Etude sur les createurs d'entreprise de zones sensibles

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ETUDE NATIONALE SUR LES ENTREPRENEURS DES QUARTIERS SENSIBLES ADIVE – LA NOUVELLE PME – OPINION WAY 17 Novembre 2010 Préambule Cette enquête nationale porte sur les entrepreneurs localisés en Zones Urbaines Sensibles, qui constituent un public atypique dans le tissu économique français. En effet, ces territoires connaissent un taux de création d’entreprises deux fois supérieur à la moyenne nationale1, mais les entrepreneurs qui y sont installés connaissent des difficultés de pérennisation de leur activité (-30% à 5 ans) ce qui a des conséquences sur le taux de création d’emploi dans ses territoires comparé à la moyenne nationale (-1/3 d’emplois créés sur les 5 premières années). L’objectif de cette enquête est donc de mieux connaitre le profil de ces entrepreneurs, les difficultés qu’ils rencontrent, d’envisager les solutions à apporter et plus généralement de servir de base de suivi et de réflexion sur leurs situations. L’enquête, réalisée par OpinionWay, a été menée par téléphone, entre le 1er et le 15 octobre 2010, auprès de 400 entreprises situées en ZUS et créées entre 2005 et 2010 (250 en Ile-de-France, 50 en PACA, 50 en Nord-Pasde-Calais, 50 dans d’autres régions). Les secteurs d’activités ont été répartis entre Services aux particuliers, Services aux entreprises, Construction / Transport et Commerce / Hébergement / Restauration (CHR). Enfin, le référentiel utilisé pour la comparaison avec les statistiques nationales est celui de l’Observatoire des Créateurs d’Entreprises® (OCE), une enquête biannuelle réalisée par OpinionWay auprès de 1250 créateurs d’entreprise sur l’ensemble du territoire Français.

1. Le profil des entrepreneurs installés en ZUS : des entrepreneurs jeunes, par vocation et non pas par défaut… La caractéristique la plus marquante parmi les entrepreneurs interrogés est leur jeunesse. A l’image de la population des zones prioritaires (qui frôlent parfois 50% de moins de 25 ans), les entrepreneurs des ZUS ont en moyenne 40 ans, contre 45 ans au niveau national. De même, la proportion de jeunes entrepreneurs de moins de 40 ans est de 50% dans les ZUS, contre 33% sur l’ensemble du territoire. Concernant la répartition par sexe, les proportions sont les même en ZUS ou hors-ZUS (1/3 de femmes, 2/3 d’hommes). Le niveau d’étude des entrepreneurs situés en ZUS est comparable à la moyenne nationale (respectivement 58% et 60% de « Bac +2 et au-delà », etc.). En revanche, il existe des spécificités : les entrepreneurs de moins de 40 ans et ceux ayant une activité destinée aux entreprises sont généralement plus diplômés (respectivement 63% et 79%), ceux ayant une activité CHR ou étant originaire de pays hors de l’UE 2 le sont généralement moins (58% de « Bac et moins » contre 40% au niveau national). Concernant leurs parcours de chefs d’entreprises, il est important de noter que l’idée reçue selon laquelle, dans les quartiers sensibles, on entreprend pour sortir du chômage et créer son emploi, est invalidée par cette étude. En atteste la situation des entrepreneurs au moment de la création de leur entreprise : 75% des créateurs en ZUS étaient actifs contre 54% des créateurs au niveau national. Parmi les entrepreneurs déjà actifs, 42% étaient salariés dans le même secteur que celui de leurs entreprises actuelles. Cette tendance est confirmée par les motivations exprimées par les créateurs. Les difficultés d’accès à l’emploi ne comptent pas parmi les

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Source : APCE La distinction entrepreneurs « Origine Hors UE » et « Origine dans UE » est purement déclarative de la part de l’entrepreneur, et est établie en fonction de la réponse à la question de la nationalité de ses parents. 2


raisons majoritairement citées. En tête, on retrouve des motivations comparables aux chefs d’entreprises hors ZUS, « Ne pas avoir de chef, être son propre chef » (50%), « Gagner plus d’argent » (30%) ou encore « Avoir une idée de produit/service » (26%) ; des motivations souvent multiples et qui se combinent les unes aux autres. En revanche, « le plafond de verre » ou la difficulté d’accéder à un emploi correspondant à ses compétences deviennent des motivations importantes dans le cas des créateurs qui ont arrêtés leurs études avant le Baccalauréat (respectivement 8% et 10% les déclare comme motivation à la création de leur entreprise). Enfin, concernant l’apport financier engagé lors du lancement de l’activité, 64% des entrepreneurs ont investi personnellement plus de 5000 € lors de la création. Chiffre important qui questionne les modalités d’accès au financement d’amorçage, 93% des créateurs ont investi des ressources personnelles, de sa famille ou de ses associes au départ, et pour 52% d’entre eux, c’était l’unique source de financement. On note également qu’il existe un lien entre niveau d’étude et accès au financement public: les entrepreneurs les plus diplômes sont les plus nombreux à obtenir des subventions et aides publiques à la création (21% pour les Bac +2 et plus vs. 14% pour les Bac et moins). Un défi pour l’offre publique d’aide à la création en termes de lisibilité ?

