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La sélection des productions

Cinéma

LA VIE POUR DE VRAI

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Stade d’avancement : en tournage

Société de production : Pathé Coproducteurs : Artémis Productions, 26 Db Productions, Tax Shelter Ethique Réalisateur : Dany Boon Auteur : Dany Boon Distribution : Pathé Date de début de tournage : juillet 2022 Lieu de tournage : Belgique H Tridan Lagache est né et a vécu toute sa vie dans un Club Med au Mexique. A 50 ans, il décide de quitter pour la première fois son environnement de toujours pour retrouver Violette, son amour de jeunesse, et découvrir la vie pour de vrai. A Paris, il est loin d’imaginer les obstacles et périls qui l’attendent dans sa quête de vérité et de bonheur, dont la rencontre inattendue de Louis, son demi-frère ainé, qu’il ne connaissait pas et qui fera tout pour se débarrasser de lui.

Cinéma

IL SE FAIT TARD

Stade d’avancement : en tournage

Société de production : Sunday Films Producteur : Raymond Parizer Coproducteur : Michelangelo Film (Italie) Réalisateur : Leonardo de la Fuente Auteur : Leonardo de la Fuente Durée : 100’ Budget (en M€) : 2,8 Dates de début de tournage : 01/07/2022 Lieux de tournages : Ile-de-France, à l’étranger Casting : Franco Nero H Entre Rome et Paris, les rapports tumultueux d’un père, star de cinéma, et de sa fille «perdue».

Cinéma

LES JOURS LES PLUS INTENSES DE GUIDO KALB

Stade d’avancement : en financement

Société de production : Rezo Productions Producteurs : Jean-Michel Rey, Ninon Chapuis Coproducteur : L’Heure d’été, MIR Cinematografica Réalisateur : Tommaso Usberti Auteur : Tommaso Usberti Durée : 90’ Distributeur salle : Rezo Films Vendeur international : The Party Dates de début de tournage : 01/08/2022 Lieux de tournages : à l›étranger Casting : Piero Usberti, Luàna Bajrami H Guido (23 ans) vit dans une petite ville de la plaine du Pô. Orphelin adopté, il a obtenu par la violence le respect de ses pairs dans le milieu raciste et viriliste où il a grandi. Mais lorsqu’il rencontre Sonia, jeune immigrée kosovare, un soir en discothèque, il va devoir choisir entre son amour et tous ceux qui s’y opposeront.

Cinéma

GOODNIGHT LADIES

Stade d’avancement : en tournage Société de production : Remora Films Producteur : Cyriac Auriol Réalisateurs : Olivier Ducastel, Jacques Martineau Auteurs : Olivier Ducastel, Jacques Martineau Durée : 90’ Budget (en M€) : 3,7 Cinéma

Sept ans après Microbe et Gasoil,Michel Gondry est en tournage et retrouvera le producteur Georges Bermann. Ce sera l’occasion pour Gondry de mettre en scène Pierre Niney, qui l’avait choisi comme parrain lors de sa nomination aux Césars en 2011. Les prises de vues ont débuté le 10 juin dans le Gard, et sera également tourné en Aude et à Paris. Le film est produit par Partizan Films et sera distribué par The Jokers.

LE LIVRE DES SOLUTIONS

Stade d’avancement : en tournage

Société de production : Partizan Films Producteur : Georges Bermann Réalisation : Michel Gondry Auteur : Michel Gondry Distribution : The Jokers Ventes internationales : Kinology Date de début de tournage : 10/06/2022 Lieu de tournage : Gard, Aude, Paris Casting : Pierre Niney, Françoise Lebrun, Vincent Elbaz, Camille Rutherford, Blanche Gardin, Mourad Bendaoud, Frankie Wallach H Un réalisateur cherche à vaincre ses démons qui nuisent à sa créativité.

HRetrouvez l'intégralité de la sélection sur le site ecran-total.fr/productions

Dates de début de tournage : 01/07/2022 Casting : Josiane Balasko, Marisa Paredes H Laura, ex-star des 70’s et Emily s’aiment depuis 40 ans. Leur amour s’alimente à une étrange source : regarder ensemble dormir de belles endormies. Mais l’émotion a disparu de ces nuits ; Laura décide que leur couple est usé et qu’il faut se séparer. Un mini-AVC, un héritage à flamber, un tour du monde improvisé et la rencontre avec Chloé, une dormeuse à l’aura magique, fera renaître leur passion.

Télévision

THE NEW LOOK

Stade d’avancement : en tournage

Société de production : Apple Studios Producteurs : Mark A. Baker, Todd A. Kessler, Lorenzo di Bonaventura Réalisateur : Todd A. Kessler Auteur : Todd A. Kessler Diffuseur : Apple TV+ Date de début de tournage : été 2022 Lieu de tournage : Paris Casting : Ben Mendelsohn, Juliette Binoche, Maisie Williams, John Malkovich, Emily Mortimer, Claes Bang, Hugo Becker A Paris, sous l’occupation Nazie, tandis que le règne de Coco Chanel sur la mode touche à sa fin, Christian Dior est l’étoile montante qui fait revivre le monde avec son style révolutionnaire et iconique, influençant les générations d’hier et d’aujourd’hui.

Télévision TIKKOUN

Stade d’avancement : en tournage

Société de production : Curiosa Films Producteur : Xavier Giannoli Réalisateurs : Xavier Giannoli, Frédéric Planchon Diffuseur : Canal+ Date de début de tournage : fin juin 2022 Lieu de tournage : région parisienne Casting : Vincent Lindon, Ramzy Bedia, Niels Schneider, Matthias Jacquin H La trajectoire de deux gamins des rues de Belleville, Samy et Marco, qui ont arrêté l’école avant même d’avoir mué. Leur existence faite de débrouillardise et d’instinct de survie les oblige à comprendre plus vite que n’importe qui que la seule prospérité possible pour eux se situe en dehors du Code pénal. Petites escroqueries, arnaques et tables de jeux : la vie est une partie de poker. A l’autre bout de la ville et de l’échelle sociale : un jeune homme des quartiers huppés. Un blouson doré. Il s’appelle Arnaud. Son rêve est de devenir Gordon Gekko, le héros de Wall street, le film d’Oliver Stone. Ensemble, Samy, Marco et Arnaud vont réussir à tromper l’intelligence la plus diplômée du pays, celle de polytechniciens et énarques qui ont travaillé à la mise en place d’une bourse financière aux nobles aspirations : lutter contre le réchauffement climatique. Il en résulte la plus grande escroquerie de l’histoire de France...

Télévision

ALL THE LIGHT WE CANNOT SEE

Stade d’avancement : en tournage

Société de production : Netflix Coproducteur : 21 Laps Entertainment Producteurs : Shawn Levy, Joe Strechay, Dan Levine, Josh Barry, Steven Knight Réalisateur : Shawn Levy

Auteur : Steven Knight Format : mini-série de 4 épisodes D’après l’oeuvre de : Anthony Doerr Date de début de tournage : 30 juin 2022 Lieu de tournage : Saint-Malo, Villefranche-sur-Rouergue Casting : Aria Mia Loberti, Mark Ruffalo, Hugh Laurie, Louis Hofmann, Lars Eidinger, Nell Sutton H La rencontre entre Marie-Laure, une adolescente française aveugle, et Werner, un soldat allemand. Leurs chemins se croisent en plein coeur d’une France occupée et dévastée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Télévision MAZZERA

Stade d’avancement : en développement

Société de production : L’incroyable Studio Producteurs : Johan Chiron, Sophie Girard Auteurs : Eurydice Da silva, Vincent Istria Durée : 8 x 30’ Dates de début de tournage : 01/11/2022 Lieux de tournages : Corse, Pays de la Loire Casting : 2022 H Fraîchement arrivée en Corse après un drame familial, Stella, une lycéenne de 15 ans, hérite du pouvoir des mazzeri, les chamans de l’île : elle chasse des gens au travers de ses rêves pour garantir l’équilibre entre la vie et la mort.

Animation

ALLONS GASTON !

Stade : en développement

Société de production : Dandeloo Producteurs : Jean-Baptiste Wery, Emmanuèle Petry-Sirvin Type : série Technique d’animation : 2D Format : à déterminer Public ciblé : 4-7 ans D’après l’oeuvre : Gaston, d’Aurélie Chien Chow Chine (Album Jeunessse), Hachette, 2020 Année de production : 2022, 2023 H Gaston est une jeune licorne un peu différente. Sa crinière aux couleurs de l’arc-en-ciel est magique, elle change de couleur lorsqu’il ressent une émotion forte comme la colère ou la tristesse.

