NOTRE-DAME DES OLIVIERS
Depuis ses origines jusqu'à nos jours
PAR UN ENFANT DE MURAT ou
DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE CETTE VILLE
« On a toujours rendu un culle particulier à la SainteVierge dans l'église de MŒAT. »
u La déYotion de l'arrorc'i~sement Le Murat pour la Mère de Dieu se reconnaît ;.iux cinq sanduaires que la piété des peuples lui a consacrés•••. Le premier est dans Mural même cl s'appcllcN0TRE-DA~IE DES OLIVIERS.•
(Notre-Dame de Fmnce ou llist. dtt Culte de la Sainte-Vierae en France. Paris. H. Pion, 1862.J
t< Tous les biens me sont v~nus avec elle. »
SAINT-FLOUR
IMPRIMERIE D'ALFRED PASSENAUD
Rue de la Halle aux Blés
AVANT-PROPOS
« Sans l'histoire nous demeurons toujours dans une espèce d'enfance qui nous laisse dans une complète ignorance de tout ce qui nous a précédés et de tout ce qui nous environne. >> RoLLIN.
Entraîné par des goûts particuliers à l'étude de tout ce qui se rattache à notre chère Auvergne, j'étais occupé à butiner des documents devant servir à retracer l'histoire de ma ville natale, lorsque survint l'érection d'une statue à la SainteVierge sur le rocher de Bonnevie. A cette oecasion, l'honorable Archiprêtre de Murat, M. l'abbé Bouchet, me pria de publier toutes les notes que j'aurais pu recueillir sur N.-D. des Oliviers. Je le fais d'autant plus volontiers, que cela ne dérange en rien le plan que je m'étais d'abord tracé ; car faire \'Historiqite de l'auguste patronne de Murat, n'est-ce pas redire ce que furent nos pères, avant, pendant et après l'introduction du christianisme dans nos montagnes ?
Il y aurait sans doute ici matière à une intéressante étude ; malheureusement , mes investigations n'ont pas été aussi fructueuses que je l'eusse désiré, nos archives, ainsi qu'on a pu le constater ailleurs, ayant été jetées à tous les
vents. Ce sera cependant une première pierre portée à l'édification d'un nouveau monument à élever à notre illustre protectrice. Je commence, d'autres après moi seront peut-être plus favorisés; dans tous les cas je m'estimerai toujours heureux d'avoir fait les premières recherches pour servir à l'histoire de N.-D. des Oliviers. Dignare me laudare te, Virgo sacrata.
0 Marie ! bénissez ces lignes, bénissez l' Auvergne, au nom de laquelle je vous les consacre, bénissez particulièrement cette ville de prédilection dont toutes les générations vous ont appelée bienheureuse. Beatam me dicent omne.s generationes.
Notre-Dame des Oliviers
Depuis ses origines jusqu'à nos jours
OU DOCUMENTS
Pour serwlr à l'histoire de cette "ille
CHAPITRE I.
Coup d'œil général sur la Gaule et particulièrement sur l'Auvergne avant l'introduction du Christianisme.
Il m'a semblé indispensable pour la suite de mon récit de jeter un coup d'œil rétrospectif sur l'état de notre pays, particulièrement sur l'Auvergne, avant l'arrivée de ceux qui la conquirent au Christ et à l'amour de sa divine Mère; car les auteurs qui ne veulent celte arrivée que pour le IIIe siècle, ignorent ou feignent d'ignorer mille et un faits historiques militant en favel:lr de l'opinion contraire qui affirme plus que jamais, et avec toutes sortes de bonnes raisons, que ces hommes apostoliques nous apportèrent la BonneNouvelle dès le premier siècle de notre ère.
Voyons quelques-uns de ces faits : L'an 50 avant J.-C., César, l'impitoyable vainqueur de Vercingétorix, ayant dompté toutes les résistances, s'appliqua à
réparer les maux de la guerre et à faire oublier aux Gaulois leur défJite. Il sut gagner à sa politique habile les plus braves d'entre eux, l es Arvernes et les Eduens, rlont.il composa la légion Alauda. Il épargna en outre les captifs originaires de l'Arvernie, le s renvoya sans rançon et se contenta de demander des otages à leur nation qui resta libre el put continuer de se régir d'après ses propres lois.
30 ans avant J.-C., l'empereur Auguste donna au pays conquis une nouvelle organisation, et la Gaule profita vite des leçons de ses nouveaux maîtres plus civilisés. Alors les forêts furent défrichées et des route.~ percées . L'industrie et le comm erce se développèrent. Les villes s'ornèrent de temples, d'arcs de triomphe, d'amphithéâtres, etc.
De cette brillante civilisation il ne nous reste sans doute que des ruines; mais des ruines qui font encore l'admiration et le désespoir des savants et desquelles l'historien et l'archéologue aimeront toujours à consulter les moindres vestiges.
Parmi les tronçons <le voie romaine dans la HauteAuvergne citons les restes de l'ancienne voie de Nemetum (Clermont) à Nemausum (Nîmes) que l'on voit encore à La Chapelle-Laurent, aux villages de Sistrières (\Jontchamp), de Lacombe (St-Poncy), de Labastide (Lastic), du Mas (Soulages). La chaussée de celte voie est. coupée par la route de grande communication de Ruines à Saugues, au delà du Pirou. On retrouve cette voie dans les bois de la Gazelle toujours dans la direction du pont dit de !'Echelle, au-dessous d'Anglars, sur la Truyère. On pense que de là elle se dirigeait vers Javols (Lozère) , la Gabalum des anciens, où !ts fouilles de 1857 ont mis à découvert toutes ~orles d'objefo précieux et des restes importants d'édifices romains. M. Delalo pense que celte voie est celle qui est indiquée comme itinéraire dans les vers de Sidoine Appollinaire :
Flavum crastinits aspicies Triobrem. Tt1m terram Gabalum satis nivosam.
(Apollinariis Sidonii, Carmen XIV, Propempticon art libellum) (1)
Dès les premiers siècles de la domination romaine, on vit s'élever dans la capitale de l'Anernie un temple magnifique connu sous le nom de temple de Vasso et dont Grégoire de Tours nous a laissé la description. « Il était, dit-il, d'une construction admirable. Ses murs étaient bâtis, en dedans, de petites pierres, et de grosses pierres en dehors; ils avaient 30 pieds d'épaisseur. L'intérieur était décoré de marbres et de mosaïques; le pavé était aussi en marbre et la toiture en pl 1 mb. (Grég. Tur. L. f•r). Qui n'a vu les ruines imposantes de ce grandiose édifice, que l'on vient de découvrir au sommet du Puy-de-Dôme? Le fameux Zénodore y érigea une statue de Mercure, qui surpassait, dit-on, le colosse de Rhodes en grandeur et qui lui coûta dix années de travail. L'empereur Néron émerveillé au récit qu'on lui fit de cette statue appela l'habile sculpteur à Rome pour la doter d'un chef-d'œuvre semblable.
Nemetum eut aussi, ne l'oublions pas, une école
(1) On trouve plus près de nous des tronçons de voie romaine dans la commune de Neuvéglise où, en 1840, furent découvertes environ 150 pièces de monnaie romaine à l'effigie des emJJereurs Auguste, Domitien, etc. -jusqu'à Commode. - Qui ne sait que l'on trouve encore non loin du Plomb du Cantal de semblables tronçons. Ne seraient-ce pas là les restes de cette voie qui, au dire de certains auteurs, avait une de ses extrémités à Murat dont Bonnevie ne serait que la corruption de Bona via? Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, nous pouvons affimer que le vallon de Murat fut habité dès les âges les plus reculés. Les stations préhistoriques qu'on rencontre dans ces parages le démontrent suffisamment.
importante d'où sortirent plusii>urs illustrations, entre autres le rhéteur Fronton, M. Cornélius Fronto, qu'on a comparé à Cicéron et qui fut précepteur de :\larcAurèle.
Voilà pour la Gaule et pour l'Auvergne en général. Quant à nos montagnes en particulier, jusq•l'ici l'on a cru que la civilisation romaine n'y avait pénétré que faiblement : c'est une erreur profonde et dont n'ont pas eu de peine à s o, désabuser ceux qui ont pu voir les splendides vestiges que nous a laissés le peuple-roi dans les diverses stations gallo-romaines découvertes dans la Haule-Auvergne et tout récemment encore à Roueyre, près St-Flour et au col de Mallet, au-dessus du Pont-de-Vernet.
Et comment aurait-il pu en être autrement? Voilà un pay-; assez puissant pour rési , fer à César pendant dix ans ; toutefois, la fortune des armes 'lui est contraire; et, abattu, terrassé, le vainqueur semble le redouter encore : il le flatte, il incorpore ses vigoureux enfants dans ses légions victorieuses.
Dèfl cet instant, la loi du vainqueur est acceptée d'autant plus franch 0 ment par le vaincu, que celui-là y a mêlé plus de politique habile. Aussi, désormais, Gauloi s et Romains s'identifient au point de ne faire plus qu'un sen! peuple, si bien, que les temples et les divinités des Romains deviennent bientôt les divinités et en quelque sorte les temples des Gaulois.
Des voies spacieuses, comme de grandes artères allant porter partout le flambeau de la vie et de la civilisation, sillonnent toute la Gaule, voire même les montagnes de l'âpre Arvernie. C'est par toutes ces issues que DiPu, dont les desseins miséricordieux sont ineffablEs, allait faire arriver jusqu'à nos pères les lumières de l'Evang·ile et le cnlte si consolant de Marie. ·
-HCHAPITRE Il
Les Apôtres des Gaules. - L'Auvergne conquise au Christ et à l'amour de sa divine Mère, dès le 1er siècle cle notre èi·e. - Saint Austremoine, saint Ma,·y, saint Mamet et saint Antonin à Murat. - Le premie1· oratoire présumé avoii· été dédié à N.-D.-des-Oliviers, appelée d'abord N.-D.-11P-Murat.
Le culte de la Sainte-Vierge est aussi ancien que le christianisme en Auvergne. » Hist. de N.-D.-du-Porl' Quand et comment la Bonne-Nouvelle fut-elle propagée j 1sque dans nos montagnes? Sans nous arrêter aux controverses qu'a suscitées cette question, nous croyons donc ètre dans le vrai en adoptant l'opinion de ceux qui pensent que le christianisme fit sa première apparition parmi nous verr:, l'an 45 de notre ère. «Saint Flour fut compagnon de saint Trophime, envoyé en Gau le par saint Pierre, dit le P. Dominique de Jésus. Il est évident, dit un autre écrivain Auvergnat du XVII • siècle (J. Branche), que personne n'a établi d'église en Italie, en Gaule, en Espagne el en Afrique, sinon les évêques que le vénérable apôtre Pierre et ses successeurs ont envoyés. »
Dans ses monuments inédits, M. Faillon, savant sulpicien, raconte qu'il a découvert dans la bibliothèque du roi un manuscrit ayant pour litre : Des sept personnages e1tVoyés par S. Pierre dans les Gaules, pow· y prêcher la foi, et dans lequel on lit : « Sous (l'empire de) Claude, l'apôtre Pierre envoya dans les Gaules, pour prêcher la foi de la Trinité aux Gentils, quelques disciples auxquels il assigna des villes particulières. Ce furent Trophime, Paul, Martial, Austremoine, Gatien, Saturnin et Valère. » Enfin, ajoute un autre auteur, le P. Longueval (1). « Il esl difficile de se persuader que saint Pierre et saint Paul étant à Rome, uniquement occupés de la propagation de l'Evangile, aient négligé de le faire annoncer à une nation aussi illustre et aussi voisine de l'Italie que l'était celle des Gaulois.
(1) Histoire de l'église gallicane.
Disons donc que les glorieux apôtres Pierre et Paul ne pouvaient pas ne pas députer leurs disciples vers la Rome des Gaules (Arles) (1), ou vers ce pays de la fière Arvernie, l'ancien foyer de la résistance césarienne et qui maintenant s'est tellement identifié avec les dieux de Rome que sur un de ses vieux monts il a érigé un temple et une statue comme Rome ellemême n'e• avait pas eu jusqu'alors.
(1) Parmi les nombreux documents contenus dans Je compte-rendu du Congrès archéologique d'Arles, session de 1877, on trouve le suivant sous ce titre : ICONOGRAPHIE DU PORTAIL DE St-TROPHIME.
La notoriété depuis longtemps acquise au portail de l ' Eglise de Saint-Trophime, à Arles, l'a placé au rang des pierres magistrales du moyen âge. Sa construction est du XIII• siècle.
Dans les portiques sont rangés les apôtres du pays : au premier rang est saint Trophime. L'illustre apôtre des Gaules porte la mitre et la crosse épiscopales. Sur son pallium on lit le distique suivant gravé verticalement : CER NITVR. EXI MIVS. VIR. XRI. DICI PVLO RVM. DENV MERO. TRO PHI MYS. HIC. SEP TVA GIN TA. DVO RVM.
L'on comprendra aisément les raisons qui nous ont fait insister sur les citation& relatives à l'établissem~nt de la foi du Christ en Auvergne; car, constater la haute antiquité de cet établissement, n'était-ce pas préluder à la dévotion à Marie. Toutefois avant d'attaquer directement notre sujet il me paraît indispensable de dire un mot sur saint Austremoine et ses compagnons qui tous, au dire de la chronique, auraient visité nos murs et peuvent à bon droit être considérés comme les promoteurs du culte qui nous occupe, particulièrement saint Antonnet ou Antonin que Branche appelle encore Antoinet.
Saint Austremoine ayant donc pénétré dans les âpres montagnes de l'Arvernie, fut reçu dans la ville des Arvernes (Augusto-N~metum) par le sénateur Cassius, sa première conquête; la 2• fut Victorin le grand-prêtre des idoles, peut-être le grand sacrificateur du fameux temple de Mercure-Arverne, au sommet du Puy-de-Dôme. Ces conversions en amenèrent bien d'autres. Enfin le christianisme fit de tels progrès autour de saint Austremoine, qu'il dut appeler de Rome des missionnaires qu'il envoya prêcher l'Evangile dans tous les cantons de l'Auvergne.
« Dans le Haut-Pays, saint Mary fut à Mauriac et à Salers; saint Flour, in mmttem indiciacttm, a•1jourd'hui Saint-Flour. Saint Mamet, à Aurillac et à Vic en Carladès; saint Antonin à Mumt-la- Vicomté, ou sous Bredons (1 ). » Telle est l'affirmation de Delarbre. Peut-elle être plus claire à l'endroit de la mission de saint Antonin?
Ouvrons le 2• volume du Dictionnaire statistique nous y trouverons ces deux autres affirmations: « Il est hors de doute que saint Mamet fut envoyé du côté d'Aurillac, de Vic et de Mm·at. (Page170). Et encore:
« Saint Mary prêcha dans la vallée d' Allagnon entre
(1) Notice sur l'Auvergne, p. 176. - Clermont-F .1805.
-14-
Mm·at et ~1assiac. >> (Page 217). Voyons maintenant la version de Jacques Branches, qui corrobore, en les résumant, toutes les citations qui précèdent.
« Quelque temps après que sainct Austremoine, envoyé pat· l'apostre sainct Pierre eut pris possession de son évesché de cette cité si célèbre (Clermont), il envoya divers prédicateurs en diverses contrées du païs et Lailla en partage les montagnes d'Auvergne, dn costé de Mauriac, à notre sainct Mary, qu'il accompagna de sainct \lamet, arclüdiacre, et de sainct Antonin ou Antonnet, l'ayant au préalable faict prestre. »
« Arrivé vers ce canton des montagnes qui bordent la vallée du Mont-Journal..., il baslit une petite cabane pour sa recollection ordinaire, d'où il sortait bien souvent, et faisait diverses courses pour le bien de ces pauvres barbares qu'il gagnait à JésuS'-Christ, l'un après l'autre .....
c< L'odeur que la vucl admirable de ce sainct épandait en toutes les contrées voisines de sa demeure s'exhala si loin que le Limosin, le Quercy et les autres provinces voisines de l'Auvergne, commencèrent à courir après lrs célestes parfums rie sa saincle doctrine, à détruire les idoles, à renverser leurs Temples, à rejeter les ,mperEtitions des Druides .... si bien, qu'il planta la foi catholique dans tout ce païs, y dressa plusieurs églises et oratoires et arbora la croix partout, travaillant avec zèle sous la conduite du grand pontife saint Austremoine .....
« Voyant que sa vie penchait vers sa fin, sainct Mary &e retira plus avant dans la forest du MontJournal qui contenait alors environ seize lieues de long, sous une roche qu'il L'rut estre plus propre pour passer le reste de ses jours dans une plus grande tranquillité d'esprit, et pour se disposer à bien mourir ..... (!). Quand le moment fut venu, saint
(1) L'on montre encore aujot1rd'hui tout près de Lusclade la fontaine et la chaire dites de St--Mary. Cette dernière que nous avons demandé à voir, en parcourant les
Mary donna avis a ses compagnons de son prochain départ de ce monde. Ils coururent à luy de toute cette montagne pour lui dire les derniers adieux avecque pleurs et larmes ..... S'étant munis de tous les sacremeuts nécessaires au salut, il délégua deux des plus apparents de la compagnie (de ce nombre fut Antonnet) vers son bon maistre sainctAustremoine pour le supplier de le venir assister à sa dernière nécessité .... Le saint Prélat à cette tri~te nouvelle partit promptement de Clairmont (2) >> Enfin, une dernière citation,
lieux où nos glorieux apôtres exercèrent leur saint ministère, est un bloc basaltique placé au pied du Mont-Journal, sur la pente orientale. C'est sur la dépression que l'on remarque au sein de ce bloc, que, suivant la tradition, s'asseyait comme dans une chaire, saint Marv annonçant l Evangile aux Arvernes de cette mon ., g-ne. 1 ut.rrruoi me demandai-je, en étudiant le théâtre du zèle de nos saints missionnaires, pourquoi ce début des prédications de saint Mary et de ses compagnons au Mont-Journal et non ailleurs. J'ai cru avoir remarqué deux raisons principales de cela. Et d'abord, là, fut jadis une peuplade nombreuse à en juger par lej, ruines de Landelou, à l'aspect sud du MontJournal. 2o Ce mont m'a paru lui-même avoir été, dans l'antiquité, un lieu de rendez-vous pour les sacrifices. Les nombreux débris recueillis sur cette montagne, en présence de M. Vaissade, desservant de Lusclade, qui m'a fait l'honneur de m'accompagner dans cette excursion, semblent affirmer ce que j'avance ici.
D'anciens auteurs nous apprennent que les Druides aimaient à sacrifier sur les hauteur&, qui étaient pour eux chose sacrée. Pelloutier dans son histoire des Celtes nous apprend que ces peuples tenaient anciennement leurs assemblées religieuses sur des montagnes. Les Celtes croyaient s'approcher ainsi de la divinité en s'approchant du ciel. (Histoire des Celtes, pages 199-200.) Au dire de Grégoire de Tours cité par dom Martin, Belenatensis Mons, montagne d'Auvergne, près de Riom, avait pris son nom du dieu Belenus que les originaires du pays y honoraient. (Histoire des Gaules page 133. T. II.)
(2) Les Saincts et Sainctes d'Auvergne et du Velay.
qui a bien son importance pour nous, est celle du comte de Résie a: Antoinet, confesseur, fit bâtir l'église de Compains dans le haut pays d'Auvergne et il alla trouver saint Austremoine, qui assistait aux funérailles de saint Mary pour la lui faire consacrer. » (Rist. de l'Eglise d'Auvergne T. Ier.)
