‘autre, les étendues agricoles. Cette situation, entre tissus urbains traditionnels des faubourgs et l‘immense plateau rural de grandes cultures, confère une certaine brutalité à ces quartiers caractéristiques des années 1960/70, qui comptent environ 25.000 habitants.

Après les années 70 Quartiers nord Amiens 1997/ … avec Jacqueline Osty, paysagiste.

En réponse à l‘objectif primordial qui consiste à inscrire ce secteur particulier dans le mouvement général et la gestion ordinaire de la ville, le projet urbain s‘organise selon les principes suivants : Avenue de la Paix.

- maillage et qualification des espaces publics, liaisons, tracés, hiérarchie,

Esplanade Guynemer.

- charpente paysagère, parc du plateau agricole, alignements d‘arbres, jardins publics et espaces verts privatifs, - renouvellement du bâti, diversité des logements, des équipements, des activités et des architectures, - progressivité des aménagements, plan de référence pour la durée, regroupement des réalisations de la première étape.

Projet urbain d’ensemble.

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Après les années 70 Renouvellement urbain Quartiers Chemin Vert, Hauts Quartiers et Croix Verte, Saumur 2003

La problématique des trois quartiers d‘habitat social n‘est pas dissociée d‘une politique urbaine à l‘échelle de toute la ville. Le projet préconise de répartir la construction de nouveaux logements sociaux dans l‘ensemble du territoire communal. Il est composé de nombreux petits projets d‘aménagement ponctuels, associant les réalisations et la mise en valeur des espaces publics et du paysage urbain. Les mêmes principes, simples et stables, organisent l‘ensemble des interventions. La démarche conjugue le renouvellement urbain des quartiers défavorisés avec la valorisation des faubourgs et le maintien d‘une certaine densité de population dans le centre-ville. Elle vise essentiellement à renforcer globalement la cohésion sociale de la ville et les qualités de son paysage.

Plan de localisation des interventions. Diffusion dans toute la ville de petits projets d’habitat social et d’espaces publics.

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Ancienne Gare de l’Etat 24 logements collectifs

Rue du Chemin Vert 6 logements collectifs, 7 maisons individuelles

Chanzy 24 logements collectifs

Saint Nicolas : Gare routière 24 logements collectifs

Gambetta 10 logements collectifs, 9 maisons individuelles

Pressoir 24 logements collectifs

Chemin vert : Angibault 18 maisons individuelles

Chemin vert : Zarly 24 logements collectifs

Proposition de projets : 298 logements. 219 logements collectifs. 79 maisons individuelles.

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Après les années 70 Pour un quartier universitaire Tertre Lombarderie, Nantes 1996/1997

A la suite d‘une enquête et de recommandations pour l‘organisation de l‘ensemble des installations universitaires, la démarche engagée s‘inscrit dans une perspective de transformation du vaste campus Tertre Lombarderie en un quartier principalement voué aux enseignements supérieurs. Le programme des aménagements consiste à ouvrir un ensemble d‘espaces publics urbains et paysagers, dont la mise en œuvre est réalisée par le district et la ville.

Voies publiques, emprises des piétons et vélos. Perspectives : Deis.

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Avec une forme de générosité dimensionnelle, le parvis du Tertre, le mail du théâtre, la place de la Noé et l‘esplanade de la Censive, permettent d‘améliorer les accès aux équipements depuis le tramway, de délimiter les emprises privatives, de limiter la place du stationnement, de traiter des relations entre les activités et le parc naturel de l‘Erdre et de constituer des lieux collectifs.


Atelier François Grether

Eléments biographiques Méthode de travail Equipe Maîtrises d’ouvrage Références

Passerelle de Bercy vers la Bibliothèque de France. Croquis : Etienne Lefrançois.

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Eléments biographiques

Il expérimente le principe de progressivité des parcours de conception, qui articulent première étape et perspectives dans la durée et défend un positionnement d‘acteur de projets, et non pas d‘auteur, valorisant ainsi le souci de comprendre les intérêts, les points de vue, les approches culturelles, les visions des autres intervenants. Expert il a participé à de nombreux jurys et comités scientifiques pour les Ministères de l‘équipement et de la culture, notamment l‘Europan 4.

