Spéciale 2007

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SpĂŠciale Automne Fall 2007

Steeve Delbrah


École Spéciale d’Architecture Établissement privé d’enseignement supérieur 254 boulevard Raspail 75014 Paris Tel 33 (0)1 40 47 40 47 Fax 33 (0)1 43 22 81 16

info@esa-paris.fr www.esa-paris.fr François Bordry Président President Odile Decq Directeur Director Armelle Cochelou Secrétaire Générale General Secretary Marie-Hélène Fabre Directrice des études Academic Head Colette Janczynszyn Secrétaire de Direction Direction Assistant Magali Vannier Communication Communication Lucie Porchon Accueil Reception and Student Office Martine Jeanne Admissions Admissions Solange Buelga Pédagogie Academic Affairs Valérie Bertrand Comptabilité Accounts Office Brigitte Beauchamp Comptabilité Accounts Office Mohamed Benabbad Services techniques Facilities Services Fayçal Zelmat Services techniques Facilities Services Mel Konate Services techniques Facilities Services Ben Abdelrahman Services techniques Facilities Services Edouardo Leal de la Gala Services techniques Facilities Services François Potonet Laboratoire informatique Computer Laboratory Anne Chaise Bibliothèque Library Léïla Colin-Navai Bibliothèque Library Ihab Kalaoun Reprographie Printing Studio Tony Borja Reprographie Printing Studio Grégoire d’Amiens Laboratoire audio & photo Audiovisual & photo Laboratory Pascal Bernard Atelier maquette Model Workshop

Couverture documents cover images Jaenes Bong Charles Marmion-Soucadaux & Jean-Philippe Sanfourche English translation Brent Patterson Crédits des illustrations Illustration credits © 2007 Guy Vacheret Chantal Danjon Grégoire d'Amiens Charlie Cerisier © 2008 École Spéciale d'Architecture Productions Philippe Guillemet & Marc Vaye

Achevé d’imprimer sur les presses de Imprimerie Néo Typo 1 C rue Lavoisier 25044 Besançon cedex 2e trimestre 2008 Dépôt légal Dépôt légal : avril 2008 ISBN : 2-916485-05-8 ISSN : 1951-813

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odecq@esa-paris.fr acochevelou@esa-paris.fr mhfabre@esa-paris.fr cjanczyszyn@esa-paris.fr mvannier@esa-paris.fr lporchon@esa-paris.fr mjeanne@esa-paris.fr sbuelga@esa-paris.fr vbertrand@esa-paris.fr bbeauchamp@esa-paris.fr mbenabbad@esa-paris.fr

eduardo_leal@esa-paris.fr fpotonet@esa-paris.fr achaise@esa-paris.fr leila_colin-navai@esa-paris.fr ikalaoun@esa-paris.fr gregoire_amiens@esa-paris.fr pascal_bernard@esa-paris.fr


Sommaire Summary Lettre du Président A word from the President

François Bordry

page

4

Marie-Hélène Fabre

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6

Être Spéciale aujourd’hui Being Spéciale today

Odile Decq

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81

Entretien avec Interview with

Paul Virilio

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82

page

97

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120

Conférences Lectures

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146

Expositions Exhibitions

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150

Voyages d'étude Study trips

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158

Travaux du semestre Semester’s projects

Prix Tour Eiffel Tour Eiffel Prize Workshop

Jacques Vieille


Paul Virilio Franรงois Bordry Tamsin Green

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A word from the President

Lettre du Président Spéciale

Spéciale

Spéciale, pour une école comme la nôtre, cela veut dire s'appuyer sur la liberté que lui donne son statut associatif pour s'adapter constamment à un monde en mouvement.

Spéciale, for a school like ours, means emphasizing the freedom that its status as an association gives to continually adapt to a world in motion.

Mais au-delà, cela veut dire aussi une école capable de porter un projet pour l'architecture, un projet dans lequel l'architecte, comme tout créateur, a une responsabilité d'autant plus grande que le monde et l'avenir n'offrent pas eux-mêmes une grande mobilité.

But in addition, it also means a school capable of supporting a project for architecture, a project in which the architect, like all creators, has such a big responsibility because the world and the future don't offer much mobility.

Grâce à l'impulsion et à la vision d'Odile Decq, son Directeur Général, chaque semestre apporte son lot d'innovations, ce numéro en témoigne, qui visent toutes à ouvrir aux étudiants de nouveaux champs et à leur permettre de se confronter au monde, à tenter de repousser les limites de la pensée et de la pratique traditionnelle, tout en assurant une compréhension plus globale de l'architecture.

Thanks to the driving force and vision of Odile Decq, the General Director, each semester brings its share of innovations, as this issue bares witness, these innovations all aim to open new fields to the students and enable them to confront the world, to attempt to push the limits of traditional thinking and practice, while ensuring a more global understanding of architecture.

On le constatera déjà dans cette édition Spéciale, l'École Spéciale d’Architecture veut renforcer sa lisibilité comme lieu de l'expérimentation et de l'invention.

We can notice already in this edition of Spéciale, that the École Spéciale d’Architecture wants to reinforce its visibility as a place of experimentation and invention.

est un titre bien choisi pour la publication qui doit rendre compte du semestre d'activités d'une école qui entend s'affirmer comme une école spéciale d'architecture.

is a well chosen title for the publication that must present the semester's activities at a school that wants to affirm its identity as a special architecture school.

François Bordry


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Semester’s projects

Travaux du semestre 2007

2007

L'année a été une année de transition à plus d'un titre. Elle a marqué tout d'abord le passage définitif de l'Esa dans le système LMD, Licence/Master/Doctorat.

was a year of transition in more than just words. It began with Esa's definitive adoption of the system LMD, Licence/Master/Doctorat.

Depuis le 1er janvier 2008, une formation complémentaire est en effet nécessaire pour être habilité à exercer la maîtrise d'œuvre en son nom propre. C'est à l'issue de cette formation que le titre d'Architecte Desa sera désormais délivré, les diplômes de l'Esa Grade 1 et Grade 2 sanctionnant respectivement les premier et deuxième cycles, et non plus au bout des cinq ans d'études de formation initiale en architecture. L'Esa assure ainsi un cadre conforme, d'une part à la réforme nationale des études d'architecture, d'autre part au système européen de structuration des études selon le rythme LMD.

Since January 2008, an additional training is necessary to be authorized to independently manage an architectural project. At the end of the training the title of Architect Desa is delivered, and no longer at the end of five years of studies of the initial architectural training. The diplomas of Esa Grade 1 and Grade 2 sanction respectively the first and second cycles. In adopting new training, Esa ensures a uniform frame, on one hand following the national reforms in architectural studies, on the other the European system of structuring studies according to the LMD.

2007 a vu, surtout, se renforcer la spécificité de l'École Spéciale d'Architecture.

2007 saw, above all, the uniqueness of the École Spéciale d'Architecture strengthened.

Avec une nouvelle direction générale, en la personne d'Odile Decq, le travail de refonte pédagogique déjà entamé s'est confirmé : par une réflexion sur les contenus, mais aussi par le rythme des enseignements. La dimension internationale de l'école a été consolidée : recrutement et workshops d'enseignants étrangers de qualité, collaboration soutenue avec les établissements étrangers partenaires de l'Esa et avec les étudiants en échange. Enfin, la qualité d'ensemble de l'école s'est affirmée au cœur des objectifs comme en témoignent déjà les travaux d'ateliers exposés en fin d'année. Ceux qui souhaitent entrer à l'Esa l'ont d'ailleurs compris puisque le niveau d'admission ne cesse de monter depuis trois semestres.

Under new direction, in the form of Odile Decq, the task of overhauling the pedagogy already started was confirmed : through a reflection on the content, but also on the rhythm of teaching. The international dimension of the school was consolidated : the recruitment and workshops of foreign teachers of quality, collaborations with foreign establishments that have partnerships with Esa have been bolstered and with students on exchange. Finally, the quality of the entire school has found strength in the heart of the objectives as we can see in the studio work exhibited at the end of the year. Those wishing to enter Esa have understood since the entry level has continued to rise over the last three semesters.

Que vous soyez nouveaux à l'Esa ou déjà familiers de l'école, j'espère que l'année 2007 a été pour vous riche de découvertes. Elle est, en tout cas, annonciatrice des changements plus profonds qui vont marquer les semestres à venir, pour une école toujours Spéciale.

Whether you are just learning about Esa or already familiar with the school, I hope that 2007 offered you rich discoveries. It is, in any case, revealing of deeper changes that will affect the coming semesters, for a school that continues to be Spéciale.

Marie-Hélène Fabre Directrice des études Academic Head


Semestre Semester 1

Architecture

Didier Faustino Isabel Hérault Lionel Lemire Jean-Sylvain Pigelet assistants Martial Marquet Soline Meyer Martin Lebourgeois Keren Djian avec la participation de with the contribution of Françoise Quardon

Premier mois

First month

Transformer une page A4 en un espace architectural. Exercice en vingt minutes.

Transform a letter size sheet of paper into an architectural space. Twenty minutes exercise.

Proposer un espace pour le corps nu. Exercice en une semaine, figuration de l’échelle, moyens libres.

Suggest a space for a naked body. Weeklong exercise, representation of scale, open choice of media.

Inventer une expérience de la main. Exercice en une semaine, cotation et dimensionnement, maquette.

Invent an experience using the hands. Weeklong exercise, grading, model.

À l’échelle 1, construire un espace à vivre par la main. Projet en une semaine, maquette, affiche, plan, coupe.

Build a full scale space to be lived in by the hand. Weeklong project, model, poster, plan, section.

Oppositions Légèreté/Lourdeur Unicité/Multiplicité Densité/Vacuité Transparence/Opacité Douceur/Rugosité Équilibre/Stabilité Mollesse/Dureté Produire, à l’aide d’un seul matériau, un objet mettant en scène l’opposition choisie. Il sera à la fois un objet à l’échelle 1 et la maquette d’un espace.

Oppositions Lightness/Heaviness Unity/Multiplicity Density/Emptiness Transparency/Opacity Softness/Roughness Balance/Stability Softness/Hardness Using one material, produce an object dealing with an opposition. It must be both an object scale 1:1 and the model of a space.

Deuxième mois

Second month

Utiliser l’architecture pour porter un propos sur le monde. Choisir un problème de société, le questionner ou le dénoncer, le critiquer ou le résoudre. Projet en trois semaines, à contextualiser, maquette et dessin.

Use architecture to address an issue affecting the world. Choose a social problem, question it, denounce it, criticize it or solve it. Project over three weeks, contextualize, model and draw.

Troisième mois

Third month

Dessin technique : relevé de détails constructifs de l’école.

Technical drawing : construction details of the Esa building.

Repenser l’habitat. Avec les acquis de dimensionnement et d’ergonomie des quatre premières semaines, fabriquer pour l’un de vos enseignants une proposition d’habitation du XXIe siècle dans le salon de l’Institut Français d’Architecture. Projet et développement en trois semaines, maquette au 1/20e.

Housing reconsidered. With the help of your four weeks experience with dimensions and ergonomics, make up a proposal for one of your teachers for a 21st century residence in the hall of the French Architecture Institute. Outline and further development over three weeks, model on a scale of 1:20th.

Parallèle art. Faire une forme avec une boîte à chaussures.

Parallel art. Make a form with a shoebox.

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Prix Meilleure scĂŠnographie Prize for Best scenography


Keren Djian

Didier Faustino

Martial Mar-

Jean-Sylvain Pigelet


Axel Allione Abdullah Al Muraiqeb Tom Benard Dina Bennani Youness Berrada Sébastien Bidault Johnny Bocquet-Boone Clément Bois Raphaël Boussion Le François Jonas Braoude Estelle Cadre Adrien Calvez Lou Charpin Juliette Charron Julie Chehab Hicham Cherif d'Ouazzanne Melissa Chiche Michaël Chomette Salammbô Clausse Adrien Daniel Marlène de Abreu Tangi Defachelles Tristan Delagneau Audrey de Laguarigue de Survilliers Arnaud Deprez Stanislas Devys Clément Donnefort Sihan Du Laurent Dubuis Vincent Dufresne Salwa Essoussi Adrien Fenet Celia Ferrari Amine Fohami Fatma Fourati Marine Fruchaud Fatime Garfa Arthur Gaston-Dreyfus Louis Geffroy Edouard Germain Louis Geslain Paul Gilbert Martin Goupit Alban Grouas Mensur Hasanagic Nicolas Herlemont Lara Huchaima Camille Jacoulet Marwan Kahlil Hyun-Jong Kim Hyeok-Sang Kwon Alice Labourel Soukaïna Lakhmiri Rosalie Laurin Géraldine Le Chatellier Stéphane Lee Malik Lemseffer Antoine Leroux-Girard Dong Liu Delphine Maizil Bertrand Malpel Giulia Manini Louise Marzo Brice Maurin Alexandra Melgar Mazzoni Gil Meneses


Lionel Lemire


Agathe Marie Michel Lisa Millo Tiffany Minois Pascale Montet Nils Montigny

Isabel Hérault Livio Mosca Takami Nakamoto Gürkan Okat Gregory Olympio Gianandrea Parentela Charles Pascal Hortense Petit Clémence Pic Hugo Plagnol Adrien Quelet Elisa Querub Hugo Reichmann Hugo Reymond Clotilde Roger de Campagnolle Jean-Baptiste Roman Lola Rozewicz Etienne Salin Achille Segard Lara Sid Ahmed Diane Sidos Charlotte Simoneau Antoine Spijkerman Vanessa Stassi Adam Taieb Saysavath Tu Sophie Tual Charles Vaneph Arthur Vigneron Lina Zniber


Semestre Semester 1

Art

Françoise Quardon

Prothèses, prolongations du corps Une forme avec…une boîte à chaussures Une forme avec…six bouteilles d’eau Un logo qui vous représente Prosthesis, extensions of the body A form with…a shoebox A form with…six bottles of water A logo who represents you

Julie Chehab

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Martin Goupit

Hugo Reichmann

Juliette Charron


Semestre Semester 1

Art

Nathalie Junod-Ponsard

Coexistence Cité internationale des arts Paris

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IVe

Nous sommes dans un intérieur qui ne possède pas d’extérieur, cette notion d’être, développée par Heidegger, est l’idée de bulle. Partant de cette idée, les étudiants vont introduire des mondes, au sein de la Cité internationale des arts à Paris IVe, qui ont une influence physique, culturelle ou temporelle sur leur propre environnement, celui de la Cité, une influence sur le visiteur. Ces mondes se développeraient et des questionnements parallèles se poseront : d’identité, de ressemblance ou de différence.

We are in an inner space without an outside space, this notion of being, developed by Heidegger, is the idea of the bubble. Starting with this idea, the students will introduce worlds inside the Cité internationale des arts in Paris, which will have a physical, cultural or temporal influence on their own environment, on the Cité or on the visitors. These worlds will be developed and parallel questions will present themselves in relation to identity, similarity, and difference.

Il s’agit de créer un monde original, personnel et unique, une survivance à ce qui pré-existe lors d’une plongée totale dans un environnement nouveau où des espaces autres sont offerts, eux-mêmes susceptibles d’influencer le travail de l’étudiant. À la Cité internationale des arts, les étudiants ont conçu et réalisé des installations in situ occupant divers lieux et espaces intérieurs : hall d’entrée ; au sous-sol : couloirs, salle de répétition de musique, amphithéâtre ; extérieurs : cour, parking, passage ; dans l’obscurité de certaines salles, dans des ateliers sous les verrières.

It's about creating an original, personal and unique world, survival from what pre-exists during a total immersion in a new environment, where new spaces are offered, themselves able to influence the student's work. At the Cité internationale des arts, the students have conceived and realized site specific installations in various places, inside spaces : the entrance hall ; basement : corridors, rehearsal rooms, theatre ; outside places : courtyard, car park, passages ; in the darkness of some rooms, under the glass roof of the studios.


Achille SĂŠgard

Hugo Reymond

Etienne Salin


Semestre Semester 1&2

Dessin d’architecture Architectural drawing Michel Denès

Hubert Lempereur

Le cours de dessin d'architecture introduit aux techniques de représentation. L'objectif est d'amener les étudiants à comprendre des espaces architecturaux et à les décrire par le dessin. Le moyen utilisé est celui du pré-relevé en proportion avec restitution à main levée en plan, coupe, élévation et parfois en axonométrie. Les fragments relevés sont choisis parmi des édifices parisiens libres d'accès, aux caractéristiques spatiales et constructives simples : constructions du XVIIIe jusqu'à la moitié du XXe siècle. Ces dessins d'espaces internes ou d'éléments architectoniques sont exécutés sur site et tracés rapidement. Il s'agit pour l'étudiant de prendre conscience de la spécificité du dessin d'architecture dans sa confrontation à la nécessaire matérialité de l'objet décrit ou projeté : le dessin d'architecture part de la réalité et y retourne.

