Pojar 19

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POJAR 19 пожар


Mars 2022 Paris ISSN 2741-5058 les artistes conservent l’intégralité des droits de leurs œuvres revuepojar@gmail.com https://sites.google.com/view/revuepojar/accueil?authuser=0


Préface Une fois de plus Pojar renaît de ses cendres. Disons-le. Iconoclaste, gratuite, anarchiste provocatrice, ne reculant devant aucun sacrifice pour divertir la galerie en ces temps de fin du Monde si proches et si lointains. Alea Jacta Est, on l’aura bien compris. Ce méli-mélo défiant les lois de la gravité n’étant en aucun cas à être pris au sérieux, puisque le sérieux tue plus encore que le ridicule…

Jean Lacave pour la rédaction



L’INNOMÉ(E) d’après, de loin, les noms du père / Les non-dupes errent d’un (in)certain Lacan

En extrapolant Lacan, presque, sauvagement, si les non-dupes errent, tous les autres sont nécessairement dupes de leur inconscient. Cette duperie/duplicité cachée, malgré tout, et comme par après coup ; prend sa place en moi pour que l’acte incestueux puisse advenir sans être commis, sans être permis. Le non, et non le le nom, du père c'est l'interdit œdipien. On imagine aisément, que c'est ce par là, ce qu’il (issu de lui-même) désigne est simultanément, interdit/ innommable, voulu, inéluctable, à la fois. L’interdit est énoncé par l’un envers, à l’envers, l’autre, mais comme pour le nourrisson père et mère sont, pas nécessairement mais en puissance, une unité, il y a nécessairement contradiction inhérente à l’ (in)action. Si, quand bien même, mettre ton sexe dans une femme tu le mets dans sa merde/mère, l’interdit est double, pourtant l’acte doit s’accomplir,non pas pour une raison pulsionnelle simple, mais pour que l’être soit, au monde (venu). Ici agissante la duperie survenue, pour que le rejeton soit dissocié artificiellement, non pas incestueux,


mais néanmoins, et pour pour que l’acte puisse s’accomplir dans un futur significatif. Ceci permet, également, chez la femme/fille de potentiellement devenir mère elle-même, par la suite, une fois adulte et devenue la dupe de l’inconscient familial, refoulant le désir du phallus paternel, tout en étant toujours immergée dans la première temporalité unitaire : père-mère-sexe-merde. Ainsi le nom du père c'est le non de la castration , c’est le nom de la mère, c’est le nom/de l’acte incestueux, pourtant paradoxalement réalisé, grâce au/ à cause du refoulement. C’est surtout le non-dit, l’innommable. Par extension ainsi, la réalité en puissance de la (l'homo-)sexualité vient du fait même que le père et la mère étant vus, à tort peut-être ou par conséquence, comme une unité, ils s’en trouvent interchangeables facilement, les rôles se contentent de s’inverser, l’enfant n’étant ni fille, ni garçon, il est simplement désigné, par la mère (dans sa fonction-alité).

...d’où cette phrase que l’on retrouve chez Francis Bacon qu'il aurait voulu une fois adolescent baiser avec son père, ce qui n’est pas illogique pour autant. Simon Trebat – fumiste


L’IMPROBABLE MU



Jeanne-Yvette Sudour

Choix de poèmes

extraits de « Liseuse d’âmes » prix Aliénor 1991 Résurrection éditeur


A la terre du sommeil des corps et graphies des pas perdus Si dense le mouvement du silence Écriture figée Fixité transparente


Un même mot pour dire Hier et Demain Les pierres chanteront au givre du matin Un chant venu d’Ailleurs Un chant de pluie et de songe


Tout est pris dans la pâleur du gémir D’obscurs frissons de papillons dessinent à main levée des visions Bientôt Viendra Des fusains hantés de cris et de murmures L’Oiseau transparent


Quand le soleil se retire du monde Quand les ombres s’allongent S’entend le crépitement d’invisibles tatouages sur la vitre des songes


