NPE N°47 by Editions NEVA

DOSSIERS : LES ENDOMÉTRITES - HOSPITALISATION ET BIEN-ÊTRE

Couv NPE 47.qxp_Couverture NPE 27 18/06/2019 18:56 Page1

Volume 13

N°47 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV

(Comité de formation continue vétérinaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

- Actualités Succès pour la 2e édition du congrès annuel de l’AMVE à Rabat

LES ENDOMÉTRITES CHEZ LA JUMENT

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°47 - DÉCEMBRE 2018

- Les endométrites infectieuses post-saillies et infectieuses chez la jument

DOSSIERS :

LES ENDOMÉTRITES chez la jument

HOSPITALISATION ET BIEN-ÊTRE chez les équidés

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Revue de presse internationale: notre sélection en - Endocrinologie - Neurologie / Locomoteur - Ophtalmologie - Imagerie -

www.neva.fr

- Test clinique - Boiterie chez un cheval Frison de 4 ans

- Comment utiliser les antibiotiques pour le traitement des endométrites infectieuses de la jument - Les endométrites dégénératives ou endométroses chez la jument - Quels traitements progestatifs utiliser chez la jument subfertile

HOSPITALISATION ET BIEN-ÊTRE CHEZ LES ÉQUIDÉS - Évaluation et prise en charge du bien-être de l’animal malade et/ou hospitalisé - Fiche - Quelques exemples de score de douleur - Gestes pratiques pour le bien-être de l’animal malade et/ou hospitalisé

Nutrition - Mieux connaître les effets des pratiques et des conditions culturales sur la qualité sanitaire des fourrages

3 Sommaire NPE47 BAT.qxp_Sommaire NPE 21 03/07/2019 12:54 Page3

sommaire Plus d’informations sur www.neva.fr

Test clinique - Boiterie chez un cheval Frison de 4 ans

Éditorial Laurent Mangold Actualités - Succès pour la 2e édition du congrès annuel de l’AMVE à Rabat

“Médecine sportive, orthopédie et reproduction équines : une synthèse pour l’action”

N°47 DOSSIERS - LES ENDOMÉTRITES chez la jument - HOSPITALISATION ET BIEN-ÊTRE chez les équidés

4 5

Alexandre Louis

Volume 13

CHEVAL ET ÉQUIDÉS Les endométrites chez la jument - Les endométrites infectieuses post-saillies et infectieuses chez la jument Ahmed Tibary, Lisa K. Pearson - Comment utiliser les antibiotiques pour le traitement des endométrites infectieuses de la jument Laurent Mangold - Les endométrites dégénératives ou endométroses chez la jument Ahmed Tibary, Lisa K. Pearson - Quels traitements progestatifs utiliser chez la jument subfertile Aurélie Allard

18 27

Hospitalisation et bien-être chez les équidés - Évaluation et prise en charge du bien-être de l’animal malade et/ou hospitalisé : quel rôle pour le vétérinaire ? Agnès Benamou-Smith, Joséphine Luquet

- Fiche - Quelques exemples de score de douleur Agnès Benamou-Smith, Joséphine Luquet - Gestes pratiques pour le bien-être de l’animal malade et/ou hospitalisé Agnès Benamou-Smith, Joséphine Luquet

44 45

RUBRIQUE - Nutrition - Mieux connaître les effets des pratiques et des conditions culturales sur la qualité sanitaire des fourrages Virginie Séguin, Servane Lemauviel-Lavenant, Yves Gallard, Valérie Bouchart, Alain Ourry, David Garon

revue de formation à comité de lecture

indexée dans les bases de données :

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection

• Index Veterinarius

(CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

- Endocrinologie - Suivi de dosages de l’hormone antimüllérienne et relation avec la fonction des gonades chez des chevaux pré pubères - Endocrinologie - Dérèglement de l’insuline chez des chevaux présentant un syndrome de réponse inflammatoire systémique - Neurologie / Locomoteur - Chevaux atteints de shivering et d’axonopathie distale des cellules de Purkinje : une activité musculaire anormale des muscles locomoteurs - Ophtalmologie - Évaluation des anomalies cornéennes chez le cheval par tomographie en cohérence optique - Imagerie / Locomoteur - Utilité de radiographies caudomédiale-cranéolatérale obliques pour le diagnostic des affections dans l’origine du ligament crânial croisé sur deux chevaux

• CAB Abstracts Database

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)

CHEVAL

Test clinique - les réponses

Tests de formation continue - les réponses

Observations et résultats originaux

Souscription d’abonnement en page 65 et sur www.neva.fr

RUBRIQUE REVUE INTERNATIONALE

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 3

4 Test clinique Q NPE47 BAT.qxp_PP 4 Test clinique Q 17/06/2019 12:57 Page1

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

Directeurs scientifiques Eddy Cauvin (praticien) Mathieu Lenormand (praticien) Christophe Hugnet (praticien)

Conseil scientifique

Jean-François Bruyas (Oniris) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Marc Gogny (Oniris) Stephan Zientara (Anses) Sophie Pradier

Comité de rédaction Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, Oniris) Louis-Marie Desmaizières (Médecine, chirurgie, praticien) Aude Ferran (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.T.), Jean-Yves Gauchot (Médecine, dentisterie, praticien), Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Laetitia Jaillardon (Biologie- biochimie, Oniris) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Monika Gangl (Médecine interne, VetAgro Sup) Jean-Marc Person (Immunologie) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Caroline Prouillac (Pharmacie - Toxicologie VetagroSup) Xavier Pineau (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Benoît Rannou (Biologie clinique) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Fabien Relave (Chirurgie, praticien) Mickaël Robert (Chirurgie, Afrique du sud) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) Jackie Tapprest (Épidémiologie) Benoit Tainturier (Médecine, Chirurgie) Renaud Tissier (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.A.)

boiterie chez un cheval Frison de 4 ans Alexandre Louis

disponible sur www.neva.fr

Cabinets Vétérinaires du Couesnon, 35490 Sens De Bretagne

n cheval Frison de 4 ans est présenté car il souffre d’une boiterie depuis 15 jours environ. La propriétaire a remarqué celle-ci depuis qu’elle fait travailler le cheval sur des sols plus durs. ● A l’examen clinique, le cheval présente un pied antérieur droit de forme pyramidale (sabot pointu en pince) alors que le pied antérieur gauche est bien rond (photos 1, 2). Le cheval souffre d’une boiterie 2/5 (échelle de boiterie de l’AAEP*) de l’antérieur droit au trot sur le cercle à main droite, plus marquée sur sol dur que sur sol souple. ● Une anesthésie digitée proximale se révèle positive à 90 p. cent .

Gauche

Droit

1 Quels examens complémentaires réalisez-vous ?

Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

2 Quel traitement mettez-vous en œuvre ?

Directeur de la publication

Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 61 € Institutions, bibliothèques et admin : sur devis . SARL au capital de 7622 €

Réponses à ce test page 61

NOTE * AAEP : American Association of Equine Practitionners

comité de lecture

Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0422 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Les contenus du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine sont protégés par la législation sur le droit d’auteur. Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon (loi du 11 mars 1957). Les “copies ou reproductions sont strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective (...)”. Le non respect de la législation constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 4 - DÉCEMBRE 2018

test clinique

Aurélie Allard, François Auzas, Isabelle Barrier-Battut, Agnès Benamou, Philippe Benoit, Géraldine Blanchard, Vincent Boureau, Sarah Buisson, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), Élodie Chollet, Undine Christman (USA), Pierre Chuit (Suisse), Matthieu Cousty, Julie Dauvillier, Florent David (Irlande), Isabelle Desjardins, Lucile Martin-Dumon, Guillaume Fortier,

Aude Giraudet, Sigrid Grulke (Liège), Aymeric Hans, Martine Kammerer, Élodie Lallemand, Jean-Pierre Lavoie (Canada), Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Laurent Mangold, Pierre-François Mazeaud, Sarah Ménager, Roland Perrin, Valérie Picandet, Cyrille Piccot-Crézollet, Karine Portier, Abdelmalek Sghiri (Maroc), Morgane Schambourg, Tilman Simon (Allemagne), Ahmed Tibary (USA), Denis Verwilghen (Danemark)

1 Vue comparative des pieds antérieurs gauche et droit (vue palmaire). Antérieurs gauche et droit : noter la pince nettement plus en pointe sur l’antérieur droit.

