9 782843 984952
JEAN-MICHEL LE BOULANGER
Jean-Michel Le Boulanger
ÉL O G E D E L A C U LT U R E EN T EMP S D E C R I S E ÉDITIONS APOGÉE
10 €10 € ISBN 978-2-84398-495-2 ISBN 978-2-84398-495-2 ISBN 978-2-84398-495-2
Couverture : © Atelier Wunderbar
Éditions Dialogues, préface d’Edwy Plenel).
En couverture : © Vassily Kandinsky
moine à l’Université de Bretagne-Sud. Il est vice-président du Conseil régional de Bretagne en Jean-Michel Le Boulanger est docteur en géogracharge de la culture, depuis 2010. Il a récemment phie, maître de conférences en patrimoine à l’Université de publié Être breton, essaidusur les identités Bretagne-Sud. Il est vice-président Conseil régional de contemporaines (2013, Coopdepuis Breizh, de Jean-Yves Bretagne en charge de la culture, 2010.préface Il a récemment Le Être Drian) puisessai Manifeste pour une France de la publié breton, sur les identités contemporaines diversité (2016,préface Éditions Dialogues, préface (2013, Coop Breizh, de Jean-Yves Le Drian) puis d’Edwy Plenel).pour une France de la diversité (2016, Manifeste
Jean-Michel le Boulanger Préface de Michel Le Bris
JEAN-MICHEL LE BOULANGER
Éloge de la culture
Éloge de la culture en temps de crise
La responsabilité des collectivités publiques est de les Jean-Michel soutenir. Avec ardeur et sans faiblesse. Et Le Boulanger est docteur en de géographie, faire vivre les droits culturels, majeur desen patrimaître de enjeu conférences politiques culturelles à réinventer.
Éditions Apogée
Tant d’œuvres d’art détruites, d’artistes censurés, de paroles interdites. Tant de budgets dédiés à la culture diminués, dans un monde en manque de repères. Il est temps de sonner le tocsin et d’en appeler d’œuvres d’artd’un détruites, d’artistesétat censu-d’urgence, àTant l’instauration véritable rés,pour de paroles interdites. Tant de budgets la création artistique et dédiés les politiques à la culture diminués, dans un monde en manque culturelles ! de repères. Il nous faut réenchanter le monde et Il est temps de sonner le tocsin et d’en appeler réenchanter l’avenir. « Rallumer tous les soleils », à l’instauration d’un véritable état d’urgence, disait Jaurès, dans son fameux discours à la pour la création artistique et les politiques jeunesse. culturelles ! amateurs le ou monde professionnels, les Il Les nousartistes, faut réenchanter et passeursl’avenir. de culture, les militants associatifs, les réenchanter « Rallumer tous les soleils », bénévoles œuvrent au quotidien pour disait Jaurès, passionnés, dans son fameux discours à la une utopie qui les dépasse. jeunesse. LesLa artistes, amateurs oudes professionnels, responsabilité collectivitéslespubliques passeurs les militants associatifs, les faiblesse. est dedelesculture, soutenir. Avec ardeur et sans bénévoles passionnés, œuvrent quotidien pour Et de faire vivre les droitsauculturels, enjeu majeur unedes utopie qui les dépasse. politiques culturelles à réinventer.
PRÉFACE DE MICHEL LE BRIS
en temps de crise
ÉDITIONS APOGÉE
éditions apogée
Éditions Apogée, 2017 ISBN 978-2-84398-495-2
Jean-Michel Le Boulanger Préface de Michel Le Bris
Éloge de la culture en temps de crise
Éditions Apogée
Un jour, nous sommes à la fin des années 1960, un adolescent discute avec son voisin, l’auteur du Sang noir, l’écrivain Louis Guilloux. « Comment fait-on pour devenir écrivain ? » La réponse fuse, simple comme le jour. « Il ne faut pas se dégonfler ! » C’est ça, c’est bien, ça ! Il ne faut pas se dégonfler !
