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Jean-François Boyer et Sébastien Borivent (Tetra Media Studio) “Accueillir des talents et leur donner des moyens de développer leur ligne éditoriale
HLes dirigeants Tetra Media Studio, Jean-François Boyer (président) et Sébastien Borivent (directeur général) font le point sur l’activité du groupe (adossé au britannique ITV), et de leur stratégie de développement basée sur les goûts des spectateurs et des tendances fortes du marché. Ils souhaitent continuer d’attirer des talents nouveaux.
0ù en est le groupe Tetra Media Studio depuis le rapprochement avec ITV?
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Jean-François Boyer : nous sommes très heureux du rapprochement avec le groupe anglais ITV qui, je le rappelle, est coté à la Bourse de Londres. Ce sont des industriels et des entrepreneurs du secteur qui connaissent parfaitement notre univers. Très pragmatiques comme tous les Britanniques, ils nous laissent une liberté éditoriale et financière.
ITV est l’un des premiers et des plus anciens distributeurs de programmes de télévision au monde. La moitié de son chiffre d’affaires est réalisée en production, depuis Chapeau melon et bottes de cuir ou Amicalement vôtre, jusqu’à des séries plus récentes et tout aussi prestigieuses. Ils ont racheté depuis une dizaine d’années une cinquantaine de sociétés dans le monde, comme par exemple Cattleya en Italie, producteur de Gomorra et de Suburra, mais aussi d’autres, ave c l e s qu e l s n o u s avo n s d é j à commencé à monter des projets de coproduction.
Ce rapprochement, très stimulant pour nous, a été initié en 2016. ITV n’est pas concurrent des chaînes de télévision françaises. Ça nous donne une vraie liberté, une sorte d’indépendance d’esprit que j’ai toujours voulu conserver depuis vingt ans. L’aventure continue, mais avec des associés qui sont différents.
Sébastien Borivent: Ils ont une vraie expérience du management de la création. Ils savent qu’il ne faut pas transformer les talents et les gestionnaires de talent en salariés, car à long terme, cela complique l’exercice de nos métiers.
La concentration du secteur vous a-t-elle poussés à vous adosser à un groupe?
S. B. : Non. Avec plusieurs labels à notre actif, il nous semblait avoir la taille critique pour continuer à subsister sur ce marché.
IT V est pour nous une fenêtre ouverte sur le monde. Le groupe britannique nous a directement apporté des contacts avec ses producteurs et la perspective de pouvoir créer des coproductions de manière relativement évidente. Nous les rencontrons fréquemment pour évoquer nos projets respectifs, cela facilite nos collaborations.
Jean-François Boyer et Sébastien Borivent
« Accueillir des talents et leur donner les moyens de développer leur ligne éditoriale »
Les auteurs sont au centre de votre réflexion. Comment gérez-vous ces talents?
J-F. B : Dès 2004, j’ai souhaité que Tetra Media Studio soit la maison des auteurs. On essaye d’attirer les meilleurs auteurs, les meilleurs scénaristes de séries, et de les rémunérer à leur juste valeur. C’est pour la raison pour laquelle nous proposons à nos principaux auteurs, comme Frédéric Krivine, mais aussi à d’autres, d’être coproducteurs. Frédéric était, par exemple coproducteur du Village français, mais aussi d’Une belle histoire. Nous cherchons à les fidéliser. Cette approche nous a beaucoup impressionnés lors de notre rencontre avec les dirigeants d’ITV, notamment avec le président à cette époque, Adam Crozier. Nous avons passé plus d’une heure avec lui, et il nous a parlé pendant trois quarts d’heure des auteurs et de la politique de fidélisation des auteurs en France en nous demandant ce que nous faisons dans ce domaine, notamment s’il existait des contrats d’exclusivité. Ces questions le passionnaient. Les Anglais ont visiblement compris depuis une trentaine d’années que le nerf de la création, c’est le lien avec les talents, et notamment avec les scénaristes.
Quels projets avez-vous en commun?
