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C'est mon histoire : « Son infidélité

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Psycho rigolo

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« SON INFIDÉLITÉ M’A SAUVÉE DE SON EMPRISE »

Il m’a trompée. C’était moche, c’était laid, et ça pourrait suffire. Mais ce n’est que le morceau le plus clean de l’histoire. Le pire, ce ne sont pas les aventures qu’il a multipliées avec de jeunes femmes innocentes ni la manière feuilletonesque qui m’a conduite à l’apprendre. Le pire, ce n’est pas la pellicule de déception qui recouvre notre histoire. Le pire, ce ne sont pas les menaces, la fuite, le vertige. Le pire, c’est tout ce qui s’est passé avant et dont je n’avais même pas conscience avant que l’électrochoc de l’infidélité me tire de l’épais brouillard dans lequel j’étouffais…

Nous sommes dimanche, c’est mon anniversaire. Mon amie Lisa m’appelle, je ne décroche pas. Je fais la grasse matinée dans les bras d’Alexandre, l’homme que j’aime depuis huit ans. Elle insiste, je finis par lui envoyer un message : « Tu pourras me chanter “Happy Birthday” plus tard ma poule, je profite. » Elle ne répond pas. Vers 14 h, je reçois de sa part un « Je dois impérativement te parler » qui me glace les sangs. Je comprends immédiatement que c’est grave et je la rappelle. Elle commence par me demander si je suis seule, si je peux m’éloigner d’Alexandre pour qu’elle puisse « tout me dire ». Je ne le peux pas : depuis le début de ma relation avec Alexandre, je passe et reçois mes appels sur haut-parleur, qu’il soit ou non dans la pièce. Alexandre prétend que c’est la seule manière de ne pas s’exposer massivement aux ondes des GSM et il se plaît à répéter que nous n’avons pas de secret l’un pour l’autre. Puisque je n’ai rien à cacher, ça ne m’a jamais dérangé. Lui, il ne reçoit jamais d’appels, il dirige tout vers sa messagerie et ne communique que par écrit. C’est comme ça, il n’aime pas le téléphone et je respecte sa manière de fonctionner. Je la respecte d’ailleurs tellement que je me plie depuis toujours à ses petites manies : ne pas mélanger nos vêtements dans la machine à laver (« Question d’hygiène, chérie »), ne pas toucher à ses affaires, même pour les ranger (« Tu ne sais pas plier un T-shirt »), vivre sous l’oeil des caméras de surveillance disposées partout dans la maison (« Question de sécurité »). Lisa ne dit rien et me demande de la rappeler quand je serai seule. Alexandre me regarde, l’air sévère. Il a toujours détesté Lisa qu’il qualifie de folle et de jalouse. Je ne parviens pas à me détacher de l’impression d’urgence qui m’envahit. En soirée, je profite d’un tour aux toilettes pour retéléphoner à Lisa en secret. C’est la première fois que je transgresse la règle, mais ce soir, je n’ai pas envie d’entendre des hurlements. Alexandre hurle beaucoup. Ça me passe au-dessus de la tête tellement c’est fréquent. Il peut crier pendant