2 Face du pied antérieur droit : noter la déformation de la boite cornée en pince (photos A. Louis).

Je m’abonne en p. 65 et je découvre les offres spéciales et les offres parrainage sur www.neva.fr

5 Éditorial NPE 47 BAT.qxp_gabarit edito 19/06/2019 12:04 Page5

éditorial Bourgelat et Hippocrate : c’est ensemble qu’ils progresseront ...

t si le bien-être animal n’existait pas, mais qu’il faille juste faire la chasse au mal-être ? En tout état de cause, ne serait-il pas plus juste, plus raisonnable, de prôner la bientraitance de nos animaux ? Le Bien-être animal est-il né d’un mal-être sociétal ? Certainement. Le bien-être animal réside en partie dans une définition précise du bien vivre ensemble. Nous ne devons pas être seulement heureux pour eux, mais surtout être heureux avec eux. Or, ce n’est pas si simple. Années 80, l’industrialisation de l’élevage commence à être montrée du doigt. La protection animale s’organise et la notion de bien-être animal se construit. Les conditions d’élevage interrogent. Et si de mauvaises conditions d’élevage pouvaient faire prendre un risque aux consommateurs ? Et si le consommateur inquiet ne consommait plus ? Les ingrédients sont réunis pour que les lobbys s’affrontent. La production et la consommation. Pourtant, ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre. Ils n’existent pas l’un sans l’autre. L’élevage industriel est aussi montré du doigt aujourd’hui pour sa consommation antibiotique. Et là, à nouveau deux mondes s’affrontent et se rejettent la faute. L’antibiorésistance, c’est l’autre. Bourgelat et Hippocrate se défient. Ils ont fait des efforts. Bourgelat a été bon élève ; pour Hippocrate, la tâche est difficile mais il a des vraies excuses, il doit sauver Bourgelat. Mais c’est ensemble qu’ils progresseront. Car si on ne peut plus soigner les animaux correctement contre les infections au nom de la santé humaine, nous ne pourrons garantir leur bien-être. Et si l’animal souffre, c’est notre mal-être que nous entretenons. L’antibiorésistance prendrait-elle naissance dans nos élevages, et/ou chez nos animaux de compagnie ? Et si c’était plutôt un effet collatéral inéluctable de l’utilisation des anti-infectieux des médecines en général qui, dans un mouvement perpétuel des populations mondiales, contamineraient par ses effluents la nature dans laquelle nous vivons. Nature, dans laquelle nous vivons, où nos animaux sont élevés, que eux et nous pouvons enrichir de germes antibiorésistants et où, eux et nous pouvons contracter des bactéries ayant développé une résistance aux antibiotiques. C’est ainsi que la notion du “One Health” prend tout son sens. La résistance antibiotique nait d’un déséquilibre. Plus nous réduisons l’utilisation d’antibiotique, plus nous restaurons un équilibre gérer propre à mieux contrôler l’antibiorésistance. Ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine propose deux mises au point sur les endométrites infectieuses post-saillies et infectieuses chez la jument et sur les endométrites dégénératives ou endométroses chez la jument par A. Tibary et L. K. Pearson (Washington State University) et un exemple d’amélioration de nos prescriptions en antibiothérapie, lors d’endométrite infectieuse chez la jument. Cet article-ci illustre l’évolution de nos pratiques qui permettent d’épargner la ressource antibiotique sans dégrader la bientraitance de la jument malade (voire en la soignant mieux) et sa fécondité, donc la rentabilité de l’élevage. Et l’animal dans tout cela ? Nous parlons à sa place. Nous essayons de définir ce qui lui va bien, ou plutôt nous tentons de définir pour lui, comment il doit être heureux avec nous. Mais la difficulté réside dans la conceptualisation scientifique du bien-être. Comment définir le bien-être d’un tiers sans vraiment savoir ce qu’il veut ? Nous vivons avec lui sans vraiment savoir s’il aspire vraiment à notre compagnie. Nous lui imposons des modes de vie parfois très éloignés de l’éthogramme et des besoins de son espèce, nous sommes déjà dans la maltraitance. Une révision de nos pratiques du mode d’hébergement, d’alimentation, de dressage et d’entraînement… serait un premier pas. Cet aggiornamento suppose de connaître des préférences non exprimables par l’animal individu ; la tâche apparaît immense, et peut-être, trop portée par une démesure (ubris) contemporaine dont l’ubiquité est quelquefois déraisonnable. t si nous définissions le mal-être ? La notion serait-elle plus rationnelle, plus quantifiable ? C’est un des fondements d’une de la médecine. Nous soignons les animaux pour leur redonner un état dit physiologique. L’animal malade s’éloigne de sa physiologie. Le vétérinaire s’évertue par ses soins à restaurer des paramètres physiologiques dans le cadre de normes. L’hospitalisation est un moment fort, où les soins sont intensifs, souvent motivés par une gravité des signes de maladie. Il est important dans ces moments d’éviter d’aggraver l’état de maladie par un état de mal-être induit. Reconnaître le mal-être provoqué par une hospitalisation, c’est déjà participer à la guérison. Un pas vers le bien-être ? ❒ Vous trouverez certainement des embryons de réponse dans ce numéro ...

Laurent Mangold Président de la FADETEQ* Clinique Équine d’Argonay 74370 Argonay Clinique Vétérinaire de Magnac Laval 10 Avenue F. Mitterrand 87190 Magnac Laval Centre de Reproduction équine et de transfert d’embryon du Dorat Chemin de la Fantaisie 87210 Le Dorat *FADETEQ (Fédération des acteurs du développement des techniques modernes de reproduction équine, Les centres de reproduction équine français)

disponible sur www.neva.fr

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 5

congrès équine Maroc BAT.qxp_6-7 Actualite 17/06/2019 13:20 Page1

actualités en perspective

succès pour la 2e édition du congrès annuel de l’AMVE à Rabat “Médecine sportive, orthopédie et reproduction équines : une synthèse pour l’action”

les responsables du bureau

organisateurs du congrès ➜ Président : Dr AzizTnibar ➜ Vice président :

Dr Khalid Imhiouach ➜ Secrétaire général :

Pr Abdelmalek Sghiri ➜ Trésorier : Dr Ali Mrini ➜ Secrétaire général ajoint : Dr Zakaria Oukal ➜ Trésorier adjoint : Dr Samir Riafai ➜ Assesseurs : Dr Hassan Alyakine

Dr Rabab El Malouli

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47- 6

L’association marocaine des vétérinaires équins (AMVE) a tenu début mars 2019 son 2e congrès annuel à Rabat en un lieu emblématique, l’hôtel Golden Tulip Farah au centre de la capitale marocaine près de la place du 6 novembre qui commémore le retour d’exil du Roi Mohamed V.

e deuxième congrès de l’AMVE était dédié à trois thématiques, chacune d’entre elles organisée en deux sessions nourries par des intervenants nationaux (enseignants de l’Institut agronomique et Vétérinaire Hassan II et vétérinaires du secteur privé) et internationaux (dont deux enseignants des ENV françaises), tous bénéficiant d’une large expérience acquise en Europe. ● Médecine interne, orthopédie et reproduction ont ainsi fait l’objet d’exposés synthétiques de grande qualité conformément à la vocation de formation continue affichée comme objectif majeur de l’AMVE. Un compte-rendu très complet était aussi disponible grâce à la participation des sponsors qui ont animé une exposition commerciale très suivie où la contribution des éditions NÉVA, avec notamment LE NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire équine, a été particulièrement saluée. ● La première session dédiée à la médecine interne a traité la diarrhée chez le cheval avec deux exposés du Pr Y. Tamzali (ex- ENV Toulouse) qui a abordé les aspects diagnostiques et thérapeutique de leur abord en distinguant celles d’apparition brutale avec atteinte de l’état général et celles se présentant comme chronique (atteinte de l’état

Le Dr Aziz Tnibar, Président, rendant hommage aux instigateurs de ce congrès et remerciant l’ensemble des participants (photo NÉVA).

