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REPORTAGE Sri Lanka, elles bravent les vagues et les préjugés
Chronology of Water), les mémoires de Lidia Yuknavitch : une jeune nageuse bisexuelle, fille d’une mère alcoolique et d’un père qui a abusé d’elle sexuellement, devient sujette à diverses addictions mais parvient à entrer, grâce à la natation, à l’université, où elle participe à un atelier d’écriture. Du lourd. Porteuse du projet depuis 2018, Stewart a vécu trois semaines dans une camionnette dans l’Oregon auprès de l’auteure et ne cache pas son enthousiasme : « Son style est tellement physique et si férocement féminin, expliquait-elle en janvier dernier à Nicole Kidman dans le cadre d’une interview de Variety. Je vais écrire le meilleur “putain” de rôle féminin… un rôle que je veux tellement mais que je ne jouerai pas. » Et, à Cronenberg, en décembre2021, dans Document Journal :« On voit toujours les garçons se branler dans une chaussette. J’adore American Pie, que j’ai découvert à 12 ans, mais les filles n’ont jamais vraiment été autorisées à avoir un corps au cinéma. J’ai très envie de faire un film sur le passage à l’âge adulte qui les considère vraiment. » Plus crue, dans The New Yorker, en novembre dernier : « Je veux faire quelque chose qui va puer et être horriblement embarrassant, mais aussi vous faire mouiller et être vraiment honnête. »
ALORS QU’ELLE A CHOISI SON ACTRICE
en toute discrétion, son moodboard s’épaissit un peu plus chaque jour. Au fil des pages : une photo d’enfance de Yuknavitch et de sa sœur, des images de sang, de piscines et d’appartements miteux des années 70, la mangrove de la rivière Ichetucknee, en Floride… Si son ambition formelle a quelque chose à voir avec la prose viscérale des mémoires de l’auteure, elle révèle surtout le goût de Stewart pour l’expérimentation. En 2017, dans le cadre de son premier court métrage, Come Swim, le voyage mental d’un homme noyé dans son chagrin présenté en avant-première au Festival de Sundance et à Cannes, elle publie un article scienti que sur le site de la bibliothèque de l’université Cornell. Coécrit avec un ingénieur des effets spéciaux et son producteur, le texte aborde le « Neural Style Transfer », une intelligence artificielle qui lui a permis de donner à son image vidéo le style impressionniste d’une de ses peintures représentant un homme au cœur brisé sous l’eau.
LA PEAU DE STEWART EST AUSSI TOUT UN
POÈME où cohabitent : l’ampoule du Guernica de Picasso, le logo du groupe de punk hardcore Black Flag, un « swim » enserré dans une flèche, le symbole de l’in ni, « L.A. », « one more time with feeling », un domino… Ce faisceau d’indices plein de mystères rappelle ses débuts de poétesse dans un numéro de Marie Claire États-Unis, en 2014 : « My Heart is a Wiffle Ball/ Freedom Pole » (Mon cœur est une batte de baseball/Pôle de la Liberté), titraitelle, pour se remettre du scandale Rupert Sanders et de sa rupture avec Robert Pattinson. En réalité, Stewart n’est pas si lyrique. À la di érence d’un certain nombre d’actrices de sa génération, qui dispensent des discours mélodramatiques au micro de l’ONU ou autres tribunes engagées, elle agit comme une snipeuse. « Je ne compte plus les fois où j’ai sauvé des maquilleuses, glisse-t-elle pendant l’affaire Weinstein lors de la soirée des Elle Women in Hollywood Awards, en octobre 2017. Parce que cela arrive aussi aux maquilleuses, aux assistantes caméra interpellées par des “Hey, baby”. Ça se passe à tous les niveaux. » Ou la même année, lors d’une émission du Saturday Night Live : « Je suis tellement gay »,