François Grether est né à Dijon en 1941. Elève de l‘Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, il prend une part active aux bouleversements de l‘enseignement de l‘architecture et devient architecte Dplg en 1967. Il a tout d‘abord exercé son activité d‘architecte urbaniste au sein de services publics. En coopération, au Ministère de l‘intérieur algérien de 1968 à 1970, il est détaché comme architecte de la willaya des Aurès où il initie un service “projet et maîtrise d‘ouvrage”. A l‘Atelier parisien d‘urbanisme (Apur) de 1970 à 1992 où il a notamment dirigé des études pour l‘aménagement du secteur de La Villette, du Plan programme de l‘est de Paris et de la Zac Seine Rive Gauche. Une longue période qui lui permet de prendre conscience des rapports au temps et à l‘achèvement de l‘œuvre qui caractérise le travail urbain. Il s‘engage nettement pour une conception ouverte du projet urbain et soutient l‘idée de “projet sans plan masse”. Il a aussi participé à l‘élaboration de documents d‘urbanisme comme le Schéma directeur d‘aménagement et d‘urbanisme de Paris et le Plan d‘occupation des sols de Paris. En 1992, il fonde l‘Atelier François Grether où, avec son équipe, il réalise de nombreux et importants projets d‘aménagement urbain, des documents réglementaires d‘urbanisme, des missions de conseil ainsi que des projets d‘espaces publics et d‘architecture.

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Conférencier en France et à l‘étranger, il a aussi été enseignant à l‘Ecole spéciale d‘architecture, à Sciences-Po, à l‘Ecole d‘architecture de Nancy, à l‘Institut d‘urbanisme de Paris, dans le Dea “Jardins, paysage, architecture” de l‘Ecole des Hautes études en sciences sociales/ Ecole d‘architecture de la Villette et à l‘Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, où il dirige des maîtrises de 3e cycle. Pendant toutes les années 90, il anime des émissions à France culture et à FR3. Il publie régulièrement des articles dans la presse spécialisée, et a participé à la rédaction d‘ouvrages collectifs notamment, “Construire la ville sur la ville” publié aux Editions de l‘Imprimeur et “Villes et ports” publié par le Plan construction et architecture. Chercheur, il a récemment publié “Projet urbain et outils juridiques”, Direction de l‘urbanisme, de l‘habitat et de la construction/Ministère de l‘équipement. François Grether est officier des Arts et Lettres, membre de l‘Académie d‘architecture, lauréat du Palmarès de l‘aménagement ainsi que de la fondation Zellidja.


Privilégier la spécificité du sujet, de telle ou telle portion de territoire, exige un renouvellement constant des approches, une manière de faire “sur mesure”, une forme d‘artisanat. François Grether conduit personnellement chaque projet avec un assistant principal et éventuellement d‘autres collaborateurs. L‘équipe n‘a jamais compté plus de dix personnes. L‘état des lieux est toujours l‘objet essentiel de réflexions renouvelées. Les perceptions du site, l‘interprétation des données géographiques et historiques, l‘analyse morphologique du territoire urbain à différentes dimensions, déterminent les propositions pour leur évolution et leur transformation. Ainsi, Xavier Lauzeral, venant de découvrir le secteur de Lyon Confluence, disait dans un large sourire “tout est là”. Avec les mêmes thèmes, lecture et devenir des lieux se conjuguent et semblent se confondre. L‘autre facteur déterminant de la méthode d‘élaboration des projets urbains tient à une écoute attentive des acteurs qui y sont impliqués à divers titres. Le nombre d‘intervenants, limité au début de chaque démarche, augmente rapidement. Finalement, la réalité des perspectives d‘avenir consiste à débattre, convaincre et fédérer, le plus possible, une multiplicité de points de vue, de préoccupations, de responsabilités et de savoir-faire. Le souci d‘éviter tout formalisme au profit de quelques idées conduit à contenir la place du dessin dans un rôle de simple support pour un travail à échanger et partager. En contrepoint du dessin, l‘écriture permet de réinstruire et clarifier les réflexions. Le recours à des maquettes et images 3D n‘intervient que pour certains besoins de présentation. La part de l‘oral est enfin prépondérante tout au long du travail. Notre époque est caractérisée par une demande, importante et croissante, de réunions d‘information, de confrontations, de concertations, avec les nombreux interlocuteurs politiques, institutionnels, techniques, associatifs, publics. Ces rencontres occupent progressivement la majeure partie de notre temps de travail.