15 minutes pour une paire de chaussures oubliées dans l’entrée ou pour un spaghetti un peu trop cuit. Je viens d’une famille très stricte, mon père se mettait dans des états insensés pour des détails domestiques. J’ai donc considéré les colères d’Alexandre comme une simple expression de sa personnalité et non comme une haine dirigée contre moi. Je fais des bêtises, il crie, se calme et ça recommence chaque jour. Rien de plus grave à mes yeux. Mais tout s’apprête à basculer, là, à cet instant : j’entends Lisa m’expliquer qu’elle accueille chez elle, depuis quelques jours, la copine d’une copine venue à Bruxelles pour passer des entretiens d’embauche. La fille est sympa, elles se racontent leur vie, finissent par parler de leur mec et un détail trouble Lisa. La fille en question – Céline – parle de son gars comme du champion de Belgique d’un sport peu pratiqué chez nous. Elle s’en étonne : «Le champion de Belgique de ce sport, c’est le copain de ma meilleure amie. » Et chacune de sortir des détails à propos du type, histoire d’être fixées. Elles n’ont pas de photos de lui (il n’existe pas de photos de lui adulte en dehors de ses papiers d’identité, il ne supporte ni ça ni les réseaux sociaux), mais c’est de toute évidence la même personne. Depuis quatre ans, Alexandre entretient donc une relation régulière avec Céline. Ils louent une maison à 150 bornes, ont un chien qui porte le même nom que le nôtre et se voient peu, car l’Alexandre de cette vie-là se déplace énormément pour son boulot. Pendant le confinement, il est même resté plusieurs semaines bloqué dans un pays lointain (en réalité, il traînait en jogging chez nous et me menait la vie impossible, m’obligeant à désinfecter chaque objet de la maison). Je ne la crois pas, j’exige des preuves, j’oublie que je passe cet appel sans en avoir informé Alexandre et sous le coup de l’ émotion, parle trop fort. Je reproche à Lisa de vouloir briser mon couple et ma vie. Alexandre, m’entendant, entre et m’arrache le téléphone des mains. Je l’entends menacer Lisa de la tuer. Alors qu’il n’est pas supposé savoir ce qu’elle est en train de me confier, il réagit comme un criminel pris en flag. À son regard, je comprends que tout est vrai. Et je ne suis alors qu’au début des révélations. Je prends mon sac et je quitte la maison. Alexandre, qui ne s’est jamais montré violent physiquement, me tord le poignet en tentant de me retenir. J’atterris chez Lisa et découvre Céline, prostrée. J’ai face à moi une jeune femme intelligente, amoureuse, perdue, qui me demande pardon pour une faute qu’elle n’a même pas commise. Elle ignorait autant mon existence que moi la sienne. Ensemble, nous recoupons les indices. Tout colle : les dates, les heures, les prétextes, les manies. En l’entendant me parler du comportement d’Alexandre, je comprends que Céline est sous emprise. Mais si elle l’est… alors moi aussi, et depuis plus longtemps. C’est une révélation. Ce que je pensais être de petits défauts envahissants m’apparaît comme des monstruosités. Je raconte tout : l’interdiction

de monter dans sa voiture et l’obligation de toujours se déplacer dans deux véhicules distincts (« Je n’aime pas ta façon de conduire et j’aime être seul quand je suis au volant»), la géolocalisation sur mon téléphone («Au cas où il t’arriverait quelque chose»), l’obligation de partager mon agenda et les accès à ma boîte mail («On a des vies compliquées et chargées, on a besoin de savoir quand on est libres»)… L’agenda, justement : nous nous apercevons, Céline et moi, que toutes les trois semaines, comme une horloge, Alexandre disparaît de ses radars et des miens durant quatre jours. À moi, il prétend une réunion mensuelle de sa fédération sportive en Allemagne, à elle la même réunion, mais en Angleterre. Nous comprenons que durant ses trois jours, il entretient sans doute des liaisons de plus. Pendant que nous discutons, effarées, Alexandre qui essaye de m’appeler depuis mon départ débarque chez Lisa. Nous le confrontons, il nie. Il traite Céline de malade, d’érotomane, prétend que Lisa a tout orchestré pour me voler ma vie. Son seul but : me ramener à la maison. La manière dont il traite Céline me déçoit encore plus que tout le reste. J’aurais peut-être gardé un peu d’estime pour lui s’il s’était comporté correctement envers elle. Lisa finit par appeler la police, Alexandre s’en va avant son arrivée. Tout va ensuite très vite : Céline rentre chez elle – je n’ai plus aucune nouvelle d’elle, ma seule certitude est qu’elle n’a pas renoué avec lui –, mes amies organisent un quasi-cambriolage de la maison et déménagent toutes mes affaires en moins de 24 heures, l’une d’elles me prête son appart et s’installe chez son copain. C’est comme si toutes « LE PIRE, C’EST TOUT CE QUI S’EST les bonnes fées des contes s’étaient réunies pour me sortir de la vie de Barbe bleue. Je recommence à m’alimenter et

PASSÉ AVANT ET DONT JE N’AVAIS à dormir correctement au bout de huit jours. Je ne pleure

MÊME PAS CONSCIENCE » pas, je suis au contraire étrangement légère. Cette euphorie dure deux semaines. J’oscille entre sensation de liberté et de colère, ce qui me donne une énergie folle. Après 15 jours de silence, Alexandre revient à la charge, prétend qu’il se fait soigner, tente de minimiser ses actes, parle d’une simple aventure avec Céline. Je redescends un peu et mes réactions ressemblent davantage à celle d’une personne blessée. Tout un pan de la vie d’Alexandre – et donc de la mienne – reste un mystère et je crains d’en savoir plus un jour. Parce qu’aujourd’hui, quatre mois après ces révélations et avec l’aide d’un psy extraordinaire et d’amies fantastiques, je revis. Parfois je le hais, parfois il me fait pitié, mais j’avance. Je dois tout réapprendre : comprendre qu’un homme n’est pas forcément un être colérique et contrôlant, accepter de faire des choix et de ne pas les soumettre à l’approbation de l’autre, refaire confiance. Mais je suis sur la bonne voie, libérée, délivrée, en paix.

