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Le soutien du CNC à la production audiovisuelle

France 2 a pris la tête des audiences grâce à son édition spéciale incarnée par Julian Bugier et Stéphane Bern.

de téléspectateurs de 11h05 à 13h40, pour 28,5% de part d’audience, puis 2,6 millions de téléspectateurs de 13h40 à 14h35, soit 29% de part d’audience.

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Du côté des chaînes d’information en continue, BFMTV a tiré son épingle du jeu, se plaçant en tête des audiences dans cette catégorie. La longue édition spéciale de la chaîne du groupe Altice, de 9h05 à 14h30, a été suivie 361.000 téléspectateurs en moyenne, soit une PDA de 5,4%. BFMTV s’est également placée en tête des chaînes de la TNT.

Des audiences en baisse sur la BBC

Les audiences françaises sont bien sûr sans commune mesure avec celles enregistrées outre-Manche par la BBC. La parade a réuni 5 millions de Britanniques en moyenne sur BBC One, avec un pic à 7,5 millions. Difficile de comparer avec le précédent Jubilé, celui de diamant en 2012, mais il semblerait tout de même que l’engouement soit moindre : en 2012, 10,3 millions de téléspectateurs avaient regardé la parade de bateaux sur la Tamise, diffusée un dimanche aprèsmidi, et 6,2 millions avaient suivi la procession de la reine Elizabeth dans son carrosse le mardi suivant.

En 2012 comme en 2022, le programme le plus suivi par les Britanniques était en réalité le grand concert organisé par la BBC devant le palais de Buckingham. Cette année, l’événement, durant lequel se sont succédés des artistes comme Queen, Elton John, Diana Ross ou encore Alicia Keys, un spectacle de drones lumineux ou encore un sketch pré-enregistré dans lequel Elizabeth II a pris le thé avec l’ours Paddington, a été suivi par 11,2 millions de Britanniques en moyenne samedi soir. Ils étaient 14,3 millions il y a dix ans devant le concert du Jubilé de diamant. Le spectacle a été vendu par la BBC auprès de nombreux diffuseurs internationaux, dont ABC aux Etats-Unis. En France, c’est le groupe M6 qui en a acquis les droits. Un temps annoncé sur M6, face à La Chanson de l’année sur TF1, le concert a finalement été diffusé sur Paris Première.

Si les grandes chaînes ont limité leurs émissions spéciales au défilé militaire de jeudi, laissant le soin aux chaînes d’infos de couvrir le reste des festivités, elles ont multiplié les sujets au sein de leurs journaux de 13 heures et 20 heures. Sur TF1, ce sont un total de 25 sujets qui ont été diffusés à partir du 24 mai, dont une page spéciale de huit minutes samedi 28 à 13h et une autre 15 minutes le lendemain. Sur France 2, ce sont 19 sujets qui ont été proposés à partir du 26 mai, dont une série quotidienne dans le 13 heures la semaine du 1er juin.

Des succès et un échec sur les autres chaînes

Les autres chaînes françaises ont choisi de s’intéresser au Jubilé en amont des festivités, sous l’angle du documentaire, du magazine ou de la fiction. C8 a ainsi pris les devants, en consacrant son prime-time du 18 mai à un documentaire présenté par Matthieu Delormeau. Le programme a rencontré un certain succès, avec 763.000 téléspectateurs, soit 4,1% de PdA. Le 31 mai, c’était au tour de TMC de proposer son documentaire, Elizabeth II, une vie de reine, en prime-time. Celui-ci a attiré 770.000 téléspectateurs, soit 4,3% du public. La chaîne du groupe TF1 a réuni 4,7% des 25-49 ans, se plaçant en troisième place sur ce segment. Le 1er juin, l’émission spéciale de Des Racines et des Ailes sur France 3 a quant à elle battu son record de la saison avec 2,4 millions de téléspectateurs, soit 13% de PdA.