Architectes urbanistes Sylvie Merle Christiane Robin Hélène Steve Xavier Lauzeral Philippe Sans Frédéric Cauvin Jean-Louis Rousseau Marc Humblet Amédé Mulin Edouard Mure N‘Gone Fall Raphaele Heliot Jean Christophe Morisseau Brigitte Cartier Anne-Katrin Ledoeuff François Nathalie Régis Sinoquet François Cathala Cyril Vernhet Sylvain Potier Florence Velin Guillaume Equilbey Fabienne Commessie Christine Desert Nicolas Trentesaux Xuan Wang Valérie Perez Maud Genthon Laurence Gianinazzi Susanne Otto

Méthode de travail Equipe

Autres collaborateurs Pierre Vionnet, Sciences-Po Florence Sylvos, paysagiste Agnès Sourisseau, paysagiste Nathalie Roubaud, graphiste Isabelle Chenebault, maquettiste Edouard Martin, graphiste Assistantes secrétaires Chantal Mathieu Annick Geoffroy

Le projet urbain n‘est jamais contenu dans sa figuration, il est pour l‘essentiel dans les lieux et pour le reste dans ce qui peut être partagé avec les responsables et les multiples acteurs de la ville. Il en est tout autrement des projets de maîtrise d‘œuvre, qui consistent en une réalisation directe et achevée, avec un maître d‘ouvrage et un programme préalable.

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Maîtrises d’ouvrage

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Amiens métropole Apur Communauté de communes du Genevois Communauté urbaine de Brest Communauté urbaine de Lyon Communauté de l’agglomération orléanaise District de l’agglomération nantaise Etablissement public Euroméditerranée Gaz de France Lille métropole communauté urbaine Mairie d’Amiens Mairie d’Argenteuil Mairie de Belfort Mairie de Boulogne-Billancourt Mairie de Chilly-Mazarin Mairie de Gonesse Mairie du Havre Mairie de Meaux Mairie de Meudon Mairie de Le Tillay Mairie de Lyon Mairie de Nantes Mairie de Paris Mairie de Rennes Mairie de Roissy Mairie de Saumur Mairie de Vaud’herland Ministère de l’équipement Mission Gerland Mission Roissy Ophlm Clichy-la-Garenne Ophlm Saumur Opac de Paris Université de Nantes Renault Saem Euralille Saem Parc scientifique de la Haute Borne Sem Clichy expansion Sem Lyon Confluence Sem Plaine développement Semaeb Semapa Semavip Sepe Paris expo Siemp Syndicat mixte du Val-de-Seine Université de Picardie Unohlm


De 1970 à 1992, missions réalisées dans le cadre de l‘Apur, Paris. 1970 Secteur de la Villette, études préliminaires, achevées en 1980.

1987

Références

Zac Seine Rive Gauche, projet d‘aménagement, avec Pierre Micheloni & André-Marie Bourelon, achevée en 1992.

1975 Schéma directeur d‘aménagement et d‘urbanisme de Paris, participation, achevé en 1977.

Depuis 1992, missions réalisées dans le cadre de l‘Atelier François Grether. 1991

Plan d‘occupation des sols de Paris, participation, achevé en 1978.

Espaces naturels, Val d‘Argent, Argenteuil, étude prospective, avec Jacqueline Osty, paysagiste.

1978 Révision des Zac en cours de réalisation dans le XXème arrondissement, achevée en 1981.

Axe de la Défense, Nanterre, prolongement de l‘axe historique au-delà de la Grande Arche, avec Paul Chemetov & Roland Castro, concours international, lauréat 2ème Prix.

1979

1992

Transformation et extention des espaces publics du centre ville, Gif-sur-Yvette.

Zac Berges de Seine-Beaujon, Clichy-laGarenne, étude de définition du Paz, 39 ha, avec Massimiliano Fuksas, architecte, Béture Bet.

