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Qui est Johanna Spyri ?
Une éducation morale
* La petite-fille d’un pasteur zurichois
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L’influence d’une mère poétesse mystique *
Comment elle devient une pionnière de la littérature jeunesse
* L’inspiration pour Heidi
Il y a un mystère Johanna Spyri : pionnière de la littérature pour la jeunesse, créatrice en 1881 d’une héroïne qui non seulement lui survit encore aujourd’hui mais a gagné un statut d’icône universelle, Johanna Spyri n’a jamais cherché ce succès et a sa vie durant choisi de garder une discrétion exemplaire sur sa personne. Petite-fille d’un pasteur piétiste et compositeur de cantiques, fille d’un médecin et chirurgien qui soigne les malades mentaux, cette quatrième enfant d’une fratrie de six grandit à Hirzel, un village bucolique des collines autour de Zurich. Sa mère Meta Schweizer écrit des poèmes mystiques avec une certaine aura auprès des lecteurs germanophones. À Zurich, elle apprend les langues et le piano. Puis elle passe un an, entre 1844 et 1845, à Yverdonles-Bains dans le canton de Vaud, pour apprendre le français. De retour dans sa famille, elle seconde sa mère auprès de ses jeunes frères et sœurs et se met à lire avec passion les vers de Goethe, la poétesse allemande Annette von Droste-Hülshoff ou le poète suisse Heinrich Leuthold. En 1852, elle épouse Johann Bernhard Spyri, juriste, avocat et futur chancelier de la ville de Zurich. Leur fils unique, prénommé Bernhard comme son père, naît en 1855.
Fréquentant l’écrivain Conrad Ferdinand Meyer et le musicien Richard Wagner, Johanna n’est pourtant pas heureuse en ville. Le rôle d’épouse et de femme au foyer lui convient mal et elle prend peu plaisir à évoluer dans la société mondaine et bourgeoise de l’époque. Mélancolique, dépressive, guère épanouie dans le mariage et la maternité, elle trouve intérêt, indépendance et réconfort dans l’écriture. Elle publie un premier récit en 1871, Ein Blatt auf Vronys Grab, qui connaît un joli succès, puis Heimatlos en 1878, traduit par Sans patrie, qui annonce Heidi en narrant l’histoire d’un orphelin, Rico, qui quitte la Suisse pour retrouver le village familial de Peschiera sur le lac de Garde et devient le compagnon indispensable d’un petit garçon handicapé.
C’est dans la région de Bad Ragaz et de Coire, dans le canton des Grisons, à l’extrême sud-est de la Suisse, et plus précisément à Maienfeld et dans le village de Jenins, où elle passe régulièrement l’été, qu’elle a l’idée d’écrire l’histoire de Heidi. Ses lettres indiquent ainsi qu’elle commence l’écriture du roman à Jenins durant l’été 1879. Sa nièce préférée Anna lui aurait demandé d’écrire un livre pour les enfants : la marraine se serait exécutée, s’inspirant grandement de sa propre enfance à la campagne et de sa difficulté à s’intégrer à la vie de la grande ville. Heidis Lehr- und Wanderjahre, soit Heidi, années de formation et de voyages, paraît en 1880 en Allemagne, suivi immédiatement, devant le succès, de Heidi kann brauchen, was es gelernt hat, soit Heidi peut utiliser ce qu’elle a appris. Son mari et son fils, malade depuis des années, meurent tous les deux à quelques mois d’intervalle durant l’année 1884. Dès lors, Johanna Spyri se consacre à l’écriture et aux œuvres de charité auxquelles sa foi profonde l’incite, dédiant une partie de sa fortune à améliorer le sort des enfants pauvres ou orphelins et à dénoncer le travail en usine des jeunes enfants. De 1871 jusqu’à sa mort, elle publie ainsi une cinquantaine d’ouvrages, dont une trentaine de livres pour la jeunesse, une dizaine pour adultes et quelques autres destinés aux jeunes filles. Le succès de Heidi grandissant au fur et à mesure des traductions, elle reçoit lettres d’enfants et visiteurs du monde entier.
L’écrivaine Johanna Spyri (18271901), née et morte à Zurich. Auteure d’une vaste œuvre d’une trentaine de livres, c’est à son personnage de Heidi qu’elle doit sa célébrité mondiale.
Johanna Spyri meurt en 1901. Elle est enterrée dans le caveau familial du cimetière de Sihlfeld, à Zurich. Extrêmement pudique et discrète, elle n’aimait ni parler d’elle ni la curiosité autour de sa personne amenée par le succès. À la fin de sa vie, elle demande même à des membres de sa famille et des amis de lui retourner ses lettres et les détruit en même temps que de nombreux documents personnels. Paradoxe cruel : si grâce à son best-seller, elle est l’auteure suisse la plus connue et la plus traduite dans le monde, son œuvre globale est quant à elle tombée dans l’oubli. Autre paradoxe : cette femme qui ne trouvait pas à s’épanouir dans la maternité finit par être la « maman » de l’orpheline préférée des Suisses ! En 2001, à l’occasion du 100e anniversaire de sa mort, une pièce de monnaie commémorative suisse lui est dédiée. Et l’école de son village natal, Hirzel, a été transformée en musée qui lui rend hommage.