général subaiguë à modérée avec diarrhée d’une durée supérieure à deux semaines). Ces exposés ont été complétés par un exposé de G. Kay (Directrice de l’American Foundouk de Fès), dédié aux désordres hydro-électrolytiques associés et à la mise en place d’une fluidothérapie rationnelle. “ENTENDRE LA TOUX” La deuxième session était consacrée à l’appareil respiratoire au travers du syndrome du cheval tousseur (Y. Tamzali, ex-enseignant à l’Envt) et d’une étude très complète de la gourme (S. Annouri de l’American Fondouk). Pour le cheval tousseur, il faut “entendre la toux” pour mieux la caractériser, évaluer l’aspect du jetage, examiner les ganglions, inspecter, percuter et ausculter le thorax afin de distinguer toux aiguë (avec ou sans fièvre) et toux chronique pour un traitement adapté. Anti-inflammatoires (AINS et corti●

congrès équine Maroc BAT.qxp_6-7 Actualite 17/06/2019 13:20 Page2

2e édition du congrès annuel de l’AMVE : Médecine interne et reproduction costéroïdes) et bronchodilatateurs doivent y trouver leur juste place, en fonction de l’étiologie et de modes d’administration adaptés, sans négliger la gestion de l’environnement notamment dans le cas de la maladie inflammatoire des voies respiratoires (IAD) et de la maladie pulmonaire obstructive liée aux pâturages d’été (SPAOPD). La gourme a fait l’objet d’une étude très documentée en raison de sa présence significative au Maroc, et détaillant les approches diagnostiques (clinique et tests complémentaires) et les outils de prévention (dont les vaccins) et de traitement (problématique de l’utilisation des antibiotiques). L’exposé très complet de M. L. Souhail (American Fondouk) sur l’utilisation rationnelle des antibiotiques au Maroc a conclu la session. LES AFFECTIONS DIGITÉES ● La deuxième thématique consacrée à l’orthopédie s’est d’abord intéressée dans sa première session aux affections digitées traitées par M. Schramme (VetAgro Sup) qui a rappelé les principes de la démarche diagnostique, en détaillant les modalités d’utilisation des différentes techniques d’imagerie, avant de conclure sur les principes de base de maréchalerie orthopédique (parage et ferrure) appliqués à la maladie naviculaire, à la tendinopathie du tendon fléchisseur profond du doigt (ferrure à pince biseauté ou roulé, ferrures en œuf, ferrure bonapartix,…), à l’arthrose de l’articulation inter-phalangienne distale. En conclusion, il a justement souligné l’absence constatée d’évaluation clinique de l’efficacité de ces techniques. ● Des exposés dédiés à la radiographie du jarret (R. Azrib, Institut agro-vétérinaire Hassan II), aux lésions d’ostéochondrose (Z. El Brini, Institut agro-vétérinaire Hassan II) et à la place de l’arthroscopie pour le diagnostic et le traitement des affections articulaires chez le cheval (A.Tnibar, cabinet vétérinaire Tamesna) ont été regroupés dans une seconde session.

LA REPRODUCTION CHEZ LES JUMENTS DE SPORT La troisième thématique était consacrée à la reproduction et sa première session a été entièrement animée par J.-F. Bruyas (Envn/Oniris) qui a traité l’ensemble des problèmes liés à la reproduction chez les juments de sport appuyés par des publications dédiées (juments “pisseuses”, aspect réglementaires, problèmes de comporte●

Un dîner convivial offert par les laboratoires partenaires. A la table d’honneur, le Dr Aziz Tnibar, Président et son épouse entourés de conférenciers (Prs Bruyas et Schramme), du B. Tnacheri Ouazzani, Président de l’Ordre et de confrères recevant des distinctions lors de cette soirée et honorés pour leur carrière au service de la profession (photos NÉVA).

ment, suppression de l’œstrus) avant d’aborder les différents types d’endométrites et leur traitement avec un accent particulier sur l’antibiothérapie et les endométrites postsaillie et post-insémination. La problématique de la décision du jour d’IA ou de saillie en liaison avec celle des endométrites post-saillie et des anœstrus en cours de saison de monte a été abordée sous une forme synthétique et d’aide à la décision. ● La deuxième session a été consacrée aux infertilités chez l’étalon (J.-F. Bruyas) et à la place de l’insémination artificielle (IA) avec du sperme frais ou congelé dans les conditions marocaines, depuis sa première mise en œuvre en 1994 dans le cadre de la gestion des étalons et la prévention des maladies vénériennes (MCE, AVE, ...) et contagieuses (grippe et rhinopneumonie). ● Il revenait à B. Tnacheri Ouazzani (praticien à Had Soualem et Président de l’Ordre national des vétérinaires du Maroc) d’exposer :"IA de la jument avec du sperme frais et congelé : réalités du terrain au Maroc” et à A. Sghiri (Institut agro-vétérinaire Hassan II) de définir les bases de la gestion de l’œstrus post-partum pour décider (ou non) de la mise à la reproduction de la jument. Après avoir rappelé les caractéristiques physiologiques du post-partum concernant notamment le liquide utérin, il a précisé l’importance de l’approche clinique ainsi que les caractéristiques et les conditions d’utilisation des chaleurs de poulinage.

La remise de la médaille du congrès au Pr Bruyas par le Pr Sghiri entouré de membres du bureau de l’AMVE.

u total, ce congrès a parfaitement réussi à transmettre et à faire partager des informations de qualité et d’une grande utilité opérationnelle pour tous les praticiens présents. On attend donc avec impatience la 3e édition du congrès ❒ annuel de l’AMVE ! Marc Savey

Le très joli point de vue de l’hotel du congrès sur la tour Hassan et le mausolée Mohamed V.

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47- 7

8-17 Endometrites infectieuses V° BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 17/06/2019 18:54 Page8

les endométrites post-saillies et infectieuses chez la jument

Ahmed Tibary Lisa K. Pearson

Department of Veterinary Clinical Sciences College of Veterinary Medicine Washington State University Pullman, WA 99164-6610 USA

Les endométrites équines sont responsables de la majorité des échecs des inséminations. Après un examen gynécologique complet, le diagnostic est fondé sur l’échographie, les analyses cytologiques, les analyses bactériologiques ou une biopsie de l'endomètre. Pour le praticien, la cytologie endométriale offre une technique de terrain facile et assez efficace pour le diagnostic des endométrites infectieuses surtout lorsque la technique de prélèvement est bien choisie et bien conduite.

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales causes des infections utérines et leur diagnostic. ❚ Connaître les protocoles de traitements des endométrites.

es endométrites infectieuses représentent une cause majeure des pertes économiques en reproduction équine. Leur incidence est estimée être entre 25 à 60 p. cent des cas d’infertilités chez la jument [10, 18, 19]. Après un rappel sur les causes et les mécanismes physiopathologiques des endométrites post-saillies et des endométrites infectieuses, cet article sur les endométrites fait le point sur la pathogénie des endométrites (encadré), les approches diagnostique et thérapeutique des endométrites infectieuses*, et les mesures préventives contre celles-ci.

Essentiel ❚ La conformation vulvaire, la sensibilité de la jument aux endométrites post-saillie sont les plus importants facteurs prédiposants aux endométrites infectieuses. ❚ Le diagnostic des endométrites repose sur l’examen cytologique et microbiologique, à partir de prélèvement effectué avec une cytobrosse ou par lavage.

