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DOSSIER : LES FRACTURES CHEZ LES ÉQUIDÉS

Volume 5

N°20 SEPTEMBRE 2009 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

LES FRACTURES chez les équidés

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°20 - SEPTEMBRE 2009

- Comment diagnostiquer et traiter les fractures des os métacarpiens/ métatarsiens rudimentaires chez le cheval - Comprendre et diagnostiquer les fractures de stress chez le cheval - Diagnostic et pronostic des fractures des os longs - Comment immobiliser un membre et transporter un cheval fracturé - Imagerie Diagnostic échographique des fractures du bassin

DOSSIER : LES FRACTURES chez les équidés De la façon dont une fracture est diagnostiquée, réduite et immobilisée en urgence avant un transport éventuel, dépendent les résultats du traitement proprement dit ...

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles d’équine parus dans les revues internationales

- Comment traiter les fractures du pied chez le cheval - Les ostéosynthèses : implants LCP et transfixation chez le cheval

Rubriques - Geste Comment réaliser une immobilisation basse chez le cheval - Geste Comment effectuer une immobilisation haute chez le cheval - Chirurgie Comment amputer des os rudimentaires sur le terrain - Principe actif Le tiludronate


Volume 5

sommaire

N°20 SEPTEMBRE 2009

Éditorial par Olivier Simon

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Test clinique - Des troubles de l’érection chez un cheval pur-sang de 17 ans Jean-François Bruyas, Daniel Tainturier

DOSSIER LES FRACTURES chez les équidés

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CHEVAL ET ÉQUIDÉS - Comment diagnostiquer et traiter les fractures des os métacarpiens et métatarsiens rudimentaires chez le cheval Céline Mespoulhès-Rivière, Fabrice Rossignol - Comprendre et diagnostiquer les fractures de stress ou fractures de fatigue chez le cheval Thibault Vila - Diagnostic et pronostic des fractures des os longs chez le cheval Olivier Simon - Comment immobiliser un membre et transporter un cheval fracturé Émilie Ouachée, Valérie Deniau, Céline Mespoulhès-Rivière, Fabrice Rossignol - Imagerie - Diagnostic échographique des fractures du bassin chez le cheval Émilie Sudraud - Comment traiter les fractures du pied chez le cheval Thomas Launois - Les ostéosynthèses : implants LCP et transfixation chez le cheval Anne-Sophie Moncelet, Céline Mespoulhès-Rivière, Fabrice Rossignol

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RUBRIQUES - Geste - Comment réaliser un plâtre en résine ou un plâtre “de terrain” pour une immobilisation basse chez le cheval Sophie de la Farge, Fabrice Rossignol - Geste - Comment effectuer une immobilisation haute chez le cheval adulte Anne-Sophie Moncelet, Fabrice Rossignol - Chirurgie - Comment amputer les os rudimentaires sur le terrain chez le cheval Céline Mespoulhès-Rivière - Principe actif - Le tiludronate Roland Perrin

revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue

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par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

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indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius

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(CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

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• CAB Abstracts Database

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE - Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain Revue thématique des articles parus dans les revues internationales - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par Julie Cassagne, Laure-Aline Dequier, François-Xavier Laleye, Pauline Pidou, Anne Savoie, Aurélie Thomas, Camille Thomas, Céline Vélu, Nathalie Veniard Test clinique - les réponses Tests de formation continue - les réponses Articles originaux

Souscription d’abonnement en page 66

CHEVAL RUBRIQUE

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REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 327


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

des troubles de l’érection

Conseil scientifique

chez un cheval pur-sang de 17 ans

Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)

Jean-François Bruyas, Daniel Tainturier Unité de biotechnologie et pathologie de la reproduction Département des Sciences cliniques - École Vétérinaire de Nantes BP 40706 - 44307 Nantes Cedex 03

U

Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (praticien) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)

Comité de rédaction Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Imagerie, praticien) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.N.) Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Roland Perrin (Chirurgie, praticien) Didier Pin (Dermatologie, E.N.V.L.) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr

1

En présence d'une jument en œstrus : déclenchement d'un comportement sexuel physiologique.

2

Entrée en érection (photos D. Tainturier).

1 Quel est votre diagnostic ? 2 Quelle conduite à tenir adopter ?

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 37 € T.T.C CEE : 39 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0412 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081

3

4

Chevauchement et intromission.

5 Tentative d'éjaculation.

Absence d'éjaculation, détumescence pénienne et arrêt du chevauchement.

Mouvements copulatoires.

6

comité de lecture

Impression : Imprimerie Nouvelle Normandie Avenue des lions Ste-Marie des Champs B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. Aux termes de l’article 40 de la loi du 11 mars 1957 “toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite”. L’article 41 de la même loi n’autorise que les “copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source”. Le non respect de la législation en vigueur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 328 - SEPTEMBRE 2009

n étalon de 17 ans de race pur-sang exploité en monte en main est présenté pour un défaut de maintien de l’érection et d’éjaculation qui est apparu il y a plusieurs semaines.

Une séquence de ce trouble du comportement sexuel est présentée ici (photos 1 à 4). En présence d’une jument en œstrus, l’étalon ne présente pas d’anomalie de l’excitation sexuelle. Il entre normalement en érection, présente un réflexe physiologique de chevauchement et de début d’intromission (photo 3), mais très peu de temps après le début de l’intromission et avant tout mouvement copulatoire, une détumescence de la verge, une absence d’éjaculation et un arrêt du chevauchement sont observés (photos 5, 6).

Un examen orthopédique dynamique ne montre aucune anomalie majeure.

4

Bruno Baup, Philippe Benoit, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Pierre Chuit (Suisse), Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada) Agnès Leblond,

Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Emmanuelle Moreau, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Morgane Schambourg, Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Mathieu Spriet (Canada), Christopher Stockwell, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.

Réponses à ce test page 65

Abonnez-vous en page 66 Pour tous renseignements : tél. (33)1 41 94 51 51 fax (33)1 41 94 51 52 courriel neva@neva.fr


éditorial De la façon dont une fracture est diagnostiquée, réduite et immobilisée en urgence avant un transport éventuel, dépendent les résultats du traitement proprement dit ...

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n 1999, la National Thoroughbred Racing Association a, pour la première fois, décerné une récompense honorifique pour le “Moment de l’Année”. Elle a voulu par ce biais souligner et saluer l’émotion qu’avait suscité le geste d’un jockey maîtrisant son cheval en arrière du peloton de ses concurrents, tout en lui maintenant le membre levé en attendant que l’équipe de soin puisse intervenir. Ce jour-là, Chris Antley a très probablement sauvé la vie de Charismatic en faisant intuitivement “le” geste nécessaire à empêcher que la fracture condylaire que le cheval venait d’encourir n’évolue plus gravement. De la façon dont une fracture est diagnostiquée, réduite et immobilisée en urgence avant un transport éventuel, dépendent les résultats du traitement proprement dit. La manière dont le propriétaire est informé et conseillé, conditionne son sentiment de satisfaction ou de frustration face à ce qui résonne encore trop souvent comme la fin de la carrière sportive du cheval. Les centres de chirurgie spécialisée ne sont capables d’approcher un taux de succès intéressant en ostéosynthèse qu’à condition de pouvoir compter sur une gestion optimale et éclairée de la phase préalable à l’hospitalisation. Encore plus que dans les autres situations, la réussite commence d’abord à l’écurie ou sur la piste de course grâce aux soins et aux conseils prodigués par le praticien traitant. Comme tant d’autres domaines, les techniques de traitement des fractures a subi de véritables évolutions ces 10 à 15 dernières années. Même si les contraintes imposées par le poids des animaux et les limites de leur immobilisation restent, dans encore beaucoup de situations, des obstacles infranchissables, les progrès réalisés nous permettent dès à présent, de gérer favorablement des lésions qui signifiaient l’euthanasie pure et simple il n’y a pas si longtemps. Ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine constitue un guide pratique rappelant quelques grands principes fondamentaux de la gestion des fractures afin d’aider tout confrère dans le cadre de son activité quotidienne, et non pas un livre de texte ou un manuel de chirurgie de la réparation des fractures, destiné à quelques chirurgiens spécialisés. Les sujets ont été choisis pour leur pertinence et leurs auteurs ont été soigneusement sélectionnés pour leur expertise dans le domaine. Nous avons voulu éviter d’entrer dans trop de détails techniques ou de propriétés physiques des différents implants existants ou en cours de développement. La description des plaques LCP (locking compression plate) trouve néanmoins sa place dans un contexte où elle illustre bien l’une des raisons pour lesquelles le pronostic des traitements a réalisé une avancée notable : la recherche permet la mise au point d’implants qui répondent de mieux en mieux à notre compréhension de la biologie de la guérison osseuse. Cette science connaît elle-même d’énormes bouleversements. Les préceptes d’hier (réduction parfaite, fixation rigide par exemple) ont connu de fortes modulations ces dernières années. D’un point de vue pratique, il nous est apparu nécessaire d’adresser les conditions auxquelles nous pouvons nous trouver confrontés dans le cadre de la pratique ambulatoire, envisageant alors les étapes d’intervention dans un ordre logique. Il nous a également semblé intéressant de reparler des fractures de stress ou fractures de fatigue encore trop souvent oubliées dans le diagnostic différentiel des boiteries chez les chevaux de sport de haut niveau, même si le sujet sort un peu du cadre strict de la pratique de tous les jours. onne lecture ! Et si un jour, les quelques conseils que vous aurez trouvés ici vous aident à faire “le” geste nécessaire, nous aurons atteint notre but. ¿

Olivier Simon Diplomate European College of Veterinary Surgeons Clinique Vétérinaire De Morette Asse Belgique

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 329


comment diagnostiquer Céline Mespoulhès-Rivière1 Fabrice Rossignol2 1 Clinique équine ENVA 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

et traiter les fractures des os métacarpiens/métatarsiens rudimentaires chez le cheval

2

Clinique équine de Grosbois Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint Léger

Les fractures des os métacarpiens/métatarsiens rudimentaires sont des affections relativement fréquentes. Selon les cas, un traitement conservateur ou chirurgical peut être recommandé.

