Le pontificat de Jean-Paul II. Un gouvernement contrasté

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Pour l’édition originale en italien intitulée : In difesa della fede. La chiesa di Giovanni Paolo II e Benedetto XVI © 2007, RCS Libri S.p.A., Milan Pour la traduction française, © 2012 Éditions Lessius, 24, boulevard Saint-Michel, 1040 Bruxelles www.editionslessius.be La part-Dieu, 19 ISBN : 978-2-87299-210-2 D 2012/4255/3 Diffusion cerf


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L’interprète contemporain qui cherche à démêler la complexité des orientations et des phases de l’action politique et religieuse de Jean-Paul II, pour en recomposer l’ensemble selon un cadre et une lecture cohérents, se trouve face à de nombreuses difficultés ; ces difficultés ne disparaîtront pas pour les historiens à venir, quand la documentation relative au pontificat de Jean-Paul II sera quasi entièrement disponible. Déjà maintenant, les milliers de discours que le pape prononça au cours de ses innombrables voyages, dans les différents pays du monde, dans les diocèses d’Italie, dans les paroisses romaines, posent le problème difficile de dégager ce qui vient directement de lui ou de ses collaborateurs de confiance, et ce qui est l’œuvre, même revue et contrôlée, des milieux qu’il a visités. Ces quasi vingt-sept ans de pontificat sont en outre marqués, surtout durant la dernière période, par la maladie du pape et son progressif affaiblissement physique. La question se pose (et elle se posera toujours davantage avec le temps) de savoir jusqu’à quand et à quel point le gouvernement complexe de la machine vaticane est resté solidement entre les mains du souverain pontife, dans quelle mesure des décisions et des déclarations présentées comme siennes ou bénéficiant de son aval étaient effectivement l’expression de ses choix et de sa volonté, ou si elles correspondaient au contraire à des interventions et à des préoccupations des bureaux de la curie romaine. Ce ne serait certainement pas la première fois que des mains curiales corrigent, censurent, altèrent ou complètent des déclarations d’un pape âgé et malade,


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en proposant des exégèses inspirées de divergences ou de perplexités quant à l’orientation de ses interventions et de ses jugements. Par ailleurs, le caractère public des textes examinés ici (à savoir les discours du pape ainsi que les déclarations et les instructions qu’il a approuvées) conduit inévitablement, dans l’état actuel des sources, à rapporter à son nom et à sa volonté des décisions qui peuvent avoir été le fruit de collaborations et d’influences non négligeables. Cela peut donner lieu à une simplification de l’analyse, dont il faudra ici tenir compte. Il faut ajouter à cela la remarque, classique de la part d’observateurs spécialisés, que l’exercice quotidien du gouvernement ne fut certainement pas la dimension pour laquelle Jean-Paul II aura montré le plus d’intérêt et de sensibilité. L’interprétation et l’appréciation d’un pontificat aussi long et aussi complexe, qui s’est déroulé au cours de décennies caractérisées par des changements et des traumatismes profonds, en Europe et dans le monde, ainsi que par de graves difficultés et tensions dans le monde ecclésial, sont rendues plus ardues encore par la variété des orientations, des prises de positions, des impulsions, souvent contradictoires, au moins en apparence, qui semblent avoir caractérisé ce pontificat. Du reste, ce n’est pas un hasard si des lectures multiples et divergentes ont déjà été données, çà et là, de la figure et de l’œuvre du pape Wojtyła. Par exemple, à la lumière de la dimension « missionnaire » de son engagement, à laquelle les nombreux voyages dans le tiers Monde ont donné une résonance particulière, certains ont cru pouvoir affirmer que Jean-Paul II a détaché le pontificat romain de l’hémisphère Nord et de l’Occident. D’autres, au contraire, ont fait observer, non sans fondement, que, pour Jean-Paul II, le centre de l’Église catholique est resté significativement européen, malgré son caractère universel. De même, son gouvernement ecclésial a été compris par certains comme fondamentalement restaurateur, décidé à clore la saison tumultueuse de l’après-concile, en interprétant Vatican II de manière réductrice et fermée. On n’a pas hésité ainsi à parler d’une « nuit obscure », qui aurait progressivement marqué son pontificat. Mais d’autres ont plutôt cru pouvoir mettre en évidence une volonté d’actualiser l’œuvre du concile à la lumière des grands changements advenus depuis lors. D’autres encore ont exalté la vision politique et les dons de communicateur de Jean-Paul II, capable de relancer la présence et l’influence


