Économie globale

Page 1

Véronique Gosselin

ÉCONOMIE GLOBALE Initiation aux concepts fondamentaux


Caractéristiques du manuel

Le manuel est divisé en quatre parties. Un texte d’ouverture de partie donne aux lecteurs une vision globale de la matière en établissant des liens entre les notions abordées et un exemple concret, tiré du quotidien.

Chaque texte d’ouverture de chapitre présente sous forme de questions les thèmes clés exposés dans le chapitre.

Des encadrés, dans chacun des chapitres, fournissent des informations complémentaires ou présentent des exemples tirés de l’actualité économique.

IV

Caractéristiques du manuel


De nombreuses figures aident à se représenter les données abstraites et favorisent l’intégration des sujets abordés.

Pour faciliter l’apprentissage, les termes clés sont en bleu dans le texte, puis définis en marge. Ces termes et leurs définitions figurent également dans le glossaire, à la fin du livre. Des illustrations établissent des liens entre les questions économiques et la vie de tous les jours.

En fin de chapitre, un large éventail de questions de révision et de problèmes à résoudre favorise la compréhension et la mise en application des notions. De plus, une

section d’analyse de textes

permet l’application des nouvelles connaissances à des situations actuelles et concrètes.

La version numérique du manuel, accessible en ligne et hors ligne, permettra

aux enseignants de projeter, d’annoter et de partager des notes avec les étudiants, qui pourront, eux aussi, annoter leur propre version numérique. Elle comprend des ressources complémentaires du manuel telles que des hyperliens, des activités interactives, une banque de questions avec corrigé, un appendice mathématique, des présentations PowerPoint de chacun des chapitres ainsi que tous les tableaux et les figures du manuel.

Caractéristiques du manuel

V


Table des matières PARTIE

1

INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE................................... 4

CHAPITRE 1 Qu’est-ce que l’économique ?........................... 5 1.1 L’économique, la rareté et les choix................... 6 1.2 Les questions fondamentales............................ 6 1.3 Les agents économiques, les incitatifs

et le cout d’opportunité..................................... 8 1.4 Les deux branches de l’économique : la microéconomie et la macroéconomie............. 9 1.5 La visée de la science économique et le travail des économistes........................... 11 1.6 Un premier modèle : la courbe des possibilités de production (CPP)....................................... 12 Questions.............................................................. 22

CHAPITRE 2 Le modèle de l’offre et de la demande........... 29

2.1 2.2 2.3 2.4 2.5

Qu’est-ce qu’un marché ?............................... La demande : les consommateurs................... L’offre : les producteurs................................... L’équilibre du marché..................................... Les déséquilibres de marché........................... Questions..............................................................

30 30 36 41 44 49

CHAPITRE 3 Les systèmes économiques et l’intervention de l’État.................................. 55 3.1 Les systèmes économiques............................ 3.2 L’intervention de l’État : prix plafond et prix plancher.............................................. 3.3 Des exemples appliqués du contrôle des prix : le marché des logements locatifs et le marché du travail.................................... Questions..............................................................

2

Table des matières

56 59

61 65

PARTIE

2

LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE.............. 70 CHAPITRE 4 Les indicateurs du marché du travail.............. 71 4.1 Les catégories de population........................... 4.2 Le calcul des indicateurs du marché du travail....................................... 4.3 Les types de chômage.................................... 4.4 Le plein-emploi.............................................. 4.5 Les limites du taux de chômage en tant qu’indicateur....................................... 4.6 Les conséquences du chômage....................... Questions..............................................................

72 73 77 78 80 81 83

CHAPITRE 5 L’inflation............................................................ 93

5.1 L’indice des prix à la consommation : la donnée

de base pour le calcul de l’inflation.................. 94 5.2 L’inflation : définition et mesure....................... 96 5.3 La valeur nominale et la valeur réelle.............. 96 5.4 Les effets et les conséquences de l’inflation..... 98 5.5 Le souhait d’une inflation basse et stable....... 103 Questions............................................................ 106

CHAPITRE 6 La production................................................... 111 6.1 Le produit intérieur brut : définition................. 6.2 Le calcul du produit intérieur brut : la méthode des dépenses............................. 6.3 Le calcul du produit intérieur brut : la méthode des revenus................................ 6.4 Le calcul du produit intérieur brut : la méthode de la valeur ajoutée.................... 6.5 Le produit intérieur brut nominal et le produit intérieur brut réel....................... 6.6 La croissance économique et le niveau de vie........................................ 6.7 Les limites du PIB comme indicateur............. 6.8 Le coefficient de Gini, un indicateur des inégalités de revenus.............................. 6.9 Les mesures de bienêtre et l’indice de développement humain.......................... Questions............................................................

112 113 116 117 118 120 123 124 125 129


CHAPITRE 7 Les fluctuations économiques et le modèle OG-DG........................................ 137

CHAPITRE 10 La monnaie, le système financier canadien et la politique monétaire................................. 217

7.1 Les cycles économiques............................... 7.2 Le modèle de l’offre et de la demande globales................................ 7.3 La demande globale..................................... 7.4 L’offre globale.............................................. 7.5 L’équilibre macroéconomique et les indicateurs économiques......................... 7.6 L’équilibre économique et les cycles économiques................................ 7.7 La capacité de production de l’économie : le PIB potentiel............................................ 7.8 Les trois équilibres macroéconomiques.......... 7.9 La description de la conjoncture économique à l’aide des indicateurs................................. Questions............................................................

10.1 Les rôles de la monnaie................................ 10.2 Les formes de monnaie et la masse monétaire.................................. 10.3 Le système financier canadien...................... 10.4 La création de monnaie................................ 10.5 La Banque du Canada et la politique monétaire................................... Questions............................................................

PARTIE

138 141 142 145 147 152

4

157 161

CHAPITRE 11 Les échanges économiques à l’international................................................ 243

CHAPITRE 8 L’intervention de l’État sur la structure et la conjoncture économiques..................... 167 8.1 Les interventions de l’État sur la structure de l’économie.............................................. 168 8.2 L’intervention de l’État sur la conjoncture économique, une analyse avec le modèle OG-DG.............. 176 Questions............................................................ 186

CHAPITRE 9 Les finances publiques................................... 193

229 236

PARTIE

3

9.1 Le budget de l’État : dépenses,

219 222 226

153 154

LES INSTITUTIONS ÉCONOMIQUES.......... 166

218

revenus et solde budgétaire.......................... 194 9.2 La dette publique......................................... 197 Questions............................................................ 210

L’ÉCONOMIE MONDIALE............................... 242

11.1 La mondialisation et l’intégration économique.............................. 11.2 Le coefficient d’ouverture : la mesure de l’ouverture d’un pays au commerce mondial.................................. 11.3 Les théories du commerce international......... 11.4 Le libre-échange et le protectionnisme........... 11.5 Les types de transactions internationales....... 11.6 La balance des paiements internationaux....... Questions............................................................

244

246 247 251 255 258 262

CHAPITRE 12 La détermination du taux de change............ 269 12.1 Les transactions internationales et les devises............................................... 12.2 Le marché des changes................................ 12.3 La détermination des taux de change............ 12.4 Le taux de change et l’activité économique.... 12.5 La politique monétaire et le taux de change... Questions............................................................

270 271 276 281 282 287

Glossaire............................................................... 294 Index...................................................................... 297

Table des matières

3


P A R T I E

1

INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE Valérie a faim ; elle souhaite cuisiner un plat de spaghettis. Son réfrigérateur étant entièrement vide, elle se rend à l’épicerie du coin à bicyclette. En circulant dans les allées, elle dépose pâtes, sauce et légumes dans son panier. À la caisse, elle règle ses achats en argent, dépose le tout dans son sac à dos et retourne chez elle pour préparer son repas. D’où viennent les pâtes et la sauce ? Qui les a fabriquées ? Sur quelles terres les légumes et les céréales ont-ils été cultivés ? Quel type d’engrais a-t-on utilisé ? Comment Valérie savait-elle qu’elle pouvait se les procurer à l’épicerie du coin ? Qui les a transportés jusque-là ? D’où vient l’argent utilisé par Valérie et comment se l’est-elle procuré ? Toutes ces questions relèvent de l’économie. L’humain produit des biens et des services pour répondre à ses besoins, comme des spaghettis pour se nourrir. La façon dont cette production est organisée, puis distribuée vers les gens, c’est l’économie.


C H A P I T R E

2

Le modèle de l’offre et de la demande

À la suite de la lecture de ce chapitre et de la réalisation des exercices, vous pourrez répondre aux questions suivantes : • Qu’est-ce qu’un marché ? • Quelle est la loi de la demande ? • Quelle est la différence entre une quantité demandée et la demande, et quels sont les déterminants de la demande ? • Quelle est la loi de l’offre ? • Quelle est la différence entre une quantité offerte et l’offre, et quels sont les déterminants de l’offre ? • Comment l’offre et la demande déterminent-elles les prix et les quantités sur les marchés ?

29


2.1

Marché Ensemble qui réunit des acheteurs et des vendeurs pour leur permettre de commercer.

Marché concurrentiel Marché constitué de nombreux acheteurs et vendeurs. Monopole Marché pour lequel une seule entreprise produit le bien ou le service offert. Oligopole Marché pour lequel un petit nombre d’entreprises se font concurrence.

2.2

Qu’est-ce qu’un marché ? Un marché désigne n’importe quel ensemble qui réunit des acheteurs (la demande) et des producteurs (l’offre) pour leur permettre de commercer. Il existe différents marchés dans l’économie ; le marché des biens et services, le marché du travail et le marché financier en sont quelques exemples. Tous ces marchés fonctionnent selon les mêmes mécanismes. Dans ce chapitre, nous examinons le marché des biens et services, sur lequel s’échangent les différents biens et services dans l’économie. Les autres marchés sont abordés au fil des chapitres suivants. Le modèle de l’offre et de la demande tente d’expliquer comment fonctionnent les marchés, en représentant graphiquement le comportement des consommateurs et celui des producteurs. Pour ce faire, le modèle simplifie la réalité. Par exemple, il suppose que les marchés sont toujours en concurrence (voir en marge la définition de marché concurrentiel), limitant la représentation des marchés en monopole ou en oligopole. Malgré ses simpli­ fications, le modèle de l’offre et de la demande permet de saisir de façon intuitive les mécanismes à l’œuvre dans les marchés.

La demande : les consommateurs Les consommateurs cherchent à maximiser leur satisfaction lorsqu’ils interviennent sur un marché. La demande représente ce comportement en illustrant le lien entre deux variables importantes pour un consommateur : les quantités qu’il désire acheter, selon le prix du bien. Les quantités désirées par les consommateurs pour chaque prix sont appelées les quantités demandées.

2.2.1

La loi de la demande et la courbe de demande

La demande représente le lien entre le prix d’un bien et la quantité demandée de ce bien, à une certaine période. Généralement, plus le prix d’un bien est bas, plus les consommateurs sont nombreux à vouloir se le procurer. À l’inverse, plus le prix d’un bien augmente, moins les consommateurs souhaitent l’acheter. Il existe donc une relation inverse entre les prix et les quantités demandées : c’est la loi de la demande. Toutes choses étant égales par ailleurs, le consommateur réagit à une baisse du prix de l’avocat par une augmentation des quantités demandées d’avocats : c’est la loi de la demande.

30

La courbe de demande illustre, dans un graphique, la loi de la demande. Comme il existe une relation inverse entre les prix et les quantités demandées, la courbe de demande a une pente négative (voir la figure 2.1). Par convention, on appose la variable prix sur l’axe vertical et les quantités sur l’axe horizontal.

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


Prix (en $)

F I G U R E 2.1 Le marché de l’avocat – courbe de la demande

6 5 4

Loi de la demande : Si le prix d’un bien augmente, la quantité demandée de ce bien diminue ; si le prix d’un bien diminue, la quantité demandée de ce bien augmente, ceteris paribus 1.

3 2 1 Demande

0 0

2

4

6

8

10

12

14

Quantité (en milliers)

Les économistes ont énoncé deux raisons sous-jacentes à la loi de la demande : l’effet revenu et l’effet substitution. Voyons un exemple pour les comprendre. Supposons qu’un consommateur dispose de 100 $ pour effectuer son épicerie hebdomadaire. Si le prix de l’avocat baisse de 3 $ à 2 $, le budget du consommateur se trouve augmenté par rapport au prix des avocats : on dit que le revenu relatif du consommateur a augmenté. L’augmentation du revenu relatif accroit le pouvoir d’achat du consommateur et l’incite à acheter davantage d’avocats : c’est l’effet revenu. Par ailleurs, si le prix de l’avocat diminue, le consommateur aura tendance à délaisser des biens semblables, tels que d’autres fruits et légumes, pour profiter de ce rabais : c’est l’effet substitution. L’effet revenu et l’effet substitution font en sorte que le consommateur réagit à une baisse du prix de l’avocat par une augmentation des quantités demandées de ce fruit. Au contraire, si le prix augmente, les effets revenu et substi­ tution jouent à l’inverse et font baisser les quantités demandées : ces deux effets expliquent ainsi la loi de la demande.

2.2.2

Le barème de demande

On peut tracer la courbe de demande à partir d’un barème de demande (voir le tableau 2.1). Un barème de demande est la liste des quantités demandées pour divers prix, ceteris paribus. En apposant dans un graphique les différentes quantités de ce barème, pour le prix associé, puis en les reliant, on trace la courbe de demande illustrée dans la figure 2.1. Attention ! Lorsque le barème de demande n’est pas disponible, on peut tracer la courbe de demande à main levée, en respectant la pente négative de la courbe.

1 Ceteris paribus (« toutes choses étant égales par ailleurs ») signifie que la loi de la demande isole le comportement des deux variables prix et quantité demandée, et qu’elle fait abstraction de tout autre évènement pouvant les influencer. Cela permet de simplifier la réalité afin de mieux comprendre le mécanisme de base.

T A B L E A U 2.1 Le barème de demande – marché de l’avocat Prix de l’avocat (en $)

Quantité demandée d’avocats (en milliers, par jour)

1

11

2

9

3

7

4

5

5

3

Chapitre 2 Le modèle de l’offre et de la demande

31


2.2.3 L a différence entre une quantité demandée et la demande

F I G U R E 2.2 Le marché de l’avocat – augmentation des quantités demandées

Prix (en $)

Une quantité demandée est la quantité d’un bien (ou d’un service) que les gens veulent acheter à un prix donné, à une période donnée. Une quantité demandée représente donc un seul point sur la courbe de demande, à un seul prix. Si la quantité demandée change, cela crée un déplacement sur la courbe de demande. Par exemple, si le prix d’un bien baisse, comme le montre la figure 2.2, la quantité demandée de ce bien va augmenter (c’est la loi de la demande).

Si le prix de l’avocat baisse de 4 $ à 2 $…

6 5 4 3 2 1 Demande

0 0

2

4

5

6

8

9

… les quantités demandées augmentent de 5 à 9 milliers.

10

12

14

Quantité (en milliers)

Attention ! Seul un changement du prix du bien (ou du service) fait varier les quantités demandées. La demande représente les quantités de biens ou de services que les consommateurs désirent acheter à tous les prix possibles, à une période donnée. La demande représente donc TOUTE la courbe de demande, pour tous les prix possibles. Si la demande se déplace, toute la courbe de demande se déplace, comme illustré dans la figure 2.3.

La demande représente le comportement des consommateurs, qui cherchent à maximiser leur satisfaction lorsqu’ils interviennent sur un marché.

32

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


Prix (en $)

F I G U R E 2.3 Le marché de l’avocat – augmentation de la demande

6 5 4

Ce graphique représente un déplacement de toute la courbe de demande. Les déterminants de la demande créent ces déplacements.

3 2 1 Demande 1

0 0

5

10

Demande 2

15

20

Quantité (en milliers)

2.2.4 L es déterminants de la demande Nous venons de voir que les quantités demandées d’un bien varient si le prix de celui-ci change, ce qui crée des déplacements le long de la courbe de demande (voir la figure 2.2). Cependant, des facteurs autres que le prix peuvent influencer la demande et ainsi faire bouger toute la courbe de demande. Ces facteurs sont appelés les déterminants de la demande. En voici quelques-uns : Les gouts et les préférences (mode, média, tendance, nouveautés) Les préférences des consommateurs changent avec le temps. Les spécialistes du markéting sont notamment de plus en plus outillés pour influencer la demande du consommateur. Si un produit devient très en vogue, la demande de ce produit augmentera, alors qu’elle diminuera lorsque la mode s’achèvera. Le prix d’un bien substitut Un bien substitut à la consommation est un bien qui peut remplacer un autre bien en comblant le même besoin de façon plus ou moins parfaite. Par exemple, du beurre d’amandes peut se substituer au beurre d’arachides, un crayon noir peut se substituer à un bleu ou encore un citron peut se substituer à une lime. Ainsi, si le prix de la lime augmente, il est probable que les consommateurs remplaceront la lime par du citron, et la demande de citrons augmentera. Le prix d’un bien complémentaire Deux biens sont complémentaires dans la consommation lorsqu’ils sont généralement consommés ensemble. Par exemple, on consomme généralement de l’essence avec une automobile, une laveuse avec une sécheuse ou encore des croustilles de type nachos avec de la sauce de type salsa. Le prix d’un bien complémentaire influe généralement sur la demande de son complément. Par exemple, si les croustilles nachos sont offertes au rabais, il est fort probable que la demande de salsa augmentera.

Chapitre 2 Le modèle de l’offre et de la demande

33


Au Mexique, les ravages de la culture de l’avocat Le monument en forme d’avocat géant trône à l’entrée de Tancítaro, dans l’ouest du Mexique. La sculpture symbolise l’importance de ce fruit pour les habitants de cette petite ville de l’État du Michoacán, devenue la capitale mondiale de l’avocat. Le boom de la consommation des Américains, mais aussi des Européens, Français en tête, fait flamber les prix du fruit, rebaptisé l’« or vert » du Mexique. Une ruée qui provoque une déforestation massive et profite au crime organisé. Vu du ciel, des pans entiers de forêt sont zébrés de champs d’avocatiers sur les flancs des montagnes boisées du Michoacán. La région concentre les quatre cinquièmes de la production nationale d’avocats. […] En trente ans, les plantations sont passées de 31 000 à 118 000 hectares, selon le ministère de l’agriculture. […] Face cachée de ce succès économique : la destruction des forêts de pins, dont certains endémiques. « Les agriculteurs plantent clandestinement des avocatiers au milieu des pins », explique Victor Manuel Coria, le directeur de l’Institut national de recherches forestières, rattaché au ministère de l’agriculture. « C’est un travail de fourmi, sur plusieurs années. Petit à petit, ils coupent les branches, puis les troncs desséchés. » La faune est aussi menacée : coyotes, pumas et autres oiseaux rares habitent la forêt, qui accueille aussi des millions de papillons monarques lors de leur grande migration annuelle. Sans parler du problème de l’eau, consommée en masse par les avocatiers, qui affecte le niveau des rivières, ou de celui des pesticides, qui contaminent les nappes phréatiques. […] « Pas question de diaboliser pour autant le fruit, qui a des vertus diététiques exceptionnelles et fait vivre des milliers de familles », souligne M. Coria. […] « Depuis quatre ou cinq ans, les zones de cultures traditionnelles sont saturées. Les paysans empiètent sur la forêt pour répondre à la demande. » À qui la faute ? Plus de la moitié de la production est exportée. La France est le second importateur d’avocats mexicains, après les États-Unis, et avant le Japon et le Canada. […] Un succès économique lié à une stratégie marketing agressive : en 2013, les 19 000 producteurs mexicains et les 46 entreprises exportatrices d’avocats se sont rassemblés au sein d’Avocados from Mexico.

Questions

1 Trouvez des éléments discutés dans le texte qui touchent le marché de l’avocat. Pour chaque élément, mentionnez s’il influe sur la demande ou sur l’offre d’avocats et s’il augmente ou s’il baisse la courbe concernée.

34

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE

Deux ans plus tard, l’organisation déboursait un million de dollars […] pour un spot publicitaire diffusé durant le Super Bowl, l’événement sportif phare aux ÉtatsUnis. Une première pour une entreprise mexicaine. Depuis, la demande fait bondir les prix. En juin, aux États-Unis, l’avocat se vendait 1,10 dollar pièce, contre 86 centimes en janvier. […] Devenu plus cher que certains métaux, le fruit suscite la convoitise du crime organisé. En 2013, les habitants de plusieurs villages du Michoacán ont pris les armes, exaspérés par les rackets d’un cartel de la drogue, qui tentait de s’emparer de leur or vert dans cette zone stratégique de la production de marijuana et de mé­thamphé-­ tamines. […] Organisés en milice d’autodéfense, les habitants ont libéré les communes de l’emprise de la mafia. Le sang a coulé à Tancítaro. Mais la production d’avocats n’a jamais été affectée. Elle a même légèrement augmenté. Aujourd’hui, les milices ont intégré des « corps de défense ruraux » créés par le gouvernement. « Mais le crime organisé reste implanté dans la région », confie le producteur, qui lui attribue une vague d’incendies criminels ravageurs. […] Le gouvernement tente d’empêcher la modification illégale des sols forestiers par des programmes de développement économique et le renforcement de la surveillance du territoire. Le 13 juillet, dans le Michoacán, la police a arrêté treize suspects en possession de plants d’avocatier qu’ils s’apprêtaient à planter clandestinement. Mais ses actions semblent dérisoires au regard de l’espace forestier à surveiller. Sans compter qu’un nouvel essor du marché est annoncé : le 21 juillet, le gouverneur du Michoacán, Silvano Aureoles, s’est félicité des perspectives d’un récent accord commercial avec la Chine. Pour répondre à cette hausse de la demande, le gouvernement mise sur de nouvelles terres cultivables dans d’autres États mexicains. Pas facile pour autant de dissuader les agriculteurs du Michoacán de céder à l’appât du gain. Source : SALIBA, Frédéric (2016). « Au Mexique, les ravages de la culture de l’avocat ». Le Monde, 22 août. http://www.lemonde.fr/acces-restreint/planete/ article/2016/08/22/a051e4c14d9d00866d91e8b68945304e_4985916_ 3244.html

2 Énoncez des conséquences sociales et environnementales du marché de l’avocat au Mexique.


Le revenu du consommateur Généralement, plus le revenu du consommateur augmente, plus la consommation (la demande) augmente, et vice versa. C’est le cas pour les biens normaux. Or, pour certains biens, nommés biens inférieurs, une augmentation de revenu peut faire baisser la demande. C’est le cas notamment pour des biens de faible qualité, comme des copies de produits. Le bassin de consommateurs Plus le nombre de consommateurs s’élève, plus la demande augmente, et vice versa. Les anticipations des consommateurs La demande peut aussi être modifiée temporellement. Par exemple, si les consommateurs anticipent une hausse des prix, la demande immédiate a tendance à augmenter. Au contraire, si les consommateurs anticipent une baisse de prix à certaines périodes, les consommateurs repoussent leurs achats pour en profiter. Il existe d’autres déterminants de la demande ; par exemple, les effets des conditions météorologiques sur la demande de manteaux d’hiver. La liste proposée ci-dessus n’est donc pas exhaustive.

