Bernard Sesboüé
Les «trente glorieuses» de la christologie
donner raison
(1968-2000)
Bernard SESBOÜÉ
Les « trente glorieuses » de la christologie (1968-2000)
Š 2012 Éditions Lessius 24 boulevard Saint-Michel, 1040 Bruxelles www.editionslessius.be Donner raison, 34 ISBN : 978-2-87299-217-1 D 2012/4255/4 Diffusion cerf
Introduction LE mOuvEmENt DE rEchErchE Sur LE chrISt DaNS La SEcONDE mOItIÉ Du XXe SIècLE
La seconde moitié du xxe siècle a connu une période d’embellie impressionnante dans le domaine de la théologie concernant Jésus. On pourrait parler à son sujet des « trente glorieuses » de la christologie. tous les secteurs de cette vaste discipline, l’Écriture, l’histoire des doctrines, les essais de christologie systématique, les rapports de l’histoire et de la foi, l’interprétation de la personne du christ dans d’autres religions, et d’autres encore, se sont mis en mouvement et ont donné lieu à de multiples publications. Les grands théologiens du moment y sont allés de la publication d’une christologie personnelle. Il nous a été donné de tenir à cette même époque (de 1968 à 1996) le « Bulletin de christologie » pour la revue des Recherches de science religieuse et à ce titre de suivre l’ensemble de ces travaux. Nous y avons aussi très modestement participé par l’enseignement et diverses publications. aujourd’hui, ce mouvement commence à appartenir au passé et fait place à une problématique un peu différente, mais il n’a rien perdu de son impact. car il conditionne profondément les recherches nouvelles en leur donnant une structure jusque-là inconnue en christologie. Il a donc paru utile d’en proposer une sorte de synthèse sous la forme d’un livre original qui reprendrait un ensemble de recensions de cette riche littérature, datées en fonction de leurs publications. cet ouvrage se contentera de parler avant tout de la christologie catholique. En effet, selon la répartition des divers bulletins, le traitement de la christologie protestante était confié à la même époque au P. rené marlé, aujourd’hui décédé. mais il va de soi que cet ouvrage prend en compte les innombrables échanges d’influence qui se sont développés entre exégètes et théologiens diversement situés au plan confessionnel.
6
Introduction
a. La chrIStOLOgIE au fIL DE L’hIStOIrE La personne du christ a été l’objet d’une recherche passionnée tout au long de l’histoire de l’Église : recherche des croyants et des maîtres spirituels, vivant et communiquant leur relation avec le Seigneur ; recherche des évêques et des théologiens scrutant de génération en génération celui que les Pères de l’Église appelaient « le paradoxe des paradoxes », cet homme, crucifié et ressuscité, qui était en même temps, dans l’unité de la même personne, la révélation de la face de Dieu : « Philippe qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9) ; le christ représenté en de multiples figures par les artistes, peintres et sculpteurs. chaque époque y apportait sa touche particulière. Les temps modernes n’ont pas été en reste dans cette recherche doublement millénaire. mais on peut dire qu’ils ont singulièrement compliqué les choses. Depuis le xvie siècle, lentement mais continûment, la recherche théologique et doctrinale s’est faite critique. Ne se contentant plus de vivre dans la continuité spontanée des événements de la vie de Jésus et de la fondation de l’Église, les croyants des temps modernes sont devenus des croyants désireux de vérifier à tous les plans possibles les fondements de leur foi. À l’époque du développement prodigieux des sciences, ils ont voulu appliquer aussi la science historique à la personne et à l’événement de Jésus, en scrutant l’origine et la transmission des livres bibliques. Déjà un saint thomas d’aquin voulait au xiiie siècle faire de la théologie une science, mais il entendait la chose au sens métaphysique de l’ordre des raisons. Il s’agit maintenant avant tout d’une vérification des témoignages attestant l’intervention de Dieu dans notre histoire, puisque telle est la grande originalité du judaïsme et du christianisme. un représentant de cette attitude fut, au xviie siècle, richard Simon avec ses deux grands ouvrages sur l’histoire de l’ancien et du Nouveau testaments. La philosophie du xviiie siècle a fait également, chez Kant puis hegel, du concept de l’homme-Dieu l’objet d’une considération respectueuse et profonde, au risque de ne pas respecter totalement la transcendance absolue de la divinité du christ et de ramener sa personne dans les limites de la simple raison. Le xixe siècle, celui du devenir-science de l’histoire, s’est lancé dans une recherche éperdue sur Jésus de Nazareth, au point de soulever une opposition entre le Jésus de l’histoire et le christ de la foi. Les noms de frédérich Strauss et d’Ernest renan, en ont été les figures de proue. Le bilan de cette recherche, mené au début du xxe siècle par le futur médecin des lépreux, albert Schweitzer, en fut aux yeux de certains comme « l’oraison funèbre ». Le rapport mutuel entre l’histoire et la foi
Le mouvement de recherche sur le Christ…
7
était au cœur de cette recherche, avec des vicissitudes parfois spectaculaires. Les problèmes ainsi posés ont été à la base de la pensée de rudolf Bultmann, figure située à l’origine de notre mouvement christologique. Ils n’ont pas cessé de travailler la conscience chrétienne jusqu’à nos jours, comme en atteste l’œuvre récente et monumentale de John P. meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l’histoire1. Jamais comme aujourd’hui on n’a été aussi soucieux de l’exactitude de l’histoire qui concerne Jésus. Pendant ces mêmes siècles la recherche théologique officielle de l’Église, même si elle a connu quelques grands noms, en particulier les premiers spécialistes de la théologie positive au xviie siècle, comme D. Petau et J. mabillon, puis J.-a. möhler et J.-h. Newman au xixe, s’inscrivit de manière majoritaire dans la tradition scolastique, sans être habitée par la grande créativité qui avait marqué la scolastique médiévale. On répétait beaucoup, on raffinait sans modération, sur des problèmes secondaires et parfois futiles, mais on n’éprouvait pas le besoin de répondre en vérité aux diverses contestations venues de la modernité naissante et grandissante. Le pape Benoît XIv au xviiie siècle se lamentait de ce « que les théologiens gaspillassent scandaleusement leurs forces à disputer sur des affaires de si peu d’importance, sans voir le danger que faisaient courir aux pays catholiques les doctrines venues d’angleterre2 », c’est-à-dire de la modernité. cette distance entre culture et foi se concrétisait également en distance confessionnelle et controverses entre catholiques et protestants. ces derniers avaient assumé avec beaucoup plus de conviction les problèmes posés à la foi par la modernité. certains d’entre eux, c’est-à-dire la tendance libérale, leur avaient donné des solutions trop faciles, trop raisonnables au sens élémentaire de ce mot, pour respecter la transcendance de la foi chrétienne. Les catholiques, restés plus fidèles à l’orthodoxie chrétienne de base, avaient pris de leur côté un gros temps de retard par leur inattention à tout ce qui bouillonnait dans les idées de la modernité. Le signe de ce grave retard fut la crise moderniste qui, à la frontière des xixe et xxe siècles, secoua gravement l’Église catholique. Quand les premiers résultats de la recherche protestante allemande, encore bien incomplets, parvinrent en france, ils mirent nombre de théologiens, d’exégètes et d’historiens dans une situation impossible : il leur semblait que la contradiction entre les thèses de la théologie scolastique dominante et les données de l’histoire étaient insurmontables. On sait avec quelle vigueur le pape Pie X s’engagea dans la lutte
1. trad. française, 4 vol., Paris, cerf, 2004-2009. 2. cité par L.-J. rogier, Nouvelle histoire de l’Église, t. 4, Siècle des Lumières. Révolutions. Restaurations, Paris, Seuil, 1966, p. 14.