APPROCHE DIAGNOSTIQUE La présence d’une endométrite est suspectée sur la base de l’anamnèse (historique d’infertilité, endométrites récurrentes, écoulement vaginal mucopurulent intermittent, mortalité embryonnaire). ● L’examen clinique permet d’identifier certains facteurs prédisposants (conformation périnéale et vulvaire) (photo 1), ou la présence d’écoulement vaginal, ou l’accumulation de liquide dans la cavité utérine (photo 2). Le diagnostic est confirmé par l’examen ●

CHEVAL

NOTE * Certains produits cités pour le traitement des endométrites infectieuses ne sont pas disponibles ou autorisés en France.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 8 - DÉCEMBRE 2018

Incompétence du sphincter vestibulo-vaginal. - Facteur predisposant aux infections utérines (photo A. Tibary).

cytologique, bactériologique ou histopathologique de l’endomètre [19]. Comment diagnostiquer une endométrite post-saillie ● L’intensité de l’œdème endométrial au cours des chaleurs permet d’identifier les juments prédisposées aux endométrites persistantes post-saillie. L’œdème de l’endomètre est en général noté de 0 (aucune trace d’œdème) à 5 (œdème exagéré ou hyperœdème) (photo 3). ● En plus de l’évolution de l’œdème, toute présence de liquide intra-utérin doit être relevée, et il convient d’en estimer la quantité (mesure de la profondeur et de l’étendue) (photo 3) [19]. En effet, une jument qui, au moment de l’œstrus, présente un défaut d’élimination des sécrétions physiologiques des glandes endométriales avant toute saillie ou insémination, peut être suspecte de ne pas pouvoir éliminer les liquides inflammatoires induits par le dépôt de sperme dans l’utérus. ● Les taux de gestation sont significativement plus élevés chez les juments qui présentent un œdème noté de 1 à 3 (61 à 66 p. cent) par rapport à celles avec un œdème noté 4 (50 p. cent) ou 5 (43 p. cent) au moment de l’ovulation [17]. ● Le clinicien doit suspecter une affection utérine lors de : - présence d’œdème > 1 à 14 - 15 jours post-ovulation (possibilité de lutéolyse précoce) ; - présence d’hyperœdème ; - absence de réduction de l’œdème avant ovulation ;

18 -26 2THERAPEUTIQUE DES ENDOMÉTRITES INFECTIEUSES ET ANTIBIOTIQUES BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 17/06/2019 20:09 Page18

comment utiliser les antibiotiques

pour le traitement des endométrites infectieuses de la jument

Laurent Mangold Clinique Équine d’Argonay 74370 Argonay Clinique Vétérinaire de Magnac Laval 10 Avenue F. Mitterrand 87190 Magnac Laval Centre de Reproduction équine et de transfert d’embryon du Dorat Chemin de la Fantaisie 87210 Le Dorat

Objectifs pédagogiques

❚ Savoir choisir la thérapeutique adaptée au traitement d’une endométrite infectieuse. ❚ Être capable de comprendre pourquoi l’utilisation des antibiotiques pour traiter une endométrite infectieuse est difficilement compatible avec les grandes règles PK/PD. Essentiel ❚ Les lavages utérins et l’utilisation des agents ecboliques sont la thérapeutique de choix des endométrites inflammatoires et des endométrites infectieuses. ❚ Le schéma posologique d’un traitement antibiotique in utero ne peut être établi correctement sans connaître la bactérie responsable. ❚ L’importance relative du temps de contact de l’antibiotique avec la bactérie pathogène réduit considérablement le nombre d’antibiotiques qu’il est raisonnable d’utiliser dans le traitement in utero des endométrites infectieuses.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 18 - DÉCEMBRE 2018

Les antibiotiques sont largement utilisés dans le monde, et plus particulièrement Outre-atlantique, pour la gestion des endométrites infectieuses de la jument. Mais quelle est leur place réelle dans l’arsenal thérapeutique que le praticien gynécologue équin utilise pour gérer les endométrites utérines ? Sont-ils adaptés à la pathologie infectieuse endométriale et à la physiologie utérine ?

es résistances aux antibiotiques sont devenues une préoccupation sociétale de santé publique s’inscrivant dans le “one health”. L’utilisation raisonnée des antibiotiques doit permettre une baisse de l’exposition des flores à la sélection antibiotique. Cet article rappelle comment les règles Pk/PD sont appliquées pour l'utilisation d’antibiotiques dans le traitement des endométrites infectieuses de la jument, puis expose les précautions d’emploi, les précautions et indications de prescriptions de ces antibiotiques. Les thérapeutiques les plus indiquées dans le traitement des endométrites infectieuses sont ensuite discutées.

LES RÈGLES PK/PD* DES ANTIBIOTIQUES SONT-ELLES RESPECTÉES LORS D’UN TRAITEMENT ANTIBIOTIQUE D’UNE ENDOMÉTRITE INFECTIEUSE ? La voie générale ● L’utilisation d’un traitement antibiotique par voie générale pour traiter une infection de l’endomètre va se heurter à une problématique pharmacocinétique et à une problématique d’impact sur la flore commensale. ● La diffusion effective des antibiotiques administrés par voie générale dans l’endomètre et les liquides utérins, ainsi que les caractéristiques de cette diffusion sont très

NOTE

* Pharmacocinétique/Pharmacodynamique.

peu étudiées (concentration au-dessus de la CMI et temps de contact suffisant en regard du mode d’action de l’antibiotique utilisé et du germe en cause). Malgré tout, les concentrations d’antibiotiques atteintes dans l’endomètre semblent plus importantes lors d’administration par voie locale que par voie systémique [1]. ● Il est donc difficile de justifier de l’utilisation d’une antibiothérapie par voie générale pour traiter une endométrite infectieuse classique où les germes sont principalement retrouvés en surface de l’endomètre ou assez superficiellement dans le tissu endométrial. Elle pourrait plus se justifier dans le cas d’infections caractérisées par la présence de bactéries “en profondeur” de l’endomètre, cependant l’existence de ce type d’infections “profondes” n’est pas vraiment prouvée. ● Lors d’atteinte infectieuse puerpérale, l’utilisation d’antibiotique par voie générale est justifiée. En revanche, l’administration des antibiotiques par voie systémique augmente l’exposition de la flore commensale notamment digestive et facilite donc la sélection de résistance antimicrobienne. ● Ceftiofur, Cefquinome, l’association Tmp/Sulfa, l’Enrofloxacine sont les principaux antibiotiques utilisés par voie générale. [2] (tableau 1). La voie locale : traitement antibiotiques in utero L’infusion locale d’antibiotiques temps-dépendant ● Les pénicillines et les céphalosporines sont les antibiotiques temps-dépendants les plus utilisés par infusion trans-cervicales lors d’endométrites infectieuses. ● L’efficacité d’un antibiotique temps-dépendant est tributaire d’un temps de contact minimum entre la bactérie et l’antibiotique. Le temps durant lequel la concentration de l’antibiotique obtenue dans le milieu où se trouve la bactérie après administration est supérieur à la CMI (Concentration Minimale Inhibitrice) doit être au moins supérieur à 50 p. cent du temps entre deux adminstrations. Cette notion de 50 p. cent est une notion générale théorique. Ce pourcentage est

27-34 Endometrites dégénératives BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 17/06/2019 16:28 Page27

les endométrites dégénératives ou endométroses

Ahmed Tibary Lisa K. Pearson

chez la jument L’endométrose, ou endométrite dégénérative chronique, est la cause principale de réforme des juments poulinières, surtout si certaines techniques telles que le transfert embryonnaire et la récolte d’ovocyte ne sont pas permises. Cette affection est caractérisée par des changements histologiques dus principalement à l’effet de l’âge. Le diagnostic est basé sur une analyse histopathologique des biopsies endométriales.

’endométrite dégénérative ou endométrose constitue un ensemble de modifications histopathologiques caractérisées par une fibrose. L’âge ainsi que les endométrites infectieuses sont des facteurs important dans ces changements. En pratique équine, les endométroses revêtent une importance clinique car beaucoup de juments sont mises à la reproduction relativement âgées, après une carrière sportive plus ou moins longue. De plus, les poulinières gagnent économiquement et/ou sentimentalement de la valeur au fur à mesure qu’elles prennent de l’âge, surtout lorsque leurs poulains sont de bonne qualité génétique et que leurs premiers produits sont devenus des chevaux performants. Cet article décrit les facteurs épidémiologiques qui prédisposent à l’endométrose, et proposerune synthèse des connaissances sur sa pathogénie (encadré 1), sur les méthodes de diagnostic et sur la conduite à tenir. INCIDENCE ET FACTEURS PRÉDISPOSANT À L'ENDOMÉTROSE

Les endométrites chroniques ont une prévalence très élevée. Entre 60 et 70 p. cent des biopsies endométriales montrent différents degrés d'endométrose [8]. ● Plusieurs études ont montré que l’endométrose est associée à l'âge mais pas au nombre de poulinages [8, 11, 12]. ●

En général, les juments âgées de plus de 11 ans ont un degré d’atteinte lésionnelle de l’endomètre plus grand et une fertilité plus faible que les jeunes juments [14]. ● La sévérité de la fibrose est directement corrélée au nombre d’années d’infécondité ou d’infertilité. Les problèmes dégénératifs sont plus fréquents chez les juments qui sont restées vides trois saisons ou plus. L’effet de la fibrose sur l’incidence des mortalités embryonnaires a aussi été démontrée [6, 15]. ● L’endométrose peut être présente chez les juments fertiles mais elle est souvent légère et de type non destructif. En revanche, chez les juments infertiles, le degré d’endométrose est plus sévère (destructive). Cependant, cette distinction est difficile à faire par observation microscopique ordinaire [8]. ● Il existe aussi une association significative entre l'infiltration de l'endomètre par des cellules inflammatoires et le degré d’endométrose [6, 8]. ● Une forte incidence d'endométrites infectieuses cliniques évolutives a été démontrée chez les juments présentant des cas d’endométrose destructive (cf. définitions ci-après). Ceci démontre le rôle important que jouent les glandes endométriales dans l'évacuation du contenu utérin, et pourrait expliquer la persistance de l'inflammation chez les juments dites prédisposées aux endométrites infectieuses [8]. ● L'activation des fibroblastes du stroma après induction d'une endométrite infectieuse est probablement engendrée par des facteurs de croissance profibreux et par des cytokines libérées par les cellules inflammatoires qui contrôlent la progression de la fibrose [4].