lance-t-elle en réaction à une série de tweets de Donald Trump écrits quelques années avant son élection (entre autres : « Robert Pattinson ne devrait pas se remettre avec Kristen Stewart. Elle l’a trompé comme une chienne et elle le refera. Il peut trouver bien mieux. »)« Rien ne me rend plus heureuse si cela peut aider les gens, livre-t-elle aujourd’hui. Mais je ne cherche pas à mettre en avant ce genre de choses… Je ne veux pas être un modèle. Ce serait ridicule car ma démarche n’est pas proactive. » APRÈS LE PETIT ROBERT, son cœur s’est épris de la chanteuse et actrice française Soko, de la mannequin Stella Maxwell, de la styliste Sara Dinkin, de la productrice d’effets visuels Alicia Cargile et, plus récemment, de la scénariste Dylan Meyer, qui a notamment travaillé sur le lm Net ix Moxie ! – l’histoire d’une ado timide qui s’élève contre le sexisme au col“ J’ai très envie de faire un lm sur le passage à l’âge adulte qui considère vraiment lège. Les deux femmes viennent d’ailleurs de se fiancer et collaborent à un projet de série dont elles ont écrit le premier épisode en dix jours : « C’est comme si on s’était les femmes. ” découvert un “super cer veau” », s’est enthousias mée Stewart. La cause LGBTQIA+ est aussi au cœur d’un autre projet : la conception d’une téléréalité gay de chasse aux fantômes présentée comme « une aventure paranormale dans un espace queer ». Depuis, sa chère et tendre l’a baptisée « My hard working princess ». Une vraie bosseuse, qui bat froid les baguettes magiques. 1. Dans Seberg, de Benedict Andrews, 2019, avec aussi Yvan Attal, Gabriel Sky… 2. De Floria Sigismondi, 2010, avec aussi Dakota Fanning, Michael Shannon… 3. De Peter Sattler. 4. De Catherine Hardwicke, 2008, avec aussi Robert Pattinson, Billy Burke… 5. Avec aussi Léa Seydoux… Date de sortie en salle non encore communiquée.
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PRESSE. Lightness, Frieke Janssens.
L’INSUPPORTABLE LÉGÈRETÉ DE L’ÊTRE
Photo Knokke-Heist Jusqu’au 12 juin au Centre culturel Scharpoord de Knokke-Heist, fotoknokke-heist.be CULTURE
URGENCE CLIMATIQUE
N’ayant plus de temps à perdre, The Climate Show réunit l’art et la science pour fournir une scène unique au débat sur le climat. Un mélange entre théâtre, cinéma, installation et performance collective.
Par Étienne Heylen La fonte des calottes polaires, les inondations, les vagues de chaleur, les tempêtes et les glissements de terrain... La réalité de la crise climatique n’a plus besoin d’être démontrée. L’inaction de notre société sur cette question cruciale reste poignante. Comment l’expliquer, alors que nous avons encore la chance d’assurer l’avenir ? Quelles solutions pouvons-nous, individuellement et collectivement, apporter ici et maintenant ? Le Climate Show o re une nouvelle étape pour penser aux scénarios possibles et provoque un autre type de débat public, avec la participation de scienti ques et de porteparole prestigieux. François Gemenne, spécialiste de la géopolitique environnementale et de la gestion des migrations à l’Université de Liège, l’auteur David Van Reybrouck, la militante écologiste Lucie Pinson et l’auteur et conférencier Cyril Dion. En plus de l’exposition, on pourra également admirer les sculptures engagées de l’artiste multimédia Gloria Friedmann, avec ses « tableaux vivants » et les montages de Chris Jordan. Ce projet d’avant-garde vise à mettre l’émotion au service de la responsabilité sociale.
The Climate Show, jusqu’au 30 juin à Bruxelles Expo, Palais 2, theclimateshow.eu
Fête des Plantes
C’est un écrin magnifique pour fêter le printemps: dans ce parc superbe, 240 exposants strictement sélectionnés se consacrent aux plantes, aux fleurs et à la décoration de jardin. L’édition est consacrée aux Trois Mousquetaires et à leur région natale, le Gers (Gascogne).
Les 6, 7 et 8 mai au Parc de Beervelde, parkvanbeervelde.be BRUXELLES
Éditions
Mr. Brainwash (Thierry Guetta) est l’un des artistes de rue les plus importants de notre époque. Il est surtout connu pour sa synthèse parfaite entre pop et street art. En plus d’une sélection exclusive d’œuvres antérieures, il présente également de nouvelles créations.
Jusqu’au 24 juin, Deodato Art Gallery, 28 rue Saint-Jean, deodato.be LOUVAIN
Dry Culture Wet Culture
L’artiste égyptien Wael Shawky voit, en particulier dans le monde arabe, un changement constant des Bédouins errants traditionnels dans le désert sec (culture sèche) à une société sédentaire basée sur l’irrigation et l’agriculture (culture humide). Passionnant.
