l'homme qui revait d'ailleurs

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L'homme qui rĂŞvait d'ailleurs


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Jean-François Bouygues

L'homme qui rêvait d'ailleurs Roman


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Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d'Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com

ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com

Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs – Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-28195-03170


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À Fred, Laurent et Isa. À Claude. À Paris. À la vie, à l'amour.


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« Le cinéma, c'est un stylo, du papier et des heures à observer le monde et les gens. » Jacques Tati


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PROLOGUE

Paris, quartier de Belleville, 7 février 2007. Il est sept heures dix-sept à l'horloge de la salle à manger. Je suis assise dans l'ombre, derrière la porte. Sur la table, un jeu de cartes étalé devant moi. L'encens brûle lentement en se répandant suavement dans la pièce. Je ferme les yeux et j'essaie de lire en moi. Mais rien à faire, je ne distingue rien. Pas le moindre signe. Pas même le crépuscule des dieux. C'est une certitude, je me sais à présent condamnée. Moi, Esperanza Belosi, cinquante-neuf ans, humble émissaire des volontés divines, et rongée par la maladie. Mais avant de quitter cette Terre, je vous vais raconter… le fabuleux destin d'Endo et Mado, deux âmes à la dérive, perdues aux frontières de l'irréel, qui croyaient n'être rien et qui pourtant avaient tout. Tout ce que l'âme humaine peut comporter certes de médiocre, mais par-dessus tout, de sublime. Ce n'est ni le hasard ni l'intérêt personnel qui anime cette décision de vous en faire le récit. 11


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Mais le devoir. Ma manière à moi de témoigner. D'inhiber les peurs. Non les miennes, mais celles du monde. Les craintes du passé, du présent et de l'avenir, autant que les inquiétudes globales de l'existence. Parfois, ces angoisses conduisent même à ce que j'appelle les frayeurs de vivre. À tel point que celles et ceux qui en souffrent ne savent et ne peuvent plus exister par eux-mêmes. Quelle terrible sensation que de ne plus exister ! Avoir le sentiment de ne servir à rien, ni à personne. Comment ne pas sombrer ? Ne pas implorer les fins dernières ? Celles de la libération du Juste. Je les ai tant appelées de tous mes vœux, lorsque est survenu quelque chose que je n'attendais plus. Cela m'est tombé sur le coin de la figure, sans que rien ne l'annonçât. J'aurais dû le pressentir, puisque je suis voyante, une extralucide, comme on dit. Mais je n'ai rien vu venir. C'est vous dire parfois la puissance des voies impénétrables de la Providence. Endo et Mado. Deux âmes à la dérive qui ont délivré la mienne. Ils furent ma plus belle histoire d'amour. Elle qui fut tout. Et qui ne fut rien.


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PREMIĂˆRE PARTIE


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1. À jamais pour toujours

Quelque part dans le Pacifique… — Comment ? En avion ? Je regrette monsieur, mais ce n'est pas possible. Il n'y a plus de liaison aérienne pour Tetiaroa, m'explique la charmante hôtesse qui préside à l'accueil du Royal Hôtel Papeete. L'atoll de Tetiaroa n'est désormais accessible qu'en catamaran. Deux compagnies, Jet France et Biotherm, proposent des excursions à la journée. Tous les renseignements sont disponibles sur place, à la Marina, sur le front de mer, poursuit-elle. Tout cela dans un anglais savoureux, suavement coloré d'un sourire allégé et charmeur. Eh bien, quelle délicieuse perspective ! Je cours de ce pas à la Marina de Papeete située à l'entrée du port. Là, j'apprends que les sorties sur l'île ont lieu le mercredi, le samedi et le dimanche. Départ quai des yachts à sept heures, petitdéjeuner à bord, arrivée vers neuf heures trente, visite de l'atoll en compagnie d'un guide, baignade, 15


