POJAR 12 ПОЖАР
Direction Jean Lacave
Août 2021 Paris, ISSN 2742-2658
les artistes et poètes conservent l’intégralité des droits de leurs œuvres revuepojar@gmail.com site: https://sites.google.com/view/revuepojar/accu
Sommaire
Vice Portefolio de Pojar Versa Portefolio Sacha Jarachewski poème russe Vitali Sabrov Paola Leone Geoffrey Pauly Karen Cayrat Nils Bertho Sylvain Milliot Sandrine Davin
VICE
VERSA
Portefolio Sacha Jaracheski
Кровь во рту, которой я пишу слова, их надо читать справа налево. Город – это круг. В центре гробница, в гробнице женщина, И ее груди были отрезаны.
Виталий сабров
Du sang dans la bouche, avec lequel j’écris des mots, qui doivent être lus de droite à gauche. La ville est un cercle, au centre duquel il y a une tombe, et dans cette tombe il y a une femme, et ses seins sont coupés. Vitali Sabrov
Vado Via … Andiamo via per inventare il mondo domani o oggi Andiamo via da casa mia vado via niente né pianoforte né telefono il treno la musica e la luna sola alla finestra sotto le tue mani, la voglia pocco a pocco le stelle la melodia io vado via le rumore mi porta via dormire nel vento sei tutto per me vita mia ma per te, vado via…
Paola Leone
Je m'en vais ... Partons pour inventer le monde demain ou aujourd'hui Partons de chez moi je m'en vais rien ni piano ni téléphone le train la musique et la lune seule à la fenêtre sous tes mains, le désir petit à petit les étoiles la mélodie je je m'en vais le bruit m'emporte dormir dans le vent Tu es tout pour moi ma vie mais pour toi, je m'en vais... Paola Leone traduction Pojar
dessin Paola Leone
Hi, Mary-Ann
Oh Mary-Ann, my Mary-Ann, You were my love once, weren’t you ? And now you give me the silence treatment, Now you turn your eyes from me and make gestures, oh gestures… Now you act like you never knew me at all. Or are you acting, I’m not even sure. Hi, Mary-Ann, I am the child in the hangman’s body Bringing fruits and candies to the people in the neighborhood, You know, just so that they’ll forgive. I am the black man in his hood, eating jelly beans from a brown paper bag. And you can’t see my eyes, can you ? What you see is a shape, and from time to time a set of teeth in the light. He looks like a big strong man, doesn’t he. A cruel one, a mad one, and for many he’s pain, for many he’s death. But for the jelly beans, Since they all eat em the same way. * I got a letter from you Written like nobody does With the hand, with the fingertips. I reread it this morning.
This morning ‘cause your writing Was shaky. ‘Cause it was cold And you were old. A testament. Something very old fashioned. * Have you seen Mary- Ann ? I’ve drawn something for her. She likes being offered drawings So I took a pen and sketched People I’d seen in the streets, People from the neighborhood. See, here is a face and here is figure I’m not even sure what it’s s’posed to be I’m not even sure what it’s s’posed to mean. But don’t get fooled ya won’t see Mary-Ann in there. You won’t see my own face in there. Those are people, you know, they’re just nobodies. Now tell me if you’ve seen Mary-Ann. * Oh, hey Mina, do you know where I could find Mary-Ann ? Do you know where to seek fragments of flowers and fragments of gasoline ? It’s been glittering on the floor in large black spreads I’ve seen my face in it, you know, Dark watery seas on the road. Hey, Mina, have you finally found your long lost lil’ brother Lou ? Well I guess we’ve all lost people we loved And this too shall pass, as they say.
This too shall pass, am I right ? * Oh, I have crossed the sea but just the one time. It was a long, long, time ago. I’d wrote something aside that was long past and gone For you were here and for here you would be. Oh, dearest lil’ sleeper o’ night I had a world to whisper in your ear. But shush, after the whooping night has gone, When you are here. * Hey, sir, have you seen this woman ? Excuse me, miss, have you seen her ? She always wears black shoes and sometimes glasses. Please, could you call this number if you see her ? She used to work at the Galleria. Her name is Mary-Ann, do you recognize her ? Her voice is way lower than what you would expect. Could you call me please if you see this woman ? I’ll have her face printed on the milk cartons And I’ll pin her portrait at every crossroad.