8
Introduction
contre le modernisme. Il réussit à stopper la crise, mais il n’apporta pas de solution aux graves problèmes qui étaient posés. au lendemain de la première guerre mondiale la théologie catholique était en quelque sorte à reconstruire. ce fut l’époque où, en france, de jeunes théologiens, en particulier dominicains et jésuites, se mirent à l’ouvrage. On a parlé à leur propos de « printemps théologique » ; le P. guillet dira plus tard que pour les intéressés ce printemps fut un rude hiver. Se référant à cette époque des années 30, le P. congar écrit, dans son Journal d’un théologien, ce qu’il ressentit après la lecture des Mémoires de Loisy : « Dès lors se forma en moi, avec une réaction critique très ferme, la conviction que notre génération avait pour mission de faire aboutir, dans l’Église, ce qu’il y avait de juste dans les requêtes et les problèmes posés par le modernisme3. » Il se disait également d’accord avec le P. chenu sur la nécessité de « “liquider” la “théologie baroque4” », c’est-à-dire la scolastique tardive. Bien de ces problèmes refirent surface au moment de la crise de la « théologie nouvelle », qui se cristallisait autour de plusieurs professeurs de la faculté de théologie de Lyon-fourvière et conduisit à la publication de l’encyclique Humani generis de Pie XII le 12 août 1950.
B. BrèvE hIStOIrE Du mOuvEmENt chrIStOLOgIQuE DE 1951 À La fIN Du XXe SIècLE mais nous voici arrivés au seuil de cette seconde moitié du xxe siècle qui fait l’objet de ce livre. comme toujours les époques culturelles tuilent les unes sur les autres. ce qui va se développer désormais était déjà à l’œuvre. Il importe, par exemple, de rendre justice à un théologien, qui connut le destin tragique d’être fusillé le 10 août 1944 pour avoir manifesté sa solidarité humaine et chrétienne avec les maquisards du vercors, Yves de montcheuil (1900-1944). celui-ci apparaît en ce domaine, comme en beaucoup d’autres, comme un précurseur. Ses Leçons sur le Christ furent données à Paris en 1941-1942 et publiées en 1949 par son ami henri de Lubac, avant d’être vite retirées du commerce en raison de ses thèses jugées alors irrecevables sur la satisfaction. montcheuil anticipait l’avenir par l’affirmation 3. Y. congar, Journal d’un théologien (1946-1956), présenté et annoté par Étienne fouilloux, Paris, cerf, 2000. p. 24. 4. Ibid.
Le mouvement de recherche sur le Christ…
9
d’un christocentrisme décidé, par une sotériologie renouvelée de « la rédemption mystère d’amour » et son engagement vers ce qu’on appellera plus tard le « tournant anthropologique ».
1. Origines et figures fondatrices. Il est permis de donner comme date symbolique du point de départ de ce mouvement christologique l’année 1951, quinzième centenaire de la réunion du concile de chalcédoine. cet anniversaire provoqua la parution d’une importante somme de travaux répartis en trois volumes par aloys grillmeier et heinrich Bacht sous le titre Das Konzil von Chalkedon. Geschichte und Gegenwart5. cet ouvrage comportait un article-programme de K. rahner (1904-1984) intitulé « chalcédoine, une fin ou un commencement6 ? », publié en français en 1959 sous le titre « Problèmes actuels de christologie7 ». cette contribution abordait les conditions anthropologiques de la crédibilité du christ, l’importance d’une théologie des mystères de la vie de Jésus, la sotériologie et l’unicité de sa personne. Le même théologien allait publier au fil des années d’autres articles qui avaient le courage d’ouvrir à nouveau le dossier de certains points sensibles de la christologie, comme par exemple la conscience de Jésus, et sur lesquels la théologie catholique n’osait plus vraiment s’aventurer depuis la crise moderniste. ces diverses contributions traçaient un véritable programme et provoquèrent réactions et dialogues : un processus était enclenché. Il faut aussi mentionner le rôle du concile de vatican II dont le discours, théologiquement libérateur, a stimulé considérablement la recherche. mais on ne peut oublier, au nombre des pères initiateurs de ce mouvement christologique du côté protestant, deux grandes figures bien différentes : rudolf Bultmann et Karl Barth. rudolf Bultmann (1884-1976), plus âgé de vingt ans que K. rahner, et dont les plus grandes œuvres dataient de l’entre deux guerres, provoqua de nouveaux débats dans les années cinquante, surtout à l’occasion de la conférence de marburg en 1953, donnée par son élève dissident, Ernst Käsemann, sur le problème du Jésus historique. c’est aussi l’époque où l’œuvre de Bultmann pénètre plus largement en france. Karl Barth (1886-1968), son exact contemporain, emprunta une voie bien différente en publiant à partir de 1947 son imposante Dogmatique (Kirchliche 5. Würzburg, Echter verlag, 1951, 1953, 1954. 6. tome 3, 1954, pp. 3-49. 7. Écrits théologiques, t. 1, trad. m. rondet, Paris, DDB, 1959, pp. 113-181.
10
Introduction
Dogmatik) qui devait comporter 26 volumes. Sa quatrième partie propose sous le titre de « Doctrine de la réconciliation », une christologie originale répartie en termes d’abaissement du Fils de Dieu (passion et mort), d’élévation du Fils de l’homme (résurrection) et d’appropriation du témoignage de l’Esprit de vérité au sein de l’Église (mission prophétique). cette christologie, dominée par la visée traditionnelle de la christologie « d’en haut », est antérieure à la grande revendication de la christologie « d’en bas », contre les excès de laquelle le théologien de Bâle se gendarmera avec la vigueur qu’on lui connaît. Il n’aura pas le temps d’écrire une doctrine de la rédemption. ces trois figures, surtout les deux premières, sont en quelque sorte paradigmatiques de l’efflorescence des nouveaux travaux christologiques. Quels sont les grands traits de cette christologie ? On peut les récapituler en quelques grandes rubriques : le souci de la vérification ; un retour massif au témoignage existentiel de l’Écriture, fondement de toute christologie, et la dualité complémentaire de la christologie d’en bas et de la christologie d’en haut ; une attitude nouvelle à l’égard des définitions dogmatiques ; une approche neuve de la sotériologie ; une prise en compte enfin plus sérieuse de l’horizon contemporain. L’intitulé de ces rubriques montre leur étroite solidarité. Le retour à l’Écriture permet l’exercice de la vérification. Il fait toute sa place à la christologie d’en bas. Il engage une attitude nouvelle à l’égard des définitions dogmatiques, qui ne sont plus considérées comme des textes fondateurs, mais comme des documents régulateurs.
