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LES TENDANCES DÉCRYPTÉES
STYLE
PARKAS À SUIVRE
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4 4 THAT SEVENTIES SLOW
LA PANOPLIE À l’heure où la mode responsable est plus en vogue que jamais, le look années 70 reprend une sacrée dose de cool.
Réalisation Julie Cristobal et Linda Heynderickx
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LE LOOK PODIUM Défilé Rejina Pyo automne-hiver 2021-2022. 1. DES GROS MAILLONS Bracelet en argent massif 925 recyclé plaqué or Ba&Sh Jewelry, 230 €. 2. DU DENIM X PSYCHÉDÉLIQUE Veste en coton usé VILA, 79,99 €. Chemise imprimée CKS, 79,99 €. 3. DES BOOTS CRANTÉES En cuir de veau Diemme, 369 €. 4. LE VRAI FAUX Pantalon en faux cuir Lewis Melly, 99 €. 5. UN SAC VERT SAPIN En cuir nappa responsable Boss, 250 €. 6. UN PULL POLO En coton CKS, 79,99 €. 7. DES SOLAIRES RESPONSABLES Lunettes solaires de la collection Salvatore Ferragamo Responsible Eyewear Collection, Salvatore Ferragamo, 245 €. 8. LA BONNE SILHOUETTE Cardigan imprimé &Other Stories Capsule Collection, 129 €. Jean en coton organique Caroll, 95 €.
SILLAGES MONUMENTAUX
IDÉE FIXE
Cosmic Cloud, Stellar Times, Rhapsody, Dancing Blossom et Symphony, Collection Les Extraits de Louis Vuitton, 450 € les 100 ml, 300 € la recharge.
Pour la maison Vuitton, le créateur Jacques Cavallier-Belletrud réinvente l’extrait de parfum avec des jus ultra-concentrés mais portables dès le réveil. Les bouchons des flacons, sculpturaux, sont signés par l’architecte Frank Gehry et les senteurs sont, quant à elles, éblouissantes: de Cosmic Cloud et ses muscs addictifs à Rhapsody, un chypre moderne sensuel et élégant, ou Stellar Times, ambré éclairé par la fleur d’oranger.
LE TANNEUR, POUR L’AMOUR DU CUIR
CURRICULUM
Depuis plus de 120 ans, Le Tanneur fabrique des pièces de maroquinerie en cuir pleine fl eur, à porter au quotidien et à aimer
toute une vie. Par Julie Rouffi ange
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L’ÉLÉGANCE À LA FRANÇAISE
C’est l’histoire d’une maison de maroquinerie qui voit le jour en plein cœur de la Belle Époque. En 1898, un artisan maroquinier visionnaire, Bonnardel, et un tanneur de talent, M. Bonnex, s’associent pour créer Le Tanneur. Dès le début, leur objectif est d’incarner l’élégance française, et de transmettre leur amour des belles matières et de la maroquinerie bien nie. Des principes auxquels la maison est toujours fidèle aujourd’hui. Les sacs et accessoires imaginés, dessinés puis fabriqués traversent le temps sans prendre une ride. Aucun détail n’est négligé. Une équipe est même chargée de dénicher les plus belles matières en fonction de la coupe et du tombé souhaité. Lisse, grainé, embossé… quelle que soit sa nition, les artisans ne travaillent ici que le cuir dit « pleine fleur », celui dont la surface est restée intacte, naturelle et sur laquelle le grain est apparent. C’est la partie la plus noble du cuir.
« BEAUX CADEAUX EN CUIR »
Cet hiver, Le Tanneur perpétue la tradition des cuirs fantaisie pour Noël et dévoile deux nouveaux motifs embossés : croco et lézard. Ces matières sont obtenues grâce au pressage à chaud d’une plaque gravée, un des savoirfaire de la maison. Ce travail donne au cuir une souplesse et un touché uniques, l’idéal pour des pièces de petite ou grande maroquinerie. Le Tanneur en a donc pro té pour créer un ensemble de « beaux cadeaux en cuir », sa devise depuis plus de 120 ans ! Sacs, portefeuilles, porte-documents, porte-cartes, ceintures, boîtes à montres ou à bijoux… il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Ces nouveaux cuirs embossés sont disponibles en deux coloris, grenat et noir, pour des pièces allant de 89 € à 519 €, à retrouver sur le site ou en boutiques.
letanneur.com
LE PATCHWORK
COME-BACK
Popularisée par les mouvements de contre-culture dans les années 60, cette technique – que l’on ne nommait pas encore “upcycling” – résonne avec les aspirations de l’époque. Et permet aux créateurs de s’inscrire avec panache dans une démarche raisonnée.
