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Patrick Fabre “Nous défendons uncinéma d’avenir

HLe Festival international d u f i l m d e S a i n t - J e a n - d e - L u z revient du 5 au 11 octobre. Son directeur artistique évoque la volonté inébranlable dont il a dû faire preuve pour organiser cette nouvelle édition.

Avez-vous dû beaucoup lutter pour organiser coûte que coûte votre manifestation malgré la crise?

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Nous avons effectivement eu une certaine appréhension en constatant que les festivals s’annulaient les uns après les autres. Tout d’abord le Nikon, puis Séries Mania, malgré tous les efforts de Laurence Herzberg, et, bien sûr, Cannes… Néanmoins, du fait que notre manifestation se déroule plus tardivement, en octobre, nous gardions l’espoir de pouvoir nous maintenir. D’ailleurs, au printemps, bien des organisateurs espéraient encore que la chaleur aurait raison du virus. Nous avons lancé l’affiche le 5 avril afin d’affirmer clairement notre volonté de tout faire pour nous maintenir en présentiel. Mais les incertitudes demeuraient, jusqu’à encore récemment avec l’annulation du Festival du film britannique de Dinard et le report du Festival de musique de films de La Baule. Quoi qu’il en soit, nous tenions à ramener le public dans les salles et à organiser une grande fête du cinéma.

Avec toutes ces annulations, avez-vous été davantage sollicité par les distributeurs souhaitant positionner leurs films?

Nous avons contacté les distributeurs dès le mois d’avril pour leur signifier qu’on prenait le pari d’exister et qu’ils pouvaient nous envoyer leur film. Certaines œuvres avaient d’ores et déjà été présentées dans des festivals étrangers ; dès lors, ils ne pouvaient plus concourir à Cannes. Puis nous avons dû attendre la sélection de Cannes; elle a été annoncée vraiment tard, ce qui a impacté le fonctionnement de plusieurs festivals indépendants, dont le nôtre. En effet, de nombreux distributeurs ne savaient pas où placer leurs films. Ils ignoraient s’ils pourraient être sélectionnés à Angoulême ou même à Venise et Toronto, car la tenue de tous ces grands événements restait incertaine. Durant toute cette période extrêmement floue, nous nous sommes résolus à prendre des décisions fermes, quitte à nous priver de certains films. Ma position était d’organiser le festival quoi qu’il arrive, même si pour cela, il nous fallait renoncer à certaines exclusivités. Mais cela n’a pas été la philosophie d’autres manifestations, qui se sont montrées particulièrement agressives.

Vous diffuserez des exclusivités, mais aussi des films labellisés “Cannes 2020” et d’autres, déjà primés à Angoulême. Cela bénéficie-t-il à votre notoriété?

Patrick Fabre

« Nous défendons un cinéma d’avenir»

Quand on organise un festival, on a deux approches différentes pour s’adresser au public et aux médias. Il faut attirer les spectateurs, mais il faut aussi acquérir de la notoriété auprès de la presse. Car plus notre notoriété dans les médias sera grande, plus nous aurons accès à des films intéressants. C’est la raison pour laquelle il nous faut toujours des exclusivités , qui inciteront les journalistes à se déplacer.

Je tenais à ouvrir le festival avec Un triomphe car ce film présente un intérêt pour les spectateurs, comme le montre le Valois du public qu’il a reçu à Angoulême, même si les journalistes l’ont déjà vu. A l’inverse, la presse pourra assister, en même temps que le public de Saint-Jean-de-Luz, aux premières projections françaises d’Ammonite, AGood Man et bien d’autres.

Lors des éditions précédentes, je sélectionnais hors compétition les films déjà présentés dans d’autres festivals. Mais avec l’année que nous vivons, il fallait ouvrir la compétition à des films non exclusifs, qui ont déjà été présentés dans d’autres festivals français, comme Slalom et La Terre des hommes.

Quelles sont les thématiques importantes qui se dégagent devotre sélection?

Beaucoup de films traitent de la famille. Sûrement parce qu’en ces temps difficiles, nous avons besoin de nous recentrer sur des valeurs fortes. La famille reste une valeur refuge qui résiste aux pressions de la société. Ainsi, Le Père de Nafi traite d’un affrontement entre deux frères. Le seul titre de Mère et Fille est assez explicite. De nos frères blessés raconte le combat d’un couple pour survivre en pleine guerre d’Algérie. A Good Man s’intéresse au désir d’enfant dans une famille atypique. Et Ammonite à la construction d’un couple contre l’ordre moral de son époque. Dans Un triomphe, c’est une troupe de théâtre qui se forme, et une troupe, cela s’apparente fort àune famille…

L’aura du festival grandit, aussi bien en France qu’à l’étranger. A quoi l’attribuez--vous?

