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Florence Sandis fondatrice et présidente du médiaClub’Elles

HLancés en 2019 dans le but de promouvoir les personnes ayant œuvré pour une meilleure représentation des femmes dans les médias, les Trophées médiaClub’Elles ont dévoilé le palmarès de leur 5 ème édition, ce jeudi 9 février 2023. La cérémonie s’est déroulée à l’Hôtel de Lassay, en présence de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Au cours de la soirée, quatre prix ont été décernés, ainsi qu’un trophée d’honneur. La cérémonie a été marquée par la remise du prix à Andréa Bescond pour son engagement en faveur des droits des femmes et des enfants et pour son film unitaire A la folie, produit par Julie Coudry et Adrien Labastire - M6.

Florence Sandis, fondatrice et présidente du médiaClub’Elles, revient sur la cérémonie et sur l’importance de la représentation des femmes dans les médias.

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Cela fait 5 ans que cette cérémonie existe, quel bilan faites-vous ?

En cinq ans d’existence, ces prix ont déjà permis de récompenser des personnalités talentueuses et de les faire connaître du grand public. Par exemple, il y a des jeunes femmes comme Julia Layani et Elise Goldfarb [fondatrices de FRAICHES média féminin sur l’inclusivité de MinuteBuzz du groupe TF1 qui s’adresse aux Millennials, ndlr] que nous avons récompensées lors de la première édition des trophées du médiaClub’Elles, dont on entend beaucoup parler. De même avec Giulia Foïs, qui avait eu notre trophée “coup de cœur”. Avec ces prix qui englobent tous les supports de médias - radio, télévision, animation, presse écrite, cinéma, nous voulons mettre un coup de projecteur sur des noms inédits. C’est vrai que l’on pourrait nommer les films qui nous ont marqués et émus, comme L’Événement [d’Audrey Diwan]. Elle a déjà été récompensée du Lion d’Or à Venise [en 2021], et, de notre côté, nous essayons de récompenser les personnes pour lesquelles cela pourrait donner un “coup de pouce” dans leurs carrières. Puis il y a le trophée d’honneur, remis cette année à Andréa Bescond, c’est aussi parce que nous soutenons son combat et que nous voulons en parler.

L’Assemblée nationale accueille à nouveau les Trophées médiaClub’Elles. Pourquoi ce lieu est-il important pour vous ?

Je pense que nous voulons également inclure les politiques et les sensibiliser sur ce sujet. Cela apporte aussi un cadre prestigieux, un peu solennel, tout en sortant des codes. Il y a beaucoup d’émotions, des moments de larmes et de rires. Cette année, nous organiserons un hommage aux femmes iraniennes. Katayoun Shahabi, productrice et distributrice de films, sera présente. C’est la première fois qu’elle s’exprime publiquement. Elle travaille depuis longtemps dans l’ombre et voulait prendre la parole. Cela est dû à l’une des membres de notre conseil d’administration, Caroline Behart, qui est également directrice des coproductions internationales de documentaires chez France Télévisions. Elle l’a rencontrée. Plusieurs autres femmes iraniennes étaient également présentes pour la soirée. Nous avons également l’auteur Brigitte Grésy et Elisabeth Moreno [ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, ndlr]. Par leurs présences, elles montrent aussi que c’est l’affaire de toutes.

Comment sélectionnez-vous les projets ?

C’est le conseil d’administration, composé de 13 personnes, qui décide. Il y a de nombreuses productrices, et nous essayons toujours de faire les choix de manière impartiale. Nous voulons varier les chaînes de télévision et les boîtes de production. Nous récompensons davantage les unitaires et les séries télévisées. Même si plusieurs films nous ont plu, nous savons qu’ils peuvent être diffusés lors de festivals. À la télévision, il y a beaucoup moins de récompenses, et encore moins pour les femmes dans les médias. Il est important de montrer que nous valorisons différents genres, tels que le documentaire, la fiction, les podcasts, etc. Le conseil d’administration choisit les lauréates, mais également les personnes qui remettent les prix. Hélène Devynck a remis le trophée d’honneur, ce qui est également une façon de la mettre en lumière. Elle écrit le livre L’impunité. (...) Sonia de Villers a remis le prix de l’audace à Ovidie. C’est une journaliste radio de France Inter qui a défendu son film Le Procès du 36 lors de sa sortie.

Jérôme Caza, le premier producteur à avoir instauré une congé menstruel, remettra le prix de l’homme féministe décerné à Bertrand Usclat.

Vous suivez de près les évolutions de la place des femmes dans les médias, et disiez notamment que les femmes représentent 60% des personnes diplômées d’un Bac+5, mais ne sont que 18% des personnes occupant des postes de direction. Avez-vous constaté une amélioration depuis la création du médiaClub’Elles, il y a 6 ans ? Pendant la pandémie de Covid-19, nous avons constaté une régression, ce qui montre qu’il faut rester vigilantes. Les femmes ne représentaient que 20 à 30% des personnes invitées sur les plateaux en tant qu’expertes. Certaines personnes luttent chaque jour pour obtenir une parité parmi les experts. C’est pour cette raison que nous avons souhaité que Caroline Roux soit présidente d’honneur du médiaClub’Elles car elle fait en sorte qu’il y ait toujours une parité sur le plateau de C dans l’Air. Nous avons passé une année de guerre, il n’est pas facile d’avoir de nombreuses femmes expertes dans le domaine militaire. Ce n’est pas que les femmes ne sont pas là, mais il est difficile de les contacter et de les convaincre. Caroline Roux a une attitude proactive, il faut aller chercher les expertes. Aujourd’hui, il y a des sites tels que Les Expertes qui aident, mais il reste encore beaucoup à faire.

Combien êtes-vous de membres au médiaClub’Elles et quels sont vos projets pour 2023 ?

Nous sommes environ 700 à 800 membres. Surtout ce n’est pas une association exclusivement féminine, de nombreux membres masculins sont fidèles et participent régulièrement à nos événements. Pour 2023, nous continuons nos rendez-vous mensuels, notre programme de mentorat international lors du MipTV et du MipCom. Il y a aussi notre mentorat annuel à Paris encadré par des femmes dirigeantes de notre association qui accompagnent des jeunes professionnelles. Nous avons également la deuxième édition de mentorat pour les réalisatrices de flux, car nous avons constaté qu’à part deux personnes qui tournent beaucoup, il y a très peu de femmes dans ce domaine. Notre objectif est de permettre aux femmes d’accéder à ces émissions. Ce mentorat est un partenariat avec France Télévisions et Mediawan. Au départ, nous faisons venir des femmes, qui sont déjà réalisatrices d’émissions, ou régisseuses (..). Elles viennent observer des tournages d’émissions comme C dans l’air. L’idée c’est de leur confier leurs futurs programmes et de les accompagner pour qu’elles se forgent un réseau et puissent s’insérer dans le domaine (...). On fait aussi des ateliers, des mises en relation. Le médiaClub’Elles est une association très intergénérationnelle, l’ambiance générale est très chaleureuse et très sorore.

Propos recueillis par Ophélie Arraud

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