Curiosités géologiques du Trégor et du Goëlo

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GUIDE

Échelle des temps géologiques

du Diable » de l’île Renote, les coulées de lave de la pointe de Guilben…

24 sites remarquables pour découvrir les curiosités géologiques les plus spectaculaires de cette région. Un patrimoine riche d’une histoire essentiellement magmatique, marquée par de nombreux événements géologiques qui se sont succédé sur plus de 2 milliards d’années. Et pour compléter le voyage, un bel aperçu de la biodiversité qui occupe ces terres de Bretagne…

Trégor et du Goëlo

rose, la vallée du Trieux, les « empreintes

curiosités géologiques du

L

e Trégor et le Goëlo : la Côte de Granite

• Pierrick Graviou Ingénieur au BRGM, Pierrick Graviou est titulaire d’un doctorat en géologie. Il s’est d’abord consacré à des travaux de recherche sur le Massif armoricain et s’est ensuite intéressé au patrimoine géologique national, ce qui l’a amené à étudier notamment les curiosités géologiques de Mayotte et à publier un premier guide de découverte de cette île entièrement volcanique. Il revient aujourd’hui en Bretagne, son pays natal, pour vous faire découvrir quelques-unes des richesses minérales les plus remarquables de la région.

CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES

du

Trégor Goëlo

• Christophe Noblet Docteur en géologie, Christophe Noblet possède une expérience diversifiée dans le domaine de la géologie. Après avoir effectué différents travaux de recherche, notamment sur la cordillère des Andes, il a participé à des études d’exploration minière sur plusieurs continents, en particulier en Amérique du Sud, en Afrique et en Australie. Il est actuellement gérant de la société Géo-Explor et assure de nombreux cours dans l’enseignement supérieur.

et du

Pierrick Graviou Christophe Noblet

24 sites géologiques remarquables

19 € ISBN 978-2-84398-345-0

www.espace-sciences.org

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www.editions-apogee.com

www.brgm.fr/editions.jsp

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En hommage à Bernard Auvray, un des pionniers de la géologie trégorroise

Remerciements : Ce guide a également bénéficié de la contribution ou des conseils de : Michel Ballèvre, Véronique Béraud de Calignon, Sylvain Blais, Daniel Chhe †, Odile Guérin, Bernard Hallegouët, Karreg Hanter-Vare, Pol Guennoc, Hervé Justin, Divi Kervella, Michel Leclercq, Rolande Le Gall, Yvon Le Men, François Michel, Jean-Philippe Rançon, Marie Le Scanve, Armelle Perrin, Marc Urvois. Crédits iconographiques : Toutes les photos sont de Pierrick Graviou, de Christophe Noblet, et de BRGM im@gé sauf : Anne-Paule André : p.37a / Gilles Bentz et Armel Deniau (Ligue pour la Protection des Oiseaux) : pp. 97b, 97c / Erwan Boisecq (photographe indépendant) : p.78a. / René-Pierre Bolan (Photothèque Bretagne Vivante) : p. 28b / Pierrette Broise † et Yves Cyrille (Maison des minéraux de Crozon) : pp. 26b, 28a, 28c / Franck Daniel (Observatoire Départemental de l’Environnement du Morbihan) : p. 18b / Hélène Fournié (graphiste) : carte géologique simplifiée de la région Trégor-Goëlo / Odile Guérin : p. 99d / Erwan Hallot et Jean Plaine (Géosciences Rennes) : pp. 19a, 36a, 53b, 58b, 59b, 82b, 83b, 83c / Institut géographique national (IGN) : p. 71a / Max Jonin (Société Géologique et Minéralogique de Bretagne) : p. 31b / Marie-France Larigauderie : p. 100a / Christine Le Gaouyat : p. 6 / Marie Le Scanve (Maison du Littoral de Ploumanac’h) : p. 92b / Laurent Mary : pp. 95, 97d, 99h / Armelle Perrin: p. 71b / U.S. National Oceanic and Atmospheric Administration: p. 85a. Les sites remarquables décrits dans ce guide ne constituent pas une liste exhaustive. Les auteurs ont sélectionné ceux qui illustrent le mieux la diversité des phénomènes et des formations géologiques en présence dans la région du Trégor et du Goëlo, et dont l’expression dans le paysage suscite la curiosité. Les erreurs ou omissions involontaires qui auraient pu subsister dans ce guide malgré les soins et les contrôles de l’équipe de rédaction ne sauraient engager la responsabilité des éditeurs. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation, sous quelque forme que ce soit, même partielle, réservés pour tous pays. Édition : Anaïs Billaud, André Crenn (responsable Éditions Apogée), Lucie Laîné, Olivier Legendre, Frédéric Simien (responsable BRGM Éditions). Couverture : Paysage granitique à l’île Renote, Trégastel. © Éditions Apogée, 2009 11 rue du Noyer 35000 Rennes www.editions-apogee.com ISBN 978-2-84398-345-0

