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Binance met en vente une première collection de NFT dans le cinéma
HLa première plateforme de cryptos du monde propose en exclusivité des NFT autour du film belge "Music Hole", qui sort en salles en France ce mercredi 6 juillet.
Binance, la plus grosse plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde en volume, s’intéresse de près au monde du cinéma. Elle lance en France une première expérience dans le secteur, en mettant en vente sur sa place de marchés une collection de NFT à l’effigie de Music Hole, un film belge à retrouver en salles dès ce mercredi. Cette comédie noire déjantée, réalisée par Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher, est un polar burlesque sur fond de désintégration d’un couple. Il devrait sortir sur une centaine d’écrans en France après un très bon accueil de la presse belge.
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Concrètement, Paramax, qui distribue le film en France et l’a produit avec Rockstone Films, s’est associé à la galerie suisse SP3CE, première galerie d’art physique spécialisée dans les NFT, pour créer une collection de dessins inspirés par les personnages du film. 12 dessins différents seront mis en vente en 100 exemplaires, au prix unitaire de 50 $. Chaque NFT permettra à son détenteur d’assister à l’avant-première du film ce mardi au Grand Rex à Paris. La collection est en vente exclusivement sur Binance depuis ce vendredi 1er juillet à 11 heures.
“C’est une manière innovante pour nous de financer une partie de la distribution du film avec des NFT”, explique Amos Rozenberg, président de Paramax. “Dans un deuxième temps, nous espérons enclencher la coproduction et le financement de films avec des NFT.”
L’espoir, pour Paramax, est aussi d’attirer un nouveau public vers le film. “Les gens vont moins naturellement en salles et on cherche un moyen de les faire revenir”, admet Amos Rozenberg.
“Le cinéma peut aller vite”
Pour Binance, qui compte 120 millions d’utilisateurs dans le monde, cette expérience est une façon de montrer son intérêt pour le marché européen, alors que la société vient d’obtenir le statut de prestataire de services sur ac-
“Music Hole”, de Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher, est en salles depuis le 6 juillet.
tifs numériques (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers française. “Nous avons la volonté de développer des expériences concrètes autour du Web3”, commente David Prinçay, président de Binance France. La vente de cette collection “va permettre d’expérimenter un cas d’utilisation de billets de cinéma sous forme de NFT, en ayant recours à la blockchain”. Avant d’ajouter : “Nous voulons montrer notre engagement, notre volonté d’expérimenter des choses. C’est une première étape. Nous avons une approche très itérative. Notre stratégie est de tirer les conclusions de chaque expérience avant d’aller plus loin.”
Le projet s’est monté très vite, puisque la première prise de contact entre le producteur et la galerie d’art d’un côté, et Binance de l’autre, a eu lieu lors du dernier Festival de Cannes. “Nous avons aimé la vision de Binance, et la façon dont la société est engagée dans la culture européenne”, affirme Salar Shahna, fondateur de SP3CE. “Nous sommes fiers de faire cette première expérimentation avec un film en Europe car la question du financement du cinéma indépendant est très européenne”, abonde David Prinçay. “L’opération s’est faite de façon naturelle et organique. On a été surpris de voir à quel point le cinéma peut aller vite.”
Damien Choppin
Olivier Snanoudj (Warner Bros.)
HLe Président du Syndicat Franco-Américain de la Cinématographie (SFAC) témoigne avec enthousiasme de la tenue du nouveau Studioshow. En tant que Senior Vice-Président Distribution Cinéma de Warner Bros. France, Olivier Snanoudj revient également sur les nombreux succès de son studio. Des succès qui ont grandement contribué à la reprise de la fréquentation.
Après deux années de report, le Studioshow est de retour. Comment appréhendez-vous cette manifestation ?
Nous nous réjouissons de pouvoir à nouveau organiser cet événement très apprécié par nos clients et partenaires de l’exploitation tant il s’avère à la fois professionnel et festif. Nous y prenons le temps de présenter longuement nos line-up des mois à venir tout en partageant des moments de convivialité avec les exploitants. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons qui nous a incité à renoncer aux deux dernières éditions. Nous aurions pu organiser nos projections, mais sans contenus conséquents et sans ces moments de partage. L’événement aurait alors perdu tout ce qui fait son sel. Nous espérons que ce Studioshow marquera le début d’un nouvel élan pour la fréquentation des salles à compter du deuxième semestre.
Warner a joué un rôle majeur dans la reprise de fréquentation, cela a commencé dès l’été 2020 avec la sortie de Tenet…
La stratégie du groupe a toujours été de sortir des films durant toute la période du Covid. Même si cela a été complexe car nous n’avons cessé de naviguer entre les fermetures de salles, les restrictions ou encore les pass sani-
« Il nous faut constamment des propositions fortes : blockbusters, comédies, films d’auteur »
taires. Mais nous avons toujours pu proposer des films aux exploitants. Sortir un film événement comme Tenet, alors que nous étions plongé en pleine incertitude, a été une opportunité formidable. D’autant plus que la France a été l’un des territoires les plus performants. Ce qui est souvent le cas sur cette typologie de blockbuster d’auteur. Tenet a pleinement joué son rôle de film événement qui a attiré le public en nombre (2,3 millions d’entrées) mais qui a surtout fait à nouveau parler de cinéma.
À la reprise de mai 2021, vous avez également connu de beaux succès avec les sorties successives de Tom et Jerry puis de Conjuring: sous l’emprise du Diable?
Tom et Jerry sont des personnages aussi populaires que Scooby Doo dont nous avions sorti la dernière adaptation à l’été 2020 avec réussite (760 000 entrées). Cela nous a donné confiance pour proposer ce film neuf et familial dès la réouverture des salles alors que nous n’avions sorti que des films de catalogue lors de la première reprise en juin 2020. Conjuring 3 est arrivé peu de temps après et a profité du début des vacances scolaires et de la Fête du Cinéma pour devenir le plus important succès de la saga (1,9 million d’entrées) malgré les contraintes de jauges et de couvrefeu qui étaient encore en place. Si Tom et Jerry a contribué au retour du public familial, Conjuring 3 a aidé au retour des spectateurs adolescents.
Le nouvel opus d’un de vos fidèles auteurs, Clint Eastwood, avec Cry Macho a moins bien performé (200 000 entrées), de même que Matrix Resurrections qui n’a pas atteint le million de spectateurs...
