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CINÉMA Alice Diop en 7 indices
ALICE DIOP
EN 7 INDICES
La cinéaste, dont la première fiction, Saint Omer*, a remporté le Lion d’argent à la Mostra de Venise et a été sélectionnée pour représenter la France aux Oscars, a aussi filmé la banlieue parisienne, où elle a grandi, à rebours des stéréotypes. Une façon de rester fidèle à son histoire intime comme à celle des siens.
Par Maroussia Dubreuil Photo Claire Scoville
1
ROLLERS Née en 1979, elle grandit jusqu’à 10 ans à la Cité des 3000, à Aulnay-sous-Bois. Elle se souvient des balades en rollers avec ses amies, des fins d’après-midi avec son père à distribuer le pain aux canards, et des pique-niques avec ses grands frères et sœurs au parc du Sausset, qui lui faisait penser à une «immense forêt vierge». «C’est comme si je revêtais ma mémoire d’un habit féerique occultant la violence à laquelle on était aussi confronté.» À 9 ans, elle voit le cadavre du fils de sa voisine dans la cage d’escalier. Mort d’une overdose.
2
ROBIN DES BOIS «Ali Merzouk était algérien. Il était très grand avec des mains énormes. Perçu comme un dangereux criminel dans le monde qu’on n’habitait pas, il était pour nous, les enfants, un Robin des bois.» De retour de ses braquages, cette figure de la Cité des 3000 ne manquait pas de rapporter aux plus jeunes des bonbons et des jouets. «Il était un des plus grands braqueurs des 3000, mort du sida à la fin des années 80 comme beaucoup d’amis de la génération de ma sœur.»
3
PARADIS Son père, originaire du Sénégal et employé dans l’industrie automobile, enregistrait les documentaires sur l’Afrique à la télé. Il avait plus de cinq mille cassettes qu’il regardait «comme des images fantasmées de son paradis perdu qu’il avait quitté à 30 ans». Alice Diop filme cette obsession dans le cadre de ses études de sociologie visuelle: «Au cours du tournage, il m’a dit qu’il cotisait pour que mes sœurs et moi puissions avoir une place dans le caveau familial au Sénégal. J’ai refusé. Je veux être enterrée là où seront mes enfants.»
4
CHÊNE «Je fais du cinéma car mon territoire d’enfance n’existe plus. J’ai perdu ma mère à l’âge de 10 ans, mon père, en 2005. Il y a peu d’héritage matériel et la cité ne fait pas patrimoine. Il n’y a pas de chêne centenaire où convoquer mes souvenirs.» Le lieu pour en planter un? L’entrée du quartier des 3000, entre la chapelle, l’école Paul-Éluard et le centre commercial Le Galion, qui n’existe plus.
5
TOUBAB DIALAO Elle a construit un lien intime avec le Sénégal en étudiant les prémisses de la négritude à travers la lecture, entre autres, de la revue Présence africaine où étaient publiés des textes d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor. Aujourd’hui, elle va trois ou quatre fois par an à Toubab Dialao, un village de pêcheurs. Elle est propriétaire, avec ses frères et sœurs, d’une maison près de la mer, dont leur père avait acheté les fondations.
6
GYNÉCÉE Saint Omer s’inspire du procès de Fabienne Kabou, mère infanticide qui a abandonné son enfant sur le sable à la marée montante. Alice Diop a d’abord été fascinée par la photographie de cette femme à la poussette, prise par une caméra de surveillance de la Gare du Nord. «J’ai tout de suite su qu’elle était sénégalaise et eu un sentiment étrange de familiarité avec elle. Je suis allée au procès. Il n’y avait que des femmes, on aurait dit un gynécée. Je les ai vues tomber, comme si la part extrême de cette mère nous renvoyait aux racines de nous-mêmes.»
7
LUDWIG WITTGENSTEIN Elle a coécrit le film avec Marie NDiaye, dont les romans comptent beaucoup pour elle. «Je pars du principe que ses héroïnes sont des femmes noires car je projette Marie en elles. Pourtant, rien ne les qualifie dans le texte, ce qui les rend encore plus intéressantes. Ses héroïnes sont douées d’une grande complexité.» Il fallait cette écriture pour voir surgir à l’écran la puissance de cette mère infanticide qui est à la fois une intellectuelle faisant une thèse sur Wittgenstein et une femme se disant maraboutée.
(*) Avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit… En salles.
Des fêtes luxueuses, glamours et dorées avec ghd
Boucles voluptueuses, ondulations wavy ou lissage parfait ? Quel que soit le look, on peut faire confiance aux outils de coiffage professionnels de ghd pour le sublimer en un clin d’œil. La promesse de ce grand expert du good hair day : réaliser les plus belles coiffures sans compromettre la santé des cheveux.