Préface
Nous sommes plus grands que nous Voici un livre nécessaire. Qui nous rappelle que la haine de la culture qui anime les destructeurs méthodiques de Palmyre, des Bouddhas de Bâmiyân, des manuscrits de Tombouctou, ne relève pas d’une folie exotique mais nous concerne tous, ici, au quotidien — la liste qui nous donne Jean-Michel Le Boulanger de faits si proches de nous, d’exactions, d’attitudes, de proclamations qui procèdent de la même logique, en étonnera plus d’un : comment se peut-il que l’on en parle si peu ? Ou, autrement formulé : sommesnous devenus sourds et aveugles, à ce point pris dans
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l’obligation de l’universel ricanement décrété par les esprits forts, soumis au « tout se vaut, rien ne vaut » ambiant, que nous en sommes rendus à confondre démocratie et démission ? État d’urgence, nous dit Jean-Michel Le Boulanger. C’était le titre même du premier texte que nous avions communiqué aux amis proches, il y a de cela quelques mois, sur ce qui paraissait devoir être le thème majeur de la prochaine édition du festival Étonnants Voyageurs. Crise de la démocratie, urgence de la culture, urgence de la littérature… Que nous nous retrouvions à exprimer la même inquiétude et à appeler à une prise de conscience n’est pas dû au hasard : le temps presse. Comment ne pas voir que nous vivons une crise majeure ? De savoir si elle marque un moment difficile à passer, à l’instant d’un basculement de monde, ou si elle annonce des temps de ténèbres ne dépendra en fin de compte que de nous. Pour les besoins d’un roman à paraître, j’ai passé beaucoup d’années à étudier les années 30, de même que mon ami, l’historien Pascal Blanchard, qui vient d’y consa-
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crer un ouvrage important* : ce que nous percevons rétrospectivement comme une course à l’abîme fut vécu le plus souvent dans l’insouciance, tandis que les rares personnes lucides étaient dénoncées comme des Cassandre — eh quoi, ne sortait-on pas de la « Der des ders » ? Gardons-nous des mêmes aveuglements. « La démocratie est menacée chaque fois que nous la considérons comme acquise » déclarait Barack Obama lors de son discours d’adieu. À considérer l’état du monde, elle l’est, en danger, comme elle ne l’a pas été depuis longtemps… État d’urgence Qui ne la sent pas venir ? Comme une fatigue de la démocratie, une moindre envie d’être ensemble, la tentation, liée, d’une montée aux extrêmes qui nous débarrasserait, croit-on, du chaos menaçant, permettrait de retrouver un monde simple, ordonné. Et cette impression d’un corps social devenu le théâtre de nos irritations réciproques, sans capacité de réaction lorsqu’ailleurs — mais ailleurs, seulement ? — se déploie une haine radicale, absolue, de * Avec Farid Abdelouahab, Les Années 30. Et si l’histoire recommençait ?, La Martinière, 2017. 7
Depuis quelques années, des nuages bien sombres accompagnent la marche de la vie artistique et culturelle : baisse des crédits, atteinte à la liberté des artistes, menaces sur le statut des intermittents, précarisation de tant et de tant d’acteurs. Le mouvement s’est accéléré depuis 2014 et les baisses de dotation de l’État aux collectivités sont chaque jour invoquées pour justifier les coups de canif — et parfois les coups de poignard — donnés aux politiques culturelles. Et puis des paroles brunes, des paroles rances qui se libèrent, des paroles parfois suivies de gestes et voici des œuvres détruites, des œuvres brûlées, des œuvres déchirées. Quel est donc ce monde qui vient ?
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Quel est ce monde qui abandonne un des plus fiers combats de la République ? Quel est ce monde qui baisse la garde devant la démagogie et le populisme, devant les forces du divertissement ? Quel est ce monde qui s’incline devant les chiffres et les statistiques au risque d’oublier le sens, le sens des mots, le sens de la vie ? Quel est ce monde, et pourquoi ? Quel est ce monde et quelles réponses devonsnous donner, tels des impératifs s’imposant à nos consciences, si vraiment nous ne voulons pas nous dégonfler ?
Créer, c’est résister. Résister, c’est créer.