Le cours récapitule et développe l'introduction aux techniques de représentation. Il vérifie la compréhension de représentations diverses. L'objectif est l'acquisition de la capacité à comprendre des solides géométriques et des espaces architecturaux ou urbains décrits par le dessin. Les travaux proposés s'appuient sur des exemples de projets ou de réalisations variés dans leur localisation, programme, époque et auteur. À chaque séance, l'étudiant doit réaliser un dessin à partir d'un dossier fourni sur lequel figurent soit des vues redessinées pour les besoins de l'exercice, soit des dessins originaux présentant certaines incertitudes ou incohérences, ainsi que des annotations écrites. Une marge est laissée à l'interprétation critique.

The course on architectural drawing introduces techniques of representation. The objective is to enable the students to understand architectural spaces and to describe them using drawing. The techniques used will include an initial layout in proportion with a freehand reproduction of the plan, section, elevation and occasionally an axonometric projection. The selected fragments are chosen amongst buildings in Paris with free public access, simple spatial and constructions characteristics : buildings from the 18th century to the middle of the 20th century. These drawings of internal spaces or architectonic elements are rapidly traced and done on site. The goal is that the student will become conscious of the specificity of the architectural drawing when confronting the necessary materiality of the described or projected object : the architectural drawing starts with reality and ends there.

The course recapitulates and develops an introduction to techniques of representation. It verifies the students' understanding of diverse forms of representation. The objective is the acquisition of the capacity to understand geometrical solids and architectural or urban spaces described through drawing. The exercises proposed focus on examples of projects or constructions that vary according to location, program, period and architect. During each class, the student must do a drawing based on a dossier provided that will include redrawn views for the needs of the exercise, either original drawings presenting some ambiguity or uncertainty, as well as written annotations. A certain margin is allowed for critical interpretation.

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Michaël Chomette


Martin Goupit

MichaĂŤl Chomette

Elisa Querub


Semestre Semester 2

Architecture

Platane Berès Jean-Claude Moreau Carl Fredrik Svenstedt assistants Mathieu Kobilinsky Isabelle Schmitz Gabriel Laval

Arpenter et transcrire le territoire 3 semaines Le XIXe arrondissement. Analyse du réel par cartes descriptives au 1/2000e. Exprimer le ressenti personnel par carte et maquette.

Habiter en matière et lumière 4 semaines Analyse de maisons exemplaires. Réalisation d’une maquette au 1/20e d’un fragment de l’intérieur. Réalisation de croquis en noir et blanc du lieu éclairé par la lumière naturelle.

Sensibiliser à l’habitabilité et la contextualité 7 semaines Définir un scénario de vie pour une à cinq personnes pour un projet de maison associant habitat et activité soit rue de Crimée/Arthur Rozier, rue Philippe Hecht ou rue de l’Ourcq. Développer le projet au 1/100e par plans, coupes, maquettes et perspectives intérieures.

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Survey and transcribe the territory 3 weeks The 19th arrondissement. Real analysis using descriptive maps at a scale of 1:2000th. Express personal feelings using a map and model.

Living through matter and light 4 weeks Analysis of model houses. Make a model at 1:20th of the scale of a part of the interior. Make some sketches in black and white of space lit by natural light.

Sensitize the student regarding the habitability and the contextualization 7 weeks Define a living scenario for one to five people for a project of a house that combines living quarters and business, either in the rue de CrimĂŠe/Arthur Rozier, rue Philippe Hecht or rue de l'Ourcq. Develop the project at 1:100th through plans, sections, models and interior perspectives.


Eva Maloisel

Samuel Jaubert de Beaujeu

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Guillaume Dumont


Bénédict Barthelemy

Camille Dupont


Semestre Semester 2

Art

Amandine Desveaux

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Hélène Crettien Chantal Danjon assistant Jeanne Guérin

En

Objets blessés, la réparation

Wounded objects, repairing

“La réparation modifie le sens de l'objet. Elle l'investit d'une forte charge émotive. Par la réparation, l'objet ordinaire se transforme en objet mémoire.” Hana Chidiac

“Repairing changes the sense of the object. It gives it an intense emotional meaning. By repairing the ordinary object it becomes an object of memory.” Hana Chidiac

Corps et espace Enveloppe du corps, gestuelle

Body and space Envelop of the body, gesture

Découvrir et saisir comment son propre corps peut être transformé, revisité par une enveloppe, contenant tout ou partie du corps. Analyse plastique d'une nouvelle gestuelle.

Discover and feel how the body can be transformed and felt differently by an envelope, a bag that would contain part or all of the body. Physical analysis of a new gesture.

Benedetta Frati

Pauline Patriarche


Smail Taoufik Idrissi

Benedetta Frati


Semestre Semester 3

Architecture

François Bouvard Sébastien Chabbert Stéphane Bigoni Olivier Leblois assistants Damien Fache Florent Descolas Bruno Vernet Vincent Peuduvallon

Enjeux de la projetation : découvrir un programme d'équipement et d'habitat, identifier les usages, appréhender un site urbain, prendre conscience du déjà-là, affirmer le concept initial puis développer le projet par la fabrication, séquencée et recommencée, des moyens de sa représentation : mesures, dessins, plans, coupes, maquettes.

Stakes of programming : determine a program of facilities and housing, identify the uses, grasp an urban site, become aware of what is already existing, affirm the initial concept then develop the project by the sequenced and repetitive making of means of representation : measures, drawings, plans, sections, models.

Le Département du Patrimoine de la Ratp a proposé le site technique de la rue de la Py, où la démolition d'un atelier d'électromécanique libère le foncier pour l'extension d'un atelier de maintenance des rames de métro et la construction d'un ensemble urbain comprenant 30 logements, 15 maisons de ville et un équipement public. Le sujet, en phase avec le réel, permet de questionner la mixité des usages et de construire des coupes urbaines dans leur complexité. Après un relevé, un projet urbain à l'échelle du quartier et une analyse d'architectures contemporaines et historiques, les étudiants ont développé leurs projets au 1/200e, en privilégiant la recherche spatiale et constructive de l'équipement public.

The Heritage Department of the Ratp proposed the technical site of rue de la Py, where the demolition of an electromechanical workshop will free the land for the extension of a maintenance workshop for subway trains and the construction of an urban complex including 30 housing units, 15 houses and public facilities. The subject, in keeping with the real project, allows an interrogation of mixed use and the construction of urban sections in all their complexity. After a layout, an urban project at the neighborhood scale and an analysis of contemporary and historic architecture, the students developed their projects at 1:200th, emphasizing the spatial and constructional research of public facilities.

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Prix Meilleure scĂŠnographie Prize for Best scenography Florent Girelli

Antoine Fichaux

Rue de la Py Paris XX

e

TimothĂŠe Maitre


Quentin Lefort

François LÊvy

Natacha Mankowski

Anne-Charlotte Maingault

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Thibaud Pasteur

Rémi Bonnin

Chloé Laloux


Maxime Decaudin

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William Baud

Rebecca Lévy


Alexandre Diner

n

Camille Aboukater


Semestre Semester 3

Art

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Guy Vacheret assistant Bérengère Mey

nquet “Les convives attendent” The dinner “The guests are waiting” Le banquet “Les convives attende Marie-Emmanuelle Cavarec

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Camille Isaac-Dognin

François Lévy


Semestre Semester 3&4

Géométrie descriptive Descriptive geometry Jean-François Oudet Juliette Pernin

Apprendre à voir l'espace des bâtiments ou volumes représentés en plan, coupe ou élévation, est essentielle à la formation de l'architecte car elle développe sa liberté de conception spatiale. C'est une mise en abyme de l'espace tridimensionnel, un langage abstrait et inhabituel qui permet de résoudre des problèmes d'espace particuliers, à l'aide de méthodes générales et rigoureuses, en transférant ces problèmes en géométrie plane. L'initiation se fait essentiellement par le tracé des ombres qui permettent de dessiner le vide comme le plein, d'appréhender l'espace par son immatérialité et sa matérialité.

Pour développer, par le dessin, l'imagination spatiale en traitant d'espaces plus complexes, les travaux dirigés prennent une place plus importante. Un rappel sur les méthodes d'intersection et de tracé des ombres permet de comprendre définitivement les méthodes. Le tracé des ombres est appliqué à des espaces plus complexes, des escaliers, cylindres ou cônes, en utilisant les notions de tangentes. L'étude de la géométrie de l'ensoleillement, notamment d'équinoxe, permet à l'étudiant de se former une image mentale aussi claire et simple que possible du soleil en mouvement. Ce qui est directement utilisable en phase initiale de conception du projet, en amont de toute formalisation.

Learning to see the space of buildings or represented volumes through plan, section or elevation, is essential in the training of the architect because it develops his or her capacity for spatial conception. It's a mise en abyme of the tridimensional space, an abstract and uncommon language that permits the resolution of particular spatial problems with the help of general and rigorous methods, by transferring these problems into a plane geometry. The initiation is done primarily by tracing the shadows that permit the drawing of the empty space as well as the solid, to grasp the space by both its immateriality and materiality.

Drawing allows the development of the spatial imagination by treating more complex spaces and in so doing the works have a more important role. A reminder of the methods of intersection and tracing the shadows enables the understanding of the methods. The trace of the shadows applied to more complex spaces, the stairs, cylinders and cones, using tangential notions. The study of the geometry of natural light, particularly at equinox, enabling the student to create a mental image as simple and clear as possible of the sun in movement. This is directly useful in the initial phase of the conception of the project, an initial step for any formalization.

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Semestre Semester 4

Architecture

Andri Gerber Frank Salama Marc Vaye assistants Quentin Piepszownik Marie-Charlotte Chandès Arnaud Vallet

Le semestre s'est déroulé suivant deux lignes directrices se superposant : d'un côté une idée à développer, de l'autre les contraintes avec lesquelles chaque étudiant a dû négocier. Le but a été de développer un projet qui résolve avec succès mais pas nécessairement par une synthèse, la tension entre désir et réalité, entre volonté et nécessité. En partant d'une analyse de références historiques et contemporaines, nous avons progressivement introduit les instruments nécessaires à cette négociation : le diagramme et le scénario, qui ont permis aux étudiants la concrétisation de l'idée dans une forme qui accueille les fonctions requises.

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The semester followed two important overlapping themes : on one hand the idea to be developed and on the other the constraints which each student had to address. The goal was to develop a project that successively resolved the tension between desire and reality, between wishes and necessity, but not necessarily through a synthesis. Starting with an analysis of the historic and contemporary references, we progressively introduced the instruments necessary for this negotiation : the diagram and the scenario that permitted the students to concretize the idea in a form that meets the required functions.


Mathieu Crabouillet

25 logements housing units e Paris XX


Achille Thorel

Nicolas Müssche

Ügur Can Erol

Laurent-Emmanuel Duburg

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Pauline Marie d’Avigneau

Antonin Pellissier


Semestre Semester 4

Prix Meilleur projet Prize for Best project Rania Dakhlia

a 40 41


weightlessness


Semestre Semester 4

Art

Simon Boudvin Raphaël Zarka

L’esp comm maté

Pour une grande majorité des jeunes artistes, les catégories qui servaient à définir la pratique de l'art en fonction d'un médium privilégié, sculpture, photographie, peinture, installation, dessin, ne sont plus opérantes.

For a majority of young artists, the categories that help to define the practice of a particular art in relation to a particular medium, sculpture, photography, painting, installation, drawing, are no longer effective.

Chloé De Smet Anna Mallac-Sim Frédéric Brient Alexandre Goinard

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Space as material

Damien Eon ValĂŠrie Philippe Kevin Thomere MaĂŻlys Veuillez


Semestre Semester 5

Architecture

Valérie Vaudou assistant Benjamin Philippe

Jonathan Stene Burger Éloïse Chiron

Île Seguin. Ateliers, gale Sur un territoire chargé d'histoire qui a incarné un temps le monde industriel et les grandes luttes syndicales des années soixante, sur un site emblématique qui a fait l'objet de projets controversés jamais réalisés, il s'agit de concevoir un espace de création, d'exposition et de rencontre qui puise son énergie de la mémoire d'un lieu qui a marqué l'imaginaire collectif d'une génération. Le programme comprend 50 ateliers de 100 m2 accompagnés de résidences temporaires, de galeries d'exposition de 500 m2, de cafés et de boutiques. La localisation de l'intervention fait partie de l'exercice et résulte de l'analyse du contexte : morphologique, géographique, historique, signes, traces. Le sujet requiert également une approche sensible, intuitive et poétique pour imaginer un lieu vivant en relation avec un programme dédié aux artistes et à la création contemporaine sur un site à la géographie particulière : à la fois centre et périphérie, dans et en dehors de la ville. Enfin, il nécessite l'esprit de synthèse et de cohérence pour aborder des problématiques de différentes natures dans un champ scalaire complexe. Poser par exemple la question de l'échelle de l'intervention et de la relation entre les deux rives, du rapport au fleuve.

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Jeremy Seyrig

Studios, galleries and artists' residences On this territory loaded with history that incarnates an industrial period and the important battles of the unions in the sixties, on an emblematic site that has been witness to several controversial projects never built, it's a question of conceptualizing a space for artistic creation, exhibition and meeting. A space that draws on its energy as a site of memory, a place that affected the collective imagination of a generation. The program includes 50 studios of 100 square meters accompanied by temporary residences, 500 square meters of exhibition galleries, cafĂŠs and boutiques. The placement of the intervention is part of the exercise and a result of a contextual analysis : morphological, geographical, historical, signs, traces. The subject equally requires a sensitive approach, intuitive and poetic in order to imagine a lively place in relation to a program that is dedicated to artists and contemporary creation on an unique geographical site : both center and periphery, in and outside the city. Finally it requires a spirit of synthesis and coherence to address different problems in a domain with a complex scale. Raising questions such as the scale of the intervention in relation to the two riverbanks and the river.


Semestre Semester 5

Architecture

Hugh Dutton assistant Maria Tsakonitis

Île Seguin. 50 ateliers d’a artist s Dans un contexte urbain chargé de mémoire sociale et politique, les usines Renault ont occupé l'île jusqu'en 1994, les étudiants sont encouragés à imaginer librement le projet. La structure de la passerelle est considérée comme un composant fédérateur de la composition architecturale et étudiée à travers une recherche plastique par la maquette. Dans de nombreux cas, la structure de la passerelle donne la logique d'ensemble du projet, l'armature de l'organisation spatiale et le thème esthétique dominant.

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In this urban context loaded with a social and political memory from the time the island was the site of the Renault factories up until 1994, the students are encouraged to freely imagine the project. The structure of the footbridge is considered as a unifying element in the process of the architectural composition and a means of studying form using models. The structural system of the footbridge, provide, in many cases, the logic of the entire project, becoming an armature that helps organize spatial composition and a dominating aesthetic theme.


Nicolas Polaert

A A a footbridge Louisa Gouesnard


Semestre Semester 5

Architecture

Tamsin Green Kenny Kinugasa Tsui assistant Jaenes Bong

Abysse Articulé & Ornement Allégorique

Articulated Abyss & Allegorical Adornment The studio attempts to reinvigorate the current process-driven digital discipline, by proposing an architectural model that converges the technological with the poetic, as well as the tectonic with the ornamental. A site-derived or routed architecture that denies the homogeneous flatness of globalization. To begin the narrative journey, students are encouraged to uncover a site that embodies the qualities of Articulated Abyss and Allegorical Adornment, or Relative Loss and Hidden Ornament, or in more simplistic terms : the void and the excess. The methodology will involve intense observation and studies of diverse visual and textual references. Emotional responses are then communicated through experimental drawings and physical models, and other digital mediums. The derived narrative will evolve into the design of a building encompassing the designer's composition of spatial fragments.

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Céline Ortolo Lorène Faure

Cet atelier tente de renforcer la discipline numériquement dérivée aujourd'hui, en proposant un modèle architectural qui converge le technologique avec le poétique, et le tectonique avec l'ornemental. Une architecture dérivée du site et enracinée, déniant l'homogène fadeur de la mondialisation. Pour commencer cette aventure narrative, les étudiants sont amenés à découvrir un site incarnant les qualités d'Abysse Articulé et d'Ornement Allégorique, ou Perte Relative et Ornement Caché, ou plutôt en termes plus simples : le vide et l'excès. La méthodologie impliquera observations intenses et étude de diverses références visuelles et textuelles. Les réponses émotionnelles sont communiquées par la suite à travers des dessins expérimentaux et des maquettes physiques, ainsi que d'autres médiums numériques. Le narratif dérivé développera la conception d'un bâtiment embrassant la composition de fragments d'espace par le designer.