Mais Elizabeth II n’est pas synonyme de succès à tous les coups. M6 a notamment signé un échec avec la diffusion du film The Queen jeudi 2 juin en prime-time. Le film de 2006, porté par Helen Mirren dans le rôle principal, n’a attiré que 1,14 millions de téléspectateurs, soit 5,9% du public.

Le soutien du CNC à la production aidée à un niveau d’avant crise

HDurant l’année 2021, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a soutenu la production de 4 548 heures de programmes audiovisuels français. Ce qui représente une hausse de 21,1 % par rapport à 2020, année marquée par la crise sanitaire et l’arrêt des tournages, et de 7% par rapport à 2019.

L’action menée par le CNC via le plan de relance (à hauteur de 26,2 M€) a permis d’accompagner les entreprises de production fragilisées par les surcoûts liés à la crise sanitaire, les retards de livraison et de diffusion des œuvres, tout en favorisant la production d’œuvres nouvelles. L’ensemble des soutiens alloués à la création et à la production de programmes audiovisuels en 2021 s’élève à 267,4 M€, soit une hausse de 23,7% depuis deux ans et un niveau qui se retrouve à son plus haut, derrière 2017 (268,9 M€).

La fiction à un niveau historique

Portés par la croissance des commandes des principaux groupes audiovisuels ainsi que par le développement de la production d’autres diffuseurs (linéaires et non linéaires) et par des décalages de production en raison de la crise sanitaire en 2020, le volume et les devis de fiction aidée par le CNC atteignent un niveau record. Ainsi, le volume de fiction est en augmentation de 37,7% par rapport à il y a deux ans et atteint 1 281 heures. Une hausse en partie liée à celle du volume des feuilletons quotidiens (+156 heures). Les devis de fiction sont aussi en forte progression de 32,4% en 2021 et atteignent 1 090,8 M€. C’est la première fois que la barre du milliard d’euros est passée.

La fiction demeure le premier genre de programme aidé par le CNC. Elle représente 39,2% du total des apports, soit un montant de 101 M€. Ce qui représente une hausse de 30% comparé à 2020. Enfin, les apports étrangers atteignent 72,4 M€, soit le plus haut niveau des vingt dernières années. L’explication peut venir de l’appétence des pays étrangers pour les productions audiovisuelles françaises comme en témoignent la coproduction de l’Alliance (France Télévisions, RAI, ZDF), La Jeune Fille et la Nuit ou encore les préventes de la deuxième saison de HPI.

L’animation prisé à l’international

En 2021, le volume de production d’animation a augmenté de 21%, cumulant 357 heures, soit un niveau supérieur à la moyenne des dix dernières années (315 heures). “La production d’animation est marquée par des cycles de production de 2 ou 3 ans, ce qui explique généralement les variations annuelles des volumes comptabilisés ; 2021 est dans le cycle haut”. Le montant des devis est lui aussi en augmentation de 28,3% en 2021, et s’établit à 314,5 M€. L’animation française s’exporte toujours aussi bien, et attire de plus en plus les investissements étrangers puisqu’en 2021, les partenaires étrangers ont apporté 91,2 M€, soit +31,9% de plus par rapport à 2020. En dix ans, ces apports ont plus que doublé. En 2021, ils assumaient 29% du total des devis, un niveau bien supérieur à la moyenne annuelle des dix dernières années (24,8%). Cette même année, le volume de documentaires progresse de 6,8% depuis deux ans, avec un total de 1 869 heures aidées. Les devis des documentaires augmentent également de +5,1% et s’établissent à 368,2 M€. L’apport du CNC reste stable à 70,6 M€.

Nicolas Colle

Les apports étrangers atteignent un niveau record grâce à l'appétence de fiction telle que HPI.

Le rapport Franceschini et la mention “droits réservés”

Chronique

Les documentaires font usage d’un grand nombre de photographies et autres images protégées – des portraits de personnages historiques aux clichés de famille - dont il est parfois bien difficile d’établir la paternité.