Clint Eastwood reste un auteur qui fait un film par an et qui a connu encore récemment de grands succès avec La Mule
Box-office Warner depuis juillet 2020
et Le Cas Richard Jewell. Peut-être que Cry Macho était un peu plus intimiste. Pour autant, Clint Eastwood demeure un réalisateur qui fait toujours de la qualité tout en produisant beaucoup. Et qui a connu son plus grand succès international très récemment, en 2015, avec American Sniper. Concernant Matrix Resurrections, le film a été confronté à un phénomène particulier puisqu’il est sorti en simultané en salles et sur HBO Max aux Etats-Unis. Ce qui a pu générer un phénomène de piraterie significatif. Cela n’explique pas entièrement ce résultat qui demeure insuffisant, mais c’est un facteur qui a indéniablement pesé.
Et que s’est-il passé sur The Suicide Squad qui a connu un score bien moindre que le premier volet ?
La même chose pour tout le monde : on nous a coupé l’herbe sous le pied avec le pass sanitaire. L’effet s’est mesuré du jour au lendemain alors que nous avions tous généré un élan solide tout au long du mois de juin et des premiers jours de juillet. Sans critiquer les mesures de protection du gouvernement, nous avons mal vécu d’avoir été les premiers à être soumis à cette nouvelle contrainte. Cela a eu un effet psychologique dévastateur auprès du public. Nous n’avons cessé de vivre des périodes de “stop and go” permanent, comme en janvier avec la vague Omicron. Les effets s’en ressentent encore sur le marché actuel. Même si je ne désespère pas que le public revienne en nombre, mais cela va prendre du temps.
Dans ce nouveau marché, on constate que les entrées se concentrent sur les blockbusters et les franchises. Comment l’expliquez-vous ?
Cela a toujours été le cas sauf qu’auparavant, non seulement les franchises performaient mais beaucoup d’autres œuvres rencontraient le succès, comédies françaises ou films d’auteurs porteurs. Le problème aujourd’hui est que, si les franchises américaines fonctionnent, le reste est à l’arrêt. Et l’un n’est pas la conséquence de l’autre. Les blockbusters ne captent pas plus de public qu’auparavant. Mais une partie du marché n’est plus là. Et cela est très préjudiciable pour nous à long terme car un marché qui ne serait fait que de succès américains n’est pas un marché suffisamment fort. Le dynamisme du marché français s’est toujours appuyé sur la diversité. Il y a un moment où le public souhaite voir autre chose que des franchises. C’est pourquoi un studio comme le nôtre essaie de proposer des œuvres différentes aux spectateurs, y compris des films français. Evidemment nous sommes heureux que nos blockbusters fonctionnent mais, hormis quelques exceptions, ils ne font pas non plus des scores record. Cela témoigne bien du fait qu’une partie du public n’est plus là et que cela entraine une perte de dynamique du marché dans son ensemble. Et pour qu’il soit à nouveau très fort, il nous faudra sans doute œuvrer différemment. À une époque récente, tout long métrage pouvait fonctionner. Mais aujourd’hui, le public ne vient plus voir certaines typologies de films car ils trouvent des offres similaires, et souvent de qualité, à domicile. Dans ce contexte, il nous faut constamment des propositions événementielles. Que ce soit en terme de blockbusters, de comédies françaises ou de films d’auteur.
En septembre, la Warner a une encore joué un rôle majeur pour la reprise de la fréquentation avec Dune et ses 3,2 millions d’entrées…
C’est un film exceptionnel, doté d’un casting incroyable et signé par un réalisateur qui est un maître. La sortie s’est déroulée dans une configuration singulière et inhabituelle puisque le film est arrivé sur les écrans français cinq semaines avant d’être projeté dans les salles américaines. Cela nous permis de contrer les effets du piratage dû à la double diffusion en salles et sur HBO Max aux Etats-Unis. Cette décision a contribué au succès du film.
Et encore en début d’année avec la sortie de The Batman, en pleine vague Omicron alors que de nombreux films étaient reportés les uns après les autres …
De mémoire, je ne crois pas que la Warner ait jamais dû attendre le 2 mars pour sortir son premier film de l’année ! Mais nous avons tenu cette date car nous savions que le film pouvait mobiliser le public et le résultat a été largement au dessus de nos espérances compte tenu de la situation du marché à cette époque.
Malgré un score de 2,8 millions d’entrées, Les Animaux Fantastiques 3 s’avère en deçà des précédents opus…
Certes mais nous avons une nouvelle fois pu mesurer à quel point les fans de l’univers d’Harry Potter se mobilisent d’année en année. C’est la première franchise dans le monde en terme de mobilisation des fans. Nous essayons constamment de les alimenter en événements et actualités sur cet univers toujours aussi magique et foisonnant.
Le studio a t-il toujours la volonté de distribuer des longs métrages français ?
Plus que jamais. Nous sortons même une oeuvre événement le 12 octobre prochain avec le film sur Simone Veil réalisé par Olivier Dahan, Simone, le voyage du siècle. Nous avons fait le choix de le repousser à plusieurs reprises car le public auquel le film s’adresse n’est pas encore suffisamment revenu en salles. Mais nous initierons un plan de lancement très puissant dès la rentrée. Le public se mobilise sur des évènements comme celui-ci. Nous espérons juste qu’un jour, il se mobilisera à nouveau sur des sorties cinéma plus régulières.
Propos recueillis par Nicolas Colle
Warner Bros. le line-up 2022-2023
“Simone, le voyage du siècle” (12 octobre 2022).
“Black Adam” (19 octobre 2022).
“Aquaman and the lost
kingdom” (15 mars 2023). “The Flash” (21 juin 2023).
Xavier Albert (Universal)
HLe directeur général d’Universal Pictures International France et Italie partage son analyse sur l’avenir des salles tout en évoquant les réussites et échecs récents du studio ainsi que son line-up foisonnant.
Êtes vous confiant pour que le marché redevienne plus stable et performant ?
Je reste optimiste sur l’avenir des salles tant nous en avons besoin, à la fois collectivement et socialement. Ce sont des lieux de vie et d’échange. Les protéger est un acte politique et citoyen. Si le marché actuel est inquiétant, il ne faut pas tirer de conclusion trop hâtive non plus. Nos études prouvent que de nombreux spectateurs ont encore peur du virus, notamment les seniors qui représentent une part importante des entrées sur les films hors franchises, notamment sur le cinéma français. À nous de les rassurer et de leur donner à nouveau l’habitude d’aller au cinéma. Nous avons un travail collectif énorme à fournir de ce point de vue. Si des changements structurels apparaissent, je crois beaucoup à la théorie des cycles. La salle va reprendre son aspect à la fois prestigieux et premium que les plateformes n’auront jamais. Elles vont même se banaliser. Avec une offre pléthorique de contenus, la salle pourra mieux tirer son épingle du jeu. Elle redonnera sa noblesse au cinéma en jouant son rôle de prescripteur, avec une éditorialisation que l’on ne trouvera sur aucun autre support. La salle peut redevenir un phare pour les spectateurs. Mais en combien de temps ? Et toutes les salles survivront-elles ? Et qu’arrivera t-il aux distributeurs plus fragiles ? Notre groupe est solide mais je compatis pour mes camarades de la FNEF et tous ceux qui éprouvent tant de difficultés malgré tout leur travail et leurs efforts.
