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Entretien avec Guy Daleiden (Film Fund Luxembourg)

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Que vous inspire cette plantureuse sélection de coproductions luxembourgeoises à Cannes ?

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Nous sommes bien évidemment très contents et très fiers. L’année dernière nous avions trois films en sélection, six cette année. Apparemment, dans leurs coproductions minoritaires, nos producteurs trouvent les bons coproducteurs, les bons créateurs et les bons projets audiovisuels ; et leurs partenaires opèrent les bons choix au Luxembourg. Cela valide aussi les choix de nos comités de sélection puisque notre système d’aide est sélectif, retenant de 30 à 35% des projets proposés. Ce sont essentiellement des coproductions européennes, secteur où nous sommes les plus actifs ; le Luxembourg coproduit à 85 à 90% avec des partenaires européens, principalement pour des productions francophones. Cette participation luxembourgeoise s’exprime aussi au niveau technique et créatif, puisque l’on retrouve à l’affiche des talents comme l’actrice Vicky Krieps dans les rôles principaux de deux films. Après Anne Frank l’an dernier, le savoir faire de nos studios d’animation est, une fois encore, reconnu avec la séance spéciale pour Le petit Nicolas, également sélectionné à Annecy avec deux autres de nos coproductions. Cela souligne l’importance de ce secteur au Luxembourg, aux cotés de la Belgique et de la France.

Le Film Fund attribue aux projets des montants assez importants, en regard des autres guichets ; sont-ils conditionnés par des exigences particulières ?

On a bien sûr des exigences. On donne, par exemple, la préférence aux projets qui apportent un retour dans l’industrie luxembourgeoise, impliquant des cinéastes et des techniciens luxembourgeois. Notre soutien ne se manifeste pas uniquement sur le plan financier mais aussi sur le plan artistique et créatif. Il peut sembler important mais il ne faut pas oublier que l’on ne dispose que d’un seul guichet au Luxembourg ; il n’y a pas d’autre aide fiscale ou régionale comme en Belgique, ni de soutien du marché via des distributeurs ou des télévisions. Notre aide financière sélective peut aller jusqu’à 1,5 M€ pour une coproduction minoritaire et 3 M€ pour un film majoritaire. C’est intéressant pour le producteur qui n’a pas besoin de s’adresser à différents guichets ou intervenants. Il y a un seul comité qui décide sur base des qualités artistiques (scénario, originalité, comédiens, réalisateurs…) et des retombées dans notre industrie cinématographique.

Avez-vous développé récemment de nouveaux partenariats en termes de coproduction ?

Le dernier en date a été conclu avec le Portugal ; on a signé l’an dernier un accord de co-développement. Il faut savoir qu’entre un quart et un cinquième de la population au Luxembourg est d’origine portugaise et que nous avions, il y a vingt cinq ans, des liens beaucoup plus étroits au niveau de la réalisation. On a soutenu le développement de plusieurs projets, dont une série portugaise [Projecto Global] qui va pouvoir entrer en production avec des cinéastes et techniciens luxembourgeois. Nous avons aussi préparé un accord de coproduction avec Israël que nous espérons pouvoir signer cet automne au festival de Haïfa. On développe encore un accord de coproduction avec nos amis du Sénégal avec lesquels on entretient des liens intéressants, notamment pour deux coproductions.

Les producteurs luxembourgeois bénéficient-ils, en regard de leur implication, d’une réciprocité pour leurs propres projets ?

Cela arrive de plus en plus, même si c’est plus difficile. Le Luxembourg est quand même un très petit pays avec une cinématographie restreinte ; on se limite à trois ou quatre longs métrages de réalisateurs luxembourgeois par an. Il est difficile d’aller trouver des aides sélectives à l’extérieur du pays, mais on collabore beaucoup avec les pays qui disposent de mécanismes fiscaux comme la Belgique, où c’est plus automatique. Nos réalisateurs doivent d’abord se faire la main pour être appréciés au niveau international. On leur offre des opportunités financières de notre côté pour se faire remarquer à l’international.

Quels sont ces talents qui émergent peu à peu ?

