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INTERVIEWS Dames de beauté

DAMES DE

BEAUTÉ

Le secteur de la beauté regorge d’entrepreneuses. Des créatrices de tendances qui promeuvent l’empowerment et font preuve d’audace. Portraits de cinq femmes inspirantes qui contribuent à notre bien-être.

Par Kim De Craene

Isabelle d’Ornano, Christine d’Ornano et Daria Botin d’Ornano

LA MAISON FRANÇAISE SISLEY S’APPUIE SUR LE POUVOIR DES PLANTES POUR SES PRODUITS DE LUXE À HAUTE PERFORMANCE. LES FEMMES DE LA FAMILLE D’ORNANO PARTAGENT LEUR VISION DE LA BEAUTÉ.

SISLEY MONTE AU CRÉNEAU EN FAVEUR DES FEMMES EN LEUR DONNANT DE LA PLACE AU SEIN DE L’ENTREPRISE. UNE EXCEPTION DANS LE SECTEUR DE LA BEAUTÉ?

Isabelle d’Ornano: «Dès nos débuts, en 1976, les femmes ont eu tout loisir d’exprimer leur créativité. Aujourd’hui, 75 % de nos 4500 employés sont des femmes. Elles représentent plus de 100 nationalités, et chacune apporte ses talents et son expertise à l’entreprise, sans distinction de genre.»

LA BEAUTÉ PEUT-ELLE CONSOLIDER L’AUTONOMIE DES FEMMES ?

Isabelle d’Ornano: «Des soins de la peau adaptés donnent bonne mine et permettent d’affirmer sa confiance en soi et son amour propre. Si on s’aime soi-même, on aime aussi les autres.» Christine d’Ornano: «Même les interventions chirurgicales n’ont pas le même impact que des soins de peau de qualité. La sensation de prendre soin de soi avec des produits naturels est tellement meilleure. Se détendre est également important: un simple masque facial fait des merveilles après une dure journée.»

QU’AVEZ-VOUS APPRIS L’UNE DE L’AUTRE ?

Christine d’Ornano: «Ma mère n’est pas obsédée par la beauté. Mais elle est disciplinée. Elle prend soin de son corps, de son visage et de son esprit. Et elle s’entoure de personnes intéressantes, jeunes et créatives. Mes trois filles adoptent mes rituels beauté. Elles nettoient systématiquement leur peau matin et soir. Grâce à elles et à ce qu’elles me montrent sur les réseaux sociaux, je me tiens au courant des tendances.»

DARIA, QU’ADMIREZ-VOUS CHEZ VOS GRANDS-PARENTS ?

Daria Botin d’Ornano: «Mon grand-père était en avance sur son temps: il savait combiner le meilleur des plantes et le meilleur de la technologie de manière à extraire les principes actifs les plus rares. Ultracréative, ma grandmère a développé une vision unique. Elle se maintient hors de la sphère d’influence des réseaux sociaux. Elle puise son inspiration dans l’art et les lieux qu’elle visite. Elle possède un grand sens du développement des produits. Je m’estime chanceuse: combien de femmes peuvent se targuer de travailler avec leur grand-mère?»

LES FEMMES PARISIENNES SONT CONSIDÉRÉES COMME LES PLUS CHICS AU MONDE. MAIS VOUS, QUEL EST VOTRE SECRET ?

Christine d’Ornano: «À intervalles réguliers, chaque mère emmène sa fille, dès son plus jeune âge, dans un institut de beauté pour un nettoyage de peau. Nous avons les meilleures esthéticiennes et les meilleurs soins au monde. Une belle peau rend presque le maquillage superflu: une touche de rouge à lèvres, et le tour est joué. Nous sommes sophistiquées, mais pas lisses.» • • •

Sisley ouvre sa première Maison Sisley au numéro 18 de la rue Jean Stas à Bruxelles. Anvers aussi aura bientôt sa propre enseigne.

Barbara Geusens

EN 2017, BARBARA GEUSENS A LANCÉ SA PROPRE MARQUE BAPTISÉE NOMIGE. UNE GAMME DE PRODUITS PERSONNALISÉS, ENTIÈREMENT ADAPTÉS AUX BESOINS DE CHACUN·E, EN FONCTION DE SON ADN ET DE SON MODE DE VIE. UNE APPROCHE UNIQUE.

AVEC UNE FEMME À LA BARRE, DOUBLÉE D’UNE SCIENTIFIQUE, LA MARQUE NOMIGE FAIT-ELLE FIGURE D’EXCEPTION DANS LE MONDE DE LA BEAUTÉ?

«Ces dernières années, de nombreuses femmes ont lancé leur propre marque de beauté. Rien qu’en Belgique, on peut citer Caroline Rigo avec Cent Pur Cent, Inge Louf avec Oy et Isabelle Ulenaers avec Self. Dans les grandes maisons, il y a encore beaucoup d’hommes aux postes à responsabilités, mais je pense que ces dernières années, la situation s’est quelque peu équilibrée, et je ne serais pas étonnée d’apprendre qu’il y a aujourd’hui davantage de femmes actives dans le secteur de la beauté. J’ai moi-même profité de toutes les opportunités. La génération qui m’a précédée a dû se battre et faire ses preuves. Ces femmes étaient des pionnières, et leur parcours n’a pas été un long fleuve tranquille. Le seul secteur où j’ai principalement affaire à des hommes, c’est le monde économique, lorsque je dois présenter un plan d’investissement à un conseil consultatif par exemple. Mais je me concentre alors sur mes propres compétences.»