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de l’Église au niveau planétaire, en soulignant la sensibilité du pape aux problèmes du monde et son engagement pour la paix et pour la justice, face à la triple tragédie de la menace atomique, de la course aux armements et du déséquilibre économique, qui condamne à la misère et à la faim une grande partie de la planète : « Un grand pape dans les événements du monde », écrivait la revue Études au lendemain de sa mort. De manière générale, on a pu dire de son pontificat qu’il avait été ouvert et progressiste pour ce qui est de son action dans le monde, mais fermé et conservateur pour ce qui regarde l’Église. Mais des contradictions ont été aussi relevées à ce propos. Les rencontres avec les pauvres et la dénonciation passionnée de leur condition ont représenté des moments saillants des voyages de Jean-Paul II en Amérique latine, en Asie, en Afrique. Mémorables et en quelque sorte programmatiques restent ses paroles aux campesinos et aux indios du Mexique, rencontrés à Cuilapa, dans la région de Oaxaca, à l’occasion de son premier voyage en Amérique latine, en janvier-février 1979 : « Le pape veut être votre voix, la voix de ceux qui ne peuvent pas parler ou qu’on a fait taire. […] Le paysan qui irrigue son découragement avec sa sueur ne peut plus attendre que l’on reconnaisse sa dignité de manière pleine et effective, en rien inférieure à celle de n’importe quel autre secteur social. Il a le droit qu’on le respecte, qu’on ne le prive pas du peu qu’il possède par des manœuvres qui équivalent parfois à de vraies spoliations, qu’on n’empêche pas ses aspirations à participer directement à son élévation. Il a le droit que tombent les barrières de l’exploitation, faites souvent d’égoïsmes intolérables et contre lesquelles éclatent en miettes ses meilleurs efforts de promotion […]. Et maintenant à vous, responsables des peuples, à vous, puissants qui possédez parfois des terres improductives qui cachent le pain manquant aux familles, la conscience humaine, la conscience des peuples vous le répètent avec moi : il n’est pas juste, il n’est pas humain, il n’est pas chrétien de persister dans certaines situations clairement injustes. » Pourtant, en contraste apparent avec ces déclarations passionnées, le magistère de Jean-Paul II dans les Églises latino-américaines a visé non seulement à briser la « théologie de la libération », qui était l’expression la plus incisive des attentes du monde paysan, mais il a aussi progressivement constitué un épiscopat qui, en grande partie, a tourné le dos à ce monde et aux « communautés de base », en


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conservant ou en rétablissant un rapport positif avec les détenteurs du pouvoir. De même, on a relevé, durant ces longues décennies, des entraves au processus de réforme interne de la catholicité. On a parlé à ce propos d’un pontificat à deux visages : d’un côté, il s’efforce de sortir du modèle du régime de chrétienté, comme en témoignent l’engagement répété en faveur de l’œcuménisme et la demande de pardon pour les fautes de l’Église ; d’un autre côté, il ne cache pas une espérance, mêlée d’angoisse, que de nouveaux horizons s’ouvrent grâce à ce qu’on appelle la « globalisation » et la formation d’une nouvelle unité européenne, qui imposerait aux États et aux sociétés une reconnaissance renouvelée du but de l’Église : être l’inspiratrice et la régulatrice suprême de la morale individuelle et collective. De même, on a souligné et magnifié le rôle du pape et sa capacité exceptionnelle à procurer des perspectives élevées et des valeurs fortes à une humanité déconcertée et désillusionnée ; mais, en même temps, des voix n’ont pas manqué de dénoncer son empreinte autoritaire, qui revendiquait des droits exclusifs pour la « vérité » dont l’Église se considère l’unique et pleine détentrice, au point de miner à la base toute collaboration effective entre croyants et non-croyants et de rendre le parcours œcuménique plus difficile que jamais. toutes ces affirmations trouvent des points d’appui et des confirmations dans les paroles et les actes du pontife. En même temps, elles trouvent dans d’autres paroles et d’autres actes de Jean-Paul II, si pas toujours un démenti, du moins une correction et une atténuation de leur importance. Pontificat de contradiction (Pontifikat der Widersprüche) : le titre par lequel Der Spiegel introduisit son bilan d’ensemble de l’œuvre de Jean-Paul II peut être repris comme épigraphe de nombreux commentaires publiés après sa mort. Par ailleurs, les principales interventions de Jean-Paul II ont eu un écho extraordinaire et un large consensus populaire. En voici quelques exemples, parmi les plus manifestes : la condamnation répétée et solennelle de la guerre en Irak et de ses préparatifs, y compris la formation de la coalition anti-irakienne ; le net refus de justifier l’intervention militaire par des motivations religieuses ; la demande de pardon pour les fautes de l’Église (ou, comme on l’a dit par la suite, en déplaçant l’axe du discours, pour les fautes des « fils de l’Église ») ; la condamnation de


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l’antisémitisme et l’effort constant pour dialoguer avec le monde juif. Le caractère incisif de ces interventions a fini par se refléter sur l’ensemble du pontificat, au point de lui conférer une unité apparente dans l’appréciation populaire — et pas seulement populaire, même si cette dernière ne témoignait sans doute pas toujours de la même sincérité, comme le suggère la présence aux funérailles de Karol Wojtyła d’un nombre inhabituellement élevé de « grands » de ce monde ; cette unité d’appréciation ne semble toutefois pas résister à un examen plus attentif de l’ensemble de l’œuvre de Jean-Paul II. La difficulté la plus grande qui s’impose à celui qui envisage de dessiner un premier cadre de ce pontificat se trouve dans ce pétrissage complexe. Mais c’est là aussi que se situe ce que j’appellerais son énigme, le nœud à dénouer si on ne veut pas tomber dans des simplifications sommaires, si on ne veut pas se contenter d’assumer la « contradiction » comme chiffre capable de tout embrasser : il reste en effet alors à expliquer et à comprendre pourquoi ce pontificat a été tel. Au stade actuel de nos connaissances, je ne crois pas qu’on puisse aller au-delà de l’énoncé d’une série de questions ou, pour mieux dire, au-delà de la reconnaissance de quelques orientations fortes, de quelques tendances de fond qui mettent en évidence des problèmes et des alternatives aujourd’hui encore bien présents dans l’Église romaine, que ce soit à propos de sa vie interne ou de ses rapports avec les États et avec la société. Les limites tout comme les caractéristiques des pages qui suivent sont évidentes ; elles ne prétendent en aucune manière brosser une histoire du pontificat de Jean-Paul II, et encore moins des deux premières années de celui de Benoît XVI. Le choix des nœuds problématiques et des questions proposées aux lecteurs ne s’est pas opéré sans un relatif arbitraire. Je tenterai de clarifier ces nœuds et ces questions en présentant quelques moments forts du pontificat de Jean-Paul II, dont certains virent l’implication du cardinal ratzinger, et en analysant quelquesunes de ses prises de position sur des thèmes brûlants du contexte ecclésial et international. Étant donné le grand nombre de textes promulgués par le Saint-Siège au cours de ces dernières décennies, nous ne pourrons inévitablement en examiner qu’un petit nombre. tout en les citant longuement, je chercherai cependant toujours à privilégier l’analyse interne des textes. C’est là un choix méthodologique déjà ancien de ma


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part : je suis persuadé en effet que seule l’analyse soignée d’un texte peut préciser son angle de vue et les perspectives qui l’ont inspiré, en dévoilant aussi, du moins en partie, des aspects du mode de penser et des préoccupations de leur auteur qui vont au-delà de l’apparence immédiate, et qui échappent aux résumés sommaires auxquels on réduit souvent l’intelligence d’un texte. Le critère qui a présidé au choix de ces textes vise surtout à cerner les termes dans lesquels les rapports du Saint-Siège, de l’Église catholique, des États et de la société se sont posés et se posent encore, à la lumière des orientations qui prévalent à rome. Il s’agit donc d’un essai, ouvert à la discussion, sur les orientations qui ont pris forme ces dernières décennies, comme sur les tendances (ou plus exactement sur quelques tendances) qui opèrent à ce sujet dans le monde ecclésial ; cet essai, qui est le fruit d’une étude historique et est donc mené avec l’attention et le soin propres au métier de l’historien, peut tout au plus aspirer à livrer ma réflexion à l’historien futur. Je pense en outre opportun de préciser que l’angle de vue sous lequel ces pages ont été écrites est celui de l’observateur extérieur, conscient de la spécificité et de l’importance de la réalité examinée, mais sans qu’il y ait été directement impliqué ou qu’il y ait participé. Je remercie particulièrement, pour leurs conseils, leurs observations et leur encouragement, riccardo Bottoni, Achille Erba, Piergiorgio Giudici, Giacomo Martina, raimondo Michetti, Mario Vit et Corrado Vivanti. Ma gratitude va au personnel de l’Université pontificale grégorienne, pour la disponibilité et la patience avec lesquelles il a toujours accueilli mes requêtes. Alessandra Mascaretti a eu la première l’idée de ce livre. À elle, et à Manuela Galbiati et Diego Pavesi, qui en ont soigné l’impeccable édition italienne, ma reconnaissance. À Ninetta, le merci de toujours. trieste, avril 2007.


I. VAtICAN II, UN hÉrItAGE tOUrMENtÉ

Au lendemain de la mort de Paul VI, en août 1978, quelques membres de l’Institut des sciences religieuses de Bologne, dirigé par Giuseppe Alberigo, envoyèrent aux participants du conclave qui devait élire son successeur un « mémoire » dense intitulé Pour un renouvellement du service pontifical dans l’Église à la fin du xxe siècle1. De toute évidence, ce « mémoire » reflétait les orientations ecclésiales du groupe réuni à l’époque autour de Giuseppe Dossetti, qui avait joué un rôle non négligeable au concile, aux côtés du cardinal Lercaro, mais il correspondait aussi à des demandes et à des attentes diffuses parmi les évêques, les théologiens, les prêtres et les laïcs qui aspiraient à un développement plus intense des perspectives de renouveau et de réforme de l’Église et de la vie chrétienne que Vatican II n’avait que partiellement ébauchées, tout en posant déjà d’importantes prémisses ; les années tumultueuses de l’après-concile ont permis aux autorités romaines de donner un coup d’arrêt à ce développement. D’où l’intérêt indubitable de ce « mémoire », puisqu’il mettait en évidence, de manière particulièrement pénétrante, quelques questions brûlantes pour lesquelles on demandait une réponse positive de la part du futur pontife. Dans une synthèse rapide, on peut dire que ces questions concernaient aussi bien le rapport de l’Église à la société que certains aspects essentiels de son organisation et de sa vie interne, 1.¥Voir G. Alberigo (éd.), L’« officina bolognese ». 1953-2003, Bologne, EDB, 2004, pp. 199-213.


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II. Une lectUre « normalIsatrIce » dU concIle

le 22 octobre 1978, au cours de l’homélie prononcée durant la messe qui inaugurait son pontificat, dans un de ces élans utopiques récurrents chez lui dans les années suivantes, Jean-Paul II s’adressa, au-delà du public présent à rome ce jour-là, à la catholicité et à l’humanité entière, en les exhortant plusieurs fois par ces mots : « n’ayez pas peur ! » n’ayez pas peur de témoigner du christ et de l’accueillir. Pour les catholiques, cette invitation impliquait une consigne exigeante : celle d’une présence courageuse et d’une action visible dans un monde et un siècle qui, en bien des lieux et à bien des moments, avait refusé le christianisme et persécuté les chrétiens (cette persécution continue encore en de nombreux pays) ; c’était aussi une sollicitation pressante à tenir fermement dans l’unité, à dépasser les divisions et les tensions que le concile Vatican II et les questions liées à son interprétation et à sa mise en œuvre avaient provoquées. Pour les Églises et les confessions chrétiennes séparées de rome, mais aussi pour les autres religions et pour ceux qui étaient éloignés de toute religion, c’était une invitation qui résonnait (ou du moins pouvait résonner) comme une réaffirmation péremptoire de l’absolue et unique centralité du christ pour le salut du monde et de la société, selon le modèle et l’enseignement transmis par l’Église, qui pouvait susciter un prosélytisme que beaucoup jugeaient peu compatible avec les formes constructives de la rencontre et du dialogue.


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III. Face à la théologIe de la lIbératIon

la IIIe conférence générale de l’épiscopat latino-américain avait été annoncée par Paul VI en mars 1977, avec pour thème « l’évangélisation dans le présent et le futur de l’amérique latine ». en décembre 1977, Paul VI en fixa officiellement la date : la conférence se tiendrait à Puebla, au Mexique, du 12 au 28 octobre 1978. la mort de Paul VI et celle de Jean-Paul Ier, un mois après son élection, en retardèrent la tenue jusqu’au 27 janvier 1979. le 22 décembre 1978, Jean-Paul II, surmontant les multiples perplexités de la curie, informa le collège des cardinaux qu’il y participerait personnellement1.

1. L’Église et la politique sociale en Amérique latine. cette rencontre allait se tenir dans un contexte difficile, pour ne pas dire explosif, habité par de fortes tensions, tant dans le milieu ecclésial que civil et politique. Vatican II avait eu une large résonance et des retombées déterminantes sur les orientations et la situation des églises latino-américaines. la IIe conférence de l’épiscopat latino-américain, réunie à Medellín le 24 août 1968, en se référant aux « signes des temps » 1.¥Voir l. accattoli, Giovanni Paolo II. La prima biografia completa, Milan, San Paolo, 2006, p. 68. Pour le déroulement du voyage, c. bernstein et M. Politi, Sua Santità Giovanni Paolo II e la storia segreta del nostro tempo, Milan, rizzoli, 1996, pp. 204 ss ; b. lecomte, Jean-Paul II, Paris, gallimard (coll. biographies), 2003, pp. 357 ss ; g. Weigel, Jean-Paul II. Témoin de l’espérance, pp. 354-360.