2.2.5 D es exemples de déplacements, courbe de demande

Prix (en $)

Exemple 1 Cet exemple illustre, à la figure 2.4, l’effet de la hausse du revenu des consommateurs sur le marché des vêtements.

F I G U R E 2.4 Le marché des vêtements – augmentation de la demande

6 5 4 3 2 1 Demande 1

0 0

5

10

15

Demande 2 20

Quantité (en milliers)

Le revenu est un déterminant de la demande. La hausse du revenu augmente la demande, qui se déplace donc vers la droite.

Chapitre 2 Le modèle de l’offre et de la demande

35


F I G U R E 2.5 Le marché des crayons noirs – baisse de la demande

Prix (en $)

Exemple 2 Cet exemple illustre, à la figure 2.5, l’effet de la baisse du prix des crayons bleus sur le marché des crayons noirs.

6 5 4 3 2 1 Demande 2

0 0

5

10

15

Demande 1 20

Quantité (en milliers)

Le prix d’un bien substitut est un déterminant de la demande. La baisse du prix d’un bien substitut diminue la demande, qui se déplace donc vers la gauche.

2.3

L’offre : les producteurs Les producteurs cherchent à maximiser leurs profits lorsqu’ils interviennent sur un marché. L’offre représente ce comportement en illustrant le lien entre deux variables importantes pour les producteurs : les quantités qu’ils désirent produire, selon le prix d’un bien. Les quantités que les producteurs veulent produire pour chaque prix sont appelées les quantités offertes.

2.3.1

Toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix de l’avocat augmente, les producteurs augmentent leurs quantités offertes d’avocats : c’est la loi de l’offre.

36

La loi de l’offre et la courbe d’offre

L’offre représente le lien entre le prix d’un bien et la quantité offerte de ce bien, à une certaine période. Généralement, plus le prix est élevé, plus les producteurs sont nombreux à avoir l’intention de vendre un bien, en raison des perspectives de profit élevées. À l’inverse, plus le prix d’un bien baisse, moins les producteurs sont enclins à le produire. Il existe ainsi une relation directe entre les prix et les quantités offertes d’un bien : c’est la loi de l’offre. La courbe d’offre illustre, dans un graphique, la loi de l’offre. Comme il existe une relation directe entre les prix et les quantités offertes, la courbe d’offre a une pente positive (voir la figure 2.6).

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


2.4

L’équilibre du marché

Prix (en $)

Les consommateurs préfèrent les prix faibles, les producteurs préfèrent les prix élevés : de quelle façon le marché, qui regroupe les deux côtés, peut-il arriver à une entente ? En observant le comportement des consommateurs et celui des producteurs au sein d’un même graphique (voir la figure 2.11), nous pouvons voir qu’il existe un seul prix, noté ici P*, pour lequel les quantités demandées par les consommateurs sont exactement les mêmes que les quantités offertes par les producteurs. Cette quantité est notée Q*.

6

L’ajustement par le prix permet au marché de tendre vers l’équilibre de marché : le point efficace.

F I G U R E 2.11 Le marché de l’avocat et l’équilibre du marché

Offre

5 4 Équilibre du marché

P* = 3 2 1

Demande 0 0

2

4

6 Q* =  7

8

10

12

14

Quantité (en milliers)

Le point (P*, Q*) représente l’équilibre du marché, soit la situation où les consommateurs et les producteurs s’entendent. C’est aussi le point efficace sur le marché : il s’agit du seul point où il n’y a ni surplus ni pénurie. Voyons de quelle façon le marché s’ajuste pour tendre vers ce point d’équilibre.

2.4.1

Un marché en situation de pénurie

Un marché en pénurie est un marché pour lequel la quantité offerte ne satisfait pas la quantité demandée. Les consommateurs demandent plus que ce qui est offert par les producteurs (voir la figure 2.12).

En situation de pénurie, les producteurs augmentent leur prix, ce qui tend à réduire les quantités demandées, mais à augmenter les quantités offertes. Chapitre 2 Le modèle de l’offre et de la demande

41


F I G U R E 2.23 Le marché de l’avocat – évènements 1 et 2

Prix (en $)

Apposons maintenant ces évènements dans un même graphique, comme à la figure 2.23.

Offre 1

Offre 2

Demande 1

Demande 2

P1* et  P2* Changement indéterminé

Q1*

Q2*

Quantité (en milliers)

Les deux évènements, mis ensemble, augmentent les quantités échangées d’avocats, mais leur effet conjugué sur le prix est incertain : le premier évènement fait augmenter le prix, alors que le deuxième évènement le fait baisser. L’effet total dépend de l’amplitude du changement pour chacune des courbes, qui s’avère inconnu. On dira donc que l’effet sur le prix à l’équilibre est indéterminé.

En conclusion, le modèle de l’offre et de la demande dépeint un mécanisme fondamental de la science économique : le mécanisme de marché. En représentant au sein d’un même graphique le comportement de base du producteur et du consommateur, ce modèle permet de comprendre les ajustements de prix quand se produisent des évènements engendrant des surplus ou des pénuries sur les marchés. Le modèle permet ainsi de saisir l’importance du prix dans la recherche du point efficace : un prix libre de fluctuer permet aux marchés de tendre par eux-mêmes vers leurs points d’équilibre. C’est la raison pour laquelle les économistes défendent souvent les marchés libres : le marché s’autorégule si les prix peuvent fluctuer librement. Ainsi, toute intervention de l’État entrave le mécanisme de marché et entraine une inefficacité dans l’économie, empêchant l’atteinte du point efficace. Pourtant, ces interventions sur les marchés existent : pensons à l’établissement du salaire minimum ou aux règlementations entourant le prix du lait. Comment ces interventions influencent-elles les marchés ? Sont-elles justifiées ? C’est ce qu’explore le chapitre 3.

48

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


Révision

1 Qu’est-ce qu’un marché ? 2 Énoncez la loi de la demande et représentez-la graphiquement. 3 Énoncez la loi de l’offre et représentez-la

Que

10 Vrai ou faux ?

stio

ns

graphiquement.

a) Les couts de production

l’on entend par les concepts suivants.

b) La mode est un déterminant de l’offre. c) Le progrès technologique est un déterminant

4 Faites des graphiques pour montrer ce que a) Accroissement de la quantité demandée b) Diminution de la demande c) Hausse de la demande d) Hausse de l’offre e) Baisse de l’offre f) Baisse des quantités offertes

5 Comment les consommateurs réagissent-ils

lorsque les prix diminuent ? Formulez une explication et illustrez-la avec un graphique.

6 Comment les producteurs modifient-ils leur

comportement lorsque les prix augmentent ? Formulez une explication et illustrez-la avec un graphique.

7 Que signifie « toutes choses étant égales par ailleurs » ? 8 Quelle est la différence entre un prix et un cout ? 9 Trouvez le seul énoncé vrai parmi les suivants. a) Selon la loi de la demande, s’il y a augmenta-

tion du prix des oranges, les consommateurs diminuent leur quantité demandée d’oranges, toutes choses étant égales par ailleurs.

b) Selon la loi de la demande, s’il y a diminution du prix des clémentines, la demande de clémentines augmente, toutes choses étant égales par ailleurs.

c) S’il y a surplus d’un produit sur un marché,

son prix baisse. La baisse du prix fait diminuer l’offre de ce produit.

d) S’il y a surplus d’un produit sur un marché,

son prix augmente. La hausse du prix fait augmenter la quantité offerte de ce produit.

sont un déterminant de la demande.

de l’offre.

d) Sur un marché en pénurie, les quantités

demandées sont inférieures aux quantités offertes.

e) Sur un marché en surplus, les quantités offertes sont supérieures aux quantités demandées.

f) Si l’offre augmente, la courbe d’offre se déplace vers la droite.

g) Si la demande augmente, la courbe de demande se déplace vers la gauche.

h) Si la demande augmente, la courbe de demande se déplace vers le haut.

11 Listez cinq déterminants de la demande. 12 Listez trois déterminants de l’offre. 13 Montrez graphiquement une situation

de pénurie, sur un marché, puis expliquez comment le marché retourne à l’équilibre. Utilisez les lois de l’offre et de la demande dans vos explications.

14 Montrez graphiquement une situation

de surplus, sur un marché, puis expliquez comment le marché retourne à l’équilibre. Utilisez les lois de l’offre et de la demande dans vos explications.

15 Représentez vos connaissances sur le méca-

nisme de marché à l’aide d’un réseau de concepts et de graphiques. Les termes Marché, Offre, Demande, Quantité offerte, Quantité demandée, Surplus, Pénurie, Prix et Quantité doivent apparaitre. Indiquez aussi quelques déterminants de l’offre et de la demande. Chapitre 2 Le modèle de l’offre et de la demande

49


Problèmes

a) Sans tracer les courbes d’offre et de demande,

1 Le tableau ci-dessous présente les barèmes de l’offre et de la demande pour des paquets de bonbons. Prix (en $)

Quantité demandée (paquets par jour)

Quantité offerte

1,00

200

110

1,25

175

130

1,50

150

150

1,75

125

170

2,00

100

190

a) Tracez les courbes d’offre et de demande sur

un graphique représentant le marché des paquets de bonbons. b) Où se situe l’équilibre du marché ? Indiquez-le sur votre graphique. c) Décrivez la situation sur le marché si le prix d’un paquet de bonbons est de 1,75 $. d) Décrivez la situation sur le marché si le prix d’un paquet de bonbons est de 1 $. Comment le marché va-t-il retrouver l’équilibre ? e) Supposons que la demande augmente de 45 paquets de bonbons à tous les niveaux de prix possibles. Où se trouve le nouvel équilibre de marché ? Tracez la nouvelle courbe de demande sur votre graphique.

2 Le tableau ci-dessous présente les barèmes de l’offre et de la demande pour des paquets de cèleris.

50

Prix (en $)

Quantité demandée (paquets par jour)

Quantité offerte

2,00

500

100

2,25

400

200

3,50

300

300

3,75

200

400

4,00

100

500

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE

utilisez les barèmes pour déterminer l’équilibre de marché. Quels seront le prix et la quantité d’équilibre ?

b) Décrivez la situation sur le marché si le prix d’un paquet de cèleris est de 2,00 $ et expliquez comment le marché retournera vers le point d’équilibre.

c) En raison de conditions météorologiques

exceptionnelles, la récolte de cèleris est abondante cette année, et l’offre augmente de 200 paquets. Construisez un nouveau barème de l’offre dans un tableau. Quels seront le nouveau prix et la nouvelle quantité d’équilibre ?

3 Voici une série d’énoncés. Pour chacun d’eux, mentionnez, pour le marché indiqué :

a) la courbe (offre ou demande) qui est touchée ; b) s’il s’agit d’une hausse ou d’une baisse de la courbe concernée.

1. Le prix de la salsa augmente (marché des tortillas).

2. Le nombre de producteurs laitiers augmente (marché du lait).

3. Une portion importante de la population d’une petite région migre vers la ville (marché de la restauration dans la petite région).

4. Le gouvernement verse une subvention importante aux producteurs maraichers qui s’installent dans une région (marché des fruits et légumes).

5. La règlementation pour les pêches devient plus restrictive : la saison est écourtée, et le nombre de prises est limité (marché du poisson).

