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LIVRES Jean-Paul Masse de Rouch passion Pompilio
JEAN-PAUL MASSE DE ROUCH, PASSION POMPILIO
Il a fait le pari d’un exercice de style audacieux: écrire la biographie d’Elvis Pompilio, pape du chapeau belge, à la première personne du singulier. Sa plume décalée retrace le parcours du modiste qui a coiffé les stars du monde entier.
Par Aurélia Dejond
Écrire au «je» sur la vie de son compagnon, pour le romancier que vous êtes, un défi littéraire à part entière?
C’est un exercice atypique, un enjeu supplémentaire, d’autant plus étonnant que je connais évidemment très bien Elvis. Ecrire à la première personne du singulier, sans que ce soit une autobiographie, est très challengeant. Je me suis installé dans sa peau, sans être lui pour autant. Nous n’avons d’ailleurs réalisé aucune interview ou entretien, j’ai tout écrit de mémoire et d’une traite. C’était comme une évidence à mes yeux: parler de lui m’était complètement naturel. Comme romancier, j’avais envie d’oser écrire le récit d’une vie réelle. M’essayer à la biographie, qui est un parti pris, m’amusait. Je l’ai fait une première fois et aujourd’hui, j’ai actualisé le récit. Je reste fasciné par le parcours d’Elvis!
Une façon de laisser une trace?
De proposer une explication, plus exactement. Un besoin de ma part de rendre compte, de faire comprendre, de rétablir la vérité. Car une biographie n’idéalise pas, elle relate, remet en contexte, précise, afne. Certains choix d’Elvis n’ont pas toujours été compris, comme celui de fermer sa boutique en 2022 pour se consacrer à des collaborations avec des créateurs de mode. En 2010, il ouvrait son atelier… c’est un chemin de vie balisé de bonheurs, de réflexions propres à tout artiste. Un parcours fulgurant, atypique, celui d’un créateur artisan dans l’âme, qui a réalisé des œuvres d’art dont certaines sont devenues pièces de musée. Comme fls de mineur italien immigré en Belgique, Elvis a toujours gardé les pieds sur terre: c’est un être très authentique.
Comment accueille-t-il cette version remise à jour de sa biographie?
Je n’en sais rien (rires) ! Il semblait content du projet et une fois qu’il a été réalisé, nous n’en avons plus jamais parlé, comme si passer à autre chose était tout à fait naturel. Pour ma part, j’étais soulagé d’avoir réussi à mettre un point fnal au récit…Etape pas aussi évidente qu’elle y paraît. Décider de publier le texte plutôt que le garder pour soi m’a paru aller de soi. Et très étrangement, je n’ai pas l’impression de l’avoir découvert sous d’autres angles depuis l’écriture du livre. Je le connais par cœur, c’est incroyable!