Claire Tournier Martin Tubiana


Semestre Semester 5

Art

Chantal Danjon Philippe Guillemet assistant Hélène Vacheyrout

À partir de cette thématique prétexte, comment élaborer un projet qui fasse sens : concevoir, réaliser, montrer. Définir la machine et son champ d'application : domestique, agressif, fantastique, lumineux, onirique, érotique, musical, inutile. Fabriquer la machine à l'échelle 1/1 et se représenter avec elle. Donner à voir et à faire évoluer la machine. Réalisation d'un document visuel d'une durée comprise entre trente secondes et une minute, révèlant le fonctionnement de la machine et votre relation avec elle.

Beginning with this theme as a pretext, how do we develop a project that makes sense : conceive, create, show. Define the machine and its domain of application : domestic, aggressive, fantastic, bright, dreamlike, erotic, musical, useless. Build the machine at full scale and use it to represent yourself.

Man and L'homme et la machine Show the machine and make it evolve. Create a visual document that lasts between thirty seconds and one minute, showing how the machine functions and your relationship to it.

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Tatiana Michalski

Isabelle Bardèche

Zuhal Kuzu


Semestre Semester 6

Architecture

Valérie Châtelet assistant François Biver

Izmir 2015

Turkey

À partir d'une cinquantaine d'idées élaborées par tous les étudiants, six directions ont émergé pour l'urbanisation à long terme des neuf cent hectares potentiels d'un territoire proposé par la candidature de la ville d'Izmir pour l'organisation de l'Exposition universelle 2015. Les étudiants, travaillant seul ou en groupes, ont saisi chacune de ces six directions pour la développer tout au long du semestre. Sans sacraliser les idées, les étudiants ont été encouragés au contraire à approfondir ces pistes, si simples soient-elles au moment de leur énonciation, pour développer le projet et en saisir la complexité selon les échelles spatiales et temporelles en jeu. Ils ont été amenés non seulement à développer de nouvelles stratégies de collaboration mais aussi à prendre conscience de leurs processus de conception et de la formalisation de leurs intentions par les moyens de représentation traditionnels et par une introduction à la programmation et au pseudo code.

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Starting with roughly fifty ideas elaborated by all the students, six directions emerged for the long-term urbanization for a potential area of nine hundred hectares proposed by the city of Izmir, candidate for the 2015 world fair. The students, working alone or in groups, grasped each of these six directions in order to develop them during the entire semester. Without treating these ideas as sacred, the students were, on the contrary, encouraged to pursue these themes. The themes, which appeared to be quite simple when they were initially identified, were used to develop the project and grasp the complexity according to the spatial and temporal scales involved. The students were encouraged not only to develop new strategies of collaboration, but also to become aware of their own conceptual process and to formalize their intentions using traditional means of representation and by introducing the programming and a pseudo code.

Hugo Chauwin César Silva


Antoine Dupont-Guerra Adrien Del Grande


Semestre Semester 6

Architecture

Jacques Pochoy assistant Mouna Bennani

L'Exposition universelle comme prétexte à la ville durable Dans le cadre de l'Exposition universelle de 2015 à Izmir, il s'agit d'aménager un grand site de sept cent hectares dans une continuité de la ville, dense, mixte et durable. Une redéfinition de l'îlot urbain doit permettre de projeter un édifice contemporain comprenant des logements de 45 m2 pour six personnes, posant ainsi les questions du renouvellement des modes d'habiter dans une société possible en 2015. Le saut entre les échelles : du territoire, au quartier, édifice et logement réduit, sont autant de moyens pour affirmer une continuité du sens, maîtriser sa pensée et comprendre les relations de perception spatiale entre ces échelles comme des évolutions de la pratique sociale. Le choix d'un pays méditerranéen, la Turquie, qui mêle à la fois l'exode rural, l'attachement à l'espace public, une volonté sociale forte et une ouverture réglementaire, permet de sortir des contraintes usuelles pour mieux imaginer le rêve de ville durable.

Izmir 2015 Turkey Ana-Sofia Bracamontes

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Charles Gaucherel

The Universal exhibition as a pretext for a sustainable city This semester's studio subject was the Turkish city of Izmir and the World fair of 2015. It allowed students to plan a large site of seven hundred hectares following the continuity of the city, considering density, diversity and sustainability. The redesigning of a city block allows for the creation of a contemporary design for a building with 45 square meter flats for a family of six, thus calling into question the new ways of living in a conceivable society in 2015. Changing scales : from local territory, to district, building and small housing, while envisioning sustainability in techniques as in sociality, is a way to ensure continuity in one's design, and the ability to perceive relationships in different spatial scales as in social interactions. The choice of a Mediterranean country that has to cope with rural migration, attachment to public space, a strong social will, and flexible building rules, allows each student to avoid the usual constraints that have been presented to up to now and to better imagine the dream of a sustainable city.

C


Semestre Semester 6

Art

Philippe Guillemet assistant HÊlène Vacheyrout

Caravaggio Khadija Mrabti

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Jinsun Lee

Fabrice Girard


Semestre Semester 7&8

Architecture

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Anne Demians assistant Rémi Pascal

La ville se façonne aujourd'hui par le développement de ses infrastructures. L'évolution des moyens de communication, des nouvelles technologies ont changé le mode de vie des habitants des villes et leurs attentes. Le passage d'une logique de sédentarisation à une logique de mobilité rend d'autant plus indispensable une réflexion sur l'identité du logement. Ce constat n'est pas spécifique au contexte parisien, mais applicable à la majorité des métropoles à travers le monde. Le thème du logement est ici proposé comme la possibilité d'explorer ces évolutions pour les croiser avec une attention particulière à la situation dans laquelle il se situe. Le point de vue développé sur le logement, résolument ancré dans notre société, pourra être générique, si comme corollaire, il propose une analyse critique du site et du contexte dans lequel il est implanté. À une situation exceptionnelle il s'agira d'apporter une réponse exceptionnelle. 350 logements, crèche, bibliothèque, parkings, commerces.

Ancienne gare d'A Place de la Porte d 58 59


Stephanie Barlach Julia Hofmann

The old train station of Auteuil The city shapes itself today according to the development of its infrastructures. The evolution of means of communication, new technologies have changed the ways of living of cities' inhabitants and their expectations. The shift from a sedentary logic to one of mobility makes it even more indispensable to reflect on the identity of housing. This thinking is not specific to the Parisian context, but can be applied to the majority of cities across the planet. The theme of housing is proposed here as a means of exploring these evolutions to connect them with a particular focus on the situation in which it is situated. The point of view developed on housing, firmly planted in our society, could be generic if as a consequence, it proposes a critical analysis of the site and the context in which it is implanted. An exceptional situation requires an exceptional response.

350 housing units, daycare, library, parking, shops.

Cong Chen Tarek Cheikh Youssef


Semestre Semester 7&8

Architecture

Fabienne Bulle assistant Serge Joly

Comme allongé

Like a reclining tower Horizontalité Monumentalité La ruine comme mutation Recyclage Apparition/disparition

Réhabilitation de la halle Pajol et création d'un jardin public, Zac Pajol Paris XVIIIe. Le premier regard dévoile un bâtiment compact aux plis de toitures métalliques répétitifs. Pourquoi avoir conservé la structure d'un bâtiment d'une autre époque, pas si éloignée bien qu'étrangère aux données actuelles de densité, stabilité ou normes, pour réaliser un pôle de vie ? Admettons la volonté de conserver une forme industrielle qui a plutôt bien vieillie, voire d'établir une mémoire in situ du patrimoine. Retenons surtout l'opportunité de réutiliser un bâtiment tout en volume. La halle Pajol s'inscrit dans une symbolique de strates construites, puis récemment détruites.

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Horizontality Monumentality The ruin as mutation Recycling Apparition/disappearance

The rehabilitation of the Pajol Hall and the creation of a public garden, Zac Pajol Paris 18th arrondissement. The first glimpse reveals a compact building with a repetitive folding metal roofing. Why conserve the structure of a building from another epoch, not so far off even if a bit out-of-place in relation to current realities of density, stability or norms, to create a center of activity ? Let's admit that there is a desire to conserve an industrial form that has aged fairly well and even the desire to establish an in situ memory as heritage. Let's keep a hold of the opportunity to reuse a building entirely in volume. The Pajol Hall is inscribed in a symbolism of constructed strata, recently destroyed.


Claire Poirot

Thomas Vignau


Semestre Semester 7&8

Architecture

Gokhan Avcioglu assistant Emir Drahsan

Les étudiants étaient invités à produire des propositions courageuses et radicales. Pour cela, il était nécessaire d'étudier le site et d'effectuer des recherches sur la situation existante en abordant des thèmes comme l'économie, la technologie, l'urbanisme, afin de proposer des solutions pertinentes. Après avoir évalué les effets, négatifs ou positifs, des idées développées et leur impact sur la ville, il était demandé aux étudiants de faire trois propositions. Chaque groupe devait intégrer dans chaque proposition des solutions répondant à de multiples exigences telles que la création d'espaces d'échanges économiques, l'utilisation de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies structurelles, ainsi que la prise en compte de la notion de durabilité.

The students were invited to produce daring and radical propositions. For this to happen they needed to study the site and conduct research on the existing situation addressing themes like the economy, technology and urban planning, in order to propose pertinent solutions. After evaluating the effects, both negative and positive, of the ideas developed and their impact on the city, the students were asked to make three proposals. Each group had to integrate solutions into each proposal that responded to multiple demands, such as the creation of spaces for economic exchange, the use of new material and new structural technologies, as well as taking into account the notion of sustainability.

Ré-inventer la Eitan Aviram Merav Battat

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Margherita Frezza & FĂŠlix Millory

Reinvent the Montparnasse Tower


Semestre Semester 7&8

Architecture

77

Philippe Barrière assistant Umberto Napolitano

Résolution Architecturale “En architecture on est confronté à des problèmes pour lesquels on doit trouver des solutions. La meilleure architecture est la plus claire et directe solution au problème”. Ludwig Mies van der Rohe

“In architecture one is confronted with problems for which one must find solutions. The best architecture is the clearest and most direct solution to the problem”.

Le studio est à mi-chemin entre théorie et pratique, il s'attache à poser une question particulière dans un milieu humain précis. La théorie imprègne l'enseignement et se développe par des explorations analytiques. Le résultat doit cependant proposer des solutions pratiques, engageant des exigences culturelles et environnementales visant à résoudre un problème réel et à en proposer une solution concrète. Par conséquent le but du studio est de poser des interrogations et de trouver des réponses applicables touchant à différents domaines. Ces réponses posent l'architecture comme instrument du changement et impliquent une transformation prenant en compte une situation existante : son rôle est de résoudre le déséquilibre contextuel du milieu préexistant.

The studio is at the crossroads of theory and practice, it attempts to resolve a specific problem within a specific human milieu. Theory permeates teaching content, always expanding on analytical explorations. The result must offer practical solutions, engaging cultural and environmental needs to resolve a specific issue and propose a concrete solution. Therefore the studio's endeavor is to investigate crucial issues and search for answers that could be implemented reaching various fields. These resolutions posit architecture as a tool for change, implying a transformation taking into account an existing situation since its role is to solve a contextual imbalance.

Ludwig Mies van der Rohe

Architectural 64 65


Charles Marmion-Soucadaux Jean-Philippe Sanfourche

Yoichi Ozawa


Semestre Semester 7&8

Architecture

Jorge Baertl Belaunde

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77

Paolo Cascone COdesignLab assistant Taichi Sunayama consultant Niccolò Baldassini

Multi-performance skyscrapers as an investigation into morpho-ecological structures.

Les gratte-ciel multi-performance comme investigation sur les structures morpho écologiques.

Whereas skyscrapers have become symbols of commerce, the eco_logical highrise can be seen as an element of urban regeneration and the physical representation of complexity understood, not as an aesthetic caprice, but as the final result of a projective process based on the negotiation between environmental parameters and the means of responding to the context.

Les gratte-ciel sont devenus le symbole du commerce, l'eco_logical highrise sera considéré comme un élément de régénération urbaine et de la représentation physique de la complexité comprise, non pas comme un caprice formel, mais comme le résultat final d'un processus projectuel basé sur la négociation entre des paramètres environnementaux et la façon de répondre au contexte.

This process is conceived in a manner that is intended to explore the non linear causeeffect relationship between the architectural form, geometry/structure/materiality and its environmental/ergonomic performance, in function of the requirements of the program.

Ce processus est conçu de façon à explorer le rapport non linéaire de cause à effet entre la forme architecturale, géométrie/structure/matérialité et ses performances, environnementales/ergonomiques, en fonction des exigences du programme.

With this approach computer programs are not used merely for graphic representation but as elements intended to generate specific solutions and respond to complex phenomena.

Dans cette démarche les outils informatiques ne sont pas utilisés pour la représentation graphique mais comme éléments générateurs des solutions spécifiques en réponse à des phénomènes complexes.


Constance HĂŠau

Eco logical highrises

Jaenes Bong

Paris experiments

Martial Marquet


Semestre Semester 7&8

Workshop

77

Paolo Cascone + Mad Beijing/Ma Yan Song consultants Marie-Hélène Fabre Philippe Barrière

Baertl & Mercier

Jaenes Bong

Costance Heau

M e 68 69


Alexandre Sarazin

Ruo Fan Shen

Tienan Wang


Semestre Semester 7&8

Architecture

77

Peter Cook assistant Caroline Rabourdin

This is the first studio that I directed at Esa with my assistant, Caroline Rabourdin. She is a qualified architect and, though French, educated in a more operational tradition than is common in Paris. My strong belief in capturing the originality and massaging the personal trajectory of the student leads me to despise group work, though bypassing it means more work. The studio is therefore disparate and our hope is that the more operational students will feel enjoyment in producing, making and discovering. The teachers learn from the better students ; enjoying their enthusiasm and ingenuity. Only in this way can the culture of architecture move forward, rather than gloat.

Student center CitĂŠ 70 71


Julia Taylor C'est le premier atelier que je dirige à l'Esa avec pour assistante Caroline Rabourdin, à la fois architecte diplômée et, bien que française, ayant suivi une éducation plus opérationnelle qu'il n'est de coutume à Paris. Croyant fermement qu'il s'agit de capter l'originalité de chaque étudiant afin de pouvoir former sa trajectoire personnelle, je méprise l'habitude du travail en groupe, même si l'éviter résulte en une augmentation de la quantité de travail. C'est la raison pour laquelle les travaux de l'atelier sont diversifiés et nous espérons que les plus opérationnels d'entre les étudiants ressentiront ce plaisir de produire, fabriquer et découvrir. Les enseignants apprennent beaucoup de leurs meilleurs étudiants ; ils apprécient leur enthousiasme et leur ingéniosité. C'est le seul moyen, pour la culture architecturale, d'avancer réellement, plutôt que de pavoiser.

Taichi Sunayama


Prix Meilleur projet Prize for Best project Seung-Bok Jeong

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Semestre Semester 7&8

Figuration

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Guy Vacheret

dû” ient pas a r u 'a n qu'ils s angé ceminutes d'aprzèaki 2001 m t n o s t en ur 2 ayao Miya “Les par vidéo couleih iro” H h C de e have” g a y o V shouldn'tom "Le hat they pted fr ate w parents o 2 minutes ada iyazaki 2001 M e color vid f Chihiro” Hayao o e g a “The Voy “The

a Vizzavoanrine Bouvier ie n a h p é M St ini et Giannes e d u A avec

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Semestre Semester 7&8

Art et cinéma

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Françoise Quardon

Votre monde et/ou un carton d'invitation pour la fête de l'Esa. Your world and/or an invitation card for the Esa party.

Filmographie Filmography : Epidemic Lars Von Trier Paprika Satoshi Kon Cigarette Burns John Carpenter Songs from the Second Floor Roy Andersson Carnival of Souls Herk Harvey

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Jorge Baertl Belaunde

Charles Marmion-Soucadaux


Semestre Semester 7&8

Spatialisation du temps 1/2 Spatialisation of time 1/2

Jean-François Oudet

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Temps, lumière et monuments La rencontre du temps et de l'espace dans le monde construit montre comment le temps s'est inscrit dans le lieu, au cours de l'histoire du patrimoine européen et oriental. La perception des rythmes naturels est diverse, elle donne lieu à des constructions élaborées où l'homme parvient à se situer intimement dans son monde. L'architecture et le paysage intègrent la dimension du temps selon les cycles du jour, saison, année, de la mémoire ou de l'histoire. La lumière en mouvement du soleil est un vecteur idéal pour cette inscription symbolique, les dispositifs de commémoration en jouent avec virtuosité. On s'intéresse à la notion de continuum espace-temps, dans ses aspects physiques et architecturaux. L'investigation conduit les étudiants à imaginer de nouvelles figures d'univers. D'autres horizons s'ouvrent sur les questions environnementales.