Au printemps 2022, le ministère de la Culture a rendu public le rapport de la conseillère d’État, Laurence Franceschini, remis en décembre 2011 sur le “financement de la production et de la diffusion d’œuvres photographiques”. Au sein de ce riche document, figurent notamment des “mesures pour soutenir durablement le secteur de la photographie”, avec d’importants développements pour “créer les modalités du respect du droit d’auteur des photographes, les conditions de leur juste rémunération et défendre le statut des photographes”.

La première mesure visée dans ce rapport vise à “empêcher le recours abusif à la mention de droits réservés (qui s’effectue sans réelle recherche de l’auteur)”.

La fronde des photographes en 2010

En 2010 déjà, Yann Arthus-Bertrand, Lucien Clergue, Raymond Depardon, Martine Franck, Dominique Issermann, William Klein, Philip Plisson, Reza, Marc Riboud, Sebastiao Salgado ou encore Hans Silvester (et j’en oublie des moins connus ou d’aussi talentueux) avaient signé une pétition pour lutter contre le fléau des “D.R .”. Elle venait en renfort d’une proposition de loi qui cherchait à endiguer la fameuse mention “DR” (ou “droits réservés”) et est restée lettre morte.

Les célèbres photographes intéressés exigeaient de mettre en place une “modalité spécifique d’exercice des droits d’auteur sur les photographies dites “orphelines”, c'est-à-dire les photographies dont les auteurs n’ont pu être identifiés ou retrouvés après des recherches sérieuses et avérées.”, ajoutant que “les sommes ne pouvant pas être réparties à défaut d’identification des ayants droit seront obligatoirement affectées à l’aide à la création et à la diffusion photographique, ce qui apportera un soutien important à ce secteur de la création.”

Doisneau Robert, peu avant son décès avait, par malice, envisagé de réclamer des droits sur chaque photo signée “D. R.”, c’est-à-dire de ses initiales. Le texte à l’étude est moins facétieux.

Selon les pétitionnaires de 2010, “un nombre croissant d'œuvres visuelles sont exploitées dans l'édition à des fins professionnelles sans autorisation des auteurs ou de leurs ayants droits, au prétexte que

William Klein de l'agence Magnum.

ceux-ci seraient inconnus ou introuvables. Ainsi, l'usage de la mention “DR” ou “droits réservés” en lieu et place du nom de l'auteur, se multiplie et se systématise, sans respect des droits reconnus par le code de la propriété intellectuelle, en particulier dans le domaine de la photographie. Certains éditeurs utilisent abusivement cette mention, privant les auteurs de leur droit moral de créateur, et de la juste rémunération de l'exploitation de leur travail”.

L’utopie en forme de proposition de loi consistait à espérer que “la gestion de l'exploitation des droits attachés à une œuvre orpheline sera confiée à des sociétés de perception et de répartition de droits spécifiquement agréées à cet effet, par le ministre de la culture, sur une base contractuelle. Aucune cession ne sera accordée à titre exclusif. Les barèmes et les modalités de versement des rémunérations dues pour l'exploitation des œuvres visuelles orphelines seront fixés par accords interprofessionnels -qui pourront être étendus- ou, à défaut par une commission ad hoc, présidée par un magistrat. Le montant des rémunérations des œuvres orphelines sera conservé pendant le délai de droit commun de dix ans par les sociétés agréées et, à l'issue de ce délai, si l'œuvre est toujours orpheline, versé aux actions d'aide à la création, à la dif-

Lorsque l'auteur d'une fusion du spectacle vivant et à la formaillustration n'est pas tion des artistes. En identifié, il faut, en théorie, se dispenser de l'utilisation cas de découverte des détenteurs des droits d'une œuvre de sa création. réputée orpheline, une procédure de réversion dans le régime de droit commun de la propriété littéraire et artistique est prévue, accompagnée d'un délai permettant aux titulaires de la cession des droits sur cette œuvre de se mettre en conformité avec les dispositions de droit commun.”

Les œuvres dîtes “orphelines”

Pour rappel encore, le recours à la mention de droits réservés a été institué, au final, en 2012 dans le CPI de permettre l’utilisation des œuvres dîtes “orphelines” dans des cas très spécifiques qui concernent les bibliothèques publiques et l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Pour reprendre la définition adoptée le 10 avril 2008 par la commission spécialisée du Conseil supérieur de la pro-

Yann Arthus-Bertrand.