J-F.B. : Nous travaillons avec les studios américains dans le cadre d’une coproduction avec Brian de Palma pour l’adaptation aux Etats-Unis de la série Un village français pendant la guerre de Sécession. Celle-ci, qui s’appelle pour l’instant 1861, raconte l’histoire d’un village du Kentucky de 1861 à 1865. Frédéric Krivine, auteur français, travaille avec Brian de Palma directement entre New York et Paris pour en faire une grande série totalement inspirée de la nôtre.
Quel a été l’impact du Covid-19 sur vos activités?
S. B. : Il y a des activités qui ont bien plus souffert que les nôtres. Mais comme tout le monde, nous avons stoppé les tournages aux alentours du 17 mars (mais il n’y a pas eu d’interruption) pour reprendre fin juin, dans des conditions plus difficiles, en essayant d’avoir des équipes plus restreintes avec les contraintes du protocole sanitaire. Nous avions un tournage à l’étranger qui s’est décalé. Nos équipes et nos talents sont fidélisés dans la durée et on a pu attaquer nos tournages dans des conditions plutôt bonnes. Beaucoup de gens ont souffert d’un goulet d’étranglement avec les comédiens ou avec les prestataires techniques, pas nous.
Avez-vous pu bénéficier de soutiens ou d’aides?
J-F. B. : Nous avons fait partie d’un club de producteurs composé de membres de l’USPA et du SPI qui a interpellé le ministre de l’Economie pour demander des mesures de soutien fortes concernant l’audiovisuel, c’est la seule façon dont on s’est manifesté.
S.B. : Cela dit, entre le chômage partiel, le report du paiement des charges et les mesures du CNC plus les prêts garantis par l’Etat, les aides ne sont pas négligeables. Nous avons bénéficié du chômage partiel pour certaines activités, notamment celle qui concerne la captation de spectacles vivants.
Pouvez-vous nous faire un bilan sur votre activité à ce jour?
J-F. B : Depuis cinq ans, nous avons commencé à écrire une nouvelle page de l’histoire de Tetra Media Studio et pas uniquement avec le rapprochement avec ITV. Jusqu’en 2009, nous
avons connu une période avec des succès d’audience comme ceux d’Un village français (sept saisons) ou Les Hommes de l’ombre, mais nous savions que cela s’arrêterait. Nous avons pré- paré un nouveau cycle de production et cherché à nous adapter aux évolu- tions du secteur, notamment en ana- lysant l’évolution des goûts des télés- pectateurs. Nous avons aussi cherché à diversifier notre portefeuille de par- tenaires et de clients.
Sur l’évolution des goûts, le pari est réussi. Nous produisions des séries dans tous les genres, ce qui n’était pas le cas depuis cinq ans : du polar (Profilage et Balthazar pour TF1) ; du fantastique et de l’anticipa- tion (Vampires pour Netflix l’an der- nier) ; de la comédie ( Irresponsable, un des grands succès d’OCS sur trois saisons) ; puis Une belle histoire (sur France 2 l’an dernier) ; de l’histoire (vous verrez l’an prochain sur Canal+ Paris Police 1900, qui raconte l’histoire de la création de la police au début du xx e siècle). Pour OCS, nous préparons une série de 10x26’ qui s’appelle Pla- tonique, une comédie sur le modèle de la famille aujourd’hui. Enfin, le film de guerre avec Sentinelle, une série de 52’ en préparation également pour OCS, sur une patrouille de jeunes militaires français basés au Sahel.
Nous avons également diversi- fié les formats : du 90’ pour TF1, des 52’, des 26’ (avec de la comédie ce qui est rare en France). Vernon Subutex, une dramédie produite l’an dernier, avait un format nouveau de 35’. Nous produisions systématiquement des créations originales, sauf Une belle histoire, qui est une adaptation assez éloignée d’une série anglaise (Cold Feet), repensée par Frédéric Krivine.
Nous cherchons à répondre à l’in- croyable diversité des goûts des télés- pectateurs, avec un ton nouveau pour tous les publics. Notre groupe doit avoir la capacité de répondre à cette di- versité, notamment aux plateformes, qui demandent des genres nouveaux permettant d’explorer des univers très différents du polar, et d’aller vers de nouvelles aventures en matière d’édi- torialisation. En fait, mon métier res- semble à celui d’un éditeur de livres. J’accueille de nouvelles collections, de nouveaux producteurs, de nouveaux genres et de nouveaux formats. Nous développons (sans aucune chaîne pour le moment) une série ambitieuse en costume sur l’esclavage, Enchaî- nés, écrite par un jeune auteur, Alain Moreau. L’histoire se passe à La Réu- nion au début du xix e siècle.
Enfin, nous avons diversifié nos clients : en 2020, sur l’ensemble de nos commandes tous genres confon- dus, France Télévisions représente moins de 10 % de notre chiffre d’af- faires. Nous avons su, depuis trois ans, travailler pour toutes les chaînes, sauf pour Arte.
Quelle est la ligne éditoriale de Tetra Media Studio en matière d’adaptation d’œuvres littéraires?
J-F. B: Je suis le “producteur des producteurs”. Mon métier consiste à accueillir des talents et de leur don- ner des moyens de développer leur ligne éditoriale. Nous avons huit producteurs de fiction, parmi les- quels Stéphane Marsil, Emmanuel Daucé ou encore Charline Delepine ou Saga Blanchard, qui vient de nous rejoindre. Ils disposent d’une liberté éditoriale totale.
Je suis réticent sur l’adaptation littéraire, car les scénaristes français ont un univers de représentation de la société très fort, il faut leur don- ner la possibilité de développer leur propre univers. Car une série consti- tue un point de vue très personnel sur le monde. Sur le plan économique, vous achetez les droits d’un livre, puis vous demandez à un scénariste de le repenser autrement. Vous payez donc deux fois… Et les choses se terminent souvent mal, car l’auteur estime qu’il a été trahi. Une des seules adaptations que nous ayons pro- duites en vingt ans reste Vernon Su- butex. Mais comme les plateformes sont très friandes d’adaptation lit- téraire, on est contraint d’évoluer. Ainsi, nous avons acquis l’an dernier les droits d’un livre, Les Espions de la terreur (Harper Collins), que nous développons. Il raconte la traque des terroristes du 13 novembre 2015.
Vous souhaitez renforcer vos équipes dans la production et l’écriture…
J-F.B. :Une nouvelle ère s’ouvre pour nous dans la logique du studio. Le recrutement de Saga Blanchard est le début d’un processus. Je lance un appel aux scénaristes et aux produc- teurs jeunes ou confirmés afin qu’ils nous rencontrent, qu’ils nous envoient leurs projets, et s’ils souhaitent s’ados- ser à nous, nous pouvons racheter leur société. Notre rôle est d’accueillir ces talents, de leur apporter du confort et de la liberté.
Le travail avec les plateformes est-il très différent de celui que vous effectuez avec les chaînes?
S. B. : On a peu de recul. Netflix met en place des dispositifs adaptés à chaque producteur. Pour nous, cela s’est bien passé. C’était assez exigent en termes de reporting et de commu- nication. Il y a un gros préalable juri- dique, pui,s en phase de production, il y a énormément d’échanges finan- ciers. Au-delà, cela reste un dévelop- pement classique de projet: on écrit, on produit et on échange. Nous dis- cutons avec des autres plateformes (Disney, Amazon et Salto).
Propos recueillis par Michel Abouchahla
HSened Dhab, directeur de la fiction numérique depuis deux ans, décrypte la stratégie digitale de France Télévisions, qui a réussi à faire revenir les jeunes vers le service public via France.tv Slash. L’objectif cette année est désormais de développer l’offre de fiction adulte sur l’autre plateforme du groupe, France.tv.
Le choix de scinder l’offre numérique de France Télévisions en deux, avec une offre pensée pour le public adulte (France.tv) et une autre dédiée aux jeunes publics (France.tv Slash), a porté ses fruits la saison passée avec des succès comme “Parlement” sur la première ou “Stalk”, “Skam France” et “Mental” sur la seconde. Comment est née cette stratégie?