Time, light and monuments

Jardins pour la ville

Gardens for the city

The meeting of time and space in the constructed world shows how time is inscribed in place during the course of the history of European and Asian patrimony. The perception of natural rhythms is diverse, it gives place to the elaborate constructions where man succeeds in intimately situating himself in his world. Architecture and the landscape integrate the dimension of time according to the cycle of days, seasons, years, and memory or history. The moving light of the sun is an ideal vector for this symbolic inscription, commemorative devices play with this with virtuosity. We are interested in the notion of the spacetime continuum, in its physical and architectural aspects. The inquiry pushes the students to imagine new figures of the universe. Other horizons open regarding environmental questions.

Une réflexion sur le jardin et la ville, de l'histoire au projet permet de reconnaître ce qui donne de l'esprit au jardin. C'est un lieu de plaisir, de rencontre, de mémoire, une parcelle et une totalité du monde qui s'offre en hommage à l'univers. Le jardin nous plonge dans les rythmes naturels qui nous échappent en ville, il permet d'assouvir nos besoins de nature tout en développant notre rapport à l'environnement. Le végétal fait vivre l'espace dans le temps, comme la lumière du ciel, mais sur un rythme plus lent. L'art des jardins est partie prenante dans l'aménagement urbain, espaces de circulation, qualité des abords du bâti en articulation avec la ville, fluidité entre intérieur et extérieur, espaces clos et espaces ouverts. Deux thèmes d'étude majeurs : le jardin contemporain et l'eau, dans leurs aspects esthétiques et fonctionnels.

A reflection on the garden and the city, from history to the project allows for the awareness of what gives spirit to the garden. It's a place of pleasure, meeting, memory, a piece and totality of the world that offers itself as a homage to the universe. The garden plunges us into the natural rhythms that evade us in the city, it allows us to satisfy our need for nature while developing our relation with the environment. The vegetal animates space over time, like light in the sky, but through a slower rhythm. The art of gardens is an important aspect of urban planning, the spaces for circulation, the quality of the edges of constructions in relation to the city, the fluidity between interior and exterior, enclosed and open spaces. Two major study themes : the contemporary garden and water, in their aesthetic and functional aspects.

Ombres solstice Ombres équinoxe

Jeehee Han


Semestre Semester 7&8

Théories et critiques Theories and critics Chris Younès Stéphane Bonzani Frédérique Peyrouzère

Figures paradoxales du contemporain : monde et immonde Ce séminaire traite des déterminations réciproques du penser et du faire, de la théorie et de la pratique, du concept et du projet. Les mutations des modes de vie, la confrontation à la complexité, le déplacement des limites des savoirs, le nomadisme des références, contribuent tous à la fois à éclairer et à brouiller les repères : comment se situer, dans le devenir, entre destin et projet, entre évènement et durée, entre nature et tekné. Il est envisagé en quoi philosophie, art, architecture et paysage constituent un maillage de la modernité actuelle, et comment leurs productions, expériences, visions et transformations du monde urbain, révèlent des figures paradoxales de l'habiter en continuité avec notre quotidien. Paradoxical figures of the contemporary : world and ugliness* This seminar deals with the reciprocal determinations of thinking and doing, of theory and practice, of concept and project. The changes in lifestyles, the confrontation against complexity, the shifting of the limits of knowledge, the nomadism of references, all contribute, at the same time, to enlightening and blurring our reference points : how we situate ourselves, in the becoming, between destiny and project, between event and duration, between nature and techne. We will look into how philosophy, art, architecture and landscape mesh in current modernity, as well as how their production, experience, visions and transformations of the urban world, reveal paradoxical figures of living in continuity with our daily lives. *the French title “monde et immonde” uses an obvious play on words which cannot be faithfully translated into English.

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Being

today

Être Spéciale aujourd'hui Éditorial du Directeur Director’s editorial

Odile Decq Entretien avec l’invité d’honneur Interview with guest of honor

Paul Virilio

Travaux primés par l’invité d’honneur Projects receiving awards from the guest of honor

Meilleurs projets

Best projects Apesanteur Weightlessness Rania Dakhlia Student center Seung-Bok Jeong

Meilleures scénographies Best scenographies Ateliers semestres 1&3 Studios semesters 1&3


Être Spéciale aujourd'hui

Being Spéciale today

Dans une société où toutes les productions tendent à insidieusement s'uniformiser, faisant fi de tout particularisme culturel, historique ou social, alors que l'architecture quotidienne se débat avec les standards imposés par l'industrie et les pouvoirs politiques et que l'architecture des monuments se pose indifféremment sur la surface du globe, les écoles sont les dernières garanties de la diversité de pensée, de positions et d'actions.

In a society where all productions tend to be insidiously standardized, flouting any cultural, historical or social uniqueness, while everyday architecture debates with the standards imposed by industry and the political powers and the architecture of monuments appear randomly all over the globe, schools are the last bastion of diversity of thought, practice and actions.

L'Esa est née d'une révolte contre l'académisme et s'est toujours régénérée dans la lutte inventive, dans sa pédagogie comme dans ses structures. Aujourd'hui, alors que toutes les écoles d'Europe s'ordonnent dans une réforme salvatrice, mais dont l'effet second pourrait être une forme d'uniformisation du savoir, l'Esa doit renouveler son ancestrale promesse : être Spéciale.

Esa was born out of a revolt against academicism and has always regenerated itself by being inventive, both in its teaching and its structures. Today, schools across Europe are adapting reforms intended to save them, but in so doing risk as a side effect creating an uniformity of knowledge. Given this context Esa must renew its historical commitment : to be Spéciale.

Être architecte aujourd'hui encore plus qu'hier c'est, certes, maîtriser un ensemble de connaissances et acquérir la capacité à projeter et conduire un projet, mais c'est aussi pouvoir :

Being an architect today, even more than before, means mastering a combination of different types of knowledge and acquiring the capacity to conceptualize and direct a project, but it's also the ability to :

appréhender des situations et des projets complexes ;

grasp complex situations and projects ;

être doué de capacité d'analyse, de conceptualisation et pouvoir prendre position ;

be gifted with the capacity for analysis, conceptualization and the confidence to take a position ;

intégrer et conduire des équipes multidisciplinaires ;

integrate and lead multidisciplinary teams ;

innover et contribuer à faire progresser les techniques ;

innovate and contribute to that progress of technologies ;

vivre le monde mais aussi la singularité de chaque culture.

experience the world but also the uniqueness of each culture.

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Être Spéciale

Being Spéciale

C'est alors prendre à son compte le devoir de diversité : diversité des savoirs, diversité des cultures, diversité des pratiques de l'architecture sans aucun sectarisme ni idéologie d'aucune sorte.

Is taking into account the duty of ensuring diversity : diversity of knowledge, of culture, of practices of architecture without any sectarianism or ideology of any kind.

C'est aussi considérer que la fabrication de l'architecture est d'abord une activité de recherche. C'est repousser toujours plus les limites de la pensée et de la pratique traditionnelle tout en assurant une compréhension plus globale de l'architecture. C'est favoriser l'émergence de nouvelles relations entre les systèmes de pensée, les modalités constructives, les systèmes esthétiques, les processus industriels et les enjeux organisationnels. C'est alors assurer la formation d'architectes pensant, libres et critiques, en prise avec la société et acteurs engagés de celle-ci dans une vision dynamique vers l'avenir. L'expérimentation et l'invention sous toutes ses formes dans leurs acceptations les plus larges contribuent à former ces diverses attitudes. L'ouverture sur le monde comme l'accueil au monde et aux autres contribuera à la diffusion et au rayonnement, à la condition d'être Spéciale. Nous y sommes à présent engagé et la revue Spéciale commence à en rendre compte.

It's also considering that the making of architecture is firstly an activity of research. It's about always pushing the limits of traditional thinking and practice further, while ensuring a more global understanding of architecture. It's about facilitating the emergence of new relations between systems of thought, constructive methods, aesthetic systems, industrial processes and organizational stakes. It's about ensuring the training of aware, free and critical architects with a dynamic vision of the future, in contact with their society and active players engaged in it. Experimentation and invention, in all their forms, in their usage in the broadest sense contribute in creating diverse opinions. The openness towards the world, as a receptiveness to the world and others, will contribute to the diffusion of and the influence, on the condition of being Spéciale. We are currently doing all these things, which the magazine Spéciale shows.

Odile Decq Directeur Director


Interview with

Entretien avec Paul Virilio Franรงois Legendre & Ahmed Zaouche

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F.LA.Z : Vous avez été l'invité d'honneur de l'exposition des travaux d'élèves du semestre d'automne 2007. Qu'avez-vous pensé des projets exposés ? Quel regard portez-vous aujourd'hui sur l'école ?

F.LA.Z : You were the guest of honor for the exhibition of students' work from the autumn 2007 semester. What did you think of the projects exhibited ? What vision do you have of the school today ?

Paul Virilio : Quarante ans après Mai 68, c'est aussi le ème 40 anniversaire de la refondation de l'école. On peut parler de l'Esa comme d'une marque de réussite d'un enseignement de liberté et de créativité exceptionnelle, aujourd'hui où l'université va si mal. C'est étonnant de voir que l'école s'est développée dans la richesse de ses contenus, de ses professeurs, de ses étudiants et de leurs réussites. Ces derniers gagnent des concours dans le monde entier. Je ne peux pas les citer tous. Je me souviens avoir déjeuné avec Odile Decq et Peter Cook dans la nouvelle école d'hôtellerie située boulevard Raspail et construite par les architectes Brenac & Gonzalez. Brenac a fait son diplôme avec moi, c'est l'un de mes anciens et je suis fier d'aller déjeuner dans la construction d'un de mes élèves.

Paul Virilio : Forty years after May '68, it's also the 40th anniversary of the re-founding of the school. We can speak of Esa as a successful symbol of the teaching of freedom and exceptional creativity, in a time when universities are suffering. It's surprising to see that the school is developing in the richness of its contents, its professors, its students and their accomplishments. The latter are winning competitions around the world. I can't mention them all. I remember having lunch with Odile Decq and Peter Cook in the new hotel management school built by the architects Brenac & Gonzalez, located on boulevard Raspail. Brenac did his diploma with me, he is one of my former students and I'm proud to go have lunch in a construction of one of my students.

F.LA.Z : À l'Esa, la deuxième langue n'est pas l'anglais mais l'arabe. Qu'en pensez-vous ?

F.LA.Z : At Esa, the second language isn't English but rather Arabic. What do you think about this ?

Paul Virilio : L'ouverture de l'Esa sur le monde a précédé ce que l'on appelle la mondialisation. C'est une école postcoloniale, il ne faut pas l'oublier, elle est née de l'empire colonial aujourd'hui disparu, mais par contre nous sommes heureux d'accueillir des jeunes d'Afrique du nord, d'Afrique noire, du Liban... Créée il y a 150 ans, l'école n'a pas attendu la mondialisation, elle en a bénéficié et a été un lieu de brassage mouvementé. Je précise que je ne suis pas un défenseur des colonies. Au niveau européen, Erasmus n'a fait que confirmer cette ouverture. Apprendre en se déplaçant, en accueillant l'autre, est la seule façon d'apprendre. Il y a une circulation habitable de l'apprentissage et de la connaissance qui n'a rien à voir avec la sédentarisation. On n'apprend pas dans un amphithéâtre mais en circulant, comme les escoliers, les étudiants du Moyen Age, c'est-à-dire en allant de La Sorbonne à Bologne ou Salamanque. Sur ce plan, je suis très fier d'apprendre qu'à l'école, la deuxième langue est l'arabe, on aurait pu penser que c'était l'anglais. Les autres aspects que j'aime ce sont les professeurs invités, les workshops développés par Odile Decq et les professeurs, la participation aux concours internationaux. On est un architecte pleinement contemporain si on est international, non pas au niveau de la célébrité mais au niveau de la circulation. Il faut construire dans le monde entier et apprendre dans le monde dès qu'on est étudiant. Je me souviens de la carte du monde dans le hall d'entrée avec tous les pays avec lesquels l'école organise des échanges, elle ressemblait à un planisphère de lignes aériennes.

Paul Virilio : Esa's openness to the world preceded what we call globalization. It's a postcolonial school, we cannot forget it was born from a colonial empire that has disappeared today, but we are happy to welcome young people from North Africa, West Africa and Lebanon... The school, which was created 150 years ago, did not wait for globalization, it benefited and was a place of turbulent mixing. Let me clarify that I'm not defending colonialism. At the European level, the Erasmus study abroad program confirms this openness. Learning through traveling, welcoming the other, is the only way to learn. There is a habitable circulation of apprenticeship and knowledge that has nothing to do with sedentariness. We don't learn in an amphitheatre but through circulating, like students in the Middle Age who went from the Sorbonne to Bologna or Salamanca. In this regard, I'm very pleased to learn that the second language at the school is Arabic, we could have imagined it would be English. The other aspects that I like are the guest lecturers, the workshops developed by Odile Decq and the professors, and the participation in international competitions. An architect is clearly contemporary if she or he is international, not in terms of celebrity but circulation. We must construct all over the world and learn in this world from the time we are students. I remember the map of the world in the entrance hall with all the countries where the school organizes exchanges, it looked like a planisphere of aerial lines.

Je crois que la grande originalité de l'école est d'être Spéciale. Elle ressemble un peu à l'École Centrale, rappelons qu'elle a failli s'appeler l'École Centrale d'Architecture. Quant à la qualité du corps enseignant en voie de renouvellement complet, il suffit de donner la liste des enseignants français et étrangers qui sont passés par là, aussi bien dans le domaine de l'architecture que de l'urbanisme ou des arts

I believe that the truly original thing about the school is being Spéciale. It appears a little like the Central School, remember it was almost called the Central School of Architecture. Regarding the quality of teaching staff which is in the process of complete renewal, it is enough to give the list of French and foreign teachers who have passed through here, equally strong in the domains of architecture, urban planning or the arts like Anatole Kopp or François Wehrlin who was responsible for the


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comme Anatole Kopp ou François Wehrlin qui a été responsable de la Fondation Maeght. Les étudiants comme Mallet-Stevens ou Adrienne Gorska qui, dans les années 30, lance dans les salles des pas perdus des gares de Paris le Cinéac, le ciné actualité. C'était la télévision de l'époque ! Précisons qu'à l'époque, il n'y a pas beaucoup de femmes architectes à part la célèbre Charlotte Perriand.

Maeght Foundation. Students like Mallet-Stevens or Adrienne Gorska who, in the thirties, showed news reels in the waiting halls of the train stations of Paris, the Cinéac, ciné actualité. It was the television of the period. Let's clarify that at that time, there weren't many female architects aside from the famous Charlotte Perriand.

F.LA.Z : Un mot sur les figures marquantes de l'Esa ?

F.LA.Z : Can you say a word about the more remarkable figures at Esa ?

Paul Virilio : L'école est déjà très ouverte au cinéma. Robert Mallet-Stevens fait les décors des films de Marcel L'herbier. Il est en relation avec les grands de l'époque comme les Noailles, d'où la villa à Hyères, mêlé à la richesse de la révolution surréaliste, littérature et poésie, nouveau cinéma. Les architectes de l'Esa, contrairement à ceux des beaux-arts, sont mêlés au bouillonnement des années 60 : Yona Friedman, Henri Laborit, Perec, Philippe Ariès, Nicolas Negroponte de Wired, fondateur au Mit du groupe Architecture machine groupe, avant de vendre aujourd'hui des ordinateurs à cent euro, l'utopiste Paolo Soleri, Claude Parent et moi-même, utopistes du territoire. Nous avons également invité parmi d'autres, Scott Fischer, le créateur du Data gloves qui a travaillé sur la possibilité de transférer les mouvements du corps à distance, favorisant à terme la téléprésence, question de base de la philosophie. Toutes ces choses inouïes, c'est l'Esa. Mais c'est aussi les rapports à la philosophie : Deleuze, Foucault, Guattari avec qui nous avons fait un livre sur l'architecte japonais Shin Takamatsu. Une école dont la richesse ne ressemble qu'à celle qui a succédé à la première guerre mondiale.