Objectif pédagogique Savoir diagnostiquer et traiter des fractures des os métacarpiens/métatarsiens rudimentaires.

S

ituée à l’aspect palmaire/plantaire du membre, l’extrémité proximale des os métacarpiens/métatarsiens rudimentaires (II et IV) participe à la stabilité des massifs osseux du carpe et du tarse. Plus distalement, ces os fins et longilignes sont en rapport étroit avec l’os canon, ou métacarpien/métatarsien III, et les branches du ligament suspenseur du boulet. Ces particularités anatomiques permettent d’expliquer l’origine ou les conséquences potentielles des fractures des os métacarpiens / métatarsiens rudimentaires, qui sont des affections assez courantes, pouvant être associées ou non à des signes cliniques. Si le diagnostic de ces lésions est relativement simple, le choix du traitement doit être bien réfléchi, en fonction de la position de la zone fracturée mais également selon les lésions associées ou la présence d’un processus infectieux associé.

Essentiel Les fractures proximales sont le plus souvent secondaires à un traumatisme externe et peuvent être simples ou comminutives. Devant une anomalie d’aplomb (genoux cagneux ou décalés), penser à une fracture proximale car celle-ci peut parfois être diagnostiquée sans antécédent ou signe clinique de traumatisme, en particulier sur les membres antérieurs.

ÉTIOLOGIE ET PATHOGÉNIE

L’étiologie et la pathogénie des fractures des os métacarpiens/métatarsiens rudimentaires diffèrent selon la localisation de la fracture.

On distingue les fractures affectant le tiers proximal et celles affectant le tiers distal. Les fractures du tiers moyen s’apparentent à l’une ou à l’autre de ces deux catégories en fonction de leur étiologie et de leurs caractéristiques cliniques.

Les fractures du tiers proximal

Les fractures proximales affectent le tiers proximal de l’os et concernent tous les types de chevaux. Elles sont le plus souvent secondaires à un traumatisme externe (coup de pied ou choc avec un objet) et peuvent être simples (souvent obliques) ou

CHEVAL Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 330 - SEPTEMBRE 2009

1

Fistule sur fracture infectée de l’aspect proximal du métatarsien IV (photos clinique de Grosbois).

6

2

Vue oblique dorsolatérale du même membre, avec présence d’une fracture proximale comminutive du métatarsien IV.

comminutives [3]. L’os métacarpien/métatarsien IV est le plus souvent affecté en raison de sa position latérale.

Ces fractures sont souvent ouvertes (66 p. cent des cas dans une étude récente [10], et parfois infectées (photos 1, 2).


comprendre et diagnostiquer les fractures de stress ou fractures de fatigue chez le cheval

Thibault Vila Clinique Vétérinaire Équine 20 bis, rue Victor Hugo 60500 Chantilly

Fréquentes chez les chevaux de course et de sport, les fractures de stress sont la conséquence d’une activité sportive intense. Elles sont une entité pathologique à part entière de la traumatologie osseuse. Cet article présente le mécanisme de ces fractures et les circonstances favorisant leur apparition, puis expose les moyens de les diagnostiquer.

Objectifs pédagogiques Comprendre les mécanismes et les circonstances d’apparition des fractures de stress. Connaître les moyens disponibles pour en faire le diagnostic.

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Le 1er prix éditorial 2008

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ne fracture de stress ou fracture de fatigue est une fracture incomplète consécutive à une répétition de stress mécaniques d’une intensité inférieure à celle nécessaire pour provoquer une fracture complète lors d’un traumatisme unique [13]. On parle indifféremment de fracture de fatigue, de pseudo-fracture ou de fracture spontanée.

Ce type de lésion, décrite depuis la fin du 19e siècle en médecine humaine [2], est devenu une entité pathologique à part entière en médecine équine notamment depuis l’avènement des nouvelles méthodes de diagnostic des affections locomotrices.

Après un rappel des mécanismes physiopathologiques, cet article décrit la symptomatologie des fractures de stress, et présente les différents examens complémentaires utiles pour leur diagnostic, donc pour améliorer leur pronostic. MÉCANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES Les mécanismes d’apparition d’une fracture de stress

L’apparition d’une fracture de stress au sein d’un os sain est due à une succession répétée de traumatismes, supérieure à la limite d’endurance de l’os mais inférieure à sa limite d’élasticité. L’élasticité correspond à la capacité d’une structure soumise à une charge à se déformer et à revenir à sa forme initiale lorsque la charge est retirée.

Essentiel 2 Évolution morphologique d’un poulain mâle pur-sang de 2 ans entre le mois de Novembre 2007 et d’Avril 2008 : - ceci démontre la métamorphose complète et rapide du modèle du cheval après quelques mois d’entraînement ; - ce changement de morphologie rapide peut être un facteur favorisant dans l’apparition des fractures de fatigue (photos T. Vila).

Ces traumatismes répétés sont à l’origine de microfissures dans la structure osseuse que l’on a pu observer dans certaines études au microscope électronique et qui sont, au départ, le témoin d’une adaptation physiologique intrinsèque de l’os lui permettant de mieux absorber l’énergie secondaire aux contraintes auxquels il est soumis [9].

L’augmentation de l’intensité ou de la fréquence de ces traumatismes entraîne progressivement une diminution de la rigidité de l’os, c'est-à-dire une augmentation de sa capacité à se déformer. À terme, la structure osseuse se fragilise et le risque d’apparition d’une fracture complète augmente alors que l’intensité des contraintes n’a pas forcément varié.

D’un point physiologique, l’apparition d’une fracture de stress correspond à un déséquilibre entre la vitesse d’apparition

Une fracture de stress apparaît à la suite de traumatismes biomécaniques répétés entraînant un déséquilibre progressif entre la résorption et la reconstruction osseuse. Ces fractures de stress se rencontrent surtout chez les jeunes chevaux de course, âgés de 2 à 4 ans, en particulier chez les pur-sang. Elles sont la conséquence d’une difficulté d’adaptation au stress du travail à vitesse élevée.

CHEVAL Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 335


diagnostic et pronostic des fractures des os longs

Olivier Simon

chez le cheval Même si de gros progrès ont été réalisés en imagerie médicale, une approche clinique pragmatique est essentielle pour le diagnostic des fractures. Ces dernières années, les taux de réussite du traitement des fracture des os longs ont progressé, notamment grâce à l’apparition d’implants répondant davantage aux exigences spécifiques de la chirurgie équine. Le succès reste toutefois très lié à la qualité des premiers soins.

L

es os longs se définissent comme des os dont une des dimensions est nettement plus grande que les deux autres. Ils présentent un corps ou une diaphyse creusée par le canal médullaire et deux extrémités ou épiphyses.

Diaphyse et épiphyse sont reliées par une zone qui est le siège de la croissance, la métaphyse ou cartilage de croissance, aussi appelée cartilage de conjugaison qui ne s’ossifie complètement qu’à la fin de la croissance. La deuxième phalange est ainsi le dernier os long du squelette appendiculaire du cheval.

Selon les circonstances et l’activité habituelle du cheval, nous pouvons être appelé à gérer à peu près n’importe quel type de fracture chez les animaux (photo 1). Après les principes d’approche diagnostique, nous envisageons les notions pronostiques associées à ces blessures majeures. DIAGNOSTIC L’évolution technologique met à notre portée plus ou moins directe de nombreux appareillages sophistiqués, mais dans la plupart des cas, une approche clinique traditionnelle est très suffisante pour établir un diagnostic lors d’une suspicion de fracture.

Une fois précisées la nature et la gravité de la lésion à l’aide d’examens complémentaires,

Clinique Vétérinaire De Morette Asse Belgique

Objectif pédagogique Savoir établir un diagnostic et un pronostic lors de fractures des os longs chez le cheval pour décider de la meilleure option thérapeutique.

Le 1er prix éditorial 2008

1

Fracture ouverte du canon chez un poulain (Photo F. Rossignol).

une connaissance générale des pronostics est nécessaire à l’information éclairée du propriétaire.

La pratique dans laquelle nous professons détermine la fréquence avec laquelle nous pouvons être confrontés à un cheval fracturé ; la prise en charge de cette situation critique nous est donc plus ou moins familière. Les confrères travaillant dans le milieu des courses sont plus souvent amenés à gérer ce type d’accident mais, en dehors de configurations ou de localisations plus directement liées à telle ou telle discipline, n’importe quel équidé est susceptible de subir une fracture osseuse, même dans des conditions très “protégées”. Le diagnostic clinique Comme dans toute situation clinique, une approche très élémentaire, faisant appel à nos connaissances anatomiques, à notre observation et à notre analyse logiques doit nous permettre d’établir un premier diagnostic différentiel dans la majorité des cas.

La prise de l’anamnèse, l’observation et l’inspection de l’animal, la palpation et éventuellement, l’ausculation (les crépitements lors de fracture complète instable sont facilement audibles au stéthoscope) sont des moyens souvent trop rapidement mis de côté (photo 2). Pour beaucoup de confrères de pratique mixte, ce sont cependant les seuls moyens à disposition immédiate.

Essentiel La prise de l’anamnèse, l’observation et l’inspection de l’animal, la palpation et l’auscultation constituent un préalable indispensable lors de la prise en charge d’une suspicion de fracture. Lors d’examen radiographique, un minimum de deux clichés à 90° sont à réaliser.

CHEVAL Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 341


comment immobiliser un membre et transporter

Émilie Ouachée1 Valérie Deniau1 Céline Mespoulhès-Rivière2 Fabrice Rossignol1 1Clinique équine de Grosbois Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint Léger 2École Nationale Vétérinaire d’Alfort

un cheval fracturé Lors de fracture d’un membre sur le terrain, l’immobilisation adéquate du membre fracturé est essentielle de même qu’un traitement médical et un transport de l’animal adapatés à chaque situation.

7, avenue du général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique Savoir prendre en charge un cheval fracturé sur le terrain.

L

es fractures appendiculaires sont souvent considérées dans l’espèce équine comme des motifs d’euthanasie. Le développement des techniques d’ostéosynthèse et la qualité des implants disponibles permettent de traiter des animaux dont l’état aurait été jugé désespéré par le passé, les décisions d’euthanasie sont donc de moins en moins justifiées.

La réparation chirurgicale de la fracture n’est jamais une urgence immédiate en soi ; les techniques d’immobilisation et la stabilisation de l’état général de l’animal déterminent en grande partie les chances de succès de telles interventions.

Les principes de prise en charge en urgence sont exposés. Ils comprennent le bilan clinique et le diagnostic, la stabilisation médicale de l’animal, puis l’immobilisation du membre fracturé en fonction du site de fracture ainsi que des conditions de transport idéales vers un centre de référence ou vers l’écurie. Nous nous limitons aux cas de fracture des membres, les fractures du crâne ne nécessitant généralement pas de stabilisation (ou uniquement un bandage protecteur). On garde à l’esprit la possibilité de fracture de vertèbre cervicale ou du rachis.

Le 1er prix éditorial 2008

Essentiel Une immobilisation rapide du membre est importante pour diminuer l’anxiété du cheval, éviter des dommages supplémentaires des tissus mous, des abouts fracturés, et l’intégrité de la peau. Le caractère du cheval est à considérer dans le pronostic : il conditionne la manière dont le cheval va s’habituer à long terme à la stabilisation d’un membre.

BILAN CLINIQUE ET DIAGNOSTIC Le degré de dommages du membre et les lésions associées doivent être évaluées lors du 1er examen du cheval traumatisé.

En cas de lésion jugée irréparable par le vétérinaire, avec éventuellement confirmation par contact téléphonique avec un centre de référence, ou encore en cas d’impossibilité de prise en charge du traitement par les propriétaires (aspect financier, activité sportive future), le cheval doit être euthanasié pour raison humanitaire.

CHEVAL Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 346 - SEPTEMBRE 2009

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Si le membre est dans des conditions qui permettent de le traiter, il est prioritaire de l’immobiliser avant toute autre investigation ; l’examen radiographique n’en est que facilité.

En cas de doute ou si aucun examen complémentaire n’est disponible sur place un membre suspect de présenter une fracture doit être immobilisé. En fonction de l’anxiété du cheval, celui-ci est tranquillisé. Une immobilisation rapide du membre est importante pour diminuer son anxiété, éviter des dommages supplémentaires des tissus mous ainsi que des abouts fracturés, et l’intégrité de la peau (la barrière de la peau est très importante pour réduire les risques d’infection). La pression du bandage prévient également le gonflement de la région [1].

Examen physique de l’animal Une évaluation clinique rapide permet de repérer les signes d’un éventuel choc posttraumatique (muqueuses pâles, T.R.C. augmenté, fréquence cardiaque > à 60 bpm) nécessitant une réanimation médicale avant de référer. En cas d’hémorragie (rare en cas de fracture), celle-ci est à maîtriser en premier lieu par compression et pose d’un garrot. Il convient de bien estimer la quantité de sang perdu (technique plus fiable que d’observer la modification des paramètres sanguins qui est plus tardive) [2].

Puis, un examen clinique complet est réalisé, en apportant une attention particulière aux déficits nerveux et aux traces de traumatisme thoracique ou abdominal. Observer le caractère du cheval est un élément important pour le pronostic car il conditionne la manière dont l’animal va s’habituer à la stabilisation d’un membre au long cours. Par exemple, un cheval gérant intelligemment son membre avec suppression d’appui a un bien meilleur pronostic qu’un animal paniqué, en sueur, cherchant à lutter contre la contention.

La terminologie pour la description des fractures est essentielle (encadré, tableau).

Tranquillisation et analgésie

Une tranquillisation modérée est généralement nécessaire pour mettre en place un plâtre ou pour effectuer des examens


imagerie

diagnostic échographique des fractures de bassin

chez le cheval Face à une suspicion de fracture du bassin, la confirmation du diagnostic peut constituer un vrai défi, dans les conditions de terrain. L’examen clinique prime, mais dans certains cas, les informations relevées sont insuffisantes. L’échographie est l’examen d’imagerie le plus facile à mettre en œuvre et le plus conseillé.

L

es fractures de bassin représentent environ 0,9 à 4,4 p. cent des cas de boiteries postérieures [7]. Les pur-sang sont certainement les individus les plus représentés en raison de leur activité. Les poulains et les yearlings sont bien plus à risque que les chevaux adultes.

Asymétrie, crépitations, atrophie musculaire, déformation des tissus mous, sont des signes cliniques pouvant indiquer la présence d’une fracture du bassin, mais ils sont souvent absents [1]. Les résultats du fouiller rectal sont inconstants. Tous ces éléments restent cependant peu spécifiques, les techniques d’imagerie médicale sont dès lors une aide précieuse pour établir un diagnostic.

Pour évaluer les lésions de bassin, les outils d’imagerie médicale sont donc vivement conseillés. LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES D’IMAGERIE La radiographie du bassin requiert idéalement un décubitus dorsal, donc une anesthésie générale à l’issue de laquelle un déplacement supplémentaire peut se produire [11]. De plus, cet examen ne fournit que très peu d’informations sur les tissus mous.

L’imagerie nucléaire (gamma scintigraphie) requiert un équipement nécessitant une infrastructure plus lourde. En phase aiguë, l’examen peut se révéler non concluant [1].

Ces deux techniques (XRay sous AG et

gamma scinti) sont onéreuses, lourdes à mettre en œuvre et requièrent l’envoi du cheval en centre de référés. Dans ce contexte, un repos au box préalable de quelques semaines est préconisé, quitte à retarder la précision du diagnostic.

L’échographie est, dans ce cadre, l’examen diagnostique de choix. Elle permet d’évaluer les tissus osseux et les tissus mous tout en étant non invasive. La fiabilité des diagnostics ainsi établis est très bonne : un haut degré de corrélation a été démontré entre les mesures obtenues par cette technique et celles obtenues par résonnance magnétique, ou par le scanner, et par l’autopsie.

L’anatomie complexe de cette charnière osseuse est rappelée dans une 1re partie, sa connaissance est en effet un pré-requis indispensable (encadré). Les techniques d’imagerie et la description comparée des images échographiques normales et lésionnelles sont présentées dans une 2e partie.

Les différents types de fractures sont ensuite exposés dans un classement par abord échographique et par région. Pour chacune d’elle, les structures à examiner sont passées en revue dans un examen échographique standardisé et rigoureux. Quelques annotations utiles clôturent cet article.

Émilie Sudraud Gootberg 15 1790 Hekelgem Belgique

Objectif pédagogique Savoir réaliser un examen échographique standardisé du bassin afin de diagnostiquer des fractures.

Le 1er prix éditorial 2008

TECHNIQUE D’EXAMEN ET ÉQUIPEMENT

Essentiel

Un examen standardisé inclut deux approches échographiques : une transcutanée suivie d’une transrectale.

Le cheval est placé en position debout et en appui postérieur symétrique bipodal (si réalisable). Idéalement, la peau est tondue, lavée, savonnée et enduite de gel afin d’optimiser le contact sonde-peau. Les deux hémi-bassins doivent être préparés afin de pouvoir comparer les images suspicieuses obtenues : la symétrie est souvent indicatrice de physiologie, l’asymétrie d’une anomalie.

Il est nécessaire de toujours passer en revue toutes les structures : certains chevaux présentent deux sites de fracture. De nombreux cas de fractures de la tubérosité coxale présentaient aussi une fracture de l’aile de l’ilium.

L’échographie du bassin est l’examen complémentaire préférentiel. Il est indispensable de passer systématiquement en revue toutes les structures du bassin visualisables échographiquement.

CHEVAL Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

29

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 353


comment traiter les fractures du pied chez le cheval Les fractures du pied sont diverses, souvent graves et avec un pronostic sportif réservé. Différents traitements chirurgicaux et conservatifs de ces fractures sont préconisés.

L

es fractures du pied sont fréquentes, et concernent par ordre de fréquence la 3e phalange, l’os naviculaire et la partie distale de la 2e phalange.

La présence d’une boîte cornée qui limite l’accès aux os du pied représente une difficulté pour le traitement de ces fractures. Aussi, sont actuellement développées des techniques de “minimal invasive surgery” pour optimiser la réduction de ces fractures.

Après un rappel sur la sémiologie des fractures du pied, l’imagerie, le diagnostic et le traitement des fractures de la 3e phalange, de l’os naviculaire et les fractures distales de la 2e phalange sont développés.

ABORD SÉMIOLOGIQUE : CONDUITE À TENIR

Une bonne connaissance sémiologique est précieuse car elle permet d’aboutir à un diagnostic sans prendre le risque d’aggraver une lésion de fracture par la réalisation inopinée d’une anesthésie sémiologique.

Dans la plupart des cas, les chevaux qui présentent une fracture du pied boitent au pas, d’un grade 2 à un grade 5 (échelle AAEP (American Association of Equine Practioners). Le cheval est examiné au box. Le pouls digité est généralement augmenté. Il est parfois possible de prendre le pied opposé car, sur certaines fractures sagittales de P3, le cheval peut refuser l’appui sur le pied fracturé.

À la pince à sonder, le cheval ne présente en général pas de sensibilité exquise comme un abcès, à moins que la fracture ne soit associée à une meurtrissure de la sole. En revanche, à la pince à sonder en talontalon, le cheval présente une sensibilité très importante aboutissant à un non appui pendant quelques instants et à une augmentation nette du pouls digité. Dans certains cas, il peut être difficile de faire la différence avec un abcès de pied. La radiographie permet,

Thomas Launois DECVS, DESV, DE ophtalmologie Clinique Équine Desbrosse 18, rue des champs - La brosse 78470 Saint-Lambert-des-Bois

Objectif pédagogique Savoir traiter les fractures du pied chez le cheval, en fonction du type de fracture.

