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Edgar Magazine Numéro 101

JonOne

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Photo : Gwen Le Bras

JonOne

COMVERSATION

JonOne Peintre, catégorie Puncheur

L’artiste-star d’origine dominicaine, né dans le quartier de Harlem à New York a fait sortir le street art de la rue et des ghettos. Montrées à Lille actuellement, ses dernières toiles explosives nous parlent d’égalité, de liberté et de fraternité. Rencontre avec un « ex » graffeur hyperactif qui n’a de cesse de prendre le pouls de son époque. Par Clément Sauvoy

John Andrew Perello, alias JonOne, 56 ans, est l’un des artistes les plus cotés en France où il réside désormais depuis près de quatre décennies. Ce pur produit de la rue new-yorkaise, décoré par la République française et ayant débuté en taguant le nom « Jon156 » se définit aujourd’hui comme un « peintre graffitiexpressionniste abstrait » et ne cesse de construire sa légende sans renier son parcours de vie digne d’une vraie « success story ». Jouissant d’une côte de popularité tous azimuts auprès des différentes tranches d’âges et catégories socioprofessionnelles, cette belle gueule de la planète art fédère en effet tous les publics avec une aura où affleurent l’émotion brute

« Le métro est un musée qui traverse la ville »

et les sentiments les plus sincères hors de toute chapelle. Là est certainement la force et l’ADN unique de sa signature que sont venues très vite chercher des maisons prestigieuses comme Hennessy, Guerlain ou Lacoste. Portées par un rythme effréné, ses œuvres ne sont pas sans rappeler cette évolution radicalede l’univers du métro vers celui des galeries comme Rabouan Moussion et Provost Hacker qui, toutes deux, lui consacrent des solo shows à Paris et à Lille. Mais aussi la Fondation Agnès B qui accompagne cette approche allant du support urbain – de l’époque du collectif 156 All Starz à New York en 1984 - à celui de la toile aujourd’hui. En s’affranchissant très tôt des codes de

la culture « graff », l’impétueux artiste – qui aime à dire que « le métro est un musée qui traverse la ville » - dévoile une personnalité libre et échappant à toute catégorie de lecture : « Tous les jours, je peins avec mon ventre, mes tripes : je fais ce que j’aime. Mais je n’ai pas toujours eu la belle vie. J’ai même été homme-pipi à New York. C’était mon meilleur boulot. Je ne veux pas être dans un ghetto de riches, ni de pauvres. Je veux pouvoir jongler avec ces différents mondes » confie-t-il le plus sérieusement du monde.

Photo : Gwen Le Bras

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«Tous les jours, je peins avec mon ventre, mes tripes : je fais ce que j’aime.»

L’atelier parisien de JonOne

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« Si je ne veux pas exploser, je dois me dépenser physiquement… »

Photo : Gwen Le Bras

JonOne

Photo Courtesy Galerie Rabouan Moussion Paris

une gestuelle artistique sans concessions

Depuis son atelier parisien et son autre espace partagé de 350 m2 de Roubaix, JonOne « crache » sa peinture sous un rythme forcené de sportif de haut niveau car ce boulimique de travail exprime une gestuelle artistique sans concession à côté de son inséparable punchingball dictant ses lois au milieu d’un amoncellements de brosses et d’empilements de pots de peintures éventrés :

« Si je ne veux pas exploser, je dois me dépenser physiquement… » déclare-t-il dans un sourire radieux. Dans un démarquage délibéré de ses pairs, le champion s’est émancipé progressivement des canons du graffiti en conservant toutefois les fondamentaux dont cette rapidité d’exécution et cette

projection de couleurs propres à la pratique. C’est grâce à la rencontre déterminante avec l’artiste et producteur de disque Bando (de son vrai nom Philippe Lehman) que l’autodidacte JonOne, n’ayant reçu aucune éducation artistique académique,

Infinity - JonOne

Photo Courtesy Galerie Rabouan Moussion Paris

débarquera un jour à Paris et développera son sens de l’observation :

« Je venais de New York, les gens me voyaient donc comme le représentant du graffiti new-yorkais. Pourtant ce que je faisais n’était pas représentatif de ce qu’ils pouvaient imaginer. J’étais plus free que technique, j’étais dans l’imaginaire. Comme je possédais la technique, je pouvais la laisser derrière moi et créer, mélanger des centaines d’informations, prendre des raccourcis graphiques tout en me laissant porter par la vague... » se rappelle le peintre-puncheur dont les yeux se mettent à briller autant de reconnaissance que d’envie de faire. Avant de libérer un puissant crochet du droit !

Ce pur produit de la rue new-yorkaise, décoré par la République française se définit aujourd’hui comme un « peintre graffiti expressionniste abstrait »

Photo : Gwen Le Bras

ACTUALITÉS Exposition « ROCK ! »

Du 10 décembre 2020 au 13 février 2021 à la galerie Provost Hacker dans les deux espaces : au 40, rue Voltaire, 59000 Lille et au Hall des Assurances Deleplanques, au 46 Rue Négrier, 59800 Lille.

www.galerie-provost-hacker.com

Photos : Bruno Brouch

Photo : Gwen Le Bras

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Photo : Alexis deforges

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