« À nous de rassurer les spectateurs et de leur donner envie de fréquenter à nouveau les cinémas »
On constate que les entrées se concentrent plus que jamais sur les franchises. Est-ce devenu si complexe de distribuer une œuvre originale ?
La diversité reste la clé de notre line up. Si nous distribuons des marques fortes comme Fast and Furious ou Jurassic World, nous travaillons aussi sur des œuvres d’auteur plus intimes ou radicales comme récemment avec The Northman ou Belfast. On constate alors à quel point il est effectivement difficile de faire émerger des propositions originales. Auparavant, nous pouvions nous appuyer sur un socle d’habitués des salles. Or ce public n’est pas complètement revenu. Nous restons une industrie de prototype qui s’appuie sur le désir de sortir de chez soi. Ce qui, aujourd’hui, relève d’une gageure. Le télétravail a eu des conséquences indéniables sur les sorties culturelles, que ce soit au théâtre, au cinéma ou dans les musées.
Lors de la réouverture des salles, vous avez tenu un rythme de 13 sorties entre le 26 mai et le 18 août… Comment avez-vous fait ?
La position du studio est d’être un important fournisseur d’œuvres, en maximisant les revenus et les canaux de distribution. Notre rythme actuel, et pour les trois prochaines années, est de sortir une trentaine de films par an. Autant dire que, après que les salles aient été fermées durant sept mois, nous avions un nombre important d’œuvres qui se sont accumulées. Notre volonté était de sortir coûte que coûte nos films plutôt que de les céder aux plateformes. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à sortir un film par semaine au moment de la réouverture. Et de finir l’année avec 26 films programmés entre le 19 mai et le 31 décembre.
L’animation est un genre dans lequel vous avez enchaîné les succès, avec beaucoup de
Box-office Universal depuis juillet 2020
franchises et de suites (Les Croods 2, Baby Boss 2, Tous en Scène 2, La Famille Adams 2) et une proposition originale (Les Bad Guys)…
En sortant régulièrement les œuvres de grands studios comme Illumination et Dreamworks, notre équipe a acquit une expertise très forte sur le cinéma d’animation. Que ce soit sur le marketing, la programmation ou l’organisation d’avant-premières. Il faut savoir qu’Illumination et Dreamworks se montrent toujours plus exigeants. À tel point que nous remettons notre titre en jeu à chaque sortie. J’ajoute que, le studio étant conscient de la forte création de valeur que génère une sortie en salles, nous n’avons jamais revu nos investissements publicitaires à la baisse. Même si nous avons intégré une décote à nos entrées. C’est ainsi que nous avons obtenu des résultats satisfaisants sur le cinéma d’animation. Même si, en temps normal, nous aurions pu faire d’avantage sur Les Croods 2 (1,1 million d’entrées) et Baby Boos 2 (1 million d’entrées) compte tenu des performances de leurs prédécesseurs. Tous en scène 2 a été une vraie satisfaction (2,7 millions d’entrées) alors que la vague Omicron débutait et qu’elle nous a été fatale sur nos résultats en Italie. En effet, Les Bad Guys (1 million d’entrées) a été complexe à faire émerger mais le film a plu et a tenu sur la durée.
Vous avez vécu deux revers regrettables. Le premier d’entre eux, Fast and Furious 9, est dû à l’introduction du pass sanitaire…
C’est un film que nous avons travaillé durant des mois tant cette franchise est importante pour notre studio. Nous avons présenté le film au cours d’une séance de la plage pleine à craquer au Festival de Cannes. Il y avait un tel engouement. Et le soir même de cette projection, nous apprenons que le pass sanitaire sera mis en vigueur le 21 juillet. Nous savions que cette décision condamnait le film, malgré un démarrage record de près d’un demi-million d’entrées le jour de la sortie, le 14 juillet. Mais nous ne pouvions plus rien faire. Et ce qui devait arriver est arrivé, nous avons perdu 90% de notre fréquentation dès la 2ème semaine d’exploitation et n’avons pas pu atteindre les deux millions d’entrées. Une immense frustration pour toute notre équipe.
Et que dire de l’échec pour le moins inattendu de La Revanche des Crevettes Pailletées ?
Jamais nous n’avions envisagé un tel désastre. Cette suite était pourtant plus ambitieuse que le premier volet, mieux écrite, mieux construite, avec les mêmes partenaires créatifs et la même équipe artistique. Nous avons organisé 60 avant-premières en région contre une dizaine sur le premier. Sans compter des dépenses supplémentaires de plusieurs centaines de milliers d’euros en frais d’édition. Rassurés par la qualité du film et les résultats de la tournée en région, nous n’envisagions pas de faire, dans le pire des cas, moins de 250 000 entrées. Et pourtant, nous avons peiné à atteindre les 140 000. C’est une véritable sidération. Peutêtre nous sommes nous trompés dès le départ sur le potentiel d’attractivité du film ? Après tout, Les Crevettes Pailletées était une œuvre de son époque, qui s’inscrivait parfaitement dans la France de 2019. Tout était aligné. Mais aujourd’hui… J’ajoute que La Revanche des Crevettes Pailletées a été tourné en Ukraine et évoque le pouvoir russe. Or la guerre a été déclarée peu de temps avant la sortie. Autant dire que cela a créé un blocage, voire un rejet chez le spectateur. Pour autant, nous sommes très fiers du film et nous allons continuer à distribuer des longs métrages français.
Mourir peut attendre a été un véritable événement puisque le film a été le premier à franchir les 4 millions d’entrées depuis le début de la crise sanitaire…
Cela a été un privilège que de travailler sur un personnage aussi mythique que James Bond. Et encore davantage pour conclure le cycle Daniel Craig. Même si, avec le recul, le succès du film s’est construit sur la durée car son démarrage ne laissait pas envisager un tel résultat. Mais c’est à l’image du marché, où les films font parfois en huit semaines les entrées qu’ils faisaient précédemment en quatre semaines.