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IV. DésIgnatIon D’un « commIssaIre » auprès De la compagnIe De Jésus

le 7 août 1981, le p. pedro arrupe, « préposé général » de la compagnie de Jésus depuis 1965, fut atteint d’une thrombose cérébrale à son arrivée à l’aéroport de Fiumicino. Il revenait d’un voyage d’une dizaine de jours aux philippines, où il s’était rendu pour commémorer le quatrième centenaire de l’arrivée de la compagnie dans ces îles, et d’une brève halte à Bangkok, en thaïlande, pour rencontrer les jésuites qui travaillaient dans les camps de réfugiés de la région. Devant l’impossibilité d’exercer ses fonctions de général, conformément à la constitution de l’ordre et en présence des assistants et du secrétaire de la compagnie, il désigna le 10 août comme vicaire général le p. Vincent o’Keefe, qui avait déjà été chargé de le remplacer lors de ses absences prolongées hors de la curie générale. Vu que, selon les médecins, le p. arrupe n’était plus à même d’exercer ses lourdes fonctions, la tâche de o’Keefe consistait à convoquer une congrégation générale pour lui donner un successeur. mais le 5 octobre, le pape, remis des conséquences de l’attentat du 13 mai, intervint directement en nommant son « délégué personnel » ; il s’agissait du p. paolo Dezza, quatre-vingts ans, très critique depuis longtemps de l’orientation adoptée par la compagnie, secondé par le p. giuseppe pittau, que le pape avait rencontré durant son voyage au Japon, en février de la même année ; le p. o’Keefe se retrouvait ainsi de facto démis de ses fonctions1. la tâche 1.¥Voir m. alcalà, Giovani Paolo II e i gesuiti, p. 561. pour sa biographie, voir p.m. lamet, Pedro Arrupe, p. 451 (mais voir les observations de g. martina, « una biografia di pedro arrupe », dans Humanitas, 49, 1994, pp. 545-548). une excellente


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V. « Pasteur uniVersel »

Dans l’encyclique Ut unum sint du 25 mai 1995, Jean-Paul ii répéta que l’Église catholique s’engageait « à parcourir de manière irréversible la voie de la recherche œcuménique1 ». s’attardant dans la conclusion sur la fonction de l’évêque de rome, et conscient de la méfiance avec laquelle les autres Églises et confessions chrétiennes regardaient son pouvoir sur toute l’Église, il souligna que sa fonction de témoin et de garant de l’unité n’était pas séparée « de la mission confiée à l’ensemble des évêques, eux aussi “vicaires et délégués du Christ” ». Dans cette perspective, il rappela le point essentiel : « l’évêque de rome appartient à leur “collège” et ceux-ci sont ses frères dans le ministère2. » Par là, il semblait, d’une part, vouloir « chasser la peur d’une conduite excessivement centralisée de l’Église de la part d’un pape “infaillible3” », et d’autre part, attentif surtout aux Églises orthodoxes, il se déclarait disponible pour « trouver une forme d’exercice de la primauté qui, sans renoncer aucunement à l’essentiel de sa mission, s’ouvrirait à une situation nouvelle » ; il y voyait à raison, dans les termes où la tradition romaine l’avait affirmée, une sérieuse pierre d’achoppement sur la voie de l’unité. Jean-Paul ii n’hésitait pas à la définir comme une « tâche immense que nous ne pou1.¥Jean-Paul ii, encyclique Ut unum sint, Paris, Bayard – le Centurion, 1995, p. 7, n° 3. 2.¥Ibid., p. 143, n° 95. 3.¥ainsi, F. König, « Collegialità e centralismo », dans Il Regno. Documenti, XliV, 1999, p. 287 (contribution écrite à l’occasion des 150 ans de la conférence épiscopale autrichienne).


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VI. Une « noUVelle chrétIenté » poUr l’eUrope ?

« Moi, Jean-paul, fils de la nation polonaise qui s’est toujours considérée comme européenne par ses origines, ses traditions, sa culture et ses relations vitales ; slave parmi les latins et latine parmi les Slaves ; moi, successeur de pierre sur le siège de rome, siège que le christ a voulu placer en europe qu’il aime à cause des efforts qu’elle a faits pour diffuser le christianisme à travers le monde. Moi, évêque de rome et pasteur de l’église universelle, depuis Saint-Jacques-de-compostelle, je lance vers toi, vieille europe, un cri plein d’amour : “retrouve-toi toi-même. Sois toi-même.” Découvre tes origines. Avive tes racines. revis ces valeurs authentiques qui ont rendu ton histoire glorieuse, et bienfaisante ta présence sur les autres continents. reconstruis ton unité spirituelle, dans un climat de plein respect des autres religions et des libertés authentiques. rends à césar ce qui est à césar et à Dieu ce qui est à Dieu. ne t’enorgueillis pas de tes conquêtes au point d’en oublier leurs éventuelles conséquences négatives. ne te laisse pas abattre par la perte quantitative de ta grandeur dans le monde, ou par les crises sociales et culturelles qui te touchent aujourd’hui. tu peux encore être un phare de civilisation et un élan de progrès pour le monde. les autres continents te regardent et attendent aussi de toi la réponse que saint Jacques a donnée au christ : “Je le peux1.” » 1.¥Jean-paul II, « l’appel de Saint-Jacques-de-compostelle », dans La Documentation catholique, n° 1 841, 5 décembre 1982, p. 1 129.