1

Scanner debout du pied pour repérage pour ostéosynthèse de P3 (photo T. Launois).

en général, d’effectuer le diagnostic différentiel.

Dans la plupart des cas, l’examen est fini à ce stade. Il est toutefois conseillé de regarder le cheval marcher au pas pour des boiteries de grade 2 au 1 au pas. - Si le cheval est boiteux au pas, en ligne droite et que sa boiterie est augmentée sur le cercle quelle que soit la main, une anesthésie sémiologique doit sans doute être effectuée. - Il est alors conseillé de systématiquement effectuer avant, quatre radiographies : une dorso 45° palmaire (plantaire) et une latéromédiale du pied, une dorso-palmaire (plantaire) et une latéromédiale du boulet pour recherche de fracture grave ; celles-ci contre-indiquent en effet toute anesthésie sémiologique. Si l’anesthésie est tout de même effectuée, le cheval est examiné au pas et exclusivement en ligne droite. Dans ce type de situations toujours pondérées, le risque est pris par rapport à l’intérêt diagnostique. Certaines techniques d’imagerie (comme la scintigraphie et l’IRM) peuvent permettre de s’exonérer de ce type de risque.

Le 1er prix éditorial 2008

Essentiel Prendre garde aux anesthésies sémiologiques qui peuvent aggraver une lésion de fracture. L’examen radiographique requiert une très bonne préparation du pied.

LES TECHNIQUES D’IMAGERIE Radiographie La technique d’imagerie la plus classique est la radiographie avec les vues suivantes : - dorsoproximale-palmarodistale oblique ; - latéromédiale ; - dorsoproximale latérale-palmarodistale mediale oblique ; - dorsoproximale médiale-palmarodistale latérale oblique ;

CHEVAL Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 359


les ostéosynthèses implants LCP et transfixation

Anne-Sophie Moncelet1 Céline Mespoulhès-Rivière2 Fabrice Rossignol1

chez le cheval

1

Clinique équine de Grosbois Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint Léger

Cet article présente les différents types d’implants avec les actualités sur les implants LCP (locking compression plate).

2 École Nationale Vétérinaire d’Alfort 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectifs pédagogiques Connaître les différents types d’implants disponibles pour réaliser une ostéosynthèse. Comprendre les avantages des nouveautés en ostéosynthèse.

L

a stabilisation des fractures des os longs chez le cheval est limitée par la résistance des implants aux forces cycliques en tension et en torsion imposées lors de la mise en charge.

De ce fait, le traitement des fractures complexes (comminutives) distales ou des fractures simples ou comminutives proximales (radius, tibia, humérus et fémur) reste donc un défi pour le chirurgien, en particulier chez le cheval adulte.

L’utilisation des implants verrouillés LCP (locking compression plate), dont les propriétés principales sont : rigidité, rapidité d’utilisation et MIPO (Minimally Invasive Plate Osteosynthesis), nous semblent être une possibilité de réponse aux diverses contraintes liées à ces fractures.

Le plâtre transfixant, qui est une forme de fixateur externe permettant de décharger les structures osseuses distales des forces liées à l’appui du membre d’un cheval adulte sur le sol, reste selon nous l’indication première lors de fracture complexes ne supportant pas une mise en charge immédiate (le montage broches-plâtre transfixant joue alors le rôle d’une “béquille interne”).

Nous étudions dans un premier temps le système LCP, puis la transfixation, afin de mettre en avant leurs intérêts respectifs en se fondant sur des cas cliniques.

Le 1er prix éditorial 2008

Essentiel Les implants LCP sont utiles lors de procédures à risque nécessitant une excellente stabilité comme les arthrodèses de boulet, ou les fractures complexes en région proximale (olécrane, tibia). Le principe de la transfixation est de placer les broches transfixantes dans l’os long proximal à l’os fracturé.

MATÉRIEL ET MÉTHODE Caractéristiques techniques et propriétés du système LCP

CHEVAL Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 364 - SEPTEMBRE 2009

Les plaques LCP présentent un trou combiné ou “combi-hole” permettant soit l’introduction de vis à tête filetée se vissant perpendiculairement à la plaque, soit de vis corticales classiques (4,5 ou 5,5 mm) permettant une disposition oblique et la mise en compression de fragments (photo 1).

Lors de montage combiné (LCP-DCP), il convient de placer en premier les vis non

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1

A : Trou pour vis de vérouillage, B : Trou pour vis standards (image Synthes®).

(d’après Auer et Stick)

image Synthes®

2

Vis à tête filetée et plaque LCP.

verrouillées (en général des vis corticales 5,5 mm) car ces vis classiques poussent la plaque contre l’os et peuvent difficilement être placées après les verrouillées. Les vis à tête filetée présentent un diamètre interne de 4,3 mm (3,9 mm pour une vis corticale 5,5 mm classique) et un diamètre externe de 5 mm. Elles s’ancrent à l’os comme dans un montage DCP (dynamic compression plate) ou LC-DCP classique mais également à la plaque perpendiculairement à celle-ci (photo 2).

Cette solidarité plaque-vis-os procure aux montages LCP les propriétés biomécaniques cumulées des fixateurs externes et internes classiques. Elle permet d’obtenir une meilleure stabilité axiale et angulaire ainsi qu’une meilleure résistance à la rupture. Ces qualités biomécaniques ont été montrées in vitro [12].

La rigidité du montage plaque-vis filetées permet de placer la plaque à proximité de l’os sans la contourner parfaitement par rapport à la surface osseuse.


geste

comment réaliser un plâtre

en résine ou un plâtre “de terrain”

pour une immobilisation basse chez le cheval Cet article expose comment immobiliser l’articulation métacarpophalangienne sur un membre antérieur ou postérieur. Deux types de plâtre sont décrits : l’un sophistiqué pour une immobilisation de longue durée, l’autre facile à faire sur le terrain avant de référer le cheval dans une structure spécialisée.

L’

immobilisation de l’articulation métacarpo-phalangienne en flexion modérée avec alignement des corticales dorsales est recommandée pour immobiliser provisoirement des fractures de 1re ou de 2e phalange, des sésamoïdes ou du métacarpe/métatarse distal, déplacer un cheval en vue d’une ostéosynthèse [1], ou pour gérer à plus long terme certaines de ces fractures lorsqu’un traitement conservateur est possible et souhaité [2]. L’alignement des corticales dorsales permet de diminuer les contraintes sur la fracture, donc de limiter les risques d’effondrement de celle-ci.

Un plâtre en flexion est également recommandé lors de lacérations (plaies) tendineuses, que celles-ci soient traitées chirurgicalement ou non, afin de maintenir les abouts tendineux en contact.

Nous décrivons la réalisation d’un plâtre en résine, qui nécessite un matériel spécifique et sophistiqué, nécessaire pour une immobilisation de longue durée, et la mise en place d’un plâtre plus sommaire, facile à faire sur le terrain avec du matériel basique avant de référer le cheval dans une structure spécialisée. COMMENT RÉALISER UN PLÂTRE EN RÉSINE AVEC ALIGNEMENT DES CORTICALES DORSALES SUR UN ANTÉRIEUR

Sophie de la Farge Fabrice Rossignol Clinique équine de Grosbois Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint Léger

Objectif pédagogique Savoir immobiliser l’articulation métacarpophalangienne sur un membre antérieur ou postérieur.

1

Le 1er prix

Préparation du membre (photos F. Rossignol).

éditorial 2008

Geste

matériel

Plâtre de terrain : facile à réaliser. Résine pour immobilisation de longue durée : nécessite un matériel spécifique et sophistiqué.

pour un plâtre en résine

Le matériel requis est le suivant :

- de l’eau froide (< 20°C, plus l’eau est chaude, plus le plâtre prend vite) ;

- une tondeuse ; - du matériel à désinfection ; - des gants en latex ; - des cotons à pansements et bandes crêpes stériles, Élastoplast®, une chaussette en jersey ;

- des bandes de plâtre de Paris (10 bandes environ), pour une stabilisation de longue durée, la stabilité et le confort sont meilleurs avec un pré-moulage au plâtre ; - des bandes de résines type Dynacast® (5 à 6 bandes), attelle en résine type Cellacast® ; - une chambre à air ; - une neuroleptanalgésie.

En outre, trois aides sont indispensables : - un à la tête ; - un pour tenir le membre (essentiel) ; - un pour donner le matériel (photo 1).

Il est essentiel d’intervenir sur un sol plat, lisse, non glissant, dans un environnement calme.

2

Matériel nécessaire à la réalisation des plâtres et des résines.

La préparation du cheval Le cheval est déferré si possible (en fonc- Le membre est tondu, nettoyé, puis détion de la tolérance), en évitant la torsion du sinfecté (photo 1). pied (dériver le pied en le maintenant dans Un pansement monocouche avec un l’axe du membre, et utiliser la pince à clou) ; recouvrement de 5 cm au maximum est mis puis le pied est nettoyé. en place ; celui-ci doit être bien descendu

RUBRIQUE

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 369


geste

comment effectuer

une immobilisation haute

Anne-Sophie Moncelet Fabrice Rossignol

chez le cheval adulte

Clinique équine de Grosbois Domaine de Grosbois 94470 Boissy Saint Léger

L’immobilisation haute chez le cheval adulte est un acte facile à réaliser, qui nécessite du matériel simple, mais parfaitement adapté à la taille du cheval.

Objectif pédagogique Savoir réaliser une immobilisation haute chez le cheval.

Contact mousseépaule

Geste

L

orsqu’une fracture est diagnostiquée, il faut rapidement décider du choix thérapeutique à mettre en œuvre.

L’immobilisation haute est envisageable pour des fractures simples des os longs proximaux (fractures incomplètes ou de stress fracture du tibia, radius ou humérus ; fracture diaphysaire fermée et non déplacée du radius ou du tibia)*.

Le but de cette immobilisation est alors de stabiliser la fracture afin d’éviter l’évolution souvent fatale d’une fracture simple en une fracture déplacée et/ou ouverte.

Pour ce faire, citons trois points clés : 1. immobiliser le membre atteint avec du matériel simple mais parfaitement ajusté ; 2. réaliser une immobilisation stricte au box avec un système de longes coulissantes ; 3. adapter la décision en fonction du poids et du caractère du cheval.

Facile à réaliser.

NOTE * cf. l’article “Comment diagnostiquer et traiter les fractures des os métacarpiens/ métatarsiens rudimentaires chez le cheval” de C. Mespoulhès-Rivière, F. Rossignol, dans ce numéro.

Matériel pour le Robert-Jones

MATÉRIEL ET MÉTHODE Pour une immobilisation haute, prévoir un pansement type Robert-Jones : - du sol au coude pour un antérieur avec une attelle palmaire du sol au coude et une attelle latérale du sol au sommet de l’épaule (photos 1, 2) ; - du sol au grasset pour un postérieur avec une attelle latérale du sol à la pointe de la hanche (photo 3).

Prévoir :

- plusieurs mètres de coton ; - des bandes velpeau ; - élastoplast ; - adhéroplast.

Réalisation

- Superposer les couches de coton afin

RUBRIQUE Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 374

d’aboutir à un cylindre d’au minimum le double du diamètre de la jambe nue. - Appliquer trois ou quatre premières couches avec des bandes prédécoupées (cotonvelpeau) sur le canon, puis dérouler un gros rouleau de coton le long du membre en remontant, et bien serrer les bandes velpeau. Coller l’élastoplast pour finir le pansement (photos 4, 5).

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Zone à combler par les couches de pansement 1 Immobilisation haute (photos Clinique de Grosbois).

2

Attelle latérale pour un membre postérieur.

3


chirurgie

comment amputer

les os rudimentaires sur le terrain chez le cheval L’exérèse de la partie distale fracturée peut être réalisée sur le terrain lorsqu’on se limite à la moitié distale de l’os métacarpien / métatarsien rudimentaire. Cet article présente les différents aspects de la technique chirurgicale, ainsi que les soins post-opératoires à mettre en œuvre.

L

a fracture de l’aspect distal des os métacarpiens / métatarsiens rudimentaires peut être une découverte lors d’un examen orthopédique, le motif de consultation est en général une boiterie modérée ; chez les trotteurs, cette affection est souvent associée à une desmite de la branche du suspenseur ipsilatérale. Dans d’autres cas, la fracture peut être secondaire à un traumatisme local, avec parfois une plaie ouverte et/ou une infection. L’exérèse de la moitié distale est assez simple à réaliser, à condition de respecter une préparation et une technique rigoureuses, particulièrement importantes lors d’intervention sur le terrain. Il est généralement possible de retirer jusqu’aux deux tiers distaux, sous réserve d’une stabilité de l’aspect proximal de l’os [5], mais il est alors préférable de réaliser l’intervention en clinique, en raison de la nécessité éventuelle de fixation de l’aspect proximal de l’os (vis ou plaque) en cas d’instabilité locale [3]. INDICATIONS L’exérèse de la partie distale fracturée est recommandée : - en cas d’instabilité locale, afin d’éviter la formation d’un cal exubérant pouvant entraîner une gêne ou majorer les lésions des tissus mous déjà présentes ; - en cas de plaie ouverte associée, en raison du risque d’ostéomyélite et de séquestration [3, 6] (photo 1) ; - en cas de présence d’un cal osseux entrainant une gêne locale (fracture plus ancienne avec cal volumineux souvent secondaire à une non union, interférant avec la branche

Céline Mespoulhès-Rivière Clinique équine E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94700 Maisons-Alfort

Objectif pédagogique Savoir réaliser l’amputation d’un os métacarpien/ métatarsien rudimentaire chez un cheval sur le terrain.

Geste

1

Cheval présentant une plaie traumatique avec fracture ouverte de l’os métatarsien IV à la jonction tiers moyen-tiers distal (photo C. Mespoulhès-Rivière).

du ligament suspenseur du boulet [10]) (photo 2).

Intervention simple. Bonne connaissance des variations anatomiques selon l’os considéré. Le 1er prix Chirurgie la plus éditorial 2008 atraumatique possible. Gestion de l’espace mort créé.

TRAITEMENTS PRÉ-OPÉRATOIRES

La vaccination antitétanique doit être vérifiée, en particulier lors de plaie ouverte. Un sérum antitétanique est administré si nécessaire.

Une antibioprophylaxie à base de pénicilline procaïnée, 22 000 UI/kg en intramusculaire stricte matin et soir est effectuée (soit 7,4 ml de dépocilline / 100 kg), prolongée ou non par une antibiothérapie (par exemple pénicilline +/- gentamicine I.V., 6,6 mg/kg 1 fois par jour) si nécessaire [2, 11]. La 1re administration est idéalement effectuée 1 à 2 heures avant l’intervention [8].

En cas de plaie ancienne associée à une infection, un prélèvement pour mise en culture et réalisation d’un antibiogramme est fortement recommandé afin d’adapter le traitement antibiotique.

Un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien doit être administré, par exemple phénylbutazone, 2,2 mg/kg matin et soir durant 5 jours. La durée de ce traitement et la dose employée sont à adapter en fonction des signes cliniques (inflammation locale, boiterie).

2

Fracture de l’os métatarsien IV avec non union et réaction périostée proliférative (photo Clinique de Grosbois).

RUBRIQUE

PRÉPARATION

Le membre du cheval est tondu à 360° avant l’induction, de la boîte cornée jusqu’au carpe ou au jarret inclus.

Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 377


principe actif

le tiludronate Roland Perrin Clinique Équine Desbrosse Perrin - Launois 78470 Saint Lambert des Bois

C

omme tous les biphosphonates, le tiludronate est un antiostéoclasique. Ces substances sont utilisées en médecine humaine dans toutes les affections osseuses associées à une augmentation de la résorption osseuse, en particulier l’ostéoporose, la maladie de Paget et les ostéolyses malignes. PHARMACOLOGIE

L’absorption intestinale étant très faible, la voie orale n’est pas utilisée chez le cheval. L’administration par voie veineuse de tiludronate est recommandée. La demi-vie plasmatique est courte, elle serait de l’ordre de 51 h [3]. Plus de 50 p. cent du principe actif est stocké dans l’os avec une demi-vie très longue, comparable à celle des minéraux osseux ; le reste du produit est éliminé dans les urines, par filtration glomérulaire et par sécrétion tubulaire. Dans l’os, les biphosphonates se fixent de préférence sur les sites où le minéral osseux est bien exposé, soit plutôt dans l’os trabéculaire que dans l’os cortical, ainsi que sur les sites en cours de résorption. Ils peuvent être séquestrés sous l’os nouvellement formé.

Des cas de coliques ont été rapportés, mais pas d’insuffisance rénale. Toutefois, il semble conseillé de veiller à l’hydratation du cheval et à son état rénal avant d’administrer du tiludronate.

LES INDICATIONS DU TILUDRONATE DANS L’ESPÈCE ÉQUINE Les indications recommandées par le laboratoire sont une utilisation chez les chevaux âgés de plus de 3 ans, comme aide au traitement des boiteries associées à des processus ostéolytiques observés dans l’éparvin et le syndrome naviculaire de moins de 6 mois” [1 bis].

Ces recommandations se fondent, sur une étude de 2003 de Denoix et coll [5]. Plusieurs posologies ont été utilisées. La plus élevée (0,1 mg/kg par jour en I.V. 10 jours de suite) s’est avérée efficace, contrairement à la plus faible et au placebo, pour améliorer les boiteries d’apparition récente (< 6 mois) et favoriser le retour à un niveau d’activité normale. En revanche, aucun effet du traitement, statistiquement significatif, n’a été observé sur les lésions radiographiques ou sur les réponses aux tests de flexion.

LES ÉTUDES RÉALISÉES SUR LE CHEVAL

Classe pharmacologique - Biphosphonates.

Indications Inhibe la résorption osseuse. Aide au traitement des boiteries associées à des processus ostéolytiques observés dans l’éparvin et le syndrome naviculaire de moins de 6 mois.

1re étude Varela et coll. (2002) ont montré un effet significatif du tiludronate, sur un marqueur sanguin du métabolisme osseux, le CTX-1 [10]. On observe une chute significative et reproductible du taux sanguin de CTX1 après administration du tiludronate, ce qui suggère que ce marqueur est un indicateur sensible de l’effet du traitement, et que le

Posologie 0,1 mg/kg par jour par voie intra-veineuse 10 jours de suite.

Encadré - Rappels des propriétés physico-chimiques sur le tiludronate Le tiludronate fait partie de la famille des - Cette diminution du remodelage a pour consé-

biphosphonates, analogues synthétiques du pyrophosphate, caractérisés par une liaison P-C-P proche de la liaison P-O-P proche du pyrophosphate. Cette structure est responsable de leur forte affinité pour le cristal d’hydroxyapatite. Ils se fixent de préférence sur les sites de remodelage osseux actif. Les biphosphonates vont diminuer ce remodelage en diminuant la résorption osseuse, puis la formation d’os.

Dans le même temps, une baisse globale de la résorption osseuse est observée, sans diminution de l’activité ostéoblastique, ainsi qu’une diminution du nombre d’unités de remodelage, recrutées dans le cycle.

quence l’augmentation secondaire de la minéralisation du tissu osseux. - La cellule cible des Biphosphonates est l’ostéoclaste ; les non amino-biphosphonates dont fait partie le tiludronate sont métabolisés dans la cellule en métabolites toxiques qui induisent l’apoptose des ostéoclastes.

