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Pyramide prête à briller
HLa société d’Eric Lagesse présentera quatre longs métrages au festival luzien après en avoir déjà présenté cinq l’année dernière.
Depuis la réouverture des salles le 22 juin dernier, la société Pyramide Distribution s’est affirmée comme un acteur essentiel de la relance de la fréquentation. Pour cela, elle a mis en place son plan de sortie le plus important à ce jour (560 copies) pour sa comédie Les Parfums, qui est parvenue à “tenir” durant tout l’été et à rassembler plus de 250000 spectateurs. Elle a également positionné à la rentrée Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, un film d’un des auteurs français les plus réputés en matière de grande comédie sentimentale, Emmanuel Mouret. “Il nous semblait important de jouer le jeu et de sortir une nouveauté dès la reprise, témoigne Eric Lagesse. Cependant, nous allons devoir retrouver des combinaisons plus raisonnables. Actuellement, nous sortons nos films en sachant que nous perdons des entrées à cause de la crise. Mais nous ne cessons évidemment pas notre activité, sans quoi les salles refermeraient… Cependant, nous payons toujours au même prix tous nos prestataires alors que nous savons que nos films ne peuvent pas marcher comme ils le devraient. Oui, nous sommes courageux de nous inscrire dans une telle démarche, mais c’est de bonne guerre car si tout le monde reporte ses sorties à 2021, de nombreux acteurs de l’industrie ne s’en relèveront pas”.
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Pyramide verra son courage récompensé au Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz, avec lequel elle entretient un lien privilégié pour y avoir déjà présenté de nombreux longs métrages lors des précédentes éditions. Cette année, ils seront au nombre de quatre. Eric Lagesse se dit fier de la ligne éditoriale qu’il défend, et “honoré de constater qu’elle correspond à un festival doté d’une programmation intelligente”.
Deux films d’Angoulême…
Tout d’abord, après une première diffusion au dernier Festival du Film francophone d’Angoulême, Pyramide présentera hors compétition le documentaire de Stéphanie Pillonca C’est toi que j’attendais. Une plongée dans le monde de l’adoption où des couples se battent pour avoir un enfant tandis que d’autres mènent des enquêtes difficiles pour retrouver leurs parents biologiques, ou leurs enfants nés sous X. Une thématique forte, qui a emballé le distributeur et l’a amené à s’engager sur le film: “J’ai longtemps suivi le parcours de Stéphanie [Pillonca], notamment à travers ses documentaires pour la télévision. Elle porte un regard extrêmement humain sur les sujets qu’elle traite et parvient à faire dire des choses bouleversantes aux personnes qu’elle interviewe.” Pour la sortie en salles, Pyramide a fait le choix de positionner C’est toi que j’attendais aux fêtes de Noël et l’a daté au 23 décembre. Ce qui semble aller de soi, pour Eric Lagesse : “C’est une date forte, mais ce film est un tel cadeau de la vie que nous sommes sûrs qu’il bouleversera le public. Il s’inscrit dans la veine d’autres pépites documentaires, comme Et les Mistrals gagnants, qui ont connu le succès.”
Autre film présenté à Angoulême par Pyramide à recevoir également les honneurs la compétition officielle de Saint-Jean-de-Luz : L’Etreinte, premier long métrage de Ludovic Bergery. Le cinéaste signe le portrait d’une cinquantenaire, incarnée par Emmanuelle Béart, qui essaie de se reconnecter à sa vie et à son corps après avoir perdu son époux. Pyramide collabore ici avec Frédéric Niedermayer (Moby Dick Films), le producteur des films d’Emmanuel Mouret, que la société d’Eric Lagesse a tous distribués depuis 2009: “L’Etreinte est un film nécessaire car il montre un personnage féminin rare et magnifique. Emmanuelle y apporte une grâce et une maturité peu communes.” Pour se laisser le temps de construire la réputation de ce premier film sur lequel Pyramide fonde beaucoup d’espoir, les équipes d’Eric Lagesse ont d’ores et déjà programmé la sortie au 3 février 2021 : “Cela nous laisse le temps de le montrer dans d’autres festivals et de laisser le bouche à oreille s’installer peu à peu.”
… et deux films labellisés “Cannes 2020”
Les deux autres films présentés par Pyramide à Saint-Jean-de-Luz s’avèrent être deux œuvres ayant reçu les honneurs du dernier Festival de Cannes. On citera tout d’abord Ammonite, le deuxième film du réalisateur britannique Francis Lee, que Pyramide retrouve après avoir distribué son premier long métrage, Seule la terre – qui avait remporté le prix d’interprétation masculine et le prix de la mise en scène au festival luzien en 2017. Pour ce nouvel opus, le réalisateur filme une histoire d’amour intense, au xix e siècle, entre une jeune femme ébranlée par la perte de son enfant et la paléontologue anglaise Mary Hanning, qui a vraiment existé, et qui a été contrainte d’exposer ses fossiles sous un nom d’homme au British Museum. La thématique d’Ammonite évoque une des récentes sorties de Pyramide, Portrait de la jeune fille en feu, qui a marqué l’histoire du cinéma d’amour lesbien, et qui réhabilitait le travail des femmes peintres du xviii e siècle. “Francis [Lee] signe une grande histoire d’amour portée par deux actrices au sommet. Kate Winslet et Saoirse Ronan y sont exceptionnelles”, dit, admiratif, Eric Lagesse. “Les premiers retours du Festival de Toronto ont été formidables”, se réjouit-il. Des re
tours si enthousiastes que le film semble
d’ores et déjà se positionner dans la course aux prochains Oscars. Pyramide a donc décidé de dater Ammonite au 6 avril 2021, soit trois semaines après que l’Académie aura révélé ses nominations (le 15 mars) et trois semaines avant la cérémonie (le 25 avril).
Enfin, Pyramide aura également l’honneur de clôturer le Festival de Saint-Jean-de-Luz avec la première présentation officielle du nouveau film de Marie-Castille Mention-Schaar, A Good Man. La réalisatrice s’intéresse ici à la transsexualité en suivant le parcours d’un couple, Aude et Benjamin, confronté à la douleur de ne pas avoir d’enfant du fait de la stérilité de Aude. Benjamin, transsexuel n’ayant pas encore achevé sa transition, décide alors de porter leur enfant. Eric Lagesse se déclare séduit, chez Marie-Castille Mention-Schaar, par “sa capacité à faire des films novateurs sur des thèmes pourtant très risqués. C’est ce qu’elle a prouvé avec Le ciel attendra, qui traitait de l’embrigadement de jeunes filles par des extrémistes religieux. Personne ne s’y était confronté avant elle.” Et de poursuivre: “Selon moi, le combat des transsexuels est essentiel. L’identité et le genre sont des questions de vie et de mort. On ne peut pas vivre dans un genre qui n’est pas le nôtre. Ce film est si romanesque et émouvant qu’il va permettre à un large public de comprendre, de tolérer et d’accepter la notion de transsexualité.” A Good Man sortira dans les salles françaises le 3mars 2021. Nicolas Colle