Paul Virilio : The school was already very open to cinema. Robert Mallet-Stevens did the decor for the films of Marcel L'herbier. He was in contact with the greats of the time like the Noailles, who was responsible for the villa of Hyères, a mixture of the richness of the surrealist revolution, literature and poetry, new cinema. The architects of Esa, unlike those of the fine art schools, were mixed in the tumult of the sixties : Yona Friedman, Henri Laborit, Perec, Philippe Ariès, Nicolas Negroponte of Wired, the founder at Mit of the group Architecture Machine, before selling computers at one hundred euro today, the utopian Paolo Soleri, Claude Parent and myself, territorial utopians. We also invited among others, Scott Fischer, the inventor of Data gloves who worked on the possibility of transferring body movements over a distance, preferring in the end telepresence, fundamental question of philosophy. All these incredible things were Esa. But it's also the relationship with philosophy : Deleuze, Foucault, Guattari with whom we made a book about the Japanese architect Shin Takamatsu. A school whose richness only compares to those that existed prior to the First World War.

Je suis aussi fier d'Odile Decq, le directeur de l'école, une femme qui a du caractère et un vrai personnage. Je crois qu'avant d'avoir un sexe, on a un caractère. Elle travaillait avec Benoît Cornette, un homme que j'ai beaucoup aimé, formidable, d'une modestie extraordinaire. L'Esa a mis l'imagination au pouvoir. J'ai été enthousiasmé par le travail, la vitalité et diversité des travaux exposés. Il n'y a pas d'élèves, mais des maîtres, au sens de maîtriser ce que l'on fait. C'est mieux que ce que nous réalisions, il y a cinquante ans, et c'est sincère. On est à un moment décisif de l'histoire de l'architecture et de la ville, l'âge de la dernière des mondialisations.

I am also proud of Odile Decq, the director of the school, a woman who has character and a real figure in her own right. I believe before having a gender, one has a character. She worked with Benoît Cornette, a man who I liked a lot, great, with an extraordinary modesty. Esa has encouraged imagination. I was enthusiastic about the students' work, the vitality and diversity of the works exposed. There are no students, but masters, in the sense of mastering what we do. It's better than our work fifty years ago, and that's the truth. We are at a decisive moment in the history of architecture and the city, the period of one of the last globalizations.

Avec les grands mouvements de population, un milliard de personnes vont se déplacer d'ici 2050, ce qui est ingérable au niveau de la domiciliation. Nous ne ferons pas des villes pour un milliard de personnes en cinquante ans et si nous ne prenons pas garde, des camps seront faits comme ailleurs. Cela exige de la part des architectes, non seulement un savoir technique ou urbain, mais une grande générosité pour la vie des populations. Je suis en désaccord avec Rem Koolhaas qui fait l'intéressant avec sa ville générique. Si nous continuons, la ville future ne sera faite que de tours et de containers.

With the large population movements, a billion people are going to move before 2050, which is unmanageable at the level of housing. We cannot make cities for a billion people in fifty years and if we aren't careful, camps will appear like elsewhere. This requires architects to have, not only urban and technical knowledge, but also a large generosity towards the life of these populations. I disagree with Rem Koolhaas who talks about his generic city. If we continue, the city of the future will be made only of towers and boxes.

F.LA.Z : Dans votre dernier ouvrage, L'Université du désastre, vous commencez par l'examen des relations entre

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F.LA.Z : In your last work, L'Université du désastre/The University of disaster, you begin to exam the relations between time and moment, reality and duration. You write :


temps et instant, réalité et durée. Vous écrivez : “l'accélération de la réalité présente un impact décisif sur l'historicité des faits avérés”. Pouvons-nous encore parler d'un monde contemporain ? Ne devrions-nous pas plutôt parler d'un monde, non pas intemporel, mais intemporain ? La durée est devenue une illusion quotidienne». En parcourant vos thèmes de prédilection, la réduction du temps à l'instant, le rétrécissement de l'espace géographique du fait de l'accélération des vitesses ou la naissance de l'instant Big Crunch par opposition au Big Bang, nous voudrions vous demander : avons-nous encore le temps, le temps d'existence ? Paul Virilio : L'existence. Nous pouvons remplacer ce mot par la présence. Être existant, c'est être présent, être hic et nunc, ici et maintenant, c'est-à-dire être au monde, présent au monde. Nous avons besoin du monde pour être présent, pour exister. Et le monde, cela s'appelle la géographie, géosphère ou biosphère. La question relève donc de la présence. Aujourd'hui, la mise en vitesse favorise la virtualité de la présence par son spectre informatique, audio télévisuel. J'ai parlé du Data gloves, une manière d'être là sans y être. Ce qui est remis en cause par l'accélération, c'est effectivement la présence. Cela pose de grandes questions philosophiques et politiques. L'histoire, celle des longues durées de Braudel, celle de l'École des annales, ne traite pas de l'instantanéité ni de l'instant réel. Quand on dit temps réel, live, cela veut dire que l'instantanéité a acquis une réalité qui est d'une autre nature que la présence. Quand on fait l'amour à distance, on n'est pas présent et pourtant on est ensemble. La cyber sexualité est un déni de la présence réelle, corporelle, dans la relation la plus intime qui soit, celle du couple. Ce nouveau type d'accélération remet en cause l'accélération de l'histoire. Je le disais avec un historien qui est actuellement au Brésil et qui est intéressé par l'intuition : “l'instant réel est-il présent ?” C'est une question qui remet en cause l'histoire et l'historicité. L'historicité, c'est ce qui dure : siècles, générations, millénaires, civilisations. Mais ce qui ne dure pas, ne fait-il pas partie de l'histoire ? L'instant réel, c'est ce point extrême de l'ubiquité, de l'immédiateté, de l'instantanéité contemporaines. Je ne parle pas de l'intuition de l'instant de Bachelard mais de l'instant réel électromagnétique qui met en œuvre la vitesse de la lumière. Il y a une accélération du réel qui va plus loin que l'accélération de l'histoire analysée par les historiens des longues durées. En 1947, Daniel Halévy, après Braudel et Bloch, écrit un essai sur l'accélération de l'histoire. J'aurais bien aimé le publier dans ma collection L'espace critique malheureusement je n'ai pas pu. S'il y a eu une accélération de l'histoire, c'est qu'il y a eu des futuristes italiens dont Marinetti et des futuristes russes, d'où un futurisme de l'histoire contemporaine. Aujourd'hui, nous sommes devant un futurisme de l'instant. Il n'y a pas encore eu de reconnaissance des auteurs mais plutôt des médias : Microsoft, Google earth, téléconférences, blogs, chats. La question d'un futurisme de l'instant réel est posée. Avec la

“the acceleration of reality presents a decisive impact on the historicity of established facts. Can we still speak of a contemporary world ? Shouldn't we rather be speaking of a world, not a timeless world but a world that is outside of time, intemporain ? Duration has become a daily illusion”. In going through the themes for which you have a predilection, the reduction of time to the moment, the shrinking of geographical space due to the acceleration of speed or the birth of the moment of Big Crunch versus Big Bang, we would like to ask you : do we still have time, time for existence ? Paul Virilio : Existence. We can replace this word with presence. To exist, is to be present, be hic et nunc, here and now, that means in the world, present in the world. We need the world to be present, to exist. And the world, that is called geography, geosphere or biosphere. The question is raised about presence. Today, speed favors a virtual presence by its computer and audio televisual spectrum. I spoke of Data gloves, a means of being there without being present. Presence becomes questionable due to acceleration. Which leads us to important philosophical and political questions. History, that of long periods of Braudel, or of the Annales School, do not discuss instantaneity or the real moment. When we say real time, live, that means that instantaneity has achieved a reality that is of another nature than presence. When we have virtual sex, we are not present, yet we are together. Cyber sexuality is a denial of real presence, bodily, presence in the most intimate relationship possible, that of a couple. This new type of acceleration challenges the acceleration of history. I asked a historian who is currently in Brazil and interested in intuition: “is the real moment present ?” It's a question that challenges history and historicity. Historicity, that which lasts : centuries, generations, ages, civilizations. But what doesn't last, isn't it also a part of history ? The real moment, it's the extreme point of ubiquity, of immediacy, of contemporary instantaneity. I'm not speaking about intuition of the moment of Bachelard but the real electromagnetic moment that causes the speed of light. There is an acceleration of the real that goes further than the accelerated history analyzed by the historians of long periods. In 1947, Daniel Halévy, after Braudel and Bloch, wrote an essay on the acceleration of history. I would have liked to publish it in my collection Critical Space, unfortunately, I couldn't. If there was an acceleration of history, it's because there were the Italian Futurists such as Marinetti and the Russian Futurists, from where the futurism of contemporary history originates. Today we are facing a futurism of the moment. Currently there aren't any identifiable authors, but there are media : Microsoft, Google earth, teleconferencing, blogs, chats. The question whether there is a futurism of the moment has been asked. With the question of climatic and political refugees, the world contradicts itself, the reduction of the world by progress. In addition to the exhaustion of


question des réfugiés climatiques ou politiques, il y a la contraction du monde sur lui-même, la réduction du monde par le progrès. Au-delà de l'épuisement de la biodiversité, de la nature, il y a l'épuisement de la géodiversité et des distances. Un géocide de la grandeur nature qui serait une désertification par l'accélération. En Tgv par exemple, nous perdons la géodiversité, les paysages sont téléscopés et perdent leur richesse et leur stabilité. F.LA.Z : Qu'est-ce que le futurisme de l'instant ? Paul Virilio : Cela veut dire la prise en compte de l'instant dans la vie à venir. Quand nous ne pouvons pas raccorder l'instant à la vie dans le passé, c'est-à-dire à l'histoire, il faut bien que nous le rattachions à quelque chose. Il y a donc inévitablement la tentation d'un futurisme de l'instant, c'est-à-dire d'une projection de cette immédiateté dans le futur. Nous retrouvons cela dans beaucoup de trafics boursiers. Le crack boursier qui rôde en ce moment autour du monde est lié à la capacité d'interconnexion des Bourses entre elles. Ce qui fait qu'un individu sans grande responsabilité, Monsieur Kerviel, peut craquer cinq milliards alors qu'il en manipule cinquante. S'il n'y avait pas la vitesse de la lumière pour ses manipulations interconnectées des Bourses, il n'y aurait pas cette menace de cracks universels. Je reprends une phrase d'Octavio Paz : “L'instant est inhabitable comme le futur”. Cela veut dire que le futurisme de l'instant est inhabitable. Vous voyez que la question de la virtualité pose la question de l'inhabitation, c'est-à-dire la manière d'y être sans y être, la manière d'être là en restant là-bas. Il y a des paradoxes philosophiques qui nous ramènent à l'origine de la philosophie. Ce n'est pas un hasard si Le Monde réédite Platon. Nous revenons à des questions qui n'ont pas été traitées par Heidegger. Je suis phénoménologue, pas heideggérien mais husserlien. Je suis un adepte de la phénoménologie, élève de Maurice Merleau-Ponty. Je rappelle que la vitesse n'est pas un phénomène mais la relation entre les phénomènes. Si on est dromologue et que l'on s'intéresse au trajet, il est évident que la question de la phénoménologie est au premier plan. La question d'un futurisme inhabitable pose des questions urbaines et politiques, au sens de la démocratie grecque. Dire que le futurisme de l'instant est le futurisme de l'inhabitable aide à comprendre la crise de la politique et les menaces qui pèsent sur le monde, comme sur l'histoire des hommes. F.LA.Z : Cela nous introduit à l'accident des connaissances. Le premier chapitre de L'Université du désastre, intitulé l'intuition, traite d'une question historique majeure. Qu'en est-il du dernier, intitulé révélation ? Paul Virilio : La révélation, c'est l'accident des connaissances, c'est-à-dire l'accident de la réussite technique de la science. Ce n'est pas la science qui est accidentée mais la connaissance qui jaillit d'elle dans l'objet technique. Que ce soit la bombe atomique, la bombe informatique ou la bombe génétique, clonages et êtres hybrides, il s'agit

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biodiversity, of nature, there is also the exhaustion of geodiversity and distances. A life-sized geocide that will be a desertification by acceleration. By Tgv for example, we lose geodiversity, the landscapes are telescoped and lose their richness and stability. F.LA.Z : What is the futurism of the moment ? Paul Virilio : That means the awareness of the moment in life yet to come. When we can't connect the moment to life in the past, that's to say history, we must be able to attach it to something. Therefore there is inevitably the temptation for a futurism of the moment, meaning a projection of this immediacy into the future. We find this in much stock trading. The stock crisis that is currently lurking around the world is linked to the capacity of the stock exchanges to interconnect with each other. Which leads to a situation where an individual without much responsibility, like Mister Kerviel, can rip off five billion when he handles only fifty. If there wasn't this light speed of interconnected manipulations of stocks, there wouldn't be this threat of universal cracks. I will repeat a sentence of Octavio Paz : “The moment is inhabitable like the future”. That means that the futurism of the moment is inhabitable. You see that the question of virtuality raises the question of inhabitation, that is to say the way of being there without being there, the way of being there while staying over there. There are philosophical paradoxes that bring us to the origins of philosophy. It's not a coincidence that Le Monde reedited Plato. We are returning to questions that weren't dealt with by Heidegger. I am a phenomenologist, not Heideggerian, but Husserlian. I am a follower of phenomenology, a student of Maurice Merleau-Ponty. Remember that speed is not a phenomenon but the relationship between phenomena. If one is a dromologist and interested in the voyage, it is obvious that phenomenology is a key figure. The question of an inhabitable futurism raises urban and political questions in the same manner as Greek democracy. To say that the futurism of the moment is the futurism of the inhabitable helps to understand the political crisis and threats that weigh down the world, as on the history of humanity. F.LA.Z : This introduces us to the accident of knowledge. The first chapter of The University of disaster, entitled intuition, deals with a major historical question. What about the last chapter, entitled revelation ? Paul Virilio : Revelation, is the accident of knowledge, meaning the accident of the technical success of science. It isn't science that is damaged by the accident it's the knowledge that springs out of science in the form of the technical object. Whether it is the atomic bomb, the information bomb or the genetic bomb, clones and hybrid beings, it pertains to accidents of knowledge. I take an opposing view to that of Aristotle who says : “there is no science of accident, there is no accidentology”


d'accidents de la connaissance. Je prends à contre-pied Aristote qui dit : “il n'y a pas de science de l'accident, il n'y a pas d'accidentologie” et je rajoute : “sauf quand c'est la science elle-même qui est accidentée”. La technique ayant accidenté la science, il est nécessaire de réinventer l'université sur la base des désastres du progrès, des dégâts de la réussite technoscientifique qui épuisent le monde des substances et des connaissances. Nagasaki et Hiroshima sont les signes de l'accident de la connaissance, ce sont des réussites catastrophiques. C'est une réussite que la bombe explose mais peut-être est-ce un péché contre la science, comme l'a dit Robert Oppenheimer, puisque la science est poussée jusqu'à la possibilité de l'extermination. Voilà l'urgente nécessité de L'Université du désastre. F.LA.Z : Mais l'université du désastre n'est-elle pas séculaire ? L'arsenal est le lieu où l'on a inventé le complexe militaro-industriel. Comment est né ce projet d'université du désastre ? Paul Virilio : L'université du désastre a existé dès l'origine, peu de temps après l'université médiévale. À la Renaissance à Venise, c'est à l'Arsenal que sont inventées les armes absolues, de destruction massive. C'est à l'arsenal qu'aujourd'hui on cherche la bombe d'anti-matière, plus redoutable encore que la bombe nucléaire. L'université du désastre est à l'inverse de cela. Il s'agit d'étudier la catastrophe de la réussite de la technoscience pour dépasser la catastrophe. Comme dans le crash test des laboratoires où sont réalisés 400 impacts par an. Toutes les disciplines doivent étudier leurs catastrophes particulières. Chaque science doit étudier la catastrophe de sa réussite, par exemple les tours. La tour est une catastrophe mégapolitaine. F.LA.Z : Pourquoi la tour serait-elle une catastrophe, n'est-elle pas aussi un moyen d'économiser le sol, sans parler de sa dimension symbolique ? Qu'avez-vous contre les tours ? Paul Virilio : Je ne suis pas contre le fait de construire une tour. Je suis contre le fait de les multiplier sans en étudier les dégâts potentiels. Si le World Trade Center s'effondre, ce n'est pas seulement à cause de l'absence d'un noyau en béton, mais parce que c'est une tour. Que veulent dire la statique et la résistance des matériaux pour des tours de huit cent mètres et pourquoi pas de deux mille ? Quelle est l'intelligence urbanistique de la tour aujourd'hui ? De quoi s'agit-il dans cette impasse verticale, ce cul-de-sac en altitude ? Quelles sont les raisons pour lesquelles cela n'est-il pas étudié aujourd'hui ? Vous dîtes que la tour économise du sol mais n'oubliez pas que nous pouvons également utiliser le sol avec des structures obliques qui s'intègrent parfaitement à la géomorphologie. Le monde n'est pas plat, il est synclinal, anticlinal, et finalement assez rarement horizontal et vertical. Ce que je constate dans les écoles d'architecture, c'est ce que j'appelle le “tourélisme”, le conformisme des

and I add : “except when it is science itself that is the victim of the accident”. Technology has caused science to have an accident, it is necessary to reinvent the university on the basis of the disasters of progress, the damages of technoscientific success that exhaust the world of substances and knowledge. Nagasaki and Hiroshima are the symbols of accidents of knowledge, they were catastrophic successes. It's a success that the bomb explodes but maybe a sin against science, as Robert Oppenheimer said, since science is pushed to the possibility of extermination. This is why there is an urgent need for The University of disaster. F.LA.Z : But isn't the university of disaster ancient ? The arsenal is the place where we invented the militaro-industrial complex. How does the project of the university of disaster come about ? Paul Virilio : The university of disaster has existed from the beginning, shortly after the medieval university. During the Renaissance in Venice, it was at the Arsenal that arms of mass destruction were invented. It's in the arsenal today that we are looking for the antimatter bomb, more dreadful than the nuclear bomb. The university of disaster is the opposite of that. It's a question of studying the disaster of the success of technoscience to surpass the disaster. Like laboratory crash tests where 400 impacts per year take place. All disciplines must study their particular disasters. Each science must study the disaster of its success, for example towers. The tower is a megalopolitan disaster. F.LA.Z : Why is the tower a disaster, isn't it also a means of economizing ground space, without mentioning the symbolic dimension ? What do you have against towers ? Paul Virilio : I'm not against constructing a tower. I am against multiplying them without studying the potential damage. If the World Trade Center collapses, it's not only because of the absence of a concrete core, but because it is a tower. What does the static and resistance of materials mean for towers that are eight hundred meters high and why not two thousand meters ? What is the urban-planning intelligence of the tower today ? What does it mean in this vertical impasse, this vertical dead end ? What are the reasons why this is not studied today ? You say that the tower economizes space but don't forget we can equally use space with oblique structures that integrate themselves perfectly into the geomorphology. The world isn't flat, it is synclinal, anticlinal, and finally on rare occasions horizontal and vertical. What I am noticing in architecture schools is what I call “towerism”, the conformism of towers that has come to complete the conformism of slabs constructed after the destruction of European cities. There needs to be a third dimension of urban planning that isn't only the façade of the tower and the skyline, that infinitely repeats that of Manhattan.