2. Le souci de la vérification. La christologie est désormais en charge de sa propre justification. ce point est solidaire de la situation nouvelle de la théologie qui ne peut plus se satisfaire d’une séparation entre théologie fondamentale et théologie dogmatique. La première était censée résoudre les questions de justification de la foi et de crédibilité du contenu chrétien ; la seconde développait ce même contenu par la prise en compte de l’Écriture, de la tradition et de la nécessaire réflexion spéculative, qui est le devoir de toutes les générations. aujourd’hui, une telle répartition des tâches n’est plus possible, car la question du fondement, à la fois historique et rationnel, se pose à propos de chaque grande affirmation de la foi. Il se pose donc avant tout et de nombreuses manières à propos de la personne du christ, homme inscrit dans l’histoire de l’humanité et annoncé comme ressuscité, christ et Seigneur. Quelle crédibilité peut avoir la proclamation d’un homme confessé comme fils de Dieu et Dieu ?
Le mouvement de recherche sur le Christ…
11
Wolfhart Pannenberg, théologien luthérien, s’exprime ainsi : La christologie ne doit pas seulement s’occuper de la manière dont s’est développée la confession de foi christologique de la communauté, mais surtout de la manière dont elle se fonde sur ce qu’ont été autrefois l’action et le destin de Jésus. […] cette confession de foi a bien au contraire elle-même besoin d’être fondée sur la christologie8.
Walter Kasper lui fait écho du côté catholique : La christologie n’est en définitive rien d’autre que l’interprétation de la confession : « Jésus est le christ ». ce point de départ et ce cadre n’en sont cependant pas encore le contenu complet. La confession ecclésiale ne repose pas sur elle-même. Elle a son contenu et sa norme préétablie dans l’histoire et le destin de Jésus. Les confessions et les dogmes christologiques doivent être compris en fonction de cette réalité visée et à partir d’elle9.
ce faisant, la christologie s’inscrit dans le souci très contemporain des sciences et de la philosophie, qui éprouvent le besoin de vérifier sans cesse la valeur de leurs conclusions et de leurs résultats. La vérification de la christologie dans l’histoire et le destin de Jésus nous renvoie immédiatement à son événement. Il appartient à la foi chrétienne de proclamer l’intervention de Dieu dans l’histoire des hommes. cette intervention ne peut éviter la confrontation aux faits, surtout quand ceux-ci prétendent être le signe de la présence de Dieu. S’il est vrai qu’il n’y a pas, historiquement parlant, de bruta facta, et qu’un fait ne peut être reconnu que dans l’horizon de sens qui lui donne une valeur humaine, la question qui se pose alors est la suivante : est-ce que le sens séparé du fait est le même que le sens du fait reconnu dans sa réalité événementielle ? L’annonce de la foi au christ a-t-elle le même sens, si elle engage un lien concret à l’événement de Jésus de Nazareth, et, par conséquent, l’identité du crucifié et du ressuscité, ou si elle ne l’engage pas ? Dans un cas, la foi interprète un événement de salut, dans l’autre, elle construit un système de sens qui est un pur événement de parole, ou un « mythologoumène », même si cette construction de sens s’est effectuée à l’occasion de l’histoire d’un homme extraordinaire. La question se concentre sur l’événement de la résurrection. mais comment tenir ensemble le fait et le sens de manière crédible et, plus encore, montrer la cohérence entre les données du Nouveau testament et les affirmations spéculatives de la tradition chrétienne ? Nous sommes ici au cœur de la difficulté à rendre compte de la continuité et de l’identité entre le Jésus de l’histoire et le christ de la foi. Nous verrons la résurgence 8. Esquisse d’une christologie, Paris, cerf, 1971, pp. 24-25. 9. Jésus le Christ, Paris, cerf, 1976, p. 51.
12
Introduction
de ce problème sous des formes variées selon les auteurs. car aucun ne pouvait en faire l’économie. mais il est une tout autre question qui se pose à propos de l’annonce de la foi en Jésus-christ : c’est celle de sa crédibilité intrinsèque et de sa légitimité. Non seulement est-il raisonnablement justifiable de croire, mais plus précisément est-il humainement raisonnable de jouer le sens de son existence sur le destin d’un homme, fût-il exemplaire ? Sur quelle base rationnelle estimer la validité d’un discours qui affirme, à propos d’un homme, l’intervention absolue de Dieu dans notre histoire, et qui prétend que cet homme crucifié est ressuscité et qu’il mérite d’être confessé comme fils de Dieu et Dieu ? même s’il ne peut être question de prétendre faire l’économie de la transcendance de l’acte libre de foi, pas plus que de la transcendance de toute révélation de Dieu à l’homme, en quel sens doit-on penser que Dieu intervient dans notre histoire pour parler à l’homme et comment est-il possible à l’homme de reconnaître son intervention ? Question immense qui est grosse de tout le rapport entre révélation et histoire, entre révélation et foi. Question qui a connu des alternances, suivant que l’on met l’essentiel du côté de l’une ou de l’autre. On peut y être tenté aussi bien de renoncer à l’histoire que d’y chercher la preuve apodictique de la foi. Question présente chez beaucoup de théologiens et que K. rahner, en particulier, a essayé de résoudre avec sa réflexion de « christologie transcendantale ». Bref, toute la question de Dieu se réinvestit à propos du christ.
3. Un retour massif à l’Écriture. On comprend donc que le dénominateur commun de ce mouvement christologique se trouve dans le souci général de retourner à l’Écriture et de remonter bien en amont des grandes définitions christologiques de l’Église ancienne. L’auteur qui a opéré ce retour de la manière la plus drastique est sans doute E. Schillebeeckx, qui fait de l’Écriture le lieu majeur de sa recherche, au point de ne consacrer que quelques pages à la christologie des conciles. Bien entendu, dans ce retour à l’Écriture, toutes les questions du rapport entre la foi et l’histoire sont au premier plan de la préoccupation. On a pu parler de la succession de trois « quêtes » du Jésus historique au cours du xxe siècle : la première, particulièrement radicale, fut posée par r. Bultmann ; la seconde, correctrice de la première, vient de ses élèves, E. Käsemann et g. Bornkamm. Elle part du constat de la place considérable de l’événement de Jésus dans les récits évangéliques, injustifiable si cet événement n’appartenait pas lui-même au kérygme. La troisième « quête » du Jésus historique, plus récente et plus discutable aussi parce qu’elle est l’écho
Le mouvement de recherche sur le Christ…
13
