2-3
Directeur de publication/Publication manager François Bordry Rédacteurs en chef/Chief editors Odile Decq, Marie-Hélène Fabre Direction artistique/Artistic director Studio Plastac Comité de rédaction/Editorial committee Claire Chevrier, Odile Decq, Marie-Hélène Fabre, Lionel Lemire Collaboration/Staff Marie Aquilino, Arnaud Chatrefou-Loiseau, Chacha Atallah, Marie-Hélène Fabre, Bertrand Lapostolet, Jacques Sautereau, Ahmed Zaouche Coordination éditoriale/Editorial coordination Magali Vannier Traductions/Translations SOTRATECH Couverture/Cover page Studio Plastac Pierre-Arnold Daly Claudio Neri Conception et réalisation/Conception and production ESA Productions Philippe Guillemet & Marc Vaye Crédits photographiques/Photo credits © 2009 Guy Vacheret/pages 4, 9, 18, 20, 21, 22, 23, 28, 33, 36, 39, 40, 41, 88, 89, 90, 92, 103, 104,105, 120, 121, 126, 127 © 2009 Grégoire d’Amiens/pages 122, 123 © 2008 Diego Ravier/pages 16, 17 © 2008 Takuji Shimmura/page 19 © 2008 Frank Salama/pages 124, 125 Abonnements/Subscriptions école Spéciale d’Architecture 254 bd Raspail 75014 Paris Tél. 01 40 47 40 47 fdonnat@esa-paris.fr © 2009 école Spéciale d’Architecture Typographies/Fonts Akkurat Family/Lineto Papiers/Papers Blanc mat non-couché 170g et 115g Pop set flamant rose, pistache et perle 120g Blanc glossy couché 115g Achevé d’imprimer sur les presses de Imprimerie Néo Typo 1 C rue Lavoisier 25044 Besançon cedex Dépôt légal : x /Juillet 2009 3e trimestre 2009 Issn : 1951-8137 Isbn : 978-2-918638-00-1 Tous droits de reproduction réservés
sommaire SummAry
4
La lettre du Président A word from the President
9
In/Out
François Bordry
25
être Spéciale aujourd’hui Being Spéciale today
Odile Decq
28
Entretien avec Interview with
Raymond Depardon
41
Projets Projects
Marie-Hélène Fabre
42
3X
48
Habitat et migrations/Housing and migrations
64
éco-habitat/Eco-housing
72
Péri-urbain/Suburban
78
Transformer la ville sur la ville/Changing the town on the town
89
Workshop
Paul Virilio
100
Conférence Lecture
Liz Diller
104
Prix Spéciale Prize Spéciale
121
Prix Invité d’honneur Prize Guest of honor
Raymond Depardon
la lettre du président A worD From THE PrESIDENT Si l’école se veut Spéciale, c’est en ce sens qu’elle tient à ce que le futur architecte se confronte avec les grands enjeux de l’avenir du monde, car, dans son métier, il devra être engagé et conscient de sa responsabilité pour que l’habitat et la ville sachent répondre aux besoins de la société de demain. Précisément, l’occasion idéale d’engager une pareille réflexion s’est présentée au cours de ce semestre d’hiver, avec la présence juste en face de l’école, à la Fondation Cartier, de l’exposition de Raymond Depardon et Paul Virilio, Terre Natale, Ailleurs commence ici, mise en scène par les architectes américains Liz Diller et Ricardo Scofidio. Le philosophe et urbaniste Paul Virilio, qui a tellement imprimé sa marque sur l’école, où il enseigna longtemps comme professeur avant de présider son Conseil d’administration, a fortement interpellé les étudiants - en commentant avec passion, le jour du vernissage, le thème de l’exposition et en animant un workshop dans les jours suivants - sur la formidable évolution du monde, où la “grande mobilisation migratoire” remet en cause la notion même de sédentarité, puisqu’on estime à plus de 200 millions le nombre de personnes qui seront forcées de se déplacer d’ici à 2050. Liz Diller, accompagnée de Ricardo Scofidio, a profité de son court séjour à Paris pour faire à son tour profiter les étudiants, au cours d’une conférence à l’école, de l’expérience exceptionnelle de leur agence, où le questionnement sur les projets aboutit souvent à déplacer et à repousser les limites de l’architecture et de l’art. Raymond Depardon, enfin, qui, dans cette exposition de la Fondation Cartier, répond à la réflexion de Paul Virilio en montrant dans son film les menaces qui pèsent sur l’enracinement de certaines populations à leur terre, était tout désigné pour présider la Nuit Spéciale qui clôturait ce semestre. Au cours de cette soirée, bilan de ce semestre riche en rencontres, la présentation des travaux des étudiants, aux différents niveaux d’étude, rendait évident que les réflexions demandées aux élèves portaient sur les préoccupations essentielles qui se posent pour la société et la ville de demain. François Bordry
If the School aims to be Spéciale, it is in the sense that it seeks to ensure that the future architect is fully in tune with the major challenges facing the future of our world, because in his profession he needs to be committed and aware of his responsibility to guarantee that both towns and the accommodation they offer fully meet the needs of tomorrow’s society. Just such an opportunity to consider this issue presented itself this winter, with raymond Depardon and Paul Virilio’s exhibition Native Land, Stop Eject at the Cartier Foundation, right opposite the school, an exhibition given form in a design by the American architects Liz Diller and ricardo Scofidio. The philosopher and urban planner Paul Virilio, who has so clearly left his mark on the School, at which he taught for a long while before moving on to chair its Executive Board, has certainly caught the students’ attention, largely thanks to a passionate commentary on the exhibition’s theme the day it opened, and by organising a workshop over the following days focusing on the incredible changes occurring in our world, a world in which the “great migratory upsurge” is challenging the very notion of sedentariness, as it is estimated that more than 200 million people will be forced to uproot and move between now and 2050. Accompanied by ricardo Scofidio, Liz Diller took advantage of her short stay in Paris to share her agency’s experience with the students during a conference at the School. Experience which often sees her projects challenging and redefining the limits of both architecture and art. Finally, raymond Depardon was the obvious choice to chair the Spéciale Night to round off this semester. He responds to Paul Virilio’s ideas in this exhibition from the Cartier Foundation by demonstrating in his film some of the numerous factors which risk uprooting certain population groups from their homelands. During this evening, which looks back on a season rich in events and discoveries, the presentation of the work from the students on the various courses clearly showed that the issues the students were being asked to consider focused on the key concerns facing the societies and cities of tomorrow.
6-7
administration DIRECTIOn/management Odile Decq Marie-Hélène Fabre Armelle Cochevelou Amina Chady
Directeur Général/General Director Directrice des études/Academic Head Secrétaire Générale/General Secretary Assistante de Direction/management assistant
ACCuEIL/Reception Francine Donnat Sylvie Labattut
Secrétaire standardiste/Secretary switchboard operator Secrétaire standardiste/Secretary switchboard operator
PéDAgOgIE ET VIE ETuDIAnTE/education and student life Martine Jeanne Solange Buelga Lucie Porchon Marie-Hélène Amiot
Responsable des inscriptions/Enrolment officer Responsable de l’administration pédagogique/Educational administration manager Chargée de la vie étudiante et des stages/Student life and training placement manager Responsable Formation continue, 3e cycle, Relations internationales/Life long training, Postgraduate studies, International relations manager
COMMunICATIOn ET PARTEnARIATS/publicity AnD PARTnERSHIPS Magali Vannier
Responsable de la communication et des partenariats/Publicity and partnerships manager
COMPTABILITé/accounting Valérie Bertrand Brigitte Beauchamp
Responsable comptable/Accounts manager Comptable/Accounts
BIBLIOTHèquE ET DOCuMEnTATIOn/libRaRy and documentation Anne Chaise Leïla Colin-Navaï Camille Coursault
Responsable bibliothécaire/Chief librarian Bibliothécaire Adjointe/Assistant librarian Bibliothécaire/Librarian
SERVICE InFORMATIquE/it depaRtment François Potonet Mikaël Coquel
Responsable informatique/IT manager Chargé de la maintenance informatique/IT maintenance officer
REPROgRAPHIE/RepRogRaphy Ihab Kalaoun Tony Borja
Responsable du service édition/Printing department manager Reprographe/reprographer
LABORATOIRE AuDIOVISuEL/audiovisual laboRatoRy Grégoire d’Amiens
Chargé du laboratoire photo/Photographic laboratory manager
ATELIER MAquETTE/model making woRkshop Pascal Bernard Stéphane Bernon
Responsable de l’atelier maquette/model making workshop manager Chargé de l’atelier maquette/model making workshop manager
SERVICES TECHnIquES ET SéCuRITé/technical and safety depaRtments Mohamed Benabbad Eduardo Leal de la Gala Fayçal Zelmat Makan Konate Ben Abdelrahman
Responsable des services techniques et de la sécurité/Technical services and safety manager Intendant/Administrator Agent de maintenance/maintenance manager Agent de sécurité/Safety officer Agent de ménage/Cleaning services officer
Professeurs TEACHErS ARCHITECTuRE
Philippe Barrière Platane Berès François Bouvard Fabienne Bulle Paolo Cascone Sébastien Chabbert Peter Cook Jean-François de Boiscuillé Anne Demians Véronique Descharrières Hugh Dutton Lina ghotmeh Andri Gerber Luca galofaro Isabel Hérault Karsten Huneck Yoshihiko Iida Serge Joly Justin Lau Olivier Leblois Lionel Lemire Jean-Claude Moreau Vincent Parreira greta Pasquini Jacques Pochoy Jean-Christophe quinton Frank Salama Carl Fredrik Svenstedt Mette Thomsen Bernd Truempler Kenny Tsui Marc Vaye
ART
Simon Boudvin Claire Chevrier Chantal Danjon Philippe Guillemet Nathalie Junod-Ponsard Françoise Quardon Guy Vacheret Raphaël Zarka
SCIEnCES HuMAInES ET SOCIALES/social sciences uRBAnISME/uRban planning
Marie Aquilino Stéphane Bonzani Pierre Chabard Laurence Costes Thérèse Delavault-Lecoq Marc Fructuoso Marlène Ghorayeb Jérôme Jacoutot Stefania Kenley Jacques Métrot Clément Orillard Frédérique Peyrouzère Jacques Sautereau Doris Von Drathen Catherine Weinzaepflen Ann-Caroll Werquin Chris Younès Catherine Zaharia
TECHnIquE
Niccolo Baldassini Jean-Pierre Bontoux Pierre Bourrier Philippe Cœur Patrick Corda Pierre-Alexandre Cot Jean-Bernard Datry Christian Delécluse Mitsu Edwards Pierre Engel Bernard Fournier Michel Garcin Michaël Halter Jean-Pierre Laute Maria Lopez-Diaz Christine Simonin-Adam Juan Velasquez
OuTILS DE REPRéSEnTATIOn/tools of RepResentation
Jean-Pierre Braun Michel Denès Paul Ehret Pierre Judde Hubert Lempereur Charles Malbrand Ivan Milisic Tobias Nolte Jean-François Oudet Juliette Pernin François Potonet Thomas Seriès
DROIT ET gESTIOn/law and management Anne Carus Sophie Szpirglas
LAnguES/languages
Thuy-Nhän Dao Martin Meade Brent Patterson
8-9
établissement privé d’enseignement supérieur. Association loi 1901. Reconnue d’utilité publique par l’état. Private establishment of higher education. Association according to the French law of 1901. Public benefit recognised by the state. 254 boulevard Raspail 75014 Paris France Tél. 33 (0)1 40 47 40 47 Fax 33 (0)1 43 22 81 16 info@esa-paris.fr www.esa-paris.fr
Ricardo Scofidio et Liz Diller
10-11
In /Out
Voyages/Journeys
voyage à Copenhague et malmö JourNEy To CoPENHAGEN AND mALmö Semestre/Semester 4 Professeurs/Teachers Jean-Claude Moreau Fredrick Svenstedt Serge Joly Assistants Anne-Laure Blondé Yann Berreby Joaquim Sylvestre
2
1
Célia Archet Charles Aubertin Amandine Barre Youssef Hamza Benbella Habib Bencherif Oudghiri Omar Benmoussa Antony Berneau Aude Boitouzet Zahra Bouzoubaa Constantin Caropoulos-Alefantis Arnaud Cornu Laurie Decarre Colombe Desazars de Montgailhard Ingrid Diaz Franck Dugue Camille Dupont Jonathan Dutour Charles-Eric Edwards Kenza El Harouchi Hugo Enlart Michaël Faiola Benjamin Faure Pierre-Yves Ferreyra Caroline Ginon Lakme Gremillet Nicolas Grillet Hicham Guessous Noriko Harada Samuel Jaubert de Beaujeu Elisabeth Koc Damien Lafon Mehdi Laraki Nelson Larroque Eva Maloisel Tristan Marzin Valentin Mazet Amélie Meleder Guillaume Nardot Michaël Ohana Dimitra Papageorgiou Simon Pesin Camille Pouyat Hamza Rachad Stéphane Sarianos Timothée Scheuer Christophe Schmit Thomas Sicouri Smaïl Taoufik Idrissi Clara Tougeron Chloé Tubiana
3
1 2 3 4 5 6
PLOT/Centre nautique Amager Strandpark 2004 Jorn Utzon/Eglise luthĂŠrienne Bagsvaerde 1976 Vandkunsten/Torpedo Hallen 2003 Lundgaard & Trandberg/Logements collectifs 2008 Santiago Calatrava/Hsb Turning Torso 2005 White Arkitekter/Kastrup Sobad 2005
4
5
6
12-13
In /Out
Voyages/Journeys
autres voyages ALTErNATIVE JourNEyS VEnISE
Biennale d’Architecture 08 Lionel Lemire Greta Pasquini Semestre/Semester 1
Kensington gardens Scène di vita quotidiana/Interno giorno Massimiliano et Doriana Fuksas Arsenal Venise
Herzog & De Meuron and Ai Wei Wei Pavillon italien Biennale d’Architecture 08 Venise Italian Pavilion Architectural Biennal Venice 08
BLOIS
LOnDRES
VEnISE
nAnTES
Jean-François de Boiscuillé Semestres/Semesters 7&8
Justin Lau Kenny Tsui Semestre/Semester 6
OSA Semestre/Semester 6 Peter Cook Semestres/Semesters 7&8
Véronique Descharrières Anne Demians Frank Salama Semestre/Semester 5
ROME
Luca Galofaro Semestres/Semesters 7&8
FRIBOuRg
Thérèse Delavault-Lecoq Semestres/Semesters 7&8 (Séminaire/Seminar)
14-15
In /Out
échanges internationaux/international exchanges
Workshop Cua/esa Stanley Hallet/Catholic University of America, Washington Lauréats/Prizewinners Vanessa Rai/CUA Martin Tubiana/ESA Musée du vin/The wine museum Parc de Bercy
Du 8 au 16 octobre 2008, à Paris, 17 étudiants de la Catholic University of America, Washington, et 17 étudiants de l’école Spéciale d’Architecture ont travaillé en binôme sur un projet de musée du vin situé, au choix, dans le Parc de Bercy à Paris ou sur la Place des Quinconces à Bordeaux. L’équipe lauréate a reçu un prix de 1500 $ par étudiant. Trois équipes ont reçu un prix honorable de 250 $ par étudiant et trois autres équipes ont eu une mention.
From october 8 to 16, 2008, in Paris, 17 students from the Catholic university of America and 17 students from École Spéciale d’Architecture have worked by teams of two on a project of wine muséum located, either on Parc de Bercy in Paris or on Place des Quinconces in Bordeaux. The prize winners have received $1500 each. Three team received a merit award of $250 per student and three other teams got a honorable mention.
Concept Il s’agit de proposer une transparence en contraste avec les longs murs pénétrant en acier Corten. Le musée étant une fabrique de vin, les éléments en verre sont utilisés pour séparer l’espace d’exposition de celui de la fabrication. The goal was to offer transparency, contrasting with the long penetrating walls produced from Corten steel. As this museum is also a wine production facility, glass features are used to separate the exhibition and production areas.
Circulation/transit Les murs en acier Corten marquent la transition d’une atmosphère à une autre tout au long du processus de fabrication du vin. L’acier Corten est mis en œuvre car comme le vin il se transforme dans le temps. La variation des épaisseurs des murs permet d’accueillir les espaces servant, escaliers, ascenseurs ou les toilettes. The Corten steel walls mark the transition from one atmosphere to another throughout the wine production process. Corten steel is used, as just like the wine itself, it changes over time. The changing thicknesses of the walls provide the necessary space for serving areas, stairways, escalators or toilets.
Végétation/greenery Les vignes donnent une forte direction au projet. Elles respectent aussi la trame du parc et indiquent aux visiteurs le chemin pour le traverser. La ligne directrice des vignes est en adéquation avec les murs en acier Corten, dans le même axe, ce qui renforce le plan d’ensemble du projet. The vines set the tone for the project. They also follow the layout of the site, showing visitors which way to go. This vine guidelines are perfectly matched by the Corten steel walls running in the same direction, further emphasising the project’s general layout.
16-17
In /Out
Exposition/exhibition
la voûte nubienne THE NuBIAN VAuLT La terre un matériau contemporain Earth : a contemporary material 25 septembre/24 octobre 2008 September 25/october 24, 2008 Regards de photographes Through a photographer’s eye Peeyush Sekhsaria Inde/India Emilio Caravatti Italie/Italy Jack Souvant France Diego Ravier Allemagne/Germany
Colloque/conference Problématiques contemporaines du matériau terre en Afrique sub-saharienne/26 septembre 2008 Contemporary problematics of earth as a material in sub-Saharan Africa September 26, 2008 Modérateur/moderator Jack Souvant journaliste metteur en scène/journalist producer Conférenciers/Speakers Thomas granier maçon Co-fondateur Président de la Voûte Nubienne France /mason Joint-founder President of the Nubian vault France Emilio Caravatti architecte Président de Africabougou /architect President of Africabougou urs Wyss ingénieur Audit matériaux locaux Afrique de l’Ouest /engineer Local materials auditing west Africa Paolo Cascone architecte Italie/architect Italy
Principes constructifs/Du matériau au bâtiment
construction principles/from the material to the building
Un procédé architectural antique venu du Haut Nil et historiquement inconnu en Afrique de l’Ouest représente aujourd’hui une réponse africaine aux problèmes constructifs du bâtiment sub-saharien. Cette technique permet de construire avec un outillage basique, des matériaux locaux et des compétences techniques simples des habitations aux toitures voûtées restaurant la possibilité du toit terrasse. Sa spécificité consiste en l’utilisation de la terre crue, matière première abondante, malaxée sous forme de mortier et de briques séchées au soleil et de se passer de l’utilisation de coffrage pour le bâti de la partie voûtée. La technique de la voûte nubienne a été adaptée pour s’inscrire facilement dans le mode de vie et d’apprentissage des populations concernées. Il en ressort une méthode épurée, facile à mettre en œuvre et à transmettre par l’exemple. Le procédé d’origine a également été adapté aux fortes précipitations que connaissent ponctuellement les régions sub-sahariennes. Les matériaux utilisés, terre et pierre pour le gros œuvre du bâti sont pratiquement toujours disponibles à proximité des chantiers, seules les ressources en eau peuvent présenter des difficultés d’approvisionnement suivant les lieux et les saisons. Cette solution technique offre aux populations une alternative concrète aux toitures de bois ou de tôle.