Texte Juliette Debruxelles

Illustration Florence Collard

Texte Nathalie Evrard

5 conseils

POUR UNE DÉTOX RÉUSSIE

En overdose de sucre et de gras, le tube digestif est parfois « en burn-out ». L’occasion de se lancer dans une cure détox ! À condition de respecter certaines règles. Précisions.

DU BON SENS AVANT TOUT ! Les cures détox incitent très souvent à une alimentation restrictive, fantaisiste, en privilégiant la consommation exclusive de certains aliments. Dans une cure détox idéale, il n’est pas question de se priver de tout ou de jeûner comme un moine, mais de retrouver les bons réflexes d’une hygiène de vie saine : ON ÉVITE : - L’excès de protéines animales. Réduire la quantité de protéines animales à 150 g par jour en privilégiant les œufs, les viandes maigres et les poissons ; - Les plats industrialisés et les plats traiteurs : ils sont trop riches en additifs, et en sel ; - Les plats sucrés ; - L’alcool, le café, les sodas, les jus de fruits industriels. ON PRIVILÉGIE : - Une alimentation riche en fruits et légumes frais, de saison, et si possible cultivés localement ; - On cuisine à l’huile d’olive, penser également aux huiles de noix, de lin, de chanvre, de sésame, pour leur bonne teneur en acides gras polyinsaturés ; - On boit, encore et encore, de l’eau, des tisanes ; - On mise sur les super-aliments : ils se distinguent par leur teneur exceptionnelle en nutriments indispensables. Parmi eux, on trouve les baies de goji ou d’açai, les graines de chia, le ginseng, le curcuma. Mais aussi les algues comme la spiruline ou la chlorella, une algue d’eau douce originaire d’Asie, riche en chlorophylle qui piège les métaux lourds contenus dans l’organisme.

1 3 S’ESSAYER AU YOGA DÉTOX Parmi les dizaines de yogas différents qui existent, la version détox insiste sur le bien-être général, celui du corps et de l’esprit. C’est un yoga qui permet, grâce à des mouvements et des postures spécifiques,de détoxifier le corps et d’apaiser l’esprit. Dit « dynamique », il enchaîne des mouvements simples à réaliser. Chaque partie du corps est étirée puis compressée, afin de participer à l’élimination des toxines. 4 DORMEZ ! Essayez si possible de vous coucher vers 22 h : le corps se recharge la nuit. Et puis pensez aussi à la détente ! Faites des hammams et saunas : un premier cycle de hammam puis 15 minutes de repos puis un sauna et 15 minutes de repos et terminez par un hammam. 5 5 2

LE COUP DE BOOST DES PLANTES Une cure détox peut aussi se compléter par la consommation de plantes hépatobiliaires et/ ou diurétiques. Il en existe de nombreuses, à consommer en gélules, solutions ou tisanes. La bardane et l’ortie sont drainantes et excellentes pour la peau, le chiendent et le pissenlit sont diurétiques, les baies de sureau sont intéressantes pour leurs propriétés dépuratives, le bouleau active les fonctions intestinales, le marron d’Inde est un véritable expert des jambes légères. Le desmodium, le chardon marie et le romarin se prêtent parfaitement à un programme de détoxification car ces plantes stimulent les fonctions de drainage hépatique. Pour un conseil détox personnalisé, demandez conseil à votre pharmacien.

BOUGEZ ! L’élimination des toxines du corps passe aussi par le mouvement. Pratiquez une activité physique régulière pour oxygéner les muscles, « transpirer » les toxines ! Marche, jogging, running, natation ou exercices de gym douce (yoga, fitness, etc.). En salle ou à l’extérieur : à chacun sa préférence, l’important est de se bouger une heure avec une intensité modérée, et ce, deux à trois fois par semaine.

UNSPLASH

héroïne

elle du mois

Tous les mois, Céline Pécheux met en lumière une Wonder Woman du quotidien.

DELPHINE LAVAL

À 38 ans, Delphine perd brutalement son mari d’un choc septique. Et pourtant, dès le lendemain, la vie continue pour elle et ses deux enfants.