d’une mentalité très sécularisée, nous vient d’amérique du nord : peu soucieuse de la réalité du mystère pascal, elle valorise l’identité juive de Jésus et voit en lui avant tout un maître de sagesse. La recherche est aussi de plus en plus intéressée à la multiplicité des témoignages scripturaires sur Jésus. chaque évangéliste a sa propre christologie : le visage qu’il donne du Seigneur comporte des nuances importantes, à l’instar du portrait que plusieurs peintres peuvent esquisser de la même personne. Nous avons aussi la christologie très élaborée de saint Paul et le regard personnel et médité de Jean. cette attention à la diversité des témoignages permet d’établir entre eux une certaine forme de succession. Il est courant de distinguer une christologie dite « primitive », qui part de l’homme Jésus, confesse sa résurrection comme christ, fils de Dieu et Seigneur, et le contemple siégeant à la droite de Dieu. celle-ci est présente dans les actes des apôtres et les trois premiers évangiles. Elle fait vite place à une christologie dite « tardive », élaborée selon le mouvement de l’incarnation qui va de Dieu à l’homme et se trouve illustrée principalement chez Paul et Jean. ce fut la grande distinction entre « christologie d’en bas » vigoureusement préconisée par W. Pannenberg, caricaturée par K. Barth en raison de certains de ses excès, et la « christologie d’en haut », qui avait été retenue de manière presque exclusive par la tradition christologique de l’Église. Les deux expressions sont même devenues un temps des slogans de la christologie. La christologie d’en bas a eu le vent en poupe pour des raisons que l’on comprend fort bien : sa nouveauté surprenante d’abord, son respect du rapport à l’histoire, la redécouverte de la démarche originelle par laquelle les premiers disciples en sont venus, progressivement avant Pâques et, de manière décisive, devant l’expérience de la résurrection de Jésus, à reconnaître en l’homme dont ils avaient été les compagnons le christ, le Seigneur et le fils de Dieu. Elle ne saurait être purement et simplement supprimée par la christologie tardive, car elle correspond à la pédagogie choisie par le christ pour la révélation de son mystère. Elle garde une valeur intrinsèque pour la pédagogie de l’annonce du christ aujourd’hui. On y met en valeur des données évangéliques, vérifiées au plan de l’histoire, qui expriment les diverses formes de la « prétention d’autorité » du Jésus prépascal. On essaie aussi d’inventorier les témoignages permettant de jeter un regard sur le mystère de sa conscience. La genèse de la foi des apôtres a quelque chose à nous dire pour la genèse et le fondement de notre propre foi. ce déplacement et cette redécouverte, légitimes et nécessaires, comportent inévitablement leur tentation, celle de remplacer un unilatéralisme par l’autre, et d’exiler en quelque sorte les données de la christologie d’en haut. une christologie d’en bas, élaborée sous le couvert de certaines idéologies, peut devenir une « christologie en bas » ou « horizontale », une sorte de « jé-
14
Introduction
suslogie » qui ramène le mystère de Dieu se révélant en Jésus de Nazareth au mystère de l’homme. Elle oublie alors que la fin du destin de Jésus renvoie à un nécessaire commencement. tel était le risque visé par la rabies théologique de K. Barth. Sans aller jusqu’à cet extrême, la christologie de h. Küng mettait par trop entre parenthèses la christologie d’en haut, et cherchait à faire comprendre que certaines de ses affirmations n’étaient pas couvertes par le message chrétien primitif. On ne saurait donc séparer ces deux christologies dans une opposition simpliste du « ou bien…, ou bien… ». De très grands théologiens catholiques, tels K. rahner, W. thüsing, W. Kasper, J. guillet et d’autres, se sont radicalement ouverts à la perspective de la christologie d’en bas, qui ne leur était pas familière lors de leurs débuts, sans pour autant tourner le dos aux données imprescriptibles de la christologie d’en haut. Ils ont mis en lumière leur articulation et leur nécessaire complémentarité. un point à retenir de tous ces débats, du point de vue d’une élaboration systématique de la christologie, est que celle-ci repose sur la corrélation d’un double témoignage : celui du Jésus prépascal et celui de la résurrection. Sans le premier la résurrection n’est plus que la résurrection de personne, et tombe dans la mythologie ; sans le second le premier reste affecté d’un doute radical. Le langage humain de l’incarnation de Jésus se trouve confirmé par le langage divin de l’intervention absolue. Le lien nécessaire de l’un à l’autre construit le portique ou l’arche de la christologie.
4. Une considération nouvelle de la sotériologie. La théologie scolastique avait orienté de plus en plus la doctrine de la rédemption selon un mouvement allant de bas en haut, alors que la sotériologie patristique avait plutôt privilégié le mouvement de haut en bas. En d’autres termes, la question était d’abord : le mystère pascal de Jésus-christ nous sauve, c’est-à-dire nous libère, nous rachète, nous réconcilie, nous justifie, nous divinise et donc nous convertit, par une initiative gratuite et transcendante de Dieu. Elle est devenue de plus en plus : la croix du christ accomplit la réparation en justice auprès de Dieu de la somme des péchés de l’humanité. cette satisfaction était à la fois nécessaire et impossible à l’humanité, d’où la nécessité d’un homme-Dieu seul capable de l’accomplir. On remarquera, avec l’humour qui convient, que nous retrouvons une opposition analogue à celle rencontrée à propos de la christologie proprement dite, mais dans une situation inversée. La christologie classique privilégiait la christologie d’en haut et la sotériologie d’en bas, alors que la recherche contemporaine fait plutôt le contraire. mais, dans un cas comme dans
Le mouvement de recherche sur le Christ…
15
l’autre, les deux mouvements doivent être respectés et comportent leur part de vérité, pour peu que l’on n’oublie pas leur solidarité et la manière dont l’un conduit à l’autre. Sur ce point nous revenons au discernement précurseur du P. Yves de montcheuil qui critiqua le premier dans ses Leçons sur le Christ la théologie scolastique de la satisfaction pour lui substituer une théologie de « la rédemption mystère d’amour ». L’idée de la théologie scolaire était devenue la suivante : Dieu veut bien pardonner, mais il ne peut le faire, avant que justice ne lui soit rendue pour l’énormité des péchés du monde. La passion du christ, représentant vicaire de l’humanité pécheresse, lui apporte la seule satisfaction qui soit digne de lui. Bref, satisfaction d’abord, pardon ensuite. La perspective nouvelle intervertit les termes de cette équation : Dieu prend depuis toujours l’initiative de pardonner gratuitement, c’est le don qu’il nous fait de lui-même en nous aimant jusqu’à la fin qui convertit notre cœur et nous donne la capacité de réparer le péché, autant que la chose est possible. cette idée a été refusée en 1950. Elle est généralement acquise aujourd’hui. Le tournant d’une problématique à l’autre remonte à saint anselme, qui apportait une considération nouvelle, tout en restant lui-même très fidèle à la donnée descendante de la tradition patristique. mais sa réflexion amorcera un véritable retournement doctrinal, comme on le voit chez saint thomas qui analyse le terme de rédemption, originairement descendant puisqu’il exprime une libération, au sens de la satisfaction que doit rendre l’homme à Dieu. En résumé, ce n’est plus Dieu qui justifie l’homme, mais l’homme qui doit rendre justice à Dieu. ce nouveau mouvement sera orchestré de manière dramatique — mais aussi dialectique — chez Luther et calvin et fera retour dans la prédication catholique avec Bossuet et Bourdaloue. De là vient que l’idée d’un Dieu vengeur et justicier s’est inscrite dans les consciences chrétiennes, un Dieu qui exige la mort de son propre fils pour satisfaire sa propre justice. Non seulement un rené girard mais aussi un Walter Kasper y ont vu une des causes les plus graves de la désaffection du christianisme dans notre monde actuel. La christologie scolaire répartissait sa matière en trois traités : celui de l’incarnation abordait la constitution de la personne de Jésus, fils de Dieu et vrai homme ; celui de la rédemption s’attachait presque exclusivement à la passion et au sens de la mort de Jésus ; quant à la résurrection elle était traitée à titre de preuve de sa divinité dans le cadre de l’apologétique. Le retour contemporain au témoignage privilégié de l’Écriture a remis au centre la considération du mystère pascal dans sa totalité, celui-ci ne pouvant souffrir aucune scission entre la mort et la résurrection. Si Jésus est bien mort « pour nous », il est aussi « ressuscité pour notre justification » (rm 4,25).