Jusqu’au 28 août au MLeuven, 28 rue Leopold Vankerkelen, mleuven.be BRUXELLES
Collectible
Cinquième édition de la foire internationale pour le design du XXIe siècle, pensée et développée comme une plateforme mettant en lumière le meilleur du design contemporain de collection et de ses créateurs et acteurs d’exception, établis comme émergents. Un incontournable.
Du 20 au 22 mai à l’Espace Vanderborght, 50 rue de l’Écuyer, agenda.brussels/fr
TEMPORA PRODUCTION - 2022. Sandro Miller, Tadi, Joburg, 2019.
ODE À LA FEMME
Dès la Préhistoire, les artistes ont été inspirés par la beauté du corps féminin. Il suffit de penser à la Vénus de Willendorf, dont les archéologues supposent qu’elle date de 25 000 ans. L’exposition Portrait of a Lady crée un dialogue entre di érentes cultures et civilisations orientales et occidentales, à travers une sélection de pièces anciennes et contemporaines. Une attention particulière est également accordée au parcours de vie de certaines femmes exceptionnelles et de personnages historiques. On y admire des œuvres de Grèce et d’Afrique, y compris la reine de Saba, qui est mentionnée à la fois dans la Bible hébraïque et le Coran, et Didon, reine et fondatrice de Carthage.
Portrait of a Lady, jusqu’au 4 septembre à laVilla Empain (Fondation Boghossian), 67 av. Franklin Roosevelt à Bruxelles, boghossianfoundation.be
Diana Markosian, The Arrival, 2019. Série Santa Barbara.
PRESSE. DIANA MARKOSIAN/COURTESY GALERIE LES FILLES DU CALVAIRE, PARIS.
ENTRE MÉMOIRE ET IMAGINAIRE
Diana Markosian (°1989) raconte l’histoire de la migration de sa famille de façon surprenante et émouvante. Sur la base de films, de photographies et de séquences d’archives, elle démêle les choix extrêmes que sa mère a dû faire. Au milieu des années nonante, elle veut échapper aux conditions de vie sombres de la Russie post-soviétique. Le feuilleton américain lui offre une fenêtre sur un autre monde. Elle décide de tout laisser derrière elle et déménage aux États-Unis, à la recherche d’une vie meilleure pour elle et ses deux enfants. Ce projet personnel est la tentative de Markosian de comprendre les choix de sa mère. Non seulement elle s’est plongée dans les archives familiales, mais elle a également reconstitué son histoire sous la forme d’un feuilleton. L’exposition est un mélange particulier de mémoire et d’imagination. FoMu accueillera la première européenne.
Diana Markosian, Santa Barbara. Jusqu’au 28 août au Musée de la photo, 4 quai des Wallons à Anvers, fomu.be
PRETTY LOUD, LES FÉMINISTES DU RAP ROM
C’est un girls band qui ne ressemble à aucun autre. Pretty Loud, originaire de Serbie, s’est fondé pour faire entendre très fort la voix des filles et femmes de la communauté rom. Contre les mariages forcés, les maternités précoces et la pauvreté, elles rappent. Rencontre à Belgrade.
Par Joëlle Lehrer
Silvia Sinani, 24 ans, n’est pas à proprement parler le leader de Pretty Loud mais c’est elle qui s’exprime le plus facilement en anglais. C’est donc elle qui répondra à mes questions. Nous nous trouvons au KC Grad, un centre culturel de Belgrade, à deux pas du Danube. Aujourd’hui, Silvia a choisi de porter un pull jaune qui claque alors que le ciel est imperturbablement gris. C’est un signe de l’énergie que cette jeune femme dégage. Dans son groupe, elles sont six et pour ce qu’on en comprend, elles n’ont pas intégré les codes vestimentaires des rappeuses de l’Ouest. « Le groupe est né à l’initiative de GRUBB Foundation, dont l’action se concentre sur l’éducation des Roms. Nos thématiques sont celles qui touchent les femmes de notre communauté mais concernent également les autres femmes. »
LA PLACE DES FEMMES DANS L’ORCHESTRE
Pour l’heure, les membres du groupe o cient comme bénévoles. Silvia, quant à elle, est prof de danse. « Nous avons sorti notre premier clip au début de la pandémie, en 2020. Et il a été vu par des centaines de milliers de personnes, dans les Balkans mais ailleurs aussi. » Leur morceau Ravnopravo leur a ouvert les portes des grands médias nationaux comme internationaux. Le New York Times leur a consacré un article important. « Le patriarcat au sein de notre communauté est très fort mais les jeunes femmes comme nous appellent au changement. Elles veulent pouvoir prendre les décisions qui les concernent. Elles ne veulent plus être mariées à 16 ans. Elles veulent pouvoir aller à l’école et trouver du travail ensuite. » Silvia est fiancée à un jeune homme qui fait du rap comme elle et qu’elle a pu choisir. « Les choses changent peu à peu », dit-elle. Leur musique provient de la rencontre entre la musique traditionnelle rom et le hip-hop. Dans les orchestres tziganes, les musiciens sont tous des hommes. Et lorsqu’il y a une femme, elle chante ou danse. D’après Silvia, on commence à voir des lles jouer du violon, de la guitare ou du darbouka.