An ancient architectural process originating from the upper Nile and historically unknown in west Africa today offers a novel African solution to construction problems in subSaharan Africa. using only simple tools, local materials and basic skills, this technique makes it possible to erect buildings with vaulted roofs making rooftop terraces a possibility once again. Its particularity lies in the use of earth, a highly abundant raw material, employed in the form of sun-dried bricks and mortar, avoiding the need to use formwork for the frame of the vaulted part. The Nubian vault technique has been adapted to the lifestyles and learning methods of the peoples concerned. The result is a simplified and easy-to-use method which can be easily passed on by example. The original process has also been adapted to the high levels of rainfall encountered in the sub-Saharan region at different times. The materials used, earth and stone for the shell, are virtually always available within easy reach of the building sites, and the availability of sufficient water sources according to the location and the time of year are the only supply problems possibly encountered. This novel technical solution offers local people a concrete alternative to wood or sheet metal roofs.
18-19
In /Out
Exposition/exhibition
Prix Lucien Hervé et rodolf Hervé 2008 THE 2008 LuCIEN HErVÉ & roDoLF HErVÉ PrIzE Du 6 novembre au 4 décembre 2008
From november 6 to december 4 2008
Partenaire du Mois de la Photo 2008, l’ESA a accueilli la 3e édition du Prix Lucien Hervé et Rodolf Hervé. Destiné à des jeunes photographes, le thème cette année était : Mutations urbaines/ “Détruire et construire sont égaux en importance”, Paul Valéry.
As a partner to Le mois de la Photo 2008, the ESA welcomed the third Lucien Hervé & rodolf Hervé Prize event. Aimed at young photographers, this year the theme was : urban change/ “The equal importance of construction and destruction”, Paul Valéry.
Takuji Shimmura, lauréat avec “écoumène” a proposé un travail de photographies des bordures de la ville de Erevan en Arménie.
Takuji Shimmura, the winner with “Ecoumène” proposed a photographic study of the outskirts of the city of yerevan in Armenia.
Jury Judith Hervé Agnès b., styliste et galeriste/fashion designer and gallerist Olivier Beer, écrivain/writer Didier Brousse, directeur de galerie Camera Obscura/gallery manager gilles de Bure, journaliste/journalist Odile Decq, directeur de l’ESA/director of the esa Françoise Morin, directrice artistique Ville Ouverte, Les Douches/artistic director Françoise Reynaud, conservateur de la photographie Musée Carnavalet/photographic curator
20-21
In /Out
évènement/event
l’atlas Le 20 novembre 2008 a été inaugurée la première fresque murale sur le mur extérieur de l’école boulevard Raspail. Elle est l’œuvre de L’Atlas, artiste urbain invité à l’initiative du Bureau des élèves et dont la pratique se situe à mi-chemin entre graphisme et graffiti, peinture et architecture. éphémère par principe, elle sera renouvelée chaque semestre par un nouvel artiste. on November 20, 2008, the first wall fresco was officially opened on the School’s outer wall in Boulevard raspail. This fresco is the work of L’Atlas, an urban artist specially invited by the Students association, whose work can best be described as being midway between drawing, graffiti, painting and architecture. Temporary by its very nature, this will be renewed each semester by a new artist.
22-23
In/Out
Colloques/symposiums
Colloques SymPoSIumS
3 octobre 2008 Urbanisme durable/october 3 2008 Sustainable town planning Mis en place par Anne Lerhun-Habib et animé par Michel Sabard/Score 2D, Pierrick Beillevaire/Agence in situ Nantes et Frédéric Bonnet/Agence Obras, le colloque a abordé, d’un double point de vue, technique et philosophique, la problématique des changements apportés par l’urbanisme durable dans les méthodes de travail et d’approche du projet urbain. Coordinated by Anne Lerhun-Habib and run by michel Sabard/Score 2D, Pierrick Beillevaire/Agence in situ Nantes and Frédéric Bonnet/Agence obras, the symposium considered the problem of the changes brought about by sustainable urban planning in working methods and town planning projects, from both a technical and philosophical perspective. 12 décembre 2008 écologies urbaines/December 12 2008 urban ecologies La compréhension des écosystèmes nécessite des avancées adéquates en matière d’architecture impliquant efficacement la biologie afin de cerner les problèmes et d’évaluer les solutions. L’objectif de ce projet est de conduire la recherche par la conception pour définir un modus operandi innovant et expérimental synthétisé dans les écologies urbaines. Ce colloque a pour but de constituer un groupe de recherche basé sur une hypothèse de recherche partagée et de définir l’agenda de la recherche The comprehension of ecosystems requires an adequate architectural advance that operatively involves biology to approach problems and to evaluate solutions. The objective of this project is to conduct research by design towards the definition of an innovative and experimental modus operandi synthesized as urban Ecologies. The aim of the symposium is the constitution of a research group on the base of a shared research hypothesis and the definition of the research agenda. écologies urbaines à l’ESA/urban ecologies in ESA
In/Out
évènement/event
Nuit spéciale hiver 08 SPéCIALE NIGHT wINTEr 08
La Nuit Spéciale Hiver se tient chaque année fin décembre et rassemble tous les acteurs de la vie de l’école et leurs invités du semestre. La soirée est précédée par la cérémonie de remise des diplômes. Elle s’ouvre par la proclamation du palmarès des Prix Spéciale, remise de trophées rappelant les succès remportés par les enseignants, personnels administratifs, élèves et anciens élèves durant l’année. L’exposition Spéciale Hiver inaugurée par l’invité d’honneur, met en scène les travaux d’ateliers et de cours. L’invité d’honneur dont l’interview figure dans la présente édition prime l’exposition.
The winter Speciale Night is held every year at the end of December, and gathers together all of the actors of the life of the School and their guests for the semester. The evening is preceded by the diploma award ceremony. It is opened by the announcement of the winners of the Speciale Prizes, trophies awarded in recognition of the successes of teaching staff, administrative personnel, students and alumni during the year. The winter Speciale exhibition is inaugurated by the guest of honor, showcases work from workshops and lessons. The guest of honor, whom the interview is in this edition, awards the exhibition.
24-25
In/Out
évènement/Event
Caravane rouge, récits ambulants rED CArAVAN, TrAVELLING TALES Praline Gay-Para
En écho à l’exposition de la Fondation Cartier Terre natale, Ailleurs commence ici, la conteuse Praline Gay-Para est venue égrener ses récits ambulants, issus de faits divers ou de rumeurs urbaines, dans sa caravane rouge, installée dans le jardin de l’école du 20 novembre au 18 décembre 2008.
In keeping with the Cartier Foundation’s exhibition Native Land, Stop Eject, the storyteller Praline Gay-Para came along to present her travelling tales, gleaned from snippets of news or urban myths, in her red caravan sited in the School’s garden, from November 20 to December 18, 2008.
BEING
être spéciale aujourd’hui ToDAy
26-27
être Spéciale aujourd’hui
Odile Decq
éditorial EDITorIAL Penser la ville… Depuis deux mois, nous le savons, plus de la moitié de la population du globe vit en ville. Mais, dans quelle ville ? Ce n’est certes pas dans des tissus urbains tels que nous les connaissons au centre des villes européennes, protégés, préservés, visités par des hordes de touristes envieux, paraît-il, de notre qualité de vie en ville. Ce n’est certainement pas non plus dans des modèles de banlieues que l’on saurait décrire ou qualifier comme celui de la périphérie parisienne. Entre deux mégalopoles, il n’y a pas deux périphéries urbaines identiques. Mais c’est dans ces territoires urbains que vit aujourd’hui plus d’un habitant de la terre sur deux. De même, seulement la moitié des urbains vit de manière sédentaire en ville, les autres se déplaçant pour toutes sortes de motifs. Chaque territoire urbain est singulier, étendu ou ramassé, chacun offre des modes différents de vie urbaine. De Mexico, étendue sur plus de soixante kilomètres de long, à Singapour, contrainte et ramassée sur son île, de Los Angeles, étalée sur son territoire horizontal infini, à Hong Kong, compressée verticalement sur plusieurs niveaux, il n’y a rien de commun si ce n’est “une vie en ville”.
* Terre Natale, Ailleurs commence ici Raymond Depardon - Paul Virilio Fondation Cartier pour l’Art Contemporain 20 novembre 2008/15 mars 2009 * Native Land, Stop Eject raymond Depardon - Paul Virilio Cartier Foundation for Contemporary Art November 20, 2008/march 15, 2009
Il me semble qu’il ne sert plus à rien de vouloir définir le mieux ou un idéal de vie urbaine car chacun de ces territoires, malgré leurs extrêmes différences, a de multiples qualités et autant de défauts. Les urbains d’ici ne sont pas les urbains de là. Les urbains mobiles, d’ailleurs et pourtant déjà ici, pour paraphraser le sous-titre de l’exposition Terre Natale*, en constant déplacement vivent, quant à eux, dans un outland urbain. Utilisant les ressources des points d’intersection avec l’urbain que sont les aéroports, les ports et les gares qui se développent tels des condensés de ville hors de la ville d’origine ou au-dessus de la ville elle-même, ils inventent une nouvelle façon d’urbaniser et d’habiter le territoire du trajet. Il apparaît donc nécessaire de repenser la manière d’aborder et d’analyser ces territoires urbains, physiques et virtuels. Parce que les propositions de leurs aménagements ne pourront jamais plus être envisagées comme universelles, il nous faut donc inventer de nouveaux processus d’action. Alors, il devient primordial de repenser l’étude de la ville et l’enseignement de l’urbanisme. L’école Spéciale d’Architecture, elle aussi en constant déplacement de ses modes d’enseigner doit s’engager dans cette recherche. Paris, 10 janvier 2009
Odile Decq Directeur Général/General Director
being Spéciale today
Odile Decq
Rethinking the city… As we have now known for two months, more than half of the world’s population lives in towns or cities. But in which cities ? These are certainly not in the sort of urban areas with which we are familiar. The well-protected, well-preserved European city centres visited by hordes of tourists apparently envious of our quality of life in town. And it’s certainly not in what could be described as the model suburbs of outer Paris. when we compare major urban areas, we see that the outskirts of no two urban areas are alike. However, it is in these urban areas that today more than half of the world’s population are living. Similarly, only half of the urban dwellers lead a sedentary lifestyle in town, while the others are on the move, for all kinds of reasons. Each urban area is unique. whether wide and sweeping or dense and compact, each offers different urban living conditions. From mexico, spanning some sixty kilometers in length, to Singapore, a dense mass huddling on its island, and from Los Angeles stretching out into the horizon to Hong Kong, compressed and stacked vertically on numerous levels, there is simply nothing in common other than “urban living”. In my opinion, there is no longer any point in seeking to define the best or the ideal urban lifestyle as despite their colossal differences, each of these cities has numerous qualities and shortcomings. urban dwellers in one location are simply not the same as those elsewhere. Constantly on the move, mobile urban citizens, from elsewhere and already from here too, to paraphrase the subtitle of the Native Land* exhibition live in something of an urban outland. using the urban intersection points such as airports, ports and railways stations which developed like little towns within or even above the town itself, they are creating a new way to develop and inhabit the area through which they travel. Consequently, it appears that we therefore need to reconsider the way in which we approach and analyse these physical and virtual urban areas. As the proposed development for such areas can no longer be seen as universal, we need to create new means of action. with this in mind, it is vital that we review the way towns are designed and the way in which urban planning is taught. For its part, the école Spéciale d’Architecture also never stands still where its teaching methods are concerned, and today needs to throw itself fully into this research. Paris, January 10, 2009
being Spéciale today
Raymond Depardon
entretien avec raymond depardon INTErVIEw wITH rAymoND DEPArDoN Chacha Atallah & Ahmed Zaouche
C.A. & A.Z. : Les projets exposés lors de la nuit Spéciale 08 montrent bien que la photographie, qu’elle soit de maquette, de site ou de synthèse est omniprésente dans les travaux des étudiants. C’est à la fois un moyen d’expression et un processus de recherche. Aujourd’hui, la photographie d’architecture est publiée dans des magazines spécialisés, mais les clichés sont commandités par les architectes eux-mêmes. Peut-on considérer que c’est une technique ou un art à part même si elle acquiert quelques fois un usage de propagande ? Quel regard portez-vous sur les supports exposés ? Raymond Depardon : La photographie d’architecture est une pratique singulière qui ne peut être rattachée à d’autres catégories même si le donneur d’ordre, en l’occurrence l’architecte, peut être quelqu’un de très ouvert. En effet, elle s’éloigne beaucoup de la photographie traditionnelle et devient presque une image de synthèse. Ces dernières ont considérablement évolué et se projettent dans l’avenir. On ne sait plus si c’est de vraies photos ou une maquette. Il n’y a qu’à voir les rendus des grands projets comme les Halles ou La Défense. Moi qui ne suis pas du métier, je pense qu’il est important que les images d’architecture gagnent en précision pour éviter les erreurs d’arbitrage. Les images peuvent
c.a. & a.Z. : The projects exhibited during the Spéciale 08 evening clearly show that photography, whether model photography, site photography or computer-aided photography, is omnipresent in the students’ work. It is both a means of expression and a research process. Today, architectural photography is published in specialised magazines, but the pictures are ordered by the architects themselves. Should we consider this as a technique or as an art in its own right even if it is occasionally used for propaganda purposes ? How should we view the media exhibited ? Raymond depardon : Architectural photography is a unique activity which cannot be bundled in other categories, even if the client, in this case the architect, is someone extremely open. Indeed, it is quite a long way from traditional photography and can almost be seen as a computer generated image. The latter have undergone considerable development and have a bright future ahead of them. Today, we no longer know whether we’re looking at real photos or at a model. you only have to look at the pictures of major projects such as Les Halles or La Défense. Speaking as someone from outside the profession, I feel that it is important that architectural pictures achieve a high level of precision in order to avoid judgement errors. Pictures can deceive, and we need
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Raymond Depardon
être trompeuses et il faut alors aiguiser le regard. En photographie, je repère tout de suite ceux qui font avancer les choses. Il y a une vraie puissance dans leurs travaux. Je n’hésite pas, par ailleurs, à défigurer l’image d’un immeuble. Les étudiants sont très proches de moi. Ils sont multimédias, c’est-à-dire qu’ils peuvent faire une bonne photo sans être des professionnels, filmer avec une caméra DV, maîtriser la lumière et la prise de son, rédiger une déclaration d’intention et être capables de mettre tout cela en page. Il y a vingt ans, cela faisait défaut. L’architecte est aujourd’hui la personne la plus importante. Je le vois physiquement quand on fait visiter un nouveau bâtiment au Président de la République. C’est l’architecte qu’on écoute, il est le centre de l’image, la star. Depuis peu, les gens connaissent les architectes. Plus qu’un réalisateur, un metteur en scène ou un écrivain, un architecte réinvente la modernité d’aujourd’hui.
to guarantee a clear and precise view of things. In photography, I can quickly spot the people driving progress. Their work exudes real power. what’s more, I have no hesitation in completely disfiguring the picture of a building during my work. The students work closely with me. They are multimedia artists which means that they can produce a good photo without being professionals, filming using a DV camera, controlling light and sound, drawing up a statement of intent and able to handle the layout for all of this. That’s what was missing twenty years ago. Today, the architect is the most important person. I see this clearly when the President of the republic is being shown around a new building. It’s the architect that everyone is listening to. He’s the one at the centre of the picture. He’s the star. Quite recently, people started to hear more about the architects. more so than a director, a producer or a writer, an architect reinvents modernity, right here, right now.
C.A. & A.Z. : Quelle place prend l’architecture ou plus généralement l’environnement urbain dans vos œuvres ? S’agit-il d’un simple décor ou prétexte pour exprimer votre subjectivité ou bien affirmezvous un certain regard sur la ville ?
c.a. & a.Z. : what is the place of architecture or more generally the urban environment in your work ? Should it be seen as a simple decorative component or a pretext to express your subjectivity, or do you have a particular view on cities ?
Raymond Depardon : Moi qui photographiais beaucoup le désert et l’Afrique, j’ai toujours été intéressé par la notion d’enfermement dans la ville, c’est-à-dire son côté labyrinthique. Même dans le désert, je me débrouillais pour disposer toujours un mur quelque part. J’ai toujours eu cette volonté de dégager l’écoute. Le fond était très important pour moi. Ce qui est fort dans une photo de ville, c’est que le fond est photogénique. Je ne suis pas à l’époque d’Eugène Atget qui faisait des photographies pour que les peintres puissent s’en servir. Je suis d’une école où l’on fait en sorte que la photographie soit nette du premier au dernier plan, comme une peinture florentine. La ville a cet avantage d’être un décor extraordinaire pour le deuxième plan. Le premier plan est réservé aux personnages. J’ai un rapport assez paradoxal avec la ville. C’est certes le milieu qui m’a accueilli mais, au fond, je lui en veux, car j’y ai beaucoup souffert. Des villes comme Paris sont très sympathiques mais aussi très trompeuses. Il est si difficile de rencontrer des gens, de se faire inviter chez des bourgeois, les étrangers le confirment. Quand je vois quelqu’un d’étranger
Raymond depardon : As someone who has spent a great deal of time photographing the desert and Africa, I have always been interested in the notion of enclosure within cities, i.e. their maze-like aspects. Even out in the desert, I always managed to come up with a wall somewhere. I’ve always been keen to encourage others to listen. The background was always very important to me. what comes out strongly from an urban photo is that the background is photogenic. I’m not someone from the Eugène Atget era, when photographs were taken in order to be used later by painters. I come from a school of thought which insists that photographs should be crisp and clear at all distances, as in a Florentine painting. Towns and cities offer the advantage that they provide an extraordinary setting for the background. The foreground is reserved for characters. I have a fairly paradoxical relationship with the city. It’s certainly an environment which has warmly welcomed me but deep down I resent it as I have suffered a great deal here. Cities like Paris can be very pleasant but also very deceptive. It’s so difficult to meet people, and to get invited to middle-class homes, as any stranger will tell you. when I see someone
“un architecte réinvente la modernité d’aujourd’hui”
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Raymond Depardon
en ville, je ne le rate pas. S’il m’arrive également de photographier des gens heureux en ville, je suis néanmoins plus inspiré lorsque je croise des malheureux. La première ville que j’ai vraiment photographiée, c’est New York. Cette ville verticale, symbole du rêve américain, avec ses rues rectilignes. Dans mon dernier livre manhattan In/out, j’ai constaté qu’entre ma pensée et ma photographie d’il y a trente ans et aujourd’hui, il y a un immense décalage. New York n’est plus la ville paradisiaque où on habite dans un loft et mange des cheeseburgers. Les gens semblaient encore angoissés et traumatisés par le 11 septembre. Le piéton américain, multiracial, est bien plus exhibitionniste que le piéton français.
from abroad in town, I make sure I don’t miss him. I also occasionally photograph people who are visibly happy in the city although I am more inspired when I come across someone unhappy. The first city that I really photographed was New york, this vertical city, a symbol of the American dream with its rectilinear streets. In my last book Manhattan In/Out, I observed that between my thoughts and my philosophy there is a huge gap between the period thirty years ago and today. New york is no longer a dream city in which people live in loft conversions and eat cheeseburgers. People still appear traumatised and distressed by September 11. The typical multiracial American pedestrian is more of an exhibitionist than French pedestrians.