16
Introduction
5. Une autre attitude à l’égard des définitions dogmatiques. cette série de déplacements a pour conséquence immédiate une reconsidération sérieuse du rôle et de la portée des définitions conciliaires en christologie. Dans l’enseignement courant des derniers siècles, la christologie, appelée souvent « traité de l’incarnation », prenait comme point de départ le discours conciliaire et en particulier la définition de chalcédoine. On avait même oublié le souci des grands médiévaux d’élaborer la théologie des mystères de Jésus. Il y avait là une méconnaissance de la véritable fonction du discours dogmatique dans l’Église, qui n’est jamais un discours fondateur, mais toujours un discours régulateur. Il interprète le témoignage des Écritures, il rejette des interprétations jugées incompatibles avec le centre de gravité de ce témoignage. Il donne des règles de lecture. tout cela est capital, mais ne doit pas être compris au détriment des vrais textes fondateurs. En réalité, l’herméneutique des uns et des autres est solidaire et réciproque, tant les uns doivent d’être compris à la lumière des autres. La christologie est ainsi transmise dans l’Église de manière vivante et assurée, non pas comme une parole répétitive de perroquet, mais dans un discours qui n’arrête pas de s’interroger sur le mystère de Jésus de Nazareth et de répondre aux questions qui sont soulevées, de siècle en siècle, par l’évolution et la diversité des cultures. De plus, un texte dogmatique n’a pas la prétention de présenter une christologie complète. Il intervient dans un débat de crise où l’authenticité de la foi est en jeu. Sa parole n’est pas forcément parfaite ou la meilleure possible. Il a donc ses limites, justiciables d’une critique respectueuse et fondée. Le terrain christologique a été essentiel dans la manière nouvelle avec laquelle les théologiens ont traité les documents magistériels. chalcédoine a été au centre de cette reconsidération. c’est pourquoi le premier chapitre de ce livre reprendra un article déjà ancien intitulé « Le procès contemporain de chalcédoine ».
6. Une attention nouvelle à l’horizon contemporain. ce trait ne saurait être oublié. À l’origine de ce mouvement de recherche sur le christ on doit noter aussi le malaise devant la distance qui se creusait entre le discours christologique de la théologie et la pastorale ainsi que l’existence chrétienne. Oublieuse de l’existence concrète de Jésus, la christologie l’était également de l’existence des chrétiens. Elle entendait en même temps honorer la prétention chrétienne d’un salut universel apporté par le
Le mouvement de recherche sur le Christ…
17
nom de Jésus, « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes » (1 tm 5,6). mais elle devait se faire plus concrète et montrer sa valeur de libération par rapport aux besoins, aux angoisses et aux espérances de l’humanité. Devant les injustices criantes qui traversent notre monde, cette préoccupation a pris une valeur politique. La diversité des cultures face au christ unique a posé un autre registre de questions. Le lien de la christologie aux situations politiques de certains secteurs de l’humanité a été fortement pris en compte dans les diverses théologies de la libération. Nombreuses et diverses en amérique latine (les noms de L. Boff, g. gutiérrez, J.-L. Segundo, Jon Sobrino et d’autres sont bien connus), elles sont également présentes en asie dans un contexte très différent. On voit ainsi des qualificatifs surprenants attribués aux affirmations christologiques qui ne sauraient être « anodines », « innocentes » ou « neutres ». Ne fonctionnent-elles pas dans l’Église et la société de manière « conservatrice », ou « progressiste » ou même « subversive » par rapport à l’ordre établi injuste ? ces christologies ne vont pas sans problèmes et l’on sait qu’elles ont été fortement critiquées par une Instruction de la congrégation de la foi en 198410. On leur a reproché en particulier de s’appuyer sur des éléments de l’analyse marxiste de la société. mais on ne saurait les englober toutes dans un jugement trop général. chaque auteur mérite d’être jugé au regard du centre de gravité de son discours. Il est vrai que l’idée même d’une « christologie pour l’amérique latine » peut poser question. cependant le souci d’annoncer le christ mort et ressuscité « dans la perspective des victimes » ne peut qu’inspirer le respect. En Europe, J. moltmann a voulu lui aussi mettre la christologie « devant le cri des malheureux vers Dieu et la liberté, à partir de la profondeur des souffrances de ce temps11 ». La dimension politique de ces essais ne doit pas masquer leur fondement culturel. L’asie en particulier est le lieu intense de recherches christologiques qui tiennent compte de l’histoire et de la culture de ces grands pays. La question majeure que leurs théologiens ont posée et posent encore aujourd’hui à leurs collègues occidentaux est celle de l’unicité du christ. au regard de la multiplicité mondiale des religions et des « voies de salut » la prétention chrétienne à ne présenter qu’un seul médiateur, issu de sa tradition, à l’univers entier n’apparaît-elle pas comme insupportable ? comme elle est au cœur du message chrétien, on peut penser que son traitement constituera le problème dogmatique majeur du xxie siècle.
10. La Documentation catholique, no 1881, 1984, pp. 890-900. 11. J. moltmann, Le Dieu crucifié, Paris, cerf, 1974, p. 179.
18
Introduction
c. PrINcIPES Et crItèrES DE cONStructION DE L’OuvragE L’originalité de ce volume est d’être constitué essentiellement de recensions de livres divers. Il ne faut donc pas en attendre un exposé suivi, mais une série de regards successifs sur ceux qui ont été les acteurs de cette recherche christologique. On y trouvera également un certain nombre de citations des ouvrages recensés. Il était impossible de reprendre la totalité des recensions s’étageant sur une trentaine d’années. Il ne s’agira que d’une sélection, dont les critères de choix sont liés à ce qui fait l’unité et la solidarité de ce mouvement christologique et donc de sa pertinence. ces recensions ne seront donc pas exhaustives par rapport aux publications des époques considérées. mais certains ouvrages, fort importants, qui n’en font pas partie, seront mentionnés sous forme de données bibliographiques dans chaque section, afin que le lecteur puisse se faire une idée équilibrée de la production sur la base d’un dossier significatif. une recension a normalement deux buts : elle doit d’abord résumer le contenu essentiel d’un livre, en mettant en relief ce qu’il apporte de nouveau et d’original. Il lui faut ensuite apporter un regard critique sur l’ouvrage, en évaluant son apport dans le concert de la recherche contemporaine et, au besoin, en engageant un débat avec l’auteur. Le préjugé de bienveillance et la sérénité du ton n’interdisent pas la confrontation des idées, ni la manifestation de lacunes, voire d’erreurs. Bien entendu, c’est le lecteur de l’ouvrage et de la recension qui reste juge des positions exprimées. ces bulletins étaient consacrés à la christologie catholique, ce qui explique la prépondérance catholique des auteurs traités. mais la situation actuelle des relations entre recherches protestantes et recherches catholiques imposait que référence soit aussi faite aux productions protestantes. La chronologie des publications et des recensions était un critère important pour ordonner ces matériaux. Elle permet de montrer l’évolution qui s’est produite d’une période à une autre et de souligner des influences. mais le point de vue thématique doit être aussi retenu. Le livre sera donc construit selon cette double référence.