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snorkeling 1, balades sur la plage, puis retour aux alentours de dix-huit heures. Tout ça pour la modique somme de 11 000 francs CFP 2. Eh bien, quel programme ! Pourtant, mon aspiration, ici à Tetiaroa, n'est pas de camper le rôle du touriste ordinaire. D'autant que ce genre d'excursion, je présume, ne s'adresse nullement au premier venu ; qui plus est, fût-il ordinaire ! Le tarif de l'escapade n'ayant à mon avis d'autre but – inavoué comme il se doit, mais pourtant froidement efficace – que de dissuader les prétentions de mauvais goût de candidats indélicats car tout bonnement infortunés. Non, je suis là, dans le Pacifique, à Tahiti, parce que moi, Endo Golski, simple quidam de la France profonde, j'ai fait un rêve. Non pas un rêve étrange – ce qui en soi semble paradoxal, comment un rêve pourraitil être ordinaire ? – pas plus qu'il n'était pénétrant d'ailleurs puisque je m'en suis finalement très bien tiré, depuis. Vous allez comprendre pourquoi. Non, il s'agissait d'un rêve vertigineux. Au sens premier du terme. Une perte d'équilibre, psychique et physique. Le rêve d'une ascension et celui d'une chute. Dans les abysses 1. Activité de loisir aquatique également appelée plongée libre, randonnée subaquatique ou randonnée palmée, qui consiste à nager à la surface de l'eau pour observer les fonds marins. On utilise généralement un masque, un tuba, des palmes, et éventuellement une combinaison de plongée. 2. Le franc pacifique, également connu sous le nom de franc CFP, est une monnaie qui a cours dans les collectivités françaises de l'océan Pacifique : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna. 1 000 CFP = 8,38 €.

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de l'inconscient, où je deviendrais un autre, à jamais. Avec l'illusion de n'être plus moi-même. Avant, j'exécrais tout : la vie, les humains, la mort, et tout autant hier, qu'aujourd'hui et demain. Et le pire, c'est que j'aimais ça. J'éprouvais un grand bonheur, une joie profonde à me détruire, à me haïr. Pas une haine veule, insidieuse, qui se glisse en soi et contre laquelle on ne peut rien ou pas grand-chose ; non, une haine froide et implacable, consciente et minutieuse, à laquelle on se soumet avec une loyauté sans faille. J'avais comme décidé de me réduire à néant, lentement, mais sûrement, et une fois ce saccage méthodique accompli, j'aurais exulté jusqu'à l'ivresse. Ineffable carnage qui me conduirait enfin à l'holocauste de ma personne. N'y voyez là aucune manifestation morbide, ou autre épanchement au suicide libérateur ; je n'avais nulle intention de mourir. Non. Certainement pas. Je voulais vivre, au contraire. Alors, je vivais. Mal, certes, mais je vivais quand même. À côté de tout, des autres, de moi-même, comme un étranger. Constamment dans le jamais, et en aucun cas dans le toujours. Je me terrais dans la noirceur de mon cœur, pour mieux m'étourdir de ses abîmes assourdissants, vivre dans la haine et le dégoût de moi-même, railler tout, mentir à la terre entière, faire le mal autant que cela se pouvait, endurer toutes les souffrances, et tout autant faire souffrir mon prochain. Oui, je n'avais qu'une hâte : me jeter, l'âme conquérante, dans cette folle entreprise qui n'avait de démentiel que l'ampleur de la fureur 17


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destructrice qu'elle requérait. Tel était alors mon dessein, l'œuvre à accomplir. Et soyez convaincu que j'eus été alors à l'égard de mes ressentiments bien plus qu'un simple obligé, mais un incorruptible coryphée. Mais ce n'est pas ainsi que cela s'est exactement passé. Le saccage émotionnel avait à peine commencé, lorsque je suis revenu à moi. Le jour de mon réveil. Le jour où j'ai enfin compris le sens de la vie. Il ne sert à rien de se battre contre sa destinée. Il faut être patient. Attendre le jour J, l'heure H. À jamais pour toujours, pour ne pas passer à côté de l'unique chance. Vous pouvez bien penser ce que vous voulez… ma chance à moi se nommait Marlon Brando.


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2. Les forces de l'esprit

J'ai rencontré Endo Golski pour la première fois chez mon voisin, au 6e étage d'un immeuble salement décrépit, à l'angle de la rue du Borrego, à Belleville, dans le XXe arrondissement de Paris. Moi, j'habite l'étage en dessous. Un très vieil appartement que j'occupe depuis bientôt trente ans. Par habitude. Un rien de fatalisme, une pincée de démission, un brin de résignation, et le compte est bon. Vingt-sept ans exactement que cela dure. Et pourtant. Je ne me vois pas vivre ailleurs. D'abord parce que j'aime ce quartier. Je m'y suis mariée, et c'est tout près de là, dans le cimetière de Belleville, que Marcelino, mi marido, mi pobrecito, repose en paix. Bientôt vingt ans qu'il est parti. Pour le grand voyage. Celui dont on ne revient pas. C'était un vendredi, le 1er mai, le jour de la fête du travail. Lui qui avait tant travaillé, si c'est pas un comble ! Ouvrier maçon qu'il était, depuis sa plus tendre enfance. Un métier rude, noble et sain, mais très éprouvant quoi qu'on en dise. 19


