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Avant-propos

J’avais neuf ans lorsque j’ai reçu pour Noël la collection complète des aventures de Heidi publiées chez Flammarion en 1958, et dont l’édition avait dû remporter un franc succès puisque vingt ans plus tard, les textes n’avaient pas bougé. La petite fille de la montagne devenait grand-mère au fil de cinq volumes, complétés par deux volumes de nouvelles qui, je devais l’apprendre plus tard, n’avaient pas toutes été écrites par Johanna Spyri. Au fil des goûters, pain et chocolat dans une main et volume bleu dans l’autre, je dévorais les pages, pour recommencer la série au début dès que je l’avais terminée. Quarante ans plus tard, comme pour le Club des cinq, les aventures d’Alice Roy détective ou les romans d’Agatha Christie, ces livres font toujours partie de mes préférés, et je suis encore capable d’en citer des passages par cœur. Découvrir que privée de parents, dans un dénuement presque total, on pouvait se construire et arriver à réussir sa vie est un des grands apports de la littérature pour les enfants – on se souvient de Sans famille, d’Hector Malot, qui marquera presque à la même époque des générations de lecteurs – j’ai quant à moi une grande préférence pour En famille, car l’héroïne est une fille…

La recherche de nourriture, et ce que l’on mangeait, enfant, dans les époques passées, m’a toujours fascinée. Ma grand-mère m’ayant appris à cuisiner, elle qui passait la majeure partie de son temps aux fourneaux, à l’ancienne, j’ai voulu tester les plats dégustés ou préparés par mes héroïnes littéraires, Fifi Brindacier, Heidi, les sœurs March ; au début c’était facile, biscuits, crêpes, gaufres, tartes aux fruits revenaient souvent. Puis les recherches se sont intensifiées, la tarte aux prunes suisses dégustée par les enfants du Sourire de Heidi est-elle différente de celle des Petites filles modèles ? Oui bien sûr : farines différentes, autres espèces de prunes. Que cultivait-on à Maienfeld ou à Ragaz à l’époque de Heidi, que servait-on dans les établissements de bains réputés, comment mangeaient les paysans ? Du pain et du lait, essentiellement, et pour ceux qui possédaient des chèvres, autant de sortes de fromages que la Suisse en possède aujourd’hui, plusieurs dizaines d’après l’association Patrimoine culinaire suisse ! Mais les fruits sauvages et les viandes ont aussi la part belle dans l’alimentation à l’époque de Heidi, tout comme les poissons des lacs. Toutes les recettes de ce livre, inspirées par les aventures de Heidi, présentes dans les livres et parfois symboliquement essentielles – les petits pains blancs de la grand-mère ! – ont été adaptées pour être réalisables facilement, avec des ingrédients que l’on peut trouver partout. C’est la part romanesque de leur origine – les aventures d’une petite fille de la montagne qui fit le tour du monde – qui leur confère cette saveur si particulière, celle de la littérature et du souvenir…

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Anne Martinetti

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