C.A. & A.Z. : Il y a dans votre écriture, un éloge de la lenteur. Comment appréhendez-vous les flux urbains, la dynamique des mégapoles avec leurs déplacements de personnes, d’objets et d’informations ? Comment rendre compte, par la photographie, du rythme d’une ville ? Est-ce que le déplacement vous importe plus que la qualité architecturale ?
c.a. & a.Z. : In your work, we find praise for a slow pace of life. How do you view urban flows, the dynamism of major urban areas with their constant streams of moving people, objects and information ? How do you capture the pace of the city through photography ? Is the movement aspect more important to you than the architectural quality ?
Raymond Depardon : J’ai 66 ans mais j’aimerais bien faire l’expérience de vivre dans des villes étrangères. Tokyo en ferait sans doute partie. Cette ville qui s’accommode des tremblements de terre est bien plus fascinante que New York. Elle me semble plus moderne. J’ai filmé des femmes seules qui s’y déplaçaient librement, ce qui est le signe d’une certaine sécurité voire d’un épanouissement dû à la qualité du déplacement autonome. Les transports en commun sont beaucoup plus développés que dans la vieille Europe, cette ville est donc en avance. J’ai mon bureau à Clamart, à dix kilomètres de Paris. Les gens ne veulent pas y aller.
Raymond depardon : I’m 66 years old but I would like to try my hand at living in foreign cities. Tokyo would doubtless be on my list. This city which adapts to earthquakes is much more fascinating than New york. It feels more modern to me. I’ve filmed women out on their own walking around freely, which is the sign of a certain degree of security and even of self-fulfilment thanks to the quality of the solo journey. The public transport system is far more highly developed than in old Europe, and this city is clearly streets ahead. my office is in Clamart, ten kilometers from Paris. People are not keen to go there.
C.A. & A.Z. : Ce qui est fascinant, c’est votre manière d’appréhender la ville. Vous parlez beaucoup de la marche à pied. On relève dans divers ouvrages : J’ai du mal à trouver mon souffle. massoud me dit souvent d’aller plus vite/Beyrouth ouest. Je marche dans les rues/Je pense des heures à tout cela, pendant des heures de marche/Je croise une dernière patrouille, la marche continue. Cela renvoie à Baudelaire, à Walter Benjamin et aux situationnistes. La marche c’est aussi ce souffle très présent dans vos légendes. Est-ce que votre propre souffle ou vos
c.a. & a.Z. : what’s fascinating is your approach to the city. you talk a great deal about walking. we discover this in a number of works : I had trouble catching my breath. Massoud often told me to go faster/West Beirut. I’m walking in the streets/I spent hours thinking about it all, during my hours of walking/I come across a final patrol, my walk continues. This brings us back to Baudelaire, to walter Benjamin and to the situationists. walking is also a frequent theme in your captions. Do your own physical capacities provide rhythm and pace for your images ? Is photography a physical activity in the
“j’aimerais bien faire l’expérience de vivre dans des villes étrangères”
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capacités physiques confèrent un rythme à vos images ? Est-ce que la photographie est un métier physique comme la sculpture sur bronze ? La marche à pied, estelle, pour vous, un processus de création ?
same way that bronze sculpture is for example ? Do you see walking as a creative process ?
Raymond Depardon : Il est certain que la photographie est un métier solitaire. Solitaire, célibataire et nomade. Il faut être, comme on dit dans les hôpitaux psychiatriques, parano-déambulatoire. Mais il y a aussi des démarches différentes : celui qui reste toujours au même endroit. Comme à l’asile où des malades se tiennent près du radiateur et ne bougent pas de la journée, certains photographes américains de rue comme Lee Friedlander (1) se placent au fond d’une rue et attendent pendant des heures un très bon équilibre. Ils dessinent un cadre incroyable que remplissent le hasard et la chance. J’ai choisi la méthode inverse consistant à marcher tout le temps et à ne jamais faire marche arrière. En marchant je trouve des idées, je me fatigue, je suis zen. Je fais des rencontres et j’agresse ainsi moins les gens. Je suis tour à tour, touriste, visiteur, flâneur. Je passe. Et puis il faut savoir qu’aujourd’hui, dans l’espace public, l’immobile est suspect. Tentez donc l’expérience Place Vendôme à Paris.
Raymond depardon : It’s certainly true that photography is a solitary business. A business for solitary, single and nomadic people. To steal an expression from the psychiatric hospitals, photographers need to be ambulatory paranoid. Just like the mental asylum where patients stay close to the radiator and don’t move all day, some American street photographers such as Lee Friedlander (1) position themselves at the end of the street and wait for hours until the overall balance is right. They create incredible settings in which hazard and chance are both key ingredients. I chose the opposite method which involves walking all the time and never retracing my steps. And while I walk I get new ideas, I wear myself out and I am at peace with the world. I meet people and am less aggressive with others. In succession, I’m a tourist, a visitor and a stroller. I’m just passing by. And it’s important to bear in mind that today, in the public environment, anything which stands still is immediately suspect. Just try this for yourself in Place Vendôme in Paris.
C.A. & A.Z. : On dit de vous, et vous vous en réclamez peut être, que vous êtes un photographe qui écrit et qui parle. Il ne s’agit pas de donner des grilles de lecture pour accéder à vos travaux mais d’affirmer un regard sur le monde. Ce qui caractérise souvent vos travaux, c’est le rapport au texte. Une dialectique forte image/texte vous sert à exprimer votre propre subjectivité. Ainsi des images d’information se superposent curieusement à des notes autobiographiques. Alors que l’univers de la photographie s’est largement vulgarisé, pensez-vous que l’écriture est aujourd’hui la condition d’existence d’un photographe ? Est-ce que vos mots ne sont pas aussi, pour vous, une manière de garder le contrôle et le pouvoir sur vos images et vice versa ?
c.a. & a.Z. : It is often said of you, and you perhaps agree with this, that you are a photographer who also writes and speaks. The goal is not to issue instructions to help people understand your work but rather to convey a certain view of the world. what often characterises your work is the relationship to text. A high image/text dialectic is used to express your own subjectivity. As a result, news and information pictures are curiously superimposed over autobiographical notes. At a time when the world of photography has largely widened its appeal to the general public, do you feel that writing is today the condition for a photographer’s existence ? For you, do your words not also offer a means of retaining control and power over your pictures and vice versa ?
Raymond Depardon : On m’a reproché, il y a quelques années de ne pas me déterminer comme photographe ou comme cinéaste. Des critiques comme Serge Daney de Libération ont dit que j’étais un enfant du miracle, c’est-à-dire un peu les deux. S’il y a quelques exceptions comme Agnès Varda et Kubrick, la photographie n’est pas la bonne porte pour accéder au
Raymond depardon : A few years ago, I was criticised for not stating whether I was a photographer or a filmmaker. Critics such as Serge Daney from Libération claimed that I was a miracle child, in other words a bit of both. with a few exceptions, such as Agnès Varda and Kubrick, photography is not the best road into the cinema industry. I write by necessity. I gained my
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cinéma. Et puis j’écris vraiment par nécessité. J’ai eu mon certificat d’études et c’est donc le minimum que je pouvais attendre de moi. Mes légendes ne sont pas vraiment des légendes. Ce sont, comme l’écrit Roland Barthes, soit des textes relais, soit des textes ancrages. L’ancrage c’est par exemple le Vietnam ou le Tchad. Le relais, c’est lorsque je parle de moi-même. Un amour malheureux par exemple. On m’a beaucoup attaqué là-dessus, puisque du temps où j’étais journaliste, je n’avais pas le droit de parler de moi-même. J’ai eu de grands moments de colère et de rupture dans mon expérience professionnelle. Quand je collaborais avec de grands journaux de gauche, je demandais à voir les légendes de mes photos avant publication. Un photographe qui exige de voir ses légendes ! Ce n’est pas possible ! Je ne voulais pas que mes images soient faussement orientées. Je voulais garder le contrôle de l’ancrage et y ajouter un texte relais : la mort de mon père ou une rupture amoureuse par exemple. Dès le démarrage, mes photos sont accompagnées de pensées. Ces pensées, même si elles ne sont pas écrites et formulées, je les ai en tête. La photographie est accessible à tout le monde, mais il faut avoir de la personnalité et ne pas avoir peur d’affirmer un récit personnel. Il ne faut pas suivre les modes ni les formats de production uniformisés.
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educational qualifications and so this was the very least that I could expect of myself. my captions are not exactly captions. As roland Barthes wrote, these are either link texts or anchor texts. For example, the anchor would be Vietnam or Chad. The link is when I talk about myself. A painful experience of love for example. I suffered numerous attacks because of this, as from the days when I was a journalist I was not allowed to talk about myself. I’ve had some particularly angry moments and turning points in my professional experience. Back when I was working with the major left-wing newspapers, I asked to see the captions of my photos before publication. A photographer demanding to see his own captions ! out of the question ! I wanted my pictures to be correctly pitched. I wanted to retain control over the anchor and to add a link text : the death of my father or splitting up with a partner, for example. From the very outset, my photos have always been accompanied by my thoughts. Although not written down and specifically formulated, I nevertheless have these thoughts in mind. Photography is accessible to everyone but you need to have plenty of personality and not be afraid to tell your own story. you should avoid following fashions or keeping to standardised production formats.
C.A. & A.Z. : Dans Ailleurs commence ici, l’exposition que vous présentez avec Paul Virilio à la Fondation Cartier, on retrouve de manière contradictoire et complémentaire, l’éloge de la lenteur, de l’enracinement, de la natalité et la dénonciation de l’hypermobilité généralisée, les phénomènes migratoires, les délocalisations au sens large. N’y a-t-il pas, de manière sousjacente, chez vous deux, l’évocation morose voire dramatique d’une fin du monde ? Ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui, la réalité géographique d’un territoire importe peu et que nous sommes, plus que jamais, rattachés à divers lieux d’ancrage et non plus à un lieu unique. Estce que vous ne confinez pas, chacun à votre manière, la notion d’identité dans un territoire délimité ? Ne sommes-nous pas d’une géographie multiple ? Les migrations des populations qui s’inscrivent dans un mouvement historique, ne constituentelles pas des richesses et des tremplins ?
c.a. & a.Z. : In Ailleurs commence ici, the exhibition that you are presenting with Paul Virilio at the Cartier Foundation, in something of a contradictory and complimentary manner we discover your praise of a slow pace of living, of roots, of natality, and your criticism of widespread hyper-mobility, migratory phenomena and relocations in the widest sense of the term. In all of this, are you not both also making a morose or even dramatic reference to the end of the world ? Do you not feel that today the geographical reality of a region or area is of little importance and that more than at any time before we are bound to numerous home areas and no longer to just a single location. Could it be said that each in your own way, you confine your notion of identity to a clearly marked out area ? Aren’t we now in a multiple geography scenario ? Do you not feel that population migrations, which are part of an ongoing historical process, also bring with them new sources of richness and opportunity ?
Raymond Depardon : Oui, mais il faut savoir que dans toute création il y a du
Raymond depardon : yes, but it must be borne in mind that in all creation there’s
“dans toute création il y a du tragique”
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tragique. Le tragique est une chose qui passe plutôt bien. Du moins par rapport à la vieille Europe, puisque l’Amérique a préféré la violence. Nous, nous sommes dans quelque chose de plus existentialiste. Paul Virilio a effectivement tendance à exagérer une certaine angoisse. On sait sans doute que le crash peut arriver, on aimerait mieux ne pas l’entendre. Il nous provoque un peu et c’est peut-être là son côté urbaniste et professeur. Dans son enseignement à l’ESA, je sais qu’il a toujours provoqué les élèves pour les mettre à contribution. Je serais aussi tenté d’être comme ça, en cinéma ou en photo. Et j’aime bien son côté avocat du diable. Je me définis comme un exilé de l’intérieur. Je suis né à Villefranche et je suis monté à Paris à seize ans. Si je n’avais pas cultivé ma passion pour la photographie, je serais peut-être à la place des paysans célibataires qui ont mon âge et que j’ai filmés dans la Vie moderne. Cela m’a taraudé pendant le tournage. Ma curiosité m’a sauvé. J’ai rencontré une femme qui est née à cinq cents kilomètres de mon lieu de naissance. Paris s’est construit sur des métissages. Je suis monté à Paris et mes fils iront peut-être à l’étranger. Je suis quelqu’un de relativement casanier, assez en retrait. On le ressent dans mes photos et dans mes films. C’est étrange d’être à la fois dans des projets comme Donner la parole et comme Tour du monde. Je me sens à la fois quelqu’un du xIxe et du xxIIe siècle, en orbite ! On le voit dans mes images textes : quand je suis à Park Avenue à New York, je regrette de n’avoir pas fait des photos de mes paysans et des foins. Il faut peut-être, à un moment donné, arrêter de fuir pour regarder d’où l’on vient. C.A. & A.Z. : L’espace public est plus que jamais saturé d’images parfois subversives, les images publicitaires notamment. Vous semblez préférer le terme image à celui de photographie pour caractériser vos travaux. Par ailleurs, vous écrivez dans Notes qu’il faut laisser le monstre de la télévision aller en avant, informer le grand public et que la photographie reprenne sa véritable place, une place qui est peut-être de second plan mais qui est à même de prendre son vrai rôle. Quelle est la place de la photographie dans l’espace public ? Qu’en est-il de votre nécessité de communiquer aux spectateurs les conditions d’élaboration de l’image ? Est-ce pour les protéger ou bien pour rééduquer le regard ?
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tragedy. Tragedy is something which is generally well accepted. At least where old Europe is concerned as America has preferred violence. we are experiencing something rather more existentialist in nature. Paul Virilio does indeed have a tendency to exaggerate anguish to a certain extent. we are no doubt aware of the fact that a crash can occur although perhaps we would rather not hear this. He provokes us a little, and this is perhaps the town planner and teacher showing through. In his teaching at the ESA I know that he has always provoked his students to get the best from them. I think I would also be tempted to act in the same way, whether in filmmaking or in photography. And I really enjoy his devil’s advocate approach. I would define myself as an inner exile. I was born in Villefranche and I came up to Paris at the age of sixteen. If I hadn’t given free rein to my passion for photography, I would possibly be one of the unmarried rural folk of my age that I filmed in Vie moderne. This is something which gave me cause for thought during filming. It was my curiosity which saved me. I met a woman who was born five hundred kilometers from my place of birth. Paris is built on interaction and combinations. I came up here to Paris, and my sons will possibly go abroad. By nature I’m quite a reserved, stay-at-home sort of person. This is something which shows through in my photos and films. It’s strange to be involved in projects such as both Donner la parole and Tour du Monde. I feel as if I’m simultaneously someone from the 19th and 22nd century in orbit ! This is something I see in my pictures and texts. when I’m in Park Avenue in New york, I regret the fact that I haven’t taken photos of my country folk and haystacks. Perhaps the time comes when we need to stop running away, and to look back and see where we came from. c.a. & a.Z. : The public space is more than ever before saturated with pictures, and occasionally subversive ones, advertising images in particular. you appear to prefer the word picture to photograph when describing your work. what’s more, you wrote in Notes that we should let the television monster roar on ahead, informing the general public and allow photography to regain its true place, a place which is possibly secondary but which allows it to assume its true role. what is the true place of photography in the public arena ? And what about your need to inform viewers of the
“Je me définis comme un exilé de l’intérieur”
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Raymond Depardon : C’est vraiment une citation qui me tient à cœur et j’y pense très souvent. Mais il n’y a pas que des choses négatives dans les images de rue ou de télévision, d’autant que les gens ont appris à lire une image. Même dans les Cévennes, les paysans sont méfiants, mais savent ce que c’est qu’une caméra et ils voient au-delà. Il y a un côté citoyen dans l’instantanéité d’une caméra. La photographie apportait une certaine ambiguïté dans les années 50/60 puisqu’elle était le premier véhicule d’information. Les gens étaient obsédés par l’existence de trucages, pratique très à la mode à l’époque. La photographie, c’est quelque chose d’infiniment solitaire, d’infiniment riche et universel. Quand nous avions fondé Gamma, nous avions
conditions involved in preparing the picture ? Is this done to protect them or to change their perception of things ? Raymond depardon : That’s a quotation which is very close to my heart and one which I think of often. But not everything in street or television pictures is negative, especially as people have now learned to interpret pictures for themselves. Even in the Cévennes, the rural population remain suspicious, but they know it’s just a camera, and they see beyond the illusion. There’s something very citizen-like in the instantaneousness of a camera. Photography was a source of some ambiguity back in the 50s/60s as this was the leading source of information. People were obsessed by the use of doctored
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fait une agence cinéma-télévision et une agence photographie. La photographie, c’est aussi quelque chose que l’on peut encore faire pour le plaisir et pour pas trop cher. Et là, je pense fort à l’artiste Jean Rouch (2) qui disait : “Attention, il ne faut pas être trop professionnel dans certaines catégories artistiques. Il faut avoir de la passion”. Contrairement à mes débuts, je gagne ma vie par le biais du cinéma et j’ai envie de rester photographe amateur. J’ai ressorti de vieux appareils aux couleurs très douces et je tiens une sorte de journal. Je prends des photos quotidiennement et ça me fait du bien. Dans le cadre physique d’une photo, il y a un phénomène de douleur. Je pense qu’il y a forcément une douleur en faisant une photo. Ce n’est pas tant le fait de photographier les autres, les inconnus dans la rue. Même si c’est votre amie ou quelqu’un de tout à fait consentant, voire un bouquet de fleurs, le fait d’appuyer vous confronte au phénomène du deuil. Tac, l’image est dans le passé. Et puis il y a de la lumière. Et la lumière c’est le bonheur. On garde ainsi une trace d’un moment qui va disparaître. Cette alternance et cet affrontement font que quelque soit le sujet, un immeuble ou une nature morte, c’est toujours extrêmement enrichissant. C.A. & A.Z. : Est-ce que vous diriez que le véritable rôle de l’artiste photographe c’est un témoignage d’existence ? Raymond Depardon : Le rôle du photographe est un drôle de rôle car il est plus confronté au deuil qu’aux autres. Passé, présent et futur. Le chercheur François Soulages (3) dit toujours que je suis dans la “nostalgie des possibles et l’enthousiasme des projets”. Entre les deux, il n’y a rien, c’est le présent. Et c’est très difficile. Il faut que le photographe soit un peu Lévi-Straussien, peut-être pas autant que Lévi-Strauss, trois ans de jungle et quarante ans de théorie. Je vois bien que mon point faible, mais c’est peut-être aussi mon charme, c’est que j’ai du mal à vivre dans le présent. Alain Bergala (4) avait écrit un beau texte sur les absences du photographe au moment de la prise instantanée. C’est assez paradoxal. Je passe rapidement du passé au projet futur. C.A. & A.Z. : Vous dîtes que votre ouvrage Errances est une quête du bonheur. Etait-ce une manière de renouer avec le présent ?
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photos, a practice employed widely back then. Photography is something infinitely solitary, infinitely rich and universal. when we founded Gamma, we created a cinema-television agency and a photographic agency. Photography is also something that can be done for pleasure, at a reasonable cost. Here, I’m thinking in particular of the artist Jean rouch (2) who once said : “Be careful, it’s important not to be too professional in some artistic categories. you need to have the necessary passion”. unlike my early beginnings, I earn my living through filmmaking and where photography is concerned I am keen to remain an amateur. I’ve dug out some old cameras with gentle colours, and I’m keeping a sort of diary. I take photos each day, and that’s something which I enjoy a lot. within the physical scope of the photo, we find the phenomenon of pain. I think pain is necessarily involved in taking a photo. It’s not so much down to the photographer but the others, the strangers in the street. Even if it’s your friend or someone you’re photographing with their consent, or even a bunch of flowers, pressing the button confronts you with the phenomenon of mourning. Click and there you go. The image is in the past forever. And then there’s the light. Light is joy. This means that we’re keeping a record of a moment which will disappear. This alternation and confrontation mean that regardless of the subject, whether a building or a still life, it is always extremely enriching for me. c.a. & a.Z. : would you say that the true role of a photographic artist is to bear witness to existence ? Raymond depardon : The photographer’s role is an odd one, as he’s far more frequently faced with mourning than others. And in the past, present and future tenses. The researcher François Soulages (3) always said that I exist in a state of “nostalgia for what is possible and enthusiasm for projects”. Between the two, there is nothing and that is the present. And this can be very difficult. A photographer must necessarily be something of a Levi-Straussian, although perhaps not as much as Levi-Strauss, with three years in the jungle and forty years of theory. I’m aware of my weakness, it also constitutes my charm, which that is that I have great difficulty living in the present. Alain Bergala (4) wrote an excellent text on the photographer’s absences
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être Spéciale aujourd’hui
Raymond Depardon : Tout ce qui avait été ma vie précédente de reporter ou de journaliste cessait d’exister. Je voyageais et je n’avais aucun compte à rendre. J’ai beaucoup voyagé avec une assistante que j’aimais beaucoup sans être amoureux d’elle et puis j’entretenais des relations très fortes avec des lieux. Le texte Errances est très oral et il m’a habité très fort. Il est né d’une recherche éditoriale. J’ai bien vu en assemblant moi-même la maquette du livre, que je ne pouvais pas mettre des photos en vis-à-vis. Il fallait remplir par des mots, par des sentiments et par des sensations. Ce n’était pas forcément de l’écriture, mais plutôt des mots. C’est un aboutissement. Une soudure entre la pensée et l’image. J’étais très libre. C.A. & A.Z. : Et la France ? Raymond Depardon : Je prépare un projet en ce moment sur la France. Il y a trois France : les centres-villes des grandes villes, les banlieues des grandes villes et tout le reste qu’on appelait vulgairement la province et qu’on qualifie aujourd’hui de régions. Cette province avec ses langues, ses habitats, ses commerces très diversifiés, j’ai ressenti le besoin de la photographier. Et c’est très difficile pour moi car c’est tout ce que j’ai essayé de fuir. Je parcours cette France avec mon camping-car très discret, peint en blanc. J’ai deux partenaires et notamment la mutuelle des architectes d’Ilede-France. Je fais des photos simples. Il s’agit essentiellement d’architectures généralistes ou génériques. Je disais il y a trois ans dans Le monde et ça n’a pas manqué : les Français vivent très mal. La gauche n’est pas passée. Le photographe peut aussi être une sorte d’éclaireur. Il observe et repère les choses qui bougent. On voit des choses bizarres, partout, en grand : sandwicheries. C.A & A.Z. : Chacun sait que le régionalisme en France tend aujourd’hui à se dissoudre. On assiste, en effet, à une réelle uniformisation des espaces urbains, que confortent les enseignes des grandes marques. Concernant votre deuxième France, c’est-à-dire les banlieues, vous écrivez dans Notes : “Il y a un marché pour la chronique des palaces et les drames de banlieue, mais il n’y en a pas pour la chronique des banlieues”. Pourquoi ce marché fait-il défaut ? Est-ce un goût pour le tragique ? Est-il possible
Raymond Depardon
during snapshots. It’s fairly paradoxical. I move quickly from the past to the project stage, the future. c.a. & a.Z. : you have stated that your work Errances represents a quest for happiness. Is this a way of reconciling yourself with the present ? Raymond depardon : All traces of my previous life as a reporter or journalist simply ceased to exist. I was travelling and had no need to justify myself to anyone. I travelled a great deal with an assistant who I liked a lot without being in love with her, and I also had a strong attachment to various places. The text of Errances is an extremely oral one, and represents a real part of me. It was derived from editorial research. when assembling the mock-up for the book, I realise that I couldn’t put the photos opposite each other. It needed to be filled with words, feelings and sensations. This wasn’t necessarily writing, but rather words themselves. It’s a sort of completion. A link between the thought and the picture. I was very free. c.a. & a.Z. : And what about France ? Raymond depardon : I’m currently preparing a project focusing on France. There are actually three France : the town centres of the major cities, the suburbs of the major cities and the rest, which is commonly referred to as the provinces, and which we today describe as the regions. I felt a real need to photograph these provinces with their huge variety of languages, architectures and trades. And this was very difficult for me because it is exactly this which I have tried to escape. I’m criss-crossing this France with my discreet white camping car. I am supported by two partners, and in particular the architects’ mutual fund for the Paris region. I take simple photographs generally of standard architectural features. It’s something I stated three years ago in Le Monde and it rings as true as ever : the French people are not faring well. The left failed to take power. The photographer can act as a sort of scout, observing and identifying change and action as it happens. And we see some very strange things, lifesize, everywhere we go : sandwich shops. c.a. & a.Z. : Everyone knows that regionalism in France is today on the wane. we are witnessing a genuine standardisation of our urban areas, spurred on by the major store chains. Concerning your
“ce n’était pas forcément de l’écriture, mais plutôt des mots.”
being Spéciale today
de montrer différemment des lieux fortement connotés dans l’imaginaire collectif ? La photographie peut-elle être une thérapie autant que la rénovation urbaine ? Raymond Depardon : C’est une vraie question que vous me posez là. Nous commençons à rattraper cet énorme retard. J’ai vu récemment un film où une femme blanche, modeste et fantastique, était obligée de quitter la cité des Bosquets (5). Elle expliquait que des années 60 aux années 90, elle a toujours vécu seule et très bien au milieu de cultures étrangères. Et puis un jour, elle se fait traiter de raciste par un jeune à côté de l’ascenseur. Elle dit alors : “Non, pas ça”. Il y a un vrai besoin d’écoute dans certains ghettos. J’aimerais bien travailler dessus, mais est-ce que mon écoute ne se fait que sur des points difficiles ou nostalgiques ? J’espère que non. Pour les films urgences et Faits divers, je me suis souvent mis en embuscade dans certains endroits parisiens. Je collaborais avec Daniel Angeli, aujourd’hui roi des paparazzis et dont les parents étaient d’Aulnay-sous-Bois. Les seules personnes de la banlieue que j’ai filmées étaient toujours des voleurs et des tricheurs issus de cultures mixtes ou étrangères et je me suis donc demandé si je ne contribuais pas à construire une image négative des étrangers. Et puis j’ai vu arriver des blancs, des violeurs et des violents. Dans les deux films que j’ai tournés sur la justice, j’ai fait un grand tableau dans lequel j’ai consigné le nombre et la situation physique des gens. Je disais au monteur : “Si tu m’enlèves le noir, tu me remets le blanc là”. Et j’ai fait très attention. Mes films focalisaient davantage sur l’écoute, sur la nature des personnes. Je suis aujourd’hui un privilégié du Vème arrondissement et je crois que l’architecte peut sauver des individus en difficulté en intervenant sur le mode d’habiter.
Raymond Depardon
second France, i.e. the suburbs, you wrote in Notes : “There’s a market for courtly chronicles and suburban dramas but not for suburban chronicles”. why is this market lacking ? Is this all down to a taste for tragedy ? Is it possible to offer a different portrayal of locations which have strong connotations in our collective imaginations ? In this respect, can photography be seen as a form of therapy in the same form as urban renewal ? Raymond depardon : That’s quite a question ! we’re beginning to catch up, which is just as well as we are a long way behind. I recently watched a film in which a fantastic, white, modestly-off woman was obliged to leave the Bosquets housing estate (5). She explained that from the 60s to the 90s she had always lived alone and lived happily among the various foreign cultures. And then one day, she was called a racist by a youth next to the lift. And she said to herself “No, not that”. There’s a real need to listen in some of these ghettos. I’d like to work on that, but would I only be listening where the more difficult or nostalgic points are concerned ? I certainly hope not. For the films Urgences and Faits divers I often set up ambushes in various parts of Paris. I was working with Daniel Angeli, who is today the king of the paparazzis and whose parents were from Aulnay-sous-Bois. The only people in the inner cities that I filmed were always the thieves and con-men from mixed or foreign cultures and I began wondering whether I wasn’t actually contributing to building up a negative image of foreigners. And then I saw white rapists and thugs arriving. In both of the films I worked on dealing with the justice system, I have drawn up a huge table on which I entered the number and physical situation of the individuals involved. I would say to the editor : “If you take out the black guy, you put the white guy in there”. And I was really careful. my films tend to be more focused on listening and upon the nature of the people involved. Today I’m a privileged citizen of Paris’s fifth district and I firmly believe that architects can save people in difficulty by directly affecting the way they live.
(1) Lee Friedlander : Photographe américain, né en 1934. Il travaille essentiellement sur le paysage social et urbain/American photographer born in 1934. His work chiefly focuses on social and urban landscapes. (2) Jean Rouch : Réalisateur de cinéma et ethnologue français, né en 1917 à Paris et décédé au Niger en 2004. Célèbre notamment pour sa pratique du cinéma direct et la docufiction, un sous-genre qu’il a initié/French film director and ethnologist born in 1917 in Paris, who died in Niger in 2004. Famous in particular for his direct cinema approach and his docufictions, a subgenre which he launched. (3) François Soulages : Professeur des Universités à Paris 8 et à l’Institut national d’histoire de l’art. Il est responsable de l’équipe de recherche “Art des Images et Art Contemporain”/university professor at Paris 8 and at the National art history institute. He manages the “Artistic Imagery and Contemporary Art” research team. (4) Alain Bergala : Essayiste et réalisateur de cinéma français, spécialiste de l’œuvre de Godard, ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma/French essayist and film director, specialising in works by Godard, and former chief editor of Les Cahiers du Cinéma. (5) Les Bosquets : Cité construite en 1960, à Montfermeil, Seine-Saint-Denis/Housing estate built in 1960, in montfermeil, Seine-Saint-Denis.
ProJECTS
Atelier 3X
3X studio
L’atelier 3x et un atelier d’architecture proposé aux étudiants de semestre 6. Dans cet atelier, trois architectes d’horizons différents, souvent étrangers, se succèdent pour encadrer les étudiants sur un projet spécifique à chaque fois, pendant quatre semaines.
The 3X Studio is an architectural studio offered to students in semester 6. In this studio, three architects from different backgrounds, often from abroad, follow on from one another in succession to supervise students for a different project each time, over a period of four weeks.
C’est l’occasion pour les étudiants de travailler selon un rythme intense sur des sujets distincts pendant un même semestre et de mettre à l’épreuve leur réactivité, leur autonomie et leur capacité d’adaptation. Au printemps 2008, l’école a accueilli dans ce cadre : Reza Azard/Projectiles-France, Przemo Lukasik/Medusa group-Pologne et Marie-Thérèse Harnoncourt/the next ENTERprise-Autriche. à l’automne 2008, l’atelier 3x a été dirigé successivement par : Lina Ghotmeh/Dorell.Ghotmeh.Tane Architectes-France, Yoshihiko Iida/Iida Archiship Studio-Japon et Mette Thomsen/CITA-Danemark. Chacun de ces architectes a permis aux étudiants de réfléchir sur des problématiques variées, le corps dans l’espace public, architecture et textiles, l’invisible observable… et de développer un travail tantôt expérimental, tantôt pragmatique. Marie-Hélène Fabre Directrice des études/Academic Head
This provides an opportunity for the students to work at a fast pace on separate subjects during the same semester, and to develop their responsiveness, their ability to work alone and their capacity to adapt. In spring 2008, the School welcomed the following architects as part of this programme : reza Azard/Projectiles-France, Przemo Lukasik/medusa group-Poland and marie-Thérèse Harnoncourt/the next ENTErprise-Austria. In autumn 2008, the 3x Studio was successively managed by : Lina Ghotmeh/Dorell.Ghotmeh.Tane Architectes-France, yoshihiko Iida/Iida Archiship Studio-Japan and mette Thomsen/CITA-Denmark. Each of these architects encouraged the students to give careful thought to a variety of problems including the body in public space, architecture and textiles or the observable invisible... and to develop working methods varying from the experimental to the pragmatic.
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Projets/projects
3X
3X
Un foyer dans l’ espace de l’ autre mAKING HomE IN THE SPACE oF THE oTHEr Semestre/Semester 6 Professeur/Teacher Lina Ghotmeh Assistante/Assistant Anne Schéou
This studio started from the students’ investigation of the space of the other in the context of a city familiar to them. Through the students’ subjective readings or underlining of relational contradictions in a field that is other to him, its aim was to lead into the production of third spaces or dimensions, dimensions that would question the boundaries between the enclosed architectured space, the legislated urban landscape and the perverted user of both of these environments. The process encouraged students to transgress these fixed boundaries in the quest for the blurred and the in-between. A transgression that would contribute into requestioning the way we produce spaces. The process students went through should have allowed them to build up a consciousness and a personal methodology for looking into the personnel for whom they were producing places.
Bubble gum Anna Mallac-Sim Mernoush Naraghi Chloé de Smet La cabine de téléphone a été choisie en tant qu’espace autre car insolite et anachronique, bulle privée dans un lieu public et déclencheur d’imaginaire au gré des objets abandonnés, traces de morceaux de vie. Le projet cherche à redéfinir la limite entre l’intérieur et l’extérieur, à remplacer la vitre de la cabine par une nouvelle peau, en déplaçant la symbolique de l’histoire des objets vers la mémoire des traces du corps et de ses mouvements. Comment venir habiter cette limite modelable et malléable, créer une interaction entre les bulles du passant et de l’usager, expérimenter l’espace de l’Autre ? The telephone box was chosen as another space as it is unusual and anachronistic, a private bubble in a public area, capturing our imagination with its abandoned items, and snippets of individuals’ lives. An effort has been made to redefine the boundaries between the inside and outside, replacing the telephone box’s glass with a new skin, shifting the symbolism of the items’ history to a lasting memory of the body and its movements. How can we exist within this mouldable and malleable area, creating an interaction between the spheres of the passerby and the user, experimenting with the space of Another ?
Le point de départ de cette étude est la recherche de l’élève sur l’espace de l’Autre dans le contexte d’une ville qu’il connaît. Par la lecture que fait l’élève et la valeur qu’il accorde aux contradictions relationnelles dans un domaine qui lui est Autre, le but est de conduire à la production de troisièmes espaces ou dimensions, dimensions qui remettraient en question les frontières entre l’espace architectural délimité, l’espace urbain réglementé et l’usage pervers de ces deux environnements. La démarche encourage les élèves à la transgression de ces frontières établies, à la recherche du flou et de l’entre-deux. Une transgression qui contribuerait à la remise en question de notre manière de produire des espaces. La démarche suivie par les élèves devrait leur avoir permis la construction d’une conscience et d’une méthodologie personnelles de la recherche sur les personnes pour lesquelles ils produisent des espaces.
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Projets/projects
3X
3X
des vies à paris LIVES IN PArIS
Semestre/Semester 6 Professeur/Teacher Yoshihiko Iida Assistante/Assistant Anne Schéou
we explored the idea of community by making a proposal for a five persons’ urban residence. The students had to determine each person’s profile, imagine their life style, their way of living together and of using common spaces. They had to make a program including individual as well as shared spaces. They also had to choose a specific site in the centre of Paris in order to establish possible bounds between the residential complex and its location, using the site’s immediate surroundings as a means to influence and shape the design of their project. To be successful projects had to address three different levels : the individual, the collective/common space, the public/city. Students were expected to be innovative and make design proposals that have not been seen before.
Nous avons exploré l’idée de communauté par le biais de la proposition d’une résidence urbaine pour cinq personnes. Les élèves devaient fixer le profil de chacune d’entre elles, imaginer leurs styles de vie, leurs façon de vivre ensemble et d’utiliser des espaces communs. Il leur a été demandé de travailler un programme comprenant des espaces individuels et des espaces partagés. Ils devaient en outre choisir un site spécifique dans le centre de Paris afin de préciser les liens possibles entre le complexe résidentiel et sa situation, et se servir de la proximité immédiate du site pour influencer et façonner la conception de leur projet. Afin d’être pertinents, les projets devaient aborder trois niveaux différents : l’individu, les espaces individuels/communs, le public/la ville. Les élèves devaient être innovants et faire des propositions de conception inédites.
greenpoint Anna Mallac-Sim Mernoush Naraghi Chloé de Smet Comment concilier un mode de vie urbain et une démarche écologique ? Qu’apporte une approche collective ? Comment faire entrer la nature dans un réseau urbain dense ? Le projet propose de réhabiliter un parking désaffecté de Montmartre. En conservant la structure existante et sa trame, des logements indépendants pour cinq familles sont créés autour d’un cœur commun : un potager et ses activités annexes. Chaque logement s’organise autour de ce noyau qui filtre l’espace public extérieur et définit une progression du collectif vers le privé. How can we reconcile an urban lifestyle with ecology ? what contribution can be made by adopting a collective approach ? How can we introduce nature into a dense urban fabric ? The aim of the project is to restore a disused car park in montmartre. By retaining the existing structure and its layout, independent accommodation for five families will be created around a shared central piece : a kitchen garden and its related activities. Each home is organised around this central core which acts as a filter for the outdoor public environment and marks a gradual progression from collective to private areas.
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Projets/projects
3X
3X TeXTiles TecToniqUes TECToNIC TEXTILES
Semestre/Semester 6 Professeur/Teacher Mette Ramsgard Thomsen Assistante/Assistant Anne Schéou
This studio investigated how tectonic textiles challenge the way we think, design and build architecture. what are the architectures and environments that a soft and pliable material suggests ? How can we draw and build an architecture defined along its skins rather than through its section ? How would programme and inhabitation take place within a malleable space designed around movement and behaviour ? The studio merged digital and physical tools to explore the design of textile spaces. Students built, sewed, knitted structures and explored their life worlds through film, photography and drawing.
Cet atelier a réfléchi sur la façon dont les textiles tectoniques questionnent notre façon de penser, de concevoir et de construire l’architecture. Quels sont les architectures et les environnements suggérés par un matériau souple et flexible ? Comment dessiner et construire une architecture définie le long de sa peau plutôt qu’à travers sa coupe ? Quelle est la place occupée par le programme et l’habitation à l’intérieur d’un espace malléable conçu autour du mouvement et du comportement ? L’étude a combiné des outils numériques et physiques dans l’exploration de la conception d’espaces textiles. Les élèves ont construit, cousu, tricoté des structures et exploré leurs mondes de vie au moyen de films, de photographies et de dessins.