De ce qui précède, résultent donc deux faits bien établis : le début et le terme des prédications de saint Mary et de saint Antonnet dans le Cantal, l'un s'effectuant dans le canton de i\'lassiac, disons mieux, tout près de nous; l'autre aboutissant à Mauriac et à Compains. Mais entre ces deux villes, se trouvait une localité importante, Murat. Comment admettre que ces zélés apôtres l'aient traversée sans y annoncer la BonneNouvr ' 1P. Donc nos pères ont entendu saint Mary et saint Aulonin. Quant à saint Mamet, Deribier est doublement.'lffirmatif à son sujet : « On trouve, nous dit cet auteur, le nom de Mural cité pour la première fois dans l'histoire, à l'endroit des prédications de saint Ma met. >>
Ainsi donc trois disciples de l'apôtre de l'Auvergne ont dû visiter les murs de notre antique cité. (Voir ci-dessous, note 2, le souvenir traditionnel que Murat a eonservé de saint Austremoine lui-même). Seraitce à la fois? C'est possible; ou successivement, peu importe. Toujours est-il que deux d'entre eux poussèrent plus loin leur sainte mission. Saint Mamet, jusqu'à Vic, Aurillac, etc ; (1) saint Mary jusqu'à Salers et Mauriac; tandis que l'église de Murat était confiée à saint Antonin, dont le souvenir s'est pe:r-
(1) Nous disons à dessein : jusqu'à Vic et Aurillac et non Aurillac et Vic comme l'ont répété inexactement la plupart des auteurs, car ces saints missionnaires, ne l'oublions pas, furent envoyés par le premier évêque de Clermont. Ils traversèrent donc la Limagne, pour arriver jusqu'à nous.
pélué parmi nous de plusieurs manières, particulièrement par la grolle qui a conservé son nom. (1)
(1) Les idées sont durables comme Je gr~nit. Ainsi en est-il des traces profondes qu'a laissées, de son passage dans notre pays, Je saint fondateur de l'Eglise de Murat. Ces traces, nous nous sommes efforcés de l es suivre à la lueur de la tradition, sœur de l'histoire, écho des siècles passés. Quatre de ces empreintes sont particulièrement remarquables et gravées parmi nous, en caractères indélébiles.
Il y a bien longtemps qu'on l'a dit : la voix du peuple est la voix de Dieu. Par elle, en effet, que d'oracles divins ont eu et ont encore journellement leur entier acromplissement. Malgré les bienfaits dont le Christ avait comblé les Juifs, combien de ces aveugles pour lesquels le Rédempteur ne fut jamais qu'un Samaritain et un démoniaque. Les disciples, Je divin Maître le leur avait prédit, ne devaient pas être mieux traités que lui. Aussi, entendez encore le vieux chroniqueur de Pébrac nous dire : < Saint Antonnet aida saint Marius quelque
temps à la conversion des habitants du l\lont-Journal où ils souffrirent mille maux, mille injiwes. Qui ne sait que le nom d' Antogny et par contraction Togny est resté parmi nos populations des montagnes comme une épithète blessante, ironique, qu'on ne lanc e à la figure de son voi~in que JJOUssé par la vivacité ou l'humeur railleuse : es in togny ! .. Ah ! paom·i togny ! ... C'est ainsi gue Je peuple dit encore à Murat, tsara d'Austr emoina ! (figure d ' Austremoine) pour désigner quelqu'un aux traits amaigris, à la figure ascétique. (A rapprocher de ces épithètes, celle d'Higanaou ! (Huguenot) résultat d'un autre fait historique, transmis ainsi par la voix du peuple, de génération en génération.)
Une époque de douce mémoire nous fournira encore d'autres témoignages : de même qu'à Saint-Flour on trouve beaucoup de Jean-Flonr, à Aurillac beaucoup de Géraud, etc. ; ainsi en est-il à Murat pour les Antoine. Parmi les noms d'anciens condisciples nous comptons Talandier, Antoine, Péchaud, Antoine, Be noît Antoine, Ture!, Antonin, etc.
Pour ceux auxquels ce dernier témoignage paraîtrait
Qui à Murat ne connaît le site rlélicieux des anciens bains public ? Qui n'a lu il y a quelques années sur la façade nord de cet établissement : A L'HERMIT AGE, B. P. Notre intelligent compatriote M. Lapeyre, trop tôt ravi au dérnuement de sa ville natale, n'avait pas fait tracer là, sans motif, cette inscription. Voyez-vous là haut sur le flanc du coteau ce frais gazon à côté d'une nature Msolée; ces peupliers à la tête altière à côté de pruneliers rabougris. Si vous voulez faire connaissance avec cel! e petite oasis, gravissons ces pentes abruptes; à mi-côte nous tro1Jverons taillés dans le roc les restes d'une grotte à l'aspect très-pillore3que. Il y a une quinzaine d'années environ que la voûte de ce curieux hermitage, en arc surbaissé, s'effondra et faillit écraser le nom ml: Rodier, cordonnier, propriétaire du pré voisin. Vers le fond, au milieu, on remarque encore une niche à plein ceintre, avec traces de peinture et tout autour des empreintes de ferrements dénotant u n grillage qui jadis dut mettre la statue de la Vierge à couvert, lorsque l'hermitage fut redevenu désert : là, dit la tradition, fut jadis une statue de la Sünte-Vierge devenue la proie des voleurs. Tout autour dans les anfractuosités du conglomérat, croissent la ronce et l'églantier. A côté, coule un filet d'eau, limpide comme l'azur qui vient s'y mirer; source au souvenir apostolique! c'est à ton onde pure qu'est due l'éternelle fraîcheur de quelque peu puéril, nous ouvrons les registres de l'état civil et nous n'avons pas de peine à constater qu'à Murat comme ailleurs, on a un faible pour certaines d~nominations patronimiques. C'est ainsi que, pour ne citer qu'un seul exemple, sur un des registres de la Révolution nous trouvons 10 petits Murateix inscrits coup sur coup sous le nom d'Antoine. Dieu sait cependant si l'on raffolait beaucoup de noms de saint à une époque où on les avait ous frappés d'ostracisme.
cette oasis ; c'est là qu'étancha la soif de 1,on corps, celui dont l'âme était dévorée de la soif du salut de nos pères. Telle est la grotte, l'hermitage appelé dans la langue du pays, sint Antogny (saint Antonnet) (1). Une promeP.ade dans ces parages, par une belle matinée de printemps, ne manque pas de charmes. Tout y porte à la méditation, aux douces et pures émotions, et vous prouve qu'il existe des affinités mystérieuses entre notre âme et le sol qui nous a vus naître.
Après le souvenir des pieuses légendes de la grotte, qui peut être considérée comme le premier oratoire dédié à Notre-Dame des Oliviers, (2) ce sont les blanches corolles du prunelier sauvage d'où le verdier fait entendre sa note plaintive ; le nid moelleux de l'inno.çente linotte, abrité par le groseiller épineux;
(1) Jacques Branahes, disons-nous, écrit: Antonin, Antoinet, ou Antonnet, ce dernier est presque en harmo-: nie parfaite avec l'expression de la langue vulgaire Antogny, en mettant dans les deux cas l'accent sur la pénultième.
(2) Cette pieuse croyance à la grotte devenue le premier oratoire consacré à la Sainte-Vierge, basée d'abord • sur la piété, a pourtant, on l'a vu, quelque attache avec la tradition. Outre ces considérations, si l'on remonte à l'origine des choses, en procédant par induction, l'on arrive à trouver à cettl:' croyance traditionnelle des bases plus susceptibles encore d'affronter toute critique loyale.
En effet, l'histoire d'Auvergne nous apprend que la première église érigée dans la ville des Arvernes, le fut dans les appartements mêmes occupés par saint Austremoine et qu'elle fut dédiée à la Sainte- Vierge. (Notice sur l'Auvergne, p. 175.) Tel est au reste l'usage constant de l'Eglise et c'est ainsi que procède encore aujourd'hui le missionnaire catholique au milieu des peuplades qu'il conquiert à la foi du divin Rédempteur: il se construit d'abord une hutte et à côté de l'autel qu'il y dresse au Dieu de la crèche se trouve toujours l'autel de Marie. 1
le fraisier et le framboisier bientôt parés ùe fruits délicieux et empourprés. Puis, en face, l'antique Bredons, le vétéran décrépit des monurr:ents historiques du Cantal, avec son cimetière comme lui haut perché ; à ses pieds, avec son vieux pont gothique, veuf de son ancienne Madone, !'Allagnon aux capricieux méandres, aux frais ombrages où une bande de symphonistes chantent le créat e ur de la nature et sous lesquels frétillent la truite et l'ombre commune; plus loin, la côte de Piniou avec ses dangereux lacets ; la tour de Cheylane, ombre du passé ; à droite, ce sont les monts du Cantal, ruines d'un volcan éteint, dominées par le Plomb comme l'ensemble d'un vieux castel, par son donjon; enfin, plus bas, le riant vallon d'Albepierre, avec ces eaux babillardes comme celles de son frère d' Auzolles, etc., etc.
Mes yeux ont contemplé ces montagnes si chères, Et mon berceau champêtre et le toit do mes pères El des flots de tri stesse ont monté dans mon cœur (Harmonie•).
Aimables réminiscences, souvenirs gracieux et enchanteurs, comme vous nous reportez aux heures d'autrefois, et jusques à ces sombres âges où un saint pour arracher nos pères des ombres de la mort en les dé'ivrant d'une religion farouche et sanguinaire, vint s'abriter dans une grotte, s'y exténuant de veilles et de jeûnes jusqu'à ce qu'enfin, touchés par la grâce d'en haut, ils ouvrirent les portes de leur cœur aux divins et consolants enseignements de l'Evangile et se firent baptiser au nom de l'adorable Trinité. Ce dût être un bien beau jour, pour nos montagnes, que celui où notre sainte Religion éclaira pour la première fois leurs sommets de son divin flambeau. Frappés à la vue de cette lumière céleste, nos pères relevèrent leur front abattu et dirigèrent leurs regards, jusque là courbés vers la terre, vers les sommités éternelles, vers la source, du vrai du bon et du beau.
Quels progrès le Christianisme, une fois établi à Murat, y fit-il à travers les âges ? Quels monuments
de leur foi et de leur dévotion à Marie nous ont légués nos pères? Enfin, avons-nous hérité de leur piété? Telles sont les questions que nous nous efforcer-ans d'étudier tour à tour.
CHAPITRE III.
Saint-Mai·tin prçmier monument connu dans i'histofre érigé à N.-D_-des-Oliviers, appelée d'abord N.-D.-deMurat. Sa statite vénérée apportée selon la tradition de Terre-Sainte pai· saint Louis; de même que celle du Puy (1.254). - Le principal clocher de St-Martin. Le guet et la garde de la ville y étaient établis.Le i•ôle des clochers et des tours dans l'organisation des communes et durant le moyen âge. - Une charte en patois. - Beautés archéologiques de l'intérieur de St-Martin.
Suivre pas à pas nos ancêtres à travers les siècles eût été assurément du plus haul intérêt; mais après le11 fâcheuses déprédations commises autour de nous par le temps et par les hommes nous sommes contraints d'avouer qu'il nous a été impossible de retrouver les moindres trace,:; de notre histoire locale jusque vers le VIIIe siècle. Après une lacune si regrettable, nous nous trouvons cependant en face d'un des plus anciens monuments de notre ville : « L'église la plus anciennement connue à Murat, dit Deribier, était celle de St-Martin ; on fait remonter sa construction au VIII• siècle ou au IXe siècle. En 1074, époque à laquelle cette église fut donnée à l'abbaye de Bredons, il n'y avait point d'autre église à Murat. )) Saint-Martin dut donc être, après la grotte de St-Antogny, que nous croyons avoir été le berceau de cette dévotion, particulièrement chère à la ville de Murat, le premier monument érigé par nos pères à leur auguste protec1 trice. En effet, dit .l'auteur précité, « il y avait dans le XII• siècle, à ~1 urat, une congrégation de prêtres, connue sous le nom de Nofre-Dame Ces prêtres unis en commnnauté faisaient leurs exercices dans l'église de St Martin (1) « et consacraient leurs jours
· (1) Dict. hist. du Cantal. 4 vol. 443-445.
à glorifier la Sainte-Vierge qu'ils invoquaient sous le nom de N.-D. des Oliviers. >> (1)
Plus lard (1380) cette association de pieux ecclésiastiques tous enfants de Murat (2) fera ériger la Collé-
(1) Voir Château de Murat. - Episode du XVI• siècle. 153.
Outre la dénomination de N.-D. des Oliviers, les auteurs emploient encore ces vocables : N.-D.-de-Murat, et quelquefois N.-D. de la Nativité de Murat. On ne connaît pas au juste la provenance de la statue vénérée de N.-D.des-Oliviers. L'on présume qu'elle fut apportée de Palestine au temps des croisades, ce qui est très-possible, car outre saint Louis qùe nous savons avoir eu de fréquentes relations avec Murat et Bredons, la chronique locale mentionne trois seigneurs de Murat qui prirent la croix pour aller combattre contre les infidèles, savoir :
1° Guillaume, vicomte de Murat, qui reçut la croix d'Urbain II .
2o Jean, un des fils de Guillaume, qui se croisa en -1103 avec plusieurs autres seigneurs auvergnats et cvntribua à la prise de Tripoli (Syrie) en 11og_
3o Guillaume III, qui prit part à la troisième croisade.
Quant à Louis IX, nous le voyons dès 1266, accorder la sanction royale â la charte que le vicomte Pierre IV venait de concéder aux habitants de I\Iurat (1260).
Plus tard nous retrouvons ce prince, aussi pieux que jaloux des prérogatives royales, faisant bâtir le château de Beccoire sur le mamelon qui domine l'église et le village de Bredons, pour y étabfü un des siéges .de sa suzeraineté dans la Haute-Auvergne. Raynaud II, vicomte de Murat, Bailli des montagnes, tint ses assises (1409) dans ce château et y établit une garnison pour surveiller le prieur de Bredons qui avait surpris un instant celte forteresse royale.
Rien ne s'oppose, on le voit, à ce que la statue de N.-D. des Oliviers ait pu nous venir de l' Orient c'est la croyance de M. Paul de Chazelles qui pense « qu'elle est en bois d'olivier, d'où lui viendrait son nom. >>
On ne lira peut-être pas sans édification les lignes sui-
(2) Yoir ci-après, (Chap. IV).
giale, notre église paroissiale actuelle, et c'est ainsi que par la grotte, St-Martin et la Collégiale, la dévotion envers N.-D. des Oliviers, s'est transmise d'âge en âge jusqu'à nous. Beatam me dicent omnes generationes.
Etudier ces deux anciens édifices de notre vieille cité, c'est donc étudier ce qu'elle possède de plus antique et toucher à ce qu'elle a de plus cher, je l'appellerai volontiero l'âme <le Murat, triple motif de pieuses investigations pour quiconque y a reçu le jour.
L'extérieur de Saint-Martin, sauf quelques contrevantes dues à un illustre écrivain qui visita la Terre-Sainte en 1835 : « Nous avons vu, non loin de la grotte de Gethsémani, dit Lamartine, un petit coin de terre ombragé par sept oliviers que les traditions populaires ont désignés comme étant ceux sous lesquels Jésus s'est couché et a pleuré. Ces oliviers, en effet, portent sur leurs troncs et sur Jeurs immenses racines la date des dix-huit sièeles qui se sont écoulés depuis cette grande nuit. Ces troncs sont énormes et formés d'un grand nombre de tiges qui semblent s'être incorporées à l'arbre, sous la même écorce et forment comme un faisceau de colonnes accouplées. Leurs rameaux sont presque desséchés ; mais ils portent cependant encore quelques olives (Voyage en Orient).
Dans la suite de son récit l'illustre voyageur nous apprend que sa piété le porta à cu eillir quelques-unes de ces olives, des noyaux desquelles il se fit faire un chapelet qu'il aimait particulièrement à égrener.
Cette petite dissertation sur la provenance de la statue de N.-D .-des-Oliviers était terminée lorsque l'honorable M. Bouchet, archiprêtre de l'église paroissiale de Murat, est venu nous donner connaissance d'un passage des petits Bollandistes (tom. X p. 378) qui confirme la tradition locale et duquel il résulte que, en effet, la statue de N.-D.des-Oliviers aurait été apportée de la Palestine, par saint Louis, aussi bien que la vierge Noire du Puy-en-Velay, dont le pieux mvrnaque fit don à l'église principale de cette ville, en 1254.
Il est à remarquer que vers ce temps Guillaume de Murat était évêque du Puy (!'Ancienne Auvergne et Je Velay, p. 363).
forts et quelques modillons assez caractéristiques n'a conservé aucun signe qui décèle un ancien édifice religieux tellement il a été mutilé en 1793.
Le principal clocher de cette église, renversé selon toute apparence à la même époque, JJOrtait à sa façade orientale une grande ouverture où veillait jour et nuit une sentinelle ; car c'est dans cette tour-clocher qu'au moyen âge, époque de violence et de guerre continuelle, avait été établi le guet et la garde de la ville. C'était une grande construction carrée, surmontée d'un toit â quatre revers d'eau, en tout semblable à la tour actuelle de l'église de Saint-Simon près d'Aurillac (1). On peut en juger d'après une ancienne eau-forte qui fait partie de la collection de feu M. Jo. seph de Labro el qu'on nous a permis de reproduire. Entre autres documents curieux que les auteurs du Dict. hist. ont puisés dans les archives de Monsieur Achalme, successeur :0.1. de Combarelle, se trouve la pièce ci-contre, en patois du XIV• siècle, relative au guet de la ville.
(1) L'intéressant ouvrage de M. Durif, le Guide du Cantctl, qu'on ne peut se lasser de relire, parle ainsi du rôle de ces tours autrefois : « Ces édifices étaie.nt destinés à servir de signaux; dans les moments de danger on y plaçait un poste. L'emploi de ces guetteurs consistait à donner l'alarme avec une cloche, une trompe, quelquefois par de grands feux. Au moyen âge, temps où le pouvoir centralisé n'existait pas, les provinces avaient senti la nécessité de se défendre elles-mêmes, et de se précautionner contre des surprises, rapides souvent comme la foudre. Alors les seigneurs s'entendirent pour élever, de distance en distance, un certain nombre de tours, qui correspondaient avec les châteaux forts principaux. De sorte qu'en cas de guerre, la contrée entière, dans un même jour, pouvait être sous les armes. » Il est aisé de comprendre avec quelle rapidité, même dans ces âges reculés, à un signal com·enu, une nouvelle pouvait parvenir, par exemple, de Murat à Saint-Flour et dans toute la Planèze, par le clo<:her de Saint-Martin, Je fort de Beccoire et les châteaux de Cheylane, de Beynac et de Tanavelle.
Prëmeyramën qu' ë l'hy habitan dëbarris de foras los murs, et l' hy autros de la franchises dë la viale cle Murat, et l' hy Oldebos, et l' hy habitan del Mas, de Falcilhon, qnë habiton ou habitaron, veillaron, et contribuaron ën las veillados dë la viale. Aïso avisa qui dos veillars d'aqnëls dits barrys, mas et franchises dë l,i viale de f aras los murs, veillaron chascune neitit el portal dë Massabeo, et autres dos veillados ën la chi(fa de Geraud Dagwnontel dedins los murs de la viale , et autros dos veillados en la tour appelada de Hugues Stèvc, et atttros <los 11eillados el portal de la Vernhe, clavant l'hostal de Parrot de la Vemhe.
Premièrement que Ies habitants des faubourgs, hors les murs et les autres de la franchise de la ville de Murat, et les Oldebos ; les habitants du .Mas de Faucillon qui y habitent ou habiteront , veilleront et contribueront au guet de la ville ; ceci avisé, que deux hommes desdits faubourgs, Mas et franchises de la ville, hors de ses murs, veilleront chaque nuit au portail de Massebeau, et fourniront autres deux hommes de garde à la tour de Géraud d'Agumontel, dans l'enceinte des murs de la ville, deux autres hommes de garde à la tour du mur, appelée de Hugues Estève , et autres deux hommes de garde au portail de la Vernhe, devant la maison de Parrot de la Vernhe.
