La reine des vaches chez la psy - extrait

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chez la psy

La Reine des vaches Gerda Fellay Narcisse Praz


Illustrations de Patrick Nater Photographies: Jean Marguelisch, Gérard Falcioni © 2015 Editions Monographic SA, CH-3960 Sierre www.monographic.ch

ISBN : 978-2-88341-233-0


Gerda Fellay Narcisse Praz

LA REINE DES VACHES CHEZ LA PSY



Gerda Fellay, éleveuse des reines dans son étable à Charrat, psychologue-psychothérapeute, docteur en psychologie de l’université de Neuchâtel, certifiée en thérapie assistée par des animaux I.E.T. de Zurich, travaille depuis de nombreuses années en cabinet privé à Sion. Sa passion : les vaches d’Hérens.

« Que lis-je là ? Elever trois vaches par amour de la race d’Hérens ? Voilà bien propos de nantis ! » Le Pinailleur, Narcisse Praz, est un auteur libertaire, spécialiste du patois, peintre, défenseur de la laïcité… 9



Avant-propos Au début des années 2000, je suis tombée amoureuse de Bouboule, voilà comment commence mon aventure avec les vaches d’Hérens. Bouboule était génisse à l’époque, en stabulation libre avec sa copine Séville. Les deux génisses attendaient un nouveau propriétaire après l’arrêt forcé de « leur » agriculteur. Bouboule était coquine. Quand je suis passée à son enclos, elle voulait aussi se promener. Un saut, et Bouboule se joint à ma promenade. En tant que psy, j’ai dû complètement changer mon organisation, mon fonctionnement et j’ai dû beaucoup apprendre. Par pure chance, j’ai vite eu une reine d’alpage en 2006. Mais le fait avoir une deuxième reine d’alpage en 2012 n’était pas seulement dû à la chance. D’abord il y eu la bonne race, une vache d’exception, mais aussi le fruit de mes efforts de m’approcher de la race d’Hérens, de son monde en Valais, de dévorer des dizaines de livres en tant qu’éleveur novice et de l’aide et de bons conseils des éleveurs expérimentés. En tant que scientifique et journaliste spécialisée qui a écrit plusieurs livres, rien d’étonnant que ces expériences deviennent un manuscrit que les Editions Monographic éditent sur le conseil de Narcisse Praz. 11


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LA VACHE D’HÉRENS


Pourquoi les vaches luttent-elles ? Deux-tiers des éleveurs gardent leurs Hérens « pour la corne ». 8 Ils sont contents quand elles « sont méchantes ». Les zoologues vous expliquent ce phénomène par le concept de la hiérarchie. Ils disent que dans un troupeau chaque individu a un rang, qui va d’alpha à oméga selon l’alphabet grec. Ils disent aussi que souvent le taureau le plus âgé occupe le rang alpha. Chez les vaches la hiérarchie dépend de l’âge, de la stature et du poids. La race joue un rôle comme les cornes et le tempérament. Prof. Dr Beat Tschanz, zoologue de Bolligen, dit dans une brochure du Schweizer Tierschutz STS9, que s’il existait un manuel de droit chez les vaches, le premier paragraphe serait : « Partout où l’accès à un endroit, par exemple les abreuvoirs, est limité, des situations de concurrence se produisent, dans lesquelles le rang le plus haut gagne. Si l’accès est possible partout, comme sur un grand pré, ces situations ne se produisent pratiquement pas ». Monsieur Tschanz dit que sur un pré, les vaches tiennent une distance qui mesure deux vaches (côte à côte) entre elles afin que le troupeau puisse paître en paix. Si deux bêtes se rencontrent, elles changent tacitement leur direction afin d’éviter une collision. 34


Pourquoi les vaches luttent-elles ? Je tente une explication différente. D’abord, de tout temps j’ai observé les veaux en groupe. Aussitôt réunis, deux veaux s’adonnent à ce sport. Il s’agit donc pour eux d’un jeu. Ils peuvent passer des heures à se mesurer de la sorte, jusqu’à en sortir fatigués. Ils sont comme des enfants qui se chamaillent. La vie des Hérensardes commence donc par des jeux, comme pour les humains. Comme les chiots s’amusent en se mordillant l’un l’autre, les veaux prennent la mesure de leurs compagnons en luttant et parfois avec acharnement. C’est l’apprentissage de la vie, probablement l’instinct de survie par l’autodéfense. En revanche, l’âge adulte venu, l’Hérensarde se retrouve soudainement à l’alpage, immergée dans un troupeau de 150 ou 200 congénères... de même sexe. Et tout le problème est là. J’ai parlé, dans une autre partie de cet ouvrage, de la vache cavaleuse (en patois cavaèche). Et si tout le problème se trouvait là, précisément : la cohabitation forcée entre un grand nombre d’individus d’un même sexe ? Pour corroborer ce postulat il n’est que  37


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