Love room Chloé de Smet Inspiré par les interactions entre le vêtement et le corps, Love room est une chambre-lit à expérimenter par deux corps pour un moment d’intimité précieuse. Il s’agit de retranscrire les sensations procurées par un textile doux et soyeux et de jouer avec la superposition du tissu pour faire évoluer les espaces. Le textile devient la peau d’une structure métallique légère accrochée à la façade ouest de la tour Novotel de Beaugrenelle. Sensible au mouvement du corps et du vent, cette architecture aérienne accompagne les émotions des usagers. Inspired by the interaction between clothing and the body, Love room takes the form of a bedroom/bed to be experimented by two bodies, offering a moment of precious intimacy. The aim is to retranscribe the sensations offered by a soft and silky material, and to experiment with the superimposition of the fabric to change the areas concerned. The textile becomes the skin of a lightweight metal structure attached to the western facade of the Novotel Beaugrenelle tower. Sensitive to the movement of the body and the wind, this ethereal architectural structure mirrors the emotions of its users.
Habitat et migrations HouSING AND mIGrATIoNS
“Pour que le glissement soit possible vers la dimension de la communauté, parce que l’idéal du bien vivre avec autrui requiert un sens de la justice, parce que la politique est aussi le lieu de rencontre entre les individus et l’action publique, comme un tissu de relations humaines au sein duquel chaque vie humaine déploie sa propre histoire, nous n’acceptons plus aujourd’hui de concevoir la société comme un tout collectif s’imposant aux individus, mais nous la concevons comme le réceptacle d’expériences et de projets irréductibles les uns aux autres.” Fernand Braudel
“To ensure that a transition is possible to a communal dimension, because the ideal of happy cohabitation with others requires a sense of justice, because politics is also an interface between individuals and public action, just like the fabric of human relationships in which each human life has its own story and history, today we can no longer accept that society should be seen as a collective whole imposed upon individuals. Instead, we see it as a receptacle for experiences and projects, all of which are equally valid”.
“Que voulais-tu que ton fils apprenne dans la rue ? Quelles vertus croyais-tu qu’on y enseigne ? t’as pas vu comment ça pue dehors ? Mais comment ça sent la mort ? Quand tu respires ça, mec, tu es comme mort-né, tu finis borné à force de tourner en rond.” Laisse pas traîner ton fils/NtM “what did you expect your son to learn out on the street ? what sort of values do you think people are taught out there ? Haven’t you seen how it stinks outside ? It stinks of death I tell you man, when you breathe that, it’s like you’ve been stillborn. you end up narrow-minded because you spend so long going round in circles.” keep an eye on your son/ntm
“Les séjours prolongés sans abris dégradent la santé physique et morale. Le temps de sommeil insuffisant majore le stress, affaiblit les défenses immunitaires et accélère la perte d’identité et la désocialisation.” Lucy Orta
“Prolonged homelessness leads to a deterioration in both physical and mental well-being. Insufficient sleep increases stress, weakens the body’s immune system, and accelerates the individual’s loss of identity and desocialization.”
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Projets/projects
Habitat et migrations/housing and migrations
ToUr de la fraTerniTé FrATErNITy TowEr
Semestre/Semester 3 Professeurs/Teachers François Bouvard Platane Berès Olivier Leblois Vincent Parreira Assistants Guillaume Pfister émilie Ravaut Pierre-Arnold Daly Tienan Wang
Comment implanter de nouvelles tours dans l’urbanisme parisien, en évitant le ghetto de tours ou la rupture d’échelle avec le manque de relation entre l’objet érigé et son accroche urbaine ? La réponse se trouve dans la destination de la tour : tant que les tours demeureront de bureaux, lieux privés dont les espaces se coupent du collectif, elles resteront des objets fermés, conteneurs de niveaux empilés et clos entre eux. Il s’agit de concevoir une tour comme un espace vertical ouvert et multiple, directement relié avec le plan horizontal de l’urbain. Cette vision ouverte permet de penser librement sa structure et son enveloppe, afin d’y générer un monde partagé hautement habitable. La recréation d’une tour contemporaine passe par la pensée de la mixité de ses usages sociaux et par la définition spécifique de son identité. C’est pourquoi nous avons proposé de projeter, de son concept jusqu’à sa dimension constructive, une tour urbaine d’une nouvelle génération qui regroupe depuis le sol jusqu’à cent vingt mètres de haut, trois séquences majeures à composer spatialement. La Fraternité/Lieu d’accueil des personnes vulnérables sans abri, en proie au racisme, à la violence conjugale, à l’homophobie. La Tour de
la Fraternité s’affirmera comme celle des sans-logis, émergence emblématique de la place de l’autre dans la ville. L’égalité/Invention permanente de la démocratie, laboratoire des Droits de l’homme, regroupant les lieux de travail des associations de défense et des associations non gouvernementales tournées vers l’international avec l’égalité accessible à tous dans la tour. On y partage le travail associatif. La Liberté/Observatoire de la pensée contemporaine, lieu d’élaboration de Nouvelles Lumières, où le travail des intellectuels est mis en synergie, au contact des usagers de la Fraternité et de l’égalité. La stratification des trois séquences majeures est un point de départ à remettre en cause pour concevoir la stratégie spatiale de la tour. La Tour prend place sur le triangle de la place de l’île de Sein, au carrefour du boulevard Arago et de la rue du Faubourg Saint-Jacques, sur l’axe du Jardin du Luxembourg et de l’Observatoire d’astronomie. La Tour se signalera ainsi avec force dans le ciel de Paris. 1
1 Vincent Dufresne 2 Gali Cassagne 3 Tristan Delagneau
2
How can new towers be added to the Parisian urban landscape if we are to avoid tower block ghettos or oversized eyesores due to the new building being out of step with its urban surroundings ? The answer lies in the purpose of the tower as long as the towers are offices, private areas cut-off from the collective environment, they will remain enclosed objects, multilevel containers stacked and ring-fenced together. The goal is to design a tower as an open and varied vertical space, directly connected to the horizontal urban environment around it. This open vision makes it possible to freely and imaginatively design its structure and its envelope in order to create a shared and highly inhabitable world. The re-design of the contemporary tower involves completely rethinking the mix of social uses for the building and the specific definition of its identity. This is why we have proposed the creation, from design to construction, of a new generation of urban tower block which will incorporate three major spatial sequences from the ground up to a height of one hundred twenty meters. Fraternity/An area for welcoming vulnerable people, whether homeless, victims of racism, domestic violence or homophobia. The Fraternity Tower will be an area for the homeless, and an
emblematic statement of the place of the others within the city. Equality/Permanently inventing and reinventing democracy, constituting a laboratory for human rights, and including work areas for the civil liberties associations and nongovernmental associations with a decidedly international focus, offering equal access for all within the tower. Here, the work of the associations will be shared. Liberty/A fascinating hotbed of contemporary thought, an area where new ideas can emerge, and where the users of the Fraternity and Equality areas are brought into contact with the intellectuals’ work. The layered structure of these three major sequences is a starting point requiring consideration when designing the spatial strategy for the tower. The tower will be situated on the triangle running from the Place de l’Île de Sein to the crossroads between Boulevard Arago and rue du Faubourg SaintJacques, on the axis of the Luxembourg Gardens and the Astronomical observatory. The tower will therefore be strikingly visible on the Paris skyline. 3
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1
2
1 Alice Labourel 2 Charlotte Simoneau 3 Giulia Manini 4 Hugo Reymond 5 Ileana Andrea Altmann 6 Najib Wakhmis 7 StĂŠphane Lee 8 Takami Nakamoto
3 4
5
6
7 8
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Projets/projects
Habitat et migrations/housing and migrations
2
1
1 SĂŠbastien Bidault 2 Johnny Bocquet Boone 3 Tangi Defachelles 4 Paul Gilbert 5 Adrien Fenet 6 Axel Allione 7 Malik Lemseffer
3
4
5
6
7
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Projets/projects
drapeaU FLAG
Semestre/Semester 3 Professeur/Teacher Françoise Quardon
à partir d’une bibliographie proposée, les étudiants ont choisi un ouvrage théorique et une fiction, rendu une analyse générale ainsi qu’un commentaire précis et argumenté d’un extrait choisi et proposé en écho au projet de la Tour de la Fraternité, de la devise “Liberté égalité Fraternité”, un projet de drapeau répondant aux problématiques formelles et aux thématiques suivantes : emblème, déplacements et hybridation, strates et camouflage, mots d’ordre typographiques et leurs détournements, choix de codes colorés et de matières, format et recto verso, question de l’in situ et de la mise en scène. Based on the bibliography proposed to them, the students have selected a theoretical work and a piece of fiction, carried out a general analysis in addition to providing a detailed and justified commentary of a selected abstract, accompanying the planned Fraternity Tower project with its slogan of “Liberty, Equality, Fraternity” with a planned flag proposed in response to the following formal problems and themes : emblems, travel and hybridization, strata and camouflage, typographical watchwords and the way these are hijacked, the choice of colour codes and materials, size and the designs to be featured on both sides, or the question of in situ and display aspects.
Habitat et migrations/housing and migrations
Shopping flag Ileana Andrea Altmann De nos jours dans le contexte urbain, l’identité nationale ne prime plus. Elle s’est fragmentée et éparpillée en une multitude d’autres images, celle des marques. En parallèle, cette saturation fragmentée d’identités pousse notre société à un état de manque, de consommation, certes, mais au-delà de ce besoin premier, d’amour. Le shopping flag correspond à ce besoin de remplir, d’être rempli. Today, in urban environments, national identity is no longer paramount. It has become fragmented and dissipated into a multitude of other images, those of the brands. At the same time, this fragmented saturation of identities gives society a sense of loss, of consumption of course but beyond this basic need, of love. The shopping flag corresponds to this need to fill and be filled.
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Projets/projects
Habitat et migrations/housing and migrations
intimité nomade NomADIC PrIVACy
Semestre/Semester 1 Professeurs/Teachers Lionel lemire Greta Pasquini Assistants Antoine Dupont-Guerra Camille Lacadée
La greffe urbaine intime qu’on déplace et accroche quelque part, ailleurs, à volonté, suivant les besoins ou les envies. Conception, par extension, surélévation, ou hybridation d’espaces existants, d’unités minimales transportables, sorte de particules spatiales migratoires à emporter avec soi comme lieux nomades. Vocation : induire ou favoriser ou contenir une forme de lecture. Lire le monde, lire le lieu, se lire, lire. An intimate urban graft which can be taken and inserted somewhere else, wherever we wish, according to our needs or preferences. The design of, and resulting elevation or hybridization of existing spaces, minimal transportable units, resembling migratory spatial particles to be carried with you, like nomadic living areas. The purpose is to bring about, encourage or contain an interpretation. An interpretation of the world or of a place. Always interpret, interpret, interpret…
Plan B/b plane Aurélie Bouet Laure Hamelin Rebecca Perret Louise Reboul Quitter le monde du réel pour pénétrer dans un monde de rêve. Ce lieu inhabituel fait voguer l’esprit. Fiche technique : papier, colle, ballon, anneau, chaîne. Dimensions : diamètre 120 cm, capacité 1 personne. Prix : 2.222 € Leave the real world to discover a fantasy world. This unusual facility takes the mind and spirit on a flight of fancy. Technical details : paper, glue, balloon, ring, chain Sizes : diameter 120 cm, capacity 1 person. Price : €2.222
2nd Street Rome 75014 India Judith Angel Guillaume Colin Niccolo Fulchignoni Maxime Lemaistre Ils disent que je suis déraciné ; et ils se trompent. Ils pensent que la multiplicité des identités, des cultures et des horizons me pousse à la marge des nationalités. Je leur réponds simplement que je suis un citoyen universel, et que mes origines ne sont qu’enrichies par la découverte de celles des autres. Fiche technique : Haut-parleurs 20 watts, amplificateur, piles, Ipods, panneaux signalétiques. Prix : 700 € People say that I’ve lost my roots. well they’re wrong. They think that this kaleidoscope of identities, cultures and horizons has driven me out to the margins where nationality is concerned. I simply tell them that I’m a universal citizen, a citizen of the world, and that my origins are actually strengthened and enriched by discovering those of others. Technical details : 20 watts loudspeakers, amplifier, batteries, iPods, information panels. Price : €700
Métropolitain/metropolitan Dany Ang Tcheol-Jin Barc Alexia Brebant Clara Valli Créer un espace capable d’accueillir une solitude personnelle au sein d’une solitude collective. Fiche technique : Tubes plastique, livres, cahiers, ficelle. Dimensions : 1 wagon de métro. Prix : 1,6 € Creating an area for personal solitude within collective solitude. Technical details : plastic tubes, books, notebooks, string. Sizes : 1 metro carriage. Price : €1.6
Apprend-tissage/learning through interconnection Miriam Bennouna Louridi Mohamed El Mokhtar Kabbaj Caroline Mariet Margaux Trepsat Mettre en forme la relation entre l’identité individuelle et le lieu communautaire. Fiche technique : Sac poubelle, tubes Pvc, corde plastique. Dimensions : hauteur 2m, longueur 4m. Capacité : 1 personne. Prix : 7880,16 € A visual representation of the relationship between individual identity and the community. Technical details : dustbin bag, Pcv tubes, plastic cord. Sizes : height 2m, length 4m. Capacity : 1 person. Price : €7880.16
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Projets/projects
Habitat et migrations/housing and migrations
Du fond du lit/Voyage, voyage Journeys in bed Nicolas Bellet Guillaume Valente Nicolas Violette So Yoon Yoon Voyager allongé, voyager immobile. Un songe. Un rêve. Un lit. Se perdre dans un monde intérieur. Intimité enfantine. Couette matrice, couette protectrice. Tapis volant intime. Fiche technique : couettes, mousse, plumes, oreillers. Prix : 666 € we discover a traveller lying down, completely immobile. we discover dreams, thoughts, and a bed. A chance to lose oneself in an inner world, in a childlike intimacy. The world of a padded quilt, a protective quilt. A very personal flying carpet Technical details : quilts, foam, feathers, pillows. Price : €666
S’envoyer en l’air/s’envoyer en l’air Olivier Caudal Elliot Litrowski Jean-Frédérick Loko Clément Niau L’improbable devenu concret. Le saut, le vide n’est que le début. Le danger devient une expérience. Poésie d’un départ sans arrivée. Fiche technique : tubes Pvc, corde, vis, écrou, papier. Prix : 85 € The unlikely becomes reality. That leap into the abyss is only a beginning. Danger becomes an experience. The sheer poetry of a departure with no arrival. Technical details : Pcv tubes, rope, screws, nuts, paper. Price : €85
nouvelle étape nouvel horizon a new step, a new horizon Alexis Geoffroy Houinne Kim Cécile Lauvinerie Laura Miler Créer un lieu de lectures facilitant l’intégration lors d’une migration. Fiche technique : sacs poubelle, corde, tubes Pvc, ficelle, plastique, tabourets, nylon. Prix : inestimable. Creating an interpretation area facilitating integration during migration. Technical details : dustbin bags, rope, Pcv tubes, string, plastic, stools, nylon. Price : inestimable.
Accidents quotidiens/daily accidents Juliette-éléonore Kosisek Paul Moreau Mamoun Rtal Bennani Arrêter son mouvement c’est comprendre son chemin. La décomposition du mouvement portée par la mesure du temps transforme le paysage en espace. Fiche technique : stores de récupération, bois, papier kraft, vis, clou, écrou. Dimensions : hauteur 210 cm, capacité 1 personne. Prix : 10 € when you stop moving, you can finally understand where you are heading. The breakdown of movements through the measurement of time transforms the landscape into space. Technical details : scrap blinds, wood, craft paper, screw, nail, nut. Sizes : height 210 cm, capacity 1 person. Price : €10
Striptease Maxime Cargill Hugo Delord Victor Roucache Pierre-Alexandre Treust Dévêtir pour construire et revêtir. C’est sans rien, seul son bagage en main, qu’il arrive à destination. S’intégrer, se déshabiller, se dévêtir, quitter, ressembler, s’habiller, revêtir, changer. L’homme qui migre est souvent contraint de quitter ses habits dans le but de s’intégrer. Fiche technique : jeans, pull, T-shirt, caleçon, culotte, chaussettes, soutien-gorge, sable, ficelle. Prix : 185 francs Cfa/kilo (producteur) = 0,32058 €/kilo. Strip to build and assume. He arrives at his destination with nothing other than his hand luggage. Integrate, undress, strip, leave, gather, dress, assume and change. when a man migrates he is often forced to cast off his old clothes in an effort to integrate. Technical details : jeans, pullover, T-shirt, underpants, knickers, socks, bra, sand, string. Price : 185 Cfa francs/kilo (producer) = €0.32058/Kilo
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Projets/projects
Habitat et migrations/housing and migrations
MicroarcHiTecTUres Semestre/Semester 1 Professeur/Teacher Marc Vaye Assistant Félix de Montesquiou Consultants Marie-Pierre Caley/Acted Priscilla de Moustier/Oxus
Nous avons commencé par l’espace au Japon : la découverte d’une spatialité compacte, qualifiée d’existentielle tant elle induit une architecture en prise avec les sens du corps dans le paysage. Un autre paradigme : éloge de l’ombre, tatami, shoji, fusuma, engawa. Puis nous avons découvert le Dymaxion, la voiture goutte d’eau de Buckminster Fuller, l’Airstream Clipper, la caravane en aluminium de Wallace Merle Byam. Aérodynamisme, légèreté, les attributs de la mobilité habitable. Enfin nous avons analysé Shigeru Ban, Lucy Orta et l’urgence. Celle des migrations massives pour raisons politiques, économiques ou environnementales. Celle de l’urbanisation généralisée sous toutes les latitudes. Les scénarios et les contextes étaient libres et à définir, la variété des propositions en témoigne.