#METOO DES BALKANS
Soutenues par l’ONU, les lles de Pretty Loud s’inscrivent aussi dans le mouvement #MeToo des Balkans et dénoncent la violence à l’égard des femmes. Qu’elles soient roms ou non. « On ne nous a pas donné la permission de parler fort, on l’a prise », conclut Silvia.
Merci au Festival Balkan Trafik qui nous a permis de réaliser ce reportage. Balkan Trafik Festival, à Bruxelles et Namur, du 28 avril au 1er mai.
ALESSANDRO GANDOLFI.
ON EST FAN
Florence + The Machine
Digne héritière de Kate Bush, Florence Welch a su nous subjuguer par sa musique et son univers plein de symboles, dès le succès de son premier album Lungs, paru en 2009. Depuis, le groupe constitué autour de cette femme fougueuse et singulière, appelé avec humour « Florence + The Machine », s’est hissé dans les charts. Quatre ans après High As Hope, Florence propose Dance Fever. Un album bâti entre New York et Londres avant et pendant la pandémie. Inspiré par la choréomania, un phénomène datant de la Renaissance et désignant une danse à outrance, sauvage et sans fin, Dance Fever véhicule une musique habitée et énergique faite pour danser. Jack Antono et Dave Bailey (de Glass Animals) ont collaboré à la production de l’album. Pour les textes, Florence Welch, qui a le sens de la poésie, a puisé une part de son inspiration dans l’art des héroïnes préraphaélites.
Dance Fever, Universal Music, sortie le 13 mai.
ALEX THOMAS. MICHAEL MARCELLE. PRESSE.
ON RETROUVE Lous and The Yakuza
En guise d’apéricube avant la sortie en septembre-octobre de son deuxième album, Lous and The Yakuza livre Kisé. Ce single, produit par El Guincho et Mems, est largement influencé par sa passion pour les mangas, le hip-hop et la dance. On ne comprend pas forcément tout ce qu’elle chante mais on se laisse entraîner par le son. L’artiste est, enfin, prête à se produire sur scène et c’est une bonne nouvelle.
ON APPROUVE Alaska Gold Rush
Renaud Ledru et Nicky Collaer forment le groupe Alaska Gold Rush depuis quelques années. Ils aiment qualifier leur musique de free folk garage mais peu importe le nom, on trouve sur ce troisième album de belles lignes mélodiques folk et une énergie entraînante très rock. Chaque morceau de ce disque, qui en compte dix, met l’accent sur les relations humaines et leurs côtés lumineux.
ON SAVOURE Arcade Fire
Les Canadiens sont de retour après cinq ans d’absence. En prélude à la sortie de We, ils proposent un ample single The Lightning I, II qui ne rompt pas avec leur style légendaire. Pour se chauffer avant la tournée, Arcade Fire a donné un concert surprise à New York dont les bénéfices ont été versés au profit de l’Ukraine. L’album contient un hommage à Bowie, l’un des grands modèles du groupe.
We, Sony Music, sortie le 6 mai.