6. Le prix du transport en commun augmente (marché de l’automobile).

7. Une ville donnée investit massivement dans le transport en commun pour développer son réseau (marché de l’automobile).

8. Le gouvernement annonce une hausse du cout annuel des immatriculations pour tous les véhicules à essence (marché des véhicules hybrides et électriques).

9. Les consommateurs se tournent de plus en plus vers les tablettes électroniques (marché des ordinateurs portables).


4 À l’aide des courbes d’offre et de demande,

représentez graphiquement les situations suivantes et faites les déplacements de courbes appropriés sur le marché indiqué. Précisez si les nouveaux équilibres (prix et quantité) sont à la hausse ou à la baisse par rapport à l’équilibre de marché initial.

a) Les documentaires sur les bienfaits du

végétarisme se multiplient (marché du tofu).

b) Une hausse du revenu de la population est observée (marché des voyages tout inclus).

c) De gros rabais sont annoncés sur les laveuses (marché des sécheuses).

d) La mode est à l’huile de coco (marché de l’huile d’olive).

e) Une avancée génétique permet d’augmenter la productivité des cultures de soya (marché du soya).

f) Une bonification des congés de maternité est annoncée (marché des berceaux).

5 Représentez les évènements suivants à l’aide

de graphiques d’offre et de demande. N’oubliez pas d’indiquer dans le titre le marché sur lequel vous travaillez. Mentionnez les impacts de ces évènements sur les prix et les quantités d’équilibre.

a) Il y a une augmentation du nombre de microbrasseries au Québec.

b) Une nouvelle technologie abaisse les couts

de production du vin (le vin et la bière sont des substituts de consommation).

c) a) et b) en même temps d) De nouvelles saveurs de bière attisent la curiosité des consommateurs.

e) a) et d) en même temps f) De plus en plus de consommateurs fabriquent leur propre bière à la maison.

g) La popularité des bières de microbrasserie augmente.

h) Le prix du houblon augmente. i) Une nouvelle taxe à la consommation visant l’alcool entre en vigueur.

j) La règlementation sur la vente d’alcool se resserre : dorénavant, les consommateurs peuvent acheter de l’alcool seulement entre 13 h et 17 h, en semaine.

k) g) et h) en même temps

7 Quel serait l’impact sur le prix d’équilibre et sur la quantité d’équilibre des évènements suivants, sur le marché de l’automobile au Québec ?

a) Des feux détruisent une partie de la récolte

a) Une augmentation du financement public

b) La délocalisation d’une usine textile a permis

b) Une hausse des tarifs de stationnement dans

de tomates en Californie.

l’accès à une main-d’œuvre abondante et bon marché.

c) Une épidémie force l’industrie forestière à récolter deux fois plus de bois que prévu cette année.

d) La récolte de bois inhabituelle mentionnée en c) touche l’industrie du meuble.

e) Tous les élèves des écoles primaires d’une région doivent acquérir une tablette électronique.

f) Des scientifiques montrent les bienfaits de la consommation de viande rouge.

g) Les consommateurs délaissent le cinéma pour l’écoute de films en ligne.

h) Une nouvelle technologie 3D améliore

l’expérience cinéma pour les consommateurs.

6 Supposons au départ que le marché de la bière

du transport en commun

toutes les villes du Québec

c) Une hausse de la taxe sur l’essence accompa-

gnée d’une augmentation des subventions aux acheteurs de voitures électriques et hybrides

d) Une hausse des salaires des travailleurs dans l’industrie automobile

e) Une hausse des tarifs douaniers sur les pièces automobiles importées et exportées

f) a) et d) en même temps

8 Les premiers ordinateurs personnels, créés

dans les années 1980, étaient surtout destinés aux entreprises et jugés trop chers pour les particuliers. Depuis, la demande pour les ordinateurs personnels a beaucoup augmenté. Or, le prix des ordinateurs a aussi baissé. Utilisez le modèle de l’offre et de la demande pour expliquer cette contradiction.

au Québec est en équilibre. Expliquez et illustrez à l’aide de graphiques les changements que provoqueraient les évènements suivants sur le marché de la bière.

Chapitre 2 Le modèle de l’offre et de la demande

51


Analyse de textes

1 Lisez les deux articles suivants. Chaque fois qu’une phrase du texte est en gras, soulignée et numérotée (1), vous devez représenter cette phrase à l’aide d’un graphique offre-demande. Indiquez bien, en haut de votre graphique, de quel numéro de phrase il s’agit (de 1 à 7) et de quel marché il est question. Représentez la situation initiale, puis faites les déplacements de courbes appropriés. N’oubliez pas d’indiquer l’effet sur le prix d’équilibre et sur la quantité d’équilibre s’il y a lieu.

Article 1

La pomme (de terre) de la discorde La lutte entre Yum Yum et les producteurs québécois met en lumière la forte concurrence dans l’industrie « La guerre des patates », « Les croustilles de la colère », une entente « qui tourne au vinaigre ». Les qualificatifs et les jeux de mots n’ont pas manqué ces derniers temps pour décrire l’affrontement auquel se livrent la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec (FPPTQ) et le fabricant québécois de croustilles Yum Yum. La négociation des coûts d’approvisionnement, au cœur du débat, met en lumière une vive concurrence dans un marché nord-américain où les consommateurs font de plus en plus attention à leur ligne. (1) Ce n’est pas tous les jours que la croustille fait les nouvelles. Le Devoir rapportait en début de semaine que la FPPTQ a décidé de contester les calculs de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, un tribunal administratif qui règle les différends entre les producteurs agricoles et les acheteurs. Celle-ci a accordé à Yum Yum une baisse de prix de 9 % pour la récolte 2014-2015 et un gel pour la mise en marché de la récolte de l’année suivante. On devrait savoir au cours des prochaines semaines ce que fera la Régie de la « demande de correction de décision » qui lui a été soumise. Entretemps, le président de la FPPTQ, Réal Brière, ne décolère pas. « On ne voit pas ça en Amérique du Nord, une compagnie qui agit de cette façon-là », lance-t-il en mentionnant que la plu-

52

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE

part des conventions de mise en marché ne se rendent pas à l’étape de l’arbitrage. Avec Yum Yum, c’est monnaie courante, dit-il. Devant la Régie, le fabricant de croustilles a réclamé une baisse de prix d’environ 13 %, une insulte pour les producteurs, selon M. Brière. « Si on avait accepté la demande de Yum Yum, aucun producteur n’aurait voulu leur fournir des patates à ce prix-là, ajoute-t-il. C’est certain que, l’année prochaine, si le prix des intrants [semences et pesticides] ne baisse pas, les producteurs ne voudront pas faire de business avec Yum Yum. Ils vont changer de production. » (2) La direction de Yum Yum est restée muette cette semaine, personne n’étant en mesure de commenter le dossier pour l’instant, mais le plaidoyer que l’entreprise a présenté à la Régie des marchés agricoles donne le pouls d’une industrie en mutation. La compagnie a notamment fait valoir que, depuis la fermeture de l’usine d’Old Dutch au Québec l’an dernier, son principal concurrent dans le marché des marques privées bénéficie maintenant d’un « avantage concurrentiel important » en s’approvisionnant davantage au Nouveau-Brunswick, où les prix sont plus bas. « La Régie est d’avis que les producteurs n’ont pas à assumer les choix stratégiques des acheteurs avec qui ils font affaire. Toutefois, elle ne peut


ignorer le contexte de compétition dans lequel est placé Yum Yum », écrit la Régie dans sa décision, aujourd’hui contestée par les producteurs. « Le prix des pommes de terre constitue un élément de compétitivité important pour Yum Yum dont la Régie doit tenir compte afin de ne pas fragiliser davantage Yum Yum par rapport à ses concurrents directs », ajoute-t-elle plus loin. La baisse de prix accordée par la Régie dans ce dossier, si elle se confirme, sème l’inquiétude chez les exploitants agricoles. Ils craignent qu’elle déstabilise le marché de l’est du Canada. Et surtout qu’elle incite d’autres producteurs de croustilles à arracher des prix toujours plus bas. Frito-Lay, qui fabrique les croustilles Lay’s, sera la prochaine en file l’an prochain pour renégocier sa convention de mise en marché avec les producteurs québécois. Prudent, le géant américain nous répond qu’il ne sent pas le besoin de commenter cette affaire.

Marché en déclin Producteurs et acheteurs, qu’ils soient québécois, canadiens ou américains, se livrent une guerre de prix au moment où la pomme de terre cède la place de choix qu’elle occupait jadis sur la table des familles nord-américaines. « Quand on était plus jeunes, pour la majorité des repas, il y avait des protéines et des pommes de terre qui allaient avec. Si on regarde ce qu’on mange aujourd’hui, la variété a augmenté dans les assiettes, fait remarquer Annie Berger, économiste à la FPPTQ. La pomme de terre a eu mauvaise presse parce qu’on disait que ça fait engraisser […] C’est sûr que ç’a fait mal à la consommation. » Parlez-en au président régional de McCain Foods, Frank van Schaayk, qui a annoncé la fermeture de son usine de l’Île-du-Prince-Édouard au début du mois en raison de l’augmentation du rendement de ses autres usines, mais aussi de la diminution de la demande pour les frites en Amérique du Nord. « On observe une transition dans la relation entre les producteurs et les grands transformateurs », constate également Michel Saint-Arneault, le président de Saint-Arneault, une en-

treprise québécoise qui se spécialise dans la production de frites. Les baisses de prix réclamées par les acheteurs à l’échelle du continent vont créer « tout un débat au cours des prochaines années », prédit-il, tout en précisant que la taille de son entre­ prise l’oblige à suivre la tendance que les gros joueurs imposent. « Le marché nord-américain de la pomme de terre a atteint une maturité certaine, souligne un vaste portrait de l’industrie de la pomme de terre publié cette année par le gouvernement du Québec. Bien qu’elle soit encore le légume le plus consommé, la pomme de terre a vu sa consommation globale décliner au cours des dernières années. » (3) Au Canada, la consommation de pommes de terre fraîches et transformées a diminué de 22 % en dix ans, passant de 72,2 kg par personne en 2002 à 56,4 kg en 2011. Prises à part, les croustilles conservent toutefois leur place dans le cœur et l’estomac des Canadiens, avec une augmentation de 10 % au cours de la même période. (4) En moyenne, nous mangeons, individuellement, près de 13 kg de chips par année. Pendant que les grandes compagnies américaines de la production et de la transformation regardent du côté de l’Asie pour développer de nouveaux marchés, les producteurs du Québec réussissent malgré tout à tirer leur épingle du jeu, note Mme Berger, de la FPPTQ. « Comme la demande est en baisse, si je veux obtenir un prix intéressant, je dois diminuer ma production pour la faire concorder avec la demande », (5) affirme-t-elle. Étant donné la diminution globale de la consommation des Québécois, « la concertation de l’offre avec les autres acteurs paraît essentielle pour maintenir des conditions de prix et de marchés qui rencontrent les coûts de production », conseille de la même façon le document du gouvernement québécois. Le rapport incite également l’industrie de la pomme de terre de la province à « relancer la consommation » de la pomme de terre pour qu’elle reprenne l’espace qu’elle a déjà occupé dans l’assiette de chaque Québécois.