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© BRGM Éditions, 2009 3 avenue Claude-Guillemin B.P. 36009 45060 Orléans Cedex 2 www.brgm.fr/editions.jsp ISBN 978-2-7159-2464-2

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CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES

Trégor Goëlo

du

et du

Pierrick Graviou Christophe Noblet

BRGM Éditions Éditions Apogée

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Sommaire • Avant-propos • Un patrimoine à préserver

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• Les grandes familles de roches et leur genèse • L’histoire géologique du Massif armoricain • Des pierres et des hommes

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• Les sites géologiques remarquables

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N° 1 • La lieue de grève de Saint-Michel

42 N° 2 • Le double tombolo du Vorlenn 44 N° 3 • Les gneiss de Pors-Raden 46 N° 4 • Les schistes et les cornéennes de l’île Milliau 48 N° 5 • L’histoire magmatique de la presqu’île de Toénot 50 N° 6 • L’exploitation du granite à l’Île-Grande et alentours 54 N° 7 • Les enclaves de la Grève Rose et de la Grève Blanche 56 N° 8 • Les gabbros de la baie de Sainte-Anne 58 N° 9 • Les « empreintes du Diable » de l’île Renote 60 N° 10 • Les rubans sombres de la plage de Tourony 62 N° 11 • Les sculptures naturelles de Pors-Rolland 64 N° 12 • Les gneiss lités du Ranolien 66 N° 13 • Les carrières de granite de La Clarté 68 N° 14 • Les queues de comète de Trélévern à Plougrescant 70 N° 15 • Les filons de dolérite du Gouffre 72 N° 16 • La diorite de Pors-Bugalé 74 N° 17 • Le socle métamorphique de Port-Béni 76 N° 18 • Le sillon de Talbert 78 N° 19 • La vallée du Trieux 80 N° 20 • Le massif granitique de Perros-Guirec / Bréhat 82

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N° 21 • Les coulées de lave de la pointe de Guilben N° 22 • L’environnement périglaciaire de Port-Lazo N° 23 • Les roches plissées de la pointe de Minard N° 24 • Les dépôts sédimentaires de l’anse de Bréhec

• Un aperçu de la biodiversité du Trégor et du Goëlo • Annexes • Lexique • Quelques mots de toponymie bretonne • Pour en savoir plus • Adresses utiles

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Sur la dune à l’Île-Grande.

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L’histoire géologique du Massif armoricain

À l’origine de la diversité des paysages naturels de la France, notre sous-sol est marqué par les nombreux événements géologiques qui se sont succédé au cours du temps sur plus de 2 milliards d’années. C’est particulièrement le cas dans le Trégor et dans le Goëlo où le so- cle a enregistré les plus anciens de ces événements et dont l’histoire est indissociable de celle du Massif armoricain. Cette histoire se lit aujourd’hui dans la carte géologique de ce massif, véritable puzzle qui, lorsqu’il est reconstitué, permet de retracer les grandes étapes qui ont conduit à la physionomie actuelle de la région.

L'histoire gÈologique rÈgionale (1)

N

0

40 km

Manche

Sédiments mésozoïques Sédiments paléozoïques Sédiments précambriens Roches métamorphiques Roches magmatiques hercyniennes Roches magmatiques cadomiennes

Failles majeures

CartegÈologique géologique simplifiée Massif armoricain Carte simplifiÈedudu massif Armoricain

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• Les roches les plus anciennes de France Cap de la Hague

N Guernesey

Manche

Trébeurden

Pleubian

Locquirec 0

40 km

Principaux affleurements des roches les plus anciennes de France.

Les premiers témoins de l’histoire géologique du Massif armoricain et de la France métropolitaine sont datés aux environs de 2 milliards d’années (voir sites n° 3 et n° 17). Aujourd’hui métamorphisés sous forme de gneiss*, ces témoins sont

constitués d’anciens granites intrusifs dans des formations volcaniques et sédimentaires par conséquent plus anciennes mais dont l’âge est en fait inconnu (voir site n° 12). Ils sont uniquement visibles de manière fragmentaire et très limitée depuis le

cap de la Hague et les îles anglo-normandes jusque dans le Trégor. Ici, ces roches sont exposées de manière sporadique sur le littoral, notamment à Locquirec et à Trébeurden, ainsi que sur la commune de Pleubian.

Gneiss œillés représentant les roches les plus anciennes de France (Trébeurden, Côtes-d’Armor).

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Des pierres et des hommes • Des matériaux au service de l’Homme Les monuments mégalithiques, relativement nombreux dans l’ensemble du Trégor et du Goëlo, sont encore là aujourd’hui pour témoigner de l’utilisation des matériaux du soussol par l’Homme depuis

plusieurs millénaires. Parmi ces monuments, le menhir christianisé de Saint-Uzec, situé sur la commune de PleumeurBodou, a la particularité de présenter sur sa face arrière deux structures permettant de reconstituer l’histoire géologique du bloc : d’une part, une vasque à fond plat qui doit son existence à l’altération* de la roche au moment où le bloc était encore en

Menhir christianisé à l’histoire géologique complexe (Penvern, Pleumeur-Bodou).

place, à l’horizontale (voir site n° 9) ; d’autre part, des cannelures verticales résultant de l’écoulement des eaux de ruissellement sur la roche depuis l’érection du monument. Plus récemment, les populations locales ont poursuivi l’exploitation du sous-sol, d’abord de manière artisanale pour les besoins de la construction, puis sur un plan industriel et pour des usages beaucoup plus diversifiés (voirie, funéraire, etc.). Dans le Trégor, le granite* est ainsi largement représenté dans l’architecture traditionnelle, tandis que dans le Goëlo, ce sont les schistes* et les grès* diversement colorés en fonction de leur nature géologique, qui sont les matériaux de construction les plus utilisés. En parallèle, les chaos granitiques ont servi d’abris pour le matériel et pour le bétail, parfois même ont été aménagés en véritables habitations troglodytiques. Les nombreux cordons de

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galets présents sur le littoral (voir sites n° 2, n° 14 et n° 18) ont fait l’objet de multiples prélèvements pour la construction locale, certains de ces cordons alors fragilisés menaçant de disparaître. L’arène* granitique, connue localement sous l’appellation de « perré » et résultant de l’altération de la roche est toujours exploitée dans certaines carrières pour l’empierrement. Et le sable, auparavant prélevé directement sur les plages (voir site n° 1), est actuellement extrait des fonds marins par dragage, notamment à l’embouchure du Trieux et du Jaudy. Quant au lœss*, c’est un limon* d’origine glaciaire qui recouvre plus ou moins la frange littorale, parfois sur plusieurs

mètres d’épaisseur (voir site n° 22). Ce limon participe ainsi à la fertilité naturelle du sol qui, enrichi de surcroît par des apports de sable calcaire*, est propice à la culture

Bâtiment granitique en ruine appartenant aux anciennes carrières de l’Île-Grande (Pleumeur-Bodou).

Carriers dans une carrière de granite de La Clarté.

des primeurs, ce qui a valu à la région côtière située entre Roscoff et Paimpol l’appellation de « Ceinture Dorée ». Enfin, les roches du sous-sol, notamment les roches volcaniques, plus poreuses et plus

fracturées que les granites, constituent des réservoirs en eau permettant de subvenir aux besoins de la vie quotidienne et de l’économie locale.

Construction traditionnelle de la région de Pontrieux réalisée à partir de moëllons de schiste et de grès exploités localement.

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sites géologiques remarquables

Les schistes et les cornéennes de l’île Milliau

Contact du massif granitique de Ploumanac’h avec son encaissant sédimentaire.

A

lors que le granite* rose à gros cristaux du massif de Ploumanac’h constitue les principaux reliefs ainsi que l’ossature

de l’île Milliau, l’estran situé au sud de l’île montre des roches sombres dont la nature et l’ori-

À Trébeurden, descendre vers le port de Trozoul jusqu’à l’aire de stationnement située à proximité du Castel. Poursuivre alors à pied sur la grève qui longe le port pour se diriger vers l’estran rocheux situé au sud de l’île Milliau, c’està-dire à gauche de la cale. Attention, l’île n’est accessible que sous certaines conditions. Se renseigner au préalable !

gine bien différentes apparaissent à l’évidence. Il s’agit de roches sédimentaires d’âge inconnu dans lesquelles le magma* granitique s’est mis en place il y a environ 300 millions d’années, y provoquant une recristallisation et l’apparition de nouveaux minéraux. Enclaves de roches sédimentaires au sein du granite.

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Pour s’y rendre

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site n° Un bel exemple de métamorphisme de contact Renforcé visuellement par le contraste de couleurs entre les deux roches en question, le contact à observer se suit facilement dans la falaise. Dans la partie basse de cette dernière et sur l’estran, ce sont des roches rubanées qui dominent. Elles sont constituées d’une alternance de petits niveaux clairs à composition sableuse et de lits sombres plus argileux redressés à la verticale par la déformation. Plus haut, c’est par contre le granite rose qui affleure, s’injectant parfois sous forme de filons* dans cet encaissant* sédimentaire souvent repris par ailleurs dans le granite sous forme d’enclaves*.

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! ! !!

Dans les sédiments, recristallisés et transformés en cornéennes* au voisinage du massif granitique par métamorphisme de contact, de petites taches sont observables à l’œil nu. Ces taches correspondent à trois nouveaux minéraux — l’andalou-

site*, la cordiérite* et la sillimanite* — qui se sont développés dans la roche au cours d’une importante augmentation de la température à une profondeur d’environ 8 kilomètres, lors de la mise en place du magma granitique voisin.

Cristaux d’andalousite présents dans les cornéennes à proximité du granite.

À voir également

! ! !!

Au retour, s’il vous reste encore quelques minutes avant la marée montante pour rejoindre « le continent », ne quittez pas l’île sans avoir découvert son allée couverte ainsi que l’exceptionnel panorama qui s’ouvre sur l’ensemble du littoral.

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Allée couverte de l’île Milliau.

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sites géologiques remarquables

Les « empreintes du Diable » de l’île Renote

Coup de vent et projection d’embruns sur l’île Renote.

A

ujourd’hui reliée à la côte par un petit pédoncule sédimentaire en partie constitué de sable et d’arène* granitique, l’île Renote

montre de remarquables rochers qui attirent de nombreux visiteurs, toujours fascinés par les empi-

Pour s’y rendre

Comme sur l’ensemble de la Côte de Granite rose, la forme parfois étrange de ces rochers résulte de phénomènes d’altération* et d’érosion provoqués par les eaux de ruissellement, mais également par les embruns projetés sur plusieurs centaines de mètres à l’intérieur des terres. Réseau de vasques creusées par les eaux de ruissellement chargées en sel par les embruns.

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En se dirigeant vers Perros-Guirec depuis Trébeurden par la route du littoral, tourner à gauche au centre de TrégastelPlage juste après la chapelle et l’office de tourisme puis à droite juste avant la statue du Père Éternel.

lements de blocs en équilibre plus ou moins stable.

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site n°

L’altération d’une roche granitique en bord de mer Ici, comme à Ploumanac’h (voir site n° 11), le sommet des rochers est fréquemment occupé par des sortes de vasques à fond plat, souvent juxtaposées ou communiquant entre elles et formant alors

Rigole de débordement des vasques où s’installent les lichens.

!! ! ! !

! ! !!

des sortes de réseaux. Il s’agit des « empreintes du Diable » dont la formation provient en réalité de la stagnation de l’eau de pluie qui, fortement enrichie en sel par les embruns, provoque l’altération progressive de la roche. Par conséquent, cette dernière se désagrège au cours du temps, le débordement des eaux permettant d’évacuer l’arène granitique en provoquant l’égueulement des vasques ainsi que le creusement de profondes rigoles où s’installent des lichens (Xanthoria parietina).

Dans certains cas, lorsque le bloc de granite* n’est pas trop épais, ce type d’altération très efficace parvient même à creuser la roche de part en part, y perçant alors des ouvertures plus ou moins circulaires. Et si certains rochers montrent sur leurs flancs des vasques dont le fond est incliné, parfois jusqu’à la verticale, c’est tout simplement le basculement de ces rochers souvent très instables qui en est la cause, après la formation de ces vasques.

La palette du peintre et sa vasque percée.

À voir également

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Un sentier de découverte ponctué de bornes d’information et consacré au milieu naturel est aménagé sur l’île Renote dont la côte nord offre un magnifique panorama sur l’archipel des Sept-Îles.

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sites géologiques remarquables

Les filons de dolérite du Gouffre

Ensemble de filons de dolérite recoupant le socle granitique.

C

onnues dans la littérature scientifique sous l’appellation de « dolérites du Trieux », ces roches magmatiques microgrenues

se rencontrent généralement sous forme de filons* de quelques mètres de largeur. C’est notamment

Depuis Tréguier, se diriger jusqu’au bourg de Plougrescant puis suivre la direction du Gouffre. Il suffit alors de parcourir quelques centaines de mètres sur le sentier côtier pour découvrir les filons de dolérite, visibles uniquement à marée basse sur le platier rocheux.

le cas à Plougrescant, dans la vallée du Jaudy et au niveau de l’embouchure du Trieux, où ces filons constituent un véritable réseau, recoupant les roches encaissantes à l’emporte-pièce. Sur le littoral, on peut parfois les suivre sur plusieurs centaines de mètres, leur teinte sombre permettant de les repérer facilement dans le paysage granitique beaucoup plus clair. Le Gouffre, un des sites touristiques majeurs de la région trégorroise.

!! ! !

Pour s’y rendre

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site n° Des conduits d’alimentation du magma vers la surface De manière générale, les filons* de dolérite* représentent les conduits d’alimentation d’un magma* à composition basaltique, canalisé à travers la croûte terrestre depuis le manteau* jusqu’à la surface, le plus souvent pendant des phases d’extension et d’amincissement de cette croûte alors fragilisée. Si ces conduits apparaissent aujourd’hui sous nos

yeux, c’est grâce au travail de l’érosion qui décape inexorablement les terrains superficiels, mettant ainsi à jour des objets géologiques formés en profondeur il y a quelques millions d’années. Ici, à l’extrémité la plus septentrionale de la Bretagne, ces nombreux filons ont été injectés à la fin des temps précambriens

ou au début du Paléozoïque* au sein d’un socle granitique qui s’est mis en place il y a environ 615 millions d’années. Ils témoignent de générations magmatiques successives au cours d’une période de distension du socle, les plus anciens de ces filons étant recoupés et fragmentés par les plus récents.

Mise en place des filons en deux stades successifs.

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À voir également

! ! !!

Outre le caractère pittoresque du Gouffre et de la lande environnante, le visiteur ne manquera pas de découvrir l’exposition proposée par le Conservatoire du littoral à proximité immédiate de l’aire de stationnement. Paysage de lande à proximité du Gouffre.

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Un aperçu de la biodiversité du Trégor et du Goëlo Fortement dépendantes de la nature de leurs habitats situés à la frontière entre le domaine terrestre et le domaine maritime, la faune et la flore montrent une diversité d’autant plus riche que les milieux naturels sont extrêmement variés et contrastés. Il ne s’agit donc pas ici de réaliser une présentation détaillée et exhaustive des différentes espèces végétales ou animales vivant dans la région mais

de

présenter

simplement les principales

caractéris-

tiques de ces différents milieux. Dans le Trégor et dans le Goëlo, comme sur l’ensemble de la planète, les paysages sont aujourd’hui profondément marqués par les activités humaines et bon nombre d’espèces végétales ou animales d’origine locale ont vu

L’aigrette garzette (Egretta garzetta), une espèce d’origine méridionale.

L’hortensia (Hydrangea macrophylla), plante introduite depuis l’Asie et l’Amérique du Nord.

leur habitat se transformer ou disparaître. En parallèle, de nouvelles espèces exotiques, introduites volontairement ou accidentellement, se sont acclimatées à ce nouveau milieu, entrant parfois en compétition avec les espèces locales. Les hortensias (Hydrangea macrophylla) ont ainsi été introduits en Europe au début du xviie siècle depuis l’Asie et l’Amérique du Nord. Devenus emblématiques de la Bretagne, ils nécessitent un sol acide pour s’épanouir. De la même manière, le cyprès de Lambert (Cupressus macrocarpa), aujourd’hui

Le cyprès de Lambert (Cupressus macrocarpa), conifère originaire de Californie.

familier sur le bord de mer, est une espèce de conifère originaire de Californie, qui résiste bien au vent et aux embruns. Enfin, le climat évolue et des espèces méridionales comme l’aigrette garzette (Egretta garzetta) ont colonisé le littoral nordarmoricain en quelques années seulement.

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Vue de l’île aux Moines, archipel des Sept-Îles.

• Les îles Malgré les diverses pollutions aux hydrocarbures et autres produits dangereux qui sont déversés accidentellement mais régulièrement sur les côtes armoricaines, les centaines d’îles qui jalonnent le

littoral entre Trébeurden et Paimpol accueillent toujours de nombreuses espèces d’oiseaux. Parmi ces îles, l’archipel des Sept-Îles est une réserve naturelle particulièrement remarquable, gérée depuis 1912 par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Plus de 20 000 couples d’oiseaux marins y nichent chaque année. Cet archipel représente ainsi un véritable

Colonie de fous de Bassan (Morus bassanus).

Le phoque gris (Halichoerus grypus).

sanctuaire pour une importante colonie de fous de Bassan (Morus bassanus), et le macareux moine (Fratercula arctica), mais également pour le phoque gris (Halichoerus grypus).

Le macareux moine (Fratercula arctica).

• L’estran* Comme sur le littoral atlantique, les côtes de la Manche sont soumises deux fois par jour aux effets des marées, particulièrement importantes dans la région avec un marnage voisin d’une dizaine de mètres. La mer peut

ainsi se retirer sur de longues distances, parfois sur plusieurs kilomètres, permettant de découvrir un estran le plus souvent très étendu ainsi qu’une exceptionnelle biodiversité, tant sur le

plan de la flore que de la faune. À la limite supérieure de l’estran rocheux,

Le goéland argenté (Larus argentatus).

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