Department of Veterinary Clinical Sciences College of Veterinary Medicine Washington State University Pullman, WA 99164-6610 USA

Objectifs pédagogiques ❚ Décrire les facteurs prédisposants à l’endométrose. ❚ Présenter les connaissances sur la pathogénie de l’endométrose, et les méthodes de diagnostic. ❚ Discuter la conduite à tenir face à une endométrose. Définition

❚ L’endométrite dégénérative ou endométrose constitue un ensemble de modifications histopathologiques caractérisées par une fibrose. Ce terme a été introduit par Kenney en 1992 pour décrire l’endométrite chronique dégénérative [15].

Essentiel ❚ L'endométrose est un processus dégénératif des glandes endométriales et du stroma qui les entoure. ❚ L'endométrose affecte directement la fertilité de la jument. ❚ Le degré d’atteinte augmente avec l'âge de la jument, mais n'est pas directement corrélé au nombre de gestations ou de poulinages.

LES ASPECTS HISTOLOGIQUES DE LA FIBROSE Les caractéristiques morphologiques et immunochimiques correspondent à différents stades de développement de l’endométrose qui sont indépendants du contrôle utérin, selon Hoffmann et coll, les premiers à avoir étudié les aspects histologiques et immunohistochimiques de l’endométrose [3, 4].

CHEVAL

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 27

Fiche 16-10-18 BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 17/06/2019 13:29 Page1

fiche

quels traitements progestatifs utiliser chez la jument subfertile Cette fiche propose une synthèse des études publiées à propos de l’action de l’altrénogest sur la gestation, et des recommandations pour l’usage raisonné des traitements progestatifs chez la jument subfertile.

es indications de supplémentation progestative sont principalement l’injection accidentelle de prostaglandines et l’endotoxémie chez la jument gestante [2]. Pourtant, le praticien est souvent sollicité par sa clientèle pour prescrire ce traitement chez les juments présentant des interruptions de gestation à répétition. ● Plus que la progestérone, c’est l’altrénogest, principe actif de Régumate Equin® qui est plus largement utilisé. Sachant que la supplémentation se fait quotidiennement pendant plusieurs semaines, l’administration per os de l’altrénogest le rend plus facile à utiliser par les éleveurs que la progestérone qui s’administre par voie intramusculaire. MISE AU POINT SUR LE MODE D‘ACTION DE L’ALTRÉNOGEST

Il est communément accepté que l’altrénogest, administré quotidiennement à la posologie de 0,044 mg/kg (parfois 0,088 mg/kg) permet de maintenir une gestation après l’induction expérimentale d’endotoxémie et les injections uniques ou répétées de prostaglandines [2, 3, 4, 6]. Cependant, le mode d’action n’est pas encore clarifié. ● Les études s’accordent sur le fait que le diamètre et la croissance de la vésicule embryonnaire de J11 à J20 - 22 ne sont pas modifiés dans les groupes de juments traitées à l’altrénogest dès le début de la gestation, quel que soit leur âge [6, 7]. ● En revanche, Willmann [7] a mis en évidence un effet positif sur la taille des embryons, entre J30 et J45, du traitement à l’altrénogest (0,044 mg/kg ; de J5 à J100). En effet, les embryons de cette tranche d’âge, issus du lot de juments âgées/témoins (n = 5) sont significativement plus petits que les ●

embryons issus des lots de jument âgées/traitées (n = 8), jeunes/témoins (n = 11) et jeunes/traitées (n = 8). ● L’altrénogest aurait donc aidé au développement des embryons/fœtus en agissant éventuellement sur la sécrétion de lait utérin et/ou sur la mise en place du placenta. Or, dans cette étude, même si les embryons étaient significativement plus petits dans le lot de juments âgées/témoins, aucune perte embryonnaire n’a eu lieu. Il serait donc utile d’avoir des données avec des juments subfertiles. ● La sécrétion de LH n’est pas diminuée (entre J1 et J35) lors de traitement à l’altrénogest débuté dès J5. Cela suggère que le progestagène ne renforce pas le rétrocontrôle négatif que la progestérone exerce sur la sécrétion de GnRH [7]. ● Le profil de sécrétion de progestérone n’est pas non plus modifié dans les groupes de juments (n = 16) recevant de l’altrénogest entre J5 et J100. Cela suggère que le traitement ne pourrait ni stimuler ni inhiber la sécrétion endogène de progestérone pendant la durée du traitement [7]. Ce résultat ne concorde pas avec ceux de Deals qui rapporte une chute de la progestéronémie chez 10 p. cent des juments traitées à l’altrénogest [3]. D’où l’importance de doser la progestérone avant de cesser le traitement. RECOMMANDATIONS POUR UN USAGE RAISONNÉ DU TRAITEMENT PROGESTATIF CHEZ LA JUMENT SUBFERTILE Quelle molécule utiliser ? ● L'altrénogest et la progestérone injectable en suspension huileuse sont les seules molécules disponibles permettant le maintien de la gestation chez la jument. ● L'acétate de medroxyprogestérone, le caproate et l'hexanoate d'hydroxyprogestérone, les implants de norgestomet et l'acétate de mégestrol ne sont pas efficaces (tableau) [1, 4, 5].

Aurélie Allard 13 rue du merle 71250 Cluny

Objectif pédagogique ❚ Être capable de mettre en place un traitement progestatif de manière raisonnée.

Essentiel ❚ Les indications de supplémentation progestative sont principalement l’injection accidentelle de prostaglandines et l’endotoxémie chez la jument gestante. ❚ Évaluer la progestéronémie avant de mettre en place un traitement progestatif chez les juments à risques de mortalité embryonnaire. ❚ Multiplier les contrôles échographiques de gestation chez les juments recevant un traitement progestatif.

En pratique ❚ Les résultats de dosage de progestérone peuvent être communiqués en ng/mL ou en nmol/L selon les laboratoires. Pour convertir, retenir que 1 ng/mL est égal à 3,2 nmol/L.

CHEVAL

Quand commencer ? Le traitement peut débuter juste après l’ovulation. Cependant, il est préférable

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 35

37-43 Role veterinaire evaluation BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 19/06/2019 15:15 Page37

évaluation et prise en charge

du bien-être de l’animal malade

et/ou hospitalisé

Agnès Benamou-Smith, Joséphine Luquet Clinequine, VetAgroSup, Université de Lyon, Marcy L’Etoile

quel rôle pour le vétérinaire ? Plus que tout autre, l’animal malade est sujet au stress et à la douleur. En consultation comme durant une hospitalisation, le vétérinaire doit anticiper sur ces deux aspects, utiliser des critères objectifs d’évaluation, au moyen de grilles de douleur et de confort, et communiquer clairement avec le propriétaire sur ces examens.