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we began with the notion of space in Japan where we discovered a compact approach to space, which can be described as existential as it results in an architecture perfectly matching the notion of the body within the landscape. Another paradigm : in praise of shadows, tatami, shoji, fusuma, engawa. Next, we discovered the Dymaxion, the teardrop car from Buckminster Fuller, and the Airstream Clipper, the aluminium caravan from wallace merle Byam. Aerodynamic performance and lightweight construction are all characteristics of mobile accommodation. Finally we analysed Shigeru Ban, Lucy orta and the emergency facing us. That of huge migrations for political, economic or environmental reasons. That of standardised urban planning in all parts of the world. The scenarios and contexts were left free and open to definition, as shown by the variety of ideas and proposals put forward. 2
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1 Capsule express Evelyne Sou 2 Subprims’ solution Rachel Tricon 3 Palettes/pallets Boris Lefevre 4 Flexiome Melinda Cohen
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5 Recycle home Aurélien Bonvalet
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écohabitat ECo-HouSING
La Fondation Abbé Pierre s’est engagée activement depuis 2006 dans la lutte contre la précarité énergétique en signant notamment le manifeste Habitat, précarité sociale et énergie avec d’autres organismes. En effet, à la crise du logement qui s’amplifie, s’ajoute aujourd’hui l’augmentation du prix des énergies et des fluides en général. Frappés d’une double peine de l’habitat, les ménages pauvres et modestes vivent dans des logements moins confortables, mais aussi plus onéreux du fait de leur moindre qualité. Ainsi, quand il y a 30 ans, le coût du logement au sens large représentait 12% du revenu des ménages, il représente aujourd’hui la même part pour les 20% des ménages les plus aisés, mais a doublé, soit 24%, pour les plus modestes. La Fondation Abbé Pierre se bat pour que soient produits en suffisance des logements adaptés aux ressources des ménages. Cet objectif doit aujourd’hui être décliné sous l’angle des loyers, mais aussi sous celui des charges : le programme 2000 Toits pour 2000 Familles lancé en 2008 a ainsi comme axe prioritaire la production de logements économes en charges, et spécialement en dépenses énergétiques. Cette démarche relève-t-elle du développement durable ? Indéniablement, lorsqu’on en relit la définition proposée en 1987 par la commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le rapport Brundtland : “Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de besoins, et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité”. C’est avec cette lecture que la Fondation Abbé Pierre s’est impliquée dans l’appel à idées pour un habitat éco-responsable lancé par la Cité de l’architecture et du patrimoine.
Since 2006, the Abbé Pierre Foundation has been actively involved in the fight against energy precariousness, including via the signing of the Housing, social and energy precariousness manifesto with other organisations. The growing housing crisis is today being accompanied by a rise in the price of energy and utilities in general. Faced with a twofold housing shortage, poor and modestly-off households find themselves living not only in less comfortable accommodation but also more expensive accommodation due to its lower quality. Thirty years ago, the cost of housing in the widest sense of the word accounted for 12% of household income. Today, it still accounts for the same percentage for the wealthiest 20% of households, but has doubled, i.e. 24%, for the poorest. The Abbé Pierre Foundation is campaigning to ensure the creation of sufficient quantities of homes suited to the budgets of lower income households. This target naturally concerns rent levels, but also the cost of ancillary charges. The priority of the Homes for 2000 families programme launched in 2008, is to guarantee the production of homes generating low levels of costs and charges, particularly where energy expenditure is concerned. So should this initiative be viewed as sustainable development ? Naturally, because when we examine the definition proposed in 1987 by the world Commission on the Environment and Development in the Brundtland report we find the following definition : “Development that meets the needs of the present without compromising the ability of future generations to meet their own needs. Two concepts are inherent to this notion : the concept of needs and particularly the essential needs of the most vulnerable, to whom it is agreed the greatest priority must be given”. It is with this definition in mind that the Abbé Pierre Foundation is participating in a call for ideas for ecologically responsible housing, launched by Cité de l’architecture et du patrimoine.
Bertrand Lapostolet Fondation Abbé Pierre Responsable du Programme 2000 Toits pour 2000 Familles Head of Homes for 2000 families programme
www.fondation-abbe-pierre.fr/actions.php?filtre=action_chantiers
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Projets/projects
éco-habitat/eco-housing
concoUrs HabiTaT éco-responsable MiniMUM eT éconoMiqUe THE ECoLoGICALLy rESPoNSIBLE, mINImum, Low-CoST HouSING ComPETITIoN Semestres/Semesters 7&8 Professeur/Teacher Fabienne Bulle Assistant Paul-Emmanuel Loiret
La Cité de l’architecture et du patrimoine poursuit sa prise de position en faveur du développement durable en organisant en 2009 une grande exposition, prospective et très ouverte à l’international, consacrée à l’habitat écologique ainsi qu’à une vision globale de la démarche écoresponsable dans le bâtiment et l’urbanisme. Elle présentera notamment les résultats de deux appels à idées, le premier pour un Habitat éco-responsable densifié ouvert à huit équipes d’architectes et le second pour un Habitat écoresponsable très social ouvert aux étudiants de cinq écoles : ESA, Ensa de Versailles, Paris-la-Seine, Grenoble, Clermont-Ferrand. L’objectif est de concevoir une cellule d’habitat minimum de 50m², écologique et économique, destinée aux populations les plus défavorisées, qui ne soit ni un habitat d’urgence ni un habitat temporaire, hébergement, mais un habitat de qualité, logement, offrant de multiples possibilités d’usages et d’extensions, et intégrant les critères de développement durable.
The Cité de l’architecture is continuing its work aimed at encouraging sustainable development by organising a major forward-looking exhibition in 2009, with a strong international focus, devoted to ecological housing and to a complete overview of the ecologically responsible aspects of construction and urban planning. In particular, it will be presenting the results of two calls for ideas, the first for high density ecologically responsible housing, open to eight architectural teams, and the second for highly social, ecologicallyresponsible housing open to students from five schools : ESA, Ensa from Versailles, Paris-la-Seine, Grenoble and Clermont-Ferrand. The aim is to design a minimal accommodation unit of 50m², which should be ecological and economic, aimed at some of the poorest sections of the population. This should be neither emergency accommodation nor temporary accommodation, but instead should take the form of highquality housing offering a wide range of uses and extensions, and fully incorporating sustainable development criteria.
Entre les murs‌ le hamac between the walls... the hammock Jeremy Ghezzi
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Projets/projects
Habitat par la paroi/partition accommodation Hugo Chauwin CĂŠsar Silva
ĂŠco-habitat/eco-housing
L’âtre/the hearth François Leblanc Fabien Picaud Deuxième Prix Projet sélectionné pour être construit. Second Prize Project selected for construction.
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Projets/projects
éco-habitat/eco-housing
ici eT ailleUrs HErE AND ELSEwHErE Semestre/Semester 4 Professeur/Teacher Serge Joly Assistant Joaquim Sylvestre
Du contexte au projet Face à la démultiplication des labels environnementaux, des nouvelles réglementations de plus en plus strictes et de l’émergence d’une nouvelle économie autour des thèmes de l’écologie, il est indispensable et urgent de porter une réflexion élargie, mondialisée, critique et éthique sur ces enjeux qui sont amenés à révolutionner la pratique architecturale. La réflexion est appliquée à cinq sites : Pune/Inde, Maroc, Paris/France, Rio de Janeiro/Brésil, Kiruna/Suède. Chaque site implique des problématiques spécifiques, chaque projet constitue une réponse appropriée et opérationnelle. La problématique environnementale est globale mais les réponses sont spécifiques et locales. L’objectif est de démontrer qu’il n’existe pas de pensée toute faite ou de dogme, mais la nécessité de développer des analyses approfondies et des solutions adaptées à des environnements qui ont leurs spécificités géographiques, climatiques, sociales et culturelles. Tout projet environnemental pose des questions qui dépassent la simple problématique formelle et positionne la réflexion architecturale comme la synthèse d’un ensemble de moyens disposés en vue d’une stratégie.
from the background through to the project Faced with the upsurge in the number of environmental labels, new and increasingly strict regulations, and the emergence of a new economy based on ecological themes, it is both vital and urgent that wider, global, critical and ethical analysis be undertaken of these challenges, which look set to revolutionise architectural practices. This analysis concerns five sites : Pune/India, morocco, Paris/France, rio de Janeiro/Brazil and Kiruna/Sweden. Each site has its own specific problems, with each project involving a need to provide an appropriate and operational response. The environmental problem is a global one, although the responses should be specific and local. The goal is to demonstrate that there is no universal formula or dogma, but instead a need to perform in-depth analyses and to come up with solutions adapted to different environments with different geographical, climatic, social and cultural characteristics. Each environmental project raises questions which go beyond simple formal problems, with the result being that the architectural analysis should be seen as the synthesis of a series of resources made available in support of a strategy.
1 Pavillons ĂŠcologiques ecological pavilions 1 Mohamed El Moumni 2 Kenza Benkirane 3 Benedetta Frati
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périurbain SuBurBAN
post-urban imaginary Situated along a relentless stretch of autoroute that leads from La Defense to Nanterre, Philippe Barrière’s site is the troubled piece of a grand axis that begins at the Louvre Pyramid in historic Paris, passes through the Grand Arch, and persists as largely peri-urban zone until Saint Germain-en-Laye. It is a hostile and indifferent site : noisy, windy, vibrating, already reclaimed for urban renovation. The students were asked to confront its isolation, division, and lack of orientation as a typical post-urban condition, at once the consequence of failed planning and an opportunity to portend new relations between man and nature. The studio was therefore cast within the framework of landscape urbanism, a creative and radical form of address to the processes of capital accumulation, deregulation and decentralization, post-industrialization, globalization, informal labor relations, the growth of tourism and environmental priorities. Landscape urbanism is an ecological model that insists on complex interactions across systems, fields, flows, and patterns, which in nature are unstable, contingent, evolve over time, and change unpredictably. In an ecological context, architecture is an agent that acts across this field, producing incremental and cumulative effects, a sort of état provisoire. working as urban ecologists, students prepared flexible, temporal, and provisional responses to this highway passage that, in turn, yielded new working methods, new programs, and new techniques of representation. Andri Gerber’s studio also insists on a post-urban condition, but he dispenses quickly with the particulars of site and architectural projects, imposing only a vague and rambling subject, the
L’imaginaire post-urbain
banlieue. Excessively contradictory, the parisian banlieue are the focus of renovation, demolition, displacement, revaluation, economic inequality, violence, ethic and racial isolation, and political and media opportunism. The banlieue are as well as the loci of memory, hope, desire, experimentation, and unexpected reversals. unlike Barrière, who believes architecture can itself resolve post-urban contradictions, Gerber takes the processes of process more seriously. Interested in discourse, Gerber asked his students to throw themselves into the distinction between describing and narrating the identity and territory of the banlieue. working on the passage from description to narration, in the knots where the two concepts overlap and then separate from one another, or, as Deleuze would have it, where the wasp and orchid become one another, avoiding the architectural project, Gerber insists on a creative gaze, one that integrates the complexity and contradictions of the banlieue without firming them up as resolution. Synoptic maps, diagrams, and plans are then valuable tools in the service of literature, myth, projection, unconventional histories, imagination, and individual storytelling. An eidetic language emerges from interdisciplinary research. A more comprehensive vision illuminates how process itself can stage new models and promise in the throes of daily life. His essay is an excellent starting point for those architects taking on the goals and promise of landscape urbanism, which, in the end, seeks to animate and enrich our collective imagination. marie aquilino
Situé le long d’un tronçon implacable d’autoroute entre La Défense et Nanterre, le site de Philippe Barrière est la partie agitée d’un grand axe qui a comme point de départ la Pyramide du Louvre, dans le Paris historique, traverse la Grande Arche et se poursuit au travers d’une zone fondamentalement périurbaine jusqu’à Saint Germain-en-Laye. Il s’agit d’un site hostile et froid : bruyant, balayé par le vent, secoué, déjà destiné à la rénovation urbaine. Les étudiants devaient faire face à son isolement, sa division et son absence d’orientation, typiquement post-urbains, comme étant à la fois la conséquence de la mauvaise planification et l’occasion de faire présager de nouveaux rapports entre l’homme et la nature. L’étude a été donc lancée dans le cadre de l’urbanisme paysager, une façon créative et radicale de faire face à la démarche d’accumulation du capital, la déréglementation, la décentralisation, la post-industrialisation, la globalisation, les relations du travail informelles, la croissance du tourisme et les priorités environnementales. L’urbanisme paysager est un modèle écologique qui insiste sur les interactions complexes entre les systèmes, les domaines, les flux et les schémas, qui sont par nature instables, contingents, variables dans le temps et sujets à d’imprévisibles changements. Dans un contexte écologique, l’architecture est un agent qui intervient au travers de ce domaine produisant des effets progressifs et cumulatifs, une sorte d’état provisoire. Travaillant comme des écologistes urbains, les étudiants ont préparé des réponses souples, temporaires et provisoires à ce passage autoroutier qui, à son tour, a généré de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux programmes et de nouvelles techniques de représentation. L’atelier Andri Gerber insiste également sur les conditions post-urbaines, mais se passe très vite des détails du site et des projets architecturaux, imposant
uniquement un sujet vague et mouvant, la banlieue. Excessivement contradictoire, la banlieue parisienne est le noyau de la rénovation, la démolition, le déplacement, la réévaluation, l’inégalité économique, la violence, l’isolation ethnique et raciale et l’opportunisme politique et médiatique. La banlieue est également lieu de mémoire, d’espoir, de désir, d’expérimentation et de renversements inattendus. à la différence de Philippe Barrière, qui croit que l’architecture en elle-même peut résoudre les contradictions post-urbaines, Andri Gerber prend le processus des démarches plus sérieusement. Intéressé par le discours, Andri Gerber demande à ses élèves de se lancer dans la distinction entre la description et la narration de l’identité et du territoire de la banlieue. Travaillant sur le passage de la description à la narration, sur les nœuds dans lesquels les deux concepts se rejoignent puis se séparent l’un de l’autre ou bien, comme le dirait Gilles Deleuze, où la guêpe et l’orchidée se fondent, évitant le projet architectural, Andri Gerber insiste sur le regard créatif, qui intègre la complexité et les contradictions de la banlieue sans les stabiliser dans une résolution. Les cartes synoptiques, les schémas et les plans sont donc des outils précieux au service de la littérature, du mythe, de la projection, des histoires non conventionnelles, de l’imagination et du raconter individuel. Un langage eidétique de la recherche interdisciplinaire émerge. Une vision plus complète éclaire la façon dont la démarche en elle-même peut mettre en scène de nouveaux modèles et des promesses dans les affres de la vie quotidienne. Son essai est un excellent point de départ pour les architectes qui adoptent les buts et les promesses de l’urbanisme paysager qui, finalement, cherche à animer et à enrichir notre imagination collective.
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Projets/projects
Péri-urbain/suburban
Hic sUnT leones Semestres/Semesters 7&8 Professeur/Teacher Andri Gerber Assistante/Assistant Julie Degand
the Banlieue project
Le projet Banlieue
“we learn to know the world, by learning to know our knowing”. Hans-Jürgen Heinrichs, 1996.
“Nous connaissons le monde à travers la conscience de comment nous connaissons”. Hans-Jürgen Heinrichs, 1996.
The investigations on post-urban conditions reveal since long, an increased attention rather for the representation and approach, than for the object of representation itself. These modes of approach can be subsumed as the difference between description and narration. while description attempts the closest possible approach to his subject, the narration is a “passage à l’acte” that evades all kind of description. This difference has been the frame for the studio in the approach to the parisian banlieue, the case study of this semester. The saying hic sunt leones has been the instrument to transform research and analysis into a project. It refers to ancient creative cartography but also to its re-interpretation in contemporary anthropogeography, such as in the work of Edward Soja or of David Harvey.
L’approche de la ville post-urbaine révèle depuis longtemps une attention plutôt pour les modes de représentation, que pour l’objet lui-même. Ces modes d’approche peuvent être résumés avec la différence entre une description et une narration des faits urbains. Si la description essaie de circonscrire son objet, la narration est un passage à l’acte qui s’évade de toute description. Cette différence a été le cadre dans lequel le studio s’est posé la question de l’approche de la banlieue parisienne. La formule hic sunt leones, qui renvoie à la cartographie “créative” du moyenâge et, par cela, aussi à l’anthropogéographie contemporaine de David Harvey ou de Edward Soja, a été le levier pour faire de la recherche un projet et questionner la relation entre ces deux derniers.
The projects have been developed around the main elements of the banlieue – the grands ensembles, the settlements of single detached houses, malls and mosques – and have been developed in narrations.
Les projets se sont développés autour des quatre éléments principaux de la banlieue – les grands ensembles, le pavillonnaire, les centres commerciaux et les mosquées – et ont été présentés par des narrations.
the grands ensembles tour by banlieue Rama Heritage =Tourisme = Business=Pervert effects
Patrimoine=Tourisme=Affaires= Effets pervers
what if Grands Ensembles are classified historical monument ! maybe a good idea for identity of the people who live there. what about tourists, don’t they have prejudice ? Tourism and tour guide will grab the opportunity to value an heri¬tage but for its spectacular part : violence, social gap,... It’s a risky pervert effect of the mass tourism.
Et si les Grands Ensembles étaient classifiés monument historique ! Peut-être une bonne idée pour l’identité de la population qui vit là. Et les touristes, ont-ils des préjudices ? Tourisme et guide touristique offrent l’opportunité de valoriser un patrimoine, mais pour sa part spectaculaire : violence, inégalité sociale, … C’est un effet pervers risqué du tourisme de masse.
Subversive heritage of the banlieue Bérénice Gaussuin
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Projets/projects
Péri-urbain/suburban
non lieU coMMe MilieU NoN-PLACE AS AN ENVIroNmENT Semestres/Semesters 7&8 Professeur/Teacher Philippe Barrière Assistant Christian Kerrigan
Les autoroutes traversant les métropoles périurbaines participent à leurs caractères immaîtrisables. Elles n’apparaissent plus comme un réseau unifiant mais comme un réseau divergeant qui finit dans les culs de sac des parkings des centres commerciaux, des cités ou des lotissements. De plus, elles nient tout ce qui les a précédées sans offrir d’autres solutions que celles de leur propre expansion. Le développement du périurbain ne répond qu’aux nécessités immédiates qu’il a dû satisfaire. Il s’inscrit dans un présent qui a formulé une finalité sans capacité à incarner une origine porteuse d’avenir. Sa représentation renvoie à une altérité irrémédiable et à une privation de valeurs civilisatrices. Comment ces milieux peuvent-ils changer la réalité dont ils sont le produit ? Comment peuvent-ils satisfaire une évolution si leur finalité est la limite d’un présent immédiat ? Comment pouvoir fonder une intelligence qui puisse conditioner le fondement de leur avenir ?
L’architecture peut-elle encore changer ces milieux ? Quelles seraient alors les raisons pour en justifier le sens et en mesurer la validité ? Repenser les milieux récemment bâtis en repensant le rôle de l’axe autoroutier qui les a définis. Proposer des modèles alternatifs pour créer un milieu changeant les rapports homme/nature, périurbanité/biodiversité. Site : axe de la Défense/échangeur A86-A14. The motorways passing through suburban metropolitan areas contribute to the uncontrollable aspects of each area’s character. They do not appear to us as a unifying network but rather as a diverging network which tails off into the dead-end car parks of shopping centres, housing estates or property developments. Additionally, they negate everything which preceded them without offering any solution other than that of their own expansion. The development of the suburban environment meets only those immediate requirements it is intended to satisfy. It is fixed firmly in the
present, a present which has specified an end purpose lacking in any ability to incorporate the notion of a promising future in any of the work which it initiates. Its representation reveals an unquenchable thirst and an absence of civil values. How can these environments change the reality of which they are the direct product ? How can they satisfy the need for change if their end purpose is limited to the immediate present ? How can they generate the intelligence needed to influence the foundations on which their future is based ? Can architecture still change these environments ? If this is the case, which factors can be put forward to justify its meaning and to measure its validity ? rethinking recently built environments means rethinking the role of the motorways which shape them. Proposing alternative models to create an environment capable of changing the relationships between man and nature, or between suburbanity and biodiversity. Site : La Défense axis/A86A14 interchange.