CANNES 2022,
RETOUR À LA NORMALE OU PRESQUE
Après l’édition 2021 déplacée en juillet et sous le signe de la pandémie, le Festival de Cannes retrouve ses repères connus. Du 17 au 28 mai, voici ce que l’on pourra voir sur la Croisette. Par Joëlle Lehrer
On attend beaucoup plus de (beau) monde à Cannes, cette année. Les salles retrouveront leur jauge normale et les masques protecteurs pourront tomber. L’édition 2022 sera presque complètement normale. Car le con it en Ukraine et son cortège horri que interpellent la communauté artistique. Ainsi, The Natural History of Destruction, du réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa, qui se rapporte à la Seconde Guerre Mondiale, sera projeté en séance spéciale. Et il se peut que des cinéastes russes, anti-Poutine, débarquent, eux aussi, avec de la bonne pellicule dans leurs valises. Bien que la sélection cannoise n’ait pas encore été annoncée à l’heure où nous bouclons, nous avons pu glaner quelques infos de choix.
Top Gun: Maverick
VIRGINIE EFIRA, MAÎTRESSE DE CÉRÉMONIE
Devenue en quelques films l’une des stars les plus bankables du cinéma français, Virginie Efira a été choisie par le Festival comme maîtresse de cérémonie. Elle officiera à la cérémonie d’ouverture, le 17 mai, comme à la clôture, onze jours plus tard. On ne doute pas que son talent, son élégance et son peps apporteront tout l’éclat nécessaire à ces événements retransmis en télé sur France 2.
HOMMAGE À TOM CRUISE
Top Gun: Maverick, réalisé par Joseph Kosinski, se présente comme la suite, trente ans plus tard, de Top Gun. Tom Cruise y reprend son rôle et tente de former de nouveaux pilotes. Le cast comprend Miles Teller et Jennifer Connelly. Cruise viendra en personne sur la Croisette le 18 mai. Et le Festival a choisi de lui rendre un hommage spécial. L’acteur n’avait pas été à Cannes depuis trente ans… La sortie du film est prévue chez nous le 25 mai.
LES JEUNES ANNÉES DU KING
Les films de Baz Luhrmann ont toujours de la magnificence et de l’excentricité. On pense notamment à Moulin Rouge et à Roméo + Juliette. Cette fois, le réalisateur australien a choisi de retracer la formidable ascension d’Elvis Presley. Un p’tit gars pauvre du Tennessee devenu une rockstar planétaire. Son lien avec son manager, le redouté Colonel Parker a retenu particulièrement l’attention du cinéaste. Pour incarner ce dernier, c’est Tom Hanks -pratiquement méconnaissable- qui a été choisi. Quant au King, l’acteur Austin Butler qui réussit une étonnante performance. Le film sortira chez nous le 22 juin.
Elvis
BLONDE PLATINE
On attend beaucoup de Blonde, l’adaptation du livre de Joyce Carol Oates, réalisé par Andrew Dominik et qui donne une version très intime de la vie de Marylin Monroe. L’actrice, disparue le 4 août il y a soixante ans, est incarnée ici par Ana de Armas. Le film sera diffusé sur Netflix mais pourrait bénéficier d’une sortie en salles.
DU CÔTÉ BELGE
Il se dit que Saint Habib, de Benoît Mariage, pourrait débarquer au Festival, sans doute dans une section parallèle. Cette comédie douceamère relate les tribulations d’un jeune acteur belge, d’origine marocaine, qui, pour casser son image, accepte le rôle de saint François d’Assise. Le Français Bastien Ughetto incarne Habib et Catherine Deneuve fait une apparition dans le film. On a hâte de voir ça!
PRESSE.
GRAND ÉCRAN
Ce mois-ci, on découvre une épopée viking, le secret de Downton Abbey, le face-à-face Charlotte Gainsbourg-Emmanuelle Béart et Rebel Wilson en pom-pom girl… Par Joëlle Lehrer
ON EST EXCITÉ
The Northman, de Robert Eggers, gure parmi les blockbusters les plus attendus du printemps. Cette épopée fantastique nous emmène à la découverte d’une légende viking du Xe siècle qui aurait inspiré Hamlet. Le ls d’un roi devenu grand entend venger le meurtre de son père. La magie et le mysticisme compensent les scènes violentes. Et le casting cinq étoiles ajoute un sérieux bonus. Nicole Kidman intrigue en reine nordique, Anya Taylor-Joy a des visions, Björk -dont c’est le grand retour au cinéma- jette des sorts et, bien sûr, Alexander Skarsgård incarne parfaitement ce guerrier vengeur. Du grand spectacle à voir sur grand écran.
The Northman, de Robert Eggers, avec Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Anya Taylor-Joy et Björk, en salles.
PRESSE.