UN LEADERSHIP MASCULIN OU FÉMININ, QUELLE DIFFÉRENCE POUR UNE ENTREPRISE ?

«Une femme dans le monde de la beauté possède un atout majeur: nous pouvons partir de nos propres besoins. Je suis une femme, je sais donc ce que veulent les femmes. J’ai du mal à imaginer qu’un homme puisse concevoir une campagne axée sur les tampons. Les femmes sont plus nuancées et ressentent mieux les choses. Et en pratique, elles sont plus douées pour le multitasking. Pour ma part, je suis rationnelle, mais il m’arrive encore souvent de prendre des décisions en fonction de mon intuition. Notre équipe est principalement composée de femmes. Mais c’est une coïncidence: je les engage en fonction de leurs talents, pas de leur sexe.»

QUE SIGNIFIE LA BEAUTÉ POUR VOUS ?

«Une belle personne est heureuse et bien dans sa peau. En faisant ressortir la meilleure version de notre peau, nous affichons la meilleure version de notre personnalité. Notre peau et notre visage, c’est ce que les autres voient en premier. Une peau saine rend une femme rayonnante et booste sa confiance en soi.»

QUELLES FEMMES DU MONDE DE LA BEAUTÉ ADMIREZ-VOUS ?

«Bobbi Brown, Anita Roddick de The Body Shop et Jane Wurwand de Dermalogica ont une trajectoire admirable. Chapeau pour leur travail!»

Nomige ouvre un institut proposant des soins du visage basés sur l’ADN. Nomige Skin Center, Bagattenstraat 157A à Gand.

Mathilde Laurent

MATHILDE LAURENT EST CONSIDÉRÉE COMME L’UN DES NEZ LES PLUS RENOMMÉS AU MONDE. ELLE A CRÉÉ UNE TRENTAINE DE PARFUMS POUR LA MAISON FRANÇAISE CARTIER. SA MISSION? DIFFUSER UN MESSAGE DE BONHEUR.

IL Y A TOUT AU PLUS 500 PARFUMEURS DANS LE MONDE, UNE PROFESSION D’ÉLITE. COMMENT AVEZ-VOUS RÉUSSI À BÂTIR UNE CARRIÈRE AUSSI BRILLANTE?

«La chance y est sans doute pour beaucoup. Je suis fascinée par les parfums depuis que je suis toute petite. J’ai réussi l’examen d’entrée de l’ISIPCA (Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire, ndlr). À la fin de mes études, j’ai rencontré le célèbre parfumeur Jean-Paul Guerlain (de la maison du même nom, ndlr) et je lui ai demandé s’il voulait bien me prendre en stage. Mon audace a payé. J’ai décroché un job chez Guerlain, où j’ai passé 11 ans au cours desquels j’ai appris des milliers de choses.»

LE MONDE DES NEZ EST- IL UN MONDE MASCULIN ?

«Historiquement, oui. Mais dans les années 70 et 80, les choses ont changé et le monde de la beauté s’est de plus en plus féminisé. Pourtant, on fait toujours plus confiance à un homme de 55 ans qu’à une femme de 35 ans, ce que je regrette profondément»

LES HOMMES CRÉENT-ILS DIFFÉREMMENT DES FEMMES ?

«Faire des parfums est un art, et l’art n’est pas affaire de genre. La création d’un parfum n’est donc pas nécessairement masculine ou féminine. Quand je crée, j’oublie que je suis une femme. Je suis juste une personne qui a une idée et la développe.»

QUEL EST LE PLUS GRAND DÉFI EN TANT QUE NEZ ?

«Je travaille souvent seule. J’ai une vague idée en tête et je dois la développer pour en faire un produit final à vendre. Une fois que la base est là, je dois convaincre les gens que mon idée est la bonne. En travaillant pour une maison comme Cartier, je dois me couper complètement de certains facteurs extérieurs, sinon le travail est impossible. Trop de pression et de responsabilités ont un effet paralysant sur la création. L’isolement est parfois un fardeau, mais surtout une nécessité.»

COMMENT CRÉE-T-ON UN PARFUM ?

«Je trouve d’abord un thème, qui n’a dans un premier temps rien d’olfactif. Lorsque je commence à créer le parfum, je sais exactement quel résultat je veux atteindre et comment je vais l’obtenir. Après, l’alchimie et la magie opèrent.»

QUEL RÔLE PEUT JOUER LE PARFUM ?

«Porter quelque chose qu’on aime procure un sentiment de bien-être. Ça ajoute un je-ne-sais-quoi à votre aura et vous fait rayonner. On n’est pas obligé d’utiliser un parfum à la mode ou une fragrance reçue en cadeau. Ce doit être un parfum qui apporte de la joie.»

Mathilde Laurent a récemment publié un livre sur sa vie et son travail, The Sense of Scent.

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