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1 2 Root Tower/SmaĂŻl Baouch 3 4 Autopia/Pierre-Antoine Bonamour
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TransforMer la ville sUr la ville CHANGING THE TowN oN THE TowN
un sens pour le déjà là Transformer la ville sur la ville c’est créer avec le déjà là et sur du déjà là. De quoi est fait le déjà là de la ville ? Il faut en connaître les forces, les repérer. C’est le territoire, et son soussol, la géographie, les tissus urbains qui entourent le site, le constituent, en donnent ses caractères, son ambiance, même à distance, ce sont les agencements de vides et de masses du bâti, c’est l’architecture singulière de ce bâti, les formes qu’il offre aux vides de l’espace de la ville, la mémoire qui en émane, les flux qui le traversent, les natures de mixités sociales qui s’y trouvent, les programmes qui animent cette zone comme ceux plus lointains qui impriment aussi au lieu leur effet sensible. Et enfin les effets de densité existant et ceux qu’on veut y installer. Architecturalement, transformer de l’existant, c’est aussi un travail très subtil sur l’histoire par les greffes de formes et de matériaux, la création dans l’usage des matériaux, les inscriptions de nouveaux programmes et des manipulations savantes de mélanges de typologies anciennes et inventées. Et c’est là que se pose une question sur la nature de la densité, car celle-ci ne dépend pas seulement de données quantitatives mais d’effets sensibles dus aux activités et aux modes d’animation du site. Il faut alors repérer des aires urbaines, qui ont effet de quartiers, deviennent des attracteurs qui se situent relativement à d’autres attracteurs qui ont plus effet de centres que d’autres. Il faut déterminer quelles implications collectives ont les nouvelles forces que l’on met en scène. Deux types de choix se combinent : celui du programme et la décision de la nature de densité que
l’on choisit, et les choix formels, matériels, géométriques qui les mettent en scène. Sachant que les flux de circulation horizontaux, obliques, verticaux, prennent un sens particulier, ils doivent être pensés comme habités, et que bien que destinés à la mobilité, ils sont des lieux, pour reprendre l’hypothèse de l’équipe d’ESA Lab-duMs, laboratoire de recherche action, qui proposait la création de lieux dans les flux. Dans ce cas il s’agit de faire que ce qui contient les flux soit pensé comme lieux. Le cas où il s’agit de construire dans un centre ancien, le densifier, exige une analyse très fine du contexte, une interprétation de la mémoire, et une minutieuse étude spatiale, constructive et de matériaux pour créer des sens nouveaux, autant symboliques que réels. Jacques Sautereau new meaning for what’s already there Changing the town on the town means creating both with and on what is already there. This means the land, the subsoil, the geography and the urban fabric surrounding the site, comprising it, giving it its characteristics and atmosphere, even at a distance. It is this layout of empty spaces and built up masses, the unique architecture of this building and the shapes it offers among the empty spaces of the city, the memories it conveys, the flows of traffic and people passing through it, the social mix it contains, the various programmes which bring both this and other more distant areas to life which all leave their mark here. And finally, the existing density effects and those being sought.
Architecturally transforming existing sites also involves a certain amount of subtle work from a historical viewpoint, with the addition of shapes and materials, creativity in the use of materials, the launch of new programmes and skilful mixtures of ancient and newly invented typologies. And it’s here that the question of density arises, as this is not only linked to quantitative data but to perceptible effects related to the activities carried out on the site and the efforts made to bring and keep it alive. It becomes necessary to identify urban areas which have a distinctive district feel to them, and which become sources of attraction positioned relatively to other attractions which have a stronger pull as centres than others. It is necessary to determine the collective implications of the new features deployed here. we find a combination of two different types of choices : those related to the programme and the nature of the density chosen, and formal, material, or geometric choices affecting how these will be displayed. Bearing in mind that horizontal, slanting and vertical flows of traffic and people acquire a certain meaning, they must be thought of as inhabited, and although intended for mobility they are places, to echo the hypothesis put forward by the ESA Lab-dums,reshearch and action laboratory, which proposed the creation of places located among the flow. Here, the task is to ensure that the contents of the flow are viewed as places. when the project involves building in an old urban centre, increasing its density, this requires a detailed analysis of the situation, an interpretation of the site’s history and a painstaking study of the spatial, constructive and material aspects in order to create new meanings and directions, in both the real and symbolic sense.
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Projets/projects
Transformer la ville sur la ville/changing the town on the town
HaM Yard soHo/london Semestre/Semester 6 Professeurs/Teachers Studio Osa Karsten Huneck Bernd Truempler Assistante/Assistant Marie Barret
Ham yard is the last piece of unutilised space in the West End and one of the most expensive pieces of dead space on the planet. It will soon be gone. A myriad of independent traders have all succumbed, including Deal Real records, Café Lena, Reckless Records, Lyric and Red Lion pubs. All were Soho landmarks. Londoners must have passed them many times but never really looked at these now derelict shop fronts in which can be viewed the past, present and future of Soho. In the basement of the demolished block the Scene Club was located, which was where the Who became famous and the mod culture started here. There had been clubs running in the same basement since the 20’s, The Ham Bone Jazz club. In the early 50’s the address was home to a club playing Caribbean music. The site has been abandoned for years and only bits of a new steel structure remain. The task is to create a place for a new scene of London. It is of particular interest to base the ideas on the different layers of present and past
functions related to and around this site such as nightlife, tourism, China town. The outcome might be exclusive apartments for wealthy bankers, or a creative hub for the locals. The proposal should incorporate the existing steel structure, be sensitive with the surrounding and work as a landmark in the city. Ham Yard est le dernier terrain non utilisé du west End et un des espaces vides les plus chers de la planète. Bientôt il aura disparu. Une constellation de petits commerçants ont succombé, y compris le disquaire Deal real, le Café Lena, reckless records, les pubs Lyric et red Lion. Ils étaient tous des points de repère de Soho. Les londoniens sont souvent passés devant eux mais sans jamais vraiment regarder ces devantures aujourd’hui abandonnées, qui reflètent le passé, le présent et le futur de Soho. Au sous-sol de cet îlot de maisons aujourd’hui disparu se trouvait le Scene
Club, témoin des premiers succès de The who et du lancement de la culture Mod. D’autres clubs avaient occupé ce même sous-sol depuis les années 20, comme le Ham Bone Jazz club. Au début des années 50 s’y trouvait un club où l’on jouait de la musique des Caraïbes. Ce site a été à l’abandon pendant plusieurs années et les seuls vestiges aujourd’hui sont quelques pièces d’une structure métallique neuve. Il faut donc y implanter une nouvelle scène de la vie londonienne. Il est particulièrement intéressant de prendre comme point de départ les diverses couches des fonctions anciennes et présentes associées à ce site et à ses environs en tant que centre de la vie nocturne, du tourisme, du quartier chinois. Le résultat pourrait être un ensemble d’appartements pour une clientèle de financiers aisés, ou un lieu de création pour les locaux. La proposition doit intégrer la structure métallique existante, être sensible à l’environnement immédiat et devenir un point de repère de la ville.
my game/Mon jeu Charlotte Dhumes-Vigneron Yoann Ledoux The abandoned space of Ham yard reminds on typical virtual spaces of modern war games. with linking popular paint ball games in England this project works with the character of the existing but creates new spaces for a game. The entire architecture has changed by sensitively creating little details and can be seen by walking through the site using the tool of the game. L’espace abandonné de Ham Yard rappelle les espaces virtuels typiques des jeux de guerre modernes. Grâce au lien établi avec les jeux de paint-ball très répandus en Angleterre, ce projet exploite le caractère de l’existant tout en créant de nouveaux espaces pour un jeu. L’architecture toute entière a changé grâce à la création sensible de petits détails qui sont visibles en parcourant à pied le site, guidés par l’outil du jeu.
82-83
Projets/projects
Transformer la ville sur la ville/changing the town on the town
green factory/L’usine Verte élodie Doukhan Nicolas Mussche The air pollution in the centre of London is apparent in the congestion charge of the city. This project envisages the cleaning of the air in Soho by creating big filters including a public building where people can go breathing the released fresh oxygen. The new structure refers to the age of the industrialization. La pollution de l’air dans le centre de Londres est visible dans l’importance de la congestion de la ville. Ce projet a pour but de purifier l’air de Soho par la création de grands filtres, et comprend un bâtiment accessible au public pour permettre de respirer de l’oxygène nouvellement diffusé. La nouvelle structure renvoie à l’ère de l’industrialisation.
stop the time/Arrêter le temps Frédéric Brient Mathieu Crabouillet Alexandre Goinard The project plays sensitively with the existing structures and levels. The bath experience is enhanced by using the levels as a parcour through the building, ending at the top of the highest existing building. Le projet échange dans une grande sensibilité avec les structures et les niveaux existants. L’expérience du bain y est accentuée par l’utilisation des niveaux comme un parcours à travers le bâtiment, qui se termine au sommet du plus haut des bâtiments existants.
street delirium/Le Délire de la rue David Drahi Marco Lavit-Nicora Baptiste Pavlidis Street art is a huge movement in dense cities like London. A new space for all kinds of urban artists is generated by creating a fluent surface which has two sides, on top and below. Skaters as well as free climbers as well as street artists find space in this new place of Soho. Le street art est un mouvement très important dans des villes très denses, comme Londres. Un nouvel espace pour toutes sortes d’artistes urbains est obtenu par la création d’une surface fluide à deux faces, au-dessus et en dessous. Les skaters et les fans de l’escalade, tout comme les artistes de rue, trouvent une place dans ce nouvel espace de Soho.
84-85
Projets/projects
Transformer la ville sur la ville/changing the town on the town
recYcler roMe rECyCLING romA Semestres/Semesters 7&8 Professeur/Teacher Luca Galofaro Assistante/Assistant Leslie Ware
The solution to the housing problems cannot be the simple expansion of cities in the peripheral areas. The way to live the city has changed and the existing heritage does not solve the problematic connected to the lack of housing, both for normative and typological reasons. The solutions need to come out also from the centers of the cities. The atelier aims to operate on the historical center of cities. Increase the historical center density carrying out a functional substitution, a lot of public building can be decentralized and replaced by housing prototypes systemizing the optimization of land use and of the different contemporary living requirements. To operate in this direction means to reflect on the sense of the relationship to space and on the changes of the meaning of public space produced during this century by capitalism. The idea is to demolish, cut and graft new spatial typologies ; expand and make the buildings bigger and higher leaving the city fabric intact, integrating it with new form of public and semipublic spaces connected to the new living needs. we need to work on the boundaries through which past and future can dialogue ; once we locate these boundaries it will be possible to rethink the housing typology. Different strategies have been explored. Cutting, excavating, filing in, floating above, plugging, skinning into the limits of a block, an ancient wall, a monument, a river… Each strategy had to resolve the paradoxical challenge of both respecting and transgressing the architectural history of the city of rome. La solution du problème du logement ne peut pas se trouver dans la simple expansion des villes vers les zones périphériques. La façon de vivre la ville a changé et le patrimoine existant ne règle pas la problématique de la pénurie de logements, pour des raisons autant normatives que typologiques. Les solutions doivent partir aussi des centres des villes. L’atelier vise à travailler sur les centres historiques des villes. Augmenter la densité du centre historique grâce à une substitution fonctionnelle ; un bon nombre de bâtiments publics peuvent être décentralisés et remplacés par des prototypes de logements qui systématiseraient l’optimisation de l’utilisation des terrains et des divers besoins de la vie contemporaine. Agir en ce sens veut dire réfléchir sur le sens de la relation à l’espace et sur les changements de la signification de l’espace public que le capitalisme a provoqués au cours de ce siècle. L’idée est de démolir, de couper et d’implanter des nouvelles typologies spatiales ; d’étendre et de faire des bâtiments plus grands et plus élevés, tout en laissant le tissu de la ville intact et en l’intégrant avec des nouvelles formes d’espaces publics et semi-publics associés aux nouveaux besoins de vie. Nous devons travailler sur les frontières à travers lesquelles le passé et le présent pourront dialoguer ; une fois ces frontières identifiées, il sera possible de repenser la typologie du logement. Diverses stratégies ont été explorées : couper, fouiller, terrasser, flotter, boucher, écorcher les limites d’un îlot, d’un ancien monument, d’une rivière… Chaque stratégie avait à résoudre le défi paradoxal du respect et de la transgression de l’histoire de l’architecture de la ville de Rome.
Densification of Aventin Flaminia Coggia
86-87
Projets/projects
nolli 3D Corso Vittorio Emmanuel II Sinclair Martin-Granel Arthur Lecoufle
Transformer la ville sur la ville/changing the town on the town
1 Fill in via della conciliazione Jonathan Stene Burger HĂŠloĂŻse Chiron 2 Living the Tiber river Luce Pozzo di Borgo Bastien Casasoprana
1
2
Paul Virilio et Claude Parent
“Es-tu de quelque part ?” D’où je suis, je ne sais pas, ce que je sais c’est ce que je ne suis pas. Je ne suis pas exilé, pas expatrié, pas plus réfugié. Je ne suis pas déraciné mais pas non plus prisonnier. Je ne suis peut-être pas d’ici, mais je ne suis pas d’ailleurs. Je ne suis ni d’Amérique, d’Afrique, d’Australie ou d’Océanie, mais je ne suis pas pour autant Européen. Je ne suis pas d’un de ces pays exotiques que l’on vous envoie par carte postale. Je ne suis pas pour autant d’un pays sans richesses. Je ne suis pas de ces régions que l’on exhibe tel un trophée mais je ne suis pas non plus de celles que l’on montre du doigt. Je ne suis pas parisien mais pas provincial pour autant. Je ne suis pas d’une ville surpeuplée mais pas non plus abandonnée. Je ne suis pas d’un quartier très privilégié mais pas non plus défavorisé. Je suis la somme de mes expériences. “Do you come from somewhere ?” I don’t know where I’m from, what I do know is what I’m not. I’m not an exile, expatriate or refugee. I’m not uprooted but I’m not a prisoner either. maybe I’m not from here, but I’m not from elsewhere. I’m not from America, Africa, Australia or the Pacific but despite that I’m not European. I’m not from one of those exotic countries you see on picture postcards. Despite that, I’m not from a poor country either. I’m not from one of those regions held up as an example, nor from one of those so often condemned. I’m not a Parisian, but I’m not from out of Paris either. I’m not from an overpopulated city, or an abandoned one. I’m not from a wealthy district or from a poor one. I am simply the sum of my experiences. Arnaud Chatrefou-Loiseau Semestre/semester 6 Atelier d’écriture/writing workshop Catherine Weinzaepflen
90-91
Workshop
Paul Virilio
exit house paul virilio Délocalisation Personne déportée, déplacée puis délocalisée, autant de termes successifs d’un glissement sémantique signalant, sinon, l’exode, du moins l’exil, expression d’une mondialisation que nul ne peut contester sans encourir aussitôt les foudres des promoteurs du profit à tout prix. Après la destruction et son extermination au siècle dernier, le temps réel semble venu de la déconstruction industrielle et de son externalisation obligée. Pour justifier un tel déracinement de la production et de sa commercialisation, ne dit-on pas depuis peu, que la Terre est plate ? Après nous avoir laissé entendre qu’elle est insalubre, polluée, pour justifier la quête d’une exoplanète exotique, comme si le tourisme de masse n’était jamais que le signe avant-coureur d’une déshérence à venir, une préparation à l’épreuve d’un parcours hors-piste, l’errance du loisir loin du sol natal préfigurant le tourisme spatial, l’envol outre-monde en vue d’assurer le salut public de l’humanité. à la suite de la décolonisation des empires, nous assistons aux prémices d’une dénationalisation du peuplement, où le citoyen du monde du travail devient soudain le citadin apatride d’une ville monde où l’exode métropolitain vient prolonger l’exode rural des origines, la critique justifiée de l’outrance nationaliste s’émancipant cette fois tout à fait, pour contester un territorialisme prétendument dépassé, par l’excès de vitesse cybernétique. Encore un peu et le repeuplement sans domicile fixe fera du sédentaire celui qui est partout chez lui grâce au portable, et du nomade, celui qui ne l’est nulle part, en dehors de la bande d’arrêt d’urgence des trottoirs d’un monde sans frontières et sans but. Jadis et naguère : Une maison pour rentrer. Une demeure pour s’abriter. Demain et après : Une maison pour sortir. Un milieu de vie pour circuler. Une demeure hebdomadaire où chaque matin de la semaine, on sort de chez soi d’hier pour pénétrer dans celui de ce jour, rien que pour aujourd’hui ! une chronohouse : Où c’est la circulation qui est habitable. Et non plus le stationnement immobilier. Cette architecture à construire dans les 3 dimensions de l’espace et la 4ème de la semaine, comme un véhicule statique à la verticale, à l’horizontale, ou à l’oblique, au choix. C’est une boucle, un anneau de Mœbius ou encore une bouteille de Klein. Dimanche, premier jour de l’hebdohouse. Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi et l’on pénètre de nouveau dans le dimanche d’origine du continuum espace/temps. à ces pièces fixes, ces appartements journaliers, il convient d’ajouter une pièce attachée, un garage pour les véhicules dynamiques : moto, vélo, automobile.
Biographie
biography
Paul Virilio est né à Paris en 1932, il est professeur à l’ESA dont il a été le Directeur et le Président entre 1968 et 1998. Depuis 1992, il est membre du Haut Comité pour le logement des défavorisés, présidé par Louis Besson.
Paul Virilio was born in Paris in 1932. He is a teacher at the ESA where he served as Director and President between 1968 and 1998. Since 1992, he has been a member of The High committee for housing for disadvantaged people, chaired by Louis Besson.
Urbaniste et essayiste, spécialiste des questions stratégiques soulevées par les nouvelles technologies, Paul Virilio interroge la vitesse. Il a notamment publié, chez Galilée, La Bombe informatique, 1998, Ville panique, 2004, L’Art à perte de vue, 2005 et L’université du désastre, 2007. En 2002, sous le titre Ce qui arrive, il a présenté à la Fondation Cartier une exposition sur l’accident dans l’histoire contemporaine.