Pouvez vous évoquer les titres phares de votre line-up à venir ?
Nous avons la chance de bénéficier d’une diversité si exceptionnelle qu’il est difficile de citer seulement quelques films. Mais la comédie romantique Ticket to Paradise, portée par le duo Julia Roberts - George Clooney, devrait être très remarquée. Le Chat Potté 2 pourrait être le grand film d’animation de Noël. La conclusion de la saga Halloween fera aussi parler d’elle. Et nous avons des auteurs prestigieux, de Jordan Peele avec Nope à James Gray avec Armageddon Time. Sans oublier Steven Spielberg qui signe son film le plus personnel avec The Fabelmans. Nous nous réjouissons également de sortir l’été prochain le nouveau film de Christopher Nolan, Oppenheimer. C’est notre fierté d’accompagner aussi bien des franchises reconnues que les plus grands auteurs du monde qui savent combien nous aimons l’expérience en salles et que leurs films seront travaillé avec soin par nos équipes. J’ajoute que les notions de diversité et d’inclusion sont très importantes pour notre studio. Ce n’est pas anodin si nous accompagnons des films comme Les Crevettes Pailletées et sa suite. Des œuvres militantes et engagées. Des valeurs que l’on retrouvera aussi dans She Said, un film qui retrace l’enquête des deux journalistes qui ont révélé l’affaire Weinstein.
Universal le line-up 2022-2023
“Nope” (10 août 2022).
“Ticket to Paradise” (5 octobre 2022).
“Halloween Ends” (19 octobre 2022).
HLe Président de Sony Pictures Entertainment France témoigne de sa confiance en l’avenir des salles de cinéma. Surtout après que son studio ait enregistré le meilleur score de toute son histoire sur le territoire français avec “Spider-Man : No Way Home”.
Au moment de la réouverture des salles, vous avez été l’un des premiers studios à entamer une longue tournée en région à l’occasion de la sortie d’Opération Portugal. Une belle initiative pour renouer avec les salles et le public ?
Opération Portugal était le film idéal pour les jours qui ont suivi la réouverture des salles puisque nous avons pu travailler sur deux publics qui se sont fortement mobilisés durant cette période, à savoir la communauté portugaise ainsi que les fans du comédien principal, D’Jal, qui est très identifié pour ses spectacles de stand-up. Il effectuait là ses premiers pas au cinéma. Grâce à ces deux publics cibles, nous avons enregistré 450 000 entrées. Ce qui paraît correct aujourd’hui mais compte tenu de la situation de l’été dernier, entre les jauges et le couvre-feu, nous étions au-dessus de ce qu’on pouvait attendre. Cette sortie témoigne du fait que nous avons plus que jamais besoin de toucher un public cible qui se mobilise plutôt que de nous adresser à un public trop large qui ne se mobilise pas.
Durant l’année écoulée, vous avez connu de grands triomphes mais aussi quelques revers. Notamment avec Suprêmes, le biopic qu’Audrey Estrougo a consacré à NTM et qui a peiné à générer plus de 130 000 entrées. Sans oublier Don’t breathe 2 qui se situe loin du score atteint par
Stéphane Huard (Sony)
« Les studios américains ont su adapter leur offre en créant des évènements culturels »
le premier volet (95 000 contre 320 000 entrées).
Suprêmes a été une grosse déception. C’est un projet qui nous tenait à cœur et que nous avons travaillé soigneusement avec Sony Music. Pour autant, nous n’avons pas su mobiliser le public autour du film. Don’t breathe 2 a été une semi-déception car ce résultat s’explique aussi bien par le fait que cette suite n’ait pas été conçue suffisamment tôt après la sortie du premier opus, sorti en 2016. Un premier volet qui apportait une proposition de cinéma surprenante et qui n’a pas été maintenue sur cette séquelle.
Pierre Lapin 2 a réalisé un score plus qu’honorable (885 000 entrées) mais là aussi, en deça de vos attentes après un premier opus qui avait attiré 1,7 million de spectateurs…
C’est la première franchise que nous avons sorti, le 30 juin 2021, alors que nous étions dans une période où nous avions encore beaucoup d’interrogation. Ce résultat nous a fait comprendre que le public familial allait mettre plus de temps que prévu pour revenir en salles. Il est surtout revenu à Noël dernier. Pierre Lapin 2 a été victime de cette période incertaine. C’est la raison pour laquelle le studio n’a pas sorti d’autres films familiaux durant cette période, à commencer par Hôtel Transylvanie 4, car le marché n’était pas prêt.
En revanche, la sortie de Venom : Let There Be Carnage a tenu toutes ses promesses (1,6 million d’entrées)…
Ce résultat nous a démontré que nous pouvions à nouveau mobiliser le public sur une franchise forte. Cela a été un vrai réconfort pour le studio de pouvoir ressortir avec succès un film comme celui-ci. Cela fait partie de notre stratégie de développer un uni-
Box-office Sony depuis juin 2020
vers autour de la franchise Spider-Man. Et Venom possède une place importante dans ce schéma.
Justement, que dire du triomphe de Spider-Man : No Way Home et son score record de 7,3 millions d’entrées ?
Nous avons évidemment beaucoup misé sur la promesse de voire trois sagas se réunir en un seul film. C’était une promesse forte, mais pas une certitude. En effet, nous avons annoncé la présence de personnages emblématiques des différentes franchises, comme le Docteur Octopus, le Bouffon Vert ou Electro, mais sans jamais confirmer ou infirmer la présence des précédents interprètes de Spider-Man : Tobey Maguire et Andrew Garfield. C’est une véritable prouesse que les équipes de production ont réalisé avec un tel film, qui a été tourné durant le confinement et dans le secret le plus absolu. Imaginez tout ce qu’il a fallu mettre en place pour mobiliser tous ces comédiens au même moment et de manière totalement incognito. L’idée était brillante et l’exécution a été parfaite. Nous avons travaillé cette sortie en mode commando, dans le plus grand secret durant des semaines. Ce film a généré tellement de plaisir auprès du public que des spectateurs qui n’allaient plus au cinéma se sont mobilisés pour y retourner. Y compris ceux qui n’avaient pas vu les précédentes adaptations de Spider-Man.
Vous attendiez-vous à atteindre un tel niveau de fréquentation ?