Sebastiao Salgado et sa femme.

priété littéraire et artistique, “une œuvre est orpheline lorsqu'un ou plusieurs titulaires de droit d'auteur ou de droits voisins sur une œuvre protégée et divulguée ne peuvent être identifiés ou retrouvés malgré des recherches avérées et sérieuses”.

Cette définition a été en partie reprise à l’article L. 113-10 du Code de la propriété intellectuelle.

De la même manière, les organismes chargés de la conservation d’œuvres audiovisuelles comme l’INA, qui a pour principale mission l’archivage des productions audiovisuelles, ont été confrontés à la problématique tenant à l’identification des titulaires de droits sur bon nombre d’œuvres. Toutefois, le débat relatif au régime juridique des œuvres orphelines, lié au recours abusif à l’apposition de la mention “droits réservés”, a été porté aux yeux du monde il y a quelques années, lorsque de grandes en-

Raymond Depardon.

treprises privées se sont lancées dans la numérisation de bibliothèques de façon massive. Des bénéfices conséquents ont été réalisés par elles, allant à l’encontre des intérêts patrimoniaux des auteurs et de leurs partenaires culturels d’origine.

L’article R. 135-1.-I du CPI, issu du décret du 6 mai 2015 qui précise certaines modalités d’utilisations des œuvres orphelines, énumère les sources d'informations devant être consultées pour chaque catégorie d'œuvres.

S’agissant des œuvres audiovisuelles, avant d’avoir recours à la mention “D. R.”, l’INA et consorts sont tenus de consulter les registres du dépôt légal et le registre public du cinéma et de l'audiovisuel, les bases de données des institutions dépositaires du patrimoine cinématographique et des bibliothèques publiques, les bases de données appliquant des normes et des identificateurs pertinents, les sources détenues par les associations de producteurs, les bases de données des producteurs audiovisuels, ainsi que le générique de l'œuvre et les autres informations figurant sur l'emballage de l’œuvre.

Le droit au respect du nom

Rappelons encore que l'article L. 121-1 du Code de la propriété intellectuelle (CPI) attribue à tout auteur, au titre de son droit moral, un “droit au respect de son nom et de sa qualité”. Il s'agit là du droit de voir son nom apposé aux côtés ou sur chaque reproduction de son œuvre, d’en être reconnu publiquement comme l’auteur. Bref, pour le créateur, d'image comme de texte, d’un véritable droit de paternité.

En clair, la mention “DR” n'est assimilée par la jurisprudence qu'à une sorte de maquillage candide d'une violation des règles élémentaires de propriété littéraire et artistique, faisant croire que de l’argent est réservé dans l’attente d’identifier l’auteur de l’image volée.

Par surcroît, une telle formule est bien évidemment révélatrice, dans la plupart des cas, d'une atteinte aux droits patrimoniaux de l'auteur ou de son ayant droit.

Le pis-aller, qui n'en est pas moins en pur droit de la contrefaçon, consiste à adresser des lettres recommandées (et à en conserver précieusement les accusés de réception) à tous ceux qui sont susceptibles de fournir des renseignements. La publication de sortes d“avis de recherche” permet également d'invoquer, a posteriori, un embryon de bonne foi, qui ne pourra que minimiser le montant des dommages-intérêts. Il faut par ailleurs démontrer de préférence l'impossibilité de recourir à une autre image. Ce qui est plus facile pour le Yéti que pour un banal sapin enneigé.

Toutes ces démarches n'ont de sens que si elles sont mises en œuvre bien avant la fabrication... La constitution de la fameuse “réserve” financière sous-jacente au “DR” reste un leurre, et ce d'autant plus qu'elle est souvent toute théorique, faute de trésorerie et de montant de référence à préserver.

Bref, en matière de photographie, l’illusion hypnotique est, pour l’heure, de chaque côté de la barre.