Relocation whether a person is deported, displaced or relocated, these are all successive terms within a semantic shift referring if not to his exodus then at least to his exile, an expression of globalisation which none can oppose without immediately coming under fire from the protagonists of the profit at all costs philosophy. Following the destruction and extermination during the last century, real-time appears to have emerged from industrial deconstruction and its necessary externalisation. To justify the relocation of the means of production and the accompanying sales activities in this way, haven’t you heard the recently touted argument that the earth is flat ? After telling us that it is dirty and polluted in order to justify the search for an exotic exoplanet, as if mass tourism is never the precursor of a pending escheat, the preparations for a competition that of an off-piste race, or leisurely wanderings far from one’s native soil a forerunner of space tourism, a flight to another world to guarantee humanity’s public salvation. Following the decolonisation of the empires, we are witnessing the beginnings of a denationalisation of the populating mass, in which the citizen of the world of work has suddenly become the stateless inhabitant of a global city, in which the exodus from the urban areas follows on from the original exodus from the countryside, the justified criticism of the nationalistic excess this time free to challenge a territorial imperative supposedly left behind in the rush towards a cybernetic future. Just a little further and the homeless repopulation will turn the “sedentary” man into one who can be at home or in his office wherever he goes thanks to his mobile phone, and turning the “nomad” into someone who is at home nowhere at all apart from the emergency lanes of the pavements of a world without borders and without goals. in bygone times : a home to come back to. A place to live. Tomorrow and thereafter a home is somewhere you leave. A living environment in which to move around. A weekday place of residence from which each morning of the week we leave our homes of yesterday to enter today’s home, just for today ! une chronohouse : where the transit aeras is inhabitable ! And not just stationary traffic. This architecture is to be designed in three-dimensions, space, and a fourth dimension, the week, like a stationary vehicle which can be vertical, horizontal or oblique, whatever we choose. It’s a loop, a möbius strip or a Klein bottle. Sunday is the first day of the weekly House cycle. monday, Tuesday, wednesday, Thursday, Friday, Saturday, and once again we are back at Sunday, the starting point for this space/time continuum. To these fixed rooms, these dayto-day apartments, we can also add an extra room, a garage for dynamic vehicles including motorcycles, bicycles and cars.
As a urban theorician and essayist, in addition to a specialist in strategic issues related to the new technologies, Paul Virilio raises a number of questions concerning the notion of speed. Among other things, his works published with Galilée include La Bombe informatique 1998, Ville panique 2004, L’Art à perte de vue 2005 and L’Université du désastre 2007. In 2002, he presented an exhibition at the Cartier Foundation entitled Ce qui arrive, focusing on accidents in contemporary history.
92-93
Workshop
Paul Virilio
Jury Paul Virilio/Président Marie Aquilino Odile Decq Raymond Depardon Marie-Hélène Fabre Lina Ghotmeh L’Atlas Gian Mauro Maurizio Juliette Soulez
23
Nov PRIX Du DIMAnCHE sunday prize
Psycho-fiction Kim Ji Eun
94-95
Workshop
Paul Virilio
éclosion/blooming Nicolas Bellet Clément Niau
24 Nov
PRIX Du LunDI monday prize
25
Nov PRIX Du MARDI Tuesday prize
Correspondances/correspondences Caroline Mariet Margaux Trepsat
96-97
Workshop
Paul Virilio
205 house/Maison 205 Rebecca Levy Natacha Mankowski
26
Nov PRIX Du MERCREDI wednesday prize
27
Nov PRIX Du JEuDI Thursday prize
Transition Pierre-Henri Loiseau
98-99
Workshop
Paul Virilio
28
Nov PRIX Du VEnDREDI friday prize
Ma Quetshu-house et moi my Maison-quetshu and me Brice Maurin Alice Labourel
29
Nov PRIX Du SAMEDI saTurday prize
exchange home échange d’habitation Alexis Jeffroy Houinne Kim Laura Miler
100-101
Conférence/lecture
Liz Diller
conférence liz diller LIz DILLEr’S LECTurE
“something beyond the natural.”
the unnatural in architecture
Le non-naturel dans l’architecture
The string of the things I would show today maybe have a common base, a rethinking of the conventions of the everyday and a kind of interest in something beyond the natural. There is a lot of thinking and discussion about being in a period where natural no longer really makes sens. How do we thinks about landscape ? How do we thinks about the body ? we are in a sort of post-natural period. rethinks natural. rethinks weather. rethinks water. It doesn’t quite goes far as the synthetic but really looks for different kind of union, the natural and the next step.
La suite d’éléments que je vais présenter à présent, ont sans doute une base commune : un réexamen des conventions du quotidien et une sorte d’intérêt pour quelque chose au-delà du naturel. Il y a de nombreuses réflexions et discussions sur le fait de vivre une période dans laquelle le naturel ne fait plus sens. Comment pensons-nous le paysage ? Comment pensons-nous le corps ? Nous sommes en quelque sorte dans une période post-naturel. Repenser le naturel. Repenser le climat. Repenser l’eau. Sans pour autant aller aussi loin que le synthétique mais en recherchant effectivement une sorte d’union différente, le naturel et l’étape suivante.
The Blur building is maybe a very important turning point in our work in which we thought the relationship beetween something that architects normaly don’t think of : have been able to control the weather and new technologies. For this project which was at the Swiss Expo 02, on lake Neuchâtel, we want to make water not only the context of the site, we want to be the building material and the way that spaces is conceived. So, everything here, is water. The project was an effort to think about the conventions of Expo’architecture which normally is trying to hightechnologised itself. It is an opportunity to show off nations and also corporate technology and we were thinking about the exposition in a very different way, potentially in subverting the convention of simulation technology, highdefinition on that which a new technology try to do, put all the energies into highdefinition
Le “Nuage” est peut être un tournant très important dans notre travail dans lequel nous avons réfléchi à des éléments auxquels les architectes usuellement ne pensent pas : être capable de contrôler le climat et les nouvelles technologies. Pour ce projet qui faisait partie de Swiss Expo 02, sur le lac de Neuchâtel, nous avons voulu faire en sorte que l’eau ne soit pas seulement le contexte du site, nous avons voulu qu’elle soit le matériau du bâtiment lui même et la manière dont l’espace était conçu. Ainsi, ici, tout est eau. Le projet nous a demandé de repenser les conventions de Expo’architecture qui normalement essaie d’être en soi hyper-technologique. C’est une opportunité pour les nations comme pour les
Blur building Diller Scofidio (+Renfro) Swiss Expo 02 Yverdon-les-bains
102-103
Conférence/lecture
“a low definition space.”
Liz Diller
sound, highdefinition vision. we want to create something intentionnaly was low definition, a low definition space. And so the building is made of the water of lake Neuchâtel which is filtrated and then it hooks into a computer system where the weather is monitored, all aspects of the weather : temperature, humidity, wind speed and wind direction, that is all converted through the computer into certain kind of responses in real time on the structure. our interest was to do something very pervers. This was an exposition pavilion where there was really nothing to see, nothing to do. what fascinating us about making a space really with no wall. The space was made entirely of structures of plumbing. It allowed us to really rethink of conventions, such a skin, such a program. It allowed us to make a space that is a kind of indefinable and to rely on other sens, not the master sens. To really questioned the master sens in our lives. There were no scale, no mass, no color, no features and yet, this became a national highcomment of Switzerland. From above the interbar want to come up to the very top and be in the sun and would be like coming through a layer of clouds as when you were on an airplane. And underneath one of those lips was a bar that serv only water, waters of the world. we were very interesting not only beeing in space made of water, on the water, but also drinking the water, consuming the water. That is consuming architecture. Because there was no visual communication in the Blur building, we want to create inside a new form of communication, a kind of potentialy new social space. we design an intelligent Brain coat based on something that is part of the way that we naturally communicate with one another. But it is something that we can quite controled like the blush. when one enter the Blur a personality profil was created for you and when you will be in proximity of someone, the coat was communicate with one another and they have hability to display a color, like a human blush, depending of the weather : antipathy or affinity.
technologies établies de se représenter et nous étions en train de penser l’exposition d’une manière véritablement différente, en développant un potentiel de subversion des conventions de simulation technologique, de haute définition dans ce que les nouvelles technologies tentent de faire, de mettre toutes leurs énergies dans des sons et des images de très haute définition. Nous voulions créer intentionnellement quelque chose qui soit basse définition, un espace en basse définition. Alors, le bâtiment est fait de l’eau du lac de Neuchâtel qui est filtrée et ensuite envoyée dans un système informatisé dans lequel le climat est monitoré dans tous ses aspects : température, humidité, vitesse du vent et direction du vent, tout est ensuite converti au travers de l’informatique dans différentes sortes de réponses en temps réel sur la structure. Notre intérêt était de faire quelque chose de réellement pervers. C’était un pavillon d’exposition où il n’y avait vraiment rien à voir, rien à faire. Nous étions fascinés par l’idée de réaliser un espace sans aucun mur. L’espace n’était fait que de structure de tuyauteries. Cela nous permettait de véritablement repenser les conventions, telles que la peau, le programme. Cela nous permettait de créer un espace qui soit indéfinissable et de seulement croire en nos autres sens, pas nos principaux sens. De vraiment remettre en question les sens dominants de notre vie. Il n’y avait ni échelle, ni masse, ni couleur, ni traits et ainsi, c’est devenu le sujet le plus commenté en Suisse. Depuis le dessus du bar interne on pouvait aller tout en haut et être au soleil et c’était comme traverser des couches de nuages lorsque vous êtes dans un avion. Et, au-dessous d’une de ces lèvres il y avait un bar où l’on ne servait que de l’eau, toutes les eaux du monde. Nous étions très intéressés non seulement au fait d’être dans un espace fait d’eau, sur l’eau mais aussi de boire de l’eau, de consommer l’eau. C’est la consommation de l’architecture. Parce qu’il n’y avait aucune communication dans le “Nuage”, nous voulions créer à l’intérieur une nouvelle forme de
communication, une sorte de nouvel espace social potentiel. Nous avons conçu un imperméable intelligent basé sur la manière dont nous communiquons d’habitude avec les autres. Mais quelque chose que nous pouvons à peine contrôler comme le fait de rougir. Lorsque quelqu’un entrait dans le “Nuage” un profil de personnalité était créé pour lui et lorsqu’il arrivait à proximité de quelqu’un d’autre le manteau communiquait avec celui de l’autre et ensemble ils établissaient une couleur, comme le rougissement d’un être humain en fonction du climat : antipathie ou affinité.
Biographie
biography
Depuis les années 80, Diller + Scofidio, le tandem New Yorkais composé de Liz Diller et Ricardo Scofidio développe une réflexion sur le rôle contemporain de l’architecte et l’architecture elle même. Leurs projets transdisciplinaires s’échelonnent des objets, installations et performances aux médias et à l’architecture et se sont récemment étendus, sous l’appellation Diller Scofidio + (Renfro), à la grande échelle des projets urbains. Ils ont notamment réalisé le Blur building pour Swiss Expo 02, le Boston Institute of contemporary art et à New York, le restaurant la Brasserie, le Lincoln Center for the performing arts et le High-Line. Ils ont tous les deux une très longue pratique de l’enseignement à la Cooper Union, Liz Diller enseigne depuis 2000 à Princeton University. L’atelier a récemment cosigné la scénographie de l’exposition Terre natale, Ailleurs commence ici à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
Since the 1980s, Diller + Scofidio, the New york duo comprised of Liz Diller and ricardo Scofidio have examined the contemporary role of the architect and of architecture itself. Their multidisciplinary projects range from objects, facilities and performances through to the media and architecture and have recently been further extended under the name Diller Scofidio + (renfro) to large-scale urban projects. Among other things, they produced the Blur building for Swiss Expo 02, the Boston Institute of Contemporary Art and in New york the Brasserie restaurant, the Lincoln Center for the Performing Arts and the High-Line. Both have lengthy teaching experience at the Cooper union and Liz Diller has been teaching since 2000 at Princeton university. The studio recently jointly produced the stage design for the Native Land, Stop eject exhibition at the Cartier Foundation for Contemporary Art.
PrIzE SPéCIALE
Jury François Bordry natalie Seroussi Christophe Leray
Président de l’ESA Galeriste/Gallerist Journaliste/Journalist Cyberarchi
106-107 124-125
Prix Spéciale/Prize Spéciale
étudiants/students
Léopold Lambert Publication “City” éditions 5 cents ID
Thomas gimbert Prix acier 2008 Logement éco-responsable
François Leblanc Fabien Picaud L’âtre 2e prix concours Habitat minimum écologique et économique Cité de l’architecture et du patrimoine
108-109
Prix Spéciale/Prize Spéciale
Peter Cook + Gavin Robotham Salvador Perez Arroyo Théâtre municipal Verbania Italie
Professeurs/teachers
Odile Decq Restaurant Archipel Lyon Confluence
Frank Salama 28 Logements îlot Villiot-Rapée Paris xIIe
110-111
Prix Spéciale/Prize Spéciale
Raphaël Zarka Eos N 9145 Prix de la Fondation Paul Ricard
nathalie Junod-Ponsard Horizon persistant Installation lumière Hermès Paris
Professeurs/teachers
Isabel Herault + Yves Arnod Salle pour musiques amplifiĂŠes et ĂŠlectroniques Grenoble Grande salle pour spectacles sportifs Brest
112-113
Prix Spéciale/Prize Spéciale
DESA/alumni
Bernard Chinours Architecte DESA 1991 Le Palio Salle de spectacle Boulazac Dordogne
Philippe Dubuisson Architecte DESA 1978 Bistrot de pays Taurinya Pyrénées-Orientales
Pierre Le goaziou Architecte DESA 1987 Bureau villa Pont-l’Abbé Finistère
114-115 124-125
Prix Spéciale/Prize Spéciale
Sharon Rotbard Architecte DESA 1991 Babel architectures Ordos 100/Double class villa Chine
DESA/alumni
José Carlos Valdivia Architecte DESA 2005 Restructuration tour Altaïs Montreuil Prix spécial architecture Festival Fimbacte
Thierry Bonne Architecte DESA 1993 Albert Haddad Architecte DESA 2004 Parc Oasis Ghadames Libye
116-117 124-125
Prix Spéciale/Prize Spéciale
DESA/alumni
Olivier Amat Architecte DESA 2007 Phasma Finaliste Grand Prix d’architecture 2008 Académie des Beaux-arts
Philippe Lankry Architecte DESA 1988 Thomas Billard Architecte DESA 1992 Raed Skhiri Architecte DESA 1990 Hôpital Antoine Béclère Clamart
Jean guervilly Architecte DESA 1973 + Françoise Mauffret Bâtiment Lamarck/UFR de Biologie, Université Paris 7, Paris xIIIème Mention spéciale équerre d’Argent
118-119 124-125
Prix Spéciale/Prize Spéciale
Thomas Raynaud Architecte DESA 2002 Drip feed Premier prix Concours international 2G Venice Lagoon Park
DESA/alumni
Charles Bessard Architecte DESA 1993 Powerhouse Villa 1 Veluwe Zoom Premier prix concours AM NAI Rotterdam 2008
124-125 120-121
Prix Spéciale/Prize Spéciale
DESA/alumni
gaëtan Kohler Architecte DESA 2007 Alexandre Pachiaudi Architecte DESA 2007 Abri n° 77 1er Prix Festival Architectures vives Montpellier
PrIzE GuEST oF HoNor
Prix du meilleur projet exposé et de la meilleure exposition d’atelier sélectionnés par Raymond Depardon, invité d’honneur. Nuit Spéciale Hiver 08. Prize for best exhibited project and best workshop exhibition to be selected by raymond Depardon, guest of honor. winter 08 Spéciale Night.
122-123
Prix Invité d’honneur/prize guest of honor
Raymond Depardon
Meilleur projet BEST ProJECT
Pierre-Arnold Daly Claudio neri Kit and House Concours Habitat éco-responsable, minimum et économique The Ecologically-responsible, minimum Economic Housing Competition Cité de l’architecture et du patrimoine Nous possédons tous des trésors. Il ne s’agit pas d’objets chers, mais des objets qui nous sont chers. Tel la Madeleine de Proust. Ils nous renvoient à certains de nos sens : l’ouïe, la vue. Ces trésors nous souhaitons les projeter, les conserver, les contempler à l’occasion. Quoi de mieux qu’un meuble, un coffre à souvenirs où ce que nous avons de plus intime est préservé. Nous concevons cet habitat comme un meuble. Sa fabrication a pour base un carré de 60 cm, une trame pouvant évoluer et permettre de mettre en place un processus de préfabrication. Cette maison meuble se monte, se pose et se déploie à toutes les échelles de l’habitation.
we each have our own little treasures. These are not necessarily expensive items but items which are very dear to us. Just like Proust’s madeleine, they connect us with specific senses such as hearing or vision. we are keen to display these treasures, to preserve them and to take the time to admire them. what can be better than a piece of furniture, a treasure box for our memories, in which our most intimate thoughts are forever preserved. we view this home as a furniture. It is built around a 60 cm square base, an outline which can be developed and which allows for the use of a prefabrication process. This house/furniture item can be assembled, erected and deployed at all scales of the housing function.
124-125
Prix Invité d’honneur/prize guest of honor
Raymond Depardon
Meilleure scénographie BEST SCENoGrAPHy Atelier/Professeur Frank Salama studio/teacher frank salama Assistant Karim Jamali
Paris s’élève/Franchir le périphèrique Sarah Assouline William Baud Lucas Biberson Remi Bonin Tristan Calvignac Inès Carre Marie-Emmanuelle Cavarec Pierre Chastel Alexandre Courtois Sébastien de Courson Charles-Antoine Depardon Stanislas Eurieult Henry Flouzat Florent Girelli Etienne Gozard Charles Guerton Camille Issac-Dognin Chloé Laloux Clara Lamerre Rebecca Levy Natacha Mankowski Jérémy Montauban Candice Morandi Bénédicte Paillard Anna Philippou Marc Quilichini Flore Silly Young-In Seol Nenad Zivkovic
1
2
1/2 Remi Bonin 3 Marc Quilichini Pierre Chastel William Baud
3
126-127
Formation continue LoNG LIFE LEArNING
Démarche HQE/Ingénierie et management de la qualité environnementale The HEQ system : Environmental quality management and engineering ESA/Enact de Montpellier Validée par un diplôme, cette formation permet d’acquérir une compétence pour la mise en œuvre d’une démarche Haute Qualité Environnementale dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Au cours de cette formation, architectes et ingénieurs, chacun dans son domaine d’intervention, acquiert la capacité de définir en amont les finalités d’une opération, de faire les choix pertinents et de trouver les techniques et techniciens performants pour répondre aux enjeux recensés pour cette opération. Culminating in a qualification, this training course provides an opportunity to gain the skills needed to introduce a High Environmental Quality system in the fields of architecture or town and country planning. During this training course, architects and engineers gain the capacity they need in their respective areas to identify the end goals of a project at the very outset, to make the right choices and to specify the best techniques and technicians to meet the challenges of each project.
Promotion automne 08 Desa grade 2 AuTumN 08 GrADuATES DESA GrADE 2
Anne-Laure Aliaga Joseph Battistelli Guillaume Baudoin Roqqya Benredouane Arnold Bertin Ghita Bichra Amélie Bonnet Eric Boyer Bertrand Canigiani Alexandre Chabrot Tarek Cheikh-Youssef Cong Chen Hadi Cherrak Yong Hoe Cho Héloïse Cousin Cécile Crozzoli Hans Eric Daroczi Antoine de Menonville Guillaume Dufhlo Guénaëlle Duhot Wei-Wei Fan Thibault Fäy Margherita Frezza Raphaële Galard Antonia Georgoulia Jean-Charles Giannini Diane Habib Bin Jiang Georges Kallouf Vera Komninou Renaud Langeac Yan Li Soline Meyer Félix Millory Marc Moukarzel Jeffer Ogera Benjamin Philippe Julien Pougnard Alexandre Sarazin Isabelle Schmitz Shahdyar Shakiba Christian Simo Moyo Taïchi Sunayama Hasti Valipour Goudarzi Bérengère Voizard Marie-Alexandra Wattin Pha-La Youn