Par Louise des Ligneris
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L’actrice américaine Sydne Rome. Défilé Coach, automne-hiver 2021-2022.
VENU DE L’ÉGYPTE ANCIENNE, LE PATCHWORK SE REPÈRE AU PREMIER COUP D’ŒIL avec ses assemblages de tissus variés. Mais il a surtout marqué l’esthétique du mouvement hippie, contre-culture des années 60 par excellence. En marge de la société capitaliste, les opposants à la guerre du Vietnam l’ont massivement adopté. Un choix vestimentaire purement esthétique ? Pas seulement, car ces chutes de tissus récupérées ici et là puis cousues main re étaient leur philosophie, éthique, écologique, en rupture avec les mœurs en cours. Dans les années 80, Ralph Lauren s’en inspire pour créer des chemises originales. Puis, au début des années 2000, c’est au tour de Marc Jacobs et de John Galliano chez Dior. Sorti de son berceau originel, propulsé dans les sphères industrielles de la mode, le patchwork perd un peu de son essence alternative. Cette année, il fait un retour très remarqué dans les sphères du luxe, du label Coach, qui signe ce manteau en patchwork de peau de mouton, aux marques de niche émergentes, comme la Française Coralie Marabelle. Une façon de renouer avec ses origines hippies et de garder la démarche upcycling.
CARTIER ET L’ISLAM
EXPO
L’exposition Cartier et les arts de l’Islam est à voir au Musée des arts décoratifs de Paris jusqu’au 20 février 2022. Plus de cinq cents pièces exceptionnelles témoignent des liens qui unissent le joaillier français et l’esthétique de l’art islamique. Un thème quelque peu controversé qui offre à Cartier l’occasion de prouver que la vraie beauté ne connaît pas de frontières.
Par Timon Van Mechelen Adaptation Marie Honnay
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1. Collier Collection Cartier, 1953. 2. Coffret à cigarettes Collection Cartier, 1930. 3. La scénographie de Diller Scofidio + Renfro. 4. Tiara Cartier Collection, 1936.
D’Elizabeth Taylor et Jackie Kennedy à Michelle Obama et Meghan Markle, le nom Cartier est si étroitement associé aux célébrités qui ont porté des bijoux du joaillier français qu’on en oublierait presque que l’histoire de la célèbre maison est à elle seule captivante. Véritable miroir sociétal, Cartier parle du monde dans lequel nous vivons et donc… de nous. La nouvelle exposition Cartier et les arts de l’Islam met l’accent sur une source d’inspiration jusque-là sous-exposée mais capitale pour la marque française : l’art islamique. Arrivé chez Cartier en 1898, Louis Cartier, petitfils du fondateur Louis-François, com-
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mais il s’en chait. Son ambition était d’élargir le goût commun en o rant à ses clients une ouverture sur le reste du monde. Pour lui, la beauté ne connaissait pas de frontières. Il a d’ailleurs vu juste. Par la suite, la marque n’a pas cessé de gagner en popularité. »
mence à collectionner des pièces d’art islamique de manière compulsive quelques années plus tard. Le déclic : la toute première exposition occidentale sur le thème à laquelle il assiste en 1903 au Musée des Arts Décoratifs. « Un choc visuel qui lui donne envie de dessiner des bijoux aux influences islamiques marquées », explique Pierre Rainero, directeur du style, de l’image et du patrimoine chez Cartier et créateur de l’exposition parisienne. « Le nouveau style Art déco du début du XXe siècle a choqué les fans occidentaux de la maison, peu habitués aux références à d’autres cultures. Louis Cartier risquait sa réputation,
CONTROVERSE