Il est vrai que nous bénéficions d’une présence toujours plus importante des médias. Nous sommes même devenus un événement Télérama. Nous avons également de plus en plus d’exclusivités de qualité en compétition. La beauté de la région aide elle aussi à en faire une manifestation conviviale. Notoriété grandissante, belles exclusivités, beaux paysages, convivialité… tous ceux qui viennent au Festival souhaitent y revenir. Et les distributeurs internationaux ne s’y trompent pas : ils se servent de plus en plus des prix glanés ici pour assurer la promotion d’un film sur tous les territoires étrangers.

En sélectionnant avant tout des premiers et des deuxièmes films en compétition, œuvrezvous délibérément en faveur du renouvellement des talents?

Nous sommes clairement un festival du renouveau. J’aime aussi l’idée de constituer une famille du cinéma luzien. Quand j’étais journaliste, j’avais plaisir à découvrir un talent puis à suivre sa carrière. La démarche vaut pour le festival. Des personnalités comme Stéphanie Pillonca, Audrey Estrougo ou Marie-Castille Mention-Schaar sont des amies de la manifestation. Elles y ont présenté des œuvres, en présentent aujourd’hui de nouvelles et ont même, pour certaines d’entre elles, été membres du jury.

Cette volonté de renouvellement se reflète, sans doute, dans lamise en place de la compétition decourts métrages, ainsi que dans la diffusion des films duNikon Film Festival?

Nous défendons un cinéma d’avenir. J’ai donc toujours pensé que nous devions présenter des courts métrages, mais pas amont de la projection d’un long métrage, car ce sont des univers trop différents. Il doit y avoir une volonté des spectateurs de voir ces courts métrages. D’où l’idée d’aménager un programme qui leur soit dédié. Cela s’inscrit aussi dans la tradition familiale du festival, puisque Charlène Favier avait présenté son dernier court métrage chez nous et elle revient cette année avec son premier long, Slalom. Concernant le Nikon Film Festival, on trouve tellement d’idées de cinéma dans ses films de moins de deux minutes que je souhaitais leur apporter une visibilité sur grand écran et pas seulement sur une plateforme. Ils le méritent. Vraiment.

Propos recueillis par Nicolas Colle

Saint-Jean-de-Luz dévoile son programme

HOpiniâtrement, malgré les incertitudes, les organisateurs ont su construire une belle programmation.

Après Catherine Corsini l’an dernier, le jury de 2020 sera présidé par Xavier Legrand, multicésarisé pour son premier film Jusqu’à la garde. Pour départager les longs métrages de la compétition officielle, il sera accompagné par l’acteur-chanteur LoupDenis Elion, le musicien Rob (Robin Coudert) et les actrices Marie Gillain et Clémence Poésy.

Les huit courts métrages sélectionnés cette année seront aussi présentés en novembre à Montréal, au festival Cinémania, avec lequel le festival luzien vient de signer un partenariat. De plus, neuf très courts métrages récompensés au dernier Nikon Film Festival seront projetés avant les longs de la compétition; là aussi, Saint-Jean-deLuz s’est associé avec le festival Nikon afin d’intégrer les films à son programme. Les cinquante très courts métrages présélectionnés feront l’objet d’une projection gratuite, après la présentation du court métrage de Noémie Merlant Shakira.

Un triomphe (Memento Films, prix du public à Angoulême) fera l’ouverture, et le nouveau film de MarieCastille Mention-Schaar, A Good Man (Pyramide Distribution), la clôture.

Pour son premier film, Seize printemps (Paname Distribution), Suzanne Lindon bénéficiera d’une séance d’avant-ouverture. A la folie (Damned Films), d’Audrey Estrougo, C’est toi que j’attendais (Pyramide Distribution), documentaire de Stéphanie Pillonca, et Cinquième Set (Apollo Films), premier long métrage de Quentin Reynaud, seront présentés en séance spéciale ; et Calamity, une enfance… (Gébéka Films), de Rémi Chayé, fera l’objet d’une séance jeune public.