Source : RETTINO-PARAZELLI, Karl (2014). « La pomme (de terre) de la discorde ». Le Devoir, 16 aout. http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/416062/la-pomme-de-terre-de-la-discorde

Chapitre 2 Le modèle de l’offre et de la demande

53


Article 2

La récolte s’annonçait pourtant bonne... Les viticulteurs de la Napa Valley, poids lourd du vin américain, évaluent leurs pertes Napa — La région californienne de la Napa Valley, frappée par un puissant séisme dimanche, est l’un des principaux poumons d’un secteur viticole américain en pleine expansion. Nourrie par un climat sec, cette étroite vallée de moins de 50 kilomètres de long de l’ouest des États-Unis a prospéré avec ses cabernets sauvignons, merlots et pinots noirs, concurrençant les vins français et se taillant une place économique de choix aux États-Unis. En 2011, le comté de Napa a produit près d’un cinquième des bouteilles de vins américaines, contribuant à l’économie californienne à hauteur de 26 milliards de dollars et à 50 milliards au niveau du pays, selon un rapport de la société Stonebridge. Au total, cette activité répartie dans moins de 500 exploitations génère 46 000 emplois dans la région et plus de 300 000 au niveau national, selon l’organisation professionnelle Napa Valley Vintners. Le séisme survenu dimanche, le plus fort enregistré dans la Baie de San Francisco depuis 1989, a frappé plusieurs exploitations alors que la récolte s’annonçait prolifique (6). Des photographies de bouteilles de vins renversées et de barriques éventrées ont circulé en masse sur internet. L’impact économique du séisme reste toutefois difficile à évaluer pour la Napa Valley. Selon la société spécialisée Eqecat, les pertes couvertes par les assurances pourraient atteindre un milliard de dollars pour l’ensemble de la Californie. « Il faut s’attendre à ce que les pertes subies par le secteur

viticole fassent augmenter cette estimation », indique toutefois cette société sur son site internet, qui note que les vendanges avaient déjà commencé. « Si le sinistre avait eu lieu avant les récoltes, ces pertes auraient été moins importantes », ajoute-t-elle, notant que le tourisme dans la région pourrait également pâtir du séisme. (7) L’organisation Napa Valley Vintners a fait part de sa profonde inquiétude pour les producteurs, assurant avoir eu vent de dégâts dans certaines caves à vins, et dans des sites de production et de stockage dans le sud de la vallée. L’organisation se veut toutefois prudente et évalue encore les situations individuelles des viticulteurs. « Nous nous attendons à en savoir plus dans les 24 à 72 heures », indiquet-elle dans son communiqué. Ce séisme pourrait au final atténuer la belle santé affichée par les vins californiens dans leur ensemble, qui pèsent plus de la moitié du marché américain. En 2013, leurs ventes au détail se sont élevées à 23,1 milliards de dollars aux États-Unis, marquant un bond de 5 % par rapport à 2012 grâce à des récoltes record, selon le Wine Institute. Les vins californiens représentent par ailleurs plus de 90 % des ventes de bouteilles américaines à l’étranger, qui se sont élevées à 1,55 milliard de dollars, selon la même source. Les États-Unis sont depuis 2010 le premier consommateur de vin au monde, d’après ce rapport.

Source : Agence France-Presse (2014). « La récolte s’annonçait pourtant bonne... Les viticulteurs de la Napa Valley, poids lourd du vin américain, évaluent leurs pertes. » Le Devoir, 26 aout. http://www.ledevoir.com/ economie/actualites-economiques /416825/seisme-en-californie-la-recolte-s-annoncait-pourtant-bonne

54

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


C H A P I T R E

3

Les systèmes économiques et l’intervention de l’État

À la suite de la lecture de ce chapitre et de la réalisation des exercices, vous pourrez répondre aux questions suivantes : • Qu’est-ce qu’un système économique ? • Quelles sont les caractéristiques des trois principaux systèmes économiques ? • Quelles sont les forces et faiblesses des marchés ? • Qu’est-ce que le contrôle des prix ?

55


3.1

Système économique Système d’organisation de la production et de la distribution des biens et services dans une société donnée.

Les systèmes économiques Un système économique, c’est la façon dont une société choisit d’organiser la production et la distribution des biens et services pour sa population. Les systèmes économiques se déclinent selon l’importance accordée aux marchés libres, afin de favoriser leurs forces, ou à leur règlementation, afin d’encadrer leurs faiblesses. Penchons-nous sur les forces et les faiblesses des marchés avant d’introduire les trois principaux systèmes économiques.

3.1.1 L es forces et les faiblesses des marchés Dans le chapitre 2, nous avons vu la grande force des marchés : ils tendent par eux-mêmes au point d’équilibre, soit le point efficace, par l’intermédiaire du mécanisme de prix. Pour que cette caractéristique fonctionne, les marchés doivent être libres, c’est-à-dire que le gouvernement ne doit pas imposer de règles à suivre ou de limites à respecter. Les producteurs et les consommateurs doivent être laissés libres dans leurs décisions de production et de consommation. L’efficacité est la grande force des marchés : par le mécanisme des prix et la liberté des producteurs et des consommateurs, les pénuries et les surplus se résorbent d’eux-mêmes. Or, les marchés présentent des faiblesses. En effet, comme les marchés fonctionnent selon un mécanisme de prix, ils excluent tout ce qui n’a pas de valeur monétaire : le bénévolat ou la qualité de l’environnement, par exemple. Ces exclusions portent le nom d’externalités : ce sont des valeurs exclues des marchés, qui peuvent les amener à surproduire ou sous-produire certains biens et services. De plus, certains biens et services, nommés bien publics, sont consommés simultanément par plusieurs personnes dans une société et sont ainsi exclus du processus de marché : pensons à des services comme l’éclairage de rue, pour lequel les individus ne peuvent payer directement. Dans certains cas, les marchés eux-mêmes sont aussi inefficaces, en l’absence de concurrence adéquate. Finalement, les marchés mènent à l’efficacité, mais la notion d’équité en est exclue, ce qui peut créer des inégalités dans la société, augmenter la criminalité et nuire à la société dans son ensemble.

Les gouvernements cherchent à règlementer et à encadrer les faiblesses des marchés.

56

Afin de limiter les faiblesses des marchés, les gouvernements peuvent les règlementer et les encadrer. Par exemple, les gouvernements peuvent contrôler le prix de certains biens afin de les rendre plus accessibles, par exemple pour l’éducation, imposer des limites de production pour diminuer la pollution, subventionner la production de certains biens et services qui génèrent des effets positifs dans la société, se charger de la production des biens publics et tenter de diminuer les inégalités. Dans la section 3 de ce manuel, nous plongerons en profondeur dans les rôles de l’État par rapport aux faiblesses de marché et dans leurs implications sur les finances publiques. Vous disposerez alors de plus de connaissances en économique et vous aurez les outils pour les comprendre pleinement. Pour l’instant, il faut garder en tête que les marchés présentent une force importante, celle de l’efficacité, mais qu’ils ont aussi des faiblesses, notamment par rapport aux externalités, aux biens publics, à la concurrence et aux inégalités. Ce constat permet de distinguer les trois principaux systèmes économiques : économie de marché, économie planifiée et économie mixte.

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


3.1.2 L ’économie de marché Une société qui choisit de favoriser exclusivement l’efficacité des marchés, sans les règlementer, engendre un système économique appelé économie de marché. Dans ce système, la société vise à exploiter pleinement la force des marchés et à ne pas encadrer ses faiblesses. Pour ce faire, la propriété des ressources est privée : ce sont les entreprises et les consommateurs qui décident quoi produire, comment produire et pour qui produire. La distribution et la production des biens sont entièrement assumées par les marchés libres. Le rôle de l’État est minimal, et son intervention consiste principalement à assurer le respect de la propriété privée. Ce système économique est associé à différentes écoles de pensée, en économique. Une école de pensée, c’est un ensemble de personnes qui partagent des opinions semblables et des points de vue similaires. En économique, les écoles de pensée influencent les politiques mises en place dans une société et le système économique qui en découle. Une première école de pensée rattachée à l’économie de marché est celle des classiques. Le classicisme est une école de pensée associée à Adam Smith (1723-1790) ; elle est considérée comme la première école de pensée en économique. Adam Smith, reconnu comme étant le fondateur de la science économique moderne, a élaboré le principe de la main invisible dans son œuvre intitulée Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) : les individus, en se comportant de façon à maximiser leur intérêt personnel, engendrent des résultats positifs pour la collectivité. Le classicisme préconise donc de laisser les agents économiques entièrement libres dans leurs décisions économiques. L’État doit intervenir seulement pour favoriser un environnement propice au commerce, en garantissant notamment la propriété privée. Deux autres écoles de pensée sont rattachées à l’économie de marché : l’école autrichienne et les monétaristes. L’école autrichienne se rapporte à la pensée de Friedrich A. Hayek (1899-1992) et se positionne contre toute intervention de l’État dans l’économie. Pour l’école autrichienne, seul le mécanisme de prix peut coordonner l’activité économique et mener à l’efficacité, et toute intervention gouvernementale est un frein à l’efficacité et à la prospérité. Les monétaristes, dont le fondateur est Milton Friedman (1912-2006), affirment pour leur part que le rôle de l’État doit se limiter au contrôle de l’offre de monnaie afin de favoriser la libre entreprise. L’école autrichienne et les monétaristes ont fortement influencé les politiques économiques mises en place au Royaume-Uni et aux États-Unis dans les années 80.

Économie de marché Système économique favorisant exclusivement l’efficacité des marchés, sans les règlementer.

École de pensée Ensemble de personnes partageant des opinions semblables.

Classicisme École de pensée associée à Adam Smith, qui préconise la liberté des marchés et la propriété privée des moyens de production.

Adam Smith

Monétarisme École de pensée associée à Milton Friedman qui associe le rôle de l’État au seul contrôle de l’offre de monnaie, afin de favoriser le libre marché.

3.1.3 L ’économie planifiée L’opposé complet de l’économie de marché est le système économique appelé économie planifiée. L’économie planifiée désigne une société qui règlemente l’ensemble des marchés en ne laissant aucune place aux lois de l’offre et de la demande et au mécanisme de prix. Dans ce système écono­ mique, ce ne sont pas les décisions des producteurs et des consommateurs qui déterminent ce que le pays produit, mais l’État. Celui-ci détermine ce que le pays produit, comment il produit et pour qui il le fait. L’État prend donc l’ensemble des décisions économiques, en assumant la production et la distribution des biens et services.

Économie planifiée Système économique dans lequel les marchés sont entièrement règlementés.

Chapitre 3 Les systèmes économiques et l’intervention de l’État

57


Marxisme École de pensée associée à Karl Marx : elle préconise notamment la propriété collective des moyens de production.

Karl Marx

L’école de pensée se rattachant à l’économie planifiée est le marxisme, qui se développe sous la pensée de Karl Marx (1818-1883). Dans son œuvre Le Capital (1867), Marx livre une analyse du système économique basé sur la division de la société en classes. Il explique que l’accumulation de capital physique se fait aux dépens des travailleurs, ce qui les mènera à la révolte. Marx prévoit la destruction du capitalisme et son remplacement par le socialisme, un système économique dans lequel la propriété des moyens de production est collective. Cette école de pensée a notamment influencé Lénine (1870-1924) et Fidel Castro (1976-2016), respectivement meneurs des révolutions russe et cubaine, qui ont mené à des systèmes économiques planifiés au sein de l’ancienne URSS et de Cuba.

3.1.4 L ’économie mixte Économie mixte Système économique dans lequel l’État encadre et stabilise les marchés, mais sans les remplacer.

Keynésianisme École de pensée qui préconise une intervention de l’État pour réguler les marchés, mais sans les remplacer.