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tours qui vient compléter le conformisme des barres construites après la destruction des villes européennes. Il y a nécessité d'une troisième dimension de l'urbanisme qui ne soit pas seulement celle du front de tour, du skyline, qui répète à l'infini celui de Manhattan. F.LA.Z : Revenons à L'Université du désastre. Comment est né ce livre ? Pourquoi avez-vous choisi désastre plutôt que catastrophe ou accident ? Paul Virilio : Parce que désastre vient du latin, astre, astral. J'aurai pu dire accident, mais pas catastrophe qui est trop gothique selon moi. Il y a une vingtaine d'années, François Barré était Président du Centre Pompidou et Jack Lang Ministre de la culture. À la Villette, il y avait les ruines des abattoirs inachevés. J'ai fait part de mon idée d'installer un grand programme lié aux sciences et aux techniques dans ce chantier abandonné, car la dimension et l'emplacement s'y prêtaient. François Barré m'a dit qu'un programme similaire était en cours, à la Villette justement, pour construire la Cité des sciences et des techniques. Il me demande si je peux lui proposer des orientations pour le projet. Je lui ai dit qu'il fallait pour chaque technique présenter à la fois les progrès et les catastrophes. Qu'il fallait, pour la première fois, que les ingénieurs parlent du progrès et du risque qu'il engendre. Ils étaient très intéressés, mais finalement il a été fait des lieux de popularisation de la technique pour les enfants, des jeux ludoéducatifs. En 1986, le musée a été inauguré et la même année, il y a eu Tchernobyl et Challenger. Lors d'une interview d'Art Press, je répondais : “ils n'ont pas voulu faire le musée des accidents, mais il vient d'être inauguré par la télévision et les images de la catastrophe”. Lorsque j'ai réalisé en 2002, à la Fondation Cartier, l'exposition Ce qui arrive, j'ai voulu dire que les catastrophes font partie du patrimoine de l'humanité, qu'elles ne sont pas des éléments anecdotiques. Je donne des exemples : Auschwitz a été intégralement conservé ainsi que la dernière ruine de Hiroshima et classés monuments historiques négatifs. Pourquoi n'y aurait-il que des monuments historiques positifs ? On m'a ensuite demandé de réaliser ce musée à Hiroshima au Japon, ce qui a beaucoup choqué les Japonais. C'est après l'exposition que les propositions ont été nombreuses, j'ai alors pensé qu'il fallait un Conservatoire des catastrophes, pas seulement un musée des accidents mais un lieu où les catastrophes seraient analysées, étudiées de la même manière qu'il y a le Conservatoire des arts et métiers. Souvenez-vous de cette phrase d'Hannah Arendt : “le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers de la même médaille”. Pourquoi continuons-nous d'en masquer une partie ? Puis tout est tombé à l'eau. Avoir des idées, ce n'est pas croire qu'il est possible de les mettre en œuvre, c'est croire que les idées ont une vie propre et qu'elles sont capables de se propulser par elles-mêmes en dehors de leur mise en œuvre.

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F.LA.Z : Let's return to The University of disaster. How did this book come about ? Why have you chosen disaster rather than catastrophe or accident ? Paul Virilio : Because disaster comes from Latin, aster, astral. I could have used accident, but not catastrophe which seems too gothic for me. Roughly twenty years ago, François Barré was the President of the Centre Pompidou and Jack Lang the Minister of Culture. At La Villette there were the ruins of the unfinished slaughterhouses. I shared my idea of installing a large program connected to sciences and technology in this abandoned construction site, because the dimensions and location lent themselves to such a project. François Barré told me that a similar program was in the works at La Villette to construct a City of Sciences and Technology. He asked me if I could propose some orientations for the project. I told him that for each technology they should present both the progress and the disasters. Which meant that for the first time experts would speak of progress and the risk it involves. They were very interested, but in the end it became a place for popularized technology for children, with edutainment games. In 1986, the museum was inaugurated and the same year there was the Chernobyl and Challenger disasters. During an interview with Art Press, I responded : “they didn't want to make a museum of accidents but they were just inaugurated by television and images of disaster”. When I created the exhibition Unknown Quantity in 2002 at the Cartier Foundation, I wanted to say that disasters are part of the heritage of humanity, they are not anecdotal elements. I will give some examples : Auschwitz was completely conserved, as was the last ruin of Hiroshima, and classified as negative historic monuments. Why have there only been positive historic monuments ? I was asked next to create a museum in Hiroshima, Japan, which greatly shocked the Japanese. After the exhibition there were numerous propositions, I thought a conservatory of disasters was needed, not only a museum of accidents, but a place where disasters could be analyzed and studied in the same way that there are conservatories of industrial art and design. Remember the sentence of Hannah Arendt : “progress and disaster are different sides of the same coin”. Why do we continue to hide one side ? Then everything fell through. Having ideas, doesn't mean believing it is possible to implement them, it's believing that ideas have a life of their own and that they are capable of propelling themselves beyond their implementation. In 2006, with the difficulties of the university and the demonstrations against the contract for a first-time hiring, I realized it wasn't a problem of the museum or the conservatory, but truly a problem of the university caused by the ecological crisis.


En 2006, avec les difficultés de l'université et les manifestations contre le contrat de première embauche, je me suis rendu compte que ce n'était pas un problème de musée, ni de conservatoire, mais bien un problème d'université du fait de la crise écologique. F.LA.Z : Cette question universitaire ne s'est-elle pas aussi posée en l'an mil ? Paul Virilio : Revenons sur la création de l'université autour de l'an mil, elle est associée à la grande peur. Le but était de s'opposer à la barbarie de l'époque, celle des croisades et autres massacres, c'était s'opposer à une perspective apocalyptique. Face à une série de catastrophes, famines, guerres, massacres, épidémies, les cultures grécolatine, judéo-chrétienne et arabe se conjuguent et donnent naissance à ce qui va être rien moins que le fondement du progrès, progrès philosophique qui amènera à ce qu'on appelle aujourd'hui l'universalisme occidental. Nous voilà donc aujourd'hui face à la grande peur de l'an 2000. René Girard dit que 60% des américains sont persuadés qu'ils assisteront à la fin du monde. Sera-t-elle à grand spectacle, hollywoodienne ? Le réchauffement climatique, la prolifération nucléaire, les menaces de la manipulation génétique du vivant, la nouvelle barbarie des massacres à grande échelle, autant de signes d'une science sans conscience qui n'est que ruine de l'âme mais également celle de la science elle-même. Je suis invité à Rome le 14 avril prochain, pour un sommet international de la peur, il y aura Jacques Attali, Tony Blair, Robert Castel, René Girard et d'autres. Je n'irai pas parce que ce qui nous menace aujourd'hui, c'est l'administration de la peur, c'est l'histoire vue comme une fatalité. Nous vivions dans une société qui se construisait sur la vie, elle se construit aujourd'hui sur la mort écologique. On ne peut pas espérer une société de droit sous un régime fatal, ce que les Grecs appelait le fatum. Ils ont inventé la tragédie pour cela. Dans Naissance de la tragédie, Nietzsche la présente comme le moyen de mettre en place la démocratie. La tragédie jouait les maîtres de l'époque, les tyrans et les héros. Le cœur antique, où les personnages avaient tous des masques, commentait leurs actes qui étaient des actions fatales. C'est dans ce cœur antique qu'est née la démocratie, face au destin, face au désastre. Comme le dit si bien Jean Duvignaud, les Romains n'ont pas prolongé la tragédie mais l'ont remplacé par les jeux du cirque. Les Grecs étaient à la recherche de la vérité, les Romains l'ont remplacé par la démesure du spectacle tragique. Il faut faire attention au retour du fatum, à l'absence de liberté. Il n'y a pas de société libre sans espérance religieuse ou politique. Une société fataliste, nihiliste, nous menace aujourd'hui. Prenez l'exemple du Lebensraum, l'espace vital, prétexte à la politique expansionniste des Nazis. Il faut toujours penser au pire. Vous souvenezvous de ce que disait David Rousset dans L'univers concentrationnaire : “Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible ?” Moi je n'oublie pas la politique du

F.LA.Z : This question of the role of the university wasn't it also asked in the year 1000 ? Paul Virilio : Let's return to the creation of the university around the year 1000, it was associated with a big fear. The goal was to oppose the barbarity of the period, the crusades and other massacres, it was to challenge an apocalyptic perspective. Given a series of disasters, famines, wars, massacres, epidemics, the Greco-Latin, Judeo-Christian and Arab cultures joined and gave birth to what is nothing less than the foundation of progress, a philosophical progress that leads us to what we call today western universalism. Here we are today confronted with the great fear of the year 2000. René Girard said that 60% of Americans were persuaded it would be the end of the world. Will it be a great Hollywood show ? Global warming, nuclear proliferation, the threat of genetic manipulation, the new barbarity of large scale massacres and the many signs of a science without conscience that is not only the destruction of the soul but of science itself. I was invited to Rome on April 14th for an international summit on fear, Jacques Attali, Tony Blair, Robert Castel, René Girard among others will be there. I'm not going because what really threatens us today is the administration of fear, it's history viewed as a fatality. We live in a society that built itself on life, today it builds itself on ecological death. We cannot hope for a society of rights under a fatal regime, what the Greeks called fatum. They invented tragedy for that. In The Birth of Tragedy, Nietzsche presents it as a means of establishing democracy. Tragedy staged the masters of the period, the tyrants and the heroes. The classical heart, where all the characters wore masks commenting on their acts that were the fatal actions. It's in this classical heart that democracy was born, in opposition to destiny and disaster. As Jean Duvignaud puts it so well, the Romans didn't continue tragedies, they replaced them with circus games. The Greeks were looking for truth, the Romans replaced it with the excesses of the tragic spectacle. We must pay attention to the return of fatum, in the absence of freedom. Society cannot be free without hope, religious or political. Today we are threatened by a society that is fatalistic and nihilistic. Take the example of Lebensraum, vital space, that was the pretext for the expansionism of the Nazis. We must always consider the worst. Remember what David Rousset said in The Other Kingdom : “Normal men don't realize that everything is possible ?” Me, I can't forget the politics of the worst, hence my study of bunkers. F.LA.Z : In relation to The University of disaster, you propose a process in three stages : object, subject, voyage. The analysis of the object, what arrives, associated with the notion of leaving, the analysis of the subject, is developed in your next exposition and finally the analysis of the voyage, prerogative of The University of disaster.


pire, d'où mon étude des bunkers. F.LA.Z : Dans le cadre de L'Université du désastre, vous proposez une démarche en trois temps : objet, sujet et trajet. L'analyse de l'objet, ce qui arrive, associée à la notion de déplacement, l'analyse du sujet, développée dans votre prochaine exposition et enfin l'analyse du trajet, apanage de L'Université du désastre. Paul Virilio : Si nous allons vers une circulation habitable, c'est-à-dire un dépassement du futurisme de l'instant inhabitable, nous sommes devant une intelligence nouvelle de la domiciliation et de l'identité. Le grand danger aujourd'hui, c'est la traçabilité, le trajet, qui dépasse l'identité, le sujet. Autrement dit, votre identité sera constituée de vos mouvements, elle sera marquée par une plaque d'immatriculation, comme pour les voitures. Avec les débats sur les statistiques ethniques, nous entrons dans la biopolitique. Dans L'insécurité du territoire, j'ai repris une phrase de Malraux : “La pensé statistique aura été plus importante que le marxisme”. Avec le tout numérique cela est encore renforcé. La pensée statistique contamine la pensée politique humaine qui s'oppose à la pensée politique inhumaine. Vauban a mis en place une pensée statistique, nous pouvons dire qu'elle est née de la pensée militaire, c'est un moyen de contrôle du territoire et des populations. L'évolution numérique avec, entre autres, la puce Rfid, est un moyen du contrôle statistique, bio statistique, qui remplacera le tatouage des cheptels ou celui des camps. La course du progrès est devenue inadaptable, tellement elle est rapide et puissante. L'écologie nous apprend que nous vivons dans un système forclos. Face à cela nous avons besoin d'une autre intelligence développée dans L'Université du désastre.

Paul Virilio Professeur et Directeur Professor and Director École Spéciale d’Architecture 1968 /1996

Paul Virilio : If we move towards a habitable circulation, that is to say going beyond the futurism of the inhabitable moment, we find ourselves before a new intelligence of the domiciliation and identity. The big danger today, is the traceability, the voyage, that goes beyond identity, the subject. In other words, your identity will be constituted by your movements, it will be indicated by a registration plate, like the ones used on cars. With the debates on ethnic statistics, we enter into the bio-political. In The Insecurity of Territory, I used a phrase of Malraux : “Statistical thought will have been more important than Marxism”. With everything digital it is further reinforced. Statistical thought contaminates humane political thought which opposes inhumane political thought. Vauban established a statistical thinking, we can say that it originates in military thinking, it's a means of controlling the territory and the population. The digital evolution with the Rfid chip, among other things, is a means of statistical control, a bio statistic, that replaces the tattoos of livestock or of the camps. The course of progress has become inadaptable, given its speed and power. Ecology teaches us that we live in a time-limited system. Given this we need another intelligence developed in The University of disaster.