Nous avons Christophe Wagner qui a réalisé la série luxembourgeoise Capitani, dont les deux saisons ont été achetées par Netflix. Le réalisateur Loïc Tanson est actuellement en tournage du long métrage du Tombeau des Géants (Laïf a seil). Nous venons d’apporter notre soutien au nouveau long métrage d’Adolf El Assal dont le film précédent Sawah a été vu dans le monde entier, notamment sur Netflix. Certains films ont dû postposer leur sortie à cause de la situation sanitaire, comme Le chemin du bonheur de Nicolas Steil, qui sortira cependant le mois prochain en Belgique et en France.

Guy Daleiden

« Cannes offre une reconnaissance exceptionnelle au cinéma luxembourgeois »

Cinq coproductions luxembourgeoises en sélection officielle

HL'actrice luxembourgeoise Vicky Krieps (Phantom Thread, Bergman Island, Serre moi fort, De nos frères blessés) tient le rôle principal dans deux films présentés en sélection officielle dans la section Un Certain Regard. Dans Corsage de la réalisatrice autrichienne Maire Kreutzer, elle relève le défi d'incarner la célèbre impératrice austrohongroise Elisabeth (Sissi), âgée de 40 ans, qui se rebelle de plus en plus contre les conventions. Coproduit au Luxembourg par Bernard Michaux (Samsa Film), avec des partenaires autrichiens (Film AG), allemands (Komplizen Film) et français (Kazak Productions), le film a été tourné de mars à juillet 2021 au Luxembourg et en Autriche ; on y trouve notamment la comédienne luxembourgeoise Jeanne Werner et une équipe locale, la post-production son étant assurée par les studios Philophon.

On retrouve Vicky Krieps, aux côtés du regretté Gaspard Ulliel, décédé en janvier dernier, dans Plus que jamais, le 5ème long métrage d’Emily Atef (Trois jours à Quiberon) ; elle y campe le personnage d’Hélène qui part seule en Norvège pour chercher la paix et éprouver la force de sa passion amoureuse avec Mathieu. Le film s’est tourné au printemps 2021 en France, en Norvège ainsi qu’aux studios Filmland au Luxembourg, avec entre autres les comédiennes luxembourgeoises Sophie Langevin et Valérie Bodson. Il est coproduit par Jani Thiltges (Samsa Film), aux côtés de Eaux Vives Production (France), Niko Film (Allemagne) et Mer Film (Norvège).

La compétition Un Certain Regard accueille aussi Harka, premier long métrage de fiction du réalisateur américain Lofty Nathan (12 O’Clock Boys). Un jeune Tunisien y mène un combat pour la survie et la dignité après la mort soudaine de son père. Le film est produit au Luxembourg par Donato Rotunno (Tarantula), avec Wrong Men (Belgique), Cinenovo (France) et Cinetelefilm (Tunisie).

“Plus que jamais” d’Emily Atef (Un Certain Regard).

La post-production a été entièrement réalisée dans les studios Philophon à Bettembourg.

En séance de minuit, Rebel, le dernier long métrage du duo de réalisateurs belgo-marocains Adil El Arbi et Bilall Fallah, est coproduit par Jésus Gonzalez (Calach Films), avec Caviar Antwerp et Beluga Tree (Belgique) ainsi que Le Collectif 64 (France). On y trouve au générique les comédiens luxembourgeois Tommy Schlesser et Nassim Rachi, ainsi qu’une importante équipe technique.

Quant au long métrage d’animation Le petit Nicolas -Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux, il est coproduit par Liliane Eche et Christel Henon (Bidibul Productions), associés à Onyx Films (France) et Kaïbou Productions (Canada). Les décors layout et couleurs ont été réalisés au Studio 352 à Contern, le compositing et les effets spéciaux chez Onyx Lux 3D à Luxembourg et le son aux studios Philophon.

Thierry Leclercq

HDans le cadre de sa participation au Festival de Cannes, la Société de

développement des entreprises

culturelles (SODEC) orientera son action vers la promotion des jeunes talents émergents au Québec et à l’international. Des douze réalisatrices mises à l’honneur au pavillon Québec Créatif jusqu’au SODEC_Lab pour les jeunes scénaristes, l’institution québécoise développera sa vision des échanges entre acteurs francophones de l’industrie audiovisuelle. Louise Lantagne, Présidente et chef de la direction SODEC nous a détaillé le programme de cette édition 2022.

Dans votre programme cette année, il y a la mise en avant de douze réalisatrices. Pourquoi était-ce important pour vous ?