Tout semble dit mais le silence recouvre un déchirement


De mère en fille


Alexandra Bouge est plasticienne, poétesse et vidéaste, licenciée en Arts Plastiques et Communication à l'Université de la Sorbonne. En 2022, mes films ont été sélectionnés au Festival International du Film Féminin du Nigeria WIFFEN et obtenu la Mention « Honorable », au festival du Film Court Rotary, Festival Indépendant du Film Vidéo Indépendant de l’Art Youtube Club Pavlos Paraschakis, en Grèce, au Clapperboard Golden Festival, Brésil, au Festival du Film Court, Rotary, Rofife, en Turquie. En 2021 mes films ont été sélectionnés à la 34e édition des Instants Vidéos Numériques et Poétiques, Friche la Belle de Mai, Marseille, au 4e Festival du Film Multiculturel de Toronto, au Festival des Arts Digitals d'Athènes / Edition Hybride, au Festival International du Film Court DETMOLD, en Allemagne, au Festival Ecologique International «TO SAVE AND PRESERVE », en Russie, au Festival International du Film Court d’Oberhausen, au Festival du Film Canin, en Italie, mes dessins ont été sélectionnés dans la revue Mass, sur le thème de « La Peau » et mes poésies publiées dans la revue d’AréoPoézi, « Wam », n°1. En 2020, mes films ont été sélectionnés aux festivals « En Solidarité », Filmmakers Cooperative, New York, 9th FriCine - Festival Internacional de Cinema Socioambiental, Rio de Janeiro, IMARP Mostra Internacional de dança - Imagens em Movimento - Video dança, Sao Paulo, Brésil, au Ratma International Film Festival, Art Category, “Calling Spoken Word and performance Artists: Kensington + Chelsea Art Week 2020”, « Video Art Miden » en Grèce, « SVOX.TV - Film and Video Arts », à Londres, « Broken Screen », en Argentine, « CTL 59 Segundos », en Espagne, « Just Before Midnight » aux Etats-Unis, pour le projet « The Co19 Project » et dans le numéro intitulé « Mouvement » de la revue MASS. Mes tableaux ont été publiés chez « Haus-a-Rest Zine », à Londres et j’ai réalisé une performance musicale avec Vicente Saraiva aux éditions Ishim Records. En 2019, mes films ont été sélectionnés aux festivals MoziMotion, aux Pays-Bas, « Aasha International Film festival », en Inde, au « Festival International du Film Documentaire et Expérimental de Jakarta - Archipel », en Indonésie, au « Music Shorts Film Festival », Etats-Unis, au festival « Every Woman Biennial Film », New-York, au « Festival International du Film Digital d’Athènes », au festival « Romo Côté Courts » en France, et je suis finaliste du festival « Las Vegas Global Film Convention » aux Etats-Unis. Mes poèmes ont reçu le Prix Spécial du Jury dans le cadre de l’évènement « 50 ans Radio Campus » et mes textes ont été publiés dans les revues artistiques « Accents poétiques » et "Tout pour le Freak". En 2018, je suis publiée dans une anthologie, « 300K, Une anthologie de poésie sur l’espèce humaine », éditée par Walter Ruhlmann et mes films sont sélectionnés au festival de films « NukhuFest » à New York, à « InShort Film Festival » in Lagos, au « One Minute Festival de Lille », au MUFF, « Marseille Underground Film Festival », aux festivals « Videodrome » and « L’Embobineuse », à la Leyden Gallery au Royaume-Uni et au « Winnipeg Underground Film Festival ».


En 2017, mes textes sont publiés dans l’Anthologie de poésie bilingue français-espagnol, parue aux éditions Desnel « Fenêtre Ouverte / Ventana Abierta », avec les éditions Mémoire Vivante, nous réalisons une lecture-performance pour la Journée de la Femme, et je publie des textes dans le hors-série de la Revue Cabaret, et dans la revue Revue Mgversion2 n° 8.

