Perrine - Pendant ce Temps

Perrine

pendant ce temps là

Editions Réinsérer

HIRE DECHIRE DECHIRE DECHIRE DEC

Le 5 février 2013, au sein de l'Assemblée Nationale, Christiane Taubira, garde des Sceaux, ministre de la Justice au sein du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et militante pour le mariage pour tous. Ce jour là, débattant avec Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, Madame Taubira, se met à déclamer avec vitalité un passage de Nous les gueux, extrait de Black-Label de Léon-Gontran Damas.

« Nous les gueux nous les peu nous les chiens nous les rien nous les maigres nous les Nègres Qu’attendons-nous Qu’attendons-nous pour faire les fous pisser un coup sur cette vie stupide et bête qui nous est faite ?»

Voilà une chose intéressante ! La poésie s'initie dans un débat houleux.

Non, la poésie n'est pas morte ! Non, ce n'est pas l'affaire des anciens et qu'en bien même certains la jugerait à tort désuète, il semblerait de toute évidence qu'ils n'auraient pas pris le temps ni de la lire, ni de la voir, ni de l'entendre. Je vous salue haut et fort, P – O – E – S – I – E !

J'entends déjà certains dire que ce n'est pas le sujet, qu'il y a autre chose de plus important, et puis, à la rigueur ce n'était qu'une parenthèse parmi ces 110 heures de débats étendus sur 10 jours, examinant 4999 amendements. Allons bon, il y a d'autres chats à fouetter, non ?

Que nenni !

Laissons les chats tranquilles et posons-nous plutôt cette question : que vient foutre la poésie dans l'Assemblée Nationale ? Car finalement les poètes ce ne sont que des hommes et des femmes qui écrivent des petits mots, sur des petites pages, dans des petits livres, chez des petits éditeurs gagnant des petits salaires.

Bref, ce ne sont qu'une minorité de malheureux qui n'ont toujours pas compris que la poésie ne fait pas vendre et surtout que le temps des poètes est révolu !

Réveillez-vous les gars ! On est au XXI ème siècle, fini l'époque romantique du poète en mal d'amour, la poésie n'est pas de taille face au monde !

Que nenni !

La poésie agit encore, avec ses armes langagières, elle trempe sa plume dans l'encre de la « pieuvre-état », elle appuie là où ça fait mal et c'est tant mieux ! La poésie se mue, au fil des années à travers de multiples événements, pour mieux rendre compte de notre univers social, politique ou économique. Pour preuve, Madame Taubira, cite un poète guyanais, Léon-Gontran Damas. Ecrivain, poète, et homme politique. A coup sûr, le rapprochement de ces mots fera grincer bien des dents, toutefois ceci n'est en rien antinomique. Et pour cause, quand Madame Toubira a déclamé au micro de l'Assemblé Nationale « que la différence n'est pas un prétexte à l'inégalité des droits », elle a osé soutenir sa parole avec le Nous les gueux, poème virulent de Léon-Gontran Damas. La poésie est rentrée dans l'arène magistrale ! Il semblerait qu'en ce 5 février 2013, la poésie fut un tremplin essentiel pour défendre une idée et la projeter vers l'action.

A la question, « que vient foutre la poésie dans l'Assemblée Nationale ? » je dirais que la poésie, de nos jours est un garnement lucide, qui ose se mettre debout et venir « pisser un coup tout à l'envi contre la vie stupide et bête qui nous est faite »