Geoffrey Pauly
Haïkus La page restée blanche plonge vidée par tes doutes — la mer dans ton ombre
Gerce sur la page l'efflorescence des nuits l'amour des blessures
Rasades de pluie à travers la nuit bitume faire contresens
Fondre les comètes dans l'étoffe d'une nuit l'encre sur ta peau
Karen Cayrat
oeuvre Nils Bertho
Paysage incliné
Le mangeur supérieur se penche loin du vide grandes mains fragiles édifiées dans la verticale glaise et matrices du soleil séchées pour quelques troupeaux qui passent Le mangeur inférieur s’endort sous la montagne rose près du bivouac des enfants sans têtes sacs à viande folle lanternes de mica
un feu de ferme juste brisé en branches de stupre cobalt et mousse au chocolat répandus en poudreuse skis d’épuisement jetés en faisceaux de gypse au fond des failles de comportements d’une autre région repeinte en gris paroi Le mangeur de droite est comme l’oncle du temps Il ouvre ses bras un peu peuplier souffrant saule pleureur la bouche en huit mais n’embrasse personne Les neveux fuient, ils sauvent une histoire
Le mangeur de gauche soutient le mangeur du sud et du ponant par la pensée incarnats de cerises et tentatives de carêmes afin d’affiner des poneys et leurs avortons informés Tout ça dans une bouteille inclinée sur l’étagère
Sylvain Milliot
Des feuilles mortes Des épines Et ce vieux grillage Raturent le ciel, Mon existence. Les dernières mauvaises herbes Arrachent le dos des pierres Où valsent les promesses d'antan.
Sandrine Davin
biographies des participants Sacha Jarachewski est un photographe ukrainien résidant à Odessa. Vitali Sabrov est un jeune poète russe résidant à Moscou. Paola Leone est née en 1971 à Marseille, cette ville ouverte surla mer et le vent… L’école ne l’a pas aimée… À l’âge où tout est inutile, elle découvre « Fatras » de Jacques Prévert. Il bousculera sa vie et la poussera vers la poésie. Ecrire une image, dessiner un mot, pour elle ? Un besoin, une urgence. Grisaille sur gravure, où l’inexprimable s’étale sans vocabulaire. Laisser des traces, des croûtes, oublier les perspectives, transpirer, craquer la craie, démêler le flou et rendre la lumière à la poésie. Joindre les éléments qui souffrent, s’accrocher à la feuille comme on s’accroche aux mots. Sylvain Milliot Né en 1974. Musicien, compositeur et auteur. Avec la metteure en scène Lise Ardaillon, il a co-réalisé les spectacles de la cie de théâtre Moteurs Multiples, dont il signe les créations musicales et les textes (Découenné(e)(s), le cochon est un homme comme les autres ; DAVOS ; Le Veilleur ; Créature(s) ; MONDE ; Radio Libre Dick ; Vaudeville). Sous le nom de Véhicule, il a réalisé deux albums : Le Temps du Chien (Midira Records, 2019) et Maison_Forêt (Flophouse, 2021). Son travail musical et poétique articule improvisation et composition, images et sons. À l’instar de la musique et du
théâtre, il envisage la poésie comme un lieu d’expérimentation où la naissance des images et leur relation au son et à la forme, nous placent devant une énigme étrangement familière : celle d’un rapport sensible à l’être. Geoffrey Pauly est né en 1991 et vit à Dijon. Il a publié en revue plusieurs traductions de poésie américaine contemporaine, notamment Sandra Beasley et Wendy Chen, et quelques-uns de ses propres textes. Il a contribué à la réédition des Aventures célestes de monsieur Antipyrine de Tristan Tzara aux éditions Les fugitifs et a créé en 2017, le site-oeuvre Canto Cantos qui a été effacé en 2021 mais subsiste sous forme de traces. Nils Bertho Je suis neì en 1987, probablement dans une maternité aÌ Montpellier. Artiste prolifique français passionneì de cultures underground et dessinateur compulsif parfois chanteur dans le boys-band noise Adolf Hibou, tatoueur ou éditeur (Le Mat), qui a choisi de partir dans tous les sens. " Karen Cayrat est née en Lorraine, dans l’est de la France où elle réside encore aujourd'hui. Traductrice/interprète (-->FR) ses langues de travail comprennent l’anglais, l’allemand et l’espagnol. Elle s’intéresse, en outre, à la littérature numérique et prépare une thèse de doctorat au Centre de Recherche sur les Médiations (CREM) à l’Université de Lorraine. Fondatrice et directrice de publication de Pro/p(r)ose Magazine, revue littéraire et culturelle en ligne, publiée le dernier dimanche tous les deux mois, Karen Cayrat, pratique l'écriture en sousmarin depuis de nombreuses années. Cultivant les pas de côté comme la rage d'exister, ses productions naviguent entre approches expérimentale, poétique, et engagée. Quêtant l'aurore du monde et des êtres, ses créations embrassent des
thèmes multiples parmi lesquels se distinguent plusieurs constantes (identité, mémoire, langage, figure de l'écrivain...). Sandrine DAVIN est née le 15/12/1975 à Grenoble (FRANCE) où elle réside toujours. Elle est auteure de poésie contemporaine inspirée des tankas, elle a édité 13 recueils de poésie dont le dernier s’intitule «Et pour quelques grains de terre» chez TheBookEdition. Ses ouvrages sont étudiés par des classes de l’enseignement primaire et au collège où Sandrine intervient auprès de ces élèves. Elle a ce goût de faire partager la poésie au jeune public et de donner l’envie d’écrire … Elle est également diplômée par la Société des Poètes Français pour son poème « Lettre d'un soldat ».
Publié par les éditions Minces à Paris, en 2021