ON EST ÉMU
Que fait une femme, mère de deux ados, après que son mari l’a quittée? Eh bien, elle doit absolument trouver du travail et se retrouver. Tel est le pitch de Les Passagers de la nuit, de Mickhaël Hers, dans lequel Charlotte Gainsbourg tient le premier rôle féminin. Avec sa voix toute douce, l’héroïne parviendra à trouver un job en radio, dans l’émission de nuit qu’anime Emmanuelle Béart. Beau face-à-face entre ces deux-là. La famille sera rejointe par de très intéressants personnages reflétant bien l’esprit de Paris dans les années Mitterrand.
Les Passagers de la nuit, de Mickhaël Hers, avec Charlotte Gainsbourg, Emmanuelle Béart et Noée Abita, sortie le 25 mai. ON RETOURNE AU LYCÉE
Rebel Wilson compte certainement parmi les actrices les plus drôles des États-Unis. Dans The Senior Year, elle retourne au lycée vingt ans après être tombée dans le coma. Elle retrouve certaines de ses sensations, quand elle était une cheerleader - vous savez, ces filles qui agitent des pompons et encouragent les équipes sportives - sauf qu’elle a vingt ans de plus. Et bien sûr, les autres filles ont l’âge d’aller à l’école… Mais Rebel tient à son titre de «prom queen» et va se battre pour ça. On rit!
The Senior Year, de Alex Hardcastle, avec Rebel Wilson, Angourie Rice, Sam Richardson et Alicia Silverstone, sortie le 13 mai, sur Netflix. ON DÉCOUVRE UN SECRET
Mais comment apporter une suite intrigante à Downton Abbey? En y ajoutant le secret de jeunesse de Lady Violet, la toujours caustique tata incarnée par l’inégalable Maggie Smith, par exemple. Dans Downton Abbey II, la nouvelle ère, de Simon Curtis, la famille au sens large et leurs domestiques découvrent non seulement que l’auguste doyenne a un secret mais aussi une propriété dans le sud de la France. Les Anglais débarquent à Nice alors qu’à Downton Abbey, une équipe de cinéma investit les lieux. Plaisant.
Downton Abbey II, la nouvelle ère, de Simon Curtis, avec Maggie Smith, Imelda Staunton, Hugh Dancy et Michelle Dockery, sortie le 4 mai.
Downton Abbey, en vrai
Alors que le deuxième long métrage consacré à la saga Downton Abbey arrive sur nos écrans, les fans seront ravis d’apprendre que le château où ont été tournés la série et les films est ouvert au public. La pétillante Lady Fiona Carnarvon, celle qui a remis le château de Highclere sur le devant de la scène, nous a conviés à une petite visite de son domaine.
Par Elspeth Jenkins Adaptation Marie Honnay
Le retour sur le devant de la scène de ce beau domaine n’est pas vraiment une surprise. Au cours de son histoire, bien avant que quiconque n’ait jamais entendu parler de Downton Abbey, le château de Highclere a en e et fait la une des journaux à plusieurs reprises. Situé dans la campagne britannique, dans le Hampshire, le magni que domaine est la résidence historique des comtes de Carnarvon. Au début du XXe siècle, c’est Lady Almina Carnarvon qui, avec son mari Lord Carnarvon, a nancé l’expédition qui a conduit à la découverte de la tombe de Toutânkhamon en Égypte. En tant qu’héritière du banquier Alfred de Rothschild, l’un des hommes les plus riches du monde à l’époque, la plus fortunée des deux, c’était elle. Son histoire ressemble un peu à celle de Lady Cora Grantham dans la série : une riche héritière qui déménage en Angleterre pour se marier avec un seigneur britannique et qui entretient financièrement la succession de son mari. Il est évident que Julian Fellowes, scénariste de la saga, a puisé son inspiration dans la riche histoire du château de Highclere. Totalement investie dans la conservation et la sauvegarde de ce monument emblématique, l’actuelle Lady Carnarvon a ellemême écrit plusieurs livres à ce sujet. Nous l’avons rencontrée.
ADAM HILLIER. PRESSE.
Le château de Highclere a accueilli une belle brochette de résidents illustres, mais, comme c’est le cas aujourd’hui, les femmes ont toujours été le visage et le cœur battant du château.