John Maynard Keynes

Dans la réalité, les sociétés essaient généralement de faire la part des choses avec les marchés. Elles veulent utiliser leur efficacité, mais aussi tenter de limiter leurs faiblesses. Une économie mixte se situe entre les deux extrêmes que sont l’économie de marché et l’économie planifiée : c’est un système économique qui règlemente certains marchés, tout en leur laissant de la liberté. En économie mixte, l’État encadre et stabilise les marchés pour limiter leurs faiblesses, mais sans les remplacer. L’école de pensée se rattachant à l’économie mixte est le keynésianisme. Les keynésiens remettent en question l’efficacité naturelle des marchés à réguler l’économie. Après la Grande Dépression de 1929, la publication de John Maynard Keynes (1883-1946), Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), dans laquelle il prône l’intervention de l’État afin de maintenir l’économie au plein-emploi, permet l’essor de cette école de pensée. Les keynésiens préconisent une intervention de l’État pour réguler les marchés et soutenir la consommation, mais sans les remplacer. Ces idées ont influencé les politiques mises de l’avant dans les années 50 et 60 dans plusieurs pays, mais ont été mises de côté après les chocs pétroliers des années 70 au profit de l’école de pensée monétariste. Plus récemment, à la suite de la récession de 2008, les politiques inspirées du keynésianisme ont refait surface dans les politiques économiques de plusieurs pays, encouragées notamment par des organisations internationales comme le FMI (Fonds monétaire international) et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). La quasi-totalité des pays du monde a un système économique mixte. Cependant, selon le degré d’implication de l’État dans les décisions écono­miques, certains pays, comme Singapour, se rapprochent plutôt de l’économie de marché, alors que d’autres, comme Cuba, de l’économie planifiée. Finalement, il est possible de distinguer les différents systèmes en se demandant qui répond aux trois questions fondamentales dans une économie. C’est ce que présente le tableau 3.1.

Les pays scandinaves sont de bons exemples de systèmes économiques mixtes : l’État intervient dans l’économie afin d’encadrer les faiblesses des marchés, mais sans les remplacer.

58

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


T A B L E A U 3.1 Qui répond aux questions fondamentales dans l’économie, selon le système économique en place Les trois questions économiques fondamentales Système économique

Économie de marché

Économie mixte

Économie planifiée

3.2

Quoi produire ?

Pour qui produire ?

Comment produire ?

Les marchés : les consommateurs et les producteurs sont entièrement libres dans leurs décisions économiques. Les producteurs décident quoi produire selon la demande présente dans l’économie.

Les marchés : l’interaction des travailleurs et des employeurs sur le marché du travail se fait librement. Toutes les ressources productives sont privées : travail, terre et capital, et leur échange se fait librement, selon les choix des individus.

Les marchés : les entreprises sont entièrement libres de produire de la façon qu’elles considèrent comme appropriée.

L’État et les marchés : à la liberté des choix des consommateurs et des producteurs s’ajoute la production de biens publics par l’État, comme le déneigement et le service des incendies, ou encore la production de services en éducation, en santé, ou le réseau routier.

L’État et les marchés : l’État encadre le marché du travail avec des règles, comme un salaire minimum, et peut aussi influencer la distribution des revenus avec l’impôt, ou encore accorder une aide aux familles ou des bourses aux étudiants.

L’État et les marchés : l’État peut apposer des normes sur des produits jugés toxiques, encadrer les émissions de polluants, taxer certaines composantes ou en subventionner d’autres ; toutefois les producteurs possèdent une liberté dans leurs décisions de production, à l’intérieur des règles érigées par l’État.

L’État décide de l’ensemble de la production de l’économie. Par exemple, un agriculteur peut se voir attribuer une portion de terre par l’État, sur laquelle il devra produire ce qui est décidé par l’État.

L’État décide des ressources et du salaire attribués aux individus.

L’État décide quelles sont les ressources utilisées dans la production et de quelles façons elles sont utilisées.

L’intervention de l’État : prix plafond et prix plancher

Dans une économie mixte, un gouvernement peut règlementer les prix de certains biens et services. Cette intervention s’appelle le contrôle des prix et prend deux formes principales : prix plafond ou prix plancher.

3.2.1 L e prix plafond Un prix plafond est un prix maximum, déterminé par l’État. L’État fixe un prix plafond afin de limiter la hausse du prix d’un bien, donc pour le rendre plus accessible. Il est illégal pour le marché de se trouver à un prix supérieur au prix plafond.

Prix plafond Prix maximum, déterminé par l’État.

La figure 3.1 montre que le point efficace du marché se trouve au prix d’équilibre de 3 $, pour une quantité d’équilibre de 7 milliers. Si l’État fixe un prix plafond à 2 $, une situation de pénurie se crée : les quantités offertes (5 milliers) sont inférieures aux quantités demandées (9 milliers).

Chapitre 3 Les systèmes économiques et l’intervention de l’État

59


Prix (en $)

F I G U R E 3.7 Le marché du lait, le prix plancher et le quota Prix plancher

Quota

Offre Surplus

P*

Demande Qdemandée =

Qofferte avec quota

Q*

Qofferte sans quota

Quantité (en milliers)

Le quota, comme le prix plancher, avantage les producteurs : les prix sont plus élevés qu’en absence de règlementation. Les consommateurs sont désavantagés : ils paient un prix plus élevé qu’en marché libre. Globalement, la situation demeure inefficace : aucun surplus n’est créé. Cependant, le marché ne se situe pas au point efficace : le prix est plus élevé, et les quantités, plus faibles.

Gestion de l’offre : pourquoi le lait coûte-t-il plus cher au Québec ? […] Le prix au Québec est géré par la Régie des marchés agricoles et alimentaires. La Régie applique la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche en fixant le prix des produits laitiers au Québec. La Régie a le pouvoir d’imposer un prix minimum et un prix maximum. C’est un peu comme pour le prix de l’essence alors que la Régie de l’Énergie du Québec applique un prix minimum estimé pour l’essence et le diesel partout sur le territoire. Comme il est indiqué dans une décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires, le 9 janvier dernier, « pour fixer le prix, la Régie tient compte de la valeur et des caractéristiques du produit, de ses conditions de production, de transport, de transformation et de livraison et de l’utilisation qui en est faite par les marchands de lait ainsi que des intérêts des producteurs, des marchands de lait, des distributeurs et des consommateurs. » Cette définition nous éclaire sur la dynamique des prix du lait au Québec. On a décidé, au Québec, de tenir

compte de la demande, du consommateur et du marché, mais aussi de l’intérêt des producteurs et des détaillants afin de leur assurer un revenu stable. C’est pour cette raison qu’il y a un contrôle des prix, qu’on soit d’accord ou non. Les prix sont fixés pour quatre régions : la région 1 touche la plus grande partie du Québec, la région 2 couvre surtout l’Abitibi-Témiscamingue, la Gaspésie et la CôteNord, alors que la région 3 concerne seulement les Îlesde-la-Madeleine et la région 4 représente le territoire des MRC de la Mingamie, du Golfe-du-Saint-Laurent et de Caniapiscau. Ainsi, depuis le 1er février dernier, le prix minimum pour 4 litres de lait à 1 % de matière grasse est de 6,06 $ dans la région 1, de 6,26 $ dans la région 2, de 7,10 $ dans la région 3 et de 6,63 $ dans la région 4. […] Source : FILION, Gérald (2017). « Gestion de l’offre : pourquoi le lait coûte-t-il plus cher au Québec ? », Radio-Canada, mai. http://ici.radio-canada.ca/ nouvelle/1036806/gestion-de-offre-pourquoi-lait-coute-plus-cher-au-quebec

Ce chapitre vous a initié aux différents systèmes économiques, qui se déclinent selon l’importance accordée aux marchés libres et à l’intervention de l’État dans une économie. Il vous a aussi fait connaitre une première intervention de l’État : les contrôles de prix. Vérifiez votre compréhension de ces notions en vous attaquant aux exercices.

64

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE


Que

stio

Révision

1 Associez chaque énoncé au système écono­

mique qu’il représente : économie de marché, économie mixte ou économie planifiée.

a) L’État assume conjointement, avec les

mécanismes de marché, la coordination de l’activité économique.

b) L’État détermine quoi produire, comment produire et pour qui produire.

c) L’État encadre et stabilise l’économie de marché, mais ne la remplace pas.

d) C’est la liberté de marché qui mène à l’efficacité, donc qui va garantir le bienêtre de tous.

e) Les marchés sont imparfaits, et il faut les

encadrer pour accroitre le bienêtre de tous.

f) Les prix ne reflètent pas l’offre et la demande. g) L’État assume la production du système d’éducation, mais les biens industriels sont produits par des entreprises privées.

h) L’État règlemente les salaires avec un salaire minimum.

i) L’État interdit certains produits,

considérés comme nocifs pour la santé des populations, dans la production agricole.

j) Le gouvernement détermine, à l’intérieur d’un plan de cinq ans, l’ensemble de ce qui sera produit dans le pays.

2 Associez chaque auteur à une école de pensée et à un système économique.

a) Karl Marx b) Adam Smith c) J.M. Keynes d) Friedrich A. Hayek e) Milton Friedman

ns

3 Qui demande du travail sur le marché du travail ? 4 Qui offre du travail sur le marché du travail ? 5 Comment s’appelle le prix du travail ? 6 Définissez… a) économie de marché. b) keynésianisme. c) classicisme. d) économie mixte. e) économie planifiée. f) marxisme. g) contrôle de prix. h) prix plafond. i) prix plancher. j) quota.

7 Quelle est la grande force des marchés ? 8 Nommez quatre faiblesses des marchés. 9 Illustrez graphiquement, sur un marché de votre choix...

a) un prix plafond. b) un prix plancher. c) un quota.

10 Expliquez, en utilisant les graphiques tracés

à la question 9, en quoi chacune de ces interventions de l’État créent des inefficacités.

11 En raison des inefficacités soulevées à

la question 10, les prix plafonds, les prix planchers et les quotas sont-ils à proscrire en tout temps? Expliquez votre réponse.

Chapitre 3 Les systèmes économiques et l’intervention de l’État

65


12

Complétez le tableau suivant en indiquant le nom de l’école de pensée et l’auteur principal associé. Système économique Économie de marché

École de pensée principale

Considérée comme la première école de pensée en économique. Cette école de pensée préconise la politique du laisser-faire. Auteur principal

Autre école de pensée

Se positionne contre toute intervention de l’État dans l’économie. Pour l’école autrichienne, seul le mécanisme de prix peut coordonner l’activité économique et mener à l’efficacité, et toute intervention gouvernementale est un frein à l’efficacité et à la prospérité. Auteur principal

Autre école de pensée

École de pensée qui affirme que le rôle de l’État doit se limiter au contrôle de l’offre de monnaie afin de favoriser la libre entreprise. Auteur principal

66

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE

Économie mixte Remet en question l'efficacité des marchés et préconise une intervention de l'État pour réguler les marchés et soutenir la consommation, mais sans les remplacer. Auteur principal

Économie planifiée Prévoit la chute du système capi­ taliste et l'installation du socialisme, dans lequel la propriété des moyens de production est collective. Auteur principal


Problèmes

1 À votre avis, quel type de système économique

le Québec présente-t-il ? Justifiez votre réponse en donnant des exemples pour chaque question économique fondamentale.

2 Illustrez un marché du travail entièrement libre (sans contrôle de prix) à l’aide d’un graphique.

a) Supposez que votre graphique représente le

marché du travail pour le secteur informatique. Donnez-lui un titre et identifiez les axes ainsi que les courbes.

b) Illustrez l’impact sur le marché d’une demande des informaticiens en hausse.

c) Quel sera l’impact de cette hausse sur le salaire des informaticiens ?

