4 minute read
AVIONS DE PAPIER
Échapper à son quotidien, juste quelques heures, sans devoir boucler une valise ou réserver d’innombrables transports ?
Un passage en librairie, et le tour est joué !
Voyage Dans Le Temps
Violet et Albert sont nés le même jour, dans des familles radicalement différentes : l’une est la fille d’un ouvrier gallois, l’autre est l’héritier d’une longue lignée d’aristocrates anglais. Pourtant, leurs chemins vont se croiser, et même se rejoindre… plusieurs fois. Dans ce premier roman, l’autrice britannique Holly Williams nous fait traverser le XXe siècle et imagine ce qu’il adviendrait si les deux jeunes gens se rencontraient en 1947, en 1967 ou en 1987. Le coup de foudre, oui, mais après ? Quelle influence peuvent avoir, à différentes époques, le milieu social, la famille et la politique ?
On accompagne ces tourtereaux de l’après-guerre londonien à l’Angleterre de Thatcher, en passant par les swinging sixties. Révolution des mœurs, transformations de la société vont influer sur leur histoire. Un excellent moment de lecture, qui montre qu’en amour comme ailleurs, le destin n’est pas le seul acteur.
« L’étreinte du temps », Holly Williams, Calmann Lévy, 22,90 €
Pays Imaginaire
Souvenez-vous : vous avez neuf ans et vous passez un dimanche après-midi dans votre chambre, immergé·e dans un monde fictif, emporté·e dans une aventure palpitante et mystérieuse en compagnie de personnages que vous rêveriez d’avoir pour ami·e·s. Votre capacité d’attention n’a pas encore été ruinée par les réseaux sociaux et vous lisez, lisez, jusqu’à ce que vos parents vous appellent pour le goûter... Dépaysant ? Pour retrouver ces sensations (ou presque, le goûter n’étant pas fourni), rien de tel que de redécouvrir un classique de la littérature jeunesse : la saga « À la croisée des mondes », qui met en scène une héroïne turbulente et culottée dans un périple magique vers les Royaumes du Nord. Même adulte, on se laisse happer par cette histoire à la redoutable efficacité, qui soulève des questions philosophiques sans en avoir l’air, et qui nous rappelle de ne pas sous-estimer le pouvoir d’une touche de magie.
« Les Royaumes du Nord », Philip Pullman, Gallimard, 10,30 €
Par Monts Et Par Vaux
Après plusieurs années passées en Grande-Bretagne, le journaliste américain Bill Bryson décide de regagner, avec sa famille, sa patrie d’origine. À son arrivée, il se lance un défi : parcourir l’Appalachian Trail, le plus long sentier de randonnée des États-Unis, qui relie le Maine à la Géorgie. Ambitieux projet pour ce quinquagénaire, plus habitué aux promenades digestives dominicales qu’à la rando en forêt, surtout sur 3.500 kilomètres. Qu’à cela ne tienne : il embrigade un vieil ami (pas plus en forme) et, chaussés de leurs bottines neuves, les deux compères prennent d’assaut le chemin. Entre considérations sur l’art de la marche et chroniques hautes en couleur de nuitées en tente, Bill Bryson raconte l’histoire des sentiers balisés, des parcs nationaux, et de la protection de la nature. Ce récit hilarant de retour à la nature est la garantie de s’esclaffer pendant des heures, tout en apprenant une foule de choses !
« Promenons-nous dans les bois », Bill Bryson, Payot, 9,15 €
Des Attractions Des Astres
« Beaucoup de gens font l’amour sur ma musique ! » On n’a pas été vraiment vérifier, mais il paraît que Tsar B, le nom de scène de la Gantoise Justine Bourgeus, se retrouve dans plein de playlists Spotify « sexy », en tout cas c’est elle qui le dit. « Et il y a aussi toute une communauté dans le monde qui utilise ma musique pour danser ! » Là, par contre, on a fait notre boulot, et en effet : il suffit de taper son blaze sur YouTube pour voir des twerkers tout donner sur son track « Escalate »… C’est sans doute grâce au chorégraphe des stars Alexander Chung, qui a posté il y a 5 ans une vidéo de danse devenue virale (43M de vues), avec Tsar B en B.O. « Encore aujourd’hui je reçois 10-15 vidéos comme celle-là par jour ! », nous confie Justine en nous parlant d’empowerment, et de ce que sa musique endosse de « global »… Même si « To The Stars », son nouvel album, se veut « moins rythmique », « plus mélancolique », une ode à la rupture et à ce qui s’ensuit : la renaissance, la fin de la gravité pour embrasser l’apesanteur, un nouvel arc ascensionnel, bref t’as pigé la métaphore. « Cet album c’est comme une sorte d’odyssée spatiale », confie Justine qui en profite pour citer Dirk Frimout (okkk), et nous pour évoquer la Voie lactée… Sa « milky way » à elle, son rêve d’étoiles, ce serait quoi, justement ? « Hollywood ! Parce que je compose tout le temps des musiques de film (allez voir sur son site) et je pense que ça s’entend sur mon album. » C’est vrai qu’on pense à « Drive » (le single « Auwtch », très Kavinsky), à des ritournelles très filmiques comme le trip hop (« Underwater » et son intro très « Teardrop » de Massive Attack), et même au classique, qu’elle maîtrise comme peu de gens dans le game. « J’aime beaucoup la musique baroque, Monteverdi, Bach, Haendel… Je cite d’ailleurs l’aria ‘Lascia ch’io pianga’ de son opéra “Almira” dans le morceau “Gonna Hold You In My Arms”… » Pour rappel, Justine jouait du violon dans divers groupes flamands (School Is Cool, Vuurwerk) avant de se lancer en solo. « J’en joue depuis mes 3 ans… J’étais obsédée par le film “Amadeus” que j’avais vu chez ma grand-mère, je voulais devenir Mozart ! » Rajoutez encore un peu de hard trance à la Bonzai/Cherry Moon (« Don’t Wanna Lose Somebody » et « Trophy » avec Reinel Bakole) et vous obtenez un disque envoûtant qui flotte entre dream pop baroque, techno gabber et soundtrack lunaire. C’est ce qu’on appelle une artiste éclectique : une galaxie à elle toute seule. Vers l’infini et tu sais quoi.
Tsar B, « To The Stars », @tsarbmusic, justinebourgeus.com
En concert le 1er avril à l’Ancienne Belgique dans le cadre du Listen Festival, le 3 mai au Viernulvier (ex-Vooruit) à Gand et le 2 juin au De Studio à Anvers