Un tel triomphe ne peut jamais s’anticiper. C’est la magie du cinéma. Tout s’est emballé. On n’en voyait pas la fin. Nous avons d’abord constaté ce démarrage record. Puis nous avons dépassé le score final du précédent film de la franchise, Far From Home (3,2 millions d’entrées). Puis nous avons dépassé tous les films de la trilogie initiale de Sam Raimi (6,5 millions d’entrées). Et enfin, nous avons vu le score d’Avengers : Endgame (7 millions d’entrées) se rapprocher peu à peu. À tel point que Spider-Man : No Way Home est aujourd’hui, non seulement le plus important succès pour un film de super-héros en France, mais aussi le résultat le plus performant pour un film distribué par Sony sur le territoire.
Quand on assiste un tel phénomène dans un contexte si tendu, on ne peut s’empêcher de penser que les salles résisteront toujours à tout…
Le plaisir de vivre un évènement ensemble en salles reste prédominant. Donc oui, je reste très confiant pour l’avenir des cinémas. Même si certaines typologies de films auront plus de problèmes pour s’imposer. Mais les studios américains ont su adapter leur offre très rapidement, en comprenant la nécessité de créer des évènements culturels. C’est ce qu’il faut aujourd’hui pour susciter l’envie de retourner en salles. Que ce soit pour le grand public ou une cible plus ciblée et pointue comme sur un film de genre, un biopic ou une comédie romantique. Le public de chaque film doit être identifié avec soin afin que nous soyons en capacité de lui adresser des messages impactant qui lui donnent envie de se déplacer en salles. Il ne s’agit pas seulement de l’offre de films, mais de la communication que l’on génère autour, à travers un marketing de plus en plus sophistiqué, ambitieux, et qui se travaille de manière toujours plus précise et professionnelle.
Votre line-up a aussi été marquée par l’arrivée d’une nouvelle franchise, Uncharted, et par le retour d’une saga historique, S.O.S. Fantômes…
Uncharted correspond à la volonté du studio de développer de nouvelles franchises avec de nouveaux personnages et de nouvelles histoires. Ce projet était dans les tuyaux depuis douze ans et a été sans cesse reporté. À l’origine il était même question que Mark Wahlberg joue le personnage incarné par Tom Holland. Il interprète finalement celui de son mentor (rires). On pensait que cette production était le chat noir du studio et qu’on courait à la catastrophe. Mais nous avons finalement bénéficié de la marque de la franchise ainsi que de l’aura de Tom Holland. La France est un des pays où le film a le mieux performé, avec 2,5 millions d’entrées. Quant à S.O.S. Fantômes : l’héritage, il s’agit effectivement d’une franchise historique à laquelle nous sommes très attachés mais qui a été très abimée par la dernière version de Paul Feig, tant décriée par les fans. Il nous a fallu tout reconstruire. Le résultat final n’est peutêtre pas considérable (615 000 entrées) mais le film était très réussi, à la fois nostalgique, moderne et émouvant. À tel point qu’il a été accueilli positivement par les spectateurs et que la franchise est aujourd’hui relancée.
Et enfin, pouvez-vous nous citer quelques titres forts que vous sortirez durant cet été ?
Notre film événement sera Bullet Train, avec Brad Pitt, que nous sortons le 3 août. Il s’agit de l’adaptation d’un manga japonais, avec un univers proche de celui de Quentin Tarantino. Le film est mis en scène par David Leitch, le réalisateur de Deadpool 2. Nous en dévoilerons 20 minutes durant le Studioshow. Nous avons un autre film événement sur un public plus féminin qui sortira le 17 août, Là où chantent les écrevisses. Là aussi, il s’agit d’une adaptation d’un livre qui s’est bien vendu en France, à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Nous ciblons ici un public similaire à celui de Nos étoiles contraires qui avait brillé à l’été 2014.
Sony le line-up 2022-2023
“Bullet Train” (3 août 2022).
“Là où chantent les écrevisses” (17 août 2022).
“Spider-Man- Across the Spider Verse” (31 mai 2023).
Frédéric Moget (Paramount)
HLe Directeur Général de Paramount Pictures France apporte son analyse sur le marché actuel tout en revenant sur les succès récents du studio ainsi que ses événements à venir.
Quelle est votre analyse du marché actuel ?
Mon expérience m’a apprise que dans le cinéma, la réalité du marché n’est jamais la même d’une année sur l’autre. Il est donc complexe d’établir une analyse trop générale car il y aura toujours des surprises et des déceptions. Aujourd’hui, il se trouve que les spectateurs ont effectivement tendance à privilégier des marques ou des auteurs reconnus. Mais est-ce que cela va durer ? Rien n’est moins sûr. Après tout, nous ne sommes encore qu’aux débuts du retour en salles. Pour rappel, les dernières restrictions n’ont été levées qu’en mars dernier. Les spectateurs ont perdu l’habitude d’aller au cinéma mais dès qu’ils y retournent, ils se remémorent aussitôt l’effet que cela procure. Quand on goûte à nouveau à ce plaisir, quelque soit le film, on s’ouvre instantanément à d’autres choses. Je reste donc optimiste dans la capacité du cinéma à séduire avec des concepts qui ne sont pas nécessairement des franchises. Le cinéma a montré sa résilience. Plus on se rend en salles, plus on a envie et besoin d’y retourner. C’est ma conviction.
Comment avez-vous abordé la période de fermeture des salles pour préparer la reprise de l’été dernier ?
Nous avons mis à profit cette période pour réfléchir localement mais aussi avec les autres bureaux de la Paramount, en Allemagne, en Italie, en Angleterre et à Los Angeles, pour mieux aborder la reprise. Cela a été l’occasion de prendre un peu de recul, même s’il y avait de l’incertitude quant a ce que serait le nouveau marché, même si on
souhaitait rester optimiste. Mais cela nous a permis de réfléchir à des sujets de fond. Nos échanges nous ont été grandement utiles au moment où nous avons dû reprendre en début d’année et enchaîner les sorties de films attendus comme Scream, Sonic 2 ou Top Gun : Maverick qui ont tous connu le succès. Notamment parce que nous avons pu planifier et réfléchir à ces sorties bien en amont.
Pour la réouverture, vous avez présenté Sans un bruit 2 qui a signé un score équivalent au 1er opus malgré des conditions difficiles ?
À l’origine, le film devait sortir le 18 mars 2020. Soit le premier jour du confinement. Nous avons tenu jusqu’au dernier moment avant d’être contraint de renoncer. À tel point que pendant tout le confinement, les bus ont circulé dans Paris durant des semaines avec l’affiche du film sur leur devanture (rires). Il y a deux choses importantes à souligner sur Sans un bruit 2. La première, c’est que nous avons fait le choix de privilégier une sortie cinéma alors qu’il aurait été facile de le céder à une plateforme. Mais nous avions la certitude que le film méritait une sortie en salles et qu’il pouvait contribuer au retour du public. Ensuite, malgré la sortie initiale annulée au dernier moment, nous avons fait le choix de réinvestir de l’argent pour soutenir la sortie officielle dans des conditions qui étaient encore peu évidentes l’été dernier. Notre stratégie a été longuement élaborée puisque nous avons eu le temps d’étudier ce qui avait était réussi durant la première campagne afin de réactiver l’envie des spectateurs à découvrir enfin le film. Tout en sachant que la cible allait être plus limitée compte tenu des restrictions. Mais cela nous a permit d’être plus précis et plus économe dans la conception de notre deuxième campagne.
Box-office Paramount depuis juin 2020
Comment expliquez-vous que cette saga si originale ne parvienne pas à atteindre les scores de franchises telles Conjuring?
Il y a des pays ou l’horreur dite surnaturelle, comme les sagas Conjuring, Paranormal Activity ou Ring, intéresse un public plus large et plus jeune. Dans le cas de Sans un bruit, on constate une différence de fréquentation entre les pays anglophones, où l’on est sur des scores très élevés, et les pays latins où nous sommes toutefois le plus performant. Sans un bruit avait suscité un tel bouche à oreille que le potentiel du 2ème opus était en réalité bien supérieur. Mais les conditions dans lesquelles nous avons sorti le film nous ont pénalisé et ne nous ont pas permis d’atteindre le maximum de notre potentiel. Malheureusement nous ne pouvions pas attendre plus longtemps. Nous sortons un nouvel opus de la saga Sans un bruit en 2023 et nous espérons atteindre des scores comparables à ceux de Conjuring.
L’arrivé de la Pat’Patrouille sur les écrans a été un des événements majeurs de l’animation à la fin de l’été…
En France, le public familial est retourné en salles plus vite que dans les autres pays. Cela s’est vérifié avec Pat’Patrouille qui a surperformé et a même surpris le marché. Quand nous avons présenté le film, personne ne pensait qu’il atteindrait un tel niveau et deviendrait même le film d’animation le plus performant de l’été 2021. Si le poids du public familial a toujours été conséquent sur le marché français, il l’est encore davantage en ces temps difficiles. Il y a autre chose à retenir ici, c’est à quel point les franchises qui se déclinent sur plusieurs supports peuvent initier un cercle vertueux. En effet, Pat’Patrouille est une franchise qui connaît un succès considérable à la télévision, sur les plateformes et sur les ventes de produits dérivés. Nous avons beaucoup joué sur les synergies entre ces différents univers, le succès de l’un nourrissant celui des autres. Ainsi, les entrées croissantes du film ont dopé les audiences sur les autres écrans puis les ventes de merchandising. Nous sortons la suite l’année prochaine et comptons bien bénéficier du même phénomène.
Vous avez débuté 2022 avec le retour de la franchise Scream, dont le précédent volet datait de 2011. Comment remettre une telle saga au goût du jour dans l’esprit du public ?
Le pari a été plus que réussi puisque nous sortons le prochain film de la saga dès le mois de mars 2023. Nous avons bénéficié de l’attachement du public à cette saga horrifique même si l’équation était a priori complexe. En effet, il nous a fallu reconquérir les spectateurs qui ont découvert la franchise dans les années 90 tout en l’introduisant auprès d’une cible plus jeune. Je regrette toutefois l’interdiction aux moins de 16 ans qui nous a surprise et pénalisée. Mais cela reste un succès solide (540 000 entrées) qui devrait nous servir de tremplin pour l’an prochain. C’est une chance de pouvoir s’appuyer sur un succès récent d’une franchise pour préparer la suite rapidement.
Sonic 2 demeure également une de vos grandes réussites…
Nous sommes d’autant plus ravis qu’il est devenu rare qu’une suite performe davantage que son prédécesseur. Un de nos leitmotivs sur cette année a été de réinvestir massivement sur nos sorties, aussi bien en terme d’argent que d’envie et d’énergie. Inconsciemment ou non, le public l’a senti. Nous sommes heureux que nos efforts se soient concrétisés par des résultats au delà de nos espérances.
Que pouvez-vous nous dire sur le triomphe de Top Gun: Maverick qui n’avait rien de certain car on ignorait si le jeune public, qui ne connaît pas nécessairement le film initial des années 80, allait se mobiliser ?
La notion de plaisir revient souvent autour de ce film. Les spectateurs éprouvent tous du plaisir devant ce blockbuster qui est l’illustration de ce que seul le cinéma peut apporter en terme de spectacle et d’immersion. C’est vraiment une œuvre transgénérationnel, universelle et qui se partage. À titre personnel, sur le week-end de la sortie, certains de mes amis cinquantenaires me disaient qu’ils avaient emmenés leurs parents et leurs enfants. Le bouche à oreille est incroyable. Si la cible initiale était les spectateurs de plus de 35 ans, on constate que le film s’ouvre de plus en plus aux moins de 25 ans et aux spectateurs occasionnels. On ne sait pas encore où cela va s’arrêter mais les 5 millions d’entrées semblent plus que jamais atteignables.
Et quels seront les événements que vous proposerez au public dans les prochains mois ?
Notre line-up est très éclectique. Outre le retour de sagas telles que Transformers, Pat’Patrouille ou Les Tortues Ninja, nous sortirons aussi le nouveau film de Damien Chazelle, Babylon, qui sera l’un des grands films du début d’année 2023. Les prochains opus de la saga Mission : Impossible s’annoncent également prodigieux. Le retour de la franchise Donjons et Dragons constitue aussi un enjeu intéressant en terme de marketing car le film est au croisement du Seigneur des Anneaux et des Gardiens de la Galaxie. Nous allons donc fournir un important travail de positionnement pour montrer ce qu’est ce film qui s’annonce très prometteur et susceptible de toucher un large public.
Paramount le line-up 2022-2023
“Tad l'explorateur et la table d'émeraude” (24 août).
“Babylon” (18 janvier 2023).
“Donjons et Dragons - l'honneur des voleurs” (3 mars 2023).
France TV fait le point sur sa stratégie internationale
HEntre coproductions et préachats, le diffuseur public s’adapte à la nouvelle donne sur le marché des séries.
Manuel Alduy, directeur du cinéma et du développement international chez France Télévisions, a profité de Série Series pour présenter le travail de son équipe en charge des séries internationales, qu’il s’agisse de coproduction ou d’acquisitions. “La fiction internationale, au début, se résumait aux acquisitions. Nous continuons d’en faire mais d’une façon différente”, explique-t-il ce jeudi à Fontainebleau. “En 2018, nous avons initié un mouvement de coproductions avec l’alliance que nous avons formé avec la Rai [en Italie] et la ZDF [en Allemagne].”
De cette alliance est sortie une première génération de projets diffusés ces derniers mois : des fictions plutôt historiques et patrimoniales telles que Le Tour du monde en 80 jours, Germinal et Leonardo. “Désormais nous cherchons en priorité des séries d’aujourd’hui qui parlent de la société d’aujourd’hui”, indique Morad Koufane, directeur délégué des séries internationales. “Nous essayons de trouver des projets qui sont organiquement internationaux et situés à travers l’Europe.”
Les collaborations avec des diffuseurs étrangers ne se limitent pas au cadre de l’alliance. Dans le cas de Bardot, France Télévisions s’est par exemple appuyé sur Mediaset en Italie, mais aussi sur plusieurs diffuseurs au sein de l’UER qui ont préacheté la série. Enfin, Netflix s’est joint au projet pour boucler le budget en tant que coproducteur et bénéficiera d’une diffusion en deuxième fenêtre dans les pays où la série compte un diffuseur, et en première fenêtre dans les autres. “Dans ce schéma, Netflix nous a laissé le lead créatif et les discussions avec Federation le producteur, et les auteurs [Danièle et Christopher Thompson]”, résume Manuel Alduy.
Un marché de plus en plus concurrentiel
Du côté des acquisitions, la concurrence fait rage. “Le marché des programmes a énormément évolué ces dernières années”, remarque Catherine Gaucher, acheteuse de fiction internationale. Se contenter d’être présent au MIP deux fois par an et aux screenings de Los Angeles ne suffit plus. “Il faut être beaucoup plus proactif et occuper le terrain. Nous faisons de plus en plus de préachats et nous nous engageons sur des deuxièmes fenêtres sur des séries très fortes.”
L’idée est d’aller chercher des séries qui peuvent créer l’événement, à l’image de The Tourist, qui vient d’être diffusée le lundi soir. “Nous avons acquis la série sur script”, raconte Catherine Gaucher. La case est partagée avec la fiction française. “Nous voulons être complémentaires. Proposer un pas de côté, quelque chose de fort et différenciant.”
Enfin, France TV continue d’acquérir des séries prêtes à diffuser, qu’elle destine plutôt à France 3 pour sa case du dimanche soir, “extrêmement bien identifiée”, indique Catherine Gaucher, “avec des séries policières procédurales qui viennent des quatre coins du monde”. Mais la chaîne ne s’interdit pas d’innover. “Nous allons vers quelque chose de plus moderne, par le personnage mis en avant, la réalisation ou le contexte de la série.” Ainsi, la prochaine acquisition de la case est la série britannique Annika, centrée sur une inspectrice de police, mère célibataire, qui retourne à Glasgow prendre un poste. L’originalité du récit, adapté d’un podcast, tient dans le fait que le personnage s’adresse au public directement. “Cela en fait quelque chose de très personnel”, affirme Catherine Gaucher.
Damien Choppin
L'équipe de FTV en charge des acquisitions et coproductions internationales devant les professionnels réunis à Série Series. Pauline Dauvin, vice-présidente de Disney France en charge de la programmation, de la production et des acquisitions.
Disney+ France “atteindra son rythme de croisière en 2024”
HLa plateforme lancera cinq productions originales françaises en 2022 et compte 15 projets en développement.
Fort du succès critique d’Oussekine, Disney+ entend poursuivre son développement en France et renforcer son lineup de créations originales. “Nous aurons cinq séries en 2022”, indique Pauline Dauvin, vice-présidente de Disney France en charge de la programmation, de la production et des acquisitions. Prochaine création attendue sur la plateforme, Les Amateurs, une comédie portée par Vincent Dedienne et François Damiens, adaptée de la série britannique The Wrong Mans et produite par Calt Studios, en coproduction avec BBC Studios France.
“Nous lancerons plus de cinq séries originales en 2023, avant d’atteindre notre rythme de croisière en 2024.” Au total, la plateforme compte 15 projets en développement en France, et devrait annoncer le retour d’une ou plusieurs séries pour une saison 2 très prochainement. “On ne joue pas la quantité mais la qualité”, ajoute Pauline Dauvin. “On a besoin de surprendre.”
Interrogée sur la ligne éditoriale de la plateforme, elle indique que ses productions originales peuvent aussi bien cibler le public de base de Disney+, les familles avec enfants, que le public “plus averti” de Star, la nouvelle marque adulte lancée au sein de la plateforme en février 2021, et dont dépend Oussekine. “Nous abordons tous les récits, qu’il s’agisse de série de fiction, d’unitaire - nous allons en annoncer un prochainement -, ou de documentaire”, poursuit Pauline Dauvin. “Notre politique est d’embrasser tous les genres, qu’il s'agisse de comédie romantique, familiale, de récit plus sociétal ou d’anticipation.”
Oussekine est un bon exemple de l'exigence de qualité que veut porter Disney+ sur la fiction française. “Cette série donne le la”, affirme Pauline Dauvin. “Des producteurs britanniques sont allés voir notre équipe de Londres et leur ont dit qu’ils avaient compris ce que recherche Disney+ en voyant Oussekine. Quand on lance une production française sur Disney+, elle est également lancée dans le reste de l’Europe. Les productions Star quant à elles se retrouvent sur Hulu aux EtatsUnis, aux côtés de séries comme The Dropout ou Dopesick. Il faut donc que la qualité soit au rendez-vous.”
Disney+ préfère arriver sur un projet très en amont, pour accompagner son développement. “Nous en recevons beaucoup, mais nous essayons de donner une réponse dans les deux mois. Lorsqu’on refuse un projet, on essaie d’apporter une réponse relativement articulée.” Les équipes de Pauline Dauvin cherchent “à savoir si un projet se déroule dans une arène nouvelle et adresse une thématique jamais vue auparavant”, détaille-telle. “Nous sommes ouverts aux sujets contemporains qui mettent en avant la diversité, l’inclusion.” Avant d’ajouter : “La massification de la série a fait qu’on a un public très éduqué, qui attend ces sujets là. La pop culture doit avoir la capacité de parler du moment culturel, de représenter la vie quotidienne et la société.”
HProducteurs exécutifs en charge de la fiction à la Radio Télévision Suisse, Izabela Rieben et Patrick Suhner étaient présents à Série Series pour présenter leurs projets. Pour Écran Total, ils évoquent leur méthode de travail, leurs relations avec les producteurs et diffuseurs étrangers, et les transformations que traverse l’audiovisuel suisse.
Pouvez-vous présenter votre ligne éditoriale ? Quels types de projets recherchez vous ?
Izabela Rieben : Notre ligne est très éclectique, nous essayons d’être présents dans tous les genres. Nous définissons nos séries comme patrimoniales, dans le sens où nous essayons de raconter notre pays dans toute sa diversité. Nous souhaitons le faire dans des genres très différents, de la comédie à la science-fiction, en passant par le thriller sociétal ou politique.
Patrick Suhner : On cherche des vraies propositions d’auteurs et autrices qui viennent avec une ambition narrative et esthétique. Tout en privilégiant la proximité. L’idée n’est pas de faire des séries hyper premium qui ne touchent pas le public. On reste quand même dans un équilibre entre l’ambition que peut avoir un auteur ou une autrice et le fait qu’on doive parler à un public très large. Nous produisons deux à trois séries par an. Principalement au format mini-série de 6x52’, mais nous sommes en train de réfléchir en interne pour élargir le champ du possible.
Comment se passe la collaboration avec les autres chaînes publiques suisses, la SRF en Suisse alémanique et la RSI en Suisse italienne ?
P.S. : Ce sont des partenaires, au sein de la même entreprise. Cela nous est arrivé de collaborer sur des projets dits nationaux mais en règle générale chacun travaille de son côté et fait des séries pour son territoire. Mais nous diffusons les séries de nos collègues alémaniques, en version doublée, et eux diffusent les nôtres. Il y a une volonté de faire circuler les œuvres. Nous avons maintenant une plateforme de streaming nationale qui diffuse toutes les productions de la SSR, la société qui chapeaute toutes nos entreprises.
Pensez-vous aussi à l’international lorsque vous développez une série ?
P.S. : La priorité reste notre territoire mais c’est évidemment bien d’avoir des séries qui voyagent. C’est aussi un enjeu financier dans certains cas. Pour certains projets, nous savons que nous ne pourrons pas réussir seuls et les producteurs sont un peu contraints d’aller chercher des partenaires à l’étranger. Quartiers des banques et Cellule de crise ont par exemple bien voyagé. J’imagine que ce sera aussi le cas pour Hors Saison. Des discussions sont en
supprimer ?
I.R. : Cela me touche car vous avez en France un service public assez incroyable. La menace sur le financement du service public est une lame de fond puissante à travers l’Europe. En Suisse, une nouvelle initiative est en projet. Elle est extrêmement difficile à combattre car elle est subtile. On ne pose plus la question de la suppression de la redevance mais celle d’une baisse massive, de 335 francs suisses à 200 francs suisses. La récolte de signatures a démarré, elle a de grandes chances d’aboutir à un vote en 2024-25. En cas d’acceptation par le peuple, cela impliquera une diminution drastique des moyens et peut-être une aide de l'État pour compenser ce manque de financement. Cela sera probablement la fin d’un service public produit dans chaque région linguistique, une rationalisation qui tendra vers une centralisation sera inévitable. Je pense qu’il est intéressant d’observer du côté français ce que nous avons vécu ces dernières années en Suisse : fusion radio-télévision, débats sur la redevance et attaques successives du service public et ce qui va encore se passer, notre actualité est brûlante !
P.S. : Le risque c’est la centralisation. Chaque région a sa chaîne et c’est vrai que c’est un luxe. C’est pour cela que la redevance est aussi élevée. Nous recevons beaucoup plus d’argent que ce à quoi nous aurions droit proportionnellement à notre population. Et c’est ce qui nous permet notamment de faire des séries sur notre petit territoire.
Izabela Rieben, Patrick Suhner
cours avec certaines plateformes pour une diffusion en seconde fenêtre, voire en première fenêtre dans certains pays.
Hors Saison, qui arrivera sur France 2 à la rentrée, est une coproduction entre la RTS et France Télévisions. Comment s’est monté le projet ?
P.S. : Les coproducteurs internationaux peuvent intervenir à tous les stades, certains arrivent à la fin. Dans le cas de Hors Saison, la série a été sélectionnée en pitch session à Séries Mania en 2019, et à ce stade n’avions qu’un script de pilote et des arches narratives. C’est à ce moment-là que sont arrivés Gaumont et France Télévisions. Ils ont participé à la deuxième phase d’écriture de la série. C’était assez naturel car l’histoire était conçue dès le départ pour se dérouler à la frontière franco-suisse. Assez naturellement, on pensait qu’un diffuseur français pouvait être intéressé par le projet. Les scénaristes sont françaises toutes les deux. Ce partenariat nous a aussi permis de faire une série plus ambitieuse que si nous l’avions seulement produite avec nos fonds suisses.
Justement, la population de la Suisse romande est d’un peu plus de 2 millions d’habitants. Vos séries ont donc une audience limitée. De quel budget disposezvous ?
I.R. : La RTS investit 10 900 € par minute. Selon les partenaires qui se joignent au projet, cela représente entre 50 et 85% du budget total.
P.S. : Nous avons un budget annuel, pour les séries, de 9,99 M€.
En 2018, les électeurs suisses ont voté à 71,6% contre la suppression de la redevance. Quel regard portez-vous sur le projet du gouvernement français de la
Les projets de la RTS en production
Avoir l’âge, une comédie familiale dramatique en 6x52’ par Point Prod (Suisse) et Les Films du Cygne (France) Délits mineurs, un drame policier en 6x52’ par Alva Film Production (Suisse) - Les Indociles, une saga historique en 5x52’ par Box Productions (Suisse) et Entre Chien et Loup (Belgique)
Dans le même temps, le public vient de voter pour imposer aux plateformes de streaming d’investir 4% de leurs chiffre d’affaires en Suisse dans la production locale. Comment voyez-vous cette nouvelle donne ?
P.S. : D’après les premières discussions que nous avons eu avec les plateformes depuis que cette votation est passée, on sent qu’elles ont plutôt envie de monter à bord de séries qu’on a déjà développées, plutôt que de créer directement des séries originales pour le territoire suisse. Ce serait plus coûteux car Netflix n'a aucune antenne en Suisse. Ils partent de zéro. Mais les choses changent très vite, vous le voyez bien en France.