Les biphosphonates auraient également une action inhibitrice sur la réaction inflammatoire intra-articulaire qui impliquerait le système mononucléaire phagocytaire [8]. Cette action qui correspondrait bien aux effets observés dans les publications et sur le terrain, mériterait d’être approfondie chez le cheval.

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RUBRIQUE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 381


revue internationale rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 1 Département hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique

vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

les articles parus ce dernier trimestre classés par thème dans les revues - Equine Veterinary Journal (Equine Vet J) ............................................................................. 2009;41(6) - American Journal Veterinary Medical Association (Am J Vet Assoc) 2009;234(9) - American Journal Veterinary Research (Am J Vet Res) ....................................... 2009;70(6) - Veterinary Radiology and Ultrasound (Vet Radio Ultrasound) ................... 2009;2(50) - Journal of Veterinary Internal Medicine (J Vet Intern Med) .......................... 2009;23(4) - Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) ........................... 70

Cancérologie - Étude rétrospective des carcinomes rénaux chez le cheval

Chirurgie des tissus mous - L’iléus post-opératoire chez le cheval : facteurs de risques et efficacité de la lidocaïne en traitement préventif - Effets du traitement par ondes de choc sur la cicatrisation de plaies distales des membres chez le cheval

Digestif - La concentration du dimère péritonéal D, marqueur de l’activité fibrinolytique

péritonéale chez le cheval en colique - Effet des ulcères gastriques sur la réponse physiologique à l’effort des chevaux

Locomoteur

Imagerie

Anesthésie

- Images scintigraphiques et radiographiques de la région sacroiliaque chez des chevaux présentant une boiterie ou une baisse de performances - Comparer la radiographie et la scintigraphie osseuse pour évaluer l’arthrose des articulations intervertébrales chez le cheval

- Effets cardio-respiratoires et anesthésiques du propofol à 10% en induction et à 1% en maintenance d’une anesthésie chez le cheval Synthèses rédigées par

- Gestion et pronostic suite à une rupture des gastrocnémiens chez le poulain de course : étude de 28 cas

Julie Cassagne, Laure-Aline Dequier, François-Xavier Laleye, Pauline Pidou, Anne Savoie, Aurélie Thomas, Camille Thomas, Céline Vélu, Nathalie Veniard

un panorama des meilleurs articles d’équine Digestif

LA CONCENTRATION DU DIMÈRE PÉRITONÉAL D, MARQUEUR DE L’ACTIVITÉ FIBRINOLYTIQUE PÉRITONÉALE chez le cheval en colique Les adhérences abdominales sont une cause majeure de douleur, d’obstruction intestinale et d’indication de laparotomies à répétition chez le cheval comme chez l’homme.

La concentration plasmatique en dimère D est un bon marqueur de la coagulation et de la fibrinolyse chez l’homme, le chien et le cheval.

La fibrinolyse péritonéale augmente lors de coliques, en particulier sur les chevaux dont le liquide péritonéal contient des endotoxines.

Objectif de l’étude Montrer que la concentration en dimère péritonéal D dans le liquide de paracentèse peut servir de marqueur de l’activité fibrinolytique péritonéale chez des chevaux présentant des troubles gastro-intestinaux sévères.

Sujet, matériel et méthodes

Journal of Veterinary Internal Medicine 2009;23:882-889. Peritoneal D-dimer concentration for assessing peritoneal fibrinolytic activity in horses with colic. Delgado MA, Monreal L, Armengou L, Ríos J, Segura D.

221 chevaux présentant des signes de coliques et 15 chevaux témoins.

Répartis en six groupes : affection obstructive (68 chevaux), entérite (45), ischémie d’une partie du tractus intestinal (44), péritonite (38), le groupe témoin, et le groupe de chevaux atteints par une autre affection (26).

Résultats Synthèse par Camille Thomas, E.N.V.L.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 384 - SEPTEMBRE 2009

Il existe une différence significative entre la concentration en dimère D dans le liquide péritonéal des chevaux du groupe témoin et celle des chevaux en colique (p < 0,001).

Les concentrations des chevaux présentant

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une affection obstructive du gros intestin sont significativement inférieures à celles des chevaux avec une entérite (p = 0,016), une affection ischémiante (p < 0,001), ou une péritonite (p < 0,001), au cours de laquelle les valeurs sont significativement plus élevées que pour toutes les autres affections (p < 0,001).

Les valeurs médianes plasmatiques et du liquide péritonéal sont significativement plus élevées dans le groupe des non survivants que dans celui des survivants (p < 0,001).

La concentration mesurée sur le liquide de paracentèse est plus sensible que la concentration plasmatique pour détecter la fibrinolyse.

La concentration péritonéale n’est pas modifiée en cas de contamination du prélèvement d’abdominocentèse par du sang. Conclusion

Le dimère D péritonéal est un bon marqueur de l’augmentation de la fibrinolyse dans l’abdomen sur des chevaux en colique. Il présente un intérêt pour évaluer le risque d’adhérences.

C’est une aide au diagnostic en fonction de la concentration obtenue.

Il présente également un intérêt pronostique. ¿


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine EFFET DES ULCÈRES GASTRIQUES SUR LA RÉPONSE PHYSIOLOGIQUE à l’effort des chevaux Aucune étude ne quantifie l’effet des ulcères gastriques sur les indices de performances.

Un protocole standardisé d’instauration et de maintien des ulcères gastriques est nécessaire pour pouvoir évaluer les effets des ulcères et des anti-ulcéreux sur les performances.

Sujet, matériel et méthodes Deux groupes de 10 pur-sang en bonne santé ont été soumis à un protocole ulcérogène (alternance de périodes de 24 h de jeûne et d’alimentation) et à un exercice quotidien sur tapis roulant sur une période de 56 jours après une période d’adaptation de 15 jours.

Un des deux groupes reçoit de l’oméprazole (4 mg/kg/j) pour empêcher la formation d’ulcères. Des contrôles gastroscopiques hebdomadaires ont été réalisés pour vérifier l’évolution des ulcères ou leur absence.

Des corrélations entre les indices de performances (fréquence cardiaque maximale, production maximale de CO2 et la consommation maximale d’O2 spécifiques de masse) et les grades des ulcères ont été effectuées au sein et entre les deux groupes.

Résultats Dans le groupe non traité à l’oméprazole, des ulcères de la muqueuses squameuse ont été induits et maintenus jusqu’à la fin de l’étude. Dans le groupe traité, les chevaux n’ont pas présenté d’ulcères.

Des corrélations significatives ont été constatées entre le temps (données avant et après entraînement) et le traitement (avec ou sans oméprazole) pour la consommation maximale d’O2 et la production maximale de CO2 spécifiques de masse.

Discussion et conclusion Des chevaux ont été exclus suite à des problèmes locomoteurs dans chaque groupe (6 au total), les analyses statistiques sont donc à interpréter avec précaution.

Le protocole d’induction et de maintien des ulcères associant des mesures alimentaires et un exercice sur tapis roulant est efficace et reproductible pour la réalisation d’autres études.

Les résultats concernant les indices de performances montrent que les ulcères ont un effet délétère bien que le mécanisme exact reste à déterminer. ¿

Objectif de l’étude Développer un protocole standardisé pour créer et maintenir des ulcères gastriques et déterminer l’influence des ulcères gastriques sur les indices physiologiques de performances.

American Journal of Veterinary Research 2009;70(6):787-795. Effect of gastric ulceration on physiologic responses to exercice in horses. Nieto JE, Snyder JR, Vatistas NJ, Jones JH.

Synthèse par Laure-Aline Dequier E.N.V.L.

Cancérologie

ÉTUDE RÉTROSPECTIVE DES CARCINOMES RÉNAUX chez le cheval Le carcinome rénal est comme chez l’homme l’affection tumorale la plus fréquente de l’appareil urinaire supérieur.

Les signes cliniques sont variables et le diagnostic tardivement posé limite l’efficacité du traitement.

Les radiographies thoraciques de quatre chevaux sur cinq présentent des lésions d’infiltration néoplasique (multiples nodules opaques dans les tissus mous).

Matériel et méthode

Le carcinome rénale est rare et touche tous les chevaux indépendamment de leur âge et de leur sexe.

Les signes les plus fréquents (perte de poids, coliques, hématurie) apparaissent quand la tumeur est invasive localement, étendue autour du rein ou qu’il y a déjà des métastases.

Le diagnostic repose essentiellement sur la palpation transrectale, l’échographie transabdominale et la biopsie.

Un diagnostic précoce rendrait le pronostic moins sombre et la possibilité d’explorer différents moyens de traitement. ¿

Tous les cas publiés en septembre 2008 sur PubMed, les critiques d’articles de journaux anglais de 1977 à septembre 2008 et les archives médicales du Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire de Washington ont permis de recenser 27 chevaux (23 cas publiés et 4 archives). Résultats

Tous les chevaux présentaient de nombreux symptômes différents.

La palpation transrectale effectuée sur 22 chevaux a été considérée comme anormale sur 77 p. cent.

Objectif de l’étude Connaître les cas recensés de carcinome rénal chez les chevaux de 1977 à 2008.

Discussion

Journal of Veterinary Internal Medicine 2009;23(4):913-8 A retrospective analysis of renal carcinoma in the horse. Wise LN, Bryan JN, Sellon DC, Hines MT, Ramsay J, Seino KK.

Synthèse par François-Xavier Laleye E.N.V.L.

Anesthésie

EFFETS CARDIO-RESPIRATOIRES ET ANESTHÉSIQUES DU PROPOFOL à 10% en induction et à 1% en maintenance d’une anesthésie chez le cheval Le propofol est un anesthésique très utilisé en médecine humaine et en médecine vétérinaire canine.

Cependant, plusieurs études ont démontré l’inutilité du propofol employé aux doses usuelles dans l’anesthésie du cheval.

Objectif de l’étude

Sujet, matériel et méthodes Trois groupes de chevaux sont constitués : - Groupe 1 : 6 chevaux induits au propofol 10% à 2, 4 ou 8 mg/kg IV. - Groupe 2 : 6 chevaux tranquillisés grâce à 1,1 mg/kg de xylazine IV puis induits au propofol 10%

Connaître les règles d’utilisation du propofol pour l’anesthésie des chevaux.

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REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 385


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine à 1, 2, 3, 4 ou 5 mg/kg.

- Groupe 3 : 6 chevaux tranquillisés avec 0,5 Equine Veterinary Journal 2009;41(6):578-585 Anaesthetic and cardiorespiratory effects of propofol at 10% for induction and 1% for maintenance of anaesthesia in horses. Muir WW et coll.

Synthèse par Julie Cassagne E.N.V.L.

mg/kg de xylazine, induits au propofol 10% à 3, 4, ou 5 mg/kg et maintenus au propofol 1% en perfusion à 0,2-0,4 mg/kg/min.

Sont étudiées les données cardio-respiratoires la qualité d’anesthésie, les temps d’induction, de maintenance et de réveil et les essais de relevés.

Étudier l’influence de quelques paramètres cliniques sur le développement de l’iléus postopératoire et l’influence de la lidocaïne sur le taux de survie à court terme.

Journal of Veterinary Internal Medicine 2009;23:606-611. Risk factors for equine postoperative ileus and effectiveness of prophylactic lidocaine. Torfs S, Delesalle C, Dewulf J, Devisscher L, Deprez P.

Résultats

Les tests sur le groupe 1 ont été interrompus après deux chevaux, la qualité d’anesthésie étant jugée insatisfaisante.

Les chevaux du groupe 2 recevant 3, 4 ou 5 mg/kg de propofol 10% ont été anesthésiés pour 10 à 25 minutes. Leurs paramètres cardio-vasculaires sont restés dans les valeurs usuelles pendant l’expérience, à la différence des valeurs de fréquence respiratoire et de PaO2 qui ont fortement diminué.

L’iléus postopératoire (I.P.O.) est une complication sévère, voire fatale, souvent rencontrée après une chirurgie de l’intestin grêle. La prise en charge est coûteuse et le taux de réussite faible.

La lidocaïne est couramment employée malgré le peu de données disponibles attestant de ses actions prokinétique et analgésique.

Sujet, matériel et méthodes

Étude rétrospective de 126 cas de coliques chirurgicales de l’intestin grêle.

En postopératoire, trois molécules prokinétiques sont testées, comme traitements prophylactique et curatif de l’I.P.O. : la lidocaïne, le métoclopramide et l’érythromycine.

33 p. cent des chevaux vivants ont développé un I.P.O. 24 heures après l’intervention, et ce,

Imagerie

Montrer la corrélation entre la présence d’une douleur thoraco-lombaire due à de l’arthrose des articulations intervertébrales et l’augmentation de la fixation du radiotraceur. Comparer la scintigraphie et la radiographie pour évaluer ces articulations.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 386 - SEPTEMBRE 2009

quelle que soit l’atteinte de l’intestin grêle.

Seuls 21 p. cent des chevaux placés sous lidocaïne ont développé un I.P.O., contre 51 p. cent dans le groupe n’ayant reçu aucun traitement prokinétique. Les taux de survie selon la lésion (étranglée ou non) sont similaires (74 p. cent). L’I.P.O. est de pronostic sombre avec un taux de survie de 34 p. cent. Conclusion

La présence d’une tachycardie et de reflux gastrique (> 8 l) à l’admission, ainsi que la réalisation d’une résection d’intestin grêle sont des facteurs de risque de développement d’un I.P.O.

Un traitement préventif à base de lidocaïne a un effet protecteur contre le développement de l’I.P.O. et améliore le taux de survie à court terme. ¿

COMPARAISON DE LA RADIOGRAPHIE ET DE LA SCINTIGRAPHIE OSSEUSE pour l’évaluation de l’arthrose des articulations intervertébrales chez le cheval Sujet, matériel et méthodes

Objectifs de l’étude

Le propofol 10% n’est pas à retenir pour une induction si une prémédication efficace n’est pas mise en œuvre. De plus, une forte diminution de la PaO2 est notée en cas d’association xylazine /propofol.

Le propofol est donc un anesthésique à utiliser associé à une tranquillisation adéquate et à une supplémentation en oxygène.

Un protocole est proposé : - 1,1 mg/kg de xylazine ; - 3 à 5 mg/kg de propofol 10% ; - infusion de 0,2 à 0,4 mg/kg/min de propofol 1%. ¿

L’ILÉUS POST-OPÉRATOIRE CHEZ LE CHEVAL : facteurs de risques et efficacité de la lidocaïne en traitement préventif

Résultats Synthèse par Anne Savoie, E.N.V.L.

Conclusion

Chirurgie des tissus mous Objectif de l’étude

Tous les chevaux du groupe 3 ont présenté une induction, une anesthésie et un réveil correct à excellent. De la même manière que précédemment, seules les fréquences respiratoires et les PaO2 ont varié significativement et subi une forte diminution.

Deux groupes de chevaux sont formés : l’un avec des chevaux cliniquement sain (n = 31) et l’autre avec des chevaux présentant des signes de douleur thoraco-lombaire et des lésions radiographiques d’arthrose (n = 65).

Afin de procéder au diagnostic, des vues radiographiques latérales des vertèbres thoraco-lombaires sont prises ainsi que des vues obliques. Des images scintigraphiques sont filmées après injection intra-veineuse de technetium-methylène diphosphonate à l’aide d’une gammacaméra.

Les images sont ensuite analysées :

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En radiographie, chaque facette articulaire anormale obtient un grade de 1 à 6 selon le type de lésions, les grades sont additionnés en fonction du nombre de lésions.

Une gradation subjective visuelle est donnée aux images scintigraphiques en fonction de la fixation osseuse du radiotraceur, une gradation objective est ensuite définie en traçant des régions d’intêret scintigraphique et en dénombrant les pixels constitutifs de cette région. Résultats

Les résultats montrent que la gradation subjective est identique à 96,7 p. cent à la gradation objective.


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine

Dans le groupe des chevaux sains, 74,2 p. cent ont une fixation de l’isotope radioactif normal et dans le groupe des chevaux atteints, 61,5 p. cent ont des signes scintigraphiques positifs.

Le score scintigraphique moyen des chevaux sains est de 0,48, celui des chevaux atteints est de 3,6.

Les chevaux avec une fixation du traceur élevée ont plus de chance d’avoir aussi des lésions radiographiques.

En considérant une seule articulation, le score scintigraphique est significativement associé à celui de la radiographie seulement pour l’articulation T17-18.

La scintigraphie a une sensibilité modérée pour la détection des douleurs thoraco-lombaire mais une meilleure spécificité avec une grande valeur prédictive positive, de même pour la détection des lésions radiographiques.

La fixation du radiotraceur visible au niveau de l’articulation T17-18 pourrait être due à un fort renouvellement osseux s’adaptant à la sollicita-

tion importante de cette région lors du saut. Dans certains cas, on observe une fixation augmentée de l’isotope sans anomalies radiologiques, ce qui suggère que la scintigraphie est plus sensible pour détecter les lésions précoces.

Le groupe des chevaux atteints incluait probablement des chevaux souffrant d’une atteinte des processus épineux, ce qui pourrait expliquer l’absence de lésions scintigraphiques au niveau de l’articulation pour certains.

Equine Veterinary Journal 2009;41(6):534-40. Nuclear scintigraphic assessment of the thoracolumbar synovial intervertebral articulations. Gillen A, Dyson S, Murray R.

Discussion et conclusion La grande spécificité de la scintigraphie pour la détection des lésions radiographiques et la haute valeur prédictive négative pour la détection de douleurs thoraco-lombaires, fait de cet examen un indicateur fiable de l’absence de lésions significatives.

La scintigraphie peut être utile, conjuguée à la radiologie, afin de déterminer l’impact clinique d’une lésion radiologique. ¿

Synthèse par Pauline Pidou E.N.V.L.

IMAGES SCINTIGRAPHIQUES ET RADIOGRAPHIQUES DE LA RÉGION SACRO-ILIAQUE chez des chevaux présentant une boiterie ou une baisse de performance Les affections de la région sacro-iliaque (arthrose ou desmite) peuvent être responsables de boiteries postérieures ou de baisses de performance.

La scintigraphie et la radiographie du bassin sont les techniques d’imagerie souvent utilisées pour établir un diagnostic.

Sujet, matériel et méthodes Étude rétrospective de 79 chevaux présentant une boiterie ou une baisse de performance et sur lesquels des examens scintigraphique et radiographique du bassin ont été réalisés.

Les images scintigraphiques ont été analysées par des méthodes subjective et semi-quantitatives, puis comparées.

L’asymétrie ou l’augmentation du marquage radioactif ont été les anomalies corrélées à la conformation du sacrum et à sa forme.

Résultats L’analyse subjective montre que 88,6 p. cent des chevaux ont des anomalies de marquage radioactif.

Il n’existe pas de corrélation entre les méthodes d’analyse subjective et semi-quantitatives des images scintigraphiques.

La conformation et la forme du sacrum sont significativement corrélées à la densité de marquage radioactif.

La densité de marquage radioactif est significativement plus grande chez les mâles.

Conclusion et discussion Les différences anatomiques du sacrum influent sur le marquage radioactif. Les images scintigraphiques de cette région sont difficiles à interpréter, et ne peuvent donc suffire à établir le diagnostic des affections sacro-iliaques. ¿

Sujet, matériel et méthodes 28 poulains atteints de rupture des gastrocnémiens ont été sélectionnés entre janvier 1993 et mai 2007 à la clinique de Rood and Riddle (Kentucky, USA).