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VII. Repentance, paRdon et le RappoRt dIffIcIle aVec l’hIstoIRe

la question de la reconnaissance des « fautes » qui ont marqué l’histoire de l’Église se posa déjà dans les débats conciliaires. le concile connut en effet des discussions enflammées à propos de la formulation de certains textes considérés comme décisifs pour fournir un cadre et une perspective nouveaux aux relations de l’Église avec les institutions et les autres réalités qui lui sont extérieures. les textes approuvés à la fin de ces discussions en conservent des traces significatives. l’œcuménisme, la liberté religieuse, les rapports avec les Juifs et les autres religions non chrétiennes, les relations de l’Église avec le monde, constituent des thèmes où se posait la question d’une éventuelle reconnaissance de fautes, d’omissions, d’interférences indues de la hiérarchie dans la vie sociale. les débats conciliaires mirent en évidence des résistances et de vives protestations de la part de pères pour qui il était inadmissible (et dangereux pour la crédibilité de l’Église) que l’Église reconnaisse qu’elle ait pu errer de quelque façon que ce soit1. Mais paul VI amplifia ce mouvement de reconnaissance des fautes commises, surtout en ce qui concerne les rapports avec l’orthodoxie 1.¥les arguments avancés en ce sens par la minorité conciliaire au cours des débats sur la liberté religieuse et sur l’attitude envers les Juifs sont significatifs à ce propos : G. Miccoli, « deux points chauds : la liberté religieuse, les relations avec les Juifs », dans G. alberigo (éd.), Histoire du concile Vatican II, t. IV, paris – louvain, cerf – peeters, 2003, pp. 123-140. Voir également l. accattoli, Quand le pape demande pardon, paris, albin Michel, 1997, pp. 38-41 et d. Menozzi, La purificazione della memoria, pp. 127 ss.


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VIII. Guerre et paIx

Le 26 août 1989, Jean-paul II envoya une lettre à la conférence épiscopale polonaise. Le cinquantième anniversaire de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale tombait quelques jours plus tard. Le rappel de ces horreurs pour la pologne et pour le monde entier était une composante essentielle de cette lettre : « La réalité historique de la Seconde Guerre mondiale est plus terrible que tout mot par lequel on pourrait la définir. » elle « nous a tous rendus conscients du point, jusqu’alors méconnu, auquel peut conduire le désespoir de l’homme et la violation de ses droits. elle a mis en œuvre une mobilisation inouïe de la haine, qui a piétiné l’homme et tout ce qui est humain au nom d’une idéologie impérialiste. Beaucoup se sont demandés si, après une aussi terrible expérience, il était encore possible d’avoir quelque certitude que ce soit. De fait, les monstruosités de cette guerre se sont manifestées sur un continent qui se vantait particulièrement de sa culture et de sa civilisation, un continent qui a été plus longtemps que les autres éclairé par l’Évangile et par l’Église. Il est vraiment difficile de poursuivre notre chemin avec ce calvaire terrible des hommes et des nations derrière nous. Il ne nous reste en fait qu’un seul point de référence : la croix du Christ sur le Golgotha, dont l’apôtre des Gentils dit : “Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé” (rm 5,20). Guidée par cette foi, l’Église, unie aux hommes de notre temps, aux peuples d’europe et du monde entier, cherche où trouver la voie de l’avenir1. » 1.¥ep, 2 n° 6263/4, pp. 3479 ss. Voir sur la question, dans une perspective partiellement différente, D. Menozzi, « pace e guerra », dans Giovanni Paolo II, pp. 57-94 et


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IX. Pour une PremIère conclusIon ProvIsoIre

Tenter un bilan général du pontificat de Jean-Paul II est manifestement prématuré, pour ne pas dire hasardeux. on en veut pour preuve, comme on l’a déjà signalé, les contradictions remarquables entre les jugements formulés à son propos jusqu’à présent ; ces jugements reflètent certainement la vision de ceux qui les expriment, mais ils mettent aussi en évidence la difficulté de synthétiser ce pontificat dans un seul cadre cohérent. De même, la question des conséquences de son œuvre — tant de prédication que de magistère — sur l’ensemble des fidèles reste largement ouverte. Dans quelle mesure le formidable succès de foule, souvent bruyant, qui accompagna ses voyages dans les différentes parties du monde, a-t-il ou non correspondu à une croissance effective de l’influence de l’enseignement de l’Église sur la société ? les tentatives d’interprétation de type sociologique ou psychologique (la « psychologie des foules »), de par leur variété, attestent de la difficulté de fournir ici une explication exhaustive. Par ailleurs, on assiste à une progression continue, plus ou moins souterraine, dans les pays occidentaux, d’abandons, de replis et d’un retour fatigué dans la sphère privée de ces élans de renouveau, souvent tumultueux et désordonnés mais non moins authentiques pour autant, qui ont caractérisé les premières décennies post-conciliaires. cette « parabole » ne concerne pas cependant la seule Église catholique. Quiconque considère la vie de l’Église durant ces cinquante dernières années échappe difficilement à l’impression d’un énorme gaspillage d’énergies vitales, auquel on n’a rien su offrir d’autre qu’un refus obstiné et des condamnations.