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Des milliers de maisons bâties et pour résultat un corps détruit, démoli par le labeur. Quel paradoxe de mauvais goût, quelle absurdité ! Et pourtant, il faut bien que quelqu'un les érige ces murs pour que fleurissent les maisons où se doit épanouir la marmaille des faubourgs. Bâtir, dresser, s'élever, puis crochir et s'en aller mourir… tel est notre devenir. Puis pareillement, la même semaine, mi Yolanda s'en est allée. Dalida, mon idole, dans la solitude de sa maison, la nuit du 2 au 3 mai 1987, sur un lit si grand qu'il en était froid. C'est après ces deux drames personnels que je me suis fait teindre en rouge burg, pour changer de peau. J'ai quitté Esperanza Belosi pour devenir madame Dubhé, la cartomancienne de la rue Haxo, praticienne en art divinatoire et très voyante dans ses nouvelles couleurs. Enfin, on ne devient pas voyante du jour au lendemain. On l'est depuis toujours, évidemment. C'est un don, ignoré la plupart du temps. D'abord par la communauté scientifique, et tout autant par celui qui le possède. Puis un jour, c'est la révélation. L'évidente vérité. Qui illumine les ténèbres. Nos ténèbres intérieures, présentes et passées, les oubliées comme les vivaces, celles qui nous oppriment et qu'on tente d'étouffer. Nous, Terriens, avons tous cela en commun. Vaincre nos peurs. C'est ce que la plupart des consultants viennent chercher en général. Non pas des réponses à leurs problèmes existentiels, comme tenter de percer les mystères d'un avenir qu'ils désirent connaître. 20


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Non, ce sont les affres de l'inquiétude qu'ils cherchent à apaiser. Retrouver la sérénité. Dissiper l'angoisse des lendemains incertains. Dompter leur destin et pourquoi pas celui des autres. Voilà le vrai moteur de leur quête. Et c'est ce que je m'efforce encore aujourd'hui de leur apporter. Tant bien que mal. Aussi curieux que cela puisse paraître – et au risque de réjouir tous les détracteurs des sciences occultes, j'étais, voyez-vous, à cette époque-là, confrontée au doute. Continuellement. Pas un jour que Dieu fasse où je ne me disais : « Est-ce bien toi qui es dans le vrai ? » Parfois même, un gouffre béant et vertigineux s'ouvrait sous mes pieds. Un vide immense qui pourrait se résumer à cette question aussi banale que dévastatrice : « Mais à quoi sers-tu en ce bas monde ? » Plus souvent qu'à mon tour, il m'arrivait de me dire que je n'étais guère mieux qu'une diseuse de bonne aventure. Une voyante, qui avant même d'avoir été, se voyait déjà has been. Oh, certes, je n'étais pas encore aveugle, mais de plus en plus, je voyais de moins en moins. Lentement, mais sûrement. À tel point qu'à l'époque où cette cécité spirituelle a commencé à se manifester, je me suis demandé si elle ne pouvait pas être éventuellement liée à une maladie. Mais comment savoir ? En consultant les oracles, me direz-vous. Trop facile. Une voyante ne peut rien présager de sa propre vie. Ça ferait du tort à son commerce, j'imagine. Certainement même. Je n'y vois pas d'autre explication. 21