Animation

LES BORROWERS

Stade : en développement

Société de production : Blue Spirit Productions Producteurs : Armelle Glorennec, Eric Jacquot Type : série Technique d’animation : 3D Format : 26 x 23’ Public ciblé : 6-10 ans Réalisateur : Fabien Daphy Auteurs littéraires : Charles Habib-Drouot & Kristen Glorennec, Mark Huckerby & Nick Ostler Autrice graphique : Margaux Rosiau D’après l’oeuvre : The Borrowers (Les chapardeurs), de Mary Norton (Roman), L’école des loisirs, 1982 Diffuseurs : à déterminer Vendeur international : Blue Spirit (préventes) Année de production : 2022, 2023, 2024 H L’univers des livres de M. Norton adapté pour la 1ère fois en série d’animation! Lors d’une mission de chapardage, Arrietty, Borrowers haute comme une pomme, s’est fait repérer par Tom, un humain ! Ce qui aurait dû être une catastrophe est devenu le début d’une incroyable amitié. Télévision

Alors que la saison 2 a réalisé la meilleure audience de 2022, HPI, la série à succès de TF1, a démarré le tournage de sa 3ème saison. Toujours produite par Itinéraire et Septembre, avec le partenariat de TF1 et la RTBF, cette saison sera réalisée par Mona Achache, Vincent Jamain et Djibril Glissant. Le casting récurrent, composé notamment de Audrey Fleurot, Mehdi Nebbou et Bruno Sanches, sera rejoint par Michèle Moretti et Patrick Chesnais.

HPI - SAISON 3

Stade d’avancement : en tournage

Sociétés de production : Itinéraire Productions, Septembre Productions Producteurs : Alice Chegaray-Breugnot, Stéphane Carrie, Nicolas Jean Coproducteurs : TF1, Be Films - RTBF, Pictanovo Réalisateurs : Mona Achache, Vincent Jamain, Djibril Glissant Format : 8x52’ Diffuseur : TF1 Date de début de tournage : 29 juin 2022 Lieu de tournage : Hauts-de-France Casting : Audrey Fleurot, Mehdi Nebbou, Bruno Sanches, Marie Denarnaud, Bérangère McNeese, Clotilde Hesme, Rufus, Michèle Moretti, Patrick Chesnais H En ce début de nouvelle saison, Morgane doit composer avec une famille décomposée pour la troisième fois, une nouvelle maison qui tombe en ruine et un père bien décidé à revenir dans sa vie : Serge Alvaro. Magouilleur de génie, HPI comme elle, Serge est le reflet d’une Morgane qui aurait mal tourné. Est-ce que son retour va permettre à Morgane d’en apprendre plus sur elle-même ?

HRetrouvez l'intégralité de la sélection sur le site ecran-total.fr/productions

Animation

WILD LIFE CITY

Stade : en préproduction

Société de production : Cube Creative Productions Producteurs : Lionel Fages, Majid Loukil, Marc du Pontavice Type : série Technique d’animation : 3D Format : 52 x 13’ Public ciblé : 6-10 ans Réalisateur : Nicolas Deveaux Auteurs littéraires : Nicolas Deveaux, Grégory Baranes Auteur graphique : Nicolas Deveaux Vendeur international : Xilam Année de production : 2023, 2022 Compositeur : Vincent Artaud H Wild Life City est le terrain de jeu de quatre amis, Kate la tortue, Tom l’éléphant, Betty la koala et Jason le flamant-rose, qui rident dans ses rues escarpées à 100 à l’heure. Mais trois gibbons sur roller quads et quête de mauvais coups menacent la tranquillité de cette jungle urbaine. De poursuites effrénées en gadins spectaculaires, ces riders fous vont enflammer le bitume ! Que la course commence !

Animation

PRESS START!

Stade : en préproduction

Société de production : Cyber Group Studios Producteur : Pierre Sissmann Type : série Technique d’animation : CGI Format : 52 x 11’ Public ciblé : 5-7 ans Auteur littéraire : Scott Kraft Auteurs graphiques : Romain Pergod, Sylvain Sarrailh D’après l’oeuvre : Press Start!, de Thomas Flintham (Bandedessinée), Scholastic, 2016 Budget : 8,3 M€ Vendeur international : Cyber Group Studios Année de production : 2022, 2023 H SUNNY ZAKI, 8 ans, est fan du jeu vidéo SUPER RABBIT BOY et de son univers survolté. Super Rabbit Boy est le héros de ce monde fantastique. C’est l’idole de Sunny et sa petite soeur RUE, 6 ans. Quand Sunny se retrouve propulsé dans le jeu Super Rabbit Boy, sa vie bascule : il passe du statut de super fan de Super Rabbit Boy à celui de MEILLEUR AMI de Super Rabbit Boy !