e vétérinaire exerce dans une société qui a beaucoup évolué sur la reconnaissance du bien-être des équidés de loisirs et de sport dans les 10 dernières années, que cela soit chez les amateurs ou chez les professionnels de la filière équine. Cela se traduit par exemple, par la nomination, au sein d’organismes nationaux ou internationaux comme la FFE (Fédération Française Equestre) ou la FEI (Fédération Equestre internationale), de commissions et de cadres responsables du “Welfare”, et au sein de la profession vétérinaire, par des prises de position médiatiques sur la fin de vie ou sur des pratiques sportives répréhensibles (récemment en endurance équestre). ● La médecine équine a également évolué de façon remarquable depuis 15 ans : on note plus de chevaux à soigner, plus d’attentes des propriétaires, mais également plus de tension à l’encontre des vétérinaires. Ainsi, on attend d’eux de mieux accompagner médicalement l’éthique dans le sport, et de fournir le conseil le plus éclairé et précis par rapport à une intervention médicale ou à une maladie. Nous exerçons une médecine vétérinaire qui s’est beaucoup “technifiée” grâce à des moyens diagnostiques et thérapeutiques permettant d’aller plus loin sur le plan des résultats et du pronostic. Il

nous incombe de savoir garder les bons côtés de la technique sans oublier avant tout de garantir le bien-être de nos équidés “patients” grâce la gestion de la douleur et de la santé, en restant pragmatiquement éthique, indépendant et déontologique comme le veut notre code professionnel. LE CHEVAL, MALADE OU HOSPITALISÉ : COMMENT ANTICIPER LES FACTEURS DE RISQUE IMPACTANT SON BIEN-ÊTRE ? Même si le vétérinaire est amené à agir comme consultant éclairé du bien-être lors de toutes ses interactions avec un équidé et son détenteur (acquisition, visite d’achat, compétitions équestres, activité de reproduction), il est particulièrement sollicité lorsqu’il est appelé pour un animal malade ou “inapte”, et lorsqu’il prend en charge et / ou hospitalise un équidé pour le soigner. ● Les circonstances et les signes d’appel “vétérinaires” les plus fréquents à l’origine d’une altération du bien-être d’un équidé sont essentiellement les coliques, les problèmes locomoteurs aigus ou chroniques (sans oublier les fourbures), les traumatismes et les pertes de poids. Lors de toute consultation relative à ces mots-clés, une gestion médicale de qualité à T=0 est impérative : elle doit obligatoirement se concevoir, tout en informant le détenteur sur les facteurs de risque à l’origine de ces affections, car c’est la clé d’une bonne prise en charge qui favorise aussi le retour vers un meilleur état de bien-être. En effet, un changement de propriétaire, de lieu de vie ou de congénères, un apport alimentaire inadéquat, une gestion sportive inadaptée, un sevrage ou une séparation mal préparée, un transport insuffisamment anticipé, sont souvent sous-jacents aux problèmes de santé potentiellement graves pour lesquels nous sommes appelés. ● Être disponible, à l’écoute, formé et compétent (seul ou à plusieurs, au sein d’une ●

Objectifs pédagogiques ❚ Inclure l’évaluation du bien-être dans la consultation vétérinaire. ❚ Utiliser les outils de détection du mal-être pour reconnaître la douleur précocément. ❚ Inclure un véritable suivi de la douleur et du bien-être durant l’hospitalisation d’un équidé.

En pratique ❚ Les signes d’appel d’une altération du bien-être d’un équidé sont essentiellement les coliques, les problèmes locomoteurs aigus ou chroniques (sans oublier les fourbures), les traumatismes et les pertes de poids.

CHEVAL

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 37

E ❚ g ❚ ❚

44 Fiche exemples de score V°BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 17/06/2019 15:45 Page1

quelques exemples de score de douleur Agnès Benamou-Smith, Joséphine Luquet Clinequine, VetAgroSup, Université de Lyon, Marcy L’Etoile

Ces photos détaillent des exemples d’indices de douleur faciale (Horse Grimace Score (HGS) (selon Dalla Costa, 2014) [1].

Horse Grimace Score (HGS) = 1/12 (photos M. Tourrel, Clinequine, VetAgroSup).

HGS = 2/12.

HGS = 3/12.

Basé sur la détection de : 1. Oreilles couchées : Absent / Modéré / Très présent 2. Contraction des muscles de l’orbite (au-dessus des yeux : M. levator anguli oculi medialis ; les paupières ont tendance à se fermer ) : Absent / Modéré / Très présent 3. Tension au-dessus des yeux : celle-ci met en évidence les surfaces osseuses de la salière et de la crête faciale) : le regard du cheval est plus intense Absent / Modéré / Très présent 4. Tension des muscles de la mastication : clairement visible au-dessus de la commissure des lèvres : Absent / Modéré / Très présent 5. Lèvres tendues et menton proéminent : la lèvre supérieure est tirée en arrière et la lèvre inférieure forme un vrai menton plus aplati, les lèveres apparaissent plus resserrées entre elles: Absent / Modéré /Modéré 6. Tension des naseaux et dilatation latéromédiale des naseaux : de face, les naseaux apparaissent plus larges). Absent / Modéré / Très présent LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 44 - DÉCEMBRE 2018

HGS = 4/12.

Absent : 0 points Modéré = 1 point Modéré = 2 points. Score le plus haut = 12/12 = très fort score facial exprimant une douleur intense.

HGS = 6/12 ; CPS = 8/30.

Référence 1. Dalla Costa E, coll. Using the Horse Grimace Scale (HGS) to Assess Pain Associated with Acute Laminitis in Horses PLoS One. 2014;9(3):e92281

45-50 Gestes pratiques cheval malade et ou hospitalisé BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 19/06/2019 15:10 Page45

gestes pratiques pour le bien-être

de l’animal malade et/ou hospitalisé L’impact des examens vétérinaires, des soins et de l’hospitalisation sur le bien-être du cheval malade est largement sous-estimé durant notre activité quotidienne. Cet article a pour objectif d’aider à détecter et à gérer cet aspect important de notre activité de vétérinaire du 21è siècle.

Clinequine, VetAgroSup, Université de Lyon, Marcy L’Etoile

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre en quoi des gestes médicaux et l’environnement vétérinaire peuvent engendrer un mal-être. ❚ Acquérir des habitudes simples de gestion de l’environnement hospitalier équin pouvant assurer un certain bien-être. ❚ Reconnaître les facteurs pouvant altérer le bien-être équin en pratique vétérinaire et y apporter des améliorations.

lors que le bien-être des carnivores domestiques en milieu hospitalier a suscité de nombreuses études donnant lieu à des grilles de recommandations relatives à la gestion de la douleur, de la fin de vie et des conditions précises d’hospitalisation [10, 26], le bien-être équin est très peu étudié dans le contexte de la consultation ou du milieu hospitalier. Mis à part le développement de scores de douleur, il existe encore peu de recommandations [14, 15, 23]. ● La prise en charge du cheval malade ou hospitalisé implique d’abord une prise en charge appropriée de la douleur : qu’elle soit préventive ou réactive, continue ou à effet, selon les cas. Une pratique de l’analgésie multimodale permet des interventions très variées : analgésie systémique, locale, régionale, épidurale, ... mais aussi injections répétées ou perfusion continue. On a recours à des molécules à effets courts ou prolongés, voire synergiques. Il faut aussi s’employer à minimiser les effets secondaires les plus fréquents tels que : ulcères gastriques, dépression cardiaque et respiratoire, iléus paralytique, atteinte rénale [24, 30]. ● Plus la prise en charge est précoce en réaction à la douleur ou à l’inconfort, moins l’impact fonctionnel est important (locomoteur, alimentaire, ...), et plus la récupération est rapide et durable [27, 28]. Les protocoles antalgiques systématiques lors de procédures chirurgicale ou interventionnelle donnent régulièrement lieu à des consensus professionnels (castration, arthroscopie ; biopsies, …) qu’il convient de suivre car ils sont efficaces (Avef 2003 et 2007).

Agnès Benamou-Smith, Joséphine Luquet

L’examen facial et comportemental d’un cheval portant une sonde naso-gastrique est important (photo A. Benamou-Smith, Clinequine, Vetagrosup).