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En ce temps-là – qui n'est pourtant pas si lointain que ça, à peine quelques années – je perdis quasiment toute ma clientèle si durement acquise en dix ans de pratique et d'investissement personnel. Dix ans de travail et de don de soi au-delà du raisonnable qui fondirent comme neige au soleil. Seule une poignée de clients, très fidèles au demeurant malgré mes visibles défaillances, persista à me venir consulter. Dans quel but exactement ? Je n'osais le leur demander, étant entendu que je n'étais plus en mesure de le leur révéler. De très fidèles protégés, qui, durant sept belles années, s'évertuèrent à me porter secours. Leur abnégation à me venir consulter, leur soutien dans l'effort de guerre que je menais contre ma lente dégénérescence furent pour moi une bouée de sauvetage inespérée. Et je m'y suis accrochée, frénétiquement, bravant la menace de cet océan de doutes aux eaux profondes et tumultueuses qui déferlait sur moi. J'aurais pu finir engloutie, tant cette sensation de ne plus exister, de ne plus servir à rien ni à personne est terrible et dévastatrice. Sombrer. D'un certain côté, je le souhaitais. La preuve, la bouteille de Pastis qui, durant toute cette période de trouble, ne me quittait pour ainsi dire plus. Sans oublier le vin vieux ! Attention, pas l'infâme piquette de chez Félix Potin ! Non, du côtes-du-rhône, que j'adore. Dieu soit loué, je m'étais cantonnée à cette époque-là à un usage simple, qu'on appelle aussi usage sans dommage ; celui qui précède l'usage à risque, puis enfin l'usage nocif – avec ou sans dépendance, d'ailleurs. 22


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Remarquez, je m'en suis assez bien sortie, puisque arriva quelque chose que je n'attendais plus. Ça m'est tombé sur le coin de la figure, sans que rien ne l'annonçât. Enfin, pour être exacte, il s'agissait de quelqu'un. Pas un prince charmant, comme vous pourriez l'imaginer. Ces choses-là ne sont plus de mon âge. Pas plus qu'un prince des villes, d'ailleurs. Non. Ce type-là n'était pas un noble. Aucun titre, aucune lignée royale, pas plus que de descendance divine. C'était même un type banal, un berger perdu dans le clair de lune, errant sur la plaine des Cimmériens. Et pourtant sans même le savoir, ce gars-là m'a sauvé de l'abîme où je sombrais inconsciemment. Et tout s'est alors remis en marche, presque miraculeusement. Je vous vais raconter comment, puisque est enfin venu le moment ; même si trouver le bon bout par lequel tout récit doit être entamé, n'est guère chose aisée. Certes, dans toute histoire il y a toujours un élément détonateur, qui peut se révéler être un personnage, un événement particulier, souvent anodin, parfois magique, et d'un certain côté, probablement traumatisant aussi. D'une manière générale, ce sont ces multiples combinaisons d'éléments déterminants qui aboutissent à la compréhension globale de l'itinéraire d'un individu. Même si tout récit se compose généralement d'une foultitude de petites histoires qui s'imbriquent les unes aux autres pour former la Grande, la Belle histoire. Et celle d'Endo ne déroge pas à la règle : elle est intimement, 23


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implicitement, liée à la trajectoire de celles et ceux qui l'ont conduit jusqu'à moi, jusqu'à l'épopée de l'univers et des étoiles, et ça peut ainsi durer encore longtemps. On peut facilement faire le tour complet de la galaxie. Mais, si je m'en tiens aux seules dimensions du globe terrestre, la liste des contrées impliquées dans cette affaire n'en est pas pour autant en reste. Voyez donc : la France, la Corse, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, la Yougoslavie, la Russie, le Kazakhstan, les États-Unis et Tahiti. Si ça, ce n'est pas une histoire internationale, alors je n'y entrave rien ! Comme vous l'avez compris, mon univers se nourrit essentiellement des arts divinatoires, notamment la cartomancie ; art complexe et transcendantal consistant autant que faire se peut, à analyser les cartes pour percevoir le passé, le présent et l'avenir. Perception, intuition, clairvoyance et parfois même suggestion, nous conduisent peu à peu aux déductions de l'impossible, voire aux pensées les plus secrètes d'un individu, jusqu'à ses aspirations les plus fondamentalement occultes. Alors, s'ouvre à nous la voie royale pour pénétrer son passé, bien au-delà des ténèbres insondables. Ces mêmes ténèbres où moi, madame Dubhé, interprète inconsciente des arcanes, je vous vais plonger, docilement, jusqu'à la révélation finale. Et quand vous lirez les dernières lignes de la troublante histoire d'Endo Golski, vous comprendrez de la manière la plus naturelle qui soit, que toute prédiction n'est pas le fruit d'une exaltation inepte et irrationnelle, mais au 24


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contraire, la matière vivante de toutes les imminentes réceptivités des Êtres. Car oui, je le dis tout de go, je crois à nouveau aux forces de l'esprit.


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