Le diagnostic est basé sur un examen clinique, l’échographie et la radiographie.

Déterminer la relation entre les différences de marquage radioactif décelées à la scintigraphie et l’aspect de la région sacroiliaque visible à la radiographie.

Veterinary Radiology and Ultrasound 2009;50(2):208-14 . Scintigraphic and radiographic appearance of the sacroiliac region in horse with gait abdormalities or poor performance . Gorgas D, coll.

Synthèse par Aurélie Thomas, E.N.V.L.

Locomoteur

GESTION ET PRONOSTIC SUITE À UNE RUPTURE DES GASTROCNÉMIENS chez le poulain de course : étude de 28 cas La rupture des gastrocnémiens est associée à un mauvais pronostic chez l’adulte mais peu d’études ont évalué le pronostic vital à court terme et le pronostic sportif chez les poulains.

Objectif de l’étude

Le traitement inclus un repos complet au box avec stabilisation du membre affecté par un bandage, une attelle ou un plâtre durant en moyenne 24 jours.

Une analyse statistique compare les performances sportives en confrontant le nombre de courses, les gains, et les gains par course entre le groupe constitué par les 28 sujets atteints et un groupe contrôle constitué de leur fratrie de même âge.

Une seconde analyse statistique confronte les données concernant le sexe, l’âge à l’admission, le degré d’atteinte de l’appareil réciproque, le

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Objectif de l’étude Évaluer le diagnostic et la gestion d’une rupture des gastrocnémiens chez le poulain de course et déterminer un pronostic à court terme et un pronostic sportif par rapport à un groupe contrôle.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 387


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Equine Veterinary Journal 2009;41(6)541-546. Management and assessment of prognosis after gastrocnemius disruption in Thoroughbred foals : 28 cases (1993-2007). Mull TM, Woodie JB, Ruggles AJ, Reimer JR, Embertson RM, Hopper SA, Bramlage LR.

membre affecté, l’utilisation ou non d’une antibiothérapie, la présence d’abcès, d’hémorragie et de pathologies concomitantes. Résultats

Aucune différence significative n’a pu être montrée entre le groupe atteint et le groupe contrôle concernant les performances sportives.

82 p. cent des poulains traités ont commencé l’entraînement et les courses mais trois variables influencent le pronostic : la présence d’une pathologie concomitante (p = 0,04), la formation d’un abcès au site de rupture des gastrocnémiens (p = 0,07), la présence d’une hémorragie au site de rupture.

Discussion et conclusion Synthèse par Céline Vélu E.N.V.L.

La rupture des gastrocnémiens chez le poulain est associée à la dystocie.

Chirurgie des tissus mous

Objectifs de l’étude Évaluer l’effet des ondes de choc sur la cicatrisation de plaies distales des membres. Chercher le mécanisme d’action des ondes de choc, en s’intéressant notamment à divers facteurs de croissance.

EFFETS DU TRAITEMENT PAR ONDES DE CHOC sur la cicatrisation de plaies distales des membres chez le cheval

La gestion des plaies distales des membres est difficile et représente un défi pour le vétérinaire équin. La cicatrisation par seconde intention est souvent la méthode de choix, mais elle peut favoriser l’apparition d’un tissu de granulation exubérant.

Différentes techniques sont proposées pour améliorer la cicatrisation mais peu d’études ont été réalisées. Il a été montré que les ondes de choc diminuent le temps de cicatrisation des tissus mous chez plusieurs espèces animales.

Sujet, matériel et méthodes L’étude a été réalisée sur six chevaux en bonne santé.

Les plaies ont été réalisées chirurgicalement en région dorso-médiale des métacarpes (plaie circulaire de 4 cm de diamètre) et des métatarses (deux plaies circulaires distinctes de 3 cm de diamètre) de chaque cheval. Les plaies incluaient la peau, le tissu sous-cutané et la région périostée et ont été recouvertes d’un bandage stérile non adhérent jusqu’à cicatrisation complète.

Au hasard, un des deux membres a été traité une fois par semaine avec des ondes de choc : 500 coups à 0,11 mJ/mm2 pour le métacarpe, 280 coups à 0,11mJ/mm2 pour les deux plaies métatarsiennes.

Les paramètres évalués sur les plaies métacarpiennes ont été : la contamination bactérienne (écouvillon), la formation du tissu de granulation (score de 0 à 3), l’épithélialisation et la contraction de la plaie (contrôle photographique), et le gonflement du membre. Des radiographies ont été réalisées pour identifier un séquestre osseux, une ostéolyse ou d’ostéoprolifération.

Journal of the American Veterinary Medical Association 2009;234(9):1154-61. Effects of extracorporeal shock wave therapy on wounds of the distal portion of the limbs in horses. Morgan DD, Mc Lure S, Yaeger MJ, Schumacher J, Evans RB.

Synthèse par Nathalie Veniard E.N.V.L.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 388 - SEPTEMBRE 2009

Une rupture des gastrocnémiens peut être suspectée lors de l’examen clinique par un dysfonctionnement de l’appareil réciproque et confirmé par l’échographie.

Les analyses statistiques montrent que dans cette étude, la taille de l’échantillon est trop petite pour détecter une différence significative lorsque l’on compare les performances sportives de chevaux atteints et celles de leurs frères et sœurs sans pour autant que cela conforte ou réfute l’hypothèse qu’il n’y ait pas de différence entre les deux groupes.

Les résultats suggèrent que les poulains présentant une hémorragie associée à la rupture des gastrocnémiens assombrit le pronostic à court terme, et que la présence d’une maladie concomitante ainsi que la formation d’un abcès à hauteur du site de rupture compromet largement les performances sportives futures. ¿

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Les plaies métatarsiennes ont servi pour évaluer les éventuels changements histologiques et immunohistochimiques dont l’expression des facteurs de croissance VEGF, TGF-ß1, IGF-1. Des biopsies ont été réalisées à J 14 et J 28.

Les résultats ont été traités avec différentes méthodes statistiques.

Résultats Le temps total de cicatrisation est significativement plus court pour les plaies traitées (75,8 jours) que pour les plaies non traitées (90,3 jours). En immunohistochimie, l’intensité de la fluorescence ne diffère pas de façon significative entre les deux types de plaie.

Pour les plaies non traitées, les facteurs de croissance sont significativement plus bas à J 28 qu’à J 14. Pour les plaies traitées, il n’y a pas de différence significative entre J 14 et J 28.

Discussion Le traitement par onde de choc permet de diminuer le temps de cicatrisation.

Les mécanismes d’action restent non identifiés. Néanmoins, moins de facteurs de croissance sont présents à J 28 sur les plaies non traitées. Cette diminution n’est pas retrouvée sur les plaies traitées, ce qui signifie que les ondes de choc peuvent avoir stimulé leur expression.

Perspectives Ce qui pourrait être étudié : d’autres mécanismes d’action suggérés comme la stimulation des radicaux libres dérivés de l’oxygène, l’évaluation de l’effet du nombre de coups et de l’énergie, l’évaluation sur des plaies chroniques et contaminées (très présentes en pratique). ¿


test clinique les réponses

des mélanomes

sur un cheval pur-sang de 17 ans 1 Quel est votre diagnostic ?

L’examen clinique de ce cheval gris laisse suspecter la présence de mélanomes à différentes localisations : à l’encolure, à l’épaule pour les plus volumineux (photo 7), mais aussi à la base de la queue (photo 8).

Une palpation transrectale révèle la présence dans la cavité pelvienne, le long de la branche montante de l’ilium gauche, d’une masse ferme, globalement assez sphérique et assez volumineuse : de taille intermédiaire entre celle d’un pamplemousse et celle d’un ballon de handball (photo 9).

À l’échographie, cette masse apparaît très échogène avec un gros vaisseau sanguin central (photo 10).

L’examen échographique transrectal met également en évidence l’existence d’une masse volumineuse échogène dans la lumière de l’aorte sur sa paroi ventrale à la hauteur environ de l’articulation sacro-lombaire (photo 11).

Une très forte suspicion de l’existence de mélanomes internes est émise, mélanomes qui semblent être à l’origine de perturbations vasculaires par compression au niveau du bassin ; ceci peut expliquer le défaut de maintien de l’érection. 2 Quelle conduite à tenir adopter ?

Aucun traitement ne peut être envisagé. Avec le temps, une altération de l'état général est à redouter, aucune solution palliative ne peut être proposée pour maintenir l'activité de reproducteur pur-sang. Il faut donc réformer le reproducteur.

Une euthanasie ayant été décidée par le propriétaire, l’autopsie confirme la présence de nombreux mélanomes de taille très différentes en diverses localisations dans les cavi-

Jean-François Bruyas Daniel Tainturier Unité de biotechnologie et pathologie de la reproduction Département des Sciences cliniques École Vétérinaire de Nantes BP 40706 - 44307 Nantes Cedex 03

7

Deux mélanomes volumineux (flèches) sont suspectés en avant de l'encolure et en arrière de l'épaule gauche (photos D. Tainturier).

8

Multiples petits mélanomes sous la queue et autour de l'anus.

10

À l'échographie de cette masse, apparaît en son centre un vaisseau sanguin (trajet anéchogène de quelques mm de large).

9

Image échographique d'une masse intrapelvienne plaquée à la branche montante de l'ilium gauche. - L'aspect très échogène de la masse est à remarquer.

tés pelvienne et abdominale (photos 12, 13). La masse le long de la branche montante de l’ilium gauche et celle dans l’aorte étaient également des mélanomes. ¿

11

Image échographique de l'aorte. Dans sa lumière, se situe une masse échogène (flèche).

12

De multiples mélanomes (masses sombres bien délimitées) sont visibles dans la cavité abdominale et pelvienne lors de l'autopsie.

13

À la coupe, l'aspect macroscopique de ces masses sombres est très caractéristique des mélanomes.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 5 / n°20 SEPTEMBRE 2009 - 389


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