Emmanuel Pierrat,

Avocat au Barreau de Paris Spécialiste en droit de la propriété intellectuelle Ancien Membre du Conseil National des Barreaux Ancien Membre du Conseil de l’Ordre Cabinet Pierrat & Associés

Le film “Linda veut du poulet !”, de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, a été sélectionné dans la catégorie “Work in Progress” du Festival.

Annecy 2022 :

les retrouvailles de l’animation mondiale

HCitia expose ses ambitions

HPanorama de l’animation suisse HNadasdy Film sur tous les fronts HJean-François Le Corre (Vivement

Lundi !) : « Il faut accélérer la formation dans le champ du stop motion » H3 questions à Emmanuel-Alain Raynal, vice-président animation du SPI H“Les Minions 2” lanceront les festivités H4 questions à Sarah Fell (Hanna-Barbera

Studios Europe) HUne belle vitrine pour l’animation belge et luxembourgeoise HAnimation, expériences XR : Taïwan fait émerger une nouvelle génération de créateurs

Citia expose ses ambitions

HMickaël Marin, directeur de Citia, commente l’organisation de cette édition 2022, et évoque les ambitions de l’établissement, notamment en matière de responsabilité écologique et sociétale.

Le Festival international du film d’animation d’Annecy démarrera le 13 juin et s’achèvera le 18, tandis que son marché, le Mifa, se tiendra du 14 au 17. Cette édition ouvre presque un nouveau chapitre pour les deux manifestations, alors que la crise sanitaire les a, comme pour beaucoup d’événements, affectées. Leurs éditions 2020 avaient dû se tenir à 100 % en ligne, et celles de 2021, sous une forme hybride, mêlant présentiel et numérique. Toutefois, l’année dernière, peu d’étrangers avaient pu faire le déplacement, la pandémie étant alors encore très vive. Même si la crise sanitaire perdure, 2022 permet au Festival et au Mifa de se dérouler dans des conditions normales. “Tous les signaux sont au vert. Que ce soit au Festival, au Mifa, ou pour les Rencontres, nous proposons un programme dense, et nous sentons une réelle volonté de tous de revenir à Annecy. Mais, bien évidemment, nous ne pourrons tirer un bilan de cette édition 2022 si importante, tant par son envergure que symboliquement, le 18 juin au soir”, indique Mickaël Marin, directeur de Citia, l’établissement qui organise le Festival et le Mifa.

Ainsi, Citia mène différentes actions, qu’il cherche toujours à améliorer, articulées autour de quatre axes principaux : réduire l’empreinte écologique des événements ; accompagner l’évolution des comportements et des pratiques pour qu’ils soient plus vertueux sur un plan écologique, mais aussi social ; optimiser l’accueil des publics ; et assurer le bon ancrage local du Festival et du Mifa. “Avant la crise, nous travaillions pour recevoir la norme ISO 20121 [norme internationale accordée aux “systèmes de management responsable appliqués à l’activité événementielle”, Ndlr]. La pandémie a mis un coup d’arrêt, mais nous avons toujours pour souhait d’obtenir cette norme dès 2023”, poursuit Mickaël Marin.

En parallèle, à l’occasion de cette édition 2022, Citia dressera un premier bilan d’une initiative qu’il a instaurée en 2020 : la Résidence Annecy Festival. Pour rappel, celle-ci est dédiée au développement graphique pour le long métrage d’animation et accueille à chaque fois trois projets. Sa première édition a eu lieu en 2021, la deuxième est en cours et s’achèvera à la fin de ce mois de juin. “La Résidence s’inscrit dans notre logique d’accompagnement des talents et dans le fait qu’Annecy est une terre de création”, souligne Mickaël Marin. Le 14 juin, une conférence de presse sera donnée autour de cette Résidence, dont l’appel à candidatures pour la 3ème édition sera lancé. La Résidence est soutenue par la Région Auvergne-RhôneAlpes, le Département de la HauteSavoie, Netflix et le CNC.