MARIN Flora Michèle était biologiste de métier, elle a fui la Roumanie de Ceausescu à l’âge de 45 ans avec sa fille, mineure et a demandé l’asile politique à la France. Elle a travaillé au Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris le jour et la nuit elle faisait des gardes aux urgences de l’Hôpital Mondor de Créteil. Elle a découvert l’art contemporain en France et elle a pris des cours d’histoire de l’art au Centre Georges Pompidou. L’art est politique et un moyen de transmettre un message. Ses thèmes de travail étaient la pauvreté, l’exclusion, l’égalité femmes/hommes. En 2022, ses photographies ont été exposées dans le numéro 23 de “Haus-a-rest Zine and Social media”, “Le Mois Mondial des Femmes”, en 2021 dans la Flux Review, lors de l’exposition virtuelle d'été – 1e partie. Les éditions A.NA Hors cadre publient ses photographies dans le livre / objet d'art DSC0000, et la @vczgallery a publié ses collages. J'ai également travaillé avec ses photographies dans mes films, consacrés au vaudou qui ont été sélectionnés dans des festivals en France et à l’étranger. De 2009 à 2020, ses photographies et ses oeuvres d’arts plastiques ont été publiées dans les revues Otoliths n°55, Levure littéraire n° 11, MgVersion2 n° 77, n° 75, n° 74, n° 73, n° 66, Tout pour le Freak n° 3, Arcane 18, n° 1, Népenthès n° 7, Cabaret n° 17 et n° 8. Elle a exposé ses oeuvres aux « Journées Portes Ouvertes de l’association Les Arts Joly », en 2005, au « Salon de la Photographie » du 11e arrondissement de Paris, en 2005, 2004, 2003 et 2001, au salon « Insolite Paris », mairie du 3eme arrondissement, au CAES de Villejuif, à la manifestation « Les artistes de la Mairie de Paris », au « Salon des Artistes Hospitaliers du Cent Cinquantenaire de l’AP-HP » à la Chapelle Saint-Louis du groupe hospitalier Pitié-Salpétrière, en 1999. Ses créations illustrent les ouvrages d'Alexandra Bouge, « Une Nuit à Belleville », « La Ville » et « Le Campement ». MARIN Flora Michèle est morte à l’âge de soixante-quatorze ans d’un cancer du poumon. Les personnes qui l’ont connue, même quelques minutes, parlent d’elle comme d’une femme exceptionnelle.


tes yeux ouverts, la mort t’emporta / en exil elle a lutté, en exil elle a lutté pour sa fille, entre deux gardes de nuit et un boulot la journée elle prenait des cours d’art contemporain à Pompidou / « j’ai travaillé comme une folle, je n’aurais pas dû, c’est ça qui m’a tuée », disait-elle avant de mourir, cette mère sacrifice, qu’un régime communiste avait estropiée / venue en France en 81 / j’allais à l’école, puis ma grand-mère arriva et ma mère débuta ses gardes de nuit, en plus de son travail de jour j’la voyais presque plus, elle était morte de fatigue, puis je ne trouvais pas de travail régulier, alors elle continua ses gardes et son travail, une fois qu’on l’a virée du labo, (car on n’avait plus d’argent pour la payer), elle fit d’la photo et ces photos me restent entre mes mains, un si beau cœur, si beau cœur, des photos qui expriment le rejet, la discrimination, la pauvreté, des laissés pour compte, des gitans ; une réfugiée, une maman, des oiseaux vers la liberté, vers la liberté.

Alexandra Bouge


FLORA MICHELE MARIN choix de photographies

suivi d’un texte d’Alexandra Bouge





corps, pommettes, douce, douce maman, voile (blanc), le temps la lune verte se détache d'un brin, écot maman, ton cœur me dissout dans les tableaux ou bien : la lune se détache d'un écot maman me dissout dans les tableaux une mère venue de l'étranger avec sa fille, mains nues / la dictature, le mari violent, jour et nuit un travail / les hlm, un étranger, les (femmes) réfugiées sont des symboles de liberté, une femme, une mère si courageuse qui se bat pour son enfant / cette souffrance, réfugiée, réfugiée, artiste, elle a pris des cours d'art alors qu'elle travaillait jour et nuit, une femme exceptionnelle, ses cheveux sont tombés / son enfant un souffle d'elle dans ma poitrine à tout jamais sortent, sortent les yeux d'un regard si intense, réfugiée, réfugiée, une femme, un cri, son enfant un oiseau s'envole / une figure de mort / maman / tu m'aides à vivre de là-haut, tu es là à chaque pas / tes mots me réchauffent le cœur et me donnent le courage / ton corps pourri, maigre, le cancer t'a emporté... tu m'as apporté la foi en la vie, la foi en l'art une femme est tombée / la nuit, sous un dédale de râles, une femme est tombée d'la vie, notre voyage à l'étranger, d'nos disputes, de son dur labeur à l'étranger dans mes mains / une femme est tombée entre deux oeuvres d'art / a glissé de mes bras par terre, a glissé dans le sommeil pour toujours / une femme est tombée, de notre union / de notre exil, ma mère elle s'en est allée ; une femme est tombée, l'art, c'est ce qu'elle me donna (en premier) / une femme est tombée / une femme est tombée de sa lutte pour la survie, une femme est tombée de son amour pour moi / de sa vie à moi offerte, offerte / ville d'son exil, de son effort pour me nourrir, pour me nourrir, une femme est tombée, une femme est tombée, un amour toujours plus fort, plus fort, de son ouverture d'esprit, de ses yeux marron, de sa grande intelligence, de l'offrande à son enfant, de son aide, de son amour pour autrui, un oiseau s'envola, une femme est tombée