3 Tracez un graphique du marché du travail sans

contrôle de prix, représentant le secteur des caissiers dans les épiceries. Illustrez l’effet du remplacement des caissiers par des ordinateurs et discutez de l’impact de ce remplacement sur le salaire des caissiers.

4 Qu’est-ce qui pourrait limiter la variation du

salaire des caissiers que vous avez observée au numéro 3 ? Illustrez ce contrôle de prix avec un graphique et discutez des points positifs et des points négatifs.

5 Veuillez lire le paragraphe suivant.

Les prix de certains produits agricoles au Canada, notamment le lait, les œufs et la volaille, sont soumis à des contrôles de prix. En effet, des offices et agences de commercialisation aux niveaux fédéral et provincial ont le pouvoir légal d’établir les prix à la sortie de la ferme. Par exemple, la Commission canadienne du lait fixe le prix qui sert de référence à chaque office provincial dans l’ensemble du Canada.

6 Tracez un graphique d’offre et de demande

pour le marché des logements. Supposez un prix plafond fixé par l’État et illustrez la situation. Discutez de tous les impacts de ce prix plafond.

7 Une université canadienne reçoit 3 600 demandes d’admission pour ses programmes. Or, l’offre d’admissions pour l’année dans cette université est de 2 200.

a) Représentez cette situation sur un graphique

de l’offre et de la demande (montrez la quantité demandée d’admissions et la quantité offerte d’admissions pour cette université). Si vous avez de la difficulté à représenter cette situation, lisez la question d) pour vous aider.

b) Si le milieu de l’éducation universitaire était en marché libre, expliquez ce qui se passerait sur ce marché.

c) Sachant que les droits de scolarité sont fixés

par l’État, déterminez le nombre d’étudiants qui seront admis. Indiquez comment ils seront sélectionnés.

d) Qui sont les gagnants et les perdants d’un prix plafond dans le cas des droits de scolarité?

8 Représentez le marché des soins de santé sur un graphique.

a) Identifiez les axes et les courbes, ainsi que

l’équilibre de marché si le marché est libre.

b) Supposez maintenant un prix plafond fixé par

l’État, à 0 $. Supposez aussi que l’État produit les services de santé et que la quantité de services offerts demeure à la quantité d’équilibre. Indiquez ces éléments sur votre graphique, puis discutez des impacts du prix plafond.

Dans la perspective d’aider les producteurs, ces prix sont plus élevés que ceux qui auraient été atteints en absence de règlementation. Selon les estimations de l’OCDE, les prix du lait à la sortie de la ferme au Canada ont été, depuis 1986, deux à trois fois plus élevés que les prix mondiaux à la frontière.

Source : Adapté de ETKANTCHIN, Valentin (2006). Les effets pervers des contrôles de prix. Les notes économiques, Institut économique de Montréal collection « Règlementation », avril. http://www.iedm.org/files/avr06_fr.pdf. Consulté le 6 février 2018.

Illustrez cette situation sur un graphique du marché du lait. Mentionnez les impacts de cette règlementation pour les pro­ducteurs, les consommateurs, ainsi que sur l’efficacité du marché. Discutez ensuite de tous les impacts sur la situation.

Chapitre 3 Les systèmes économiques et l’intervention de l’État

67


Analyse de texte

1 Lisez le texte suivant, puis répondez aux questions.

Le salaire minimum à 15 $ ? Il faut établir le salaire minimum au plus haut niveau possible. Seuls les sans-cœurs pensent autrement. La question est de savoir où s’arrêter. Depuis mai dernier, le salaire minimum du Québec est de 10,75 dollars l’heure, ce qui équivaut à 47 % du salaire moyen des employés payés à l’heure. Une personne seule qui aura travaillé à temps plein (37 heures et demie par semaine) toute l’année au salaire minimum va toucher en 2016 un revenu net de 19 000 dollars après impôts, cotisations et crédits. Ce revenu annuel est maigre — un minimum est un minimum —, mais il est supérieur au seuil de pauvreté moyen pour une personne seule au Québec. Selon les données officielles de Statistique Canada sur les seuils et mesures de faible revenu et le coût de la vie, ce seuil est de 17 300 dollars. Pour une famille avec enfants, les allocations fédérale et provinciale pour enfants s’ajoutent au revenu. Cela lui donne accès à un revenu total qui est très supérieur au seuil de pauvreté calculé à partir des données officielles. Mais même si le seuil de pauvreté est dépassé, est-ce qu’on ne pourrait pas améliorer encore plus la situation des travailleurs au bas de l’échelle en leur accordant un salaire minimum supérieur à 10,75 dollars, par exemple de 15 dollars, comme beaucoup le préconisent ? Une réponse éclairée à cette question doit tenir compte des conséquences pour le chômage et le décrochage. D’une part, un salaire minimum élevé alourdit le coût d’embauche et incite les PME à offrir moins d’emplois et moins d’heures de travail. D’autre part, l’argent que procure un travail à temps partiel aux élèves du secondaire est une cause avérée de décrochage scolaire. En les payant encore plus, on accroît le risque qu’ils abandonnent l’école.

68

Partie 1 INTRODUCTION À LA SCIENCE ÉCONOMIQUE

L’expérience vécue par le Québec dans les années 1970 est instructive à cet égard. Le tableau [ci-après] montre que, de 1967 à 1976, le salaire minimum a considérablement augmenté au Québec, passant de 48 % à 55 % du salaire moyen. Entre ces deux dates, tandis que le taux de chômage repère des hommes de 25 ans ou plus augmentait légèrement, les taux de chômage des femmes du même âge et des jeunes ont subi des hausses strato­ sphériques. À l’époque, des études ont conclu que le salaire minimum élevé était à l’origine d’une bonne partie de l’explosion du chômage parmi les jeunes et les femmes. Atterré, René Lévesque s’était vu obligé de geler le salaire minimum pendant cinq ans. Si le salaire minimum du Québec était aujourd’hui fixé à 15 dollars, il équivaudrait à 63 % du salaire moyen des employés payés à l’heure, soit encore plus que les 55 % qui ont tellement nui à l’emploi dans les années 1970. Il n’y a guère de doute que nous serions témoins d’une hécatombe de chômeurs et de décrocheurs. Plusieurs dizaines de milliers d’emplois seraient détruits. L’exemple de la France, où le salaire minimum équivaut à 61 % du salaire médian, est également révélateur. En 2015, le taux de chômage des jeunes Français était de 25 %, soit le double de celui des jeunes Québécois. Aux États-Unis, certaines villes vont bientôt porter leur salaire minimum à 15 dollars : San Francisco en 2018, New York en 2019, Washington en 2020, Seattle en 2021. L’Alberta va suivre fin 2018, la Californie en 2023. Mais les salaires moyens de ces villes et États sont si élevés que dans aucun d’eux, à la date prévue, le rapport entre le minimum et le moyen ne dépassera


Attention aux effets pervers ! 1967

1976

Variation de 1967 à 1976

Salaire minimum (pourcentage du salaire moyen)

48,1 %

55,1 %

+ 15,0 %

Taux de chômage des hommes de 25 ans ou plus

3,8 %

5,5 %

+ 45 %

Taux de chômage des femmes de 25 ans ou plus

3,0 %

7,6 %

+ 153 %

Taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans

7,1 %

15,2 %

+ 114 %

Pour paraphraser Albert Einstein : La folie, ce serait de faire la même chose que dans les années 1970 en s’attendant à un résultat différent. Sources : ministère du Travail du Québec ; Statistique Canada.

le niveau que le Québec observe depuis 20 ans afin d’éviter une répétition du dérapage des années 1970. Le Québec ne dispose pas encore de la base de richesse qui lui permettrait de porter son salaire minimum à 15 dollars sans conséquence grave pour l’emploi et la persévérance scolaire. Un rapport stable autour de 47 % entre le salaire minimum et le salaire moyen

des employés payés à l’heure avec indexation annuelle du premier au second est un bon compromis entre un salaire minimum « pas assez élevé » et un salaire minimum « trop élevé ». Il ne faut pas s’en éloigner. Pour améliorer le revenu des travailleurs au salaire minimum, il faut recourir à d’autres moyens, comme l’instruction et moins d’impôts nets à payer.

Source : FORTIN, Pierre (2016). « Le salaire minimum à 15 $ ? » L’actualité, 1er novembre. http://lactualite.com/societe/2016/11/01/le-salaire-minimum-a-15/

Questions a) Dressez une liste regroupant les points négatifs et positifs du salaire minimum.

b) Montrez graphiquement l’effet d’un salaire minimum élevé sur le chômage selon l’auteur de ce texte.

c) Quel semble être le compromis entre les points négatifs et positifs, pour le salaire minimum ?

Chapitre 3 Les systèmes économiques et l’intervention de l’État

69


Glossaire Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) Accord signé le 30 octobre 1947 par 23 pays, dont le Canada et les États-Unis, qui vise l’abaissement des droits de douane et d’autres mesures protectionnistes afin de favoriser les échanges internationaux. Agence de notation Entreprise qui évalue la capacité d’un emprunteur à honorer ses paiements. Avantage absolu Un pays détient l’avantage absolu par rapport à un autre pays lorsqu’il peut produire davantage d’un même bien par unité de ressource (c’est à dire que sa productivité est supérieure). Avantage comparatif Un pays détient l’avantage comparatif dans la production d’un bien lorsqu’il produit ce dernier à un cout d’opportunité inférieur à celui d’un autre pays. Balance des paiements internationaux Document comptable qui comptabilise toutes les transactions commerciales d’un pays avec l’étranger. Bien final Un bien est dit final lorsque l’utilisation de ce bien consiste en sa consommation finale. Bien intermédiaire U n bien est dit intermédiaire lorsque l’utilisation de ce bien consiste en sa transformation, par une entreprise, sous une autre forme. Bien public Bien ou service pour lequel il y a non-rivalité et non-exclusion. Biens d’investissement Biens achetés par les entreprises visant à produire d’autres biens. Les bâtiments, la machinerie et les ordi­nateurs en sont des exemples. Biens et services d’exportation Biens et services produits dans un pays et vendus dans un autre pays. Biens et services de consommation B iens et services achetés par des individus au sein de l’économie, destinés à satisfaire leurs besoins personnels. Les voitures, la nourriture et les sorties au cinéma en sont des exemples. Biens et services des administrations publiques Biens et services achetés ou financés par les différents paliers de gouvernement. L’éducation, les services de police, les routes et les soins de santé en sont des exemples. Bons du Trésor T itres financiers émis par les gouvernements afin d’emprunter des fonds à court terme. Cambistes I ntervenants directs sur le marché des changes. Chômage S ous-utilisation de la ressource de travail et du capital humain disponibles dans une économie. Chômage cyclique C hômage lié à la nature cyclique de la production, dans l’économie. Chômage frictionnel C hômage généralement de courte durée, résultant de la mobilité normale de la main-d’oeuvre. Chômage naturel Somme du chômage saisonnier, frictionnel et structurel. En situa­ tion de chômage naturel, le chômage cyclique est nul, et l’économie se trouve au plein-emploi. Chômage saisonnier Chômage lié aux fluctuations saisonnières. Chômage structurel Chômage résultant d’une inadéquation entre la demande et l’offre de travail, lié à des changements en profondeur de l’économie. Chômeurs Partie de la population active sans emploi, disponible et apte à travailler, qui cherche activement un travail.