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X. De garDien De la Doctrine à pape De rome : quelle continuité ?

il n’est pas facile de comprendre les motivations variées qui ont amené les cardinaux à élire le cardinal ratzinger au pontificat, au cours d’un conclave particulièrement bref. Son image de collaborateur étroit et très influent de Jean-paul ii dans toutes les questions qui concernent la doctrine et la discipline de la foi donne à penser que, du moins dans ce domaine, les cardinaux recherchaient une forte continuité entre les deux pontificats, dont le nouveau pape offrait la garantie. ratzinger apportait cependant aussi, peut-être, quelques accentuations nouvelles puisqu’il avait manifesté sa perplexité à propos des rencontres interreligieuses d’assise, en raison des risques de confusion syncrétiste qu’elles pouvaient soulever, et à propos des demandes de pardon pour les fautes du passé, à cause de la désorientation qu’elles pouvaient susciter chez les fidèles. on a pu ainsi écrire que son élection « fait comprendre que l’effort de quarante ans pour contraindre l’église à soumettre sa doctrine et son enseignement moral aux pressions de la modernité était désormais dépassé1 ». pour beaucoup, ratzinger était depuis longtemps « devenu le champion de l’aile conservatrice de l’église2 ». 1.¥Voir g. Weigel, Benoît XVI, Le choix de la vérité, paris, mame – edifa – magnificat, 2008, p. 210. 2.¥Voir l’article interview de J.-l. allen à Hans Kung, dans H. Kung, Il dialogo obbligato. Scritti e interviste su Islam e Occidente e sul nuovo papato, rome, Datanews, 2006, p. 87. g. Baget Bozzo affirme pour sa part que « le frein au progressisme (qui aurait été présent dans la vision de Jean-paul ii) était dû surtout à l’action du cardinal ratzinger comme préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi » (Benedetto XVI, p. 31).


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XI. La questIon de La LaïcIté

La hiérarchie ecclésiastique a souvent parlé, ces dernières années, de « saine » ou de « légitime » laïcité. ce fut le cas de Jean-Paul II mais aussi plusieurs fois de Benoît XVI, ainsi que de cardinaux et d’évêques importants, y compris parfois pour dénoncer son insuffisance ou son nécessaire dépassement. ces adjectifs qui accompagnent habituellement l’emploi du mot « laïcité » dans le discours catholique manifestent que l’acceptation de cette dernière est en quelque sorte conditionnelle : dans l’idée de laïcité, il y a aussi une conception et une pratique que l’église entend refuser. cette question vient de loin. elle trouve son origine dans des idées et des revendications auxquelles Vatican II semblait avoir renoncé. Les critiques adressées par Jean-Paul II aux démocraties, qui refuseraient de reconnaître et d’appliquer les normes morales dont l’église serait l’unique interprète et dépositaire, en sont l’expression la plus évidente. différents événements ou évolutions ont rendu ces critiques plus incisives, comme les problèmes posés par les progrès des sciences biomédicales et par les nouvelles biotechnologies, les discussions quant à l’opportunité de mentionner les racines chrétiennes de l’europe dans le préambule de la constitution de l’union européenne, ou encore les questions soulevées par l’immigration grandissante et souvent tumultueuse en provenance du tiers Monde, qui entraîne une cohabitation croissante, en europe, d’hommes et de femmes de religions et de cultures différentes. Les nouvelles réalités auxquelles les états sont confrontés sont évidemment extraordinairement complexes. La difficulté de mener