un chant où apparaissent ses phalanges, son visage / transparaît au milieu des images / l'enfant naît, fit ses premiers sons, (syllabes), brûle sa dernière chandelle dans un souffle, un souffle d'amour, de grand amour où s'épinglent les êtres chers / "elle t'a donné son souffle" / son souffle qui m'accompagne tout au long de la vie / un si beau rire, une rare intelligence / je m'arrime aux oiseaux / à la femme, au visage de maman, à ces femmes / j'm'arrime à ces gens qui émigrent d'un bout à l'autre de la planète, que leur chant soit éternel, que leur vie demeure en paix / cancers / zigzague dans la jungle médicale où nous sommes seuls face aux souffrances, aux pires vagues de la maladie / l'être parvient à marcher en peinant pour arriver au bout, la lumière / exceptionnelle, exceptionnelle, exceptionnelle / la fin / le prêtre a sacré la cérémonie : "pour toi Micaela", le baptême, la foi / son souffle qui s'enquiert d'sa progéniture, "une femme riche qui reste en toi", le souffle expire en mon dos paupière, yeux fermés, bouche / yeux, amour, maxillaire, chair un cœur s'ouvrait grand / tes mots, mes larmes / les mots, petits corps, visage, ta voix me laisse sans toi, ta voix, dans le lointain j'garde son souffle rauque, sa maladie, dieu, les arbres ploient sous la douleur d'la morte, j'garde l'esprit de ma maman vivante / le temps déploie ses ailes et enroule dans un linceul la peau d'la morte, j'garde ces gens qui déploient leurs ailes d'amitié contre mon dos ; j'garde maman, il prend ses ailes et le mène, je garde un être tout de beauté et d'amour ; j'garde dans mon esprit son calme, son rire, une procession, des gens qui scandent derrière son cercueil un trop plein d'amour une procession de foi sur les pas d'son cercueil, la ville s'ouvre, j'épelle son nom, (en vain), maman ne reviendra pas ; je garde son esprit, la lumière, sa joie je pense à maman, à ses paroles intelligentes, si douces, le lambeau, les rues de sa ville Bucarest qu'elle quitta rejetée, rejetée, Paris, où elle travailla si dur, immigrée


au fil de ta voix / le nuit se dépose sur mes paupières et elle m'accompagne au lointain, sur un fil la langue / une peau, des doigts "pardon", Maman tu es tout près, dans ma voix ses yeux, ses yeux de braise, l'enfant, elle s'en va, murmure, murmure, un pas ses yeux sur mes lèvres, mon cou, un bisou maman me manque, elle est morte hier / elle s'est sacrifiée pour moi / je voudrais entendre sa voix, me rassurer, me perdre dans ses mots, me consolider / son regard éteint d'une force intense. les feuilles tremblent, à jamais ferrée dans l'ordre des ombres, mon amour c'est un visage voilé de terre / une figure vacillante l'ange laisse l'empreinte sur un sol, murmure : un mot, "amour", l'ange laisse une fulgurance deux yeux, la peau du mort / le vent laisse la résille sur le testament / un souffle tiède un masque un sillage de bonheur sur mes pas me porte vers l'au-delà, tes mots ouvraient un rayon de soleil dans la vie, l'art, la vie qui palpitait, ta peau pâle de morte l'ouvre, le tic-tac de la vie, un goût d'abandon, son amour si précieux, elle était à mes côtés, maman m'a laissée visage / chair / ventre, os / chair du visage, un coeur perte / une fée se penche et me souffle les mots, me bénit, je sombre dans l'oubli la rivière des morts / œil / les mains de maman, mains de maman, comme une dentelle / s'envole / dieu, os de la main, os du bassin, un baiser