La série Downton Abbey a été lancée en 2010. Mon livre sur le destin d’Almina est sorti un an plus tard. Avant cela, j’avais déjà eu l’idée d’écrire un livre sur son mari, le 5e Comte de Carnarvon, celui qui avait découvert la tombe de Toutânkhamon. Puis, soudain, je me suis dit que je voulais plutôt écrire quelque chose sur Almina. Je suis tellement contente d’avoir pris cette décision ! J’étais déjà en pourparlers avec des éditeurs concernant mon idée de livre sur le Comte, mais j’ai trouvé intéressant de raconter cette histoire au travers des yeux d’une femme. Gérer une maison comme celle-ci est impossible si on fait cavalier seul. C’était encore plus vrai autrefois. Almina et son mari étaient deux personnages importants sur la scène mondiale. Plus tard, il y a eu Catherine qui, bien sûr, n’était pas aussi riche que sa belle-mère, Almina. Elle a eu une vie assez di cile et n’a pas forcément eu la chance de choisir son destin. Malgré leur différence de génération, elle n’avait pas non plus la même force qu’Almina. À cette époque, les femmes ne pouvaient pas voter et n’étaient même pas autorisées à avoir leur propre compte bancaire. Ni moi, ni la génération de mon ls ne pouvons imaginer à quel point tout était difficile pour ces femmes. Au Royaume-Uni, un titre ne peut être transmis qu’au ls aîné, mais les parents peuvent choisir comment ils partagent l’héritage. En Europe, c’est différent. Napoléon a décidé que tous les enfants devaient hériter d’une part égale. Conséquence : l’aristocratie s’est retrouvée de plus en plus fragmentée. Quand j’apprends qu’un couple d’amis installé en Écosse n’a pas le droit de transmettre son titre à sa fille unique, mais bien à un cousin éloigné, j’ai du mal à l’accepter. Au fait, saviez-vous que le 4e comte de Carnarvon était pour l’introduction du su rage féminin ? Dans la société victorienne des années 1800, militer en faveur des droits des femmes n’avait rien d’une évidence. Il ne pouvait pas accepter qu’une grande partie de la population ne soit pas impliquée dans le droit de vote. Il était très en avance sur son temps.
Le château est-il encore habité?
Nous vivons ici. Chaque saison de la série a nécessité six mois de tournage. Il était donc plus facile de vivre dans le château. Le deuxième film a été tourné en avril, mai et juin 2021 avec un mois de retard en raison de la pandémie. C’était un énorme défi de respecter toutes les mesures. Il y avait une équipe médicale sur le plateau pour que tout le monde puisse être testé tous les jours, mais tout était bien organisé. Je pense que l’équipe et les acteurs étaient contents que nous puissions reprendre le travail. Le salon dans lequel nous nous trouvons maintenant était trop petit pour y installer une équipe de tournage. C’est donc là que Maggie Smith s’est installée entre les prises. C’était comme une réunion de famille. Ce qui m’a séduite dans la série, c’est que le scénariste a osé aborder des sujets di ciles, comme le viol d’Anna, la femme de chambre, ou l’arrestation du majordome Thomas Barrow à une soirée illégale de la scène gay. Un bon indicateur de la dangerosité de la société de l’époque. L’histoire racontée dans cette série est à la fois remarquable et forte. J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont on peut observer les personnages principaux trouver l’amour, puis le perdre. Toute la série, ainsi que les deux lms, se déroulent autour de ce domaine d’exception. Un peu comme un retour à la maison. J’étais récemment aux États-Unis et c’est incroyable le nombre de personnes qui connaissent cette maison.
Quels sont les projets futurs pour le château de Highclere?
Je travaille actuellement sur un livre portant sur le 5e comte et son rôle dans la découverte de la tombe de Toutânkhamon. Même avant que Downton Abbey ne soit tourné ici, nous avions monté une exposition permanente sur l’égyptologie au sous-sol du château, mais je prévois de la développer encore davantage l’année prochaine, quand le livre sera sorti.
Downton Abbey 2, en salles dès le 4 mai. Pour planifier une visite au Château de Highclere, vous pouvez consulter le site highclerecastle.co.uk 1
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1. Lady Fiona Carnarvon in de beroemdste voordeur van het VK. 2. Net zoals in de serie en films.
À gauche Lady Fiona Carnarvon à la porte d’entrée la plus célèbre du Royaume-Uni. 1. Comme dans les séries et les films. 2. Les fans de Downton reconnaîtront le canapé rouge. 3. Château de Highclere: Le véritable château de Downton Abbey.