Annecy, terre de création

Cette crise sanitaire que nous connaissons depuis 2020 a mis davantage en exergue une autre crise, qui, elle, a démarré bien plus tôt : la crise écologique. Aujourd’hui, tous les secteurs d’activité se doivent urgemment de la prendre en compte, et Citia en a fortement conscience. “L’écoresponsabilité est une préoccupation majeure pour nous depuis longtemps, et, parce que nous sommes un établissement public, nous avons pour mission de nous montrer toujours plus exemplaire dans ce domaine, développe Mickaël Marin. D’ailleurs, audelà de la problématique environnementale, nous sommes guidés par la Responsabilité sociétale des organisations (RSO).”

Mickaël Marin, directeur de Citia.

Lucas Fillon

HCes deux dernières années, la société Vivement Lundi ! a été particulièrement sous le feu des projecteurs grâce à deux œuvres : le court métrage Mémorable, de Bruno Collet, qu’elle a produit, et le long métrage Flee, de Jonas Poher Rasmussen, qu’elle a coproduit. Multiprimés, Mémorable a été nommé aux Oscars en 2020 et Flee, triplement nommé à la même cérémonie cette année. Jean-François Le Corre, le dirigeant de Vivement Lundi !, évoque la suite pour la structure.

Quelle sera votre actualité à Annecy ?

En compétition, nous accompagnons le nouveau long métrage d’Alain Ughetto, Interdit aux chiens et aux Italiens, porté par Les Films du Tambour de Soie (France), Foliascope (France), Lux Fugit (Belgique), Graffiti Film (Italie), Ocidental Filmes (Portugal), Nadasdy Film (Suisse), et que nous avons coproduit. Dans ce film en stop motion, Alain Ughetto met en scène, depuis la période située avant la Première Guerre mondiale jusqu’à la fin des années 1950, l’histoire de sa famille, qui a immigré d’Italie. C’est une vraie fiction, une saga, nourrie d’aspects autobiographiques. Toujours en compétition, nous présentons le court métrage Les Liaisons foireuses, produit avec Zorobabel (Belgique). Il a été réalisé en stop motion par deux jeunes talents, Chloé Alliez et Violette Delvoye. Cette comédie se déroule lors d’une fête réunissant des adolescents, au cours de laquelle l’une d’entre eux est confrontée à un choix amoureux. En filigrane, c’est une réflexion sur la pression sociale du groupe à cet âge. Le film a fait sa première au Festival Premiers Plans d’Angers en janvier dernier, est passé par Anima (Belgique), où il a été distingué [la dernière édition d’Anima Festival a eu lieu du 25 février au 6 mars, Ndlr] et nous sommes ravis qu’il soit sélectionné à Annecy. Dans les projections en plein air figurera la comédie musicale Yuku et la fleur de l’Himalaya, de Rémi Durin et Arnaud Demuynck, produite par Artemis Productions, La Boîte,… Productions (Belgique), Les Films du Nord et nous-mêmes (France) et Nadasdy Film (Suisse).

Au Mifa, vous pitcherez un projet de long métrage, “Le Cœur à danser”…

Il a été imaginé par deux jeunes auteurs, Pierre Le Couviour et Amine El Ouarti. Nous l’avons découvert via la Résidence Annecy Festival [dédiée au développement graphique pour le long métrage d’animation, sa première édition, qui a donc accueilli Le Cœur à danser, s’est tenue en 2021]. Son graphisme nous a épatés. Le film se déroule à Douarnenez, en Bretagne, la semaine où est signée l’armistice de la Première Guerre mondiale. Il a pour héroïne une jeune fille, Venaig, qui a grandi dans un environnement où les chants et la danse ont une place capitale. Elle veut

Dates clés

1992 : assistant de production au sein de la société Lazennec Bretagne 1998 : fonde avec Valérie Amour Malavieille, à Rennes, la société Vivement Lundi !, qui officie dans l’animation et le documentaire 2003 : suit la formation Eurodoc 2011 : Vivement Lundi ! est lauréate du Prix du producteur français de télévision de la Procirep dans la catégorie animation 2021 : élu avec Charlotte Le Vallégant à la présidence de la fédération professionnelle Films en Bretagne