Son secret : une température spécialement étudiée pour coiffer durablement et sans chaleur extrême tous types de cheveux. Les ingénieurs et stylistes de ghd l’ont fixée à 185 °C pour une raison précise : une chaleur plus élevée risque d’endommager la fibre capillaire, tandis qu’une température plus froide met en péril la tenue de la coiffure. Les outils de coiffage de ghd sont garants d’un résultat qui tient 24 heures et laisse les cheveux indemnes. Pour les fêtes, ghd mise sur le grandiose, le luxe et le doré dans son édition limitée grand luxe inspirée des années 1920 et de l’Art déco. Sa collection de fête se compose des best-sellers de la marque parés d’une teinte champagne dorée aux détails métallisés, le tout présenté dans des vanity en velours rouge. La pièce maîtresse de la collection n’est autre que le lisseur intelligent ghd platinum+, le plus luxueux de la marque. Il garantit des cheveux 70 % plus forts et 75 % plus brillants, ainsi qu’une couleur deux fois mieux protégée. Pour les addictes du brushing, rien de tel que le sèche-cheveux ghd helios pour créer le brushing parfait grâce à la technologie unique AeroprecisTM et à son embout personnalisé. L’édition limitée ghd glide est idéale pour lisser les cheveux sans effort. Cette brosse chauffante assure un résultat professionnel. Dotée de la technologie ionique anti-statique, elle élimine les frisottis et métamorphose la chevelure rapidement. Pas question cette année de s’inviter pendant les fêtes sans arborer une coiffure digne d’un salon professionnel. Un défi relevé haut la main grâce à ghd et à ses précieux outils de coiffage à offrir ou à s’offrir. « L’usage de plaques chauffantes peut être terrible et peut se terminer en catastrophe par des pointes sèches et fourchues. Mais avec le lisseur ghd platinum+, on peut avoir l’esprit tranquille. Il chauffe rapidement, garantit un fini brillant et un lissage parfait sans abîmer les cheveux. Résultat exceptionnel et longue tenue garantie. »
Pour se procurer un outil de coiffage ghd, rendez-vous au salon de Jochen Vanhoudt, ambassadeur ghd à Anvers, et dans sa boutique en ligne https://jochenvanhoudt.be/ghd/.
CINÉMA Une figure féminine forte, des révélations qui ont changé la donne à Hollywood, une famille bien barge mais drôle et un documentaire sur la vie d’une vache laitière au programme. Par Joëlle Lehrer
ON PLONGE DANS L’HISTOIRE
Vous connaissez l’histoire de Sissi, celle que campait si merveilleusement Romy Schneider, mais vous ignorez peut-être celle d’Elizabeth d’Autriche-Hongrie… Dans Corsage, de Marie Kreutzer, l’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps campe l’impératrice à l’approche de la quarantaine. Une femme prise au piège d’une cour impériale peu folichonne et de ses propres tourments. Obnubilée par sa taille ne, la souveraine demandait toujours à ses suivantes de la corseter au maximum. D’où le titre de ce lm mettant bien l’accent sur cette période de déclin d’un grand empire qui passa à côté de la modernité. Elizabeth, elle, avait peut-être un peu d’avance sur son époque. Ainsi, elle fut la première souveraine à fumer des cigarettes…
Corsage, de Marie Kreutzer, avec Vicky Krieps et Katharina Lorenz, sortie le 21 décembre.
ON LES CROIT
Le mouvement #MeToo a célébré son cinquième anniversaire, cet automne. Et voici que sort She Said, le premier film qui raconte comment deux journalistes d’investigation du New York Times ont révélé la véritable personnalité d’Harvey Weinstein, alors puissant producteur à Hollywood. Prédateur sexuel redoutable, l’homme fut dénoncé par de nombreuses victimes, célèbres ou anonymes. Carey Mulligan (qu’on adore) et Zoe Kazan forment cette paire de reporters infatigables et courageuses dans ce récit que l’on suit comme un thriller.
She Said, de Maria Schrader, avec Carey Mulligan, Zoe Kazan et Patricia Clarkson, dans les salles. ON EN RIT
Vous avez des angoisses et craignez une énorme catastrophe due à un nuage toxique? Les héros de White Noise aussi. Adapté du roman éponyme de Don DeLillo, cette comédie grinçante dresse un bon petit portrait d’une famille d’intellos américains dans les années 80. Adam Driver y campe le pater, professeur spécialisé dans l’hitlérisme mais qui ne parle pas allemand et Greta Gerwig y est la mère, professeur de yoga et addict à un médoc mystérieux qui lui fait perdre un peu la mémoire. Les enfants semblent être les seuls véritablement conscients des enjeux de leur époque…
White Noise, de Noah Baumbach, avec Adam Driver, Greta Gerwig et Don Cheadle, sortie en salles le 7 décembre et sur Netflix le 30 décembre. ON MEUGLE
La réalisatrice britannique Andrea Arnold signe son premier documentaire avec Cow. Un véritable réquisitoire contre l’exploitation des vaches laitières. Filmé dans le comté de Kent, il se passe de beaucoup de mots - il y a très peu de paroles humaines - mais les meuglements, on les entend bien. La vie de Luma, jolie vache qui vient de vêler, ne ressemble pas à une existence bucolique. Elle sera très vite séparée de son veau (une femelle) et devra rapidement retourner à la traite. Lorsqu’elle n’est plus bonne à rien, on l’achève. Les yeux de Luma, on pourra difficilement les oublier. Ça fend le cœur!