C’était tout à fait important ! Pour une population de huit millions d’habitants, le Québec regorge de créatrices et de créateurs de talents qui s’illustrent aussi bien localement qu’à l’international. Au cours des deux dernières années, plusieurs réalisatrices québécoises ont vu leurs œuvres sélectionnées dans des festivals et événements prestigieux sur la scène mondiale. Venant de tous les horizons, ces femmes représentent et mettent en scène une diversité de points de vue qui enrichissent le paysage cinématographique québécois et international. Elles s’illustrent en court et en long métrage, en documentaire et en fiction.

À l’occasion de notre présence à Cannes cette année, nous souhaitions donc souligner le travail exceptionnel d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Miryam Charles, Monia Chokri, Tracey Deer, Marianne Farley, Charlotte Le Bon, Catherine Lepage, Marianne Métivier, Jacquelyn Mills, Halima Ouardiri, Annie St-Pierre et Ana Tapia Rousiouk.

Parlez-nous un peu plus du SODEC_Lab Immersion Cannes ?

Le SODEC_Lab Immersion Cannes est une activité conçue pour permettre à des productrices et des producteurs émergents et amorçant leur carrière internationale de s’intégrer dans le circuit de la production et des marchés internationaux, dont le Marché du film du Cannes, et d’établir des relations avec les professionnels du milieu accrédités au Marché. Cinq productrices et producteurs ont été sélectionnés pour y participer : Paola Arriagada-Nuñez (Pimiento Médias inc.), Jonathan Beaulieu-Cyr (Les Films Rôdeurs), Isabelle Grignon-Francke (Les Productions Club Vidéo inc.), Xiaodan He (Productions Red Dawn) et Giacomo Nudi (Les Films Cosmos inc.).

Ce SODEC_Lab est une fantastique occasion pour la relève de développer leur carrière sur la scène internationale, en bénéficiant d’un accompagnement sur mesure et à tous les instants. Les membres de la cohorte ont assisté à plusieurs ateliers de préparation avant

Enfin, la SODEC collabore avec l’Institut français pour l’organisation de la Fabrique des cinémas du monde.

© LUDIK PHOTOGRAPHIE

Louise Lantagne

« Chaque pays apporte sa couleur à nos Rencontres des Coproductions Francophones »

leur départ, animés par des consultantes et consultants d’expérience d’ici et de l’étranger. Tous profiteront d’un mentorat individualisé sur place de même qu’une série d’activités, de masterclass et d’un agenda de rendez-vous individuels et collectifs avec les acteurs clés de l’industrie cinématographique.

Le SODEC_Lab est organisé en collaboration avec LOJIQ et le Marché du Films de Cannes.

Donnez-nous plus de détails sur le reste du programme…

Le pavillon Québec créatif de la SODEC au Marché du film de Cannes sera le point de rencontre de plus de 200 professionnelles et professionnels de l’industrie cinématographique québécoise qui se déplacent cette année à Cannes. Parmi les autres activités de la SODEC, mentionnons que nous accueillerons sur notre pavillon le lancement d’une étude sur la distribution XR. Intitulée Façonner un marché pour la XR indépendante : Défis et possibilités en matière de distribution, de circulation et de découvrabilité, cette étude est une réalisation initiée par Québec/ Canada XR, un partenariat regroupant MUTEK, Xn Québec, PHI, le Festival du nouveau cinéma (FNC) et les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM).

Dans le contexte d’un développement des marchés espagnols, la SODEC profitera de la présence de la cohorte québécoise et internationale pour organiser une rencontre d’affaires et de réseautage avec des producteurs, distributeurs, agents de ventes et représentants de festivals québécois et catalans.

La SODEC sera présente à l’événement Meet the Funds, organisé par le CNC, pour présenter les occasions de coproductions.

Nous participons à l’organisation de l’Atelier des producteurs francophones, organisé par la SODEC avec nos partenaires francophones (Luxembourg, Suisse, Belgique, France, WallonieBruxelles).

Quels sont vos projets pour développer la collaboration entre pays francophones ?

La SODEC opère plusieurs initiatives ayant pour objectif de soutenir la collaboration entre pays francophones.