(1.5 février 1.373).
La cloche placée dès l'origine dans le clocher de Saint-Martin, servait en temps ordinaire à réunir les Assemblées consulaires ; elle portait l'inscription poétique : Clam vox. Ce beffroi paraît remonler à cette époque marquante de notre histoire qui, en tirant les manans de la servitude, devait amener la ruine de la féodalité : Nous voulons parler de l'association de nos pères en communes. L'établissement de la commune de Murat remonte à 1260, époque à laquelle la première charte de franchise fut concédée aux habitants par le vicomte Pierre IV. Ce précieux titre qui n'aurait dû jamais quitter nos archives, entre autres droits qu'il concédait à nos pères, était celui d'élire trois consuls. (A défaut de ce pa1·chemin, voir pour l ,·s autres prérogatives, le Dict. bi s '., ar t . Murat, pages 401-402).
Quant à l'intérieur de Saint-Martin, digne à tous égards de l'attenlion de l'archéologue, il appartient à de;ix époques bien distinctes. Ce manu ment mériterait , d'être racheté pour le rétablissement de nos archives, assez longtemps exilées à la Préfecture d'Aurillac et d'une bibli0lhèque municipale, dont le besoin se faitsi vivement sentir parmi nous.
Nous devons à l'aimable obligeance de M. Seguy, architecte, membre de la Société francaise d'Archéologie et qui a si à cœur tout ce qui touche à la patrie, la description suivante qu'il a bien voulu nous communiquer:
<< Le chœur était séparé de la nef par une arcade ogivale, soutenue par des piliers à colonnes rondes demi-engagées et couronnées par des chapiteaux feuillés. La voûte en est admirable, divisée en deux compartiments par un arc-doubleau, orné de riches moulures terminées par des tores aux arêtes moussues. Les nervures
combinées de la même man •ère, viennent par des ·coarb es lègères et gracieases se rattacher aax claveaux de la voûte, artistement scnlptés et représentant des sujets allégoriques. Ce qu'il faut remarqaer encore, c'est l'arc-doubleau qui ne prend pas ses points d'appui sur des colonnettes, mais bien sur des culots à rinceanx historiés : ces divers agencements appartiennent, sans nul doute, à la première époque du style ogival secondaire en Auvergne. - La voûte de la nef paraît postérieure à celle du chœur : en effet, l'arcature des travées est plus élevée et se rappr ,, ii q davantage de l'arc en tiers point, adopté par les architectes du XVe siècle. Les doubleaux et nervures offrent aussi des dessins différents, mal conçus, quoique bien exécutés et peu en harmonie avec ceux du chœur. »
L'on entrait dans l'église par une porte ogivale à colonnettes groupées, ouvrant sur la face méridionale en regard d'un vaste perron à plusieurs gradins. Elle fut profanée à diverses reprises. et en dernier lien par un chef hugaenot en 1599, qui s'y était installé et l'avait convertie en nn corps de garde; mais cela fut de courte durée, car après la cessation des hostilités elle fut de nonveau consacrée et en 1600 définitivement concédée à la confrérie des rénitents blancs qui la conservèrent jusqu'en 1789, époque où elle fut enlevée an culte et totalement dégradée, excepté les voûtes qui sont encore dans un bon état de conservation.
CHAPITRE IV.
Ce qu'on nommait Collégiales - Chapifi'e. - Pi·incipaux Chapifres Collégiaux de la Haute-Aiwei·gne.Ancienneto du Chapitre cle llf1H"at. - Son organisation (1.350). - Suppression des Choi·iers et modification des Statuts (1. 429). - Libéralités des vicomtes de Mui•at et aiifres, à l'égm·d du Cha7iitre cle JYoti·eDame. - Union des Eglises de Chastel, Chalinai·gues, Vfrm•gues, Chavagnac, Landeyrat, St-Clément et Nanihac à Notre-Dame-de-M1wat. - Prfriléges pa1·ticulie1·s accordés aux chanoines, zélés serviteurs de de N.-D. des Oliviei·s. - Les évêques de Murat en la fète cle la Nc1 tivité. - La peste à Murat, rncours à N.-D. des Olivie1·s. - Les noms de quelques chanoines nous révèlent les anciennes familles cle Murat. - La Révolution a pu clétrufre le Chapifre, mais non la dévotion à Noh'e-Dcime des Oliviers.
On nommait Collégiales des églises desservies par un chapitre de chanoines, mais sans sirge épi~copal. Les unes étaient de fondation royale comme les SaintesChapelles, qui étaient des Collég·iales fondées par nos rois ; les autres, de fondation ecclésiastique. Quelquefois les Collégiales n'étaient autres que d'anciens monastères dont on avait sécularisé les moines pour en former des chanoines. Telle semble avoir pris naissance la collégiale de Saint-Flour.
Le Chapitre était le corps ou le collége même des chanoines. On entendait par chanoines les membres du clergé qui jouissaient dans une collégiale d'un certain revenu affecté à ceux qui devaient y faire le service divin. (Voir p. l'orig. des chap. - Cours d'hisl. Mod. T. III, p. 36, Guizot, et M. Rivière, Jnst. de l'Auvergne).
L'Auvergne comptait autrefois 47 chapitres collégiaux parmi lesquels, dans la Haute-Auvugne, ceux
de Murat, Saint-Flour, Chaudesaigu%, Villedieu, Ruines, Massiac, St-Pierre-de-Lavastrie, Ouradour, StChamand, et, non loin de nous, celui de Brioude qui se distinguait surtout par l'ancienneté de son origine La collégiale de Murat était de fondation ecclésiastique. Voici ce que nous apprend sur cette fondation l'éminent chroniqueur de Murat, l'abbé Teillard : « Il y avait anciennement à Murat une congrégation de prêtres qui faisaient le rnrvice divin à l'église de Saint-Martin, lesquels ayant acquis quelques revenus résolurent de s'ériger en chapitre, et pour cela, ayant pré~enlé une requête à Dieudonné de Canillac, évêque de Saint-Flour, ce prélat, par ses lettres du 2 août 1350, données au château d' Antarieux ( Anterrieux), permit aux confrères de s'ériger en chapitre et communauté, d'avoir des archives (1) et de recevoir des légats (legs) des fidèles ; ce qui fut confirmé par le pape Innocent VI le 9 novembre 1357, dont la bulle fut fulminée par Pierre d'Estaing, évêque de f;t-Flour, qui fixa le nombl'e de chanoines à dix et auxquels il donna pouvoir d'y mettre autant de choriers (:.!). »
(1) L'auteur des Guerres Religieuses en Auvergne, qui fit paraîti-e son ouvrage en 1840, nous dit qu'en ce tempslà il « prit le bâton de voyageur et alla par l'antique province, qut\tant recueils et parchemins abandonnés, chartes et registres confondus dans une poussière trois fois séculaire et que la collecte fut bonne. »
Si bien qu'à celte époque il fut loisible à cet auteur de consulter les archives du Chapit1'e de Murat, chose qu'il nous apprend lui-même (page 461. T. II.). Où les prendre aujourd'hui?
Ce ne serait donc pas seulement en 1793 qu'une nouvelle horde de Barbares aurait passé dans nos murs et y aurait assouvi sur toutes nos archives sa soif de destruction et dE' pillage?
(2) Bibliothèq. de Clermont. - Mss. 102. - Mémoire sur Murat.
L'evêque de Saint-Flour s'était ré,ervé la présentation et la collation de trois canonicats à perpétuité et avait concédé, en outre, aux chanoines de Murat d'avoir un cimetière (f) pour leur sépulture et celle des serviteurs de leur église et de ceux qui voudraient y être inhumés. En reconnaissance, les chanoines devaient fonder à perpétuité un service pour le repos de l'âme du prélat.
Le chapitre étant constitué ., il y eut un procès entre les chanoines et les choristes sur la perception des revenus; au dire de Deribier, Jean Deschamps, juge de Murat, mit fin au différend le 6 juillet 1423.
Il paraît que les chantres de notre collégiale étaient un élément de discorde car, ayant eu de nouvelles difficultés avec les chanoines, ils furent momentanément supprimés.
Les quatres serviteurs qui étaient en sus furent conservés et le nombre de chanoines élevé à quinze. Ces modifications apportées aux statuts du chapitre collégial de Murat, furent signées le f1 juin 1429 et approuvées par Jacques le Loup, évêque de St-Flour; Pierre Bonniol, vi,:aire général; Guillaume de Cardaill;ic, prieur de Bredons; Bernard d'Armagnac, vicomte de Murat ; les consuls de la ville et le chapitre.
Du consmtement des parties intéressées, la présentation de deux canonicat~ fut concédée au seigneur vicomte, la collatiqn el institution de six prébendes (2), au seigneur évêque de St-Flour ; la
(1) Ce cimetiP.re était sur le P'lanhol, où l'on trouve encQre des ossements chaque fois que l'on creuse.
(2) Prébende, du latin Prœbenda, de prœbei·e, fournir, droit que possédait un ecclésiastique de percevoir certains revenus dans une église collégiale.
La prébende diffère du canonicat en ce que ce dernier n'était qu'un titre purement spirituel, et ne donnant de revenu temporel que lorsqu'il était accompagné de la prébende. Les prébendiei·s ou chanoines prébendés avaient droit de préséance sur les chanoines honoraires .
collation de quatre, au chapitre; la présentation d'une prébende, au prieur de Bredons, et les deux autres aux cor1suls de Murat.
Les rentes que possédait le chapitre collégial, provenaient en partie des libéralités des vicomtes et des consuls de Murat; de l'infirmerie de St-Gal (1); des trois chapelles de St-Martin érigées en bénéfice simple (2); des cures : 1° de Chastel; 2° de Chalinargues; 3° de Virargues ; 4° de Chavagnac ; 5,, de Landeyrat; 6° de St-Clément; 7° de Narnhac, et aussi des libéralités de riches familles du pays.
En 1350, Bégon Jer, vicomte de Murat, donna au chapitre les dîmes de Mazières et de Lignac, paroisses de Chalinnrgues el de Virargues, aussi bien que les navales qu'il recevait dans toute l'étendue de la terre de Murat, à condition que, si leurélal.ilissement réussissait, il aurait droit de sépulture dans une des prin -cipales chapelles qui y seraient construites, ainsi que les vicomtes ses successeurs qui seraient de sa lignée. Les chanoines devaient encore célébrer chaque jour quatre messes pour le repos de son âme, de celle de son épouse Blayde de Caylus, de Guillaume, son père, et d'Eléo11ore, sa mère.
Cinq ans plus tard, un frère de Bégon, nommé Hugues, mort sans enfant, donna sa maison aux chanoines.
Vers 1358, Bégon Jer, leur donna de nouvelles dîmes à Chalinargues et affranchit les maisons qu'ils avaient achetées pour bâtir leur église sur leur emplacement.
En 1375, Pons de Cardaillac, autre vicomte de Murat, s'engagea à payer au chapitre la somme de trente écus d'or, qu'Anne de Gourdon sa mère lui avait donnés pour la fondation d'une messe basse tous les samedis. Ce qui fut accepté par le ch11pitre en considération de ce que ce vicomte était le fondateur de leur église. Les libéralités de Pons ne s'arrêtèrent pas là, cnr en 1380, avec le consentP!nent des consuls de l\f urat, il unit au chapitre l'hôpital et SPS revenus (1 ). Sur l'emplacement de cet hospice fut bâtie ensuite
(1) Le vico1 ... 0 posa comme condition de cette d , nation que personne ne pourrait être reçu dans le corps collégial s'il n'était natif de Murat. Les chanoines devaient en outre économer les biens des pauvres, desquels ils devenaient ainsi les dispensateurs. Un des chanoines fut aussi chargé de l'éducation des enfants de la ville.
Quant à cette condition d'être né à ]1,[10-at, pour faire partie du chapitre de cette ville, elle était si essentielle que rien, au dire de la chronique, ne put jamais la faire annihiler. Le corps collégial l'avait tellement à cœur, que maintefois il se pourvut contre les évêques de SaintFlour, à ce sujet, et eut toujours gain de cause. C'est ainsi qu'en 1518, Jean Teillard, prêtre chorier, nommé chanoine du chapitre de Notre-Dame, par Monseigneur de la Beaume, ne put prendre possession de son canonicat parce qu'il était né à Dienne. Sa famille était cependant originaire de Murat.
Outre l'hôpital dont il vient d'être parlé, Murat vit, dès 1622, jeta hors de ses murs les bases d'un autre asile pour les pauvres, ce fut l'Ilûtel-Dieu de Brezons, situé sur l'emplacement actuel de la maison de M. Teillard-Nozerolles et desservi par trois sœurs de charité de la congrégation ùe Nevers, chargées en même temps de l'instruction des jeunes filles de Murat. Les plans et devis de cet établissement furent dressé,; par le fameux Jacques Teillard, curé de Virargues. - La pierre angulaire et les fondements de la chapelle furent bénis par J .-B. de
l'église collégiale, que ce généreux vicomte affranchit de tout cens et justice. Pons ajouta aux dîmes de ses prédécesseurs celles de la Boissonnières et de Fonnastre en faveur du chapitni.
Béral, chanoine, en mars 1700. Le sieur Chomette, avocat à Murat, et la sœur Marcelline, supérieure des sœurs de la charité, venue à Murat pout· fonder l'établissement de ses t·eligieuses, furent le parrain et la marraine. Nous avons parlé de cet Hôtel-Dieu parce que nous avions à raconter du personnage éminent qui l'habita, dès sa fondation, des choses bien édifiantes e! r1ui nous permettent d'affirmer que Notre-Dame des Oliviers a reçu, au commencement du XVIIIe siècle, les honneurs d'une sainte. Qu'on en juge par les belles lignes qui suivent, glanées dans une page ignorée de l'histoire de Tulle. « L'an 1675, en cette même année où la bienheureuse MargueriteMarie recevait du Ciel sa faveur la plus haute, une autre t vierge prédestinée elle aussi, mais alors pauvre petite fille d'une douzaine d'ans, quittait les Ursulines de Moulins-Eugilbert, ses maîtresses, et rentrait sous le toit qui l'avait vue naître, à Saint-Saulge, en Nivernais . »
« Elle avait nom Catherine PaupC'r. L'avant-dernier de sept enfants, elle fut de très-bas âge prévenue par la grâce. N'ayant encore que six ans, j'aimais, dit-elle, à entendre la parole de Dien et j'avais la mémoire si heureuse que je retenais très-aisément tout ce qu'on voulait m'apprendre. Ce fut dans ce temps qu'un jour de Noël, pendant la nuit, la Très-Sainte- Vierge m'apparut, tenant entre ses bras son divin fils, auquel elle m'offrit, et Lui, me bénissant, me prit la main .... >,
« A l'âge de huit ans, la jeune enfant fut conduite au pensionnat que nous avons nommé. Elle y fit, à neuf, vœu de perpétuelle chasteté. Ce fut, disent ses mémoires, « avec bien de ferveur, sans prendre conseil de personne; car, ajoute-t-elle naïvement, on ne me l'aurait même pas conseillé. ,>
« Rentrée dans sa famille après trois ans d'absence, et pour ainsi dire au lendemain seulement de sa première
Il n'est pas jusqu'à ce terrible comte Bernard d'Armagnac, chef de la faction rivale de celle des Bourguignons, qui ne voulût laisser son num parmi les bienfaiteurs du chavitre collégial de Notre-Dame de communion, elle y vivait déjà comme une petite ascète pleine d'horreur pour les maximes du monde, se cachant en vue de se mortifier et s'adonnant à l'oraison, qu'elle faisait sans le savoir. Dieu, qui l'appelait au service des pauvres, lui avait donné pour ces membres souffrants de Jésus-Christ son fils, une tendresse des plus vives: J'aimais les pauvres, dit-elle, leur donnant tout ce que je pouvais et plus que je ne pouvais; car je prenais bien des choses pour leur donner. »
« Ainsi vécut Catherine .............. Les deux grands attraits de cette sainte fille étaient la pénitence et l'oraison : dans tous les deux, elle n'avait qu'un unique objectif, Jésus-Christ crucifié. >>
En cc temps-là, vivait à St-Saulge un religieux bénidictin de Saint-1\Iaur, éminent en vertu, dom Jean-Baptiste de Laveyne, qui fondait l'Institut de Nevers.
Parmi les vierges que dirigeait le père de Laveyne, étaient Marie l\Iarchangy et Anne le Geay qui furent les deux piliers de la congrégation naissantr., et Catherine, qui devait en être la fleur. Elle avait vingt-deux ans quand elle entra dans l'Institut de >levers sou3 le nom de sœur Marcelline.
La première des fondations de l'ordre, à Decize, lui fut confiée. De là, la Providence appela sœur Marcelline à la direction supérieure de la maison même de Nev~rs d'où, deux ans après, elle venait fonder l'établissement de Murat en Auvergne.
C'est ici que l'éminent professeur de Servières a fait de notre cité le tableau si intéressant qui suit en nous racontant de la vierge de Saint-Saulge des faits vraiment merveilleux :
« Connaissez-vous cette curieuse petite ville,si gentiment assise entre les monts farouches qu'ont traversés les percées du Lioran, et le plateau monotone qui des bords de
Murat. Pendant qu'il était détenu prisonnier, dit la chronique locale, il fit don au chapitre de Murat d'une rente de huit septiers de blé pour célébrer chaque lundi une messe chantée pour le repos de son ârr,e.
!'Allagnon s'enfuit jusqu'à Saint-Flour? Avez-vous vu sa couronne de prismes basaltiques et sa c:,scade de maisons, descendant des noirs rochers qui la dominent jusqu'au milieu du vallon qui l'orne et la nourrit? Il y
avait là au XVII• siècle une population aussi b(c'lle par sa foi que l'était par son pitorresque le site où s'élevaient ses murs Aussi, dès que les habitants apprirent l'arrivée de leurs nouvelles sœurs, sortirent-ils en foule au-devant de leurs pas ; d'autres part, dè~ que Marcelline aperçut ces. murailles qui devaient pendant plusieurs années enfouir ses vertus avec son dévouement, elle mit pied à terre pour y entrer d'une façon plus humble. « Nous trouvâmes, dit-elle, une croix, assez près de la ville, où mes sœurs et moi nous nous mîmes à genoux; et là, je m'offris à Dieu co -mme une victime qui désirait d'être immolée à sa gloire. JJ li faut croire que Dieu agréa le désir et l'offrande, car les immolations ne firent pas défaut.
Ne pouvant, malgré les occupations qui la dévoraient, lui faire tomber des mains l'i11strument de discipline, le démon allait jusqu'à le lui prendre violemment et l'en frappait si fort, qu'il la laissa plusieurs fois demi-morte. Mais nous raconte-t-elle, Notre-Seigneur ne différait pas longtemps à me consoler et même à me guérir; ll d'un autre côté, ajoute-t-elle, « les ravissements à cette époque, me devinrent fréquents. Jl
« Impossible de les énumérer dans le détail : ellemême se reconnaît incapable de suffire à sa tâche. Impossible aussi de raconter tous les prodiges que le Ciel faisait en sa faveur : - par exemple le jour où NotreSeigneur la communia sacramentellement sans secours d'aucun prêtre ; cet autre encore où se rendant à Vic pour y traiter d'un établissement, elle tomba de cheval dans la Cère << sans s'en apercevoir, >> sortit de même
Notre vicomte ayant été massacré à coups de maillet le 18juin 1h18,Bonne de Berry, son épouse, fit délivrer CP,tte rente au chapitre par ses lettres patentes du 18 octobre de la même année. Il existait autrefois, dit Paul de Chazelles, dans les archives de Murat, une pièce curieuse au sujet de cette princesse ; c'est une requête en patois qui lui avait été présentée par le chapitre. Les chanoines y réclamaient les largesses de cette puissante dame pour l'agrandissement de leur église devenue trop petite, et déclaraient en outre
sans se douter qu'elle eût été dans l'eau, et ne trouva que ses gants de mouillés, dans la maison voisine où on la conduisit.