«Chris et moi étions fusionnels... Le 5 février 2020 à une heure du matin, après cinq jours au fond de son lit avec de la fièvre et des difficultés à respirer, il me dit qu’il va crever si on n’intervient pas tout de suite. On l’emmène aux urgences en ambulance car il est incapable de marcher. Le médecin de garde décrète après une brève osculation qu’il a la grippe et le renvoie chez lui. Il meurt cinq heures plus tard d’un choc septique. Une mort aussi foudroyante qu’inattendue. La suite, c’est une psy, c’est trouver les mots pour le dire aux enfants, c’est l’organisation des funérailles, ce sont les comptes communs bloqués du jour au lendemain et des montagnes de paperasses à remplir… C’est le ciel qui vous tombe sur la tête et personne pour vous expliquer ce qu’il faut faire pour vous relever. Comme pour la naissance de mes enfants, j’aurais aimé avoir une sage-femme à mes côtés à ce moment-là pour me prendre par la main. Perdre sa moitié, rien ni personne ne vous prépare à cela! Après, il faut aller soi-même à la pêche aux infos pour savoir quelles sont les différentes démarches à faire et ce à quoi on a droit. Je me retrouve donc livrée à moi-même du jour au lendemain avec mes deux enfants en bas âge, une maison et des droits de succession à payer… Je dois sortir 14.000 euros en trois mois. Je commence à flipper pour l’argent. Je pense à louer ma maison, à déménager... Après deux ans, j’ai l’impression de sortir enfin la tête de l’eau. Même si je me bats toujours pour faire la lumière sur ce qui s’est passé à l’hôpital ce jour-là… Remballer un homme en détresse respiratoire sans lui faire une prise de sang, c’est de la négligence. Je ne sais pas si le sauver était possible, mais ce que je sais, c’est qu’on n’a pas essayé et j’aimerais que cela soit reconnu. Mes enfants vont un jour me demander ce qui s’est passé et je veux pouvoir leur répondre. Mais c’est un peu le combat de David contre Goliath. Et puis, une procédure judiciaire, ça coûte cher en argent, mais aussi en énergie. Je ne sais pas si je veux me perdre là-dedans. Ensuite, j’ai découvert que j’étais trop jeune pour toucher la pension de survie (une pension payée pour compenser la perte du revenu du conjoint). Il faut avoir 48 ans pour y avoir droit. Avant, c’est trop jeune pour perdre son mari apparemment… De plus, cette pension n’est pas cumulable avec un autre revenu. Donc je suis trop jeune pour être aidée et même si je pouvais l’être, ça me placerait dans une situation financière précaire. Heureusement, j’ai eu droit à une allocation de transition qui me permettait de payer une aide pour que je puisse travailler et que quelqu’un s’occupe de mes enfants quand je n’étais pas là. Mais cette aide financière n’est octroyée que pendant deux ans. Bien trop court pour se reconstruire. Grâce à l’initiative de la ministre des Pensions Karine Lalieux, elle vient de passer à quatre ans et c’est une bonne chose pour répondre aux besoins des femmes dans mon cas. En fait, je suis en survie. En tant que maman solo, la précarité n’est jamais loin. Tout repose sur mes épaules. Et puis, je suis une femme, une entrepreneuse, une mère, une amie… Je ne suis pas qu’une veuve! Il faut continuer à vivre, faire la fête, sourire, être heureuse. Pourtant, je culpabilise toujours un peu d’avoir des moments d’insouciance. Je déteste l’expression « refaire sa vie ». Pour moi, on ne refait pas sa vie. On la continue. Chris n’aurait pas voulu que je sombre et que je regarde le plafond en le pleurant toute la journée. Je veux vivre et trouver un chouette beaupère pour mes enfants. Je ne veux pas pour autant le remplacer. Impossible. La résilience est un moteur. Je me sens plus forte qu’avant. Même si cette image d’héroïne ou de guerrière que les gens m’attribuent parfois me gêne. Il n’y a rien de l’ordre de l’exploit. Je n’ai juste pas le choix de me battre. D’ailleurs, le mot “courage”, je ne peux plus l’entendre! C’est un peu comme une injonction à être fort alors qu’on est tellement fragile et vulnérable quand on vit un drame comme celui-là. Bien souvent, les gens ne savent pas quoi me dire à ce sujet. C’est fou comme la mort met mal à l’aise. On n’a ni envie d’y penser ni de s’y préparer. Et pourtant, elle fait tellement partie de la vie...»

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