Animation

SPACE HAM

Société de production : Dandeloo Productions Producteurs : Jean-Baptiste Wery, Emmanuèle PetrySirvin, Lise Saxtrup, Henrik Danstrup Type : série Technique d’animation : 2D Format : 39 x 11’ Public ciblé : 8-12 ans Auteurs littéraires : Nicolai Vielwerth Coproducteur : Miniscosmos (Danemark) Stade : en développement Année de production : 2022, 2023 H Vous souvenez-vous de l’époque où vous dormiez chez votre meilleur ami ? Ces soirées fantastiques où vous ne faisiez que jouer, parler, regarder des films, jusqu’à ce qu’il soit impossible de garder les yeux ouverts. Imaginez si c’était tous les jours... Et dans l’espace ! Space Ham est une série remplie de bonnes vieilles histoires d’amitiés cochonesques et d’aventures spatiales épiques.

HGéant de la distribution du cinéma indépendant, le président du Pacte explique comment sa société s’est adaptée à l’évolution du marché et partage son regard et son analyse sur l’industrie.

Comment se porte votre activité ?

Nous appréhendons l’exploitation de chacun de nos films. Surtout en deuxième semaine où les chutes de fréquentation sont très fortes. Pour autant, nous sommes fiers de notre line-up et confiant pour les beaux films que nous allons sortir. Nous avons su garder notre capacité à investir dans le cinéma français. Et on retrouvera en 2023 certains de nos grands auteurs puisque Ken Loach et Nanni Moretti ont tourné leur nouveau film. J’espère que d’ici là nous aurons retrouvé un marché plus florissant, ce dont je ne doute pas. Actuellement, les festivals ne désemplissent pas. Il faut souhaiter que cet engouement revienne dans les salles. Même si notre situation reste plus enviable qu’en Espagne ou en Italie. La distribution indépendante demeure fragile car beaucoup d’entre nous sortent encore des films qui ont été signés à une période où le marché n’était pas ce qu’il est devenu aujourd’hui. Même des films très attendus connaissent des déceptions.

Comment vous êtes-vous adaptés à ces évolutions ?

Durant une longue période, nos investissements ne correspondaient plus au marché. Aujourd’hui, nos ils restent élevés mais ils sont différents. Avant, nous investissions à 100% en MG. Aujourd’hui, nous privilégions davantage la coproduction et les droits longs. Nos investissements restent les mêmes mais il sont répartis différemment pour mieux nous protéger.

Dans un marché si délicat pour le cinéma d’auteur, certains de vos films ont été difficiles à sortir. On pense notamment à un premier long métrage comme Onoda, 10 000 nuits dans la jungle ou encore à des auteurs plus identifiés comme Catherine Corsini avecLa Fracture…

Le pass sanitaire nous a confirmé à quel point le gouvernement a utilisé la culture comme une arme vis-à-vis des anti-vaccins. La sortie d’Onoda en a été grandement pénalisée. C’est une grosse déception en terme de box office (45 000 entrées) mais nous sommes heureux d’avoir accompagné un si grand et beau film depuis plusieurs années. D’autant plus que les ventes internationales se font toujours plus nombreuses et que le film marche également très bien en VOD et DVD. À tel point que nous nous sommes déjà engagés sur le prochain long métrage d’Arthur Harari. Sur La Fracture, le score est satisfaisant (275 000 en-

Jean Labadie

« Nous avons su garder notre capacité à investir dans le cinéma français »

trées), même si nous pouvions espérer le double. Comme tous les autres films à l’affiche durant cette période puisque le marché était réduit de moitié. Y compris une marque comme Jacques Audiard. Même si un auteur comme Stéphane Brizé a redonné le sourire à toute la profession avec Un autre monde (485 000 entrées). Sans parler de Cédric Klapisch qui a signé un de ses plus grands succès avec En Corps (1,3 million d’entrées). Probablement en raison de la mobilisation d’un large public féminin sensible à la danse. Ouistreham aussi a marché beaucoup plus que ce qui était prévu (410 000 entrées). Cela nous conforte dans l’idée que les gens peuvent revenir.

Dans ce contexte, ne faut-il pas communiquer autrement sur les films et leur sortie ?