Le mouvement de recherche sur le Christ…
19
L’ouvrage comprendra onze chapitres : Le premier chapitre est la reprise d’un article de 1977 qui analyse l’attitude nouvelle de la christologie contemporaine à l’égard de la définition de chalcédoine et plus généralement de l’enseignement magistériel. Le deuxième chapitre fera état des recherches actuelles sur la personne du christ dans le Nouveau testament. La préoccupation majeure sera de souligner l’enjeu proprement théologique des contributions proposées et d’en tirer les conséquences pour l’élaboration d’une christologie du Nouveau testament. Le troisième chapitre s’attachera à l’histoire des doctrines christologiques, depuis la christologie des Pères de l’Église et des conciles anciens, jusqu’au moyen Âge et aux temps modernes. L’analyse de l’œuvre immense d’aloys grillmeier y tiendra une place importante. ce chapitre donnera une particulière attention au fait que ces études ne restent pas étrangères au mouvement de la christologie contemporaine. Le lieu d’où parlent les auteurs est bien celui de la seconde moitié du xxe siècle. Les quatre chapitres suivants constituent l’épine dorsale de l’ouvrage. Ils sont consacrés aux grandes christologies systématiques qui ont marqué ce mouvement du côté catholique et ont élaboré un exposé construit selon des exigences nouvelles. Elles seront distribuées selon leur déploiement chronologique ; d’abord christian Duquoc, Louis Bouyer et hans urs von Balthasar ; puis Karl rahner, Walter Kasper, Olegario gonzalez de cardedal et Bruno forte ; de même des christologies en débats, de la Suisse à la hollande : hans Küng, Piet Schoonenberg et Edward Schillebeeckx ; enfin Joseph moingt, Peter hünermann et Joseph ratzinger. Sur cette lancée le huitième chapitre élargira la perspective aux christologies liées à un contexte culturel, géographique ou religieux particulier : amérique latine, asie, amérique du nord, Judaïsme et Islam. Le neuvième chapitre concentrera l’attention sur le renouveau important de la sotériologie, renouveau capital qui s’enracine dans les anticipations de Yves de montcheuil et la remise en honneur de la résurrection chez françois-Xavier Durrwell. Le dixième chapitre sera consacré à la dimension philosophique de la christologie. Le onzième et dernier chapitre rendra compte d’une série d’essais divers, plus difficiles à classer, et des premières études scientifiques (thèses) portant sur les plus grands auteurs présentés. ★
20
Introduction
L’auteur remercie vivement le P. christoph theobald, rédacteur en chef de la revue Recherches de science religieuse, d’avoir autorisé la reproduction des recensions parues dans cette revue. Il exprime également toute sa reconnaissance aux PP. hubert Jacobs et Pierre Sauvage, qui l’ont généreusement aidé dans la préparation et la mise au point de ce dossier christologique. Éléments bibliographiques J.-f. Baudoz et m. fédou (dir.), 20 ans de publications sur Jésus, Paris, Desclée, 1997. J. Doré, B. Lauret, J. Schmitt, avec la collaboration de Jacques Schlosser, Christologie, Paris, cerf, 2003. E. Parmentier, m. Deneken, Catholiques et protestants théologiens du Christ au xxe siècle, Paris, mame/Desclée, 2009. J.-L. Souletie, Les Grands Chantiers de la christologie contemporaine, Paris, Desclée, 2005.
Chapitre premier LE PrOcèS cONtEmPOraIN DE chaLcÉDOINE : BILaN Et PErSPEctIvES1
Le procès de chalcédoine est à l’ordre du jour. Si l’on considère l’importante production christologique de ces dernières années, presque tous les auteurs, pour ne pas dire tous, quelle que soit leur appartenance confessionnelle, éprouvent le besoin de faire le point critique de ce concile et de la christologie « classique » gouvernée par sa formule. La raison de cette attitude est évidemment à chercher dans un désir de proposer une christologie qui aille au-delà de chalcédoine et même puisse être dite, en une mesure variable selon les auteurs, non chalcédonienne. Notre but est ici d’étudier la critique de chalcédoine comme un fait théologique de notre époque et comme un moment décisif de la recherche christologique. Nous procéderons en trois temps : nous ferons d’abord une synthèse thématique des grandes critiques et objections le plus souvent adressées au concile. Nous nous interrogerons ensuite sur leur pertinence, en esquissant une critique de la critique de chalcédoine. cette démarche rendra nécessaire une mise en situation de la fonction dogmatique et conciliaire dans la vie de l’Église. Nous explorerons enfin des voies possibles d’une christologie non formellement chalcédonienne, mais qui respecte la visée fondamentale de ce concile.
1. article publié dans les Recherches de science religieuse, t. 65, 1977, pp. 45-80. Désormais, cette revue sera citée RSR.
nt o s e n es g a p s e u a certain s e l b oni p s i d s pa e. g a t e l l feui
Table des maTières
Introduction. Le mouvement de recherche sur le Christ dans la seconde moitié du xxe siècle ……………………………………………………… a. la christologie au fil de l’histoire ……………………………………… b. brève histoire du mouvement christologique de 1951 à la fin du xxe siècle 1. Origines et figures fondatrices ……………………………………… 2. le souci de la vérification …………………………………………… 3. Un retour massif à l’Écriture ………………………………………… 4. Une considération nouvelle de la sotériologie ……………………… 5. Une autre attitude à l’égard des définitions dogmatiques …………… 6. Une attention nouvelle à l’horizon contemporain ………………… C. Principes et critères de construction de l’ouvrage …………………… Éléments bibliographiques ………………………………………………
5 6 8 9 10 12 14 16 16 18 20
Chap. Ier. Le procès contemporain de Chalcédoine : bilan et perspectives a. la critique contemporaine de Chalcédoine …………………………… b. Pour une critique de la critique de Chalcédoine ……………………… 1. Quelques propos d’herméneutique conciliaire ……………………… 2. discerner les critiques ………………………………………………… C. au-delà de Chalcédoine ………………………………………………… 1. la vérité de Chalcédoine aujourd’hui ……………………………… 2. Pour un discours dialectique sur l’identité de Jésus …………………
21 22 29 30 35 42 42 44
474
Table des matières