1982 Plan programme de l‘est de Paris, achevé en 1983.

1983

Zac Berges de Seine-Beaujon, Clichy-laGarenne, 80 logements et locaux d‘activités.

Révision du plan d‘occupation des sols, Paris, achevée en 1985.

Zac Berges de Seine-Beaujon, maîtrise d‘œuvre, 99 logements Pla.

Zac Bassin de la Villette, rue de Flandres, Zac Manin-Jaurès, et secteur Armand Carrel, rue Radiguet, Candie Saint Bernard, avec Christiane Blancot, étude de faisabilité et de définition, projets d‘aménagements, Paz, Raz, achevée en 1992.

1993

Quais du bassin de la Villette, projet d‘aménagement urbain, avec Christiane Blancot et Dominique Touche, achevé en 1986.

Secteurs Tertre/Lombarderie/Jonelière, Nantes, plan d‘aménagement et de développement de l‘université,169 ha. Parc des expositions, Paris, plan d‘ensemble du projet de restructuration, 36 ha. Centre ville, Chilly-Mazarin, étude de prescriptions urbaines et architecturales, 4 ha.

1984 Canaux parisiens, plan de mise en valeur, avec Christiane Blancot, achevé en 1985. Place Stalingrad, avant projet, avec Christiane Blancot, achevée en 1986.

Cité des Hautes Noues, Villiers-sur-Marne, étude de restructuration, 30 ha. Bas Meudon, Meudon, projet d‘aménagement urbain, avec Georges Maurios, architecte. Île Sainte Anne, Nantes, proposition d‘aménagement, avec Dominique Perrault, architecte.

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Tremblay-en-France, concours international, projet lauréat, avec Massimiliano Fuksas, architecte, et Jean-Michel Roux.

1994 Quartier Chemin Vert et Laurent Bonnevay, Saumur, projet d‘aménagement urbain, 139 ha. Quais de la Gare, Paris, maîtrise d‘œuvre de la promenade Arthur Rimbaud, 1 ha, avec Jacqueline Osty, paysagiste, Concepto, éclairagiste, Sogelerg Bet. Zac Flandres sud, Paris, maîtrise d‘œuvre, 29 logements Pli.

Plaine Saint-Denis Plan directeur d‘aménagement, 600 ha, après le projet urbain de Hypodamos 93. Révision des Pos, Saint-Denis et Aubervilliers, avec Béture conseil. Triangle de Gonesse, Roissy en France, projet urbain, 1.100 ha. Euroméditerranée, Marseille, projet d‘aménagement urbain des secteurs Arenc/Villette/Clary, 40 ha. Places Viarmes et Sainte Elisabeth, Nantes, aménagement de l‘espace public lié à la 3ème ligne de tramway, 3,6 ha, concours, projet lauréat, avec Bruel-Delmar, paysagistes, Lightec, éclairagiste, Ingétude Bet.

Quartier des Hautes Noues, Villiers-surMarne, projet urbain de transformation d‘un grand ensemble, 30 ha, 1.200 logements sociaux.

Parc des expositions, Paris, étude de définition et plan directeur des espaces d‘accueil et des voies publiques, 10 ha.

Rue Hainault, Paris XIXème, 70 logements Pla, concours.

Friche Gaz de France, Roquebrune-Cap Martin, projet d‘aménagement, 2 ha, concours.

Quai Branly, Paris VIIème, espace d‘exposition temporaire, concours.

Centre hospitalier, Saumur, avant projet de reconversion.

1997 1995 ZAC Berges de Seine-Beaujon, Clichy-la-Garenne, dossier de réalisation.

Quartiers Nord Ecopolis, Amiens, étude de définition en concurence, projet urbain, 120 ha, projet lauréat, avec Jacqueline Osty, paysagiste.

Quai de Seine, Paris, étude de définition, 120 ha.

1998

Quartier Nantilly, Saumur, projet d‘aménagement urbain.

Secteur des Résidences, Belfort, projet d‘aménagement urbain.

Quais de Seine Rive Gauche, Paris, étude de définition des rives hautes et basses, avec Jacqueline Osty, paysagiste.