Bunker archéologie Éditions du Cci 1975 L’insécurité du territoire Éditions Galilée 1993 Ce qui arrive Naissance de la philofolie Éditions Galilée 2002 L’Université du désastre Éditions Galilée 2007

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Prix Prize Tour Eiffel 2007

Jury François Bordry Président de l’Esa Laurence Cassegrain Ministère de la Culture Dominique Jakob architecte France Mary Johnson architecte Usa Marc Barani architecte France


Palmarès Honors list

Étudiants Students Sara Kamalvand Desa 2002 Téhéran Tehran 2050 Premier post-diplôme First post-diploma Laurent Saint Val Alexandre Sarazin Shahdyar Shakiba Mikado housing Evolo housing Concours international International competition Steeve Delbrah Flaminia Jouve Lucie Piolat Louisa Gouesnard Workshop “Eating the city” Benedetta Tagliabue Premier prix First prize Steeve Delbrah Mehrnoush Naraghi Charles Hequet Julia Taylor Jens Hermann Naess Workshop “Nature/artifice” Jacques Vieille Premier prix First prize Bianca Kimes Workshop “Bois” “Wood” M. Marquet F. Bulle F. Bouvard S. Dugasse S. Chabbert Premier prix First prize

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Professeurs Professors Fabienne Bulle Desa 1977 e Centre d'animation Cultural center Marc Sangnier Paris XIV Odile Decq architecte Gare maritime Harbor station Tanger Maroc Concours international International competition Isabelle Hérault architecte avec Yves Arnod Le métaphone Oignies Nathalie Junod-Ponsard artiste Déferlante/Palais Farnèse Hommage à Mark Rothko/Palais des expositions Rome Pénétrer l'invisible/Palais des expositions Rome Expositions Exhibitions Tamsin Green architecte avec Tsukamoto Yasuda Laboratory Visualising Tokyo's death narrative Tokyo Concours international International competition Carl Fredrik Svenstedt architecte Appartements Flats A&B Paris Valérie Châtelet architecte Interactive cities Collection anomalie digital_arts #6 Éditions Hyx Direction du livre Editor Chris Younès philosophe Henri Maldiney/Philosophie, art et existence Collection La nuit surveillée Éditions du Cerf Direction du livre Editor Lionel Lemire Desa 1989 Odile Decq Éditions Architecture & Journalism Textes français du livre French texts of the book Olivier Leblois architecte 101 petites maisons Éditions Parenthèses Livre Book

Desa Alumni Thomas & Bertrand Coldefy Desa 1969/2002 Institut de design Hong-Kong Concours international International competition Guilhem Eustache Desa 1985 Maison individuelle Housing unit Maroc Tatiana Fabeck Desa 1994 Site des Rotondes Luxembourg Mise en lumière Lighting Françoise N'Thépé Desa 1999 avec Beckmann 48 logements sociaux e Housing units Zac Masséna Paris XIII Alexandra Plat Desa 2001 Maison individuelle Housing unit Limoges Lucie Rivault Desa 1999 Parc/base nautique Park/port Île de Monsieur Sèvres Mention Grand prix de l'environnement/énergies renouvelables Franklin Azzi & Paul-Armand Grether Desa 2001/2004 Centre de la francophonie des Amériques Québec Concours international International competition Gilles Burst & Thomas Krähenbühl Desa 2001/1994 Loft Paris Publication Elle décor Italie François Legendre & Ahmed Zaouche Desa 2007 Entretiens avec des personnalités de l'architecture et de l'art Interviews with important figures in architecture and art


Nuit Night Tour Eiffel

Tour 100 101


Alexandra Plat

night La nuit Tour Eiffel est une fête qui se tient chaque année en décembre et rassemble tous les acteurs de la vie de l'école et leurs invités. La soirée est ouverte par la proclamation du Palmarès du Prix Esa et une remise de trophées qui rappelle les succès remportés par les professeurs, élèves et anciens élèves.

The Eiffel Tower night is a celebration which is held each year in December and brings together all the players at the school and their guests. The evening starts with the proclamation of the Esa Prize winners and the awarding of trophies to highlight the successes of teachers, students and alumni.

L'événement se déroule dans le Grand Hall de l'école où est mise en scène une exposition des travaux du semestre. Les meilleurs travaux, projets et scénographies, sont primés par un invité d’honneur dont l’interview figure dans la présente édition. La nuit se prolonge par un cocktail et une soirée dansante.

The event takes place in the Grand Hall of the school where the projects of the semester are exhibited. The best works, projects and scenographies, are awarded prizes by a guest of honor, an interview with this person appears in the review. The evening continues with a cocktail and dancing.


Post-diplôme Post-diploma Des Esa* * Des Esa : Diplôme d’études supérieures École Spéciale d’Architecture

Architecture des milieux

Architecture of milieus

Villes en projet durable

Cities in sustainable project

Face à la crise environnementale et à la globalisation, l'architecture est confrontée à la question de réconcilier l'homme avec son milieu culturel, social et environnemental par la mise en œuvre de stratégies de transformation et de régénération, n'opposant pas nature et techné suivant un vieil antagonisme, mais cherchant plutôt à les allier. Dans une telle perspective, la formation interdisciplinaire innovante de 3e cycle de l'Esa relève le défi de préparer à la conception de projets responsables avec le support de nouvelles connaissances méthodologiques, technologiques et environnementales. Une attention particulière est portée aux problématiques éthiques et philosophiques en jeu.

Given the environmental crisis and globalization, architecture is confronted with the question of how to reconcile humanity with its cultural, social and environmental milieus by establishing strategies of transformation and regeneration, that don't pit nature and technology in opposition to each other following the old antagonism, but rather look for a way to unify the two. With such a perspective, the interdisciplinary training that innovates the third cycle of studies at Esa shows the challenge of preparing for the conception of responsible projects with the support of new methodological, technological and environmental knowledge. Particular attention is given to ethical and philosophical stakes.

Modalités pédagogiques et déroulement de la formation

Educational methods and the organization of the training

La formation se déroule sur quatre semestres suivis en continuité. Deux rentrées sont possibles, en septembre et en mars.

The training takes place over four continuous and complimentary semesters. It is possible to begin studies in September or March.

Semestre 1 : cours et formation. Penser et connaître les milieux. Projeter 1.

Semester 1 : course and training. Consider and understand the milieus. Project 1.

Semestre 2 : cours et formation. Penser et connaître les milieux. Projeter 2.

Semester 2 : course and training. Consider and understand the milieus. Project 2.

Semestre 3 : mise en situation professionnelle. S'intégrer dans un système d'acteurs et compléter la formation par un travail sur le terrain.

Semester 3 : applied to a professional situation. Integration into a system of players and complete the training in the field.

Semestre 4 : séminaire de recherche et atelier de projet sur hypothèse. Préparation conjointe du projet et du mémoire de recherche. Soutenance devant un jury mixte de personnalités impliquées dans la question des milieux : architectes, enseignants des écoles d'architecture et de l'université, experts.

Semester 4 : research seminar and project workshop on the hypothesis. Joint preparation of the project and research essay. Presentation in front of a jury of diverse figures involved in the question of milieus : architects, teachers from architectural schools and universities, experts.

Organisation de l'interactivité

Organization of interactivity

Chaque semestre, trois événements pédagogiques sont suivis par tous les étudiants et font l'objet d'un dossier critique : deux conférences “Milieux” ouvertes au public à l'Esa, par un professionnel et un chercheur d'envergure, un colloque ou séminaire externe à l'Esa.

During each semester, three educational events will be attended by all the students and are the subject of a critical dossier : two conferences “Milieus”, open to the public at Esa, will be given by important professionals and researchers, an external colloquium or seminar.

Au cours des quatre semestres, l'initiative et l'interactivité sont favorisées : les étudiants des semestres 1 et 2 sont amenés à suivre activement les ateliers du semestre 4 et les étudiants des semestres 3 et 4 assistent aux conférences “Milieux” et aux colloques.

During the four semesters, initiative and interaction will be emphasized : students in semesters 1 and 2 are encouraged to actively follow the studios of semester 4 and the students of semesters 3 and 4 are encouraged to attend the conferences on “Milieus” and the colloquiums.

Chris Younès 102 103


Premier First Des Esa

Téhéran Tehran 2050 Sara Kamalvand

Jury

Chris Younès Alain Pellisier Thierry Paquot Bijan Raissi Frédéric Bonnet


Un projet p

Limit of corridors Land free for large cultural developments Prestigious historic urban fabric to rehabilitate Public facilities to improve Industrial zone to reenergize Satellite city to stimulate through diversification National park to include leisure sports Agricultural zone to be preserved Principal axis of circulation Watercourses to be developed Railway lines to be reanimated through mixed activities Desert


A project for the city in its territory


Parkway 106 107



Téhéran

Tehran

Téhéran, capitale de l'Iran avec 13 millions d'habitants, a le potentiel pour devenir la future ville monde de l'Asie centrale. Les futures évolutions urbaines, qui vont émerger en parallèle au changement sociopolitique, devront être planifiées sur la base d'une stratégie flexible mais volontaire. Au niveau économique, Téhéran subit le poids de sa révolution, elle a certes le pouvoir que confère le pétrole mais ce n'est plus une ville d'échange, c'est une ville qui peut se développer à partir de ses propres ressources, tant écologiques qu'économiques. À l'occasion du nouveau schéma directeur, Téhéran a l'opportunité de montrer comment une ville peut évoluer par ses propres dynamiques culturelles et géographiques.

Tehran, capital of Iran with a population of 13 million, has the potential to become the future global city of Central Asia. Future urban evolutions, that will emerge parallel to sociopolitical change, should be planned on the basis of flexible strategy but one that is voluntary. On the economic level, Tehran has felt the weight of the revolution, it is true that it enjoys the power of oil but it is no longer a city of exchange, it's a city that can develop using its own resources, both ecological and economic. With the opportunity provided by the new urban development plan, Tehran has the opportunity to show how a city can evolve according to its own cultural and geographic dynamics.

Le projet est de faire de Téhéran une capitale régionale à l'horizon de 2050. Cependant sa structure actuelle est critique. Pollution, manque de mobilité et absence d'aménagement culturel sont ses faiblesses. C'est à travers des actions locales que la ville pourra se réinventer, mais en s'inscrivant dans un territoire. La situation géographique de Téhéran est un cas particulier : une mégapole entre montagne et désert. La spécificité de son milieu a engendré son évolution au cours des millénaires. Ce sont les dynamiques géographiques, l'écosystème d'une montagne en milieu désertique, qui alimentent la ville en eau. La modernisation a plaqué des modèles de développement qui n'ont pas pris en compte cet héritage. Aujourd'hui nous sommes à la conjonction de ces deux héritages : la tradition d'une ville du désert qui maîtrise l'eau, l'enjeu majeur, et la modernité qui la néglige. La proposition est de repenser le développement de Téhéran à partir de l'irrigation de corridors urbains qui empruntent les traces des anciens cours d'eau et qui traversent le site depuis les montagnes jusqu'au désert. Le schéma directeur prend en compte l'évolution est/ouest qui date de celui de 1966 basé sur le modèle de la ville américaine, et de le repenser à travers la géographie, celle d'une ville linéaire en pente avec des cours d'eau vitaux. Réorganiser la ville en l'oxygénant par l'eau.

The project is to make Tehran a regional capital for 2050. In the meantime the current structure is critical. Pollution, a lack of mobility and an absence of cultural management are all current weaknesses. It's through local actions that a city can reinvent itself, but also through inscribing itself in a territory. The geographical location of Tehran is unique : a city located between mountains and desert. The particularities of its surroundings have affected its evolution over thousands of years. It is the geographical dynamics, the ecosystem of a mountain in a desert environment, that this heritage hasn't taken into consideration. Today we are at the conjunction of two traditions : the tradition of a desert city that manages its water, a major stake, and the modernity that has neglected it. The proposition is to rethink the development of Tehran starting with the irrigation of urban corridors that follow the ancient water routes and have been traversing the site from the mountains to the desert. The urban development plan takes into consideration the east/west evolution that dates from the urban plan of 1966 based on the model of the American city, and reconsiders it in relation to the geography, that of a linear city on a slope with vital water routes. The city needs to be reorganized through giving it oxygen in the form of water.

La figure du corridor est la stratégie proposée pour passer de la ville diffuse et générique à la ville paysagère et identitaire. L'enjeu principal est à la fois de retracer des limites et d'articuler des passages. En extension des vallons, partant de la montagne et arrivant à la plaine, les cinq corridors formalisent le basculement topographique de la ville et les flux de l'eau. Ville et nature sont pensées ensemble dans une articulation d'échelles : de la ville au quartier et à l'édifice.

The figure of the corridor is the strategy proposed to move from the diffuse and generic city to one that is connected to the landscape and has an identity. The principal stake is both to retrace the limits and articulate the passages. In addition to the small valleys, starting from the mountain and arriving in the plain, five corridors formalize the topographic balancing of the city and the water flux. City and nature are thought together in an articulation of scales : from the city to the neighborhood to the building.

Sara Kamalvand 108 109



Lauréats Laureates Prix Tour Eiffel

Workshop “Bois” “Wood”

Premier prix First prize Bianca Kimes

Laurent Saint Val Alexandre Sarazin Shahdyar Shakiba

Mikado housing/Evolo housing

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Concours international International competition


Centre d'animation Cultural center Marc Sangnier Paris XIVe Fabienne Bulle Desa 1977 Carl Fredrik Svenstedt architecte

Appartements Flats A&B Paris


Gare maritime Harbor station Tanger Maroc

Concours international International competition Odile Decq architecte Isabelle HĂŠrault architecte avec Yves Arnod

Le mĂŠtaphone Oignies

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Odile Decq Éditions Architecture & Journalism Textes français du livre French texts of the book Lionel Lemire Desa 1989 Chris Younès philosophe

Henri Maldiney Philosophie, art et existence Collection La nuit surveillée Éditions du Cerf Direction du livre Editor


101 petites maisons Éditions Parenthèses Livre Book

Olivier Leblois architecte Valérie Châtelet architecte

Interactive cities Collection anomalie digital_arts #6 Éditions Hyx Direction du livre Editor


48 logements sociaux Housing units Zac Masséna Paris XIIIe Françoise N'Thépé Desa 1999 avec Beckmann Alexandra Plat Desa 2001

Maison individuelle Housing unit Limoges

116 117



Centre de la francophonie des AmĂŠriques QuĂŠbec

Concours international International competition

Franklin Azzi & Paul-Armand Grether Desa 2001/2004 Guilhem Eustache Desa 1985

Maison individuelle Housing unit Maroc

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Loft Paris

Publication Elle décor Italie

Gilles Burst & Thomas Krähenbühl Desa 2001/1994 Thomas & Bertrand Coldefy Desa 1969/2002

Institut du design Hong-Kong

Concours international International competition


Workshop automne fall 2007

Le comte des Esseintes, créature imaginée en 1884 par JorisKarl Huysmans dans À rebours, tente par tous les moyens de remplacer la nature par un monde artificiel, car “la nature a fait son temps (…) À n'en pas douter, cette sempiternelle radoteuse a maintenant usé la débonnaire admiration des vrais artistes, et le moment est venu où il s'agit de la remplacer, autant que faire se pourra, par l'artifice… ”

The Count of Esseintes, a creature created in 1884 by JorisKarl Huysmans in Against Nature, tries by every possible means to replace nature by an artificial world, because “nature has had its time (…) No doubt, this never-ending driveling old fool (nature) has now worn out even the good-natured admiration of true artists and the moment has come to replace her, to the extent it is possible, by artifice… ”

La nature dépassée par l'imitation de la nature. La définition classique, l'art comme imitation de la nature, inversée. L'effacement des frontières entre nature et art, naturel et artificiel. Aujourd'hui la philosophie extravagante de des Esseintes est devenue la norme.

Nature surpassed by the imitation of nature. The classic definition, art as imitation of nature, inversed. The erasure of borders between nature and art, natural and artificial. Today the extravagant philosophy of Esseintes has become the norm.

Nature/ 120 121


Jury Jacques Vieille Odile Decq Françoise Quardon Philippe Barrière Andri Gerber Philippe Guillemet Marc Vaye


Jacques Vieille 122 123


Palmier, Nice, Station tramway, Pont Michel, 2007. Tôle d’acier galvanisé, cotte de maille inox.

Biographie Jacques Vieille est né en 1948 à Baden-Baden, il est à la fois architecte, paysagiste, décorateur, horticulteur. Autant de branches à son œuvre de sculpteur qui, depuis l'origine, s'enracine dans une articulation savante, ironique et poétique entre nature et culture, art et artifice, organique et mécanique. Édifice subtil aux nombreuses ramifications qui jouent sur le mimétisme, l'échange ou l'opposition de ces divers éléments, et dont la base est la colonne. Ce vivant pilier, héritier de l'arbre et structure de l'architecture se décline sous de multiples façons tout au long de son travail, des premiers branchages aux récents tubes de coffrage béton, en passant par d'étranges types de futaies : molles ou dures, allongées ou dressées. Elle est aussi le socle qui sous-tend sa démarche de sculpteur d'espaces. Ses dernières installations, qui combinent le comble de l'artificiel, comme la culture hors-sol, aux matériaux et outils les plus sophistiqués de la construction industrielle et de l'agroalimentaire, révèlent l'interrogation permanente, le regard critique et amusé qu'il porte sur notre paysage quotidien. L'art de Jacques Vieille peut être considéré en effet comme une écologie à rebours qui met en perspective de façon radicale et minimaliste, le grand écart entre esthétique de la modernité, utopie du progrès, et limites, allant jusqu'à l'absurdité de la technologie. Huysmans ne déclarait-il pas que “décidément, par le temps qui court, les horticulteurs sont les seuls et les vrais artistes”.