294

Glossaire

Classicisme École de pensée associée à Adam Smith, qui préconise la liberté des marchés et la propriété privée des moyens de production. Coefficient de Gini Coefficient qui mesure le degré relatif d’inégalité dans la distribution de revenus d’un pays ; il varie de 0 à 1. Conjoncture économique Évolution des indicateurs écono­ miques dans le temps. Contraction P hase du cycle économique au cours de laquelle le PIB réel augmente moins rapidement ou diminue, tout en demeurant au-dessus du PIB potentiel. Cotation à l’incertain I nverse de la cotation au certain. C’est la façon d’écrire le taux de change en indiquant combien vaut une unité de la devise étrangère en devise nationale. Cotation au certain Façon d’écrire le taux de change en indiquant combien vaut une unité de la devise nationale en devise étrangère. Cout d’opportunité La meilleure option à laquelle on renonce, au moment d’un choix. Créancier P ersonne à qui une dette est due, en opposition au débiteur, qui doit payer cette dette. Creux Point le plus bas du cycle économique. Croissance économique Variation positive, en pourcentage, de la production des biens et des services, mesuré par le PIB réel, dans une économie, pour une période donnée. Déflation T aux d’inflation négatif, année après année. Au Canada, le seul épisode de déflation remonte à la Grande Dépression des années 1930, quand le niveau global des prix avait fléchi de plus de 20 % sur une période de quatre ans. Dépôt à terme M onnaie stockée dans un compte épargne qui peut être récupérée à la fin du terme prévu : il s’agit d’un dépôt bancaire. Un dépôt à terme est de la monnaie scripturale. Dépôt à vue Monnaie stockée dans un compte courant : il s’agit d’un dépôt bancaire disponible en tout temps. Un dépôt à vue est de la monnaie scripturale. Désinflation R alentissement de l’inflation. Dette brute S omme de la dette contractée sur les marchés financiers et des autres engagements du gouvernement. Dette des administrations publiques D ésigne la dette de l’ensemble du secteur public, soit celle du gouvernement, à laquelle on ajoute, par exemple, celle du réseau universitaire, des municipalités et des entreprises d’État. Utilisée pour les comparaisons internationales. Dette des déficits cumulés D ifférence entre le passif et l’actif d’un gouvernement ou d’un secteur public. C’est une dette pour laquelle il n’existe aucun actif en contrepartie. Dette nette D ifférence entre la dette brute et les actifs financiers détenus par le gouvernement ou le secteur public. Dette publique D ésigne la dette du gouvernement, composée de la somme des déficits cumulés, à laquelle on ajoute les emprunts liés aux investissements publics et le passif net au titre des régimes de retraite, que le gouvernement versera aux employés du secteur public. Devise Unité monétaire d’un pays ou d’une zone économique, émise par la banque centrale. Droit d’accise T axe sur les quantités, en opposition à une taxe sur la valeur.


École de pensée Ensemble de personnes partageant des opinions semblables. Économie de marché S ystème économique favorisant exclu­ sivement l’efficacité des marchés, sans les règlementer. Économie mixte Système économique dans lequel l’État encadre et stabilise les marchés, mais sans les remplacer. Économie planifiée Système économique dans lequel les marchés sont entièrement règlementés. Économique S cience humaine qui étudie comment la société s’organise, avec les ressources disponibles, pour produire et distribuer les biens et services nécessaires à la satisfaction des besoins de sa population. Effet d’éviction Accaparement par le secteur public de la quasitotalité de l’épargne disponible dans une économie, limitant l’accès au financement du secteur privé et donc son développement. Effet multiplicateur Façon dont une variation des dépenses d’un agent économique peut provoquer une hausse plus importante du revenu global. Efficacité économique État d’une économie qui utilise l’ensemble de ses facteurs de production et les alloue de façon optimale, c’est-à-dire de façon à maximiser le bienêtre de la société. Expansion P hase du cycle économique caractérisée par un essor de la production : le PIB réel est en croissance. Externalité négative I l y a externalité négative lorsque l’acti­vité économique d’un agent (consommation ou production) entraine un impact négatif sur le bienêtre d’autres agents, sans que cette interaction ne fasse l’objet d’une transaction économique. Externalité positive I l y a externalité positive lorsque l’activité économique d’un agent (consommation ou production) entraine un impact positif sur le bienêtre d’autres agents, sans que cette interaction ne fasse l’objet d’une transaction économique. Hyperinflation Hausse rapide et incontrôlable du niveau des prix. Impôt progressif Système d’impôt qui consiste à imposer aux ménages un fardeau fiscal de plus en plus lourd à mesure que le revenu augmente. Incitatif D ésigne toute variable qui influence le choix d’un agent. Indexation Action d’ajuster une valeur nominale de façon à ce qu’elle augmente au même rythme que l’inflation. Indicateurs du marché du travail Indicateurs permettant de quantifier l’état du marché du travail dans une économie. Ils regroupent le taux de chômage, le taux d’activité, le taux d’emploi et le taux d’emploi à temps partiel. Indice de développement humain (IDH) Indice composite qui varie de 0 à 1, regroupant les dimensions santé, éducation et revenu d’une population. Indice des prix à la consommation (IPC) I ndice qui mesure le niveau des prix dans l’économie à l’aide d’un panier fixe de biens et de services. Au Canada, il est construit par Statistique Canada. Indice implicite de prix (IIP) Aussi appelé déflateur du PIB, indice de prix qui capte l’évolution de tous les prix des biens et services inclus dans le PIB. Il s’agit donc d’un indice de l’évolution des prix, comme l’IPC. Or, l’IPC capte l’évolution des prix associés à un panier de consommation typique, alors que l’IIP capte l’évolution de tous les prix des biens et services inclus dans le PIB. Inflation H ausse persistante du niveau général des prix.

Internaliser les externalités A ction de l’État par laquelle il cherche à récompenser les responsables des externalités positives par des subventions et à punir les responsables des externalités négatives par l’imposition de taxes, de normes ou d’amendes. Keynésianisme É cole de pensée qui préconise une intervention de l’État pour réguler les marchés, mais sans les remplacer. Libre-échange Politique commerciale qui vise à supprimer ou à limiter les barrières protectionnistes afin de favoriser les échanges entre pays. Marché E nsemble qui réunit des acheteurs et des vendeurs pour leur permettre de commercer. Marché concurrentiel M arché constitué de nombreux acheteurs et vendeurs. Marché des changes Marché planétaire sur lequel sont échangées les devises internationales entre les offreurs et les demandeurs au moyen d’une plateforme technologique. Marxisme École de pensée associée à Karl Marx : elle préconise notamment la propriété collective des moyens de production. Masse monétaire Ensemble de la monnaie en circulation dans l’économie, sous forme numéraire et scripturale. Monétarisme É cole de pensée associée à Milton Friedman qui associe le rôle de l’État au seul contrôle de l’offre de monnaie, afin de favoriser le libre marché. Monnaie numéraire (monnaie fiduciaire) T ype de monnaie existant sous la forme de billets et de pièces auxquels l’État donne cours légal. Monnaie scripturale T ype de monnaie existant sous la forme d’écritures. Monopole Situation où un seul offreur est présent. Une seule entreprise détient l’ensemble de la production. Moyen de paiement Objet ou support utilisé par les agents économiques pour effectuer des règlements et des transferts de fonds. C’est une des fonctions de la monnaie. Multiplicateur des dépenses publiques Égal à 1 / (1 – PmC) : nombre avec lequel la variation initiale des dépenses publiques est multipliée afin de déterminer la variation totale de la DG. Multiplicateur des dépôts N ombre par lequel on multiplie la variation initiale des dépôts pour calculer l’expansion maximale de la masse monétaire créée par les institutions de dépôts. Il est égal à 1 divisé par le CRD. Multiplicateur des impôts É gal à – PmC / (1 – PmC) : nombre avec lequel la variation initiale des impôts ou des taxes est multi­ pliée afin de déterminer la variation totale de la DG. Non-exclusion C aractéristique d’un bien ou d’un service. Désigne l’impossibilité ou la difficulté de payer à l’usage. Non-rivalité Caractéristique d’un bien ou d’un service. Désigne la possibilité d’une consommation simultanée par plusieurs individus, sans affecter la quantité disponible pour les autres. Obligations d’épargne T itres financiers qui peuvent être achetés par l’entremise des banques et des courtiers en placement. En achetant des obligations d’épargne, les consommateurs prêtent l’argent investi au gouvernement, pendant une période de temps prédéterminée. En échange, ils reçoivent de l’intérêt selon le taux fixé. Oligopole M arché pour lequel un petit nombre d’entreprises se font concurrence. Personnes occupées P artie de la population active qui travaille à temps plein ou à temps partiel. PIB Valeur, au prix du marché, de l’ensemble des biens et services finaux produits dans un pays, au cours d’une période donnée. PIB nominal PIB mesuré en dollars courants, sans ajustement par rapport à l’inflation.

Glossaire

295


ÉCONOMIE GLOBALE Économie globale, initiation aux concepts fondamentaux vise à offrir aux étudiants de niveau collégial les outils et les connaissances de base nécessaires à la compréhension des mécanismes et des leviers économiques au cœur de notre société. Économie globale offre :

L’ouvrage propose 12 chapitres formant 4 parties.

• des explications théoriques claires et accessibles ;

1. L’introduction à la science économique, qui permet la présentation des concepts fondamentaux de la discipline, l’initiation à deux modèles économiques, dont l’offre et la demande, et une introduction aux systèmes économiques.

• de nombreux exemples permettant de faire des liens entre les questions économiques et la réalité des étudiants ; • un large éventail d’exercices concrets favorisant la compréhension et la mise en application des notions ; • une section d’analyse de textes qui bonifie chacun des chapitres et permet l’application des nouvelles connaissances à des situations actuelles et concrètes ; • plus de 200 exercices interactifs complémentaires pour réviser et consolider les apprentissages.

2. La conjoncture économique, qui initie le lecteur aux trois indicateurs économiques principaux – le chômage, l’inflation et la production – en les présentant séparément, pour ensuite les regrouper au sein d’une même analyse. 3. Les institutions économiques, où les connaissances acquises dans les sections 1 et 2 sont utilisées pour se pencher sur le rôle de l’État dans l’économie, de même que sur le fonctionnement du système monétaire canadien. 4. L’économie mondiale, qui constitue une introduction à deux dimensions économiques de la mondialisation : le commerce des biens et services et les mouvements internationaux de capitaux, c’est-à-dire les flux financiers.

Versions numériques accessibles avec ou sans connexion Internet L’accès 6 mois à la version numérique sur MaZoneCEC est offert gratuitement avec le manuel papier. La version de l’enseignant permet : • de projeter, d’annoter et de feuilleter l’ouvrage en entier ; • d’accéder au corrigé ; • de partager des notes et des documents avec les étudiants ; • d’accéder à des hyperliens, à des exercices interactifs, à une banque de questions avec corrigé, à un appendice mathématique, à des présentations PowerPoint de chacun des chapitres ainsi qu’à tous les tableaux et à toutes les figures du manuel. La version de l’étudiant permet : • de feuilleter et d’annoter chaque page ; • d’accéder à plus de 200 exercices interactifs. L’accès 1 an à la version numérique uniquement est aussi disponible pour achat en ligne au www.editionscec.com.

Véronique Gosselin est détentrice d’une maitrise en sciences économiques de l’Université de Sherbrooke et enseigne cette discipline au Cégep de Granby depuis 2011. Elle possède, par ailleurs, une expérience comme chargée de cours et professionnelle de recherche et est actuellement candidate au doctorat en sciences de l’activité physique ; elle s’intéresse aux programmes sportifs d’intervention sociale comme outil dans la lutte aux inégalités et à l’exclusion.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.