« Dieu, qui voulait la parfaire en tout point, ne laissait pas, à travers ces merveilles, que de l'abandonner aux soufflets dont gémissait saint Paul. Elle eut diverses tentations, toutes d'une grande violence ; mais, pour les dominer, elle po~sédait une maîtresse main. « J'affligeais mon corps, dit-elle, par tous les moyens que la pénitence me suggérait. Tout mon recours était à la Sainte- Vierge, à saint Joseph et à sainte Catherine. Comme j'étais plus tentée lorsque je voulais prendre un peu de repos, je me munissais d'un crucifix à une main et d'une discipline à l'autre. Une nuit que ce combat était plus violent, je m'en servis avec tant de force que l'abondance du sang que j'avais répandu m'avait gelée avec le plancher. Cette tentation de la chair, finit dans cet exercice (on peut le croire !) et les autres cessèrent. >
« De Murat, la sainte fille fut envoyée au Bourg-SaintAndéol, pour y faire une autre fondation. Les ravissements, les austérités, les miracles, les douleurs et les consolations se succédèrent en Vivarais, comme ils s'étaient succédé en Auvergne.>>
( Une page ignorée de l' Histoire de Tulle, par l'abbé J.-B. Poulbrière , professeur au Petit-Séminaire de Servières. - Tulle, 1.876).
avoir reçu plusieurs libéralités du connétable, son mari ; du duc de Berry son père, et des comtes d'Armagnac ses enfants. Ils promettaient de dire pour elle, à perpétuité une messe haute à la Saint-Michel. Bonne accéda à la demande du chapitre.
L'un des fils de cette pieuse princesse, Jean IV d'Ar-mag11ac, bien que n'ayant été à la tète de la vicomté de Murat que pendant quatre ans(14l9-1423). sut continuer les traditions de famille à l'endroit du chapitre, que les moines bénédictins de l'abbaye de Bredons avaient dépouillé de certains priviléges.
Voici ce qu'on lit à ce sujet dans les Ephémérides d'Auvergne :
« Le 23 mars 1421, Jean IV d'Armagnac, vicomte de Murat et de Carlat, ordonne, par lettres datées de l'Isle-en-Jourdain, la restitution au chapitre collégial de N.-D. de Murat, du droit de dîme sur les navales.
On entendait par navales, les terres nouvellement 1 défrichées sur lesquelles les seigneurs ou les curés percevaient la dîme ou autres droits analogues. Le chapitre de N.-D. de Murat avait été dépouillé de ses droits de dimes sur les navales. par le prieur et les moines de l'abbaye de Bredons (1). ·
La principale de ces lettres de Jean d'Armagnac contre le prieur de Bredons, écrite en patois du XVe siècle a été conservée. Ce curieux spécimen intéressant à la füis la linguistique et l'archéologie autant que l'histoire de notre pays nous avons cru devoir le reproduire ici:
CHAR.TE DU COMTE D'ARMAGNAC
Joan, · por la gracia Jpan IV, par la grâce de Diou, comtë d' Ar- de Dieu , comte d' Armanhac, etc. A nos es magnac , etc. A nous etada faïta complinta plainte a été faite de la perla part del capitoul, part du charitre, chacanoungës, et aütras noines, et autres perpersonas de la glaya de sonnes de l'église de Nostra-Dona-de-Murat, Notre-Dame-de-Murat, quë en mouss Bec de que jadis monseigneur Murat, que Diou per- Bégou de Murat que done, vicomte de Murat Dieu parrlonne . vicomte en la fonda lion del col- de Murn l, en la fondalegi de la dita glaya tion du collége de ladite donet al dit capitoul et églisP,, donna audit chacollegi , loos dëymes pitre et collége les dîmes qu'el prendio en los !oc qn'il prenait dans les de Mazeyres et de Li- lieux de Mazeyres et nhac, et les novallias de Lignac, el les nouquë el et lous sious vellaines (novales) que prendion et avion ac- lui et les siens prenaient coustuma dë prendrë et avaient coutume de en la castelania de Mu- prendre en la cllâtellerat, per aütra part en nie de Murat, et d autre tout la viscomta de part dans toute la viMurat, aïssi ën de la comté de Murat. Ainsi, dita donation es estat et bien que ladite donafereïn p er letras et ins- tion ait été assurée par trumens public, al pré- lettres et instruments sen nostre car cosi Jou publics, à présent notre priour de Bredons, de cher cousin le prieur de fait los o despouillats Bredons, de fait les a déde las ditas novallias pouillés <lesdites noutont per së como per vellaines, tant par lui
sos servitours, et los o presas et faïta prendre, despoulliats et des:saysson lo dit capital et collegi, pasque nous on suplicat que lor volguession porveïr remedi : per so voulën et vos mandon expressament, et cometen per las présentas que si vous estat fereïn de la dita r1°nation faïta por Jo diL rnouss Bec de Murat, de las ditas nova llias ol dit capitol et collégi, et que Ion dit priour Jour ne aye dépouilla, que vistamen lous retourne, et restituïeat lo dit capitol et collégi, en la possession de las di ta:- novailias, et de prendrë el levar aquellas como ils fasion dabant la dita espoliation, ne permetent que deguna caüsa lour sio faïta el contrari, abans volen que los fassatas usar et jaüsir de las ditas novallias juxta la dita donation de punt en punt, segund lo contengut de
que par ses serviteurs, les a prises et fait prendre, et dépouillé ledit chapitre et collége, puisqu'ils nous ont supplié que nous · leur voulussions pourvoir à remède. Pourquoi voulons et vous mandons expressément et commettons par les présentes, que s'il vous était justifié de ladite donation, faite par ledit monsieur Bégon de Murat, <lesdites nouvellaines audit chapitre et collége , et que ledit prieur les en ait dépouillés; que promptement les retourne, et remette ledit chapitre et collége en la possession <lesdites nonvelaines, et de prendre et lever icelles comme ils faisaient avant ladite spoliation, ne permettant qu'aucune chose contraire leur soit faite : pariant , voulons que vous les fassiez user et jouir desdites nouvellaines, juste suivant ladite donation de point en point, suivant le con-
los leltras et instrumens d'aquella ; cor deisso far nos vous donen planier pou der, spécia 1 et exprès mandamen.
tenu des lettres et instruments d'icelles. Car de ceci faire nous vous donnons plein pouvoir, spécial et exprès commandement.
Nous n'en avons pas encore fini avec les puissants comtes d'Armagnac et notre chapitre, envers lequel ils se montrèrent tous libéraux, car en poursuivant l'étude des annales du pays, nous trouvons que Bernard d'Armagnac, second fils du connétable et lrère de Jean IV, auquel ce dernier avait cédé la vicomté de Murat (1.423), eut deux fils: Jean d'Armagnac, duc de Nemours et Jean, évêque de Castres et abbé d'Aurillac, qui mourut vers 1490, après avoir rendu de grands services au chapitre de Murat, dont il fut le médîateur en toute occurence.
Quant au duc de Nemours, qui succéda à son père dans la vicomté de Murat (1456), et qui n'est autre que ce prince qui perdit toutes les bonnes grâces du terrible Louis XI, pour avoir participé à la ligue du Bien public, il fonda (20 janvier 1471) dans l'église collégiale de Murat une me.,se bassequi devait se dire à perpétuité et chaque jour, au grand autel, en l'honneur des sept joies de la Sainte-Vierge. Il donna pour cela 20 livres de revenu en assiette de rentes à prendre sur les villages de Mazières et d' Auxillat. Il avait même pris l'engagement rie faire bâtir et décorer une chapelle dans la collégiale ; mais les poursuites exercées contre lui l'empêchèrent de réaliser la plupart de ses pieux desseins.
L'histoire nous apprend, en effet, que ce cadet de la maison d'Armagnac, qui s'était si souvrnt parjuré à l'endroit de son royal bi enfaiteur, fut a ssiégé et fait prisonnier par ordre exprès de Louis XI, dans son château de Carlat; puis conduit à la Bastille et mis en cage de fer d'où notre infortuné vicomte écrivit vainement à « son très-redouté et souverain seigneur pour
le supplier très-humblement au nom de la benoîte passion de N. S. Jésus-Christ et des mérites de la benoîte Vierge-Marie de pardonner au pauvre Jacques. » Cette supplique, digne d'un meilleur sort, se terminait ainsi : « Ecrit en la cage de la Bastille, le dernier jour de janvier 1477. >
Toutefois la fille de celui qui déclarait N.-D., comtesse de Bourgogne, Anne de France duchesse de Bourbon et qui fut aussi vicomtesse de Murat, chargea un certain Sobrier de lever la rente destinée aux honoraires de la messe fondée par Jacques d'Armagnac, de là le nom de Messe de Madame, qui lui fut donné (1472).
L'époux de cette vertueuse princesse est un des plus illustres hienfaiteu rs du vénéré sanctuaire d'où les louanges de tant de générations devaient m onter jusqu'à Marie. En effet, l'église collégiale de Murat ayant été incendiée par la foudre en 14U3, le duc Pierre Il de Bourbon, donna au chapitre, par lettres du 24 septembre de cette même année, une somme annuelle de 25 livres, jusqu'à l'enlier rétablissement de l'édifice incendié. En souvenir, ses armes furent mises sur la grande fenêtre méridionale. L'histoire nous apprend que le cri de guerre des ducs de Bourbon, était : Bourbon Notre-Dame!
Après la félonie de Jacques d'Armagnac et la sanglante exécution (1) qui en était résultée aux halles de Paris en 1477, Louis XI avait confisqué la vicomté de lUural au profit de la couronne. Plus généreux, Charles VIII remit cette seigneurie à l'un des fils de la victime des colères de son père, à un autre Jean d'Ar-
(1) L'arrêt royal condamnait Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, comte de la Marche, vicomte de Murat, etc., comme criminel de lèse-majesté, a être décapité, tous ses biens déclarés confisqués et appartenir au roi (Résumé de l' Histoire d'Auvergne). Le château de Murat ne fut pas rasé alors, ainsi que l'ont faussement avancé certains historiens. Ibid.
magnac qui, peu rassuré, rétrocéda c~tte terre à Pierre II de Bourbon (1).
Le connétable de Bourbon, successeur de Pierre II, s'étant vu confisquer tous ses biens, la terre de :llurat fit retour à la couronne (1532), de sorte que les chanoines de Notre-Dame perdirent leur principal soutien dans la personne de nos vicomtes leurs fondateurs.
Cependant en 1540 nous voyons encore Henri II, roi de France, concéder aux consul,; de Murat la nomination, au chapitre de Notre-Dame, d'un canonicat perpétuel. Telle est la série des seigneurs el des prin, , ces qui, par leurs pieuses libéralités, participèrent à la glorification de la Reine des cieux en la ville de Murat. Beatam me dicent omnes genei·ationes.
Nous avons dit aussi que les revenus du chapitre collégial provenaient de diverses cures.
Citons d'abord celle de Chastel-sur-Murat qui fut unie au chapitre en vertu d'une bulle du pape Nicolas en 1350?
Déjà en 1429, Guillaume Fabryou de Massebeau, qui était curé de Chastel, avait résigné sa cure en faveur du chapitre el avait été admis au nombre des chanoines. Désormais les curés de Chastel reçurent une portion congrue (2) et furent à la nomination du chapitre.
Parmi les noms des divers chanoines de la Collé-
(1) Bien que le rôle de Pierre II de Bourbon, vis-à-vis du chapitre de Murat, se termine ici, on nous permettra de rappeler que c'est ce prince à la la fois comte de Clermont et duc d'Auvergne, qui établit dans notre ville (1480) le bailliage du duché des montagnes, nommé aussi bailliage d'Andelat.
(2) C'est-à-dire de 4 à 600 livres que payait celui qui prélevait la dîme, le décimateui·, comme on l'appelait alors.
giale de Murat qui desservirent cette cure, nous en trouvons de hien connus dans le pays : de Trav erse de Noualhat, curé en 165li; Gandilhon en 1699; de Landis en 1777.
Vient ensuite l'église de Chalinargues ,jadis prieuré, réunie au chapitre de Notre-Dame de :Uurat par le pape Jean XXIII (1414 ). Jean Landeyrat en était alors prieur. Le chapitre faisait desservir cette cure par des vicaires amovibles ( t ). Le corps nommait un chanoine titulaire à vie, et ces chanoines-curés prenaient tous les ans des lettres de non résidence et n'allaient à leur bénéfice qu'aux principales fêtes. Comme il n'était pas permis de tenir des bénéfices incompatibles, pendant plus d'une année, Jacques Ganilh et Bormon, prêtres, se pourvurent par dévolu e11 cour de Rome et obtinrent du Parlement, le 13 51eptembre 1680, une vicairie perpétuelle pour Chalinargues. Il_paraîtrait que la perte de ce procès en cour de Rome et devant le Parlement serait devenue néfaste à nos chanoines, car au dire de Deribier, de là ~erait résultée la ruine du •
(1) En 1580, on était en pleines guerres religieuses et P. Bertrand, vicaire amovible de Chalinargues, écrivait au chapitre de Murat la lettre suivante que nous a conservée l'abbé Teillard :
« Messieurs les Chanoines, « Nous sommes en grand danger d'être attrapés des Huguenots, ensemble l'église de Chalinargues sy vous e nous ny prenons garde, et nous attendons l'heure que les Huguenots nous viennent breuler et prendre l'église Nous vous prions nous envoïer demi-douzaine de soldat~ pour la garde et conservation de l'église, car nous ne sommes pas assez forts pour nous défendre et aussi nous envoïer des munitions pour la défense de l'église ..... »
Signé, p . BERTRAND, vicaire. (Mss. THEIL.)
chapitre de Murat dont les revenus, ajoute le même auteur , n'étaient pas moindres que ceux des chanoines de Saint-Flour. Nous savons cependant que le chapitre de Murat a vécu justJ:u'à la Révolution. François de Clavière,:; fut recteur ou curé de Chalinargues en 1483, sous la dépendance du chapitre; Jacques Ganilh en 1684 et Duclaux en •)780. Voilà encore des noms où l'on se reconnaîtra à \Jurat.
Ce fut le pape Nicolas V,qui unit l'église de Virargues à Notre-Dame de Murat.
Le plus marquant des curés de cette église est sans contredit Jacques Teillard, notre compatriote (1720), l'un des plus illustres chroniqueurs auvergnats duquel, nous aimons à l'espérer, Murat parviendra enfin bientôt à recouvr r r les manuscrits, précieux doctir,1ents historiques dans lesquels tous les auteurs qui ont écrit sur l'Auvergne ont puisé si abondamment que certains de leurs ouvrages en sont comme saturés, témoin le Dictionnaire historique du Cantal. Enfin, dans un ..., ouvrage qui a, selon nous, infiniment plus de cohérence et de valeur littéraire que le précédent : Les Guerres i·eligieuses en Auvergne, Imberdis cite seize fois l'abbé Teillard. L'avocat d'Ambert qui écrivait en 1840, ainsi que nous l'avons déjà dit, nous apprend, page 95, Tome I, que le manuscrit du curé de Virargues lui fut communiqué par M. Delalo, procureur du roi à Mauriac.
La cure de Chavagnac fut unie au chapitre de Murat en 1405. Déjà, en 1399, Armand Estieu, recteur de Chavagnac, s'était démis de sa charge et avait été admis au chapitre des chanoines de · notre ville. En vertu de la bulle du pape Benoît XIII (1405), l'église de Chavagnac devint une vicairie desservie par des vicaires perpétuels nommés par le chapitre, qui leur assignait la portion congrue sur les revenus qu'il percevait. Charles Pichot fut curé en 1601 ; Jean Pichot en 1616 et Pierre Pons en 1760.
Le chapitre dé Murat fit l'acqui,ition de la cureprieuré de Landeyrat, canton d'Allanche, le 12 août
1436. L'évêque de Clermont, suzerain de cette cure, voulant venir en aide au chapitre de Notre-Dame et augmenter ses revenus, consentit à cette acquisition (1437) et lui donna la moitié du produit des dlmes(1); l'autre moitié devant rester au prieur, qui, jusque là, avait été un moine de Saint-Géraud d'Aurillac, d'où il résulta plusieurs procès entre le prieur et le chapitre. La bufü d'union fut fulminée par le pape Eugène IV en 1439.
Un autre prieuré, Saint-Clément, aujourd'huicheflieu de commune du canton de Vic, vit son église réunie au chapitre JeNotre-Damede Murat, p1r Raymond Rouchon, évêque de Saint-Flour (1598), avec l'approbation du pape Clément VIII dont la bulJe porte la date <le 1600, en sorte que les dîmes el les rentes dues au prieur furent perçues par le chapitre, à la charge de payer un vic~ire général.
Enfin, la cure de Narnhac, canton de Pierrefort, elle-même, fut une des nombreuses dépendances de notre importante collégiale. Le Dict. stat. nous apprend qu'elle fut unie au chapitre de Notre-Dame de Murat, en vertu d'une bulle pap~le fulminée en 1350, approuvée et renouvelée par Eugène IV, en 1436, époque depuis laquelle cette cure fut desservie par des vicaires inamovibles, choisis entre nos chanoines titulaires. Parmi les chanoines-curés de Narnliac, nous trouvons encore un Teillard nommé à ce bénéfice en 1767. •
La chronique locale nous a pp rend, en outre, que Jac-
(1) Cet évêque de Clermont qui figure parmi les bienfaiteurs du chapitre de Notre-Dame dP- Murat est Martin Gouge de Charpaignes. Il est bien connu dans l'histoire d'Auvergne comme dévoué au culte de Marie. L'abbé Chaix nous apprend que ce prélat donna à Notre-Dame du Port des marques d'un pieux dévouement. » (Hist. de N.-D. du Port).
ques-le-Loup, évêque de Saint-Flour, réclama du chapitre de Murat un écu d'or de 3 deniers pour les provisions qu'il avait le droit de percevoir sur l'é 6·lise de Narnhac.
Parmi les familles <le la localité, bienfaitrices du chapitre, citons celles d' Anterroëhes, de Masseheau, de Durand, de la Chapelle, cte Traverse, de R:mcillac, de Chazelles, & , , &.
Si nous avons in;;isté sur les nombreux priviléges dont jouissait le chapitre collégial de Notre-Dame de Murat, c'est qu'ils nous ont semblé une des preuves les plus évidentes de lagénéralité, de l'importance de la dévotion à Notre-Dame des Oliviers au moyen âge.
Passons maintenant au privilèges particulier~ accordés aux chanoines eux-mêmes si zélés serviteurs de Marie.
Ils avaient 1 ° le droit d'être appelés à toutes les assemblées du cle rgé du diocèse, dans lesquelles ils occupaient la quinzième séance.
2° Dès l'année 1405 quatre membres de la confrérie de Notre-Dame avaient été exemptés d'assister au synode sans encourir aucune excommunication de par l'évêque de St-Flour, ni être condamnés à une amende pécuniaire pour lofait de leur absence.
3 o Ils avaient le droit de faire des processions extraordinaires dans la ville, d'enlever le corps des décédés, même en présence du curé-prieur de Bredons (1), et cela en vertu de ce qui avait été arrêté le 13 avril 1394 et le 10 mai 1429 entre le chapitre el Guillaume de Cardaillac.
(1) Il ne faut pas perdre de vue que c'est grâce à l'élément patriotique dont se composait notre chapitre collégial, que Murat secoua peu à peu le joug de son 5uzerain de Bredons et put reconquérir cette noble indépendance grâce à laquelle nos pères purent naître, vivre et mourir, même en très-bon chrétiens, sans passer par Bredons.