J’ignore ce que donneront les états généraux du cinéma mais il est effectivement important de renouer un dialogue avec les salles pour trouver des moyens de promotion des films qui soient un peu différent de ce que l’on pratique depuis des années. Quand on voit les faibles résultats générés par des vagues d’avant-premières dans 400 villes le week-end précédant la sortie, il y a visiblement quelque chose qui ne marche plus. La démultiplication des avant-premières a tué les avantpremières. Elles n’ont plus vraiment de signification. Je regrette aussi que nous soyons encore réduits à acheter des espaces publicitaires dans les cinémas et à payer la diffusion des bandes annonces en salles alors que, suite à la crise, une plus grande solidarité aurait dû s’installer entre nous et les exploitants.

Comment ont été décidés ces états généraux du cinéma ?

Ils ont été voulus par la profession tant nous constatons une dérive importante du CNC vers l’audiovisuel qui marginalise le cinéma. Or l’audiovisuel se finance beaucoup mieux que le cinéma. Sans compter que nous sommes confrontés à une inflation des coûts de production car les équipes de tournage sont mobilisées en permanence. Et bien entendu, dans le même temps, nos ressources sont en diminution. J’espère que cela se fera sous l’égide du CNC que nous n’accusons en rien. Au contraire, il a soutenu la profession mais on constate néanmoins cette dérive importante. Pour notre gouvernement, la modernité, c’est les plateformes. Or, seul Netflix a signé la chronologie qui, à mon sens, est déjà obsolète. C’est très injuste pour la distribution d’avoir ramené Canal+ à six mois tout en gardant les salles à 4 mois. En effet, nous disposons de deux recettes : la salle et la vidéo dont nous perdons désormais deux mois d’exclusivité. En terme de minimums garantis, quand nous investissions un million d’euros, nous savions que 200 000 seraient couverts par la vidéo et la VOD. Parfois moins, parfois plus. Mais désormais, nous perdons cette somme. C’est une grande victoire pour les télévisions payantes qui détestent leurs concurrents mais comme d’autres acteurs. Netflix déteste les salles qui détestent elles-mêmes la vidéo. Alors que nous

avons des intérêts croisés évidents. Et les quatre mois d’exclusivité de la salle, qui sont comme une barrière infranchissable, n’ont plus de sens. Le plus souvent, après six semaines, les films ne sont plus diffusés nulle part ou presque. Et s’ils quittent les salles aussi vite alors nous avons sûrement perdu de l’argent sur nos frais d’édition. Néanmoins, à ce moment là, le film est encore dans la mémoire des spectateurs qui pourraient alors le découvrir en VOD. Les chiffres seraient importants et cela éviterait le piratage. Quoi qu’en dise l’ARCOM, le piratage a surtout baissé pour le football. Mais dès le lendemain d’un match, celui-ci n’a plus de valeur et on l’oublie. Qui regarde Saint-Etienne - Nantes de 1953 ? Je constate d’ailleurs que les chaînes se sont mobilisés beaucoup plus sur cette question que sur le piratage des films.

Selon vous, quelle serait la chronologie des médias idéale ?

A une époque, nous avions une commission de dérogation sur la VHS. Nous décidions chaque semaine si un film pouvait sortir plus tôt que prévu en vidéo dans le cas où il n’aurait pas performé en salles. Cela permettait de lui donner plus rapidement une seconde chance sur un nouveau marché. A l’inverse, si un film avait eu du succès, il attendait douze mois comme convenu dans la loi. Nous avons aussi formulé une autre proposition aux exploitants. Il est facile aujourd’hui de géolocaliser la VOD. Donc, si mon film n’est pas diffusé à La Baule, il peut y être diffusé en VOD sans que cela soit un problème pour l’exploitant qui diffuse le film à Nantes. Nous pourrions même nous associer aux exploitants qui ouvriraient leur propre site VOD sur lequel ils diffuseraient les films qu’ils viennent de retirer de l’affiche. Tout le monde serait gagnant. On partagerait la recette et le film serait toujours accessible au public qui ne serait plus dans ce sentiment d’urgence pour découvrir les films en salles avant qu’ils n’en soient retirés. C’est faire injure aux distributeurs et aux producteurs que de penser qu’ils ne sont pas capables de ménager les exploitants. Quand vous voyez le succès d’En Corps, il est évidemment inutile de raccourcir son exploitation. Il faudrait même reculer la date de mise en VOD.

La publicité à la télévision a-t-elle fait ses preuves ?