Elle est notamment à l’origine des Rencontres de coproductions francophones, qu’elle a organisé annuellement pendant plus de 10 ans, initialement dans le cadre du Festival cinéma du Québec à Paris. Nous nous réjouissons de constater que l’événement continue maintenant d’exister grâce à un effort collectif des partenaires de la Suisse, du Luxembourg, de la Belgique, de la Wallonie-Bruxelles et de la France : à tour de rôle, chaque partenaire prend en charge l’organisation de l’événement. Il est formidable de constater que chacun se l’approprie et y apporte sa couleur. Les RCF rassemblent annuellement plus de 150 professionnels de l’industrie cinématographique (producteurs, partenaires financiers, agents de vente et distributeurs) afin de discuter du financement et de la coproduction de longs métrages de fiction en langue française.

La SODEC organise par ailleurs au Québec deux événements annuels internationaux s’adressant à la francophonie : l’Atelier Grand Nord (AGN) et l’Atelier Grand Nord XR (AGN XR). Le premier rassemble une cohorte de professionnels du milieu cinématographique de la communauté francophone internationale pour des séances de travail et d’échanges autour de l’écriture du scénario. Grandement apprécié des participants, AGN favorise la circulation d’idées, de points de vue, de préoccupations et de méthodes de travail, de même que le partage d’intentions et de cultures. En plus d’insuffler une vision nouvelle et collective aux scénaristes, AGN permet les rencontres et la connexion en vue de coproductions et de collaborations futures. Déclinaison d’AGN, Atelier Grand Nord XR poursuit les mêmes objectifs et s’adresse aussi à la communauté francophone internationale, mais s’articule autour de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et de la réalité mixte.

Enfin, la SODEC participe et soutient d’autres actions de développement de la collaboration entre les pays francophones (par exemple Jeune Création Francophone, l’Atelier des producteurs francophones à Cannes, etc.), et profite régulièrement de sa présence sur les grands marchés internationaux pour organiser des rencontres entre partenaires francophones. Nous invitons les acteurs francophones à poursuivre cette collaboration et à consolider nos efforts afin de favoriser une présence francophone solide à l’international, notamment dans un contexte de relance post pandémique.

HLa Directrice Général d’UniFrance évoque les dispositifs cannois de l’organisme et évoque la situation du cinéma français à l’international.

Le cinéma français s’avère à nouveau bien représenté dans les différentes sélections cannoises. Qu’est-ce-que cela vous inspire ?

Nous pouvons encore nous féliciter de cette grande diversité qu’offre le cinéma français. Avec, de surcroit, une forte présence féminine dans les différentes sélections. Cela prouve que la France a continué à produire pendant la crise et que ces projets sont à la hauteur. Pour UniFrance, ce marché cannois est un horizon très attendu puisque celui de Berlin n’a pu se tenir en présentiel. Nous sommes impatients de retrouver tout notre réseau d’acheteurs et de vendeurs. Surtout avec une telle offre de cinéma.

Quels seront vos dispositifs durant le Festival ?

Notre présence physique sera double puisque nous disposons d’un lieu pour les équipes de films qui souhaitent échanger avec la presse internationale, via des dispositifs renforcés depuis l’année dernière, grâce notamment à un studio pour les équipes de télévision. Sans oublier notre stand du marché car nous tenons à être au plus près des acheteurs du monde entier. Ainsi, tous peuvent échanger avec nos chargés de territoires, nos spécialistes du numérique ou encore de l’intelligence économique. Et bien sûr, comme les années précédentes, des cocktails et des diners se dérouleront sur notre terrasse afin de créer des rencontres et des synergies.

Avez-vous mis en place des événements inédits ?

Depuis l’an dernier, nous avons noué des liens avec les membres des différents jurys, et plus particulièrement celui de la Semaine de la Critique, pour lequel nous organisons un diner où sont également invités des acheteurs et des journalistes internationaux. Cette année, la principale nouveauté se déroulera le 25 mai. Une journée au cours de laquelle nous présenterons les heureux élus de notre dispositif “10 to Watch”. Il s’agit des dix artistes qui ont été révélés sur la scène internationale au cours de l’année écoulée. Notre sélection de 2021 ayant été impactée par la crise sanitaire, nous mettrons à l’honneur des talents de 2021 et de 2022. Cela rejoint notre volonté de promouvoir et d’accompagner la nouvelle génération d’artistes prometteurs et ambassadeurs du cinéma français qui entament une carrière à l’international.