L’impulsion vient de Delphine Ernotte-Cunci, Stéphane Sitbon-Gomez et Takis Candilis, qui m’ont confié la mission de mettre en place une stratégie autour de la fiction numérique avec en filigrane la nécessité de reprendre contact avec nos jeunes publics, tous ceux que nous avions du mal à atteindre via nos programmes linéaires : des tranches d’âge qui vont de 15 à 35, voire 40 ans. Or il était inenvisageable pour nous de proposer la même chose aux ados et à la tranche la plus âgée de ces publics, tout simplement parce qu’on ne parle pas à un adolescent ou à un jeune adulte de la même manière que l’on parle à un actif ou un jeune parent. Nous avons avancé avec la conviction que pour toucher le public de manière forte et engageante, il fallait une proposition plus “sur mesure” pour ces publics, avec des fictions capables de faire résonner quelque chose en eux. Il fallait trouver le bon contenu pour la bonne cible.
Quitte à affiner votre choix par lasuite, à l’image de “Derby Girl”, tour à tour envisagée pour les deux plateformes?
Grâce à la nouvelle organisation mise en place l’année dernière, nous sommes beaucoup plus flexibles sur le mode de diffusion de nos différents programmes et nous pouvons profiter bien mieux de la force du numérique. Passer d’un support à l’autre, comme nous l’avons fait avec Derby Girl, exige une grande agilité, et nous l’avons. A mesure que la production avançait, nous nous demandions si ce n’était pas trop adulte pour Slash; devant le produit fini, nous avons jugé que c’était bien dans la cible.
Derby Girl est en effet un bon exemple de notre agilité, de la manière dont nous affinons notre offre et, surtout, de notre capacité à provoquer la réaction du public. Parce que c’est ce que nous allons d’abord chercher: c’est en nous engageant auprès de notre public, en lui proposant des programmes autour desquels il aura envie de lancer la conversation et multiplier les réactions, que nous
Sened Dhab
parvenons à le toucher. Pour que cela fonctionne, il faut vraiment être pile dans la cible.
Le succès de “Parlement” vous fait-il réfléchir à une diffusion en linéaire de la série?
A ma connaissance, ce n’est pas d’actualité pour le moment. Nous avons toujours envisagé nos fictions, qu’elles soient programmées pour le linéaire ou pour le numérique, avant tout comme des séries. Je me bats depuis deux ans contre l’appellation “websérie” : personne ne penserait à qualifier House of Cards ou Orange Is The New Black de websérie, et pourtant, techniquement, elles ont été créées pour une première diffusion exclusive sur le web. Ce sont des séries destinées à un certain public, et il se trouve que ce public-là, on peut le toucher sur le numérique. Ainsi, nous laissons ouverte, dans tous nos contrats et depuis le début, la possibilité de renégocier les droits si une opportunité de diffusion linéaire se présente.
Les publics de ces deux plateformes sont très distincts…
Oui, c’est ce que tend à démontrer l’exemple de Skam France, qui fait un carton sur le numérique et touche moins son public sur le linéaire. Mais j’attends d’éventuelles prochaines diffusions linéaires de nos séries pour pouvoir réellement comparer. De manière générale, l’idée qu’un programme proposé en amont puisse phagocyter ses audiences en linéaire est complètement surannée. C’est un mauvais a priori parce que ce sont deux publics complètement différents : on le voit avec la mise à disposition dès 6heures du matin des feuilletons quotidiens de France TV, qui n’a pas d’impact négatif sur leurs audiences en soirée.
Vous avez également fait le choix de mettre à disposition une partie de vos séries sur des canaux privilégiés par les jeunes, comme YouTube, afin de les faire revenir dans l’univers France TV…
Effectivement, nous recourons à la puissance de YouTube pour les faire venir chez nous. Notons que ce qui est vrai entre linéaire et numérique l’est beaucoup moins entre YouTube et une plateforme. Les habitudes de consommation font que si un programme est disponible sur YouTube, il y a de grandes chances que nos publics aillent le consommer sur ce média, avant tout autre mode de consommation. Nous utilisons donc YouTube uniquement pour toucher ces publics et les ramener vers la plateforme France.tv.