L’inflammation et l’infection sont des états très souvent associés à la douleur ou à des dysfonctionnements organiques qui peuvent être très débilitants. Une médicalisation de ces affections, symptomatique et /ou étiologique, a un impact important sur l’état douloureux également. Par exemple, pour accélérer la convalescence d’une pleuropneumonie développée suite à une fausse déglutition, la prise en charge médicale doit être gérée autant par l’action d’antimicrobiens adaptés, que sur le plan fonctionnel en soutenant la fonction respiratoire (oxygénothérapie, drainage d’un épanchement thoracique, recours aux bronchodilatateurs) et la fonction nutritionnelle (alimentation adaptée à un œsophage convalescent, pose d’une sonde entérale (photo 1), hydratation entérale ou perfusion, administration par sondage de laxatifs favorisant le passage du bol alimentaire). ● Dans le cadre de la prise en charge de la douleur en particulier, le recours aux méde●

Essentiel ❚ La prise en charge de la douleur qu’elle soit déjà présente lors de notre intervention, ou induite par les examens que nous réalisons est prioritaire. ❚ Plus la prise en charge est précoce en réaction à la douleur ou à l’inconfort, moins l’impact fonctionnel est important (locomoteur, alimentaire, ...), et plus la récupération est rapide et durable.

CHEVAL

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 45

51-56 Nutirition Connaître effets pratiques fourrages BAT.qxp_Gabarit rubrique 17/06/2019 18:25 Page51

nutrition

mieux connaître les effets des pratiques

et des conditions culturales

sur la qualité sanitaire des fourrages pour réduire les pathologies respiratoires équines

Virginie Séguin1 Servane Lemauviel Lavenant2 Yves Gallard3 Valérie Bouchart4 Alain Ourry2 David Garon1

Les poussières, les moisissures, et les mycotoxines présentes dans les fourrages peuvent provoquer des maladies pulmonaires équines chroniques. Cet article propose les résultats d’une étude menée sur des fourrages issus d’une parcelle expérimentale et sur des fourrages commerciaux pour chevaux.

e nombreuses études concernent la qualité nutritive des fourrages. Très peu d’attention a cependant été portée à l’amélioration de la qualité sanitaire des fourrages destinés à l’alimentation des chevaux, alors que celle-ci est primordiale. pour leur santé respiratoire. ● Les maladies pulmonaires équines, notamment la Maladie Obstructive Récurrente des Voies Respiratoires (MORVR), constituent une des principales causes de diminution de performances des chevaux dans l’hémisphère nord [34] ; elles représentent un enjeu économique important. ● Nous proposons un rappel sur la maladie obstructive récurrente des voies respiratoires (MORVR) (encadré 1), puis exposons la méthodologie développée ainsi que les résultats permettant d’identifier les facteurs influençant la qualité sanitaire des fourrages.

ANALYSE DES FOURRAGES : MATÉRIEL ET MÉTHODE ● L’étude que nous avons menée pendant 3 années consécutives (2006 à 2009) a permis d’étudier des fourrages dits “expérimentaux” issus d’une prairie permanente normande, et des fourrages destinés aux chevaux, vendus dans le circuit commercial habituel (photo 1).

Univ, UNICAEN, ABTE EA4651 - ToxEMAC, Centre F. Baclesse, 14000 Caen, France 1Normandie

2Normandie Univ, UMR INRA 950 - EVA, Esplanade de la Paix, 14032 Caen cedex 3Unité expérimentale INRA du Pin, Domaine du Pin-au-Haras, 61310 Exmes 4Laboratoire

Frank Duncombe - LABEO, 14000 Caen.

Objectifs pédagogiques 1

Parcelle témoin 2007 au domaine expérimental INRA du Pin au Haras (Photo V. Séguin ; ToxEMAC).

Les fourrages de la parcelle expérimentale Les fourrages ont été récoltés au sein du Domaine Expérimental INRA du Pin-auHaras (Orne) situé en Normandie, à partir d’une prairie de 5 ha, dominée par le pâturin commun (Poa trivialis), le vulpin genouillé (Alopecurus geniculatus,) la houlque laineuse (Holcus lanatus), la renoncule rampante (Ranunculus repens), le trèfle blanc (Trifolium repens) et le ray-grass anglais (Lolium perenne.) Elle présente donc une flore typique des prairies de Normandie occidentale [7]. ● Cette parcelle est habituellement soumise à un chaulage à hauteur de 1,6 t/ha tous les 4 ans, en alternance avec une fertilisation organique apportée tous les 2 ans sous forme de compost (15 à 20 t/ha) avec quelquefois un apport de lisier (30 m3/ha), une fertilisation azotée annuelle de 150 - 180 kg N/ha dont 60 - 80 kg N apportés au printemps et le reste, en deux apports fractionnés après chaque coupe. Un désherbage chimique annuel des adventices (herbicide anti-dicotylédone sélectif type Gratil) et une destruction des taupes (pièges) sont également réalisés. ●

❚ Identifier les pratiques culturales, les conditions météorologiques et la composition floristique impactant la qualité sanitaire des fourrages afin de réduire la prévalence des maladies pulmonaires équines. ❚ Proposer un arbre décisionnel d’aide au conseil.

Essentiel ❚ Une coupe trop basse (< 3 cm du sol), un fanage tardif, un séchage insuffisant avant pressage ou une pluie après coupe dégradent la qualité sanitaire des fourrages.

RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 51

57-60 Revue inter NPE 47 BAT.qxp_Revue Internationale 18/06/2019 17:25 Page57

revue internationale synthèse d’une sélection d’articles publiés classés par thème dans les revues

rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 1 Pôle équin VetAgro-Sup, 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 La clinique du cheval 3910, Route de Launac

- Theriogenology ...................................................................................................2018:1-6.i - Journal of Veterinary Internal Medicine...................................................2018;32:1420-7 - Equine Veterinary Journal ................................................................................2018;0:1-8 - Veterinary Ophtalmology .....................................................................................2019:1:8 - Journal of the American Veterinary Medical Association ....................2019;254:257-65

Endocrinologie - Suivi de dosages de l’hormone antimüllérienne et relation avec la fonction des gonades chez des chevaux pré pubères - Dérèglement de l’insuline chez des chevaux présentant un syndrome de réponse inflammatoire systémique

Neurologie / Locomoteur - Chevaux atteints de shivering

et d’axonopathie distale des cellules de Purkinje : une activité musculaire anormale des muscles locomoteurs

Ophtalmologie - Évaluation des anomalies cornéennes chez le cheval par tomographie en cohérence optique

Imagerie / Locomoteur - Utilité de radiographies caudomédialecranéolatérale oblique pour le diagnostic

des affections dans l’origine du ligament crânial croisé sur deux chevaux de l’examen d’imagerie par résonance magnétique bas-champ sur cheval debout sur 12 cas Synthèses rédigées par Mathilde Royer, Johanna Vassilakis, Javier Muñoz Díaz, Solenn Le Corre, Emma Santosuosso

Endocrinologie

SUIVI DE DOSAGES DE L’HORMONE ANTIMÜLLÉRIENNE ET RELATION AVEC LA FONCTION DES GONADES CHEZ DES CHEVAUX PRÉ PUBÈRES ● L’hormone antimüllérienne (AMH) est un biomarqueur de plus en plus utilisé pour étudier l’activité des gonades chez le cheval. Jusqu’à présent, les dosages n’étaient réalisés que chez des chevaux sexuellement matures. ● Cependant, dans l’intérêt de l’élevage, il pourrait s’avérer utile de pouvoir sélectionner les futurs reproducteurs avant la puberté, en développant une méthode prédictive pour évaluer la réserve folliculaire des pouliches et le développement testiculaire des poulains. ● Cette étude a donc été réalisée pour déterminer l’évolution des concentrations en AMH, FSH, en LH, en progestérone et en testostérone au cours de la phase prépubertaire des poulains mâles et femelles et également, de corréler le développement des gonades avec les valeurs de l’AMH plasmatique.

