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ALIA CARDYN,
égalité-sororité-liberté
Dans Le monde que l’on porte, son sixième roman, l’ex-avocate, devenue autrice, sonde la sororité et interroge la destinée. Si les injonctions faites aux femmes ne les autorisent pas toujours à être pleinement actrices de leur vie, son héroïne, véritable modèle inspirant, ose briser les règles.
La solidarité est un thème transversal dans vos romans, est-elle différente entre femmes?
Je pense que dans un groupe exclusivement féminin, il existe une sorte de magie impalpable, mais puissante, qui permet d’être davantage soi-même parce que l’on est entre pairs. La sororité est un pilier et un outil vers l’égalité, c’est une sorte de pacte émotionnel et éthique, une complicité sans égale qui peut contribuer à changer le monde. Dans mon roman, on a affaire à un clan de femmes qui en accompagnent d’autres dans leur accouchement, de génération en génération. L’empathie entre femmes est un réel outil sociétal et génératrice de moins d’inégalités.
Ce clan a une destinée sans faille, jusqu’au jour où l’une d’entre elle décide de casser les codes…
À dix-huit ans, elle annonce qu’elle ne prendra, en effet, pas le même chemin que les autres. De façon générale, nous vivons dans une société où les injonctions faites aux femmes sont encore extrêmement clivantes. Oser être pleinement soimême et attentive à ses propres envies reste un chemin jonché d’embuches. Or, chacune devrait être totalement libre de devenir actrice de son existence, plutôt que d’en rester spectatrice. S’autoriser à choisir ne va pas encore de soi, quel que soit le genre. Les hommes, comme les femmes, restent très emprisonnés dans des diktats sociétaux forts, régis notamment par le culte de la performance. Être à l’écoute de soi n’est pas encore assez une priorité.
C’est tout le sens de la vie qui en est impacté? Complètement. L’introspection que vit l’un de mes personnages est essentielle dans la quête de sens individuelle. Je suis une grande optimiste de nature, je pense que tout est compliqué, mais que tout est possible aussi ! Il était important pour moi de faire passer l’idée que l’on peut prendre sa destinée en main. La connaissance de soi est primordiale pour réussir à se trouver, à comprendre pourquoi on est fait, pourquoi on exerce un métier et pas un autre… Mon héroïne est un modèle inspirant dans une société qui encourage ou soutient encore trop peu les femmes, même s’il est rassurant de constater que les lignes bougent…cela me met en joie !
Un autre grand thème du roman, c’est l’école démocratique. Un idéal?
Un roman est une formidable tribune pour explorer des thèmes sociétaux majeurs. L’école en est un. La joie d’apprendre se transforme trop souvent en obligation et la valeur d’un enfant reste à mes yeux encore trop souvent associée à ses résultats scolaires. L’enfant devrait avant tout être considéré comme l’égal d’un adulte. On martèle sur les inégalités hommes/femmes et on a raison, mais on a tendance à oublier que l’école peut creuser les inégalités sociales, notamment. L’enseignement est un enjeu majeur et son avenir devrait être au centre du débat.
Le monde que l’on porte, Alia Cardyn, 21 €, Robert Laffont Instagram:@aliacardynecrivain