Bien sûr, il y eut la sidération du 7 janvier et du 13 novembre, quand, de Charlie au Bataclan, la barbarie s’est invitée à la table de nos libertés. Et puis Bruxelles, Orlando, Nice, Saint-Étienne-duRouvray et tant d’autres drames quand la haine s’impose et que claquent les balles. C’est dans ce monde qui saigne, dans cette actualité de tensions et d’horreur, qu’il nous faut réfléchir un instant à quelques événements de notre vie culturelle qui peuvent à première vue, dans ces contextes si tragiques, sembler anodins. 2015. Grand Corps Malade interdit de scène au Blanc-Mesnil. Lino et Alonzo, interdits de festival 19
hip-hop à Orléans. Une œuvre d’Anish Kapoor vandalisée à Versailles. Allait venir l’été et, à Lanrivain, en Bretagne, dans le cadre magnifique de la chapelle Saint-Antoine, deux œuvres détruites, brûlées, en autodafé. Des œuvres de François Seigneur et de Pierre Buraglio parties en fumée le 19 juin. Restons quelques instants en Bretagne alors que 2015 continuait. Le 30 octobre, à Saint-Brieuc, au cours du Festival photo-reporter, les œuvres de Toma Swan, présentées dans un espace public qui est aussi notre espace commun, bousculées, déchirées. Pas n’importe quelles œuvres. Pas n’importe quels portraits. Ceux de personnes noires de peau… Au Centre d’art contemporain Le Dourven, à Locquemeau, les œuvres du plasticien Martin Le Chevallier sont déchirées à leur tour au mois de novembre. Pas n’importe quelles œuvres : un travail sur des migrants, fuyants les drames de la pauvreté et de la guerre, fuyants les bombes, et morts, ici, en Europe, tombés d’un avion, asphyxiés dans un camion, noyés…
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JEAN-MICHEL LE BOULANGER
Jean-Michel Le Boulanger
ÉL O G E D E L A C U LT U R E EN T EMP S D E C R I S E ÉDITIONS APOGÉE
10 €10 € ISBN 978-2-84398-495-2 ISBN 978-2-84398-495-2 ISBN 978-2-84398-495-2
Couverture : © Atelier Wunderbar
Éditions Dialogues, préface d’Edwy Plenel).
En couverture : © Vassily Kandinsky
moine à l’Université de Bretagne-Sud. Il est vice-président du Conseil régional de Bretagne en Jean-Michel Le Boulanger est docteur en géogracharge de la culture, depuis 2010. Il a récemment phie, maître de conférences en patrimoine à l’Université de publié Être breton, essaidusur les identités Bretagne-Sud. Il est vice-président Conseil régional de contemporaines (2013, Coopdepuis Breizh, de Jean-Yves Bretagne en charge de la culture, 2010.préface Il a récemment Le Être Drian) puisessai Manifeste pour une France de la publié breton, sur les identités contemporaines diversité (2016,préface Éditions Dialogues, préface (2013, Coop Breizh, de Jean-Yves Le Drian) puis d’Edwy Plenel).pour une France de la diversité (2016, Manifeste
Jean-Michel le Boulanger Préface de Michel Le Bris
JEAN-MICHEL LE BOULANGER
Éloge de la culture
Éloge de la culture en temps de crise
La responsabilité des collectivités publiques est de les Jean-Michel soutenir. Avec ardeur et sans faiblesse. Et Le Boulanger est docteur en de géographie, faire vivre les droits culturels, majeur desen patrimaître de enjeu conférences politiques culturelles à réinventer.
Éditions Apogée
Tant d’œuvres d’art détruites, d’artistes censurés, de paroles interdites. Tant de budgets dédiés à la culture diminués, dans un monde en manque de repères. Il est temps de sonner le tocsin et d’en appeler d’œuvres d’artd’un détruites, d’artistesétat censu-d’urgence, àTant l’instauration véritable rés,pour de paroles interdites. Tant de budgets la création artistique et dédiés les politiques à la culture diminués, dans un monde en manque culturelles ! de repères. Il nous faut réenchanter le monde et Il est temps de sonner le tocsin et d’en appeler réenchanter l’avenir. « Rallumer tous les soleils », à l’instauration d’un véritable état d’urgence, disait Jaurès, dans son fameux discours à la pour la création artistique et les politiques jeunesse. culturelles ! amateurs le ou monde professionnels, les Il Les nousartistes, faut réenchanter et passeursl’avenir. de culture, les militants associatifs, les réenchanter « Rallumer tous les soleils », bénévoles œuvrent au quotidien pour disait Jaurès, passionnés, dans son fameux discours à la une utopie qui les dépasse. jeunesse. LesLa artistes, amateurs oudes professionnels, responsabilité collectivitéslespubliques passeurs les militants associatifs, les faiblesse. est dedelesculture, soutenir. Avec ardeur et sans bénévoles passionnés, œuvrent quotidien pour Et de faire vivre les droitsauculturels, enjeu majeur unedes utopie qui les dépasse. politiques culturelles à réinventer.
PRÉFACE DE MICHEL LE BRIS
en temps de crise
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