Matériel et méthode ● Pour réaliser cette étude, des échantillons de sang ont été collectés de manière hebdomadaire de 0 à 52 semaines, puis une dernière fois à 2 ans d’âge chez 30 poulains de selle (14 femelles et 16 mâles). A chaque collecte, l’AMH, la progestérone, la testostérone, la FSH et la LH ont été dosées. ● A l’âge de 761 jours (environ 2 ans), un examen échographique transrectal est réalisé chez les pouliches afin de compter le nom-

bre de follicules antraux (AFC). De même, à l’âge de 764 jours, des mesures du volume total testiculaire (estimé avec une formule à partir de la largeur, hauteur et profondeur des testicules) sont réalisées chez les poulains mâles. Résultats

Chez les femelles, la concentration d’AMH à la naissance est significativement plus faible que chez les mâles, indépendamment du développement testiculaire ultérieur de ces derniers. On note que la concentration en AMH à 2 ans et le nombre de follicules antraux (AFC) sont corrélés positivement avec la concentration en AMH à 24-28 semaines d’âge. ● Chez les mâles, la concentration en AMH varie au cours de la première année, indépendamment du développement testiculaire. En revanche, à l’âge de 2 ans, les mâles ayant un développement testiculaire anormal montrent des valeurs sanguines d’AMH significativement plus hautes que les mâles sans anomalie testiculaire (AMH > 12,1 ng/ ml). ● La testostérone est élevée à la naissance et diminue dans les 2 premières semaines de vie. Une augmentation significative a ensuite lieu à 48 semaines de vie avec un pic à 2 ans. Cependant, aucune valeur seuil de la testostérone n’a permis de différencier les pou●

Objectif de l’étude ❚ Doser régulièrement l’hormone antimüllérienne (AMH) chez des chevaux, de la naissance à 2 ans, pour déterminer la relation entre les valeurs d’AMH et la fonction des gonades à la puberté.

! Theriogenology (2018) 1-6.i

Anti-Müllerian hormone profiling in prepubertal horses and its relationship with gonadal function. D. Scarlet M, Wulf J, Kuhl M, Kohne N, Conley A-J, Aurich C.

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 57

Test clinique - reponses quasi BAT.qxp_gabarit NPE âne 17/06/2019 13:24 Page1

test clinique

observation originale

les réponses

fragmentation du processus extensorius de la phalange distale chez un cheval Frison de 4 ans 1 Quels examens complémentaires réalisez-vous ? ● Des radiographies du pied sont réalisées (face et profil à l’appui, face à 60°) : celles-ci mettent en évidence une fragmentation sévère du processus extensorius de P3 (photo 3). ● Une radiographie de profil de l’antérieur gauche est réalisée pour confirmer l’absence concomitante de la même affection sur ce pied. 2 Quel traitement mettez-vous en œuvre ? En accord avec la propriétaire, le retrait du fragment est réalisé par arthroscopie sous anesthésie générale. Deux incisions horizontales (portes d’arhroscopie) d’environ 1 cm, approximativement à 2 cm du bourrelet coronaire sont réalisées de part et d’autre du tendon extenseur dorsal du doigt (EDD). ● L’articulation est d’abord inspectée visuellement : la face palmaire du fragment ne comporte plus de cartilage et le cartilage articulaire de la deuxième phalange en regard du fragment est sévèrement érodé. Le fragment est morcelé à l’aide d’un ostéotome après élargissement d’une des deux portes et les fragments sont retirés à l’aide d’un rongeur. ● Un épisode d’hypotension et d’hypoxémie modérées, mais non négligeable au regard du gabarit du cheval, a nécessité un arrêt de l’intervention. Une deuxième arthroscopie a donc du être réalisée 3 jours plus tard pour retirer le reste du fragment. ● Sur les radiographies post-opératoires, on constate que des micro-particules du fragment sont restées dans le tendon extenseur.

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Post-opératoire et suivi ● En post-opératoire, un traitement est prescrit : flunixine méglumine (1,1 mg/kg IV 1 fois/j pendant 3 jours puis 0,55 mg/kg PO pendant 2 jours) et pénicilline G procaïnée (25 000 UI/kg IM 2 fois/j pendant 5 jours). Un repos au box est préconisé pendant 1 mois. ● Au 2e jour post-opératoire, le cheval est confortable, il peut alors rentrer chez sa propriétaire.

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la prédisposition des Frisons à la fragmentation du processus extensorius de la phalange distale. ❚ Proposer un traitement adéquat et donner un pronostic juste.

Essentiel

3 Radiographies du pied antérieur droit (profil, face à l’appui et face à 60°).

Au 10e jour post-opératoire, le cheval commence à souffrir d’une boiterie croissante. ● Au 14e jour post-opératoire, un contrôle clinique est réalisé : le cheval présente une boiterie 3 à 4/5, une déformation modérée de la face dorsale de la moitié distale du paturon en regard du site chirurgical, la flexion digitale passive est négative, et le test à la sonde exploratrice est négatif. ●

❚ Les Frisons, surtout les mâles, sont prédisposés à une sévère fragmentation du processus extensorius. ❚ L’origine de cette prédisposition est encore incertaine mais le retrait précoce par arthroscopie est conseillé.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 13 / n°47 DÉCEMBRE 2018 - 61

Test clinique - reponses quasi BAT.qxp_gabarit NPE âne 17/06/2019 13:25 Page5

test clinique - fragmentation du processus extensorius de la phalange distale immobilisation de l’articulation après retrait du cartilage articulaire. Différentes techniques sont décrites : - la première par pose de vis chirurgicales par abord dorsal à travers la boite cornée [3] ; - la seconde par pose de vis chirurgicales par abord palmaire (ou plantaire) après incision du ligament annulaire digital distal, pénétration de la gaine tendineuse, réclinaison du tendon fléchisseur profond et incision du ligament sésamoïdien droit [10] ; - la troisième par carottage latéro-médial de l’interligne articulaire avec mise en place d’un plâtre transfixiant. Cette technique est surtout indiquée lors d’arthrite septique chronique pour éviter l’introduction de corps étrangers dans un tissu infecté [7]. Pronostic Le pronostic sportif après chirurgie est variable selon le délai entre la fragmentation et la chirurgie, donc la présence éventuelle d’ostéo-arthrose dans l’articulation IPD, bien qu’il n’y aurait pas de corrélation entre la taille du fragment et la sévérité des lésions dans cette articulation au moment de la chirurgie. ● ll ne semble pas y avoir de corrélation entre la taille du fragment et le pronostic sportif post-chirurgie (par arthrotomie ou arthroscopie) [4, 5, 6]. ●

● Le pronostic sportif à moyen terme semble bon ; en revanche, sur 13 Frisons (relativement jeunes) opérés, 10 présentent une dégradation des signes radiographiques d’ostéo-arthrose dans un délai moyen de 19 mois post-opératoires. Ceci ne semble pas pouvoir donner un bon pronostic sportif à long terme [4], ce qui est confirmé par Crowe et coll [5]. ● De plus, les Frisons ont une peau plus épaisse que la moyenne, ce qui pourrait les prédisposer à avoir une mauvaise cicatrisation post-opératoire et augmenter le risque d’infection post-opératoire [1, 4].

CONCLUSION ● La fragmentation du processus extensorius chez les Frisons est une affection handicapante puisque le plus souvent, elle est découverte lors d’une boiterie. Son origine étant indéfinie précisément, il est difficile de la prévenir. ● Le retrait précoce du fragment par arthroscopie est conseillé pour éviter qu’une arthrose ne se développe. Toutefois, il convient de prévenir les propriétaires que si le pronostic sportif à moyen terme est bon, il ne l’est pas à long terme. Quant à la fréquence de survenue d’une inflammation post-opératoire à court terme, telle que celle décrite dans ce cas clinique, celle-ci ne semble pas rapportée dans la littérature. ❒

Références (suite) 9. Praud A, Dufour B, Robert C, coll. Effects of management practices as riks factors for juvenile osteochondral conditions in 259 French yearlings. Vet J 2013;197(1):72-6 10. Schneider RK, Bramlage LR, Hardy J. Arthrodesis of the distal interphalangeal joint in two horses using three parallel 5.5mm cortical screws. Vet Surg 1993;22(2):122-8. 11. Scott EA, Snyder SP, Schmotzer WB, coll. Subchondral bone cysts with fractures of the extensor processes in a horse. J Am Vet Med Assoc 1991;199(5):595-7. [Abstract] 12. Ter Braake F. Arthroscopic removal of large fragments of the extensor process of the distal phalanx in 4 horses. Equine Vet Educ 2005;17:101-5. 13. Vitaneen MJ, Wilson AM, coll. Effect of foot balance on the intra-articular pressure in the distal interphalangeal joint in vitro. Equine Vet J 2003;35:184-189 [Abstract].

Remerciements

- Au Pr JL Cadoré pour son aide - Au Dr T. de Beauregard et à la clinique de

Meslay pour leurs commentaires et le suivi post-opératoire - Aux lecteurs arbitres qui ont été force de proposition pour compléter et corriger notre article.

L’auteur déclare ne pas être en situation de lien d’intérêt en relation avec cet article.

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