Chap. II. Christologie du Nouveau Testament et conscience de Jésus …… a. Jésus et l’histoire ………………………………………………………… 1. Jacques Guillet ……………………………………………………… Jésus devant sa vie et sa mort ……………………………………… Jésus-Christ dans notre monde ……………………………………… 2. Jacques dupont (éd.), Jésus aux origines de la christologie ………… 3. rené latourelle, L’Accès à Jésus par les évangiles ………………… 4. Pierre-marie beaude, Jésus de Nazareth …………………………… 5. Commission biblique pontificale, Bible et christologie ………… Compléments bibliographiques ………………………………………… b. À propos de la conscience de Jésus …………………………………… 1. Karl rahner, « Considérations dogmatiques sur la psychologie du Christ » ……………………………………………………………… 2. anton Vögtle, « réflexions exégétiques sur la psychologie de Jésus » … 3. symposium de l’arbresle : K. rahner, G. martelet, J. mouroux, m. Nédoncelle, J.-J. latour ……………………………………… 4. Helmut riedlinger, Historicité et perfection de la science du Christ … 5. Jacques maritain, De la grâce et de l’humanité de Jésus …………… 6. Hans Urs von balthasar, La Foi du Christ ……………………… 7. Jacques Guillet, La Foi de Jésus Christ ……………………………… 8. François dreyfus, Jésus savait-il qu’il était Dieu ? ………………… C. de quelques christologies du Nouveau Testament …………………… 1. albert Vanhoye, Situation du Christ. Hébreux 1 – 2 ……………… 2. Pierre létourneau, Jésus Fils de l’homme et Fils de Dieu ………… 3. les mélanges r. schnackenburg : J. blank, a. Vögtle, C. F. d. moule, J. dupont, W. Thüsing, G. schneider, H. Zimmermann, m.-É. boismard, H. schlier …………………………………………………………… 4. Jean-Noël aletti, Jésus-Christ fait-il l’unité du Nouveau Testament ? Compléments bibliographiques ………………………………………… Chap. III. Histoire des doctrines christologiques ………………………… a. la christologie des Pères de l’Église …………………………………… 1. aloys Grillmeier …………………………………………………… Le Christ dans la tradition chrétienne ……………………………… Le Christ dans la tradition chrétienne. Volume 2 ………………… L’Église de Constantinople au vie siècle …………………………… Les Églises d’Alexandrie, de Nubie et d’Éthiopie …………………… Mit ihm und in ihm ………………………………………………… 2. manlio simonetti, Studi sulla cristologie del II e III secolo ………… 3. michel Fédou, La Sagesse et le Monde. Essais sur la christologie d’Origène ……………………………………………………………… 4. Charles Kannengiesser, Le Verbe de Dieu selon Athanase d’Alexandrie ………………………………………………………… 5. Peter bruns, L’Image du Christ d’Aphraate le Sage Persan …………
53 55 55 55 56 58 59 61 62 64 65 65 68 69 77 84 89 92 93 97 98 105 107 113 116 119 120 120 120 125 127 129 131 134 136 139 141
Table des matières
475
6. Goulven madec, Le Christ de saint Augustin. La Patrie et la Voie … Compléments bibliographiques ………………………………………… b. la christologie scolastique et médiévale ……………………………… 1. Philip Kaiser, Die Gott-Menschliche Einigung in Christus ………… 2. Francis ruello, La Christologie de Thomas d’Aquin ……………… 3. Édouard-Henri Wéber, Le Christ selon saint Thomas d’Aquin …… 4. H. J. m. schoot, Christ the “Name” of God ………………………… Complément bibliographique ………………………………………… C. réforme et Temps modernes …………………………………………… 1. marc lienhard ……………………………………………………… Luther témoin de Jésus-Christ ……………………………………… Au cœur de la foi de Luther : Jésus-Christ …………………………… 2. Pierre Gisel, Le Christ de Calvin …………………………………… 3. Henri-Jérôme Gagey, Jésus dans la théologie de Bultmann ………… Compléments bibliographiques …………………………………………
143 145 146 146 149 150 150 152 152 153 153 154 156 158 161
Chap. IV. Christologie systématique I : Chr. Duquoc et L. Bouyer ; H. U. von Balthasar ………………………………………… 1. Une œuvre collective : Mysterium salutis …………………………… 2. Christian duquoc …………………………………………………… Christologie. Essai dogmatique. i …………………………………… Christologie. Essai dogmatique. ii ………………………………… Jésus, homme libre …………………………………………………… Messianisme de Jésus et discrétion de Dieu ………………………… 3. louis bouyer, Le Fils éternel ………………………………………… 4. Hans Urs von balthasar …………………………………………… La Gloire et la Croix. Nouvelle Alliance …………………………… Jésus nous connaît-il ? Le connaissons-nous ? ……………………… Les Grands Textes sur le Christ ……………………………………… Compléments bibliographiques …………………………………………
163 163 166 166 173 180 182 185 191 191 200 201 204
Chap. V. Christologie systématique II : K. Rahner, W. Kasper, O. Gonzalez de Cardedal, Br. Forte ……………………… a. en allemagne …………………………………………………………… 1. Karl rahner ………………………………………………………… K. rahner et W. Thüsing, Christologie – Systematisch und Exegetisch …………………………………………………………… Traité fondamental de la foi ………………………………………… Aimer Jésus ………………………………………………………… Compléments bibliographiques …………………………………… le « testament » de K. rahner …………………………………… 2. Walter Kasper ……………………………………………………… Jésus, le Christ ……………………………………………………… Le Dieu des chrétiens …………………………………………………
205 205 205 205 214 217 219 219 221 221 230
476
Table des matières
b. en espagne et en italie ………………………………………………… 1. Olegario Gonzalez de Cardedal, Jesus de Nazareth ……………… 2. bruno Forte, Jésus de Nazareth. Histoire de Dieu, Dieu de l’histoire … Chap. VI. Christologie systématique III : christologies en débats de la Suisse à la Hollande ……………………………………………… 1. le dossier Hans Küng ……………………………………………… Être chrétien ………………………………………………………… Vingt propositions de « Être chrétien » ……………………………… Diskussion über Hans Küngs “Christ sein” ………………………… Dieu existe-t-il ? Réponse à la question de Dieu dans les Temps modernes …………………………………………………………… 2. le débat autour de la christologie de Piet schoonenberg ………… Il est le Dieu des hommes …………………………………………… Jean Galot, Vers une nouvelle christologie ………………………… robrecht michiels, Jésus-Christ, hier, aujourd’hui, demain ……… Frans Josef van beeck, Christ proclaimed. Christology as Rhetoric … 3. la christologie d’edward schillebeeckx ………………………… Jesus. Die Geschichte von einem Lebenden ………………………… Christus und die Christen …………………………………………… Chap. VII. Christologie systématique IV : J. Moingt, P. Hünermann, J. Ratzinger …………………………………………………… 1. Joseph moingt, L’homme qui venait de Dieu ……………………… Complément bibliographique ………………………………………… 2. Peter Hünermann, Jesus Christus Gottes Wort in der Zeit ………… 3. Joseph ratzinger …………………………………………………… Jésus de Nazareth. I ………………………………………………… Jésus de Nazareth II ………………………………………………… Chap. VIII. Christologies contextualisées ………………………………… a. Pierre Teilhard de Chardin …………………………………………… Christopher F. mooney, Teilhard de Chardin et le Mystère du Christ … Compléments bibliographiques ………………………………………… b. Christologies de la libération (amérique latine) ……………………… 1. leonardo boff, Jésus-Christ libérateur ……………………………… 2. Jon sobrino, ………………………………………………………… Jésus en Amérique latine …………………………………………… La fe en Jesucristo : ensayo desde las victimas ……………………… Compléments bibliographiques ………………………………………… C. le Christ en asie ……………………………………………………… 1. Jacques dupuis, Homme de Dieu, Dieu des hommes ……………… 2. Vénérable buddhadāsa, Un bouddhiste dit le christianisme aux bouddhistes ………………………………………………………………… Compléments bibliographiques …………………………………………
236 236 238 243 243 244 253 254 260 261 262 269 270 274 280 280 289 295 295 312 313 316 316 320 323 323 323 328 328 328 331 331 333 349 349 350 352 354
Table des matières
477