Parmi les événements programmés, signalons les rendez-vous avec Rob, Maritaud. Nicolas Colle

Alex Lutz et le chef-opérateur Yann

La compétition officielle

Ammonite, de Francis Lee (Pyramide Distribution) De nos frères blessés, d’Hélier Cisterne (Diaphana Distribution) L’Ecole du bout du monde, de Pawo Choyning Dorji (ARP Sélection) L’Etreinte, de Ludovic Bergery (Pyramide Distribution) Mère et Fille, de Jure Pavlovic Nora, de Lara Izagirre Garizurieta Le Père de Nafi, de Mamadou Dia (JHR Films) Les Séminaristes, d’Ivan Ostrochovsky (ARP Sélection) Slalom, de Charlène Favier (Jour2Fête) La Terre des Hommes, de Naël Marandin (Ad Vitam)

Les courts métrages

Baltringue, de Josza Anjembe Camille sans contact, de Paul Nouhet Le Cercle d’Ali, d’Antoine Beauvois-Boetti Genet à Tanger, de Guillaume de Sarbes Numéro10, de Florence Bamba Sans plomb, de Louise Groult Sonnez après minuit, de Sabrina Tenfiche La Veuve Saverini, de Loïc Gaillard

Film d’ouverture

Un triomphe, d’Emmanuel Courcol (Memento Films Distribution)

Avant ouverture

Seize printemps, de Suzanne Lindon (Paname Distribution)

Séances spéciales

A la folie, d’Audrey Estrougo (Damned Films) C’est toi que j’attendais, de Stéphanie Pillonca (Pyramide Distribution) Cinquième set, de Quentin Reynaud (Apollo Films)

Séance jeunes spectateurs

Calamity, une enfance de Martha Jane Canary, de Rémi Chayé (Gébéka Films)

Film de clôture

A Good Man, de Marie-Castille MentionSchaar (Pyramide Distribution)

Nikon Film Festival

Yiorgos, de Lily Papamiltiades et Marion Grépin (grand prix du jury et des médias) Je suis désiré, de Julien Laz Glories (mention spéciale du jury) Pussy Boo, de Rémi Parisse (prix Canal+) Black Blanc Beur, de Matthieu Ponchel et Prïncia Car (prix de la mise en scène) Lovers, d’Alexandre Brisat (Prix de la

“Slalom” (compétition officielle).

“Ammonite (compétition officielle).

photographie) Spooning, de Sarah Heitz de Chabaneix (prix du meilleur acteur et de la meilleure actrice) Nomophobia, de Sébastien Maggiani (prix du son) Les Temps modernes, de Jams (prix des écoles) Je suis une berceuse, de Franck Marchand (prix du public)

Les rendez-vous du Festival Rencontre avec le jury

au cinéma Le Select Master class de Rob, compositeur de Grand Central, Populaire, Papicha, Le Bureau des Légendes

Master class d’Alex Lutz,

comédien et réalisateur

Rencontre avec Yann Maritaud,

directeur de la photographie sur Un triomphe et Slalom

Le jury de la compétition officielle

HAprès avoir triomphé au festival luzien en 2017 avec Jusqu’à la garde, Xavier Legrand revient cette année comme président du jury.

d’acteur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Xavier Legrand se forge une solide carrière théâtrale où il se confronte à de très grands auteurs classiques comme Tchekhov, Molière, Shakespeare et bien d’autres. Il effectue ses premiers pas au cinéma en 2005 en jouant dans le film de Philippe Garrel Les Amants réguliers. Mais c’est en tant que réalisateur qu’il va acquérir une reconnaissance internationale immédiate. En abordant la thématique des violences conjugales dans son premier court métrage, Avant que de tout perdre, il triomphe au Festival de ClermontFerrand où il remporte le Grand Prix et les prix du public, de la presse et de la jeunesse. Il rafle également le César du meilleur court métrage et est nommé aux Oscars. Il enchaîne avec son premier long métrage, Jusqu’à la garde, qui va affirmer son talent et sa notoriété. Le film gagne tout d’abord le prix de la mise en scène et de la meilleure première œuvre à la Mostra de Venise ; il remporte également le Grand Prix au Festival de Saint-Jeande-Luz, où il est présenté pour la première fois au public français, puis le prix Louis-Delluc. Jusqu’à la garde obtient un beau succès en salles en attirant plus de 400 000 spectateurs, avant de triompher aux César où il glane pas moins de cinq prix (meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario original, meilleur montage et César des lycéens). dès l’âge de 8 ans, puis au piano et au synthétiseur, Rob intègre un groupe de heavy metal à 14 ans puis un groupe de p-funk. Il est repéré par le label “Source” qui sort son premier album en 2001, Don’t kill, puis son deuxième, Satyred Love. Il signe sa première composition musicale pour le cinéma en 2005 avec le court métrage de Maria Larrea Pink Cowboy Boots. A partir des années 2010, il collabore avec des cinéastes aux univers très variés tels que Rebecca Zlotowski pour Belle Epine, Grand Central et Planetarium, Romain Levy pour Radiostars et Gangsterdam, Régis Roinsard pour Populaire, Alexandre Aja pour Horns, Coralie Fargeat pour Revenge, ou encore, récemment, Mounia Meddour pour Papicha. Rob a été nommé aux César pour la musique de Populaire et aux prix Lumière pour celle de Planetarium. Loup-Denis Elion acteur, chanteur

H Suite à sa formation de comédien au Cours Florent, Loup-Denis Elion intègre le groupe humoristique Le Comité de la Claque qui participe à la montée de sa notoriété grâce à ses parodies de films. Il se fait adopter par le grand public en intégrant le casting de la série à succès Scènes de ménages où il forme un couple avec Audrey Lamy. Au cinéma, il a récemment fait une apparition dans la comédie de Fabrice Bracq Joyeuse retraite et a doublé un personnage du film d’animation Capitaine Superslip. Loup-Denis Elion mène également une carrière de chanteur: il a été formé au chant classique à la Maîtrise de Paris, et a été membre du chœur de chambre Les Cris de Paris au pupitre

Xavier Legrand acteur, réalisateur

H Après avoir suivi une formation Robin Coudert (Rob) musicien, auteur, chanteur, compositeur

H Formé à la trompette classique

des ténors.

Marie Gillain actrice

H La carrière de Marie Gillain débute en fanfare en 1991 où, âgée de 14 ans, elle interprète la fille du personnage incar né par Gérard Depardieu dans la comédie de Gérard Lauzier Mon père, ce héros. Sa prestation lui vaut d’être nommée au César du meilleur espoir féminin. Elle est ensuite engagée par Bertrand Tavernier pour tenir le rôle principal de son film L’Appât. Ce dernier remporte l’Ours d’or à Berlin et vaut à la jeune comédienne une nouvelle nomination au César du meilleur espoir féminin et le prix Romy Schneider en 1996. Elle effectue par la suite des choix de carrière très éclectiques en collaborant avec de grands cinéastes français comme Philippe de Broca pour Le Bossu, qui lui apporte sa première nomination au César de la meilleure actrice, ou encore Emmanuel Mouret pour Laissons Lucie faire, Cédric Klapisch pour Ni pour ni contre (bien au contraire), Régis Wargnier pour Pars vite et reviens tard et Anne Fontaine pour Coco avant Chanel. Marie Gillain brille également dans le cinéma d’animation où elle prête sa voix au personnage de La Rose dans l’adaptation du Petit Prince ou encore à Maître Tigresse dans la trilogie Kung Fu Panda. Sa dernière grande prestation au cinéma remonte à 2011 dans le film de Philippe Lioret, Toutes nos envies, où elle joue une juge atteinte d’une maladie incurable qui se lance, aux côtés d’un confrère plus expérimenté incarné par Vincent Lindon, dans une lutte juridique contre les organismes de crédit. Un rôle qui lui apporte sa deuxième nomination au César de la meilleure actrice. Depuis, Marie Gillain s’est principalement produite à la télévision, notamment dans la mini-série Speakerine, ainsi qu’au théâtre, où elle a remporté le Molière de la meilleure comédienne dans un spectacle privé pour La Vénus à la fourrure. Elle effectuera prochainement son retour au cinéma dans le film de Denis Imbert Mystère.

Clémence Poésy actrice

H Après s’être fait remarquer aux côtés de Carole Bouquet et Jean Dujardin dans la comédie Bienvenue chez les Rozes, Clémence Poésy accède très vite à une notoriété internationale en rejoignant la saga Harry Potter en 2005 où elle prête ses traits au personnage de Fleur Delacour. Depuis, la comédienne enchaîne les collaborations aussi bien avec des cinéastes français qu’internationaux. Récemment, Clémencee Poésy a ému le public grâce à sa prestation dans la comédie dramatique d’Hugo Gélin Demain tout commence, qui a été le plus grand succès international pour un film français en 2017. Parmi ses collaborations à l’étranger, Clémence Poésy a notamment joué dans le long métrage de Danny Boyle 127heures, et plus récemment dans le dernier blockbuster de Christopher Nolan, Tenet. Elle sera prochainement à l’affiche du film de Jonathan Jakubowicz Resistance, où elle côtoie Jesse Eisenberg et Félix Moati. Sans oublier la série Arte du duo Eric Tolédano-Olivier Nakache Enthérapie. N.C.

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