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table des matières

avant-propos ………………………………………………………… i. Vatican ii, un héritage tourmenté ………………………………… ii. Une lecture « normalisatrice » du concile ………………………… 1. le renouveau conciliaire ……………………………………… 2. le cardinal Wojtyła et Vatican ii ……………………………… 3. Un lendemain de confusion …………………………………… iii. Face à la théologie de la libération ……………………………… 1. l’Église et la politique sociale en amérique latine ……………… 2. de medellín à Puebla ………………………………………… 3. le discours de Jean-Paul ii à Puebla …………………………… 4. Une situation nullement apaisée ……………………………… 5. Une intervention du cardinal ratzinger ………………………… 6. les instructions de la Congrégation pour la doctrine de la foi ……… iV. désignation d’un « commissaire » auprès de la Compagnie de Jésus … 1. le regard neuf de Pedro arrupe ……………………………… 2. la misère interpelle la foi ……………………………………… 3. le général de la Compagnie inquiète le saint-siège ……………… 4. la XXXiie congrégation générale des jésuites …………………… 5. l’inspiration latino-américaine ………………………………… 6. serviteurs de l’Église, héritiers de Vatican ii …………………… V. « Pasteur universel » ……………………………………………… 1. l’autorité et le service de l’unité ……………………………… 2. l’infaillibilité en expansion …………………………………… 3. le saint-siège et les conférences épiscopales …………………… 4. le saint-siège et les Églises locales ……………………………… 5. Paul Vi et le Catéchisme hollandais …………………………… 6. Jean-Paul ii et le magistère …………………………………… 7. le pape et les théologiens ……………………………………… 8. l’œcuménisme ………………………………………………… 9. le dialogue interreligieux ………………………………………

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Table des matières

Vi. Une « nouvelle chrétienté » pour l’europe ? …………………… 1. la Pologne et la « nouvelle évangélisation » …………………… 2. Quel modèle de chrétienté ? …………………………………… 3. la liberté et la loi naturelle …………………………………… 4. la Pologne et l’Occident ……………………………………… 5. la laïcité et l’histoire …………………………………………… Vii. repentance, pardon et le rapport difficile avec l’histoire ……… 1. théologie et histoire : une problématique ouverte ……………… 2. Une initiative inouïe et contestée ……………………………… 3. relire son histoire ……………………………………………… 4. la journée du pardon ………………………………………… 5. l’antijudaïsme et l’antisémitisme ……………………………… 6. Une problématique toujours en attente ………………………… Viii. Guerre et paix ………………………………………………… 1. Une responsabilité chrétienne et humaine ……………………… 2. Une transformation historique ………………………………… 3. la paix, un bien commun ……………………………………… 4. Patriotisme et nationalisme …………………………………… 5. le terrorisme international …………………………………… iX. Pour une première conclusion provisoire ……………………… X. de gardien de la doctrine à pape de rome : quelle continuité ? … 1. ratzinger : une pensée sans discontinuité ……………………… 2. le discours de la sorbonne en 1999 …………………………… 3. l’homélie de 2004 à Caen ……………………………………… 4. le dialogue avec marcello Pera, en 2004 ……………………… 5. ratzinger et Vatican ii ………………………………………… 6. le pluralisme et le relativisme mis en question par benoît XVi … 7. le discours de ratisbonne et le voyage en turquie ……………… 8. Conclusion …………………………………………………… Xi. la question de la laïcité ………………………………………… 1. le concept de « laïcité » ……………………………………… 2. l’engagement de l’Église en politique : quelques exemples en italie … 3. la laïcité et le pluralisme ……………………………………… 4. Conclusion ……………………………………………………

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index des noms ……………………………………………………… table des matières ……………………………………………………

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Imprimé en Belgique Février 2012 Imprimerie Bietlot.



le pontificat de Jean-Paul II a indéniablement marqué les esprits, il n’est pas évident d’en dégager une orientation générale. Il conjugue en effet différents mouvements divergents : souci de mettre en œuvre le concile et lecture « normalisatrice » de Vatican II ; promotion des droits de l’homme et de la paix et condamnation des théologiens de la libération ; recherche de l’unité des Églises chrétiennes et renforcement de l’autorité romaine ; demande de pardon pour les fautes de l’Église et méfiance vis-à-vis de la laïcité… Avec sa sagacité et sa culture d’historien de l’Église, Giovanni Miccoli identifie les ressorts fondamentaux de l’action de JeanPaul II. Par une analyse fouillée et rigoureuse, il nous fait revivre les grands moments du pontificat, sans cacher ses ambiguïtés, voire ses contradictions, tout en évitant de verser dans la critique systématique. Dans les deux derniers chapitres de l’ouvrage, il dégage les perspectives ouvertes par le début du pontificat de Benoît XVI, en soulignant les continuités et les prises de distance à l’égard de son prédécesseur.

Giovanni MICCOLI a enseigné l’histoire de l’Église en diverses universités (Pise, Venise, Trieste) et il fait partie du comité scientifique de plusieurs revues historiques. Il a publié différents ouvrages sur l’histoire de l’Église contemporaine, particulièrement Les Dilemmes et les Silences de Pie XII.

ISBN : 978-2-87299-210-2

Diffusion : cerf

Illustration © Belga – Jean-Paul II lors de la cérémonie de béatification du père Damien (Bruxelles, 3 juin 1995).

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