d. Jésus selon l’islam et le judaïsme ……………………………………… roger arnaldez ……………………………………………………… Jésus, Fils de Marie, prophète de l’islam …………………………… Jésus dans la pensée musulmane …………………………………… Compléments bibliographiques ………………………………………… e. amérique du Nord ……………………………………………………… William m. Thompson, The Jesus Debate. A Survey and Synthesis ……
355 355 355 358 359 359 359
Chap. IX. Renouveau de la sotériologie …………………………………… indications bibliographiques …………………………………………… a. relectures bibliques du salut …………………………………………… 1. mélanges Fr.-X. durrwell, La Pâque du Christ …………………… 2. Franz J. leenhardt, La Mort et le Testament de Jésus ……………… 3. Gisbert Greshake, Jacob Kremer, Resurrection mortuorum ……… 4. michel Gourgues, Le Crucifié. Du scandale à l’exaltation ………… 5. edgar Haulotte, Le Concept de croix ……………………………… 6. Paul Ternant, Le Christ est mort pour tous ………………………… b. relectures de la sotériologie patristique ……………………………… 1. H. e. W. Turner, Jésus le Sauveur …………………………………… 2. basil studer, Dieu Sauveur. La rédemption dans la foi de l’Église ancienne ……………………………………………………………… C. le dialogue entre théologiens et rené Girard ………………………… 1. Une approche pluridisciplinaire : Mort pour nos péchés …………… 2. raymund schwager ………………………………………………… Der wunderbare Tausch …………………………………………… Jesus im Heilsdrama ………………………………………………… Compléments bibliographiques ………………………………………… d. la théologie systématique ……………………………………………… 1. Thomas F. Torrance, The Mediation of Christ …………………… 2. Hans-Willi Winden, Wie kam und wie kommt es zum Osterglauben ? … 3. Thomas Pröpper, Erlösungsglaube und Freiheitsgeschichte ………… 4. michel deneken, Le Salut par la croix dans la théologie contemporaine … 5. bernard rey, Nous prêchons un Messie crucifié ……………………… e. Un contresens significatif ……………………………………………… Nathan leites, Le Meurtre de Jésus moyen de salut ? ………………… Complément bibliographique …………………………………………
363 364 365 365 367 370 373 374 375 378 378 379 381 381 384 384 385 388 389 389 391 394 395 397 397 398 400
Chap. X. La christologie philosophique …………………………………… 1. Thomas Pröpper, Jésus : raison et foi ……………………………… 2. Paul Valadier, Christ ou Dionysos ………………………………… 3. Georges morel, Questions d’homme III …………………………… 4. emilio brito, Hegel et la Tâche actuelle de la christologie ………… 5. Xavier Tilliette ……………………………………………………
401 401 402 405 406 409
478
Table des matières La Christologie idéaliste …………………………………………… Le Christ de la philosophie ………………………………………… La Semaine sainte des philosophes ………………………………… 6. Philibert secretan, Les Tentations du Christ ……………………… Compléments bibliographiques …………………………………………
409 410 411 413 414
Chap. XI. Essais ……………………………………………………………… a. essais théologiques ……………………………………………………… 1. arthur michael ramsey, Dieu, le Christ et le Monde ……………… 2. Gustave martelet, Résurrection, eucharistie et genèse de l’homme … 3. Collectif, Jésus Christ, Fils de Dieu …………………………………… 4. Gabriele Kieser, Christus im Armen ………………………………… 5. arno schilson, Walter Kasper, Théologiens du Christ aujourd’hui … Compléments bibliographiques ………………………………………… b. Thèses universitaires …………………………………………………… 1. Javier Vitoria Cormenzana, Todavia la salvacion cristiana ? …… 2. Giovanni marchesi, La cristologia di Hans Urs von Balthasar …… 3. maria m. da Conceicão dias de Carvahlo, A centralidade cristologica de « Eschaton » nos escritos de Hans Urs von Balthasar ……… 4. Franco Giulio brambilla, La cristologia di Schillebeeckx ………… 5. Jorge Texeira da Cunha, O evento do Filho advento do homen …… 6. Nicolo madonna, Ermeneutica e cristologia in W. Kasper ………… 7. Évelyne maurice, La Christologie de K. Rahner ……………………
415 415 415 418 422 426 428 429 430 430 432
Conclusion et bilan ………………………………………………………… a. Un état des lieux ………………………………………………………… 1. Écriture et tradition dogmatique …………………………………… 2. le récit, l’histoire et la foi …………………………………………… 3. Trois points débattus et toujours à approfondir …………………… 4. renouvellement de la sotériologie …………………………………… b. l’unicité du Christ en question ………………………………………… 1. Trois grandes positions de référence ………………………………… 2. les objections fondamentales faites à la position chrétienne ……… 3. le chantier christologique ouvert ……………………………………
445 445 445 447 448 450 451 452 453 454
Présentation des auteurs recensés …………………………………………
457
Index des auteurs anciens ……………………………………………………
465
Index des auteurs modernes …………………………………………………
467
Table des matières ……………………………………………………………
473
435 436 439 440 441
XXe
siècle a connu, dans le domaine de la christologie, une période d’essor extraordinaire. Il est légitime de parler à son sujet de « trente glorieuses ». Balthasar, Grillmeier, Kasper, Küng, Moingt, Rahner, Schillebeeckx…, presque tous les grands théologiens du temps y sont allés de « leur » christologie. Celle-ci a délibérément quitté son époque scolastique, pour faire mieux droit aux textes fondateurs de l’Écriture, dans leur différence avec les documents régulateurs des grands conciles. Il s’agit d’un véritable tournant dont nul ne peut faire l’économie dans l’étude de la christologie. Tous les secteurs de la recherche se sont mis en mouvement : la christologie du Nouveau Testament, l’histoire ancienne et moderne des doctrines, les christologies liées à des contextes géographiques et culturels nouveaux, la sotériologie, les christologies philosophiques. L’objet de ce livre est à la fois historique et théologique. Il entend présenter les différents aspects de ce mouvement théologique à partir des analyses d’un choix de très grandes œuvres, principalement de théologiens catholiques, mises en situation et commentées avec précision. Ce bilan s’adresse aux théologiens confirmés, aussi bien qu’aux étudiants ou à tout lecteur passionné par les grandes questions théologiques. Bernard SESBOÜÉ, jésuite, professeur émérite au Centre Sèvres, facultés jésuites de Paris, est l’auteur de nombreux ouvrages de christologie : JésusChrist dans la tradition de l’Église (2e éd. 2000) ; Jésus-Christ l’unique Médiateur. Essai sur la rédemption et le salut, tomes I (2e éd. 2003) et II (1991) ; Pédagogie du Christ. Éléments de christologie fondamentale (2e éd. 2008) ; Jésus-Christ à l’image des hommes (2e éd. 1997) ; Tout récapituler dans le Christ. Christologie et sotériologie d’Irénée de Lyon (2000). En outre, il a publié Croire (1999) et Invitation à croire (2009) et il a dirigé les quatre volumes de l’Histoire des dogmes (1994-1996).
ISBN: 978-2-87299-217-1
Diffusion : cerf www.editionslessius.be
Illustration : « La Cappella Redemptoris Mater » del Papa Giovanni Paolo II, 1999 © Libreria Editrice Vaticana. Auteur de la mosaïque : Marco Ivan Rupnik. Photographes : Aurelio et Francesca Amendola.
La seconde moitié du