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ÉDITO

Célébrons le style et la substance

En février dernier, la guerre en Ukraine a éclaté le jour où je m’apprêtais à assister à mon tout premier déf lé Prada à Milan. Ce qui aurait dû être une grande fête- le retour des fashion weeks après deux ans de pandémie -s’est transformé en un dilemme moral pour de nombreux magazines féminins. Avaient-ils le droit de proposer des comptes rendus de déf lés alors qu’une catastrophe humanitaire était en train de se produire près de chez eux? A l’époque, en tant que rédacteur en chef-adjoint de Marie Claire, je n’étais pas confronté à ce dilemme. Pour moi, cette situation soulignait la pertinence de l’ADN de ce magazine. Depuis sa première édition française en 1937, Marie Claire prend la mode et la beauté très au sérieux tout en proposant des reportages journalistiques engagés et pertinents. Les fondateurs de ce titre étaient parfaitement conscients que les gens qui aiment Prada- j’avoue que j’ai, pour ma part, rêvé de ce premier déf lé pendant dix ans –s’intéressent aussi à la guerre et aux nombreuses formes d’injustice qui secouent le monde. Une femme qui veut savoir quel est le meilleur rouge à lèvres du marché s’intéresse probablement tout autant aux sorties cinéma.

Ces mêmes femmes n’ont, en outre, aucune envie de voir ces sujets traités de manière cliché et superf cielle. Cette liberté de ton, c’est le patrimoine de Marie Claire. Dans mon premier numéro en tant que rédacteur en chef de ce beau titre, j’ai donc pensé qu’il était important de souligner davantage cet ADN si particulier. Forts de notre devise CÉLÉBRONS LE

STYLE ET LA SUBSTANCE, nous avons choisi de diviser le magazine en deux chapitres des mêmes noms. Substance couvre le volet reportages, les interviews et les pages culture. Style met en lumière le meilleur de ce que le monde de la mode, de la beauté et du lifestyle a à of rir. Une manière de célébrer notre dualité unique. Le droit des femmes constitue un autre pilier important de Marie Claire. Nous avons été le premier magazine féministe en Europe. Malheureusement, ce militantisme reste de la plus haute importance, tant les inégalités hommes/femmes demeurent une réalité dans de nombreux pays du monde. Je suis néanmoins convaincu que si nous voulons rester un magazine moderne et pertinent, il faut oser élargir notre regard sur le féminisme. Par exemple, les questions traditionnelles telles que le droit à l’avortement ou les opportunités de carrière restent importantes, mais il nous appartient de souligner que les migrantes, les lesbiennes ou les trans n’osent même pas en rêver. Lorsqu’il a lancé ce magazine, Jean Prouvost rappelait déjà l’importance que «tout le monde puisse s’identif er à Marie Claire». À ce titre, il était déjà très en avance sur son temps. Au moment de boucler ce numéro, je tiens également à remercier mon équipe. Sans elle, je ne pourrais pas me montrer aussi f er de ce magazine: un Marie Claire, à la fois fort et élégant en termes de contenu. Je vous souhaite une très bonne lecture.

Timon Van Mechelen

Rédacteur en chef timonvm

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