Ce que les antennes font d’habitude sur Slash, c’est de rendre disponibles les deux ou trois premiers épisodes d’une série, puis de renvoyer vers la plateforme pour l’intégrale de la série. Nous avons confiance en nos séries et nos histoires, et nous pensons qu’une fois qu’on a commencé, il est difficile de s’arrêter. Et il est très important pour nous de garder la main sur la diffusion et sur l’exploitation de nos programmes.
La saison écoulée a marqué une grande progression de l’audience des séries numériques du groupe…
Oui, la saison qui vient de s’achever a été celle de l’installation. Nous avons pu nous trouver notre place au cœur du paysage audiovisuel français et de son industrie. Les besoins, le ton des programmes pour la partie Slash de notre proposition ont été bien identifiés par les producteurs et les créateurs. C’est peut-être un peu moins le cas sur France.tv, mais il faut rappeler que nous n’avions pas d’exemple à leur montrer avant Parlement. Depuis, le tissu créatif perçoit un peu mieux notre proposition et, surtout, nous avons installé des
marques assez fortes comme Mental, Stalk, Skam France, dont les saisons 7 et 8 vont être tournées dans les semaines à venir (lire encadré). Maintenant, il va falloir transformer l’essai! C’est ce que nous allons essayer de faire. En faisant encore mieux sur ces nouvelles saisons, dont l’écriture vient de commencer. Et en créant, parallèlement, d’autres marques, d’autres univers, des propositions plus ambitieuses que nous allons, pour certaines, présenter lors de ce Festival de la fiction.
Avec plus de budget? Dans quelle mesure la fiction numérique va-t-elle profiter des 20millions d’euros supplémentaires pour la création audiovisuelle promis par Delphine Ernotte?
Nous sommes en pleine construction budgétaire pour l’année 2021, je pourrai vous en dire plus dans quelques semaines… Quand la présidence et la direction générale des antennes et des programmes ont décidé de créer cette direction, l’idée était aussi d’arrêter l’expérimentation et la multiplicité de projets, passionnants pour la plupart d’entre eux, mais qui manquaient parfois d’impact.
Nous étions devant un constat: nos concurrents n’étaient plus TF1 ou M6 et consorts, mais les plateformes qui arrivaient en masse. Il fallait donner une réponse à cet afflux venu des EtatsUnis. Aujourd’hui, nous sommes par exemple un peu au-dessus du budget des séries OCS, mais pas énormément. Nous espérons avec le temps et la montée en audience pouvoir investir plus d’argent sur ces productions. Jusquelà, notre apport s’établissait entre3500 et4500euros la minute, mais nous partons d’abord du projet avant de définir le budget avec les producteurs et les administrateurs de production. J’ai des projets à 2000, 2500euros la minute parce que certaines séries n’ont pas besoin de plus que cela pour les histoires qu’elles souhaitent raconter, et d’autres un peu plus ambitieuses et donc plus chères. C’est vraiment au cas par cas.
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur votre département?
Le point positif, c’est qu’il a été possible d’avancer très vite sur les développements en cours, parce que nous n’avions pas de productions à gérer en parallèle et que les auteurs avaient beaucoup de temps pour écrire pendant le confinement. Depuis, tout a repris sur les chapeaux de roue. Nous avons tourné deux séries depuis la fin du confinement, la saison 2 de Mental, et Carrément craignos, de Jean-Pascal Zadi, dont le tournage vient de s’achever.
Le point négatif, c’est la complexité de la production de nos séries et le gros retard accumulé. On arrive à un goulot d’étranglement, et il faut étaler les mises en production de façon à avancer malgré tout. A cela s’ajoute l’incertitude que fait planer la possible arrivée d’une deuxième vague de la pandémie et le risque d’un nouvel arrêt des productions… Mais nous avons le grand avantage de tourner vite : nous venons de mettre deux fois 10 x26’ dans la boîte en un mois et demi! Notre capacité à passer entre les gouttes est plus grande par rapport à de plus gros projets.
Quelles sont vos priorités pour la saison qui démarre?