4° Le chapitre avait des armoiries: son scel, dit Deribier, consistait en un champ d'azur avec un cierge en pal, à l'épée d'argent posée en fasce, formant avec le cierge une croix en sautoir. L'écu était surmonté d'une couronne de comte ayant pour cimier un clocheton.
Au cours de nos recherches nous avons trouvé nous-même, dans la collection de M. J. de Labro le fac-simile d'un joli sceau gothique du XV 0 siècle que son propriétaire nous a affirmé avoir fait faire sur le sceau original ayant appartenu à la collégiale de Murat. L'inscription suivante que j'ai relvée sur ce facsimile ne permet pas d'en douter:
Sigillum capituli ecclœsie beate Marie de Murato.
Au centre du sceau est l'image de la Vierge assise, tenant à gauche l'Enfant-Jésus et foulant aux pieds le dragon iufernal. La tête de la Vierge couronnée d'un diadème est surmontée d'un splendide clocheton style flamboyant.
5° D'après les statuts réglementaires arrêtés en 1436, par l'évèque de St-Flour, Bertrand (1) de Cadéna, les chanoines de Notre-Dame de Murat se distinguaient des autres ecclésiastiques par leur costume, qui consistait en un camail noir, en hiver, avec un cordon de soie verte. En été, ils portaient l'aumusse d'écureuil. Le eamail des c,horistes ne portait pas le cordon vert, de plus leur aumusse était ronde, tandis que celle des chanoines était carrée (2).
(1) Et non Bernard comme l'a écrit à tort le Diction. stat. - Voir la liste des évèques de St-Flour.
(2) L'auteur du Château de Murat, qui paraît avoir connu le chapitre collégial dans ses derniers jours, après nous avoir parlé de son ancienne splendeur et de toute la pompe qu'il déployait dans ses cérémonies, nous en-
6° En définissant une collégiale, en général, nous avons dit qu'on nommait ainsi des églises desservies par un chapitre de chanoines, mais sans siége épiscopal. Nous devons ajouter qu'il n'en était pas tout à fait ainsi pour Murat; car si son chapitre collégial était, comme tous ceux de ce genre, sans siége épiscopal, il n'était pas précisément sans évêque ; évêque éphémère, il est vrai, mais mitré et crossé et auquel on tenait beaucoup à ~lurat eût-il été tant et plus maltraité par la nature. Voici comment s'exprime Paul de Chazelles au sujet de ce chanoine-pontife et de son court pontificat.
« D'après un usage fort ancien, le jour de la Nativité de Notre-Dame, les chanoines, pour la célébration de cette fête, nommaient l'un d'entre eux leur évêque, · selon le rang de réception, et toujours le dernier admis. Cet évêque d'un jour était revêtu de la crosse, de la mitre et des habits épiscopaux. Le chapitre en corps allait le prendre chez lui, le conduisait à l'église, le ramenait ensuite chez lui avac le même cérémonial. L'élu assistait ainsi aux vêpres du 7 septembre, veille de la Nativité, et le lendemain, à l'office, à la procession et à la grand'messe. Il devait don!ler un repas à ses confrères. »
fi: Mgr de la Mothe Awdencour, évêque de St-Flour, avait supprimé cette cérémonie, sur la demande de Pierre Pichot, médecin de Murat. Son fils venait d'être nommé chanoine, et quoique borgne, boiteux et bossu, il devait figurer à son tour avec tous les ornements, ce qui aurait jeté du ridicule sur les cérémo-
tretient de la magnificence des processions où les graves titulaires marchaient enveloppés dans un large camail noir, bordé d'hermine blanche, doublé de soie verte et parsemé de lisérés de même couleur.
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nies; mais en 1693 (1) après la mort de Mgr de Lamothe, pendant la vacance du siége, les chanoines se hâtèrent de rélablir leur ancienne coutume et cette année ils nommèrent leur évêque Mathieu de Traverse, qui officia comme avant la suppression, laquelle du reste n'avait duré que cinq ans. >> (2).
Grâce à un manuscrit appartenant à M. de Sistrière et qne M. Paul de Chazelles a pu consulter, une partie du Nécrologue du chapitre de Murat nous est connue jusqu'en -1266. A l'aspect seul de quelques noms que nous en extrayons, on pourra juger de l'ancienneté de certaines familles :
Agut, Guillaume , mort en 1266
Astruc, Aldebert, )) 1318
Andrieu, Louis, )) 1476
Armandias, Choriste, » 11i70
Bohier, Hugues, )) 1297
Bonnet, Jacques, }) 1437
(1) Cette année 1693 est restée tristement célèbre dans les annales de notre histoire : Au mois de juillet, dit la chronique, il y eut une maladie épidémique dans toute la Haute-Auvergne; la mortalité fut considérable à Murat; les doches ne sonnaient plus pour les agonies et les enterrements, pour ne pas trop effrayer la cité ; il y avait des malades dans presque toutes les maisons Sur la demande des habitants, il fut fait, le 7 août, une procession générale dans laquelle on porta les statues de la SainteVierge et de saint Michel; elles restèrent exposées pendant 8 jours sur la balustrade du grand autel.
(2) Dictionnaire historique du Cantal. 4e vol. Art Murat .
Bou toute, mort en 1471
Chabrol, » 1460
Chazelles, (de) » 1266
Chastang, Guillaume, )) 1400
Chastel, l) 1535
Chabaribeyre, » 1501
Coste, » 1430
Chaulhaguet, }) 1446
Clavières, > 1470
Dubois, )) H31
Delcher, ) 1321
Danty, 1516
Durant, )) 1324
Grenier, » 1429
Grégoire, ) 1465
Hôpital, (Hugues de l' ) > 1470
Landis, (Hugues de) }) 1483
Laroque, » 1631
Mallassagne, marchand, » 1472
l\Jartin, » 1472
Meyniel, l) 1440
l\lurat, (de) )) 1326
Pichot, )) 1415
D'après le relevé fait sur un calendrier de 1762 et qu'ont pu consulter les auteurs du Diction. Hist., le diocèse de Saint-Flour comptait encore, à cette époque, 14 chapitres parmi lesquels nous voyona que« le chapitre de la Nativité de Notre-Dame de Murat était composé de quatorze chanoines et de quatre choriers. Le roi nommait alors à un canonicat, l'évêque à six, le prieur de Bredons à un, les consuls à deux et le chapitre aux quatre autres, de même qu'aux quatre places de choriers. >>
Tel était ce vénérable corps d'ecclésiastiques héritier de la foi de nos pères et surtout de sa tendre dé-
votion envers la Très-Sainte-Vierge(1), lorsq11eéclatala Révolution, effropble tempête dont les vagues depuis longtemps amoncelée" se déchaînèrent sur !oui ce qui tenait aux antiques institutions dt> notre vieille France. Alors d'un bout à l'autre de notre pays retentit un grand fracas de couvenls, de moines, d'abbayes, de chapit, es et de collégiales, et au milieu de ces ruines immenses l'histoire nous montre le chapitre de NotreDarne de Murat gisant à terre, pour ne plus se relever.
Toutefois, de notre anciPn chapitre, deux choses nous restent encore : 1° son église collégiale dont nous nous occuperons bientôt; 2° sa granoe dévolion envers Marie. « Si les révolutions et le lfmps plus puissant encore ont fait di~paraître les chanoines jusques dans le soU\'enir de ce peuple qui les vénérait, dit un auteur, ils n'ont pu arracher de son cœur les croyances dont ils y avaient déposé le germe. Noire-Dame des Oliviers est toujours l'objet des plus grands hommages et de la dévotion la plus ardente. Ses anciPns miracles se sont transmis de bouche en bouche jui.qu'aux générations actuelles. »
(1) Outre ce que nous avons rapporté ci-dessus au sujet de la solennité avec laquelle Je chapitre collégial célébrait la fête de la Nativité, en laquelle deux chanoines en dalmatique portaient sur un riche brancard la statue de NotreDame-des-Oliviers par toute la ville, l'auteur de !'Histoire de Notre-Dame de France (page 340, 2° vol.), ajoute ce qui suit confirmant parfaitement tout ce que nous avons dit de la grande dévotion du chapitre envers sa patronne bien-aimée : cc L'ancien chapitre, par une décision de l'an 1627, qui existe: encore (l'autPt:r écrivait en 1862), avait réglé qu'un de MM. les chanoines devait dire une messe de la Vierge tous les samedis de l'année, avec diacre et sous-diacre, et, de même aux quatre principales fêtes de la Vierge, savoir: la Conception, l'A~somption, !'Annonciation et la Nativité. »
A chacune de ces fête:; clat•a vox, d'accord avec les autres cloches qui lui servaient d'accompagnement, jetait
« Il n'est pas de mèi·e qui ne se soit prostM•née devant son im'lge pour implorer son secours daris ies pénibles ci, constances de la vie (1 J ".
Et voilà comment ùe tout temps à Murat, g·rands et petits, riches et pauvres, savants et ignorants, tous, aimèrent la plus auguste des protectrices, la plus tendre <les mères, et célébrèrent ses grandeurs: Beatam me dicent omnes generationes.
à tous les échos de la vallée les gais carillons de sa voix argentine, et tout Murat, dès la première heure, de concert avec !'Ange, saluait Marie pleine de grâce ou se r<ijouissait avec la Mère de douleur, Mater dolorosa, de la résurrection de son divin Fils.
Un peu plus tard, chacun revêtu des habits de fête et paré de la robe d'innocence s'acheminait vers l'antique Hanctuaire pour aller s'asseoir au banquet de l'Agneau sans tâche.
Venait ensuite la grand'messe célébrée en musique, les vêpres chantées en faux-bourdon, la procession au milieu de laquelle brillait, comme une reine, la statue de NotreDame-des-Oliviers portée en triomphe; puis, enfin, l'heure du salut solennel, c'était, par excellence, l'heure de l'action de grâr.e, l'heure où la voix des instruments se mêlant à mille voix consacrées à Marie, formait le concert le plus touchant, le plus harmonieux qu'enfants eussent jamais adressé à une Mère.
li suffit de lire le chapitre de nos annales ayant pour titre : Confrérie du Saint-Sacrement, pour s'assurer de la pompe avec laqu elle Notre-Dame-des-Oliviers était fêtée à Murat avant la Révolution, nous ne pouvons nous empêcher de citer en terminant le passage suivant : < Aux 4 principales fêtes, l'hebdomadier, le diacre et le sousdiacre seront appe lés au chœur au son du carillon; ils chanteront un salut au grand autel, à l'Ave Maria du soir; et, lorsque les 3 livres 4 sols du lu.minaire seront rentrées, on chantera ce salut en musique, et, à cet effet sera donné 12 deniers à chaque musicien.
CHAPITRE V.
Mural et la contrée récompensés de leur dévonement à Notre-Dame des Oliviers, par des favem·s JJm·ticulières et des p1·odiges exfraordinaires. - Pièce inédite sur la chapelle de Notre-Dame-du-Pont. -Nombreux ex-voto offei·ts à Nofre-Dame des Oliviers . - Noti·eDame des Oliviers calmant la violer.ce d'un ·incendie. - Sa statue préservée au milieu des flammes.
De son côté, cette bonne et tendre Mère qui, comme son divin Fils, ne se laisse jamais vaincre en générosité, n'oubliait pas celle contrée, cette cité surtout qui lui fut toujours si dévouée. Nous en avons le témoignage de plusieurs auteurs: « Leurs prières (des serviteurs de Notre-Dame de Murat/ élaient si pures, dit l'un d'eux, qu'elles s'élevaient vers le ciel comme les émanations d'un parfum précie•1x. Leur culte était si agréable à la mère du Sauveur qu'elle en manifestait sa reconnaissance par les nombreux miracles dont elle ne cessait d'étonner la contrée. (1 ). "
Ces miracles sont relatés tout au Joni dans un ouvrage imprimé au Puy en 1651 (2), aux articles : Notre-Dame du Pont de Bredons, près Murat, et Nostre-Dame de Murat.
Le premier de ces articles est relatif à l'oratoire érigé en 1623 à la sor lie même du pont ile NotreDame, sur la rive droite. Bien que nommée N.-D. du Pont de Bredons, par Branche, cette chapelle n'etait qu'une petite succursale, une dépendance de notre collégiale (3). Elle avait été construite par messire
(1) Château de Murat.
(2) Les Saincts et Sainctes d' Auv. et du Ve!.
(3) Voir (à la fin aux pièces justificatives) une pièce inédite sur la chapelle de Notre-Dame du Pont.
Jean Aimeric, curé de Murat, dit le chroniqueur luimême, à la suite d'une guérison miraculeuse obtenue par une certaine vefve (veuve) de feu Estienne Guillaume, cordonnier de Murat, qui était venue prier au pied de l'image de Notre-Dame, placée alors sur le pont même. Parmi les guérisons merveilleuses relatées dans l'ouvrage précité on remarque que la plupart sont relatives à des personnes originaires de Murat. Audigier après avoir cité tout ce qu'il y a de remarquable à Murat ajoute en t1mninant: On trouve de plus l'oratoire du Pont de Bredons où le peuple se rend en foule pour implorer le secours devant une image miraculeuse de cette Madone (N.-D. du Pont). (Extrait du Mss d'Audigier, par Dulaure. Tom. 2. Mss. 59).
Outre les consiàérations qui précèdent, avouons que nous avons vu dans roratoire dit de Notre-Dame du Pont de Bredons, plus qu'une vulgaire chapelle, nous avons vu Murat descendant doucement la côte pour essayer d'échapper aux étreintes de son suzerain de là-haut. L'érection de cet oratoire paraît coïncider, en effet, avec une tentative d'affranchissement de l'église de Murat (1 ).
(1) Il est difficile de savoir au juste l'époque à laquelle l'église de Murat se détacha de celle de Bredons.M. Raynaud, avocat et signataire de l'art. Bredons, au Dict. Rist., dit : « En 1.622, le prieur de Bredons fit à la ville de Murat la concession de tous ses droits spirituels, pour favori~er l'érection d'une paroisse. »
Et M. Paul de Chazelles, à l'art. Murat: « En 1.662, Je prieur fit cession de ses droits pour favoriser l'érection d'une paroisse à Murat, ce qui ne put avoir lieu. Enfin en 1732, de nouyelles démarches furent tentées ; la
Quant au second art. Notre-Dame de Murat, voici ce qu'en dit le prieur de Pébrac : « On voit une autre merveille dans l'église collégiale de Murat, qui n'est pas à mépriser, et qui caner.me l'honneur de la Vierge Mère, patronne de cette ville ........ De nombreux miracles on/ été opéi·és par son intercession.
ville obtint l'indépendance de sa paroisse après 700 ans de soumisRion. »
Il est regrettable que dans un ouvrage comme notre Dict. Hist., o,'1 0nt été réunis de si nombreux I'\. de si précieux documents, et que nous envie plus d'un Jépartement, l'on trouve parfois si peu de vues d'ensemble, si peu de concordance dans des faits, même corrélatifs. Cela n'accuse-t-il pas un grand manque de contrôle et de critique historique dans cet ouvrage?
Tout nous porte à croire que l'église de Murat ne put rompre qu'insensiblement les liens qui la rattachaient à celle de Bredons. C'est ainsi que dès les XIVe et XV• siècles, pendant la guerre de cent ans, les prieurs de Bredons durent, à cause des courses fréquentes des troupes anglaises dans notre pays, faire certaines concessions, les fidèles ne pouvant, sans danger, se rendre à Bredons pour y remplir leurs devoirs paroissiaux.
C'est ainsi encore qu'en 1449, l'église de Murat obtint le droit d'avoir des fonds baptismaux (Voir art. Bredons, page 289 pour plus amples détails.)
Deux nouveaux documents nous sont survenus lors qu'avaient déjà été écrites les considérations qui précèdent. Nous croyons devoir lss consigner ici pour deux bonnes raisons : d'abord parce que le premier de ces documents n'est mentionné ni dans le Dict. stat., ni dans L'Auvergne au XIF• siècles. Quant au deuxième il est complétement inédit. Ces deux documents, au reste, jettent un nouveau jour sur l'histoire de Murat, que l'un d'eux nous représente inféodé à Bredons jusqu'à la Révolution.
1er document : Arnaud de Cervole, capitaine de rou-
Ainsi l'on y voit (d,rns la collégiale) un grand nombre de diverses figures, et de membres de cire que les malades y donnent selon les maux dont ils ont été délivrés (Tome 1er, page91.)
Voilà pour les principaux faits merveilleux, attribués à la puissance de la divine protectrice de la ville de Murat et que l'histoire nous a conservés. Parmi ceux que la tradition nous a transmis, il en est un qui m'a toujours frappé, car nous n'avons jam:iis oublié le fait que, toutjeune encore, nous racontait souvent une vieille gr:rnd'tante : ( Jadis, nous disait-elle, Murat, sérieusement ménacé par un violent incendie, pensa ne pouvoir mieux conjurer le danger, qu'en re-
tiers, prit et saccagea Murat en 1357 ; mais il ne put se rendre maître de la forteresse, qui avait titre de vicomté. (Haute-Aiivergne du 21 octobre1843).
2o document : Messire Alexandre-Charles d'Anteroche, ancien capitaine des gardes françaises, lieutenant général des armées du roy, du lieu d'Anteroche,paroisse de Bi·edons, près Murat, âgé d'entour 77 ans, est mort sur les trois heures du soir Je 29 août 1785, dans la maison de Messire de Vaulx, chanoine noble de l'église royale St-Julien, d'où l'enlèvement a été fait par messire Antoine Thomas, curé de la paroisse de Notre-Dame, de laquelle il a été transféré dans la susdite église de St-Julien, reçu à la porte de ladite église par le chanoine sacerdotal de semaine et enterré sous les cloîtres, près la porte de la Chapelle de St-Côme, le 30. A sa sépulture ont assisté Messires Vital Chapuis, Antoine Grenier et J ean-Chrisostôme Creyssent, chanoines sacerdotaux, et Pierre Jalbert, chanoine de semaine. »
Cet acte précieux est extrait d'un registre particulier des sépultures de l'é glise de St-Julien et conservé à la mairie de Brioude. Nous le d,,vons à la gracieuseté de l'archiviste de cette ville, M. Paul Le Blanc.
courant à son auguste patronne : la statue de NotreDame ùes Oliviers fut portée sur le lieu du sinistre et aussitôt tout danger cessa. Depuis lors celle partie de la ville s'appela le quartier de Notre-Dame-de-Bonsecours.
C'ést sans doute le souvenir de cet événement extraordinaire qu'a voulu conserver la peinture dont parle l'auteur du Château de Murat.
En nous donnant la description d'un intérieur de notre vieille cité au XVIe siècle, il dit : « Sur une cheminée aussi vaste que profonde et dont la boiserie était parsemée de tètes d'anges el de guirlandes qui enlaçaient, dans leurs contours, ces gro,:sières images, on voyait un mauvais tableau représentant NotreDame des Oliviers, calmant par sa présence la fureur d'un incendie. )) (Page 150).
Mais est-il un fait plus marquant que celui de la statue miraculeuse de Notre-Dame des Oliviers ellemême, restée intacte au milieu des flammes en 1493? "" Il en sera parlé dans le chapitre suivant.
CHAPITRE VI
L'ancienne Collégiale, œuvre des XH'e et XVe si ècl es. Elle fut agranclie JJeu à peu, - incendiée en 1.493,puis reconstruite pat· les aumônes des fidèles. - Le tonnerre ne tombe plus à Mui·at. - D escription intérietffe cle la collégiale avant 1.789. A cette époque elle sert de rléJ Jôt aux prisonniers. Lei statue cle NotreDame cles Oliviers ne fut pas profanée. - A Murat on n'eut que faire de la gu.illotine. - Api·ès le triomphe de l'erreu1· reparut le triomphe de la v fril é .