Maintenant que la situation sanitaire semble s’assainir, avez-vous pu reprendre vos déplacements à travers le monde

© 2019-PATRICK SWIRC/UNIFRANCE

Daniela Elstner

« Nous sommes impatients de retrouver notre réseau d’acheteurs et de vendeurs »

pour accompagner le cinéma français ?

L’activité a reprit son cours. Notre agenda s’accélère beaucoup. Les voyages sont à nouveau de plus en plus nombreux et intenses car un événement cinématographique ou audiovisuel se déroule chaque semaine à travers le monde. Il était important de maintenir nos rendez-vous parisiens avec les acheteurs en janvier dernier. Même si nous n’avons pu accueillir la presse internationale, nous avons néanmoins déployé un important dispositif pour permettre des échanges entre les talents et les journalistes. Un dispositif qui a été renouvelé à Berlin. Les rendezvous de New-York et de Rome se sont déroulés au mieux et nous renouons peu à peu nos liens avec l’Asie dont nous avons été sérieusement coupés durant la crise. Notre festival au Japon et notre présence à Busan, en Corée, devraient nous y aider. Tout cela nous rend plus sereins mais il nous faut sans cesse inventer de nouveaux dispositifs. Par exemple, cela nous semble important de questionner la place de la presse culturelle dans chaque pays. Pour cela, nous avons demandé à quatre journalistes américains d’accompagner quatre jeunes passionnés de journalisme et de culture durant le Festival de Cannes. Cette démarche pourrait être élargie à la rentrée par la création d’une sorte de “Critics Lab” avec une journée de réflexion dans un festival existant autour de l’importance de la presse pour le cinéma, des moyens à mettre en œuvre pour sa survie, et de la place que doit conserver la presse écrite à l’heure du tout numérique. Les journalistes sont des professionnels que l’on peut considérer comme des alliés tant ils parlent du cinéma français avec une passion et un style qu’on ne trouve pas de la même manière sur les réseaux sociaux.

Quel bilan faites-vous de votre fusion avec TV France International ?

Nos équipes ont compris les enjeux de cette fusion. Notamment en termes de structuration. Nous gardons bien les deux socles, audiovisuel et cinéma. Mais nous avons ajouté une strate supplémentaire pour développer les actions communes. En matière de communication par exemple. Il nous a fallu redéployer nos outils numériques afin d’optimiser notre communication et la diffusion de nos contenus. Il y a aussi un volet business pour les acheteurs, pour lequel les deux entités faisaient déjà un travail important que nous poursuivons aujourd’hui et améliorons. Mais notre enjeu aujourd’hui est aussi une communication vers les publics du monde entier. Plus nous parlerons de cette belle production française, plus la notion de “soft power français” sera forte, plus nous existerons, plus nous ferons envie aux acheteurs et au public international. Et plus nous permettrons à la production française de continuer à rayonner dans toute sa diversité, en France comme à l’étranger.

La fréquentation peine à revenir à la hausse sur le territoire français. Qu’en est-il des autres pays ?

Le niveau de fréquentation en France s’avère être un bon indicateur pour le monde entier. Aucun pays n’a récupéré ses entrées d’avant la crise. On observe toutefois un fort potentiel des films familiaux sur tous les territoires comme King, Le Loup et le Lion de Gilles De Maistre ou Le tour du monde en 80 jours de Samuel Tourneux. Les familles reviennent davantage en salles que les personnes âgées. Notre préoccupation, ce sont les films art et essai français qui n’atteignent plus leurs résultats d’auparavant. Ces derniers mois, seul Petite Maman, de Céline Sciamma, se démarque. Mais d’autres grands cinéastes ne connaissent plus les mêmes scores. Même Illusions Perdues de Xavier Gianolli, qui connaît pourtant une belle carrière, pourrait faire mieux. Nos plus fidèles spectateurs vont-ils revenir alors qu’ils sont vieillissants ? Pouvons nous attirer un public plus jeune ? De ce point de vue, nous sommes rassurés. Au festival de New York, les salles étaient pleines et le public s’était rajeuni. Et les exploitants du monde entier font tout ce qu’il faut pour reconquérir leur public. Mais l’exigence des spectateurs qui se rendent au cinéma a augmenté. Les salles se doivent d’être irréprochables, à la fois en termes de programmation, de communication et d’équipements. A nous d’être à la hauteur dans nos propositions d’accompagnement pour stimuler l’envie des publics de revenir découvrir les films en salles !

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