Pôle de Saint Julien/Neydens/Archamps/Bardonnex, Genève, projet d‘aménagement urbain, avec Holdener & Leutenegger, architectes urbanistes, Mayor & Beusch, architectes, Cert-Arago, ingénieurs conseils, Michel Leduc, économiste.

Quai Branly, Paris, Lieu provisoire d‘exposition, concours.

1996 Boulogne-Billancourt Révision des Plans d‘occupation des sols, achevée en 1999. Boulogne-Billancourt, Syndicat mixte du Val de Seine, conseil et étude d‘urbanisme, 617 ha.

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Route de Fougères, Rennes, projet urbain de requalification de l‘entrée de ville. Zac Saint-Sulpice, Rennes, projet d‘aménagement. Secteur des gares, Le Havre, projet d‘aménagement urbain.


Zac AlĂŠsia-Montsouris Paris 1998

Photographies : Jean-Marie Monthiers.

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Parc scientifique de la Haute Borne, Villeneuve-d‘Ascq, Grand projet Lille Métropole, Communauté urbaine de Lille, projet urbain, 150 ha, avec Didier Larue, paysagiste, et Edaw France. étude en cours.

Urbanisation de la Citadelle, Amiens, étude d‘implantation universitaire, en association avec G3A.

Port de commerce, Brest, études et maîtrise d‘œuvre des espaces publics du port de commerce, 45 ha, avec Jacqueline Osty, paysagiste.

Quartier de la Gare, Béthune, étude de restructuration, avec Florence Sylvos, paysagiste, concours.

Espaces publics Ingres et avenue de la Paix, Amiens, maîtrise d‘œuvre, avec Jacqueline Osty, paysagiste.

Rives de la Haute-Deûle, Lille et Lhomme, avec Michel Desvignes, paysagiste, concours.

Quartier de Gerland, Lyon, projet urbain, 400 ha, avec Michel Desvignes, paysagiste, en cours.

2001 Zac Alésia-Montsouris, Paris, maîtrise d‘œuvre, 66 logements Pla, livraison 2002. Zac Charles de Gaulle, Colombes, urbaniste coordinateur.

Île Seguin, Boulogne-Billancourt, projet urbain, 11,5 ha, coordination des aménagements d‘ensemble, 52 ha, avec Christian Devillers, Patrick Chavannes et Jacques Ferrier.

1999

2002

Ecrans acoustiques, concours européen, projet co-lauréat, avec Jacqueline Osty, paysagiste, Séchaud & Bossuyt, Mayerowitz, acousticien.

Parc de Loire, Orléans, aménagement des quais de l‘Île Charlemagne et du Bois de l‘Île, 650 ha.

Quartier de la Pierre Collinet, Meaux, restructuration, avec Florence Sylvos, paysagiste, Philippe Monnot, architecte programmateur.

2003

Secteur du Romarin, Euralille, projet d‘aménagement urbain et de définition des espaces publics, 14 ha, étude en cours. Université du Tertre, Nantes, étude de programmation et avant-projet des espaces publics universitaires, réalisation par le district. Site de la Courrouze, Rennes, étude d‘aménagement urbain. Tramway d‘interconnection de la région, Mulhouse, aménagement urbain, avec Alfred Peter, paysagiste, concours.

2000 Lyon Confluence, Lyon, projet urbain,150 ha, avec Michel Desvigne, paysagiste, en cours.

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Aéroport Nice Côte d‘Azur, Nice, aménagement de la zone nord.

Clichy-Batignolles, Paris, étude de définition, avec Jaqueline Osty, paysagiste, Ogi Bet. Aubervilliers, Saint Denis, Entrepôts et Magasins Généraux de Paris, Plans directeurs, 50 ha. Renouvellement urbain, Saumur, étude pour la répartition de l‘habitat social dans un projet de ville.


Ecrans acoustiques Direction des routes Ministère de l’équipement 1999

Perspectives : Deis, Peter O’Brien.

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Promenade Arthur Rimbaud Quai de la Gare, Paris 1993/1996 avec Jacqueline Osty, paysagiste.

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Descente depuis le Quai François Mauriac vers les berges. Vue depuis l’esplanade de la Bibliothèque nationale de France. Aménagement du Quai de la Gare. Perspectives : Didier Ghislain. Photographie : Michel Denancé.


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