Nous voici enfin arrivés au second édifice de Murat présentant, après St-Martin, quelque importance au point de vue historique et archéologique. Nous voulons parler de l'ancienne cC1llégiale, église paroissiale actuelle. Celui-là représente le passé, c'est le vétéran des premiers âges; et celui-ci, les siècles intermédiaires et les temps modernes.
Ici, à défaut d'autre document, il nous suffirait de consnlter les pierres ; l'aspect extérieur des assises cornposan t le clocher de notre vieille église nous dirait assez qu'elles caractérisent parfaitement Jeux époques bien dislinctes, bien tranchées. La partie inférieure est l'œuvre du XIVe et du XV• siède, elle est contemporaine du chapitre collégial de Mmat, et de ses fameux vicomtes, les d'Armagnac. L'extérieur de l'ancienne collégiale, sauf son portique, ne présente rien d'architectural.
Cette église fut bâtie, a u dire del'abbéTeillard, vers l'an 1380. Elle fut consacrée par Eti e nne, évêque de Venise, du consentement de l'évêque de St-Flour, 31 mai 1383.
Ce sanctuaire, fort petit au commencement, fut
agrandi peu à peu (1) par le secours des aumônes des fidèles, qui y furent poussés par les indulgences que les papes Clément VII et Benoît XIII donnèrent en 1384 et 1409 à ceux qui aideraient par leurs aumônes à édifier cette église.
Le clocher ne fut bàti qu'après l'an 1430 et l'église agrandie en 1435, gràce à Bonne de Berry.
Cet édifice religieux fut incendié en 1493 (2). Dulaure dit que cette église étant tombée en ruines, Anne de France, duchesse de Bourbon et vicomtesse de Murat, la fit rebàtir; on voit encore ses armes aux vitraux, ajoule-t-il (3). Ici l'auteur Clermontois se laisse prendre en défaut, car voici dans toute son exactitude le fait anquel il fait allusion : La collégiale ayant été incendiée par la foudre en 1493 (4), et Charles de Joyeuse, évêque de St-Flour, ayant accordé une indulgence de quarante jours à tous ceux qui, par leurs aumônes, aideraient à sa reconstruction, le duc Pierre de Bourbon donna les 25 livres dont nous avons parlé ci-dessus.
Marie de Caissac, dame d'Anterroches, donna 300 écus d'or et Anne de France, épouse du duc de Bourbon, un ornement tout parsemé de fleurs de lis.
C'est dans cet incendi e de la collPgiale, par la foudre, que la statue vénérée de Notre-Dame des Oliviers aurait été, selon la tradition, préservée miraculeusement au mil/eu des flammes. On raconte que depuis lors le tonnerre n'est plus tombé dans l'enceinte de Murat et on l'attribue à ce fait miraculeux.
« Les esprits forts souri,-mt en regardant le rocher
(1) Ce qui explique son irrégularité et celle des chapelles latérales.
(2) Mss. de l'abbé Teillard. Mémoires sur Murat, p. 93.
(3) Descript. de l'Auvergne, p, 578.
(4) Voir la date gravée sur l'ogive à gauche du chœur de l'église.
- 62 de Bonnevie, dit un historien né à Murat, et font entendre que c'est là le protecteur de la ville, m:iis la piété reconnaissante a mieux aimé en rendre grâce à une protectrice dont l'image présente aux yeux une mère tenanl un enfant dans ses bras. » Plus loin, le même auteur ajvule : « On a toujours mieux aimé attribuer les évé11ements extraordinaires qui étonnent, à une protection invisible, qu'à nne conjecture, souvent aussi incertaine, de la science. La foi n'a point de danger, quand elle ne fait naitre que des s e ntiments comme la reconnaissance. La dévotion a redoublé à Murat pour la protectrice de la ville et elle s'y conserve encore. Lorsq11'un enfant quitte le pays, sa mère ne manque jamais de lui remettre, en partant, une Orail;on de Notre-Dame des Oliviers, comme pour lui servir rie sauvegarde (1).
Après l'incendie, la collégiale fut consacrée de nouveau, le 16 mai 1694, par Bernard évêque d'Hippone, avec l'autorisation de l'ordinaire, qui, en cette cir- • conslance, accorda 80 jour::l d'indulgences à ceux qui visiteraient celte église.
En 1556, le clo1,her fut couvert en plomb venant, en partie, de la mine exploitée alors au Mtir-de-Bal'rez (Av8yron). Il en fut employé guatre -vingl quintaux soix ,nie-deux livres, à u fr. le quinlal. La chronique parle aussi d'une certaine coquille au haut du clocher, pour laquelle on aurait employé 55 livres d'étain. Ce détail laisse supposer que l'anci en clocher de l'église de Mural avait quelque identité avec le clocher moderne, c'est-à-dire qu'il était aussi disgracieux que lui.
(1) Résumé de l'Iiistoii·e d'Auvergne, par un auvergnat (Talanrlier). Paris-Lecointe et Durey, libraires, quai des Augustins, 49 (1826).Voilà pour la partie extérieur~ de cet ancièn édifice religieux.
Quant à l'intérieur, voici la description que nous en a laissée l'habile narrateur murateix auquel nous avo1,s fait de si intéressants emprunts : « La collégiale devenue aujourd'lrni paroissiale, élait, au XVIe siècle comme au XIXe, formée d'une sen le nef dont le plafond cintré était parsemé de bandes et d'étoiles bleues combinées de la manière la plus barbare. Elle était éclairée par quelques fenêtres dont l'ogive était sans grâce et sans légèreté. Au-dessous de ces ouvertures, d'autres plus grandes et de même forme faisaient communiquer la nef avec des chapelles latérales dont les voûtes à nervures indiquaient plus de soin dans la construction. L'intérieur de en mau~01de mass. f de maçonnerie était divisé en dL '.,X par lie,; égales par un jubé (1) en chêne que dorr.inaient trois croix colossales en forme de calvaire. 1 ° La partie supérieure, qui formait le cbœur : elle était réservée au clergé, à la noblesse du château et des environs, et aux bourgeois de la ville. 2° La partie inférieure occupée par le peuple. » (2)
Telle était dans son modeste ensemble notre antique collégiale, lorsqu'arriva 89. Nous avons déjà vu que la révolution avait dispersé ses paisibles posses~e11rs les chanoines. La Terreur n'épargna pas d'a\'antage leur vieille églirn : poussée par cette soif diaholique de cloches et de clochers, qui la dévurait, cette terrible
(1) Jubé ou Ambon, lieu élevé qui, dans certaines églises, sépare le chœur de la nef, et où l'on va lire l'évangile des messes solennelles, est ainsi nommé parce que le lecteur, avant de commencer, demande la bénédiction au célébrant en ces termes : jube, domine etc. Bouillet. Dict. des Sciences.
(2) Le château de Murat, etc.
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enfant de la Révolution n'épargna rien. ,, L'intérieur servit de dépôt aux prisonniers. >J (1).
Un adage vieux comme le monde dit qu'il est plus facile de renverser que d'élever. Abattre, détruire, dut être chose facile, en effet, pour les septembriseurs nouvelle horde de Vandales, qui fondirent sur Murat comme sur le reste de la France; mais que pouvaientils substituer à ce qu'ils voulaient anéantir? Rien! ou plutôt je me trompe, car si Murat n'avait plus de clocher il avait désormais la guillotine !. .. Est-ce qu'à la voix aimée de ces prêtres, célébrant les louanges de la mère du Sauveur, ne succédèrent pas les gémissements, les pleurs, les vociférations des victimes d'un gouvernement despotique comme la France n'en avait jamai ~ en ?
Que devint la statue vénérée de Notre-Dame des Oliviers dans ce bouleversement général? L'histoire n'en dit rien. Nous pensons que des mains pieuses durent la cacher soigneusement. Au reste, qui aurait osé, à Murat, porter une main sacrilège sur l'antique image de sa patronne chérie? Je n'hésite pas à dire qu'il n'aurait pu y avoir qu'une main étrangère, et telle dut être, sans doute, la main gui s'en prit aux cloches et aux pierres de la collégiale?
Après ce premier moment d'effervesc·ence, tout rentra dans le calme à Murat; les lignes suivantes prouvent suffisamment même qu'on n'eut que faire parmi nous du fatal couperet inventé par le docteur Guillotin; car, dit M. Paul de Chazelles, <r à l'époque de nos saturnales républicaines, les habitants de Murat suivirent avec modération l'impulsion dévastatrice imprimée alors à toute la France. Aitcun homme né dans son enceinte ne souilla son histoire cl'une
(1) Dict. stat. 4e vol. 455.
ta che de sang. Il y eut bien, comme ailleurs, des ventes de biens nationaux, mais en petit nombre; les terres de la vicomté, du prieuré de Bredons et du couvent des religieuses en firent les frais en majeure partie. Il y eut aussi des su spect s, une mai son de réclusion, mais sans vexations particulières; les églises furent fermées comme partout et les prêtres obligés de se cacher ; mais on ne fit aucune recherche active pour les trouver. Enfin, dans ce temps où tant de personnes innocentes payèrent de leur tête leurs opinions, leur fidélité à leur religion et leur fortune, aucune victime n'eut lieu à Murat. >> Si les excès dont notre malheureuse patrie fut alors le théâtre arrêtèrent un moment les progrès de l'humanité et semblèrent rendre vain l'élan général, les sentiments généreux qui, comme un souffle puissant, avaient régénéré la France de 1790, Murat, on le voit, ne fut pour grand chose dans ce mouvement rétro g rade qui, s'il eut continué, nous ramenait droit à la barba, ie. Mais il était écrit que la France de Louis IX, de Jeanne d'Arc, de Louis XII et d'Henri IV ne devait pas périr. Aussi après la tempête revint le calme; après le triomphe passager de l'erreur revint le triomphe de la vérité, éternelle comme son principe. << Alors la sociétéfrançaise, selon la remarque d'un illustre é crivain, fut prise d'un regret singulier , indéfinissaMe, re g ret de ce qui n'est plus, de ce qu'on a dédaitlné ou détruit lorsqu'on l'avait, de ce qu'on désire avec tristesse lorsqu'on l'a perdu. Tel est le cœur humain, ce qui le fatigue ou l'oppresse, ce qui a cessé d'être acquiert tout à coup un attrait puissant. Les coutumrs sociales de l'ancien temps, odieuses et ridicules en 1'ï89, parce qu'elles étaient alors dans toutes leurs forces, et que de pJtjS elles étaient souvent oppressives, maintenant que le XVUI• siècle, changé vers sa fin en un torrent impétueux les avait emportées dans son cours dévastateur, revenaient au souvenir d'une génération agitée, et touchaient son cœur di s posé aux émotif\ns par quinze ans de spectacle tra gique. Voilà pourquoi le
génie de Châteaubriand n'eut pas de peine à relever les beautés du christianisme, le côté moral et poétique des pratiques religieuses livrées, vingt ans auparavant, aux plus amères railleries, et de leur ménager l'accueil le plus enthousiaste, le plus mérité. >J ('1)
CHAPITRE VII.
Renaissance religieuse. - La Collégiale devient église pcwoisiale. - Son cloche,• rnfait sous la Restauration. - Divei·scs transformations à l'intérieur du sanctuaire, 011 tout rappelle la grande dévotion a la Sainte- Vierge. -Murat singulièrement privilégié dans l'iinivers catholique. - Une ère nouvelle s'ouvrit pou,· (église de Murat sous les quatre ecclésiastiq11es éminents qui la gouvernèi·ent depuis la Restaw·ation jusqH' a nos jonrs. - La proclamation du dogme de l'Immaculée Conception 1·em]Jlit de joie la ville de :-tot1·e-Dame-des-Olivie1·s .-6-l·ande démonstration de foi et de piété. - Murat n'a pas dégénéré de la foi àe ses piwes. - Il élève un monuml'nt à la Viei·ge sur le rocher de Bonnevie en souvenir du jubilé de 1875 et comme preuve de sa constante vénération poui· NotreDanie-des-Oliviers. - Travaux d'érection et description de la Statue colossale appelée pai· Monseigneur Baduel, dans sa letti-e pastorale : Noti·e-Dame de la Haute-Auvergne. - Couronnement de Notre-Damocles-Oliviers, le 18 juin 1878 et consécration de la Statur colossale. - Bref apostolique.
Ce fol le signal d'une renaissance religieuse. En 1803, Chateaubriand accompagnait à Rome le cardinal Fesch, comme secrétaire d'ambassade. Déjà Pie VII et le l" Consul avaient rendu la paix à l'Eglise de France par le Concordat de 1801. C'est en ce tempe; là que notre sainte Religion fut restaurée à Murat et que l'ancienne Collégiale devint paroissiale. Les trois ecclésiastiques qui la desservirent alors successivement furent : 1° M. l'abbé Talandier-Salsac, natif de Murat ; 2° M. l'abbé Flory et enfin M. l'abbé Vidal.
Sous le gouvernement de Louis XVIII on releva le clocher couvert d'abord en zinc, puis. plus tarù en ardoises, tel q·1'on le voit aujourd'hui. On dut songer aussi à réparer l'intérieur de cet édifice, dégradé depuis qu'il avait servi de maison de rl:clusion.
Nous avons tous vu, et ce morleste ceintre en bois qui formail la voûte de cet intérieur, et celte grandissime corniche aux interminahles modillons doriques, également en bois, sur laquelle ce ceintre venait si pièlremenl se reposer. Nous avons tous vu cela, dis je, avant les dernières réparations, qui ont valu à notre église une voûte en briques el à nervures retomb'ant sur des chapiteaux qui ne sont pas sans élégance; d'assez beaux vitraux ornent les ogives du côté oriental. Encore une travée ou deux et dégagement, du côté de la Loucherie au moins, et l'on aura un ensemble assez harmonieux.
Une chose digne de remarque dans l'église de Murat, , c'est que sur sept chapelles, sept y comptent un autel ou une image consacrée à la Sainte-Vierge (1 ).
Mais ce qui est plus marquant encore, c'est cette particularité, j'allais dire ce privilt'>ge dont Murat a joui jusqu'à ce jour, pour ainsi dire, sans s'en douter et en vertu duquel elle se trouve être la seule ville, à notre connaissance, dans l'univers catholique où la Sainte- Vierge soit invoquée sous le doux et consolant vocable de Notre-Dame des Oliviers.
Quatre prêtres, éminents autant par leur piété que
(1) Cela nous rappelle que jadis Murat fortifié comptait aussi plusieurs portes dans ses hautes murailles et que parmi ces ouvertures il s'en trouvait au nom aussi significatif que poétique, telles étaient les portes de Notre-Dame-de Bon-Secours - de Notre-Dame-des- Victoires - et de Notre-Dcime-de-La-Gai-clc.
Deribier nous apprend qu'au-dessus de certaines de ces portes étaient des chapelles dans lesquelles on disait la messe aux jours de fête. - C'est sans doute une ombre de ces antiques souvenirs qui, tous les ans, allume encore un feu de joie dans chaque quartier de Murat et lui fait prendre des airs de fête.
par leur savoir, se sont succédé dans le gouvernement de l'église de ~Jurat, après les trois curés nommés cidessus. Ils ,e sont montrés non-seulemenl pleins de dévouement pour le salut des àmes confiées :1 lenrs soins; maie ont encore apporté un grand zèle à restaurer le sanctuaire dP Notre-Dame-des-Olivirrs.
Inutile de redire que le premier, M. Dt>lcu,y, dep 1 1is évêque de Viviers, eut à peu prè · tout à refaire dans cette église profanée, aifüi qne nous l'avons vu, en 1793. C'est sous le ministère de M. Delcusy que l'église de ,1 urat obtint du gouvernement, par l'entremise de M. Teillard-Nozerolles, alors député, le tableau représentant la premièrG Croü,ade. Celle toile qui rappelle un des événements les plus marquants de l'hi5loire :111 moyen âge, est due au pinceau d'un peintre de Bi.Jude, M. Alluys. Elle m'a sembk avoir subi une atteinte grave par une retouche récrnte. Le , chemin de croix, que les dernières réparations de l'église ont laissé intact, n'est pas sans valenr artistique. Le tableau le plus curieux, le plus intéressant de noire ancienne collégiale et qui m'a paru appartenir à l'écolr espagnole, est sans contredit celui qui est à la sacristie. Celle toile est digne d'un meilleur jour et demanderait à être rentoilée.
(Voir, pour la quadruple légende que rappelle ce tableau, le 4• vol. du Dict. stat. p. 456.
Le granrlissime bé11ilier en marbre qni est au fond de l'église, aussi bien que l'orgue, rappellent le souvenir de .\1. l'abbé Pomarat. C'e~t aussi à ce pieux et savant ecr:lésiastique qu'est due !'Oraison à NotreDame-des-Oliviers suivie d'une notice historique. Ce sont les premières lignes imprimées à Mural, en l'honneur de sa patronne.
C'est sous M. l'abbé Charbonnel, natif d'Auzolles, qu'à la voûte en bois fut sub~tituée celle en briques. L'on m'a affirmé que les frais de ces réparnl!ons et autres qui furent faites alors, ont été couverts en partie par la piété et la générosité des habitants de la ville.
L'année 1854 restera ti jamais célèbre dans les annales de l'église. Le 8 d t'• cembrc, l'immortel Pie IX, définissant le dogme de !'Immaculée Conception de Marie, prononçait ces paroles à la gloire de la TrèsSainte-Vierge :
« Ce Dieu dont l es voies sont la miséricorde et la vérité, choisit et prépara dès le commencement et avant les siècles une Mère à son Fils uniqne, pour que d'elle fait chair il naquît dans l'heureuse plénitude des temps; et il l'aima entre tout es les créatures d'un tel amour, qu'il mit en elle seule, par une souveraine prédilection, toutes ses complaisances. L'élevant in·comparablement au-dessus de tous les esprits angéliques et de tous les saints, il la combla de tous dons célestes pris au trésor de la Divinité, d'une manière ~i merveilleuse, que toujours et u1tièrement pure de toute tache du péché, Ioule belle et toute parfaite, elle avait en elle la plénitude d'innocen ce et de saintett1 la plus grande que l'on puisse concevoir au-dessous de Dieu, et telle que, s:rnf Dieu, personne ne peut la comprendre. Et certes, il était tout à fait convenable qu'elle brillât lo 1jonrs des splendeurs de la sainteté la plus parfaite, et qu'entièrement exempte de la tache même de la faute originelle, ell e remportât le plus complet triomphe sur l'antique serpent, cette Mère si vénérable à qui Dieu le Père, a voulu donner son fils unique, engendré de son cœur, égal à bi, et qu'il aime comme lui-même, et le donner de telle sorte, qu'il est naturellement un seul el même et commun Fils rie Dieu Je Père et de la Vierge, elle que le Fils lui-miSme a choisie pour être substantiellement sa Mère, et de laquelle le Saint-Esprit a voulu que par son opération fût conçu et naquit Celui de qui luimême procède. »
Ces paroles inspirées eurent un grand retentissemPnt dam; toute la chrétienté. Il fut donné à M. l'abbé Charbonnel d'en être l'écho auprès de ses paroi~siens si parlicu lièrement dévoués à Marie, et bientôt à Murat ce cri parti de tous les cœurs se fit entendre :
Credo ! Credo ! Tota pulchra es et decorn, fi,lia Jerusalnn. Qui ne se rappelle encore, ou plutôt, qui oubliera jamais la joie pure, le saint enthousiasme que la pl'oclamation de la bulle pontificale répandit dans la ville d,,i Notre-Darne-de.,-Oliviers, en 1855. Qui pourra jamais oublier et le redoublement de ferveur dont chacun fut alors l'autenr et le témoin ; et la procession aux lignes si compactes qui parcourut extraordinairement les rues de Murat ; et les splendides illuminations qui le soir vinrent mettre le comble à la joie 1111iverselle, et ceindre le front de la Vierge Immaculée d'une auréole de gbire tel!P que les siècles passés n'avaient rien vu de semblable, faible expression encore de ce que mérite la Reine des reines, la plus pure de toutes les Vierges! Ave Ma1·ia Immaculata, quibus te laudibus efferam nescio.