Jean-François Le Corre

« Il faut accélérer la formation dans le champ du stop motion »

“danois” dans son écriture, mais ait bien une narration universelle. Le fait qu’Arte France ait choisi de le coproduire a d’ailleurs rassuré tout le monde sur sa capacité à s’adresser à un public international. Globalement, nous avons collaboré en n’hésitant pas à nous dire les choses, mais toujours dans un climat de sérénité. Il y avait une telle écoute que le film a été fini avec deux semaines d’avance ! Nous sommes tous heureux de recevoir ce prix.

Le stop motion est ancré dans l’ADN de Vivement Lundi !. Aujourd’hui, il connaît un fort engouement à l’international. Selon vous, pourquoi et quelles conséquences a-t-il, alors que les spécialistes de cette technique sont peu nombreux ?

La situation est inédite. Rien qu’en Europe, il y a une dizaine de longs métrages qui se font ou vont se faire en stop motion – et je ne parle que de longs métrages. Ce retour s’explique par le fait qu’une nouvelle génération d’artistes arrive avec un besoin de retrouver du sens dans un monde de plus en plus virtuel. Cette quête passe par la volonté d’avoir une dimension artisanale dans la fabrication ; or, cette dimension est inhérente au stop motion. Et cette génération a été organiser une fête pour faire revenir la marquée par des films comme L’Etrange joie, mais les adultes n’ont plus “le cœur Noël de M. Jack ou Ma vie de Courgette. à danser”. Alors qu’elle attend le retour Mais, durant des années, on n’a pas forde son père du front, elle ne se décou- mé à cette technique, car il y avait une rage pas... C’est un film qui croise le mer- pénurie de travail. On le voyait bien de veilleux, en convoquant une légende, notre côté : une fois que nous avions teret revient sur l’histoire de ces femmes miné une série, il y avait un vide. Seuls bretonnes qui ont maintenu l’économie les courts métrages nous permettaient de maritime durant la Grande Guerre. Le poursuivre le stop motion. Cette “renaisCœur à danser puise ses références dans sance” provoque d’importantes tensions trois longs métrages : Calamity, une sur le marché. Il faut accélérer la formaenfance de Martha Jane Cannary, Coda, tion. Par ailleurs, il est nécessaire que le et Billy Elliot. En plus des éléments gra- stop motion fasse un bond en matière phiques, nous disposons d’une première d’éco-responsabilité. On le sait, cette version du scénario. technique fait appel à des produits agressifs pour l’organisme et la planète. Dans Citia décernera son Mifa ce souci, nous nous sommes rapprochés Animation Industry Award aux du laboratoire Compositic, qui dépend producteurs et partenaires de de l’Université Bretagne Sud, à Lorient. Il “Flee”, notamment pour saluer travaille sur des matériaux non polluants “l’exemplarité de la collaboration pour les activités maritimes et son expereuropéenne qui a permis ce film tise va aussi servir à nos œuvres.

magnifique”. “Flee” a été conduit Propos recueillis par Lucas Fillon

par Final Cut for Real (Danemark), Sun Creature Studio (Danemark, France), Most Film (Suède), Mer Film (Norvège), et donc Vivement Lundi !. En France, il a été coproduit par Arte France, Pictanovo (Région Hauts-deFrance) et a bénéficié du soutien de la Région Bretagne, du CNC, de la Procirep et de l’Angoa. Comment expliquer la réussite de cette coproduction ?

C’est la conjonction de plusieurs facteurs. En ce qui nous concerne, Vivement Lundi ! avait commencé à coproduire dès 2004 et, un an auparavant, j’avais suivi la formation Eurodoc, où j’avais beaucoup appris. Et ce que j’en avais retenu, nous l’avons aussi appliqué au champ de l’animation. Nous étions donc familiers de la coproduction. Par ailleurs, nous avons été associés très tôt dans le développement pour que le film ne soit pas trop

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