Pour le moment, nous cherchons en priorité des projets pour France.tv. Le gros travail exercé précédemment sur Slash fait que nous avons déjà ce qu’il nous faut pour 2021; il nous faut à présent disposer de plus de séries pour France.tv, c’est-à-dire pour un public relativement plus âgé que celui de Slash, entre 30 et 45 ans. Un public actif et consommateur de SVOD, avec des formats allant du 26 au 52 minutes – même si, pour le numérique, la question du format a un peu vécu, selon moi.
Vous travaillez aussi avec plusieurs nouvelles sociétés de production…
Oui, parce que notre rôle est aussi de défricher de nouveaux talents, pour ensuite leur permettre d’évoluer vers le linéaire. Mais aussi accompagner de nouvelles sociétés de productions, à l’image de Black Sheep Films, qui a produit Mental. A ce jour, j’ai entre 15 et 20 projets en développement ou en production, avec 15 à 20 producteurs différents!
Nous travaillons avec tous types de producteurs, jeunes ou plus installés, qu’il s’agisse de grands groupes comme Banijay ou d’indépendants comme Silex Films. L’idée directrice est d’aller chercher des choses que l’on n’a pas vues avant, à l’image notre projet de comédie musicale, Mythos [titre de travail, 10x20’, Lizland Films].
Que vous inspire le nouvel organigramme mis en place par Delphine Ernotte pour son deuxième mandat?
Je dirais qu’il s’agit d’une nouvelle continuité et d’une accélération. Je suis assez excité par cette perspective rare et qui représente un atout majeur, surtout dans la situation actuelle et le moment charnière que les télévisions de service public vivent partout dans le monde, et en particulier en France. Stéphane [Sitbon-Gomez, nouveau numéro 2 du groupe] poursuivra la transformation inédite et majeure des antennes et programmes réalisée par Takis [Candilis]. C’est une très bonne chose parce que Stéphane a déjà aidé à construire ce qu’est France TV aujourd’hui dans ses précédentes fonctions: une télévision publique forte, innovante et tournée vers le futur. Continuer dans cette direction me convient tout à fait et me donne confiance en l’avenir.
Propos recueillis par Raphaël Porier
Line-up 2020- 2021
La série “Parlement” (10x26’, Cinétévé) aura droit à une deuxième saison sur l’offre “adulte” de FTV.
Les nouvelles séries déjà annoncées
Derby Girl (10x20’, Noon / Kabo), de Nikola Lange et Charlotte Vecchiet (France.tv Slash)
Craignos (5x13’ + 1 x21’, Papa films / Douze Doigts Production / Les Films Balthazar), de Jean-Pascal Zadi et Kamel Guemra (France.tv)
Carrément Craignos (9x26’, Papa Films / Douze Doigts Production / Les Films Balthazar), de Jean-Pascal Zadi et Kamel Guemra (France.tv)
Skam France, saisons 7 & 8
(Gétévé et France Télévisions-France.tv Slash)
Mental, saison 2 (10x26’, Blacksheep Films et EndemolShine Fiction), de Marine Maugrin-Legagneur et Victor Lockwood (France.tv Slash)
Stalk, saison 2 (10x23’ / Silex Films), de Simon Bouisson et Jean-Charles Paugam (France.tv Slash)
Parlement, saison 2 (10x26', Cinétévé), de Noé Debré, Daran Johnson, Pierre Dorac et Maxime Calligaro (France.tv)
Les Engagés – XAOC (3 x45’, Astharté & Cie), de Sullivan Le Postec (France.tv Slash)
A partir de 2021
Girlsquad
(10x22’, Kelija, France.tv Slash)
Diana Boss
(5x20’, La Belle Télé, France.tv Slash)
Louis XXVIII
(10x22’, Agat Films, France.tv)
Caro Nostra [titre provisoire] (5x45’, Elephant Story, France.tv Slash)
Or de lui
(10x26’, Calt Production, France.tv)
Les Mains bleues
(4x52’, Aux singuliers (Telfrance) / coproduction européenne, France.tv Slash)
La Meilleure Moitié
(10x26’, Jérico TV et Big Band Story, France.tv Slash)
Nina and the Pig [titre provisoire] (8x30’, Lionfish Films, France.tv Slash)