On ne peut que constater que la publicité à la télévision chez nos voisins a créé une inflation des frais d’édition qui a tué les distributeurs de taille moyenne. La télévision est un média puissant mais qui renforce encore davantage la concentration sur les marques. La clientèle des films d’auteurs a disparu chez nos voisins. Quand Parasite fait 2 millions d’entrées en France après sa Palme d’Or, les Anglais ne le sortent qu’après son triomphe aux Oscars. Et que dire de l’Italie où le film n’a pas fait le dixième de son résultat en France alors que les Italiens étaient de grands consommateurs de cinéma. Mais la fin de la distribution indépendante chez nos voisins a aussi entraîné la fin de leur créativité. Si vous n’avez plus de distributeur pour révéler et accompagner un auteur comme Fassbinder, vous n’avez plus un tel auteur. La France a joué ce rôle pour toute l’Europe. Un tiers des courts métrages d’animation présentés à Annecy étaient coproduits par la France. Nous aidons ainsi au renouvellement des styles et des genres. Si on perd cela, tout peut aller très vite. Sans compter que nous préfinançons 90% des grands auteurs mondiaux.

Êtes-vous confiant sur un retour à la normale pour la fréquentation ?

Cela prendra du temps et, à l’évidence, rien ne sera plus comme avant. Les plateformes vont accélérer la disparition d’un cinéma qui n’aura bientôt plus sa place en salles, à commencer par le cinéma indépendant américain. Un polar bien ficelé avec un casting solide pouvait allègrement faire un demi-million d’entrées. Il nous faudra redoubler d’efforts pour faire revenir le public en nombre. Ce n’est pas en mettant en place l’affiche sur leur devanture et en nous faisant payer les bandes annonces que les exploitants y arriveront. La France a toujours protégé les exploitants, y compris contre eux-mêmes avec les commissions d’aménagement cinématographique. Mais en les surprotégeant, nous avons créé des monopoles locaux. Et quand ces monopoles sont tenus par des gens pour qui le cinéma ne repose que sur le divertissement populaire et la confiserie, le reste du cinéma est perdu pour des villes entières. Heureusement, le parc d’exploitation français demeure exceptionnel. Cela me fascine de voir les exploitants œuvrer plus que jamais à la création de complexes innovants. La qualité et le confort sont optimaux. Il n’y a donc plus besoin d’embaucher autant de projectionnistes ou de caissiers avec l’essor des caisses automatiques. Alors autant privilégier l’embauche de personnel pour présenter des événements adéquats aux collèges, lycées, associations et comités d’entreprise alentours. Après

“Les Cinq Diables” (31 août)

“As Bestas” (20 juillet)

tout, rares sont les films sur lesquels on ne trouve pas une thématique précise. Voyez tout ce que nous avons fait autour de l’univers des soignants et des médecins avec les longs métrages de Thomas Lilti. On trouve des publics constitués pour presque tous les films.

Et que répondez-vous à ceux qui affirment que la place de cinéma est devenue trop chère ?

Le prix moyen est de 6,5 €. Dans le même temps, le quart Vittel est à 7 € dans le 17ème arrondissement de Paris et personne ne s’en plaint. Ceux qui attaquent les tarifs des salles sont ceux qui vont au cinéma une fois par an. Ils ne disposent d’aucun abonnement et payent plein tarif. Aujourd’hui, avec un abonnement aux circuits, vous avez accès à tous les films dans toutes les grandes villes. Le cinéma est un art populaire et doit le rester. Tout est une question de communication. Les exploitants étaient favorables à la publicité à la télévision mais n’ont pas communiqué, ou si peu, pour inciter les spectateurs à revenir dans leurs salles magnifiques, sures et climatisées. Si la fête et le printemps du cinéma cartonnent, c’est parce que toutes les radios annoncent ces opérations. De notre côté, nous pourrions diminuer le prix de place de 12 à 8 € en réduisant notre part de revient pour que les exploitants soient gagnants. On lancerait ainsi le bouche a oreille. Wild Bunch génère 10 000 entrées par an avec des films de Godard. Les spectateurs paieraient 30 € la place pour de telles séances. C’est comme acheter une édition originale d’un très grand romancier. Sur le prix des places, le problème est avant tout psychologique alors qu’il n’y a pas de problème psychologique pour le prix d’un iPhone. Personne ne dit que c’est cher d’aller au Stade de France. Alors que ça l’est. Et avec ce qu’on a vu lors de la finale de la Ligue des Champions, c’est même dangereux.

Propos recueillis par Michel Abouchahla et Nicolas Colle

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