Lorsqu’on lui demande si ce thème est encore controversé au XXIe siècle, Pierre Rainero répond par une pirouette : « Nous n’y avons jamais pensé de cette façon. Le sujet est peut-être politiquement connoté, mais nous avons, quant à nous, les mêmes ambitions que Louis Cartier à son époque. Quand nous avons choisi le titre de l’exposition, il a été un moment question de remplacer le mot “ Islam ” par “ Orient ”, mais nous avons rapidement abandonné l’idée. Le but ultime de cette expo est de faire découvrir au public l’impact de l’art islamique sur le langage créatif de Cartier.» Dans la première salle, des objets de la collection privée de Louis Cartier plantent le décor. Presque toutes les régions géographiques où l’art islamique s’est développé sont couvertes : de l’Inde au Maroc en passant par l’Espagne et la Syrie. Les bijoux Cartier présentés en parallèle permettent de percevoir clairement l’influence de cette esthétique sur le design des pièces du joaillier. Vient ensuite une explication des nouvelles formes et couleurs inspirées par l’Islam. « Grâce à la richesse des motifs géométriques et à la multitude de combinaisons possibles, cette esthétique n’a cessé d’évoluer», précise Pierre Rainero. Une esthétique, en parfaite adéquation avec l’esprit d’ouverture et d’innovation de Louis Cartier.
L’EAU DE PARFUM
MUGLER.COM WILLOW SMITH
SUR LE FIL INSTA DE
ELLA EMHOFF
La belle-fille de Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis, a fait de ses créations en crochet le symbole de la “slow fashion”. Sur Instagram, la créatrice, artiste et modèle, fédère une communauté sensible à ses engagements pour l’environnement ou la diversité.
Par Louise des Ligneris
SON PREMIER SHOW
Le 28janvier 2021, après l’investiture de Joe Biden, Ella Emhoff signe son premier contrat de mannequin avec l’agence IMG Models. Quelques semaines plus tard, la belle-fille de Kamala Harris dévoile sur Instagram son premier défilé virtuel pour Proenza Schouler. Et récolte plus de cent mille likes.
SES TOMBOLAS MILITANTES
Afin de soutenir deux associations – For The Gworls et The Okra Project – qui œuvrent pour la communauté trans noire, la jeune femme organise des tombolas sur Instagram. Pour un ticket à dix dollars, ses followers s’offrent la chance de peut-être remporter l’une de ses créations crochetées main.
SON BAGAGE FASHION
Tout succès mérite une photo souvenir: à la veille de ses 22 ans, l’Américaine sort diplômée de la Parsons School of Design de New York où elle étudiait les beaux-arts avec une spécialisation dans le textile. Une reconnaissance pour celle qui, au lycée déjà, suivait des cours dans la très réputée école de mode Central Saint Martins, à Londres. Son destin semble tout tissé.
SA COLLAB’ POINTUE
C’est une première rencontre remarquée entre Batsheva Hayes, créatrice montante de la scène new-yorkaise, et Ella Emhoff. Ensemble, elles ont signé une collection de pièces tricotées à New York et disponibles en précommande, afin d’éviter tout stockage inutile. Leur parti pris en faveur de la «slow fashion» est haut en couleur.
SON ACCESSOIRE FÉTICHE
La créatrice est une figure d’influence et une artiste engagée. Suivie par près de quatre cent mille personnes sur Instagram, elle porte sa parole éveillée au fil de ses publications. Comme ici, où elle fait l’éloge de sa gourde. Sa conscience écologique se niche jusque dans ces petits détails. Le message est passé.
SON FIL DIRECTEUR
En 2018, elle présente ses premières créations artistiques au crochet, sa passion depuis une dizaine d’années. Ces grandes tiges de métal enroulées de fils de laine ressemblent à s’y méprendre à des aiguilles à tricoter XXL. Une œuvre qui annonce ses futures créations vestimentaires, aujourd’hui 100 % tricotées-crochetées, évidemment.
ENTRETIEN AVEC UNE FÉMINISTE.