2. Le profil des entreprises en ZUS : un levier important pour l’emploi local. Première remarque : les entreprises créées en ZUS ont plus tendance à se situer dans les secteurs CHR et Services à la personne que la moyenne nationale (respectivement 32% vs. 26% et 26% vs. 21%) ; et moins dans les Services aux entreprises et le secteur Construction / Transport (28% vs. 33% et 14% vs. 20%). Selon les profils des entrepreneurs, on peut identifier certaines spécificités au sein des créateurs d’entreprises en ZUS. Par exemple, les moins de 40 ans sont moins orientés vers la Construction / le Transport (11%), les plus diplômés s’orientent d’avantage vers les Services aux entreprises (38%) alors que les moins diplômés choisissent plus souvent le CHR (53%). En termes de recrutement, il est important de noter que les entrepreneurs localisés en ZUS créent au démarrage de leur activité légèrement plus d’emplois que la moyenne nationale (1,6 emplois3) alors que la création d’emploi à 5 ans est moindre à la moyenne nationale : la création d’entreprise en ZUS a donc un meilleur effet de levier sur l’emploi qu’au niveau national. Selon les secteurs d’activité, les effectifs au lancement de l’entreprise varient, tout comme le recrutement de salariés par la suite. Sur l’ensemble des 400 entreprises interrogées, 52% ont fait des recrutements depuis leur création (il y a 5 ans maximum), avec des taux plus importants dans la construction et les transports (68%) et moins pour les services aux particuliers (44%). Indicateur de l’impact local de ces entreprises, 24% des entreprises implantés en ZUS ont recruté au moins une personne habitant en ZUS (essentiellement en tant que salariés) ce qui représente, en incluant les créateurs, 4 entreprises sur 10 comptant au moins un actif habitant en ZUS. Cet impact est confirmé par le sentiment des entrepreneurs interrogés de contribuer à la vie du quartier au niveau économique (59%) ainsi qu’au niveau social (41%).

3. Les difficultés rencontrées et les attentes: financement et débouchés commerciaux, deux aspects centraux. La principale difficulté de développement rencontrée est l’accès au financement (34%), suivie de près par le manque de débouchés commerciaux (32%). Il existe évidemment des variations selon les secteurs d’activité : manque de réseau et de débouchés commerciaux sont plus cités dans les services aux entreprises, alors que l’accès aux financements et à la recherche d’un local sont plus problématiques en CHR. Dans le cas des services à la personne, le manque d’accompagnement est une difficulté majeure. Fait intéressant, un tiers des entrepreneurs déclarent n’avoir connu aucune difficulté depuis la création : peut-on soupçonner un phénomène d’autocensure ?

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Source INSEE 2006


De manière générale, les attentes prioritaires des entrepreneurs installés en ZUS consistent à « Faciliter l’accès aux fonds d’investissements / « business angels » / prêts bancaires (46%) », « Avoir le soutien d’un bénévole expert dans un domaine (marketing, commercial…) » (46%) et « Avoir un interlocuteur unique vers qui se retourner pour être accompagné » (43%). L’étude permet d’identifier des liens entre les difficultés rencontrées par les entrepreneurs installés en ZUS, leurs attentes et leurs secteurs d’activité. Dans les services à la personne, par exemple, le besoin d’un interlocuteur unique vers qui se tourner est marqué. Les entrepreneurs dans le secteur des services aux entreprises se caractérisent, de leur côté, par le souhait d’un meilleur accès à la commande des grands comptes et d’une mise en relation avec des responsables de grandes entreprises. A noter également que les jeunes entrepreneurs (- de 40 ans), majoritaires en ZUS, sont aussi ceux qui formulent le plus d’attentes en matière d’accompagnement, de mise en relation, d’aide au financement…

4. Perspectives d’avenir : l’optimisme des entrepreneurs installés en ZUS… Contrairement à ce que pourrait laisser croire la situation socio-économique des ZUS, les entrepreneurs interrogés pour notre enquête sont légèrement plus optimistes envers l’avenir (81%) que les entrepreneurs au niveau national (75%). Les plus optimistes sont les entrepreneurs dans le secteur des services aux entreprises (89% sont « assez optimiste » et « très optimistes »), les moins optimistes sont les entrepreneurs dans le secteur CHR (71% sont « assez optimiste » et « très optimistes »).


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