ou bien : la rivière des morts / les mains de maman, mains de maman, comme une dentelle / dieu, os de la main, os du bassin, un baiser perdue, perdue / chair / coeur / sol, pochoir femme, talons, pleurs animaux, doigts du mort, hululement, parapluie, méduse, la voix, dessins sur le mur ou bien : perdue, perdue / chair, corps / coeur / sol, pochoir femme, talons, pleurs doigts du mort, méduse, la voix, dessins sur le mur, visage brûlé, osselets ou bien : perdue / chair, corps / feuilles / fille, cierge, prière, sol, pochoir femme, talons, pleurs yeux, coeur / tête coupée / bras en prière, pommette décharnée, sourcil, enfant, veinules, mes mains, mon amour son visage effacé tombe en morceaux de mes mains une voix qui se fait douce, un pied mort, un visage ou bien : une voix qui se fait douce, un pied mort, un visage ses yeux sur mes lèvres, mon cou, un bisou la langue / une peau, des doigts / une lumière / une fille le train / le train / la casa / un fœtus frêle la maison, vacille, le visage / sur ses guibolles à peine debout, elle tient debout, désincarnée chrisma, le profil


ou bien : le train / le train / la casa / une silhouette / un fœtus frêle, la maison, vacille, le visage / sur ses guibolles à peine debout, elle tient debout, désincarnée / un fœtus, des corps la lutte, un crâne, un mur filtre une parole, tes joues couperosés, le cou vieilli / deux yeux, les cheveux en pétard, une trace de revendication, une parole sur le mur, ta figure plane, les femmes, la parole s'élève, par delà le mur naît l'espoir, par delà le mur naît l'espoir ses mots m'amènent loin de toi / la voix / son souffle m'inspire, de ses mots tag la ville yeux / son coeur, sa tombe / lettres / âme / ombres, silhouettes, exil sa figure se dilate / yeux coupés d'un trait dans la chair / lui ceint les jambes, lui dissèque le corps / dents enferrés dans la viande, un son parcourt le bois, comme un mot d'amour / parcourt en filigrane verdure, corps, sous un cerne, lèvre déchirée, sa lumière / le mot "amour" écorche le son, un os s'envole, se casse, brisé, une dentelle, les fils se déchirent, un monde, des portes s'ouvrent, l'amour se faufile, une femme

Alexandra Bouge


Вокруг головы есть круг, И голос который ничего не говорит. Волосы – это руки на концах ветвей. Каждый волос — лист дерева. Но в книге нет страниц, все они вырвали. Все зубы вырвали. И все души умерли.

Степан Поплович


Il y a un cercle autour de la tête et une voix qui ne dit rien. Les cheveux sont les bras aux extrémités des branches. Chaque cheveu est une feuille d'arbre. Mais il n'y a pas de pages dans le livre, elles ont toutes été arrachées. Toutes les dents ont été arrachées. Et toutes les âmes sont mortes.

Stepan Poplovich


Пол отца не имеет угла. Я вижу ночь у тебя во рту. Это черная дыра. На заднем плане бабочка без крыльев, которая летает вокруг пламени. Крылья горят. Пламя горит. Но твоя память полна костей. И твоя мысль воет в его клетке.

Степан Поплович


Le sexe du père n'a pas d'angle. Je vois la nuit dans ta bouche. C'est un trou noir. En arrière-plan se trouve un papillon sans ailes qui vole autour d’une flamme. Les ailes brûlent, la flamme brûle Mais ta mémoire est pleine d'os, et ta pensée hurle dans sa cage.

Stepan Poplovich



WENDY NOUSE

Wendy Nouse est une plasticienne Néerlandaise née en 1990 à Maastricht résidant en France.


22’03’2016 Burssels ENSPA Paris [2016]





copyrights Revue Pojar, éditions Minces, Paris, mars 2022.


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