Au milieu des files si serrées de la procession en laquelle Murat proclama si hautement !'Immaculée Conception, on avait remarqué la statue de la Vierge sans tache portée sous un dais-niche aux colonnettes élégantes où couraient mille festons bleus et Lianes et qu'avaient dre,sés des mains virginales, porté, dis-je, par quatre jeunes gens de la ville. Q!l'ils étaient beaux! il me semble voir encore leurs vèterneuls Lianes comme l'image de la Vierge et leur ceinture, bleue comire celle de l'Immaculée Conception de la Grotte de Massabiel e. Leur visage enfantin, sous le r e~a rd maternel de la Vierge tutélaire, reflétait une joie, un bonl1eur inaccoutumés. Depuis ce jour mémorable ils fu.-ent particulièrement voués à la mère de la Divine Grâce et de la Sainte Espérance. On affirme qu'elle ne les abandonna jamais dans les pénibles sentiers où les dispersèrent bientôt les nécessilés de la vie. L'un d'eux moissonné à la fleur de l'àge fit une sninte mort : l'on dit ql!e son âme fut portée par les anges devant la Reine des Cieux.
Un autre, jeune encore, fot jeté sur une plage lointaine, au milieu d'un pays inconnu, où durant la tra-
versée tout devint pierre d'achoppement pour sa conscience !imorée : pilotes inhabiles donl les mœurs de quelques-uns faillirent scandaliser à mort son âme; révolte des passions elles-mêmes dont un certain âge n'est j;,mais exempt; incertitude de la voie suivie jusqu'alors; enfin revers de famille qui ne tardèrent pas à le ramener au point de départ. Ce fut la fin de l'épreuve. Toujours après la tempête revient le calme. Une chose avait sauvé le jeune pas~ager dans ce dur apprentissage de la vie, l' Etoile du matin qu'il n'avait jamai;, perdue de vue. A la lueur dt son divin flambeau le voyageur put voir que tandis qu'il s'agitait au milieu de ces dures épreuves, Dieu le conduisait, et prendre une nouvelle voie où celte foi:;, pour applanir les difficultés, je veux dire pour marcher plus sûrement el charmer même les longueurs de la route, Notre-Dame des Oliviers lui envoya succe:;sivernent, et de la façon la plus iuopinée, la plus provirlentielle, quatre anges qui, tous, portaie11t son nom divin. Un / jonr, tout Mural reconnaissant voulut élever à Marie, !'Olivier de paix, un monument de sa piété filiale et 1 aussitôt l'on trouva mêlé à ce noble élan l'un de ceux.,· sur lesquels la Vierge lrnn.aculée avait autrefois daigné abaisser son divin sourire. Lui aussi avait contracté une grande dette de reconnaissance envers Notre-Datiie des Oliviers, e l voilà ce qu'il s'empressa de puhlier à l'occasio11 d'un jubilé gagné à ~lurat, M. l'abbé Bouchet, étant alors curé archiprêtre :
A LA VIERGE
o: Eriger un monument sur le piton même de Bonnevie, telle est, m'a-t-on dit, l'idée pieuse, je dirai volontiers l'heureuse idée éclose en ces jours de divine allégresse, sous le feu ardent du saint enthousiasme dont furent épris les habitants de la vieille cité muratelle.
Il était bien naturel qu'après ces jours de combat (1), ceux qui sont sortis victorieux de la lutte, aussi bien que ceux qui en ont été les instruments providentiels et les heureux témoins, eussent à cœur de perpétuer le souvenir de ces jours de bénédiction et de salut. Hommage donc aux vaillants soldats du Christ, qui ont su combattre les combats du Seigneur, honneur aux chefs zélés et habiles qui ont su si bien commander l'attaque.
On a voul11 dire que nous étions un peuple dégénéré ; il eût été peut-être plus juste de dire un peuple qu'avait pu énerver un instant un pouvoir tyrannique et corrupteur; un peuple qui, s'il a eu de coupable, complaisances, les a cruellement expiées à l'heure qu'il est. On l'a dit, avec raison, la France est le soldat de Dieu ; elle ne veut, elle ne saurait périr. Nous en avons pour garant le réveil na-
(i)Le Jubilé de 1875 venait d'être gagné à Murat.
tional qui s'accentue de toutes parts et dont notre petite cité elle-même vient de donner un si noble et si touchant exemple. A l'œuvre donc tous, à l'œuvre ! Et puisque les derniers événements nous ont épargné la douloureuse mais pieuse sollicitude qui incombe aujourd'hui à toutes les villes foulées par l'invasion (bien que Murat ait fourni son g·lorieux contingent à cette horrible hécatombe qui a répandu partout le sang et le deuil), sachons élever un monument à la Vierge tutélaire des lieux qui nous ont vus naître, en mémoire des victoires que nous avons su remporter sur nous-mêmes et comme pour porter notre pierN au grand édiüce de cette régénération nationale dont Paris lui-même semble avoir donné le signal dans ses futurs IV projets sur Montmartre. Au reste, nous ne ferons en cela que suivre de généreuses et nobles traditions; car nul n'ignore que notre vieille Arvernie, cette terre classique des beaux dévouements, ce pays de croisades et de chevalerie, est encore la terre classique de la foi vive dont le divin flambeau illumine toujours le sommet de nos montagnes.
Elle compte déjà N.-D. de France bénissant l'antique capitale de l'ancien Velay; N.-D. du Retour bénissant la ville de Pascal; celles de Volvec et de Monthou bénissant /. la plantureuse Limagne, etc., etc. Elle aura bientôt la !, Vierge du Rocher. Appelons-la si vous le voulez N.-D. du Triomphe et de la Persévérance.
Cette idée tient donc à la fois de la piété et du patriotisme. J'ajoute que c'est une idée pittoresque autant que poétique.
Q11oi de plus majestueux et de plus imposant, en effet, que la station de Murat dès le jour où son rocher, déjà si remarquable au point de vue minéralogique et si célèbre au point de vue de l'histoire locale, verra, assise sur son antique sommet comme sur un inébranlable pilotis, création des siècles plutoniens, assise la Vierge bénie, étendant un bras protecteur sur sa ville de prédilection et présentant au regard des nombreux voyageurs et de tous, les grâces de son di vin sourire. Réjouissez-vous donc pèlerins de N.-D. de Lescure, il vous sera loisible de saluer en passant la Vierge du Rocher et de vous reposer même à ses pieds des fatigues de vos lointains voyages.
Ne pourrait-on pas dire qu'il y a là encore, comme dans tout ce qui émane du christianisme, une idée éminemment civilisatrice. Oui, désormais où s'élevèrent ces tours
crénelées, au front audarieux, aux meurtriers machicoulis aux noms de sinistre mémoire (1 ), l'on verra s'élever radieuse la statue de Celle que l'Èglise nous dit être belle comme la lune et qu'elle aime à invoquer sous le litre de Tour d'ivoire.
Allons, virils pionniers, faites acérer vos pioches du pl us fort calibre; car plus d'une fois elles pourront se trouver aux prises avec les fondations de l'ancien donjon des vicomtes de Murat. Prenez garde même qu'il ne faille pas recourir à la mine pour déraciner au besoin les derniers vestiges de ce géant féodal du haut duquel, autrefois, les terribles maitres, comme des vautours, tombaient les ailes déployées sur l'habitant des campagnes, sur le passant de la grand'route.
Et vous, vigilants édiles de la cité, vous aiderez puissamment, perrnnne n'en doute, à l'érection du monument projeté; vous aurez les yeux conslamrrrnt fixrs sur ce qui ,;, se passer là-h~ut, n'oubliant point , e que ,a ie nt déjà de célébrité à la ville de Clermont les fouilles du sommet du Puy-de-Dôme commencées à l'occasion des fondations de l'observatoire météorologique. C'est ainsi que souvent se trouve empreinte sur le moindre fragment, sur le plus petit débris mis à découvert par la pioche de l'ouvrier actif, l'histoire de tout un passé.
A vous maintenant, sculpteur habile, de mettre au service d'un tel souvenir tout ce que, nouveau Phidias, la nature vous a départi de talent et de génie, car, ne l'oubliez pas, il ne s'agit pas simplement ici de la statue de la fille de Jupiter; mais bien de la fille du Créateur de l'univers, de celle que le divin Rédempteur n'a pas dédaigné d'appeler sa mère.
Quant à vous, habitants de Murat, vous vous montrerez tous jaloux, je n'en doute nullement, de léguer aux siècles futurs, le gage le plus éclatant de votre foi et de votre filiale et traditionnelle dévotion envers Notre-Dame des Oliviers.
L'idée d'érection d'un monument à Notre-Dame des Oliviers sur le rocher de Bonnevie fil vite du chemin à Mural. On en jugera par les lignes suivantes publiées alors, aussi bien que celles qui précèd ,·nt, dans la presse locale:
Le R. P. Hilarion nous adresse, dit \'Echo des .Montagnes , du 5 mai 1875, la lettre suivante, au sujet de l'article sur le monument à élever à Notre-Dame des Oliviers, au sommet du rocher de Bonnevie. Nous ne saurions mieux faire que de publier cette 1'ettre qui atteste l'empressement des habitants de notre ville à répondre à l'appel qui leur a été fait. Leur amour et leur vénération pour la Vierge qui les protége étaient au reste un gage certain 1 c la réussite de la souscription. Voici la lettre :
« Monsieur le Rédacteur,
« Fidèle interprète du mouvement religieux de la cité de Murat, vous avez inséré de bien belles lignes dans votre journal ; je ne puis que vous en féliciter chaleureusement. N'était-il point temps de donner enfin essor à l'ardent désir de la population, de plac er la statue de sa protectrice sur le rocher de Bonnevie? M. !'archiprêtre attendait un moment opportun, la divine providence le lui a fourni; elle s'est servie de la mission jubilaire pour raviver ce désir et l'élever jusqu'à un saint enthousiasme. Nous n'avons qu'exprimé un souhait, et de toutes parts nous sont arrivés les témoignages de la sympathie et les promesses de la coopération.
« Ces assurances n'ont point été vaines, nous avons compris dès le premier jour qu'il nous suffirait de suivre cette impulsion ; et, en effet, au nom de Notre-Dame des Oliviers pas un cœur n'est reRté insensible, nous n'avons éprouvé aucun refus. Aujourd'hui l'œuvre est à peu près faite, les souscriptions généreuses nous donnent la garantie de sa très-prochaine réalisation.
« Nous nous applaudissons d'avoir estimé assez la richesse de cœur et les trésors de piété filiale des habitants de Murat pour Notre-Dame des Oliviers.
« Redites-donc à tous les échos de vos montagnes, que le monument sera une gloire pour la ville ; dites surtout
qu ' il sera une proclamation de sa confiance en Marie, et le perpétuel mémorial de sa vive reconnaissance.
c< Recevez, M. le Rédacteur, avec mes remercîments sincères, mes salutations les plus empressées.
Murat. 4 mai 75.
A la même date (5 mai) 1'Echo des Montagnes contenait encore l'édifiant compte-rendu ci-après, qui appartient désormais, lui aussi, à l'histoire de N.-D. des Oliviers :
« Il est de ces jours d'ine1fahleémotionquel'on nevvudrait point voir finir. Oui, il est vrai, la fête de dimanche, jour de clôture de la mission, nous reviendra sans cesse comme un parfum des jours les plus purs de la foi et de la piété; il laissera dans nos âmes de,; traces que la rouille du temps ne détruira jamais.
Trois enfants de saint François d'Assises portant dans leur âme les stigmates de l'amour divin, et sur leur pauvre robe de bure le mépris des frivolités du monde, laissèrent tomber sur nous des paroles embrasées. Dès le premier jour noûs fûmes surpris et ravis, et nous nous félicitâmes de l'heureux choix que M. !'archiprêtre avait fait. Bientôt le flambeau de la foi, vacillant sous les souffles divers des préoccupations de la vie, se raviva, et semLla briller comme aux jours de nos pères. Attirés par cette lumière bienfaisante, les esprits viennent avec bonheur étudier les vérités religieuses; les cœurs se réchauffent et les volontés se fortifient. Trois fois le jour les cloches donnent le signal et la foule accourt.
Des discours sont annoncés pour les hommes seuls, bonne pensée.
Avec quels charmes le nombre toujours croissant des hommes de toute classe et de toute condition ne prêtaientils pas l'oreille la plue attentive à la limpidité de la parole, à l'ampleur des idées, à la puissance de la logique et à la simplicité de l'exposition de l'orateur! Là on nous parlait, comme à des hommes, le langage de la raison et •
« P. F. HILARION, franciscain.»
de la foi, et chacun en se retirant se disait à luimême : « C'est vrai! >) et l'on sentait le besoin de devenir meilleur. Le chrétien nous a paru, ce qu'il est en effet, seul noble, seul grand; car la vraie grandeur ne se trouve qu'en Dieu, et l'homme qui sait s'en approcher participe de sa nature. Nous ne nous étonnons pas que des processions organisées sous cette impulsion aient entraîné une telle foule. Le dernier dimanche surtout la procesion fnt belle et imposante. Plus de trois mille personnes accourues de toutes parts suivaient recueillies et pieuses, chantant avec transport les cantiques sacrés.
Arrivée sur la place du Foiral, la tête de la procession se replie sur elle-même en longeant ses propres files, formant des zig-zags, multipliant des courbes gracieuses et régulières, produisant à nos yeux émerveillés une ondulation de peuple interminable.
Toute la procession est réunie ; à un signal donné elle s'immobilise tout à coup. Le R. P. Hilarion va donner la bénédiction µapale, et il apparaît sur le tertre avec ses deux collègues les RR. PP. Léonard et Jean, environnés du clergé, les sapeurs-pompiers faisant cercle autour d'eux. La fanfare lance dans les airs de brillantes harmonies, le tambour bat aux champs; il se fait un religieux silence; la voix du missionnaire arrive à toutes les oreilles en accents vibrants et émus, que répercutent les échos J'alentour; il étend la main pc.,ur bénir au nom de Pie IX, et la foule se prosterne.
Quel spectacle! Non, il n'y a rien ici de l'homme, il n'y a que la religion qui puisse inspirer de telles choses, et nous foire senlir la présence du Dieu invisible.
La procession reprend le chemin de l'église. On avait eu la bonne idée d'enlever les chaises pour laisser plus de place. Il nous semblait ne pas toucher terre, tant nous étions entassés. Là nous attendait l'allocution la plus émouvante et la plus cordiale, digne couronnement de la belle station. On sentait cette union chrétienne, vrai prélude de la fête du Ciel. Cette masse d'hommes, qui le matin s'était nourrie du pain Eucharistique, arrachait à l'orateur des expressions et des émotions que la plume ne peut retenir : le& 1armes tombaient des yeux.
On ne songeait pas que l'on était debout; il fallut cependant se quitter; mais nous ne nous quittions pas tout entiers. Le projet de l'érection d'une statue de Marie sur
le ro c de Bonnevie éternisera Je souvenir de ces jours trop vite écoulés.
Les Murateix savent garder la mémoire du cœur; nos sympathies suivront les pères Franciscains, comme Je disait notre vénéré archiprêtre, répondant, la voix entrecoupée de pleurs, aux dernières paroles du Père, et nous les reverrons pour la bénédiction de notre statue. »
Trois ans à peine se sont éconlés dep 11is que I' Echo redisait toutes ces chose;;, et ces vœux qu'il répétait et que certains esprits semblaient traiter de rêverie, les voilà aujourd'hui réalisés, l'on pourrait dire au"' delà de toute espérance et sur le point de recevoir 1 une solennelle consécration. Avant de citer la lettre pastorale de Mgr Baduel à ce sujet, il me resterait à raconter et l'empressement et les libéralités, disons mieux, les largesses que la ville de Murat a consacrées à la glorification de Notre-Dame-des-Oliviers ; mais une voix plus autorisée y pourvoira. Ce n'était que justice, au reste, de laisser cette douce satisfaction au cœur du pasteur si zélé et à l'appel duquel ses ouailles ont répondu si généreusement. Nous ne pouvons nous <léfendre cependant, en qualité d'humble chroniqueur de Murat el de son Auguste patronne, de dire un mot des proportions monumentales de la Statue de Bonnevie.
Elle a été fondue dans les ateliers de MM. Villard et Tournier, de Lyon, d'après le modèle fourni par M. le directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de la même ville . L'ensemble comprend 10 pièces pesant ensemble 275 quintaux .
. Après que le tout fut parvenu en gare à Murat, l'on vit les gros propriétaires et les fermiers des environs s'empresser d'offrir leur concours généreux pour charrier ces lourdes pièces au sommet du Rocher. On y employa 25 paires de bœufs, à traver;; un chemin creusé en partie, m'a-t-on dit, par les enfants du vénérable abbé de La Salit>, qui du reste ,,, ont secondé, on ne peut mieux, M. l'abbé Bouchet,curé
archiprêtre de Mural, auquel cette grande et pieuse entreprise fait tant d'honnl'lur. Ce concours n'étonnera personne, étant connus le dévouement et les qualités artistiques de notre intelligent compatriote, M. le Directeur de l'école de lUurat.
Ce n'était pas pPtite chose que de monter là haut et de les hitser ensuite sur leur piédestal, ces énormes blocs de fonte ; aussi, les travaux ascensionnels fu. rent-ils marqués par un accident dont les conséquences durent devenir onéreuses: la principale pièce, déchargèe par des mains tout au moins inexpérimentées, alla se fracasser contre le dur basalte de nos monts. Enfin cette même pièce, après avoir repassé !/ par les creusets des fonderies des artistes lyonnais, faillit, en dcrnxième lieu, rouler dans l'abîme ; mais grâce à de puissants leviers, mus cette fois par des bras habiles et vigoureux, on en fut quitte pour de terribles transe,;. Quand toutes les pièces furent boulonnées, on se trouva en face du monument le plus •' gracieux. L'ensPmble mesure 14 mètres de ha\lteur dont 5 mètres 80 pour le piédestal en trachyte venant des carrières du pays et 8 mèlres '20 pour la statue (1).
L'on peut dire de cette ·statue, comme de sa eœur ,,; du mont Corneille, que ce colosse n'a rien perdu du sentiment suave de religiosité p1ofonde de son modèle.
L'on trouve, dans l'œuvre des artistes lyonnais, grâce exq ,1ise et suprême di stinction, goût parfait dans l'arrangement général, poésie délicate et sereine dans l'ensemble, chaste beauté dans la céleste Mère, regard surhumain dans !'Enfant Jésus avec un front divin, qui, sans rien perdre du charme séduisant de l'enfance, porte le sceau divin d'une haute pensée.
(1) Le plan du piédestal est dû à M. le directeur de l'Ecole d'architecture de Volvic, secondé par M. Cyrice l Teillard, ingénieur, né à Murat.
Tel est le monument que Murat va inaugurer bientôt. Alors aura lieu une double fête annoncée ainsi par la lettre pa s torale dont nous avons déjà parlé:
« Le couronnement de Notre-Dame-des-Oliviers, si impatiemment attendu par les habitants de la bonne ville de Murat et de toute la contrée aura lieu le mardi 18 juin (1878) en vertu d'un bref apostolique de date récente. C'est là, très-probablement, la première faveur de ce genre, accordée par le nouveau Pontife Léon XIII. » ........... · .............. .
