3 minute read

ENQUÊTE Je compte, donc je suis ?

soin à la société. Cette double charge n’est pas considérée comme une discrimination. Ioulia Tymochenko, qui a été Première ministre de l’Ukraine, l’incarne très bien : femme de fer, elle mettait en scène la gure de protectrice et de mère avec ses robes renvoyant à l’habit traditionnel ukrainien, sa tresse autour de la tête…

Les centaines de milliers de femmes et d’enfants se réfugiant hors d’Ukraine pendant que les hommes restent pour défendre le pays – les Ukrainiens de 18 à 60 ans ont interdiction de sortir du territoire* – n’illustrent-ils pas cette fonction de la femme protectrice du foyer ?

Tout à fait. Même si, comme je l’ai dit, ce rôle primordial n’exclut pas du tout que les femmes s’engagent dans les combats. D’ailleurs, quelques semaines avant l’agression russe, l’Ukraine a changé sa législation pour recenser les réservistes potentielles chez les femmes. Cela a provoqué des inquiétudes parce que cette mesure n’a été prise dans aucun autre État postsoviétique. Dans des pays occidentaux, ce type de décision susciterait très probablement aussi des questions. Chez les Ukrainiennes, tout ce qui concerne les tâches et le soin domestiques est actuellement discuté. En revanche, la maternité ne l’est pas. C’est le bastion.

Il est encore très tôt pour évoquer les conséquences mais cette intégration très forte des femmes dans la guerre, à tous les niveaux, peut-elle avoir un impact sur la distribution des rôles entre les femmes et les hommes?

Nous n’en sommes pas du tout là. Il faudra d’abord savoir quel sera le degré de traumatisme de la population ukrainienne, considérer l’état psychique de celles et ceux qui auront vécu la guerre. Il faudra également voir dans quoi ils reviendront : beaucoup de villes sont d’ores et déjà à reconstruire et de nombreuses personnes ne pourront pas revenir chez elles. La recomposition des places sera un des éléments, mais pas tout de suite.

5 PHOTOGRAPHES À SUIVRE SUR LE TERRAIN

ANDRIY DUBCHAK

Reporter freelance, il poste vidéos et images des combats et des victimes civiles, à Kyiv, Irpin, et aussi au Donbass, dont il a suivi dès 2014 les manifestations de Maïdan. Une chronique au long cours de ce conflit qui s’est mué en guerre.

@andriy.dubchak @donbas.frontliner

JUSTYNA MIELNIEKIEWICZ

Cette photojournaliste et vidéaste indépendante polonaise, qui habituellement vit à Tbilissi, en Géorgie, est partie pour l’Ukraine, d’où elle documente la vie des civils, comme un acte de résistance face aux troupes russes.

@justmiel OKSANA PARAFENIUK

Photographe indépendante basée à Kyiv, en temps de paix, elle explorait les signes de résilience et de dignité des personnes face aux épreuves. Désormais, elle chronique la guerre.

@oksana_par

LYNSEY ADDARIO

Photographe de guerre américaine, lauréate du Pulitzer, elle montre les ravages de la guerre sur les habitants, les villes et les paysages.

@lynseyaddario

EVGENY MALOLETKA

Ce photojournaliste de Kyiv saisit l’effroyable engrenage des bombes, des balles, des blessés, des destructions, et l’inévitable choix des armes.

INSTAGRAM.COM: ANDRIY.DUBCHAK, IOKSANA_PAR, LYNSEYADDARIO, JUSTMIEL,EVGENYMALOLETKA. DisruptingDiamonds

Dans la baie d’Arugam, de gauche à droite, les surfeuses Mona, Shamali, Naomi, Nandini, Omu, Isuri, Babyrani (surnommée Baby) et Tiffany posent en sari. Californienne, Tiffany est venue s’installer ici avec mari et enfants il y a une dizaine d’années et a créé, avec Shamali, le premier club de surf féminin sri lankais.

SRI LANKA

Elles bravent les vagues et les préjugés

Dans la baie d’Arugam, à l’est du Sri Lanka, ces villageoises sont des héroïnes. Issues de familles de pêcheurs dévastées par le tsunami de 2004, elles défient aujourd’hui l’océan au sein de l’Arugam Bay Girls Surf Club, le premier club de surf féminin du pays. Mais aussi la tradition locale, imprégnée de patriarcat, en prouvant qu’elles peuvent être les égales des hommes. Nos reporters sont allés les rencontrer.

This article is from: