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Les bénéfices de la vente de ce livre seront entièrement versés à l'association "L'Espoir de Yana" qui vient en aide aux victimes de maltraitances domestiques. CCP 14-64338-4 IBAN CH20 0900 0000 1406 4338 4 yanaetclaire@yahoo.com
Editions à la Carte www.edcarte.ch Imprimerie Calligraphy.ch N°1653 – novembre 2015 ISBN 978-2-88924-237-5
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Pendant quarante-six ans, Yana Valença a supporté quotidiennement toutes sortes d'humiliations, de violences physiques et psychiques. Livrée à elle-même depuis toute petite, chassée de l'école à l'âge de huit ans à cause d'un livre qu'elle n'a pas pu payer, bloquée par son mari dans tous ses désirs d'apprendre, tout ce qu'elle sait, elle l'a appris en observant les autres, en cherchant des solutions pour obtenir l'aide nécessaire à sa survie, aide qu'on lui refusait le plus souvent, soit par égoïsme, soit par peur, soit par mépris. Sa fragilité et sa naïveté d'enfant, puis sa beauté et sa fraîcheur de jeune fille la rendaient vulnérable. Elle a rencontré énormément de gens profitant de sa précarité, de sa fragilité et de sa beauté, mais aussi de sa bonté d'âme. Obligée de survivre, de vivre comme les autres l'exigeaient pour éviter d'être frappée ou jetée à la rue, pour manger, se soigner, et être protégée à l'intérieur d'une maison! sa vie s'est envolée hors d'elle! C'est à l'âge de vingt ans qu'elle quitte l'Amérique du Sud pour l'Europe, espérant une vie meilleure, mais elle tombe sous le joug d'un manipulateur pervers narcissique et alcoolique qu'elle subit pendant vingt-quatre ans. I
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Les manipulateurs pervers narcissiques sont encore méconnus, car leur force est justement de se dissimuler. Ils s'attaquent généralement à des personnes en dépendance affective et ayant été maltraitées par leur entourage comme Yana. Après avoir choisi leur proie, ils utilisent chacune de leurs faiblesses et manipulent leur entourage pour les détruire. A chaque fois que leurs agissements blessent ou affaiblissent leur victime, ils éprouvent une jouissance qui les nourrit et les rajeunit. Ils ne regrettent jamais rien et n'ont aucune compassion. Les pervers narcissiques pensent avoir toujours raison et refusent ainsi la responsabilité de leurs actes. Ils se croient le centre du monde. Pour eux, la vie et les sentiments des autres n'ont pas d'importance! Une fois séparée de son mari, c'est le grand réveil pour Yana, un douloureux réveil. Chaque geste de la vie quotidienne fait remonter à son esprit et à son cœur des épisodes douloureux du passé, avec tous ses sens, la mémoire se réveille l'obligeant à revivre des événements tragiques subis sur les deux continents! Un cauchemar, mais un cauchemar bien réel! Avec ses médecins, Yana découvre plusieurs syndromes dont elle souffre: le syndrome de stress post-traumatique intense, le syndrome de Stockholm, la fibromyalgie et le syndrome de Raynaud. Certains professionnels refusent de les reconnaître et d'autres peinent à les diagnostiquer. Le syndrome de stress post-traumatique intense survient lorsqu'une personne a été exposée à des violences physiques, verbales ou psychologiques répétées, au cours desquelles elle n'a pas eu la possibilité de se défendre, au point de devoir craindre pour sa survie ou son intégrité physique. Il se
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manifeste par les symptômes suivants: presque toujours, le rappel du traumatisme éveille un sentiment de peur intense, d'horreur et d'impuissance; des pensées intrusives qui provoquent de la détresse (anxiété, dépression) jusqu'aux idées suicidaires; parfois, le passé est lui-même revécu comme s'il se reproduisait dans le présent (flashbacks); des comportements d'évitement, tel que faire des efforts afin de ne pas penser à l'événement traumatique, ou éviter certains lieux ou situations pouvant éveiller des souvenirs douloureux; une hyperactivité physique et psychique pouvant se traduire par de la difficulté à se concentrer, à trouver le sommeil ou encore par un état d'hyper-vigilance, toujours en état d'alerte, parfois avec irritabilité, avec des sentiments fréquents de culpabilité et de vide; une altération de la perception de l’agresseur, qui peut même être idéalisé. Par exemple, le patient se plie à contrecœur au système de croyances et aux rationalisations de son ou de ses agresseur(s) et n'ose pas s'y opposer, sous peine de ressentir de la culpabilité ou de la honte. Il peut également éprouver une gratitude paradoxale envers son agresseur; ses relations interpersonnelles sont perturbées, avec une incapacité à faire confiance ou à construire une relation intime avec autrui. Chez les femmes, la honte est souvent présente lorsqu'elles ont été violées. Le syndrome de Stockholm désigne un phénomène psychologique où des otages, partageant longtemps la vie de leurs geôliers, développeraient une sorte d'empathie, voire de sympathie, ou de contagion émotionnelle avec ces derniers selon des mécanismes complexes d'identification et de survie. Le syndrome de Stockholm peut être vu comme un réflexe inconscient de survie: le sujet concerné, essayant de s'attirer la III
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sympathie de l'agresseur, peut se croire partiellement hors de danger, voire susceptible d'influencer positivement ses sentiments. Par peur d'être abandonnée, la victime va jusqu'à protéger son ravisseur! La fibromyalgie est un syndrome pour des douleurs chroniques situées dans les tendons et les muscles, dans diverses régions du corps. Chez Yana, ces douleurs se sont manifestées suite à des épicondylites et à l'échec d'opérations des canaux carpiens. Ces douleurs flambent sur simple effleurement cutané et entraînent une fatigue persistante de l'organisme, pouvant devenir invalidante. Le syndrome de Raynaud est un trouble de la circulation sanguine se manifestant par un engourdissement et une blancheur avec ou sans perte de sensibilité des extrémités (le plus souvent les mains). Ce syndrome est secondaire à la prise de certains médicaments ou à d'autres maladies. Les symptômes surviennent par crises, le plus souvent après une exposition au froid, avec une sensation désagréable, très douloureuse, pulsatile au réveil de l'anesthésie due au froid. La découverte de ces diagnostics plonge Yana dans de nouvelles souffrances imprévues et insupportables. Aujourd'hui, à quarante-six ans, Yana lutte pour juste rester debout, car elle est épuisée physiquement et psychiquement. C'est un combat au quotidien qu'elle mène pour que son mari, ses douleurs chroniques et ses difficultés financières et émotionnelles liées à sa situation ne conduisent pas à la perte de la garde de sa fille. Certains médecins et psychologues, les rares amis se sentent parfois impuissants. Pourtant leur écoute, leur IV
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accompagnement, leur présence sont essentiels et souvent très bénéfiques. Yana se raccroche à tout ce qu'elle peut, mais comme elle le dit, ce sont souvent des branches trop frêles. Grâce à la rapidité de sa pensée, toutes ces épreuves vécues dans sa chair ont développé en elle une lucidité et une sensibilité exceptionnelles. Ses paroles crient chaque injustice, et alors elles dérangent, parce qu'elles touchent juste. Face à l'incompréhension, Yana en ressort souvent écoeurée et révoltée. Tant d'injustices vécues, tant de séquelles et cela continue, parce qu'un tel vécu, quand il se dévoile, est déjà difficile à imaginer, alors c'est souvent impossible à comprendre! Les remarques ou les larmes de compassion des rares personnes à qui elle dévoile les atrocités de sa vie sont comme des lances qui lui traversent le cœur. Yana nous dit: «Certains d'entre vous, en lisant mon histoire, vont penser que j'exagère. Mais, je ne peux pas parler en douceur d'un tel vécu, parce que ce n'est pas en douceur que je l'ai vécu! En formulant et corrigeant ce livre avec Claire, je me suis rendu compte que j'ai beaucoup de chance d'être encore en vie et lucide, avec toute cette cruauté que certains humains m'ont infligée.» Comme une rose, de danger en danger pour se protéger, elle s'est recouverte d'épines, des épines qui la blessent et la protègent simultanément et en permanence: son désir de rencontrer et sa méfiance, son besoin d'être aimée et sa solitude, son désir de guérison et ses blessures, sa capacité d'adaptation et ses replis, son désir de reconstruction et ses limites, sa bonté et sa culpabilité. V
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Je m'appelle Claire Solène et au fil de mes rencontres avec Yana, j'ai découvert en elle, par delà toutes ses luttes quotidiennes, une volonté à toute épreuve et une âme à la fois forte et pure. Dans ses luttes, j'étais souvent réduite à être un témoin silencieux et humble. Mais quand, parfois, nous pouvions ensemble agir, voir de petites lueurs d'espoir dans ses yeux l'espace de quelques heures m'encourageait à continuer. Je ne l'ai jamais vue baisser les bras. Dans ce livre, c'est Yana qui livre sa vie encore et encore, page par page, en enregistrant, écrivant et corrigeant au prix de cauchemars, de colères ravivées et de crises d'hyperphagie. Nos mots s'entremêlent pour essayer de tout dire d'une vie où se succèdent les malheurs. Ce sont souvent des cris qui nous disent "Réveillez-vous bon sang! Ayez un peu de cœur pour ceux qui croisent votre chemin!" Le réveil, la prise de conscience de tout ce qu'elle a vécu s'accélère avec la rédaction de ce livre, forcée de revivre tous les événements douloureux: les images, les mots, les odeurs, les douleurs, etc. Elle trouve en revanche un apport par d'innombrables questions, même dans les doutes sur sa capacité de survivre; ce faisant, elle a découvert que la force se déploie dans la faiblesse partagée. Si nous écrivons ensemble aujourd'hui ce livre qui raconte et explique ce que c'est que de vivre tout cela, c'est avant tout pour accompagner et ouvrir les yeux de certains professionnels et de tout un chacun, parce que les injustices et les maltraitances sont toujours nombreuses, car beaucoup abusent de leur pouvoir: "Ouvrons les yeux et agissons!". Notre rêve,
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c'est que la vie de souffrances de Yana, par ce livre, devienne un appel au secours de toutes les victimes et les aide à sortir de leur silence. Que ce témoignage soit pour elles, leurs soignants et leur entourage un encouragement à ne pas baisser les bras et à se faire entendre. Dans la rédaction de ce livre, nous avons choisi de n’y mettre que des noms d’emprunt et de modifier certaines dates et montants pour protéger les vies de toutes ces personnes.
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«Je m’appelle Yana Valença, je suis née au Brésil. Mon nom, c'est une connaissance de ma mère qui l'a choisi. Tout ce que vous allez lire, je l’ai réellement vécu pendant quarante-six ans, vingt ans en Amérique du Sud et le reste en Europe. J'ai toujours pensé que tout ce que les gens me faisaient, je l’avais mérité, car je n'ai entendu que cela pendant quarantequatre ans, jusqu'au jour où j'ai quitté mon mari. C'était le lundi 8 avril 2013. Grâce à des amies et à des personnes travaillant dans une association. Alors, j’ai commencé à comprendre petit à petit que ce que j'avais vécu, toutes ces violences et manipulations perverses subies qui se sont prolongées dans mon mariage avec un manipulateur pervers narcissique, c'était de la maltraitance. Mes questions ont toujours été nombreuses: Pourquoi tous ces gens m'ont-ils fait autant de mal? Qu'ai-je fait pour mériter tout ça? Vais-je arriver un jour à me débarrasser de ces emprises qui m'ont détruites physiquement et psychiquement? Et comment vais-je pouvoir porter ce passé si lourd et si douloureux?
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1 – L’enfant du miracle
Toutes ces plaies ouvertes à l'intérieur! Est-ce je vais avoir la force de rester debout pour élever ma fille, car c'est d'abord pour elle que je continue à me battre». Beaucoup de gens autour de Yana lui disent après sa séparation: "Tu dois être heureuse maintenant! Tu es libre de sortir où tu veux et quand tu veux. Vous n'avez plus besoin de vous cacher pour vivre." Ce que les gens ne voient pas, c'est qu'avec une vie comme celle de Yana, on ne peut pas vivre comme si rien ne s'était passé. Son vécu pèsera toujours sur ses épaules jusqu'à la fin de sa vie. Août 2013, déjà quatre mois que Yana et sa fille Mélodie, onze ans, ont quitté Paul. C'est la fin des vacances, j'emmène Yana et nos deux filles dans un espace de jeu pour une journée d'évasion. Maintenant, Mélodie peut enfin vivre comme les autres enfants de son âge, ses poussées de fièvre, fréquentes lorsque son père était auprès d'elle, ont disparu. Mais, je sens Yana préoccupée, comme interdite de se réjouir de cette nouvelle vie qui s'offre à elle, et cela même devant l'enthousiasme de nos deux filles qui courent, papillonnant d'un jeu à l'autre. Yana me dit: "Tu sais, nous ne sommes jamais venus par ici, parce que mon mari me disait que c'était dangereux, qu'il y avait beaucoup de bagarres". Pourtant, autour de nous, les enfants jouent, insouciants, les parents veillant sur eux. Assises sur un banc, nous apprécions toutes les deux le soleil, du moins je le pensais! Un enfant pleure, il s'est fait mal, sa maman le prend dans ses bras et le console, un peu de désinfectant, un pansement et il repart jouer 2
1 – L’enfant du miracle
de plus belle. Quoi de plus normal! Oui, mais pour Yana, il en a été tout autrement! et c'est à ce moment qu'elle commence à me parler de son enfance: "Tu vois cette cicatrice?", me dit-elle en me montrant une cicatrice mal soignée au bras, puis une autre à la jambe. Elle me dit que c'est sa mère qui l'a coupée avec des gilettes. Et sur son autre bras, une autre cicatrice bien visible, sa mère l'a pincée très fort avec ses ongles en tournant la peau qui s'est arrachée, s'accrochant à ses ongles. Vu son léger accent brésilien et sa façon de me raconter toute cette torture qu'elle a subie physiquement et psychiquement, je n'ai pas compris tout de suite. Mais comment aurais-je pu imaginer? Cette histoire terrible est devenue insoutenable au fur et à mesure que ses souvenirs, enfouis dans son subconscient, se débloquaient. Mais comment Yana a-t-elle la force de vivre avec de tels souvenirs? Parce qu'il y en a eu beaucoup d'autres, tout aussi insupportables les uns que les autres. Yana, les larmes aux yeux, me raconte: «Je me vois toujours sur ce petit canapé rouge et sale. Je devais rester là, couchée, les genoux et les bras pliés, les poings fermés, recroquevillée, terrifiée de peur. Ma mère était à genoux sur moi pour m'empêcher de bouger. Elle m'a dit: "Dismoi! où je te coupe? Si tu ne choisis pas, je te coupe au visage." Alors, pour que ma mère ne me coupe pas au visage, j'ai choisi mon bras. Mais pour ma mère, ce n'était pas suffisant, elle m'a aussi coupé à la jambe, car elle me disait que ma punition n'était pas assez forte. Je n'avais rien fait. J'existais. C'est tout! 3