« C'est une bonne nouvelle que nous sommes heureux d'annoncer à notre clergé ef à nos chers diocésains. >>
« Celte cé r · ·nonie, déjà si imposante et si ,olennelle par elle-même, recena encore un intérêt particulier de l'inauguration, qui aura lieu le même jour, de la belle et colossale statue de Notre-Dame de la Haute-Auvergne, érigét! sur le mont Bonnevie, grâce à la générosité des pieux paroissiens de Murat et au zèle infatigable de leur bien-aimé Pasteur. >,
« L'éclat en sera rehaussé par la présence de plusieurs illustres Prélats qui ont bien voulu nous assurer de leur gracieux concours. "
Depuis la publication de celte lettre pastorale, a paru un nouveau mandement qui contient le dispotif suivant :
« Nous sommes heureux, N. T. C. F., de porter à votre connaissance, le bref pontifical, en date du 10 mai 1878, qui autorise le couronnement de Notre-Dame-des-Oliviers, à Murat.
Ainsi que nous l'avons déjà annoncé, cette solennité aura lieu le mardi 18 juin prochain. - Elle sera présidée par Mgr de Latour d'Auvergne, Archevêque de Bourges, assisté de plusieurs autres Prélats des diocèses voisins.
Tout se prépare pour donner à celte fête une rompe et un éclat dignes de son objet et dignes aussi de la piété traditionnelle des enfants de l'Auvergne.
Le concours généreux de l'administration municipale de Murat secondera efficacement le zèle infatigable de son digne archiprèlre et l'élan admirable de la population de la ci té et de,- campagnes voisines.
Le concours du diocèse tout entier ne saurait, non plus, faire défaut : prètres et laïques, tous, assurément, voudront être de la fèle, tous voudront apporter, avec leurs pieuses offrandes, l'hommage de leur dévouement, de leur vénération et de leur amour à la Madone couro11née.
Tous voudront aussi saluer N.-D. de la HauteAuvergne sur son magnifique piédestal trachytique. De nombreux pèlerins ne manqueront pas, aussi, d'arriver des contrées environnantes et mème lointaines. - La voie ferrée leur prètera ses chars de feu pour franchir plus rapidement le8 Jistances.
Ah ! il nom semble déjà les voir accourir de tous les horizons, en groupes serrés ou en pieuses phalanges. - Partout,. sur leur passage, et au fond des vallées <:Jt au sommet des collines, les échos répètent le murmure de la prière ou redisent les chants de louange à Marie.
0 ville de Mur:1t, ô cité de Notre-Dame-des-Oli-
viers, dilate les voies, élargis ton enceinte : dilata locum tentorii tui. - Regarde bien loin, vois tous ceux qui t'arrivent des quatre coins du ciel - ils viennent se joindre à tes enfants pour célébrer ensemble les gloires de ton auguste patronne. Ils viennent, eux aussi, prendre part aux fa, eurs de Celle qu'on n'invof'(Ue jamais en vain.
Ah ! sans doute tu leur ménages, avec l'hospitalité la plus large et la plus cordiale, le touchant spectacle de ta foi et de ta grande piété pour la Reine du ciel, joint à celui de tes fètes et de tes splendeurs.
En le quittant, ils le diront, non pas adieu, mais au revoir; et, rentrés dans leur pays, au foyer domestique, ils parleront longtemps avec bonheur des choses admirables q,1'ils auronl vues et surtout de la grande édification qu'ils auront reçue dans tes murs.
Qu'il en soit ainsi pour la pl us grande gloire dé Dieu et pour l'honneur de sa très-sainte Mère!. ......
En ce qui concerne le couronnement de Notre-Dame-des-Oliviers.
ARTICLE fer.
Le mardi 1.8 juin prochain, en vertu d'un Bref de notre Saint-Père le Pape Léon XIII, en date du 10 mai 1878, nous couronnerons solennellement, et en son nom, la statue de la Très-Sainte-Vierge, vénérée dans l'église paroissiale de Murat, sous le vocable de Notre-Dame-des-Oliviei·s .
ARTICLE II.
Une indulgence plénière, applicable aux âmes du Purgatoire, est accordée par notre Saint-Père le Pape à tou<; les fidèles qui, confessés et communiés, visiteront le sanctuaire et la statue de Nolre-Damedes-Oliviers et y prieront aux intentions du SouverainPonlife, le jour du couronnement ou un des sept jours qui suivront celte fête.
ARTICLE III.
Un programme spécial fera connaître l'ordre des cérémonies relatives au couronnement de Notre-Damedes-Oliviei·s et à l'inauguration de la statue de NotreDame-de-la-Haute-Auvergne, sur le rocher Bonnevie, à Mural.
Dans la solennité du 18 juin à Murat, Sa Grandeur Monseigneur l' Archevéque de Bourges, métropolitain, sera assisté, en outre de !'Evéque diocésain, par Nos Seigneurs Laccarrière, ancien Evéque de la BasseTerre, Lebreton, Evéque du Puy, Bourret, Evéque de Rodez et de Vabres, Costes, Evéque de Mende.Le concours de Monseigneur Mermillod, Evéque d'Hébron, est également sollicité et vivement désiré. Et sera notre mandement lu et publié dans toutes les églises et chapelles de notre diocèse le dimanche qui en suivra la réception.
Donné à Saint-Flour, en notre palais épiscopal, soi;s notre seing, le sceau de nos arme s et le contreseing de notre Secrétaire général, le cinquième dimanche après Pâques, 26 mai · I 878.
Par Mandement de Monseigneur : A. TISSIER, chan. hon. sec1·étaire général.
t F.-M. BENJAMIN, Ev êque de Saint-Flour.
LÊON X 111, PAPE
A NOTRE VÉNË-RABLE FRÈH E
François-Marie-Benjamin BAD U EL
ÉVÊQUE DE ,;AINT-FLOU!:l
Salut et bénédiction apostolique
A l'exemple dè votre Vénérable Prédécesseur, de pieuse mémoire, Pierre-Antoine-Marie, qui l'avait ardemment sollicité, vou~ avez demandé vous aussi, avec d'instances supplications, le couronnement par Nous de la Statue de la Sainte Mère de Dieu, honorée d'un culte tout Rpécial dans l'église paroissiale do :\lurat, du diocèse St-Flour, afin que par ce privilége Elle devienne plus chère à la piété des fidèle~. Nous avons résolu en ce jour d'accéder, de Notre Autorité apostolique, à ces pieux désirs. En conséquence, pour la gloire, la prospérité et la joie du nom chrétien, Nous vous donnons mission, p:ir ces présentes, Vénérable Frère, de couronner en Notre nom, au jour que vous désignerez vous-même, la Statue de la bienheureuse Marie Vierge Immaculée, en grande vénération à Murat. Et afin d'associer le bien spirituel des âmes à cette solennité, par la miséricorde de Dieu et l'autorité des bienheureux apôtres Pierre et Paul, Nous accordons à tous et à chacun des fidèles de l'un et l'autre sexe qui, vraiment contrits, s'étant confessés et ayant communié, visiteront, le jour de la cérémonie du couronnement ou un des sept qui suivront, à leur choix, l'Eglise _de Murat ainsi que la Statue qui y est vénérée, e,n y_pna~t pour la co11corde des princes chrétiens, l extirpat1on des hérésies la conversion des pécheurs el l'exaltalation de la sai~te église, l'indulgence plé-
nière de tous leurs péchés. Cette indulgence pourra être appliquée, par voie de suffrage, aux âmes qui ont quitté cette vie en union avec Dieu dans la charité. Et ce, nonobstant toute chose contraire. Les présentes étant valables pour cette fois seulement.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous l'anneau du Pêcheur, le dixième jour de mai 1878, de Notre Pontificat l'an premier.
Le Cardinal ASQUINIUS,
VU POUR APPROBATION DE LA TRADUCTION CI-DE:c'SUS : t
B.-M. Evêque de Saint-Flour.
Ces documents appartenant désormais à l'histoire de Notre-Dame-des-Oliviers, nous devions les consigner ici. Cette notice aura pour complément nécesaire la relation de la fète du Couronnement : Ce sera l'objet du chapitre VIII.
Fondation facte par monsieur To11gns à la chapelle Nost1·e-Dame du pon de Bredon, desservie par les sieur curé et prestres dudit Bredon - pour se1·vir à Me Davidat notaire Royal y desnommé, le 10 octob1·e 1682.
Nous laissons à ce document, qui nous fait connaître l'ancienne chapelle de Notre-Dame du Pont, son orthographe et son style originaux.
A tous soict noltoire que l'an mil six cent quatrevingt-deux et le dixième jour du moi& d'octobre, en la ville de Murat estude du notoire royal soubsigné en présence des tesmoins rnuhscrits fut présent maislre Guillaume Touguas natif de la ville de Bégiers en languedoc, procureur principal des Gua belles a sel de Languedoc au départrment d' Auvergne Velay et Givauldan résidant à pré•ant en ladite vil111 de Murat lequel de gré a don, é et donne par ces présentes à til1re de fon,1ation à la chapelle de Notre Dame appele'e du ponde Bredom et de~servfo par le sieur curé et presire de la communaul1é dP l'esglise parrocbille du dit Bredom, vénérable personne messire François Leyvits bacbellier eu rhéologie, prestre et curé de ladi1e ville el parrocbille de Bredom. Messire Géraud Davidat et I ierre Marsal prestre bailleur et syndiez de la commuMullé d, sdits pres• tres de l'année présante tous résidens au dit l\1urat
en ladite paroisse présents et acc f' plant tant pour eux, que pour les aulres pre,tres dt> J;idite coœmunaulté el a11lrrs leurs success , uro; à l'adv, nir la somme de de,;x cents livres en capital et pri ncipal pour le revenu d'yccfü•, eslre employé e11 ladite chapelle pour y faire allumer un cierge de cire blanche du prix de . ... rl'une livre, au chandelier qui est attaché a•.:. pil lin de la l'bapelle de s,iiut Joseph, lequel cierge ledit sieur Tougas veult estre al umé sans discontignualion a commancrr de ce jourd'huy à toutes les messes qui s'y diront à perpétuité dans ladite cbaprlle Notre Dame soict au grand autel de ladite cbape 11 , "- dame que a reluy de saint Joseqh despuis le i;anctus des mes,es jusqut'S après que les prestres quy célèbreront les m1·sses auront fait la saincte communion. Loque! cierge il veut estre aussi allumé lorsqu'il y aura d'autres communiaas chacune desd. messes pendant qtJe les pr1·stre, cl'ièbreront leur administreront la sainte communion mesme lor,que la sainte commun •on ~era administrée aux autri·s communians asprès ou devant les messes et ce s~ns interrnption n_y discontignuation aulcune sou l, ·s quel prétexte que cc so 1cl outre qury el altandn que le revenu d1• ladite somme est plus que suffüant pour y parvt>nir annuf'llem• nt. Il veult aussy qu'il ~oiLL célébré à perpétuitri en lad. chapelle deux messes de Requiem haultes, ave.:: diacre et soubs diacres par le,d. sir-ur curé el preslres de lad. communaulté de Bredom el leurs succes,eurs à l'adve1 ir arnc un liberame quy sera chanté tout au long pour son ân: e a près son décèds, celle de défuncte damoiselle ma i quüe Aymar son ex pourn et de ses parents qni ~e1ont dites, l'une ce jourd'huy dixièmA octobre jo11r du décéds de lad. damoisellP dt'ffunctc Aymar et l'autre le <lix-nruf, jour du mois d ... mars jour el fe,te saiuct Joseph ainsin sNont contignués comme dict est à l'ad~enir sans que lesd. sieur curé
et prestres puissent changer et interrompre les jours prescripts pour lesd. messes et services ny divertir les füicts de lad. fondadaôn àd'auiresusaiges snobs quel prétexte que ce soict et d'aullant que lt>d. sieur Tougas e~t ettranger et que luy et 1... s siens ne peuvent tenir la main à l'advenir à ce qu1' lad. fondation so ·ct desservie en la forme et manières susd., il a prié et requis honneste femme Magdt>laine Andrieu vesve de desffunct Estienne Charivaribeyre ~es hoirs et successeurs à l'advenir et ton& a•;tres de prandresoin de faire desservir ladite fondaôn en la forme et manière susd. laquelle Andrieu cy présantll et arceptante a accepté la prière que led. sieur Tougas luy en a fair te et de faire toutes les dilligences nécessaires pour le service de lad. fondation et pour cest eff, et ont lesd. sieur curé et prestres scindées tant pour eux que pour leurs successeurs à !'advenir, promis d'adv1•rtir lad. Andrieu ses hoirs et succes~eurs desd. jours dixiesme et dix•neufviPsme mars à perpétuité pour assislM et entendre si bon leur semble Jesd. messes, et pour que le fonds et capitaïl de ladite fondaôn soict 1ertain et asseuré pour la faire desservir à !'advenir led. sieur Tougas du vouloir et comar,lPmeut d•·sd. sieur curé Davidat et Marsal a présantement r.ompté, payé et deslivré réellement en bonnes espèces d'or et d'argent ayant cours lad. somme de deux cens livres a M. Pierre Davidat notoire royal habitant dud. Mural présant et acceptant.
Oe laquelle somme, ledit sieur Davidat a quitté et quitte ledit sieur Tougas, et laquelle somme il a prérnntement recogneuo et assignée sur tous el sur chacuns ses biens meubles, immeubles, prr~ens et advenir, et par exprès sur un pré appelé lou Joignian, contenant cinq charretées Coing en premiP.r• ·s herbes, situé au-devant du village de la Vaysseyre, coufrontaot d'oriant au pré de Jean Rancillat à came de sa femme, du midy au boix dud. Davidat, appellé lou
Bar/a, d'occillant au pré de Estienne Oavignès, etde sep coirioo au c, ,mmuu du lim1, l <' quel prJ demeure expPcialleme11t affort~ 1•l yppoléqué au payem1 ·nt de ladite somme el revenu d1c1,1le sans que l'expécialle d1,sroge à la giinéralle ny au coutraire. Le rPvenu de laqu , lie somme de deux cens livns lcd . sieur Davidat a promis de payer annuellement, aud. sieur curé et prPslres de lad. communauhé de Bredom d à leurs successeurs, à !'advenir, <lix livres de revenu, un chacun jour dix• eu mois .d'octobre de chacune année. Le premiPr p3yem 1• nt comrnancerait d ,· cejourd'huy Ainsin sera conlignué il cbaeun jour, dixiPsme octobre , sans in 1erruption el pour que lad. fo11dàon et servires so it rontignué sans aulcune interrup ion, seront tenns lesd. sieur curé l'L prestras d'advertir led. sieur D.1vi<lat s1•s hoirs el successeurs à !'advenir pour assister sy bon leur s 1•mble, et prandre soin avec lad. Andrieu et successeun, que lad. fo11daôn soit dPsservie, <·t pour plus grand asseuran,w du fonds de laJL fondaôn, led. sieur Davidat a promi, de rapporter suces,acnmcnt ausd. ~ieur curé et s i ndics de laJ. co111111unaullé la minutte d'une obligaôn deue par l ,, d. sieur Davidat a sieur Aothoine Baudoin. ma r chant dud. Mural de six vingts neuf livres avec subroga'Ô111 de lad. somme au nom dudit sieur Tougas, comme a payement de lad. somme estant fait de pal"Ïe d·es d•·niers faisant le fonds dti lad. fo ,, daôn, affin que lad. obligaôn et subroga(Jn leur tienne lien d'yppotèque et qu'ils demeurent ;ubrogés comme dè, à présent, led. sieu ,r Davidat Je cousant â l'hyppolèque dud. sieur Bau. doin pour pbs grand as,eurance comme dict est du payement du contenu et reveuu de lad. fondaôn, car ain~in l'ont i1romis jurés obligés.
Souhsmis, renoncés. Fait -en pr6sance de Mr René de La11mur, advocat. et Philip Fayon, clet'c, habitants dud. Murat, soubsignés avec les parties, oscepté
lad. Andrieu quy a déclaré ne sçavoir signer requis. Signés à l'original : Tougas, Oavidat, Leyritz, curé de Bredom, Davidat, scindict, Marsal, scindict, de Lau mur, Fayon et Rougrée, notaire royal.
(Ar chives de M• Cambarel, notaire à Murat)
Messire François d' Anteroche, prêtre, chanoine, comte du noble chapitre de l'église royale St-Julien de Brioude, âgé d'entour soixante et dix ans, est décédé dans sa maison, le 26 mars i 784, d'où l'enlèvement a été fait par le chanoine de semaine, suivant le droit et usage, le 27 dudit mois, jour auquel il a été inhumé sous les cloitres. A sa sépulture ont assisté Messires Antoine Grenier, chanoine sacerdotal de ladite église et Etienne Escales, aussi chanoine, soussigné non Chapuis .
OR~ISON A
NOTRE-DAME DES OLIVIERS
HONORÉE DANS L'ÉGLISE PAROISSIALE DE MURAT
0 divine Marie, qui avez mérité de devenir la mère de Dieu, la Reine des Anges et des hommes, et la merveille du Ciel et de la terre, je m'adresse à vous en toute confiance dans les be~oins où je me trouve; je vous révère en toutes les manières que je le puis, selon Dieu. et que je le dois selon vos grandeurs, et que Jésus-Christ, votre Fils unique, veut que vous soyez révérée en la terre et au Ciel. Je vous offre mon àme et ma vi<', et veux vous appartenir pour jamais. Mère de grâce et de miséricorde, comme votre cher Fils ne peut rien vous refuser, demandezlui pour moi, je vous supplie, qu'il ne me traite pas en coupable commn je le suis, dans les peines et afflictions où je me vois en cette vie, mais qu'il me fasse miséricorde. 0 Vierge sainte! regardez-moi comme lc> sujet de votre puissance et comme l'objet de vos miséricordes. Source de vie et de grâce, olivier de paix auprès de Dieu pour les pécheurs, puissant olivier sous l'ombre duquel nous sommes à l'a• bri, dam cette ville, des funestes éclats de la foudre el du tonnerre, olivier fécond qui non-seulement donnez la fécondité à celles qui implorent votre assistance, mais encore qui prenez un soin tout parti-
enlier pour la conservation du fruit des frmmes enceintes, olivier enfin, unique ressource de cette ville par les miracles que vous y opérez journellement en notre faveur, j'ai recours à vous pour être délivré du péché et des maux qui m'accablent; soulagez-moi au milieu des maux et des travaux où je me trouve, que s'ils doivent encore durer en punition de mes péchés, obtenez de votre cher Fils que je les supporte avec patience; très-digne Mèrade Dieu, qui êtes l'olivier de grâce de vos fidèles serviteurs, faites que j'obtienne qu'à l'heure dernière de ma vie mon âme soit entre vos mains, et que par votre intercession je jouisse dans le Ciel, avec votre chr>r Fils, de la gloire éternelle.
Ainsi soit-il.
CONSÉCRATION ANOTRE-DAfflE DE LA HAUTE-AUVERGIE
Prends mon cœur, le voilà Vierge ma bonne Mère, C'est pour se reposer qu'il à recours à toi; Il est las d'écouter le$ vains bruits de la terre, Ta secrète parole est si douce pour moi !
Que j'aime de ton front la couronne immortelle, Ton regard maternel, ton sourire si doux, .Mère, plus je te vois plus je te trouve belle ; Ponr te donner mon cœur, je suis à tes genoux, Tu le sais inconstant, hâte-toi de le prendre: Ce soir ce cœur pourrait ne plus être le mien ; Il me faudrait pleurer pour me le faire rendre, Oh ! cache-le bien vite et mets-le dans le tien ! Que si jamais plus tard je te le redemande, Va, ne me le rends pas, et dis-moi dès ce jour, Dis-moi qae tu ne jeux accueillir ma demande, Que je te l'ai donn , qu'il est tien sans retour : Rends-le pur à tes yeux, donne moi l'innocence, Ton bon cœur- pour t'aimer, et ton sein pour dormir ; La Foi, la Charité, la sublime Espérance, Du bonheur ici-bas, un beau jour pour mourir.
Quand mes yeux obscurcis baisseront vers la tombe, Quand ma lèvre au calice aura bu tout le fiel, Donne-moi pour voler des ailes de colombe, Et viens me recevoir à la porte du ciel.