Jacques Vieille, born in 1948 in Baden-Baden, is both architect, landscape architect, decorator, horticulturalist. With as many branches to his sculptural works which, since the beginning, are rooted in a wise, ironic and poetic articulation between nature and culture, art and artifice, organic and mechanic. Subtle building with numerous ramifications that play on mimicry, the exchange and opposition of these diverse elements, and the base of which is the column. This living pillar, descendant of the tree and architectural structure bows in multiple ways throughout his work, from the first branches to the recent concrete tubes, including strange types of forests : soft or hard, lying or erect. It is also the plinth that underlies his approach as a sculptor of spaces. His latest installations, combine the height of artifice, artificial growing techniques, to the most sophisticated materials and tools of industrial construction and the food-processing industry, show the permanent interrogation, the critical and amusing outlook that he brings to our habitual landscape. The art of Jacques Vieille can be considered as a “counter” ecology that puts things into perspective in a radical and minimalist manner, the huge gap between the aesthetic of modernity, utopia of progress, and limits, reaching the absurdity of technology. Didn't Huysmans declare that “definitely, nowadays, the horticulturists are the only and true artists”.


Premier prix First prize

De un à l’infini From one to infinity Li Fang

124 125



Premier prix First prize

Translucide Translucent Hugo Plagnol

126 127



Premier prix First prize

Vkea Mehrnouch Naraghi Charles Hequet Steeve Delbrah Julia Taylor Jens Hermann Naess

128 129



Deuxième prix Second prize

Senteur alpine Alpine flavors Sophie Difftot Pierre-Arnold Daly Charles Gaucherel Emilie Ravaut

130 131



Deuxième prix Second prize

Transsubstantiation Johnny Bocquet-Boone Giulia Manini Lola Rozewicz

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Troisième prix Third prize

Windprint Mohammed Amine Borgaa Anne-Laure Chantepie Alexandra Lacombe Anaïs Méon

134 135



Troisième prix Third prize

Île Island Charles Marmion-Soucadaux Jean-Philippe Sanfourche

136 137



Quatrième prix Fourth prize

Attention pelouse fraîche Warning fresh grass Hugo Roisné Ahissan Tanoh Anaïs Sansonetti

138 139


Quatrième prix Fourth prize

Ecosystème bionique Ecosystème bionic Martial Marquet Nicolas Polaert Nicolas Mussche Martin Lebourgeois


Quatrième prix Fourth prize

Chambre noire Dark room Anouar Bouaïch Rifat Nassif

140 141


Cinquième prix Fifth prize

Buisson ardent Burning bush Adrien Fenet Lou Charpin


Cinquième prix Fifth prize

Contre nature Against nature Amandine Barré Lakmé Grémillet Laurie Décarre

142 143


Cinquième prix Fifth prize

L'origine projetée Projected origin Charlotte Simoneau Alice Labourel Clémence Pic


Cinquième prix Fifth prize

Culture manuelle Manual culture Melissa Chiche MichaĂŤl Chomette Alexandra Melgar Mazzoni

144 145


Vista

Mentions spéciales Honorable mentions

Nature on the move Clément Bois Clément Donnefort

Cache-cache Hide and seek Axel Allione Laurent Dubuis

Chute Fall Sihan Du Marwan Kahil


Conférences Lectures 27/09

Eco_logical design

25/10

Paolo Cascone architect Italy/France 11/10

Papier peint Wallpaper Mathieu Poitevin architecte Marseille France

18/11

Des-intégration Disintegration François Morellet artiste France

146 147

Inhabitables interfaces Marcos Cruz architect Portugal/London

15/11

Gadgets Gokhan Avcioglu architect Gad Istambul Turkey


20/09

Pièces uniques Unique pieces Franklin Azzi architecte France


8/11

Form concept Bernard Tschumi architect Usa/France New York/Paris

148 149



Expositions Exhibitions

Photoquai Biennale des images du monde/Musée du quai Branly Biennial of world images/Museum of quai Branly

st ère

1 édition

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Jury Jean-Loup Pivin Directeur artistique Photoquai Artistic director Bernard Utudjian Galerie Polaris François Bordry Odile Decq Guy Vacheret Françoise Quardon Lionel Lemire

Guy Vacheret Commissariat Curator Eduardo Leal de la Gala Scénographie Scenography Magali Vannier Coordination Coordinator

Pour le thème Le monde regarde le monde l'Esa a demandé aux étudiants en échange, de présenter un témoignage photographique personnel sur leur pays. Ils sont venus de Jérusalem, Melbourne, Mexico, Buenos Aires, Singapour, Séoul et Wellington ou partis à Hong Kong, Singapour, Séoul, Tokyo, Buenos Aires, Mexico et Melbourne.

For the theme The world looks at the world Esa asked the exchange students to present a personal photographic account of their country. They came from Jerusalem, Melbourne, Mexico City, Buenos Aires, Singapore, Seoul and Wellington or went to Hong Kong, Singapore, Seoul, Tokyo, Buenos Aires, Mexico City and Melbourne.


Jean-Philippe Sanfourche

Charles Dutilleux

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Guillaume Van Wassenhove


Pour se bâtir, ils ont passé les bornes, troqué leur langue, rabattu les distances. Demain ils construiront. Aujourd'hui ils accostent 254 boulevard Raspail, sur un quai suspendu au milieu de leurs malles, inquiets s'ils arrivent, hagards s'ils rentrent, nos étudiants du monde nous rapportent un peu d'air lointain. Avec insouciance et insolence, ils nous jettent des regards instinctifs et sincères que simplement l'Esa accroche à ses murs. Nos migrants apprentis réformeront-ils nos habitudes ? De quoi nous gardent ces involontaires mises en doute ? S'ils ne sont plus tout à fait dans les grandes tendances de la photographie de reportage, évinçant le cadrage morphologique, la capture du temps ou le discours politique, ils n'échappent pourtant pas aux modes de l'exploration du quotidien banal, de la persistance graphique ou du désir de la performance. Mais au-delà de ces positionnements incertains, ils nous montrent le vide. Une collection de vides marqués au fer de l'affect. Contenus, capturés, contraints, ils frictionnent l'urbain. Peut-être est-ce simplement symptomatique des mutations du milieu de vie ? L'espace des géométries politiques, mangé par celui des multitudes sociales, se ferait-il aujourd'hui dévorer par le désir d'un lieu du sentimental universel ? Des villes déchirées et déchirantes qu'ils ont parcourues et vécues, ils ne nous montrent pas la tragédie. Mais ils nous livrent tout crû les drames journaliers des espaces endoloris et attendrissants. Le point commun de cette série d'indispensables riens, réside dans l'unicité du regard qu'elle engendre : à la frontière d'une future nostalgie, entre inquiétude et empathie entre regret et désir. Ce ne sont plus les images que nous regardons mais ce qu'elles portent, du collectif, du transversal, du lien : l'humain.

Julia Taylor

To build, they surpassed their limits, traded their language, reduced distances. Tomorrow they will build. Today they arrive at 254 Boulevard Raspail, a quay suspended in the middle of their trunks, anxious if they are arriving, haggard if they are returning, our international students bring a feeling of a distant world. With a lack of concern and a certain arrogance, they give us instinctive and sincere views that Esa simply hangs on its walls. Will our migrant apprentices change our habits ? What are these involuntary doubts protecting us from ? They may not exactly be in the style of photojournalism, ousting the morphological framing, the capture of the political climate or speech, nevertheless they don't evade the modes of exploration of banal daily life, graphic persistence or the desire for performance. But beyond all these uncertain positionings, they show us the emptiness. A collection of voids marked by the chains of affect. Contained, captured, constrained, they rub the urban. Perhaps it's simply symptomatic of the mutations of a living environment ? The space of political geometries, consumed by that of the social multitudes, will it be devoured today by the desire for a place for universal feeling ? Torn cities and cities that tear apart, cities that they have traveled through and lived in. They don't show us tragedy. They deliver raw daily dramas of painful and moving spaces. The common point of this indispensable series of pieces, resides in the uniqueness of the viewpoint it engenders : on the border of a future nostalgia, between anxiety and empathy, between regret and desire. It's no longer the images that we see but what they offer, of the collective, the transversal, the bond : the human.

Lionel Lemire

Antoine Sarrat


Expositions Exhibitions

Atelier Studio Fabienne Bulle

LeThe client, l’architecte et l client, the architect and La maison-meuble House-furniture film réalisé par film directed by

Odile Fillion

Conception Production Esa productions/Philippe Guillemet & Marc Vaye assistants Grégoire d’Amiens, Lysa Bellelis, Pascal Bernard, Bastien Canzi, Ihab Kalaoun, Edouardo Léal, Yoann Ledoux, Nicolas Polaert, Ahissan Tanoh.

Partenaires Sponsors Abac ingénierie, Bétom ingénierie, Cndb, Cpl bois, Écovégétal, Euroslot, Eternit, Fabrice Bougon économiste, Forbo-Sarlino, Hansgrohe, Kalzip-groupe Corus, Menuiserie Pointard, nora Freudenberg, Otua, Schüco, Sadesa, Umicore VM zinc.

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Depuis toujours et sans faille, Fabienne Bulle est tenaillée par le désir de construire. Au-delà des sirènes de la mode, son architecture se veut remarquable sans chercher à se faire remarquée. Sans s'encombrer de grandes théories, sa démarche est marquée par la rigueur et la sobriété, par une éthique fondée sur une quête de la vérité, celle de la construction, celle de l'assemblage des matériaux. Ses architectures sont “classiques/modernes”, influencées autant par Alvar Aalto que Alvaro Siza, toujours contextuelles et expérimentales. Si son architecture était une fable, elle aurait pour titre “Le client, l'architecte et le menuisier” tant elle repose sur les attentes de l'usager, la symbolique de l'expression et l'importance du détail. Une architecture à vocation didactique, dessinée au 1/20e.

Since the beginning and without fault, Fabienne Bulle has been tormented by the desire to construct. Beyond the distractions of what is fashionable, her architecture is remarkable without attempting to make itself remarked upon. Without being loaded down with important theories, her approach is stamped by rigor and sobriety, by an ethic founded on the quest for truth, that of contents and materials. Her architecture is “classic/modern”, influenced as much by Alvar Aalto as Alvaro Siza, always contextual and experimental. If her architecture was a fable, the title would be : “The client, the architect and the carpenter”, to such an extent it is founded on the expectations of the user, the symbolism of expression and the importance of detail. An architecture with a didactic vocation, drawn at a scale of 1:20th.


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Dans la maison de Clamart, il y a une décision initiale : le soulèvement. Sous le masque à peine stable de la façade sur rue où la maçonnerie enduite joue sagement l'alignement avec les maisons voisines, l'espace se déploie à travers une suite de séquences proches et ouvertes, du portail jusqu'à la perspective lointaine, au-delà du jardin. Dans cette suite, l'intérieur de la maison n'occupe qu'une seule pièce, très faible partie de l'aire parcellaire, salle de repas complètement vitrée où l'on entre presque que pour passer ailleurs, dehors ou au-dessus. La maison semble ainsi prendre pied un instant sur le sol, restant suspendue sur sa parcelle. La maçonnerie porte ce soulèvement, mais tous ses éléments font en sorte de ne pas être lus, pilotis pris dans une clôture, murs mitoyens épousant les coupes des toits, planchers d'étages franchissant la largeur de la parcelle en dissimulant leurs poutres à plat, décaissé du bassin invisible sous un plafond de bois. La maçonnerie est signifiée en retrait, soulevée, déplacée par le mouvement de l'espace.

In the Clamart House there is an initial decision : lifting. Behind the barely stable mask of the street-side façade where the covering masonry plays wisely with the alignment of the neighboring houses, the space spreads through a series of close and open sequences, from the gate to the faroff perspective beyond the garden. In this series, the interior of the house only occupies one room, a very small part of the plot's surface, dining room completely in glass where we enter to go elsewhere, outside or above. The house appears anchored one minute on the ground, remaining suspended on the plot. The masonry supports this lifting, but all its elements work together to evade being read, pilotis in a fence, adjoining walls wedding sections of the roofs, floors of stories covering the width of the plot dissimulating their flat beams, freeing from an invisible pool under a ceiling of wood. The masonry is shown set back, raised, displaced by the movement of the space.

Le bois est le matériau de l'espace dont il construit le parcours par l'enchaînement d'objets, événements et acteurs, individuels et articulés : portail/écran, pergola/abri, paravent/escalier, castelet/cuisine, marche/estrade, loges/vistas, galerie/bibliothèque, pleins/vides, fixes/coulissants, persiennes/cadres. Chaque objet participe de la mécanique complexe des menuiseries. Chacun est un pas de plus et un seuil, énonçant simplement et complètement son être et ses usages, le détail, pour s'accomplir et laisser place au suivant. L'espace est construit par un déplacement répété, celui-là même du travail de prévision de l'architecte. Chaque séquence est conçue comme un vide dynamique, orienté par une traversée, visant physiquement et visuellement des échappées, perspectives profondes toujours restituées qui, en retour, tirent sur l'espace intérieur, en libère les angles et le laisse ouvert. Le résultat de cette expérimentation systématiquement décidée est l'apparition multiple de contrastes d'échelles : le bois construisant l'intérieur et l'extérieur, le domestique est bouleversé par le lointain, les visées horizontales sont constamment attirées vers le haut ou le bas, et le vide ajusté et central du patio éclaire, révèle et élève la maison vers le ciel.

Wood is the matter of space which constructs the path by joining objects, events and actors, both individual and articulated, gate/screen, pergola/shelter, partition/stairway, small castle/kitchen, step/platform, hut/vistas, gallery/library, solid/empty, permanent/sliding, shutters/frames. Each object is part of a complex mechanic of carpentry. Each is a step further and a threshold, declaring simply and completely its existence and functions, the detail, to be reached and then make way for the next. The space is constructed by a repeated displacement, that of the architect's work of prevision. Each sequence is conceived as a dynamic void, oriented by a crossing, physically and visually directed towards brief openings, deep perspectives always reproduced, that in return, pull the interior space, freeing the angles and leaving the space open. The result of this systematically determined experimentation is the multiple appearance of contrasts in scale : the wood constructing the interior and exterior, the domestic is turned upside down by the distant, the horizontal views are constantly pulled higher or lower, and the adjusted void and center of the patio are lit, showing and raising the house towards the sky.

Fabienne Bulle conçoit l'espace en marchant, accomplissement construit d'un sens, spatial et visuel, où elle recherche sans cesse l'ordre orientant chaque espace qu'elle tend simultanément à libérer par une visée ouverte. Elle dit souvent que l'espace s'enclenche et le montre avec sa main qui pivote. Elle sait que chaque départ pour un projet, traverser un désert ou édifier une maison, relève d'une décision farouche : ouvrir l'espace. Défi dont on peut revenir rompu et usé comme du bois flotté. Elle sait aussi que pour accomplir une telle entreprise, tout est dans la puissance d'exécution de chaque séquence et l'engagement de l'équipage qui transforment le rêve initial en expérience traversée.

Fabienne Bulle conceived the space while walking, an accomplishment constructed by a spatial and visual sense where she constantly looked for the order orienting each space that she aims simultaneously to liberate by an open view. She often says that space is set in motion and demonstrates it turning her hand. She knows that each beginning of a project, crossing a desert or building a house, involves making a fierce decision : open the space. Challenge from which we can return broken and worn out like driftwood. She also knows that in order to accomplish such an undertaking, everything depends on the power of execution of each sequence and the commitment of the crew that transforms the initial dream into a traversed experience.

Clamart House

Tous les moments d'un voyage sont et restent dans la maison de Clamart, ils la remplissent et la laissent respirer. Cette architecture est plus que Japon, cabane perchée ou meuble. Elle est trop ouverte pour se laisser enfermer dans ses références. Elle est ailleurs.

All the moments of a voyage are and stay in the Clamart House, they fill it and let it breathe. This architecture is more than Japan, perched cabin or piece of furniture. It is too open to be enclosed by its references. It is elsewhere.

François Bouvard


Voyages d’étude Study trips

Workshop Seika University Kyoto

Frank Salama Jérémy Barla Ali Benkirane Oum Boucetta Laure Celeri Charlotte Dhumes-Vigneron David Drahi Nada Hajji Marco Lavit Nicora Anna Mallac-Sim Mouna Nafak-Lazrak Baptiste Pavlidis Asmaa Rmili Ahissan Tanoh Marc-Olivier Trouvin Martin Tubiana

Shugaku-in Kyoto

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La Suisse massive

Andri Gerber

Lotissement Paul Clairmont Zürich Gmür & Steib

Lyza Bellelis Josefina Bellosta Frédéric Brient Saem Chang Mathieu Crabouillet Chloé De Smet Anne-Catherine Dumeige Elodie Doukhan Alexandre Goinard

Yoann Ledoux Zsofia Menyhart Nicolas Mussche Gautier Penchinat Valérie Philippe Hugo Roisné Anaïs Sansonetti Marie-Anne Sénéchal Achille Thorel




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