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France Médias Monde : budget et mode de financement sous pression
HInvitée jeudi 9 février de l’Association des journalistes médias (AJM) et de la presse diplomatique, Marie-Christine Saragosse, Pdg de France Médias Monde, a plaidé pour un renforcement de son budget et pour un financement affecté.
Reconduite en janvier pour un 3ème mandat, Marie-Christine Saragosse, Pdg de France Médias Monde (FMM : RFI, France 24, Monte Carlo Doualiya), estime manqr mener uer de moyens pour mener à bien les projets qu’elle a défendus pour cette reconduction. Pour renforcer la vocation mondiale de FMM, il n’est plus possible “de parler de haut et de loin”, a-t-elle justifié, il faut au contraire se rapprocher encore de ses publics en multipliant les déclinaisons linguistiques et les rédactions délocalisées, comme cela existe déjà à Bogotta, Dakar,...
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RFI se décline en 16 langues actuellement, France 24 en 4, quand BBC World en parle 40 et la Deutsche Welle, 30. Marie-Christine Saragosse souhaite développer de nouvelles langues africaines, notamment l’Ingala en RDC, rêve de relancer RFI sous format numé- rique en turc (fermée en 2009) depuis Bucarest où elle souhaite pérenniser une rédaction délocalisée qui accueille déjà des journalistes en exil russes et ukrainiens, en ouvrir une autre à Beyrouth, se décliner en khmer au Cambodge...
Avec 254,2 M€ de dotation publique pour 2023, à laquelle s’ajoutent plus de 15 M€ de ressources propres (publicité numérique, recettes de distribution, vente de droits…), MarieChristine Saragosse rappelle que ses moyens sont très inférieurs à ceux de BBC World (390 M€), Deutsche Welle (396 M€) ou encore des médias russes RT et Sputnik (430 M€).
Elle souhaite bénéficier d’un soutien de l’Etat supplémentaire pour une partie de ces actions qui relèvent, selon elle, de l’aide publique au développement, et réclame une enveloppe de 22 M€, inscrite au budget de l’aide au développement mais jamais versée à FMM.
Médias de service public financés par l’Etat : un risque pour la crédibilité mondiale
Autre préoccupation, le mode de financement de l’audiovisuel public qui sera retenu. Alors que Marie-Christine
Saragosse revendique pour ses médias le statut de “chaînes de service public” et récuse celui de “médias d’Etat” ou de “voix de la France”, un financement entièrement par le budget de l’Etat, plutôt que par une ressource affectée, pourrait les faire entrer dans la 2e catégorie. C’est en tout cas ce qu’a indiqué à FMM en juin 2022, une note de l’autorité des médias du Land de Berlin en Allemagne. En cas de budgétisation des ressources de l’audiovisuel public et donc de FMM, RFI pourrait perdre sa fréquence FM, dont l'attribution expire fin juin. Marie-Christine Saragosse a affirmé devant l’AJM que RFI participera à l’appel à candidatures dans les prochains mois, mais le financement par le budget de l’Etat, qui semble tenir la corde pour remplacer la redevance, peut la pénaliser.
Au contraire, une recette affectée, comme en 2022 et 2023, avec une dotation correspondant à un fraction de la TVA, est un “indice d’indépendance” a-t-elle noté. Ainsi sur YouTube, la chaîne russe Russia Today est qualifiée de “média d’Etat” quand France 24 est “une chaîne du service public français”.
C'est un “enjeu de crédibilité mondiale” pour la patronne de FMM, au moment où plus que jamais, “nous, comme
BBC, Deutsche Welle… devons être des médias de résistance et résilience démocratique” . “Le modèle démocratique occidental est remis en cause de Moscou, au Capitole, en passant par Bamako, Ouagadougou…” et “les médias démocratiques sont des cibles”. Alors que RFI est coupée en FM en Russie, au Mali, au Burkina Faso, tout comme France 24 au Mali, Marie-Christine Saragosse estime que ce n’est pas seulement la France qui est visée mais le modèle démocratique qui est attaqué. Cela n’empêche pas RFI d’avoir deux fois plus d’audience sur